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LES PARISIENS DU MOIS P O U T I N E - G R É G O I R E , L’ I N C O N N U D U 7 5 - P H I L I P P E H É R A R D - M A R A G O Y E T - TA N T E B A R B E LE MENSUEL DES CURIEUX DE PARIS ENTRETIEN EXCLUSIF Le premier ministre de Montmartre REPORTAGE La vie de chien des chiens de Paris GASTRONOMIE PARISIENNE portraits des etoiles de demain ENQUÊTE De la Seine à nos verres Ce que nous buvons vraiment L 11719 - 6 - F: 4,90 € - RD Paris – Les assistants du shopping « Mon mari sera content, il aime bien quand c’est court. » Vera, une cliente russe devant la caméra pour inspirer ses téléspectatrices. « Le fait qu’il y ait une offre réduite crée la demande, comme pour l’iPhone. C’est aussi un jeu pour la cliente. Mon rôle est que le sac soit bien là le jour de sa venue », détaille Kody. Si la tâche paraît simple, c’est pourtant un véritable casse-tête lorsque la marque n’en sort qu’une poignée et qu’il faut le faire transférer : « Le 14 juillet, une cliente est venue exprès de Nice pour obtenir le seul modèle qui restait. Elle devait aller au feu d’artifice. Elle m’a dit : c’est un miracle, j’ai eu mon sac et la vie sauve. » Mais le travail ne s’arrête pas là. Kody assure aussi le service après-vente, protège contre les pickpockets, trouve la bonne taille pour ses clientes, souvent plus petites et menues que les Européennes, et accessoirement leur fait découvrir Paris. Rendez-vous dans le très chic 8e arrondissement, près des Champs-Élysées, avec Stefano Venchiarutti, 48 ans, de l’agence Les Gentils Pariziens. « Le nom est un pied de nez à la réputation des Parisiens. Il fait allusion au syndrome de Paris dont souffraient les Japonais lorsqu’ils arrivaient dans la capitale », souligne cet ancien styliste. Dans les années 2000, salarié chez Kenzo, il est régulièrement sollicité par des amis pour les aider à choisir une robe de mariée, un costume, du tissu pour des rideaux… au point qu’il songe à en faire son métier. Alors il suit une formation en psychothérapie analytique et crée en 2009, avec une associée, son agence de personal shopping et de conseil en image de soi, en décoration et en communication visuelle. Aujourd’hui, il va faire découvrir à Rie Liu, une Japonaise qui vit à Taïwan, le concept de « dressing illimité ». En voyage d’affaires à Paris, cette cliente doit trouver en urgence une robe à la fois confortable et élégante pour un cocktail improvisé. Et pour ça, pas forcément besoin d’acheter quand il suffit de louer ! Direction rue Beaujon, près du Royal Monceau, chez ElssCollection. Pas vraiment une boutique, mais un showroom privé discret qui présente, dans un très bel appartement haussmannien, une sélection pointue de grandes maisons de mode et de créateurs plus confidentiels. On peut acheter, mais aussi louer une pièce pour une soirée, une semaine… « Mes clientes ont déjà le sac Chanel, elles veulent se différencier, explique Stefano. Je les emmène là où elles n’iraient jamais, dans les ateliers des jeunes créateurs, dans les showrooms, dans les maisons privées. » Rie Liu confirme : « Quand j’étais jeune, j’allais chez Dior. Maintenant je cherche des lieux, des pièces, des créateurs uniques. » concierges privés et les hôtels. Dans son carnet d’adresses, il a aussi les contacts nécessaires pour trouver un chauffeur, un traducteur ou pour organiser une collation. Récemment, une Allemande lui a demandé de lui trouver un pied-à-terre à Saint-Germain-des-Prés. Pour un Turc, il crée un parfum sur mesure en collaboration avec un nez. « C’est à chaque fois un challenge différent, se plaît-il à exposer. Lorsque je ne sais pas faire, je m’entoure de ceux qui maîtrisent. » Quelques clientes par an Le personal shopper est rémunéré tantôt par le client, tantôt par les commerçants, qui lui versent une partie du produit des articles achetés. Galina, qui facture ses prestations, revendique son indépendance visà-vis des marques. Chez Maje, elle passe tous les portants en revue pendant les essayages de Véra. « Parfois, mes clients n’achètent pas beaucoup. J’utilise les boutiques pour essayer des choses. Les vendeuses ne m’aiment pas trop. » Flore, qui veille sur les rayons, semble plutôt surprise : « On croise deux ou trois personal shoppers par mois, mais c’est la première fois que j’en vois une qui fait de véritables propositions. Le personal shopper est censé connaître la personnalité de sa cliente. Je les laisse faire leur travail, mais je suis là pour aider à choisir un haut ou à gagner du temps avec une taille. » Finalement, Véra repart de la boutique les mains vides. Elle veut faire les soldes. Avec Kody, la cliente ne débourse pas un centime. Il est rémunéré à la commission par l’enseigne, sans pour autant faire partie du service personal shopping du Printemps. « J’assume complètement ! Je viens avec ma propre clientèle. Je n’ai pas besoin de les pousser à la consommation, car elles ont déjà une idée en tête. Je vais seulement les encourager à prendre un deuxième sac pour une amie, leur suggérer un porte- monnaie ou leur conseiller de s’intéresser aux nouveautés. Les clients s’en doutent mais ne savent pas combien cela me rapporte. » Il se félicite d’avoir « très bien travaillé » en juin, grâce à l’Euro de football. Parfois, le shopping est bouclé en deux heures : un bon coup de poker. « J’entretiens une relation amicale et professionnelle avec les personal shoppers, explique Julie, une vendeuse du grand magasin. Ils contribuent beaucoup à fidéliser une clientèle. » Pour Narimen, 32 ans, son activité est une évidence : « Il faut que le métier entre dans les mœurs, tout le monde doit penser à son image. » Cette jeune femme née en Algérie a commencé par une école de commerce puis un job dans le monde des affaires pour une société française établie à Alger. Attirée par la mode, elle gagne Paris en 2010 et suit une formation d’un an à l’école Mod’art International. Après quoi elle travaille comme vendeuse en boutique, « Je les emmène là où elles n’iraient jamais, dans les showrooms, les maisons privées. » Stefano Venchiarutti Un parfum sur mesure Santima Devahastin, une journaliste thaïlandaise, a choisi Kody pour la conseiller en maroquinerie, au Printemps du boulevard Haussmann. 70 - 71 Liu Rie n’aurait jamais pu trouver ElssCollection toute seule. À l’intérieur, la responsable et une styliste sont à son entier service et lui présentent des robes Carven, Three Floor ou Milly issues des dernières collections. Stefano a commencé avec une clientèle hétéroclite : ses amis, des Parisiennes, et même une étudiante qui voulait se mettre en valeur pour ses entretiens d’embauche. Avec les effets de la crise financière, les riches étrangers constituent désormais la majorité de sa clientèle. Beaucoup de femmes, mais aussi des hommes dont l’environnement professionnel requiert une certaine élégance. Généralement, les boutiques avec lesquelles il travaille jouent le jeu, ouvrent tôt le matin ou tard le soir. Lorsque c’est possible, Stefano privatise : ses clientes arabes, notamment, se sentent plus à l’aise. Épingles et aiguilles dans la poche, il apporte ses petites retouches. Même le prêt-à-porter devient du sur-mesure. « C’est le problème des émissions de télé sur le relooking, je ne suis pas là pour déguiser ma cliente. Elle doit se reconnaître dans le miroir », tance le conseiller. La moitié de la clientèle de Stefano est masculine. « Avec les hommes, bizarrement, le bouche-à-oreille fonctionne bien. Mais les femmes veulent me garder pour elles ! » sourit-il. Il collabore aussi avec les Soixante-Quinze Ex-styliste chez Kenzo, Stefano Venchiarutti fait découvrir le « dressing illimité » à Rie Liu : plutôt que d’acheter, on loue. www.soixantequinze.paris Paris – Les assistants du shopping 4,50 €* pour un magazine qui ne traite pas des chiens écrasés livré chaque mois chez vous : c’est la liberté ! FORMULE LIBERTÉ 4,50 € * par mois E É R T N E R E R OFF Stefano travaille avec ElssCollection, un luxueux showroom privé du 8 arrondissement, près du Royal Monceau. e où elle déplore la qualité du conseil aux clientes – bien souvent, il s’agit de vendre à tout prix plutôt que de servir honnêtement. Aussi décide-t-elle, au bout d’un an et demi, de fonder sa propre société de coaching. Ce qui est fait en 2013. Spécialisée dans la clientèle arabe très haut de gamme, Narimen ne reçoit que quelques clientes par an. « Elles ont l’habitude de ce type de service dans les grands malls d’Arabie saoudite, éclaire-t-elle. Ou bien elles ont leur propre personal shopper à domicile. » Elle reconnaît tomber parfois sur des clientes difficiles : « Je dois raisonner celles qui veulent tout en double ou celles qui n’achètent aucune pièce de ma sélection, car cela me met en porte-à-faux. Il y a aussi celles qui dépensent frénétiquement, puis regrettent parce que le mari n’aime pas. » Questionnaire par courriel Les services de Galina incluent le relooking : « J’aime sortir les femmes de leur zone de confort. Je n’impose pas le style pour autant : le principal, c’est qu’elles se sentent belles. » Elle travaille souvent avec des femmes dont le corps a changé après la naissance des enfants. Toutes ses clientes doivent répondre à un questionnaire par courriel pour qu’elle connaisse leurs mensurations, leur univers, leur budget. Galina est aussi là pour renseigner sur les défauts des matières et des formes, faire essayer des coupes qui vont mieux : « Véra a droit aux imprimés, mais pas sur la poitrine. Ce jean est un peu serré mais il allonge les jambes et fait de belles fesses. » Sa cliente est une bonne élève : « On n’a pas l’impression que c’est Galina qui décide. Je suis ses conseils. Par exemple, je n’aurais jamais tenté ce genre de jupe. » « Les Russes n’ont pas peur d’être visibles, analyse Galina. Elles veulent attirer le regard, quitte à être un peu trop sexy. Les Fran çaises préfèrent paraître coincées que vulgaires. Elles ont besoin d’un regard extérieur pour oser. » Pour sa clientèle étrangère, elle a imaginé des ateliers sur mesure comme « style sans frontières » 72 - 73 ou « chic parisien » : « Quand on dit que les Russes s’habillent mal, c’est parce qu’elles n’ont pas beaucoup de choix. Je travaille beaucoup avec des femmes mariées à des Français qui n’arrivent pas à changer leurs habitudes. Elles se sentent mal perçues en société. » Sur l’Asie, Kody explique : « L’Asie est toujours en retard de trois à six mois par rapport à la mode occidentale. Les vendeuses savent ce qui va marcher et me font toujours découvrir les futurs best-sellers. Mes clientes ne veulent pas du sac pour le moment, mais dans quelques mois, elles me le demanderont toutes. Les Thaïlandaises aiment montrer ce qu’elles ont. Il suffit qu’il y en ait une qui l’ait pour que tout le monde le veuille. » Narimen, quant à elle, voudrait moderniser le dressing de la femme arabe. Durant ses prestations, les maris sont interdits. Pour Galina, c’est l’inverse : « Les hommes russes sortent le chéquier et portent les achats ! » Mission accomplie pour Véra. Elle a enchaîné toutes les boutiques au rythme programmé par Galina. « Mon mari sera content, il aime bien quand c’est court », note-t-elle au sujet d’une jupe blanche. Pour Santima, la séance se termine par l’achat d’un portefeuille pour son copain, qui a passé le sien à la machine à laver. Elle paie en espèces. Entourée de sacs, elle rentrera à l’hôtel avec un voiturier « pour des questions de sécurité », troquera ses talons pour des baskets et prendra le métro pour rejoindre une amie dans un café. Liu Rie quitte le showroom au bras de Stefano : « À chaque fois, je me trouve plus belle à Paris qu’à Taïwan, se réjouit-elle. D’abord, il fait moins chaud, l’air est moins humide. Mais surtout les gens me regardent davantage. Et ça me donne envie de leur plaire. » Narimen : www.narimen.com Kody Petchyotin : [email protected] Stefano Venchiarutti : www.lesgentilspariziens.com Galina Vincenot : www.galinavincenotparis.com Soixante-Quinze prélèvement automatique sans engagement de durée. Frais de port inclus. ! OFFRE DÉCOUVERTE 3 MOIS * € 0 5 4, / mois 9 € * pour 3 numéros OFFRE 1 AN E Z VO U S . H C S I O M QUE LIVRÉ CHA ARRÊTEZ QUAND VO U S EZ. VO U S VO U L 49 € * pour 11 numéros OFFRE SOUTIEN 100 € * pour 11 numéros Par courrier ou, plus rapide, sur www.soixantequinze.paris (rubrique S’abonner) Je choisis l’offre Nom Prénom Adresse Code postal Ville Téléphone E-mail Bulletin à retourner accompagné de votre règlement par chèque à l’ordre de Arrondiss’Presse : Service abonnement Soixante-Quinze – 56, rue du Rocher – 75008 Paris Pour l’offre Liberté, téléchargez le mandat de prélèvement SEPA sur notre site www.soixantequinze.paris (rubrique S’abonner) ou en remplissant le formulaire détachable page 35. *Tarifs TTC valables pour la France métropolitaine. Pour les DOM, TOM, l’Europe et le reste du monde, nous consulter. Pour toute demande de facture, merci de nous le préciser. Merci de noter qu’un délai de trois à quatre semaines est à prévoir entre la prise en compte de votre demande d’abonnement et la réception du premier numéro. 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