Lied Et MéloDie - Conservatoire de Paris

Transcription

Lied Et MéloDie - Conservatoire de Paris
concert de
la classe de
Lied et
mélodie
mercredi 14 mai 2014 à 19 h
espace maurice-fleuret
jeff cohen
professeur
Marianne Croux, soprano
Alexis Gournel, piano
Enguerrand de Hys, ténor
Bianca Chillemi
et Paul Beynet, piano
CONSERVATOIRE
NATIONAL SUPÉRIEUR
DE MUSIQUE ET
DE DANSE DE PARIS
Programme 2013-14
DéPARTEMENT
des disciplines
vocales
programme
Wolfgang A. Mozart (1756-1791)
Marianne Croux
Ridente la calma (anonyme)
soprano
Als Luise die Briefe ihresungetreuen…
(G. von Baumberg)
Alexis Gournel
Abendempfindung an Laura
(J. H. Campe)
Dans un bois solitaire
(A. H. de la Motte)
Oiseaux, si tous les ans
(A. Ferrand)
Jules Massenet (1842-1912)
L’Âme des oiseaux
(E. Vacarescu)
Ernest Chausson (1855-1899)
Le Colibri
(Leconte de l’Isle)
Manuel De Falla (1876-1946)
Les Colombes
(T. Gautier)
Edouard Lalo (1823-1892)
La Chanson de l’alouette
(V. de Laprade)
Francis Poulenc (1899-1963)
Fiançailles pour rire
(Louise de Vilmorin)
La dame d’André
Dans l’herbe
Il vole
Mon cadavre est doux comme un gant
Violon
Fleurs
piano
Ludwig van Beethoven (1770-1831)
Enguerrand de Hys
Drei Gesänge
(J. W. von Goethe)
Wonne der Wehmuth
Sehnsucht
Mit einemgemalten Band
ténor
Bianca Chillemi
piano
Paul Beynet
piano
Robert Schumann (1810-1856)
Der arme Peter, op. 53
(H. Heine)
Arthur Honegger (1892-1955)
Six poèmes (G. Apollinaire)
A la santé
Clotilde
Automne
Saltimbanques
L’Adieu
Les Cloches
Francis Poulenc (1899-1963)
Tel jour telle nuit (P. Eluard) Bonne journée
Une ruine coquille vide
Le front comme un drapeau perdu
Une roulotte couverte en tuiles
À toutes brides
Une herbe pauvre
Je n’ai envie que de t’aimer
Figure de force brûlante et farouche
Nous avons fait la nuit
notes
musicologiques
Mozart, pourtant passionné par les
voix, n’a écrit qu’une trentaine de
Lieder, genre qui sera magnifié par
le romantisme.
Ridente la calma, est une œuvre
à part puisqu’il s’agit de la seule
ariette en italien. Mozart l’ aurait
été écrite en 1775 et adaptée
peut-être d’une canzonette
amoureuse de son contemporain,
Mysliweczek. Considérée comme un
air de concert du fait de sa vocalité
exigeante qui sollicite un large
ambitus, cette pièce est une aria
da capo, c’est-à-dire un air en deux
parties, suivies d’une reprise ornée
de la première.
Les deux Lieder qui suivent ont
été composés en 1787, année de la
création de Don Giovanni. Als Luise
die Briefe, plus proche de l’arioso
que du Lied, peut être considéré
comme un air d’opéra dans lequel
Luise, bien qu’ayant brûlé les lettres
de son amant infidèle, continue
de se consumer d’amour pour
lui. Le déchirement de son cœur
est suggéré par le saut de sixte
mineure qui marque le début de la
ligne vocale. Cette scène, dans une
tonalité mineure sombre, repose
sur de nombreux procédés concis
d’une parfaite efficacité. Les formules d’accompagnement du piano,
comme des trémolos, des figures
rythmiques très rapides entrecoupées de brefs silences, en accentuent la dramatisation.
Les deux ariettes françaises composées par Mozart, Oiseaux, si tous
les ans et Dans un bois solitaire,
témoignent des années de bonheur
que passe le compositeur à la cour
du prince-électeur de Mannheim
en 1777-1778. Pour manifester son
attachement à la cantatrice Augusta
Wendling, il lui écrit ces deux
ariettes dans le style de la galanterie
française. Chaque vers de Oiseaux,
si tous les ans, œuvre d’un caractère
charmant et bucolique, fait l’objet
d’un traitement différent, selon la
technique durchkomponiert, comme
s’il s’agissait d’une multitude de
petits épisodes. Dans un bois solitaire, est composée sur un poème
d’Antoine Houdar de La Motte. On
y apprend que la belle est frappée
dans son sommeil par l’Amour qui
lui apparaît sous les traits du jeune
Cupidon. De forme ABA, cette
ariette est marquée par une partie
centrale au caractère plus sombre,
presque dramatique, correspondant
au moment où l’amour est réveillé
et annonce sa vengeance. Il tire
ensuite une flèche dans le cœur de
la belle et la condamne ainsi à aimer
douloureusement.
La suite de cette première partie
offre un large aperçu du genre de
la mélodie française. Les quatre
mélodies suivantes, toutes consacrées aux oiseaux, permettent
d’entendre des écritures très variées
qui illustrent les différents talents de
chaque compositeur.
L’âme des oiseaux composée par
Jules Massenet en 1895, est de forme
strophique et témoigne d’une écriture postromantique. Les changements de tonalités à chaque strophe
contribuent à renforcer l’atmosphère
mélancolique de la pièce.
Marqué par le courant symboliste,
Chausson choisit plusieurs poèmes
de Leconte de Lisle, et notamment
Le Colibri, qui évoque l’amour et
la mort. La mélodie, tout d’abord
ascendante, suit l’envolée du colibri
et atteint la note la plus haute
lorsqu’il se pose sur une fleur, avant
de s’engager dans un mouvement
descendant suggérant la mort du
colibri qui a bu dans la « coupe
rose ». Les battements d’ailes sont
décrits par les figures rythmiques
et mélodiques et nuancés par les
changements de tonalité qui expriment l’infinie tristesse du poète qui
aspire à la mort.
Manuel de Falla, compositeur espagnol, écrit d’abord des mélodies
sur des textes espagnols, puis,
fortement marqué par l’influence
des mélodistes français comme
Debussy, il crée des mélodies sur
des textes français. Sur des poèmes
de Théophile Gautier, il compose,
entre 1908 et 1909 Trois Mélodies
dont Les Colombes, pièce dans
laquelle il oppose la figure des
oiseaux, dormant la nuit avant de
s’envoler au matin, à celle du poète
dont les nuits sont agitées par de
« folles visions ». La musique suit
la forme en trois strophes et c’est
surtout au piano que sont confiés
de nombreux figuralismes qui
suggèrent le bruissement des ailes
des colombes à l’aide de brèves et
rapides cellules rythmiques. Dans la
dernière strophe au tempo plus lent,
une ligne mélodique très sobre est
perturbée par quelques tressaillements pianistiques puis disparaît,
morendo.
Edouard Lalo n’a composé qu’une
vingtaine de mélodies, dont en
1879 La Chanson de l’alouette qui
fait partie d’un recueil connu sous
le nom de Cinq Lieder, les poèmes
ayant été traduits en allemand à
sa demande. De caractère léger,
et joyeux, l’envol de l’alouette est
suggéré par d’importants sauts de
sixte et de septième dans la ligne
vocale, alors qu’au piano, la même
figure d’accompagnement imitant
le gazouillement de l’oiseau est
conservée dans toute la mélodie. La
partie de piano est aussi agrémentée d’une évocation de battements
d’ailes par l’alternance de la main
gauche et de la main droite.
Francis Poulenc, passionné par la
poésie dès son plus jeune âge, compose six mélodies à partir du recueil
Fiançailles pour rire de Louise de
Vilmorin qui y exprime son ennui au
cours de son exil forcé en Hongrie.
Francis Poulenc complète le tableau
de ces compositeurs inspirés par
le sexe opposé avec sa légendaire
ironie. « En pendant à Tel jour telle
nuit, j’ai écrit, en 1939, un cycle féminin : Fiançailles pour rire, sur des
poèmes de Louise de Vilmorin, dans
l’espoir que Ninon Vallin en serait la
créatrice. Mais hélas ! Ninon Vallin
n’aime pas ma musique ! J’essuie
une grosse larme et j’enchaîne. »
Poulenc trouve dans les textes de
Louise de Vilmorin une atmosphère
typiquement féminine qui, selon
lui, rend plus naturel leur chant par
une femme. « Mon cadavre est doux
comme un gant » est dédié à Ninon
Vallin, qui interprétera malgré tout
les Airs chantés de Poulenc en 1933,
satisfaisant finalement les espoirs
du compositeur.
Plus prolixe que Mozart dans
le domaine du lied, Beethoven
est souvent réduit à son célèbre
cycle An die ferne Geliebte. Or sa
production mérite d’être observée
attentivement comme prémisse
du lied romantique allemand. Les
Drei Gesänge op. 83 de 1809-1810
précèdent de peu les lieder de
Schubert sur les textes du même
poète emblématique de la culture
germanique : Johann Wolfgang
von Goethe. Wonne der Wehmut
(Jouissance de la mélancolie)
cultive les larmes qui se traduisent
musicalement par le rythme pointé
de l’expression « Trockne nicht »
(ne sèche pas…) . Le lied se referme
sur lui même en reprenant la formule initiale ; Sehnsucht, que l’on
traduira ici par « Désir » plutôt que
par « Nostalgie » s’ouvre sur un
prélude du piano qui sert également
de transition entre les strophes.
Chacune d’entre elles s’achève
sur un ralenti qui semble traduire
l’attente. Mit einem gemalten Band
(Avec un ruban coloré) évoque le
ruban qui relie les amoureux comme
ce flot de triolets de croches
qui jamais ne s’interrompt. Une
cadence de la voix nous rappelle
ce que le lied doit à l’opéra, et
réciproquement.
Der arme Peter de Schumann
s’inscrit dans ce qu’il est convenu
d’appeler « l’année du lied » : 1840,
alors que le compositeur a enfin
pu épouser Clara Wieck. Ce titre
unique dissimule un cycle miniature de trois lieder sur des poèmes
de Heine. Le texte met en scène
Peter et le couple de jeunes mariés
Hans et Grete (proches de l’univers
populaire des contes). Derrière ces
personnages se cache la blessure
intérieure de Schumann, obsédé
par la perte de l’être aimé comme
en témoignent d’autres lieder, tel
« Das ist ein Flöten und Geigen »
de Dichterliebe. Le premier lied, au
rythme ternaire, semble une danse
populaire un peu anodine, ce que
contredisent les deux derniers vers
où Peter avoue que le suicide le
tente, face à ce bonheur. Le second
reprend le même motif musical,
varié et transformé en rythmique
binaire, inséré dans une tonalité
mineur. Car Peter aime Grete, sans
espoir, et pleure. Le dernier lied
exprime l’aspiration de Peter à la
mort. Le piano mène une marche
funèbre au rythme pointé tandis
que la voix s’élève par degré, pour
mieux retomber.
Les Six Poèmes d’Apollinaire (19151917), tirés d’Alcools, illustrent une
facette peu connue du compositeur
de Pacific 231 et de Jeanne au bûcher. « A la Santé », qui ne conserve
que la dernière partie du poème,
a quelque chose d’immuable par
son accompagnement tandis que
« Clotilde » est nimbée dans un flot
de doubles croches assez impressionniste. « Automne » met en scène
un paysan cagneux et son bœuf,
dans un brouillard teinté de mélancolie. Avec « Saltimbanques »,
Honegger propose un univers clair
et rythmé, proche de la parade, qui
semble annoncer l’esthétique du
Groupe des Six. « L’Adieu » offre
par contraste un climat polytonal,
jusqu’au vers final qui en est le
climax : « Et souviens-toi que je
t’attends ». Le recueil s’achève sur
une mélodie carillonnante, dont les
cloches sonnent les amours d’une
jeune femme et d’un beau tzigane.
L’ironie est cependant amère : « Tu
seras loin, je pleurerai… peut-être ».
« On ne saura jamais assez tout ce
que je dois à Eluard, tout ce que
je dois à Bernac » écrit Poulenc
dans Journal de mes mélodies, à
propos de Tel jour, telle nuit. Puisant
dans le recueil Les Yeux fertiles, et
dans Facile pour le dernier poème,
Poulenc reconstruit à sa façon un
cycle de neuf mélodies à la dramaturgie savamment étudiée, dont le
titre revient à Eluard ! Ainsi « Bonne
journée » et « Nous avons fait la
nuit » se répondent comme dans un
cycle de Schubert. « A toute bride »
et « Figure de force » sont ce que
Poulenc appelle des « mélodies
tremplins » ayant pour fonction de
mettre en valeur la mélodie lente
qui suit : « Une herbe pauvre » à
l’immobilité glacée, « Nous avons
fait la nuit » à l’émotion intense et
contenue. « Il est bien difficile de
faire comprendre aux interprètes
que le calme dans un poème
d’amour peut seul donner de l’intensité. Tout le reste est baisers de
nourrice », conclut Poulenc.
Blandine Rouffignac
Élève de la classe
Métiers de la culture musicale
prochainement
à l'agenda du
conservatoire
Les récitals de fin d'année
12 mai au 2 juillet 2014
Les salles publiques du
Conservatoire de Paris
Horaires à consulter sur Internet
concert de la classe
de lied et mélodie
Jeudi 15 mai 2014 à 19h
Salle d'orgue,
Conservatoire de Paris
certificat d'initiation à la direction
Mercredi 28 mai 2014 à 19h
Espace Maurice-Fleuret,
Conservatoire de Paris
programme
complet en ligne
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