Histoire de la communication politique

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Histoire de la communication politique
 Histoire de la communication politique La recherche en communication politique a souvent été orientée par des préoccupations normatives, tournées vers l’avenir, tant la persuasion, la conquête et le maintien au pouvoir apparaissant consubstantiels aux activités des institutions et des acteurs politiques. Pourquoi ne pas se tourner vers le passé ? Un regard socio-­‐historique sur les principaux thèmes de ce champ — opinion publique, agenda setting, cadrage, storytelling, relations publiques, marketing dit viral, scandales, pipolisation, etc. — relativise leur caractère véritablement nouveau et pourrait révéler l’existence de phénomènes proches ou analogues dissimulés derrière d’autres substantifs (propagande, influence, feuilletonisation, affaires, bohème littéraire et libelles, célébrité...). Présents bien avant internet, ces phénomènes de communication politique avant même l’existence officielle de ce champ interdisciplinaire demeurent dans l’ombre de la science politique. Certes, l’eau de l’histoire sociale, technologique et politique a coulé sous les ponts et la communication politique a considérablement évolué pour se constituer en espaces professionnels au cœur du champ du pouvoir. Il s’agit surtout dans cet atelier de faire le pari heuristique de la mise en perspective historique et comparative, qui passe aussi, le cas échéant, par des raisonnements par analogie circonstanciés et prudents. Si les développements technologiques des années 1990 et 2000 ont forcé le regard sur des pratiques communicationnelles spécifiques utilisées par les acteurs politiques et sur des phénomènes collectifs s’apparentant à des effets médiatiques, un examen plus attentif permet de situer beaucoup plus tôt les débuts de la communication politique et d’identifier d’autres moments charnières que ceux généralement reconnus. Dans cet atelier, il sera question des concepts et des théories en communication politique, mais aussi des événements-­‐clés ayant marqué ce domaine de recherche, comme les élections, les référendums et les guerres, ou encore de pratiques, méthodes, stratégies, techniques, styles et symboles dont l’évolution marque des changements fondamentaux de la vie en société. Car l’histoire de la communication politique, c’est l’histoire de la construction de la légitimité à travers les époques, l’histoire des manières dont les gouvernants parlent du peuple et parlent au peuple, et celle des manières par lesquels le peuple s’exprime. Comment appréhender les débuts de la communication politique aux 17e et 18e siècles sans risquer l’anachronisme ? Comment a évolué la communication de guerre, en particulier aux États-­‐Unis? Celle des pays en développement peut-­‐elle être arrimée au développement occidentalo-­‐centré des médias ? Qu’ont inventé les pères fondateurs américains des relations publiques ? Subsiste-­‐t-­‐il des discours politiques intemporels et universels ? Comment a évolué la recherche sur la persuasion depuis l’époque de Freud, et quels rôles les sciences cognitives y ont-­‐elles joué ? Sommes-­‐nous vraiment en campagne permanente dans des pays comme les États-­‐Unis, le Canada, la France, la Belgique et la Suisse ? Quelles ruptures et continuités pourrait-­‐on identifier dans le lien qu’entretiennent les gouvernants avec les médias ? Les « nouveaux médias et réseaux sociaux » ont-­‐ils vraiment inauguré une ère nouvelle dans ce lien? Les grass roots politics ne se perpétuent-­‐elles pas, mais autrement ? Quid des représentations médiatiques depuis l’affirmation des femmes en politique ? N’existe-­‐t-­‐il pas aussi une communication politique des mouvements sociaux ? des mouvement ouvriers ? « par le bas » ? Les mouvements sociaux de droite et de gauche ont-­‐
ils développé chacun un rapport particulier aux médias ? La thèse de la médiatisation du politique, c’est-­‐à-­‐dire de l’influence spécifique et envahissante des médias, peut-­‐elle être prouvée empiriquement ? Voilà quelques-­‐unes des nombreuses questions qui pourront être abordées dans cet atelier. Les personnes intéressées à participer à cet atelier doivent nous faire parvenir le titre de leur communication, leur statut et leur affiliation professionnelle, leur numéro de téléphone et leur adresse courriel, ainsi qu’un résumé en 250 mots maximum d’ici le 4 novembre 2016. Une réponse leur parviendra au plus tard à la mi-­‐décembre. Responsables : Anne-­‐Marie Gingras, Professeure titulaire, UQÀM, gingras.anne-­‐[email protected] Éric Darras, Professeur, Sciences Po Toulouse, [email protected]