Martine THIRAULT - Le Souvenir Français Dijon
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Martine THIRAULT - Le Souvenir Français Dijon
Intervention de Monsieur Jacques BLAY, 1er délégué général adjoint lors de l'assemblée annuelle de la délégation générale de la Côte d'Or du Souvenir Français organisée à VITTEAUX le samedi 8 mars 2014 -o0oMerci Monsieur le Délégué Général d’avoir bien voulu m’accorder quelques minutes. Merci également à vous tous, car si notre association a pu atteindre ce haut niveau, elle le doit à toutes les personnes de bonne volonté qui n’hésitent pas à sacrifier quelques instants de vie familiale ou de loisirs pour se dévouer au Souvenir Français. Votre fidélité, à la mémoire de toutes celles et ceux qui sont tombés au champ d’honneur pour que notre France reste indépendante, mérite félicitations et respect. --------------------------------Revenons à Vitteaux et aux événements de 1944. D’abord l’affaire Werner : Début 1944, les maquisards du réseau « Commandant Bernard » prennent en otage un officier allemand « Werner » pour l’échanger contre l’un de leurs camarades emprisonné à Dijon. Le major Werner, blessé lors de son enlèvement est détenu par le maquis, soigné, et finalement exécuté. La répression de l’occupant se voudra exemplaire : - Quinze fusillés - Vingt et un déportés Parmi les condamnés à mort figure le docteur Quignard qui avait prodigué des soins à l’officier allemand, et Henri Loiseau, maire de Jailly-lès-Moulins. La résistance à Vitteaux Le groupe de résistance de Vitteaux, affilié au « groupe Auxois », sous le commandement du capitaine Japiot dit « Capitaine Paul » participe très tôt à des actions de propagande et de sabotage. L’unité regroupe 25 personnes, elle s’étoffera de 13 autres en août 1944, refusant d’autres volontaires par manque d’armes. Le 6 juin 1944, le groupe de résistance de Vitteaux constituait déjà un maquis installé au lieu-dit « La Bochère », commune de Soussey-surBrionne. L’armement est en majeure partie constitué d’armes récupérées à la débâcle de 1940 : - 2 fusils mitrailleurs 24/29 et 4 boîtiers chargeurs offerts par messieurs Manlay et Chevassus - 24 mitraillettes - Quelques fusils Lebel et Mousquetons 1892 - 3 tentes ont été offertes par des patriotes Le ravitaillement est assuré pendant cette période difficile par les fermes entourant le camp : - Fermes de l’Epinois et du Val d’été par monsieur Dupaquier aux Granges de Vesvres et monsieur Froidurot à Marcellois. Le 15 juin, c’est le sabotage de la voie ferrée et de la ligne téléphonique Les Laumes-Epinac. Opération réitérée le 23 juin. L’instruction militaire s’intensifie, se structure, assurée par un gendarme Monsieur Catty, dit Jules. Chaque nuit c’est un nouvel acte de sabotage, une embuscade accomplie avec zèle par des hommes volontaires. Arrive le 26 août 1944, l’affaire de Grosbois-en-Montagne Sur le chemin du repli vers le nord-est, les convois allemands ne cessent de rouler sur la Nationale 5, venant de Dijon et se dirigeant sur Les Laumes. En face de Boussay, un groupe fait sauter un char allemand appartenant à une formation de l’AFRIKAKORPS. Onze heures du soir, les soldats allemands investissent Grosbois-enMontagne. Vers une heure du matin, les véhicules de l’Afrikakorps reviennent avec 2 blessés, l’un meurt avant l’aube dans la salle de l’auberge. Le jour n’est pas encore levé que d’un bout à l’autre du village, portes et fenêtres sont ébranlées à coup de crosse de fusils. La fouille terminée, les hommes sont jetés dehors, rassemblés au centre du village, alignés, comptés. Les plus vieux sont détachés du groupe, le reste, une trentaine, reçoit l’ordre de marcher sur Vitteaux. Quelques soldats, mitraillettes au poing les encadrent. Des arbres ont été abattus sur la route, il y a eu embuscade, c’est là que les soldats ont été atteints. La vérité se fait jour, les otages s’attendent à être exécutés. Passé le pont d’Uncey, éclate une fusillade, les mitrailleuses font entendre leur voix sèche. La moitié de l’escorte quitte la route pour envahir le petit village d’Uncey. Les Allemands ramènent 12 nouveaux otages. Les Allemands tiraillent cabanes de vignerons, maisonnettes isolées sont criblées, elles pourraient abriter des francs-tireurs. A hauteur de la ferme de la Roche-d’Hys, des arbres barrent la route. Des otages s’attellent pour les rouler dans le fossé. Durant cet arrêt, les Allemands ont découvert la ferme isolée. Deux automitrailleuses et des hommes à pied partent à travers champs. Lentement, dans le ciel bleu monte un lourd nuage de fumée noire. Les nazis ont arrosé d’essence la ferme de Roche-D’hys qui brûle de la cave au grenier. Deux civils, parmi les soldats, se détachent nettement sur la crête, ce sont messieurs Mias et Jacob. Derrière eux, vient une voiture à cheval portant le butin. Messieurs Mias et Jacob sont adossés à une haie. Le premier rang de l’escorte met genoux à terre, une salve, deux coups de grâce, le tout a duré cinq minutes. L’officier revient souriant, il réclame 5 hommes pour faire la fosse. La colonne des otages poursuit sa route vers Vitteaux et Alise, 24 kilomètres sont parcourus, douloureux calvaire, à jeun, les pieds en sang. Vers 15 heures à l’horloge de Pouillenay, à quelques kilomètres d’Alise, le même officier qui a tout dirigé depuis le matin, fait une brève et tragique apparition. Le nazi fait conduire les otages dans une grande pâture, les colle au mur bas qui sépare les prés des premiers jardins de Pouillenay, côté Flavigny. L’officier compte ses otages, ôte les numéros 6, les fait placer sur la gauche, puis froidement, en deux groupes, les fait exécuter. Il longe les corps, les achève, et finit de décharger sa mitraillette sur le dernier. Parmi les otages alignés, l’un deux eut la chance extraordinaire, le miracle d’être épargné. Faisant preuve d’un admirable sang-froid, il tomba avec ses camarades et fit le mort. Il s’appelait Michel Bouchardin. Fait plus exceptionnel, il ne fut pas atteint par le coup de grâce, rafale de mitraillette tiré par l’officier. Profitant d’un moment d’inattention de la sentinelle qui gardait les cadavres, Michel Bouchardin s’enfuit dans le bois voisin. ------------------------------------Ayons une pensée à la fois pieuse, humaine et patriotique pour ces héros à qui nous devons de vivre libres. À nous le Souvenir, À eux l’immortalité. Vive la France.