Taxe kilométrique : L`avocat fiscaliste de l`UPTR très critique envers
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Taxe kilométrique : L`avocat fiscaliste de l`UPTR très critique envers
FLASH N°12 - 18 /03/2016 Taxe kilométrique : L’avocat fiscaliste de l’UPTR très critique envers la légalité du système de perception … Comme vous l’avez peut-être lu dans la presse économique d’hier (L’Echo et le Tijd) ou entendu ce matin sur les ondes de la RTBF, l’UPTR a communiqué les conclusions de l’étude juridique qu’elle avait spécialement demandée à Michel Mauss, influent avocat spécialisé dans les matières fiscales les plus pointues et Professeur d’université (VUB). Vous en trouverez, ci-après, les grandes lignes des conclusions résumées (en traduction libre) de la note juridique en question : 1. L’introduction de la taxe kilométrique est une violation de l’égalité de traitement La taxe kilométrique est d’application aux véhicules motorisés et aux combinaisons de véhicules dont la masse maximale autorisée (MMA) s’élève à plus de 3,5 tonnes et ce, qu’ils soient destinés ou utilisés de manière exclusive pour le transport de marchandises par voie terrestre, ou pas. Les autres véhicules, comme les voitures privées, mais également les véhicules motorisés exclusivement destinés ou utilisés pour le transport de personnes par voie terrestre, ne tombent, en d’autres termes, pas dans le champ d’application de la taxe kilométrique. En outre, un certain nombre de véhicules, qui font normalement partie du champ d’application de la taxe kilométrique, en sont exemptés. Eu égard aux objectifs sous-jacents de l’introduction de la taxe kilométrique, pour laquelle le principe en est que “l’utilisateur/le pollueur paie”, il apparaît que l’établissement du critère distinctif (à savoir que seul le transport de choses par voie terrestre, pour lequel la masse maximale autorisée (MMA) s’élève à plus de 3,5 tonnes), n’est pas raisonnablement et valablement motivé. Les autres véhicules, comme les voitures privées, mais également les véhicules motorisés exclusivement destinés ou utilisés pour le transport des personnes par voie terrestre, explicitement exonérés de la taxe kilométrique, génèrent également des frais d’infrastructure et causent la pollution de l’environnement. Une telle différence de traitement va à l’encontre de l’égalité de traitement. 2. Le contrôle de la taxe kilométrique est illégal a. La sous-traitance du contrôle de la taxe kilométrique par une firme privée est illégale Le traçage et le suivi des véhicules taxés seront effectués par le prestataire de services Satellic. Le droit fiscal est d’ordre public, et l’administration fiscale ne dispose d’aucune compétence autre que celles fixées par la loi. Il en va de même pour les informations demandées à des tiers. La demande de fournir des informations à l’administration qui ne sont pas encore en possession de ce tiers (et que ce dernier ne pourra, de surcroît, qu’obtenir difficilement, lors de l’introduction de certaines enquêtes futures), constitue en vertu de divers arrêts de jurisprudence une sous-traitance abusive qui rend l’enquête fiscale illégitime. La circonstance que les données nécessaires à la fixation de la taxe kilométrique due par les utilisateurs sont transmises sur la base du ‘contrat d’utilisateur’, n’y change rien. En effet, dans le cadre de la taxe kilométrique, la signature d’un ‘contrat d’utilisateur’ a été rendue obligatoire, afin de permettre de mettre en œuvre la procédure d’établissement et d’encaissement de la taxe. b. Le suivi permanent, par satellite, d’un véhicule est contraire au droit à la vie privée et est interdit par la Loi concernant les méthodes particulières de recherche. Dans le cadre de la taxe kilométrique, les données sont continuellement échangées, au moyen d’un appareil électronique, afin de procéder à l’enregistrement des kilomètres ou des parties de kilomètres parcourus, sur la base du calcul de la taxe kilométrique. Chaque véhicule non exonéré de taxe kilométrique doit être équipé d’un système d’enregistrement électronique mis à disposition à cet effet, avant de débuter toute utilisation. Le propriétaire du véhicule a conclu, pour ce faire, un contrat avec le prestataire de services. Le suivi continu d’un véhicule par satellite maintient une observation qui est en principe uniquement possible dans le cadre de la Loi concernant les méthodes particulières de recherche. Une telle observation, qui est incontestablement une ingérence dans la vie privée, tant dans celle du propriétaire que dans celle du chauffeur du véhicule, ne satisfait pas à la condition de “nécessité” requise par la Loi. Les données nécessaires à la fixation de la taxe kilométrique due, peuvent d’ailleurs être récoltées sans observation continue (déclaration volontaire, installation de portails d’accès, etc.) Par conséquent, il s’agit bien d’une violation du droit à la vie privée, que ce soit à l’égard du propriétaire qu’à l’égard du conducteur du véhicule. Le fait de cette ingérence dans la vie privée résulte d’une concordance de volontés précédant la signature d’un contrat avec un prestataire de services (comme Satellic), n’y change évidemment rien. La signature d’un ‘contrat d’utilisateur’ est d’ailleurs établie de manière contraignante et doit, par conséquent, être considérée comme une partie des modalités d’établissement et d’encaissement de l’impôt. c. Le contrôle des kilomètres parcourus peut uniquement être effectué au moyen d’appareils de mesure conventionnels, comme prévu dans le Code de droit économique En vertu de la réglementation en vigueur, les mesures prises afin de calculer les taxes et rétributions doivent être exécutées au moyen d’instruments de mesure homologués. Les prescriptions concernant les conditions auxquelles ces instruments de mesures doivent répondre (de même que ce qui a trait à leur composition et à leurs propriétés de mesure) doivent en principe être établies par un arrêté royal (pour les matières régionales, il s’agit une décision du gouvernement). Dans le cadre de la taxe kilométrique, il semble qu’une telle décision n’a, jusqu’à présent, pas été publiée au Moniteur belge, comme prévu dans la règlementation. Par conséquent, la question se pose de savoir si les On Board Units qui seront utilisées lors de l’enregistrement des kilomètres parcourus, peuvent être utilisées pour le calcul de la taxe kilométrique sur cette distance enregistrée ? d. Le contrôle des kilomètres parcourus peut uniquement être effectué par des entreprises reconnues en tant que sociétés de surveillance, au sens de la loi du 10 avril 1990, réglementant la sécurité privée et particulière ? En pratique, Satellic suivra les véhicules taxés sur le domaine public par navigation satellite. La sous-traitance du contrôle de la taxe kilométrique par une entreprise privée a pour conséquence que la Loi du 10 avril 1990, réglementant la sécurité privée et particulière, doit être respectée. Sur la base de cette loi, les constatations qui ont exclusivement trait à l’immédiat état observable des choses se trouvant sur le domaine public, exécutées sur ordre de l’autorité compétente ou du titulaire d’une concession publique peuvent uniquement être exécutées par des sociétés de surveillance agréées. A notre connaissance, Satellic n’est pas reconnue comme société de surveillance, de sorte que les activités de contrôle de Satellic vont à l’encontre des dispositions de la Loi du 10 avril 1990 et sont donc contraires à la loi. 3. L’infraction à la loi sur la vie privée du 8 décembre 1992 Dans les conditions générales du ‘contrat d’utilisateur’1, il est confirmé que Satellic exploite les données personnelles de l’utilisateur, pour le compte de Viapass, qui agit comme responsable du traitement, au sens de la loi belge relative à la protection de la vie privée du 8 décembre 1992 (“loi sur la protection de la vie privée”). Conformément à l’article 17, §1, alinéa 1 de la loi sur la protection de la vie privée, préalablement à la mise en œuvre d'un traitement entièrement ou partiellement automatisé ou d'un ensemble de tels traitements ayant une même finalité ou des finalités liées, le responsable du traitement ou, le cas échéant, son représentant, en fait la déclaration auprès de la Commission de la protection de la vie privée 4. La taxe kilométrique viole le Code flamand de la fiscalité (uniquement en région flamande) En Région flamande, les dispositions relatives à la taxe kilométrique ont été introduites dans le Code flamand de la fiscalité (CVF). Une caractéristique commune des impôts reprise dans le CVF, est qu’ils doivent en principe être enrôlés pour que le contribuable se voie délivrer un avertissement-extrait de rôle. A cet égard, l’article 3.2.2.0.1 CVF dispose qu’un seul montant peut être réclamé aux contribuables, en vertu d’un rôle déclaré exécutoire qu’est le titre de perception. Sur la base du Décret du 3 juillet 2015, il s’avère que le prestataire de services, sur la base du contrat de prestataire de services, est tenu d’envoyer périodiquement, de préférence électroniquement, le document de paiement comprenant les montants dus par le titulaire du véhicule pour la période concernée. Pour ce qui concerne l’enrôlement lui-même ou l’envoi de tout avertissement-extrait de rôle par la Région flamande, aucune référence n’y est faite. Par conséquent, pour ce qui concerne la taxe kilométrique, au sein de la Région flamande, un suivi devra être effectué pour vérifier que les contribuables ont bien reçu un avertissement-extrait de rôle de l’administration fiscale flamande. Au cas où ils ne recevraient que le document de paiement du prestataire de services, la taxe kilométrique ne pourrait alors pas être perçue légalement. En outre, sur la base de l’information connue actuellement, il est même possible d’arguer que la taxe kilométrique ne peut pas être due, en cas de défaut d’enrôlement. ______________ Les transporteurs jugeront par eux-mêmes la réaction du Ministre flamand des Travaux publics, Ben Weyts (traduction) : « Seul l’UPTR continue d’essayer de mettre des bâtons dans les roues, alors que les autres fédérations de transport collaborent de manière constructive. Je me demande si, en agissant de cette manière, l’UPTR rend vraiment service aux transporteurs, qu’elle prétend représenter ? Nous voulons simplement que les camions étrangers contribuent à l'entretien de nos routes. Dans le même temps, nous prévoyons des mesures d'accompagnements. Le coût de la taxe kilométrique est fiscalement déductible » (sic) … Michaël Reul – Secrétaire Général https://www.satellic.be/uploads/file/General%20Terms%20and%20Conditions%20User%20Contracts%20(B2B%20& %20B2C)%20-%202015%2011%2002%20final%20(Dutch)151113131052.pdf