Le touriste mauricien à la rescousse

Transcription

Le touriste mauricien à la rescousse
ENL GROUP PEOPLE INITIATIVES NEWS
Hôtellerie :
Le touriste mauricien
à la rescousse
No. 10 JANUARY 2014
CIRCUS
Contents
Lightalk
INSPIRATION
4 Food for thought
Communication & PR - ENL
Shyama Soondur
AT A GLANCE
5 ENL plante son drapeau à La Réunion
INSIDE STORY
7 White palm heart rolls out into supermarkets
8 BPR : Promesse de renouveau
WIDE ANGLE
10 Villas Valriche takes to world stage
PERSPECTIVES
14Hôtellerie : Le touriste mauricien
à la rescousse
IN-SHAPE
17 La « détox » d’après-fêtes
OUTREACH
19 Partage et solidarité pour resserrer les liens
21 Pran Kont s’étend à St-Pierre
FACE TO FACE
22Bhasker Desai : « L’astrologie :
75 % de mensonges et 25 % de faussetés »
ENCOUNTERS
24Formation en entreprise :
Débuter sa carrière du bon pied
REFLECTIONS
26Première Guerre mondiale :
Manne inattendue pour le sucre mauricien
A publication of ENL Group
ENL House
Vivéa Business Park
Moka, Mauritius
www.enl.mu | [email protected]
Executive Editor
Shyama Soondur
«
L’année à venir promet d’en être une d’événements sportifs,
de chocs politiques et de mutations économiques »,
prédit le très réputé magazine hebdomadaire britannique
The Economist. L’année 2014 est celle de la Coupe du
monde de football au Brésil, pays emblématique pour les amateurs
du ballon rond – spectacle assuré ! C’est aussi l’année où
les économies africaines devraient enfin prendre place dans
le train de la haute performance aux côtés des superstars asiatiques,
qui pourraient d’ailleurs ne plus s’appeler uniquement Chine
et Inde pour la première fois depuis longtemps...
Si les éditorialistes basent leur réflexion sur des observations
et analyses rigoureuses de l’actualité mondiale, nombre d’entre
nous préfèrent s’en remettre aux astres pour savoir ce que
réserve l’année nouvelle, avec ainsi le sentiment de maîtriser
leur devenir. À ceux-là en particulier, nous donnons rendez-vous
à la page 22 de la présente édition.
Nous nous livrons, bien évidement, à notre propre mise en relief
de l’actualité – nationale cette fois. Et locale aussi, celle du
groupe ENL. Nous vous proposons un zoom sur le secteur
hôtelier, devenu encore plus créatif en ces temps de vaches
maigres et qui, enfin, considère le marché mauricien comme
un segment commercial à part entière.
Concept, Layout & Art Direction
Entre autres tableaux de la vie des entreprises ENL, nous faisons un gros plan sur l’engagement du groupe à accueillir les
jeunes en stage et à participer ainsi à former les prochaines
générations de professionnels et décideurs.
Contributors
Bonne lecture. Et excellente année 2014.
Lemon Agency
Désiré Eléonore
Gilbert Deville
Ajai Daby
Joëlle Guiot
Printing
Editor
T-Printers
Gilbert Deville
(Ideos Communications)
January 2014
Republic of Mauritius
JANUARY 2014
3
INSPIRATION
S
ome would say a new
year is the beginning
of a new chapter in
our lives. It’s a reset
button that enables us to start
afresh. But in actual fact, this is
neither the end nor the beginning.
It’s just a going-on, with the wisdom and the clear-sightedness
brought to us by experience,
good and not-so-good, from yet
another year that has gone by.
Looking back on 2013, we can
safely say that by and large,
our group has maintained its
trajectory of consistent growth.
Our key performance indicators
clearly reflect that, though
we did not come out totally
unscathed from the context,
especially in the commerce and
manufacturing segment of our
businesses. Turnover, profit
and total assets more than
doubled, notably as a result
of our acquisition of the
Rogers Group. Indebtedness
was held in check and shareholder value was further unlocked when we moved to enhance the tradability of ENL
shares on the stock market
through a bonus issue.
with our business and social
partners through better communication and an inclusive
growth strategy. We pledged
to pursue the development of
our human capital and leverage our corporate culture to
create value that is meaningful
and lasting.
ENLIGHTEN No 10
As we set out to imagine the
foreseeable future, I would like
to sound a word of caution
though. Let us scale our
ambitions to the resources
that we have. Let us balance
confidence with prudence.
Remember too that we are entrepreneurs, working first and
foremost to create sustainable
value for our stakeholders. Let
focus, enthusiasm and financial
discipline be our driving force
as the new year unfolds.
I am happy to note that we
have not deflected from our
set itinerary and this should
encourage us to carry forth
with renewed vigour and enthusiasm. We are now about
to review and renew our strategic objectives and chart out
a new roadmap for the next
three years to come. Let us I wish you happy, productive
all take a fresh look at what and creative days ahead.
we do; let us start thinking of
practical ways to reach the
next level of excellence in our
respective fields of specialism.
We are resolutely
pursuing the next
level of growth for our
group and our strategy
includes optimising
regional opportunities.
Our performance speaks of the
discipline, focus and enthusiasm
with which we engage with
business. It is also a testimony
of the trust and goodwill that
our group enjoys among
business and social partners.
I could not commend each and
every ENL team player enough The ENL entrepreneurial
for consistently nurturing these leadership is ground in the
invaluable assets for our group. strong conviction that the future is ours to make and we inNearly three years ago, we set deed can make what we want
clear objectives for ourselves out of it. We are resolutely purin our triennial strategic plan. suing the next level of growth
We thus committed to devel- for our group and our strategy
oping business in a way that includes optimising regional
generates cash. We aimed opportunities. We are working
at strengthening our relations on new recipes to boost up our
4
financial structures and reinforce our technical know-how
to that end.
Food for
thought
Hector Espitalier-Noël
CEO, ENL Group
AT A GLANCE
Chiffre-clé
ENL plante son drapeau
à La Réunion
C’est le score minimal réalisé par les
restaurants Ocean Basket de Bagatelle –
Mall of Mauritius et Grand Baie La Croisette
lors du dernier audit de qualité mené en
novembre par la maison mère. Cet audit
comprend une vérification sur quelque
400 points du niveau de conformité aux
normes et standards de qualité établis
par l’enseigne sud-africaine.
Le tandem ENL Property/Ascencia déploie son savoir-faire dans
le développement immobilier dans la région. Sa première initiative
en dehors de Maurice est la construction d’un complexe de loisirs à
St-Denis, île de La Réunion, en partenariat avec les propriétaires des
cinémas Star. Celui-ci abritera six salles de cinéma, des boutiques et
des restaurants et occupera quelque 6 000 mètres carrés sur le front
de mer de la capitale réunionnaise, qui s’offre actuellement une cure
de jouvence. Les démarches pour obtenir les permis nécessaires à la
construction sont en bonne voie et sauf imprévu, les travaux démarreront
durant la deuxième partie de 2014.
Une « maison de lumière » à Vivéa
Un nouvel édifice viendra bientôt s’implanter dans le décor pittoresque de
Vivéa Business Park, à Moka. Véritable « maison de lumière », la Light House est sur le marché
depuis décembre dernier et les travaux, qui démarrent début mars, devraient durer une
dizaine de mois. Elle a été dessinée par le cabinet Macbeth Architects, qui y prendra d’ailleurs ses quartiers au 2e étage.
Le cadre naturel, moderne, mais empreint d’histoire de Vivéa est un écrin idéal pour ce bâtiment stylé.
Avec l’inauguration en décembre de la nouvelle route Terre-Rouge/Verdun, qui rejoint le bypass St-Pierre/
Ebène, le parc d’affaires élargit également son ouverture au reste de l’île. La Light House propose différentes
configurations d’espaces de bureaux, avec des modules à partir de 45 m². Les services et espaces communs
ont été étudiés pour répondre aux besoins de chacun, avec un nombre important de parkings, l’accès à la fibre
optique et d’autres aménagements encore. Un syndic professionnel assurera la gestion des espaces communs.
La Pépinière fait pousser son marketing
La Pépinière, comptoir grand public d’ENL Agri pour tout ce qui concerne
les plantes ornementales ouvert il y a tout juste un an, part à la conquête du
marché des clients particuliers. En février et mars, elle leur propose une remise
de 10 % sur une sélection de plantes d’intérieur, après le succès des journées
découverte organisées début novembre. Celles-ci avaient attiré de nombreux
clients jusqu’à Moka, en dépit d’un temps pluvieux. ENL Agri, gros fournisseur du secteur paysager, propose 400 variétés de plantes en une dizaine
de tailles différentes : gazon en rouleau, plantes fleuries, d’intérieur, aromatiques et médicinales, ainsi que couvre-sol, cactus, bonzaïs, orchidées et plantes
endémiques se sont disputé l’attention des visiteurs. Sont aussi disponibles
des pots, du fumier, du compost et un mélange spécial pour les plantes.
JANUARY 2014
5
AT A GLANCE
ESP Landscapers
embellit Azuri
Les Allées d’Helvétia 3 :
Début des travaux
Et un projet de plus pour ESP Landscapers, qui s’est vu confier
l’aménagement paysager de certaines zones du projet Azuri,
à Haute-Rive. Ce village résidentiel est ouvert depuis décembre dernier.
Surfant sur la vague du dynamisme récent du secteur du
paysagisme, la filiale d’ENL Agri a réalisé avec succès l’embellissement et l’aménagement paysager de projets tels que Villas Valriche,
le Club Med d’Albion, La Balise Marina, Bagatelle – Mall of Mauritius,
l’entrée du palais présidentiel à Djibouti et le mur végétal du nouveau
terminal de l’aéroport international SSR.
Après le succès des deux précédentes phases,
le village intégré des Allées d’Helvétia démarre la
construction de sa troisième phase en ce début 2014.
Les travaux dureront 17 mois, au bout desquels le village
comprendra 25 duplex et 33 appartements de plus.
Situé à proximité d’écoles, d’universités et de centres
commerciaux et sportifs, Les Allées d’Helvétia offre un
cadre de vie moderne et semi-urbain au cœur de Moka.
À ce jour, plus de 75 % des nouvelles unités résidentielles proposées ont déjà trouvé preneur. Le prix
de vente se situe entre Rs 5,4 millions et Rs 12,3 millions.
« Soft opening » du
Royal Palm Marrakech
Nom emblématique de l’hôtellerie haut de gamme à l’île Maurice,
le Royal Palm exporte son savoir-faire jusqu’au pied de la chaîne de l’Atlas.
New Mauritius Hotels, compagnie associée d’ENL Investment opérant
sous le nom Beachcomber Hotels, a procédé au « soft opening »
de son dernier fleuron à Marrakech, au Maroc, le 11 décembre dernier.
Développé sur un terrain de 231 hectares, le projet inclut également
le premier IRS mauricien à l’étranger, le Domaine Royal Palm Marrakech,
avec 91 villas de six modèles différents. Tout comme les clients de
l’hôtel, les résidents bénéficieront d’un service haut de gamme : parcours
de golf de 18 trous, spa, centre de fitness, restaurants gastronomiques,
country-club et conciergerie, entre autres.
Le « Made in Moris »
s’installe à Moka
C’est à Allée Minissy, à Moka, que toute l’équipe de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM)
a pris ses quartiers depuis septembre dernier. Celle-ci dispose ainsi de son tout premier local, un ancien
bâtiment en pierre de taille rénové grâce au soutien du groupe ENL. Un lieu conçu pour mettre
en avant le patrimoine et le savoir-faire industriel mauriciens, témoignant de la vision de l’association
à promouvoir le « Made in Moris ». Plus spacieux, plus fonctionnel et facile d’accès, il accueillera
les membres et partenaires de l’AMM, qui auront aussi à leur disposition une salle de réunion.
6
ENLIGHTEN No 10
INSIDE STORY
FIELD GOOD
White palm heart
rolls out into supermarkets
W
ho would be adventurous
enough to try and market the
heart of white palm (Dictyosperma
album), the only one among the nine edible
palm species growing on the island that turns
brown within hours after being exposed
to air? And why would one bother doing it?
Field Good, the ENL Agri’s brand of
fresh vegetables was game enough to
take on the challenge. Simply because
although the heart of the royal palm
(Roystonea regia and Roystonea oleracea)
is the most widely available on the market,
white palm heart is a delicacy that is
second to none when it comes to taste,
explains the Food Crops Development
Manager, Alain Souchon.
After having been a long time in the thinking,
white palm heart in Field Good packaging will
finally be available on supermarket shelves in
Mauritius in the weeks to come – ready to eat
and without any of the unbecoming browning.
Ready to use
Alain adds that, “Although a certain
number of Mauritians are used to eating
palm heart, they don’t want to put too
much time and labour into cutting open
the tree. Our product is fully prepared and
ready to use in the recipe of one’s choice.
This should encourage new people to try it.”
ENL Agri should also be taking the next
step soon with a foray into the hotel and restaurant market, which are the largest consumers of this delicacy in Mauritian cuisine.
Alain remains as mum as the proverbial
clam when asked to explain the secret
behind preventing the usual browning.
He simply says, “This is where the big
challenge was and the reason why white
palm was not commercially available.
A few attempts have been made in the
past but without much success. We are
the first to sell it under our brand name,
Field Good.”
It took about a year to make it through
the entire process. For the purposes
of the project, a French agronomist
with previous experience in palm heart
production and processing in Costa Rica
was brought in. The young lady spent
five months on preliminary research work
before ENL Agri staff took over to complete the process, which included shelf-life
tests that returned very positive results.
“The white palm heart we produce
has a shelf life of up to two weeks when
stored in a refrigerator at a temperature
of 5°C,” says Alain. ENL Agri has started
off with a daily processing capacity of
some 40 palm trees freshly cut from
ENL-owned plantations at Savannah and
Bel Ombre – which is of course scalable,
depending on the evolution of demand.
It has been a somewhat challenging
task to produce white palm heart that
meets the required standards of quality
and freshness, but the taste makes it
worth every effort!
Keep it simple
and tasty
Raw or cooked, on its own, in a salad
with crudités or prawns and a dash of
light vinaigrette sauce, there are many
varied ways to enjoy white palm heart.
It only takes 5 minutes to cook in water
or milk when diced into 2-inch pieces,
and a little bit longer for the whole heart
or half of it (about 15 minutes). Just toss
a tiny knob of butter and a pinch of herbs
into the boil to keep it simple and tasty.
There is actually no single way of
enjoying palm heart but there is only one
sacred rule – never let other ingredients
overpower its subtle flavour.
JANUARY 2014
7
INSIDE STORY
BUSINESS PROCESS REENGINEERING
Promesse
de renouveau
Repenser l’organisation et les méthodes
utilisées afin d’engager une amélioration
continue des processus métiers. C’est ce
que prône le service Business Process
and Information Systems d’ENL pour aider
les filiales du groupe à gagner en efficience
et par conséquent, en parts de marché.
Plastinax Austral a passé le test.
L
a réingénierie des processus
d’affaires, plus communément
appelée Business Process
Reengineering (BPR), est un concept
qui a fait ses preuves depuis qu’il a été
développé au début des années 1990
par Michael Hammer, du Massachusetts
Institute of Technology. Cette méthode
de gestion impliquant un remodelage
des processus métiers a d’ailleurs
permis à Plastinax Austral, fabricant
de lunettes solaires principalement
destinées à l’exportation, de doubler
son efficience en quelques mois.
Confrontée à de réelles difficultés
pour rester rentable dans un domaine
hautement concurrentiel, cette filiale
d’ENL Commercial s’autorise désormais
à envisager l’avenir avec confiance.
« Le BPR nous a aidés à sélectionner et
à mettre en place un système qui permet
une gestion de précision de nos opérations.
8
ENLIGHTEN No 10
Nous pouvons à présent décomposer la
fabrication d’une lunette en un ensemble
d’opérations et comptabiliser chaque étape
en identifiant précisément l’efficience de
chaque intervenant dans le processus
de fabrication. Nous sommes capables de
localiser un nœud de problème et de le
dénouer avant qu’il affecte l’ensemble », explique Nicholas Park, le General Manager
de Plastinax Austral. « Auparavant, notre
principale mesure de la performance était
le décompte des pièces produites quotidiennement, sans tenir compte de la complexité de chaque modèle de lunettes. »
Ce virage a été amorcé avec le
concours d’ENL Corporate Services,
dont le Head of Business Process and
Information Systems, Jacques de Gersigny,
fait ressortir que la notion de mesure et
de comptabilisation est fondamentale au
BPR. « On ne peut améliorer que ce que
l’on peut mesurer. »
Il est l’ambassadeur du BPR – ou de
l’amélioration continue, comme il préfère
l’appeler – chez ENL. Le BPR façon
De Gersigny passe par une réflexion sur
l’organisation de la production, la qualité
et le Lean Manufacturing, qui est une
Les lunettes solaires fabriquées par Plastinax Austral
sont principalement destinées à l'exportation.
INSIDE STORY
Le BPR, un investissement
personnel avant tout
Qu’est ce que le « Business Process
Engineering » (BPR) au juste ? C’est une
transformation des processus organisationnels par une utilisation optimale
des technologies de l’information en vue
d’obtenir des améliorations majeures
en termes de qualité, de performance
et de productivité. Le BPR est reconnu
pour produire des résultats très avantageux pour l’entreprise, tels qu’une réduction majeure des coûts, des erreurs et des
délais, un accroissement de la satisfaction
de la clientèle et de façon globale, une
amélioration de l’efficience, ainsi que de
l’efficacité organisationnelle.
Nicholas Park (à dr.) et Jacques de Gersigny
faisant le point sur le processus de BPR
engagé chez Plastinax Austral.
réorganisation du suivi de la production
ainsi qu’un réaménagement du plan de
travail bâti sur les principes du Kaizen
et de ses 5S : Seiri (débarrasser),
Seiton (ranger), Seiso (nettoyer), Seiketsu
(respecter) et Shitsuke (promouvoir).
La mise en pratique de ces divers concepts chez Plastinax s’est traduite par une
baisse du coût des heures supplémentaires
pour une production équivalente en quantité
et en complexité, tout en ayant recours à
des effectifs moindres. Le BPR se révèle un
outil qui permet de piloter l’activité de production de l’entreprise en temps réel, ainsi
que d’envisager la suite du développement
et des opérations avec une vision plus claire.
Le cas Plastinax fait école au sein d’ENL.
Plusieurs autres filiales du groupe, dont
Axess, Espral, Pack Plastics, ENL Agri et
Cogir s’apprêtent à s’engager sur la voie
du BPR pour atteindre un palier supérieur
de leur développement.
Jacques de Gersigny, lui, se passe volontiers de cette définition formelle.
Il préfère envisager le BPR comme un processus d’amélioration continue de
tous les procédés d’entreprise. « Il n’y a rien de très compliqué dans le BPR. 3
L’investissement requis est en premier lieu personnel, impliquant chaque
composante de l’équipe. Ce qu’il faut avant tout, c’est une décision du dirigeant,
qui s’engage devant ses employés à se lancer dans ce projet d’entreprise.
S’ensuivent un changement profond de mentalité et une évolution accélérée de
la culture d’entreprise », dit-il.
Le client au centre des préoccupations
La réingénierie des processus d’affaires
repose sur trois principes de base :
éliminer le gaspillage, se rappeler que
les employés sont au cœur du système
et fabriquer selon les besoins du client.
Comme l’explique si bien le gourou du marketing et du management Peter Drucker,
c’est le client qui détermine ce qu’est une
entreprise. « L’entreprise doit pouvoir se
remettre en question de manière régulière et structurée : pourquoi fait-elle ce
qu’elle fait ? Et pourquoi le fait-elle de
la manière dont elle le fait ? » Ces questions obligent à se recentrer, à retourner à
l’essentiel, à savoir le client.
« L’objectif premier n’est pas de réduire
les coûts, mais plutôt d’améliorer la
valeur donnée au client. Réduction des
coûts et gains en efficience en sont
les conséquences naturelles », précise
Jacques de Gersigny.
Le plan de route pour y arriver est simple
et fiable. Il se résume en un acronyme
facile à retenir, le PDCA : « Plan, Do,
Check, Act. » « Elaborez votre plan d’action
pour atteindre vos objectifs. Exécutez-le.
Vérifiez si les objectifs ont bien été
atteints et le cas échéant, faites ce
qu’il faut pour rectifier le tir. » Et ainsi
s’instaurera un cercle vertueux qui aidera
à garder le focus.
JANUARY 2014
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WIDE ANGLE
Villas Valriche
takes to world stage
After triumphing
at the International
Property Awards
2013-14 for Africa
and Arabia in Dubai,
the Villas Valriche
team was among
the privileged few to
attend the glittering
grand final gala
event where the
best in the world
were recognised
and rewarded.
10
ENLIGHTEN No 10
T
here is no higher global
recognition for a property developer than
the prestigious International
Property Awards (IPA), dubbed
the ‘Oscars of the Property
World’. Global exposure as
well as marketing and networking opportunities are just
a few benefits a brand can
potentially draw from receiving
such an honour.
The IPA are indeed widely
regarded as one of the world’s
most prestigious competitions
in the residential and commercial property industries – and
certainly the world’s richest
when measured by the value
of the projects entered. They
rank the most impressive developments from around the globe
for a variety of real estate including leisure facilities, shopping
centres, high-rises, public service
buildings, office complexes,
and multiple and single residences. The judging panel
consists of over 70 industry
professionals including many
highly respected luminaries.
Villas Valriche clinched
three highly coveted trophies –
5* star Award for Best Golf Development, 5* star Award for Safe
Home and Highly Commended
for Best Development Multiple
Units – at the IPA 2013-14 for
Africa and Arabia, sponsored by
EY and Virgin Atlantic. The event,
which is akin to regional heats,
was held in October 2013 at the
One&Only Royal Mirage Hotel
in Dubai.
And to top it all, after further
examination of the highest scoring entries from each category,
the ENL-Rogers development
was selected by a high-calibre
jury of international experts to
be the flag-bearer for Africa
in two categories, Best Golf
Development and Safe Home
– a feat that has been achieved
WIDE ANGLE
Haul
of honours
by very few in the history of this
prestigious competition.
The Villas Valriche CEO,
Anton de Waal says winning
these accolades speaks volumes
about the high quality of the
development. “To be ranked
as the top development on the
continent in any single category
is an amazing enough achievement, but to win in two is simply
outstanding. Our whole team
is over the moon.”
The regional winners from
Africa, Arabia, Asia Pacific,
Europe, UK and the Americas
went on to compete in the
International Final ‘World’s
Best’ Property Awards held
on 6 December 2013 at the
Grosvenor House Hotel in London.
“We know that the standard of
entries is extremely high so we
can be justifiably proud of being
a grand finalist,” adds the Sales
Director, Timo Geldenhuys.
This remarkable achievement further establishes the Villas Valriche
brand as a best-of-breed experience among Integrated Resort
Schemes in Mauritius. It also
demonstrates the resort estate’s
appeal amid considerable competition from numerous tropical
destinations around the globe.
To date, the developers have
constructed and sold the highest
number of villas on the island.
Over 130 villas have already
been sold, over 140 of them
are completed and occupied
and the development continues
to attract strong interest from
international buyers.
The recognition recently received by the brand is even
more impressive when one
considers that only a handful
of years ago, this vast site was
an expanse of sugarcane fields
that has been transformed into
a stunning international awardwinning resort.
Top-notch villa experience
The hat trick of trophies
scooped by Villas Valriche
at the International Property
Awards 2013-2014 are
just the latest of a string of
accolades earned by the
development since its launch
in 2007. The resort estate
has taken home an impressive haul of honours from
the world’s most prestigious
property awards programme
in recent years, including:
2012Best Development
Marketing
2009Best Golf
Development
Best Residential
Development
Located in the pristine region of Bel Ombre in the South of the
island, Villas Valriche is a fully operational residential development
comprising a wide range of spacious detached freehold villas
with spectacular views over the ocean and the mountains.
Homeowners enjoy privileged access to unrivalled amenities
including the Heritage Golf Club championship golf course and
Academy, two 5* beachfront hotels – Heritage Le Telfair Golf &
Spa Resort and Heritage Awali Golf & Spa Resort – as well as
12 restaurants, bars, lavish spas, sports and health facilities, the
world-class C Beach Club and the Frederica Nature Reserve.
Besides an established rental pool generating attractive income
for participating owners, its ‘Visit & View’ package allows
prospective buyers and their family to stay in a luxury villa at a
substantially discounted rate and experience the resort first-hand.
The development also
secured a finalist berth in
the Marketing Excellence
Awards of the Chartered
Institute of Marketing in 2012
and was ranked among the
Top 10 Best Luxury Developments in the World by
Homes Overseas Magazine
in 2009.
In addition, out of
26 reviews posted on the
very popular TripAdvisor
travel portal, 23 of them rated
the Villas Valriche rental
pool as ‘Excellent’ and two
others as ‘Very Good’.
JANUARY 2014
11
PERSPECTIVES
Hôtellerie
Le touriste mauricien
à la rescousse
Chiffres-clés
3,8 %
C’est le taux de croissance des arrivées
touristiques prévu par Statistics Mauritius
pour 2013, avec un nombre de visiteurs
atteignant la barre du million sur l’année
3 600
chambres sont disponibles dans les quelque
50 établissements d’une à trois étoiles
reconnus par l’AHRIM
400 000 à 500 000
touristes de plus sont requis pour combler
la surcapacité hôtelière actuelle,
estiment les professionnels
60 %
C’est le taux d’occupation moyen enregistré
dans les hôtels mauriciens sur
les neuf premiers mois de 2013
12
ENLIGHTEN No 10
PERSPECTIVES
La destination Maurice peine à passer la barre du million de
touristes, avec une croissance estimée à 3,8 % pour 2013,
légèrement en deçà des objectifs de croissance mondiale.
Face à cette quasi-stagnation qui prévaut depuis quelques années,
les opérateurs du secteur explorent de nouvelles voies et innovent
davantage. Et dans le contexte actuel de surcapacité de chambres,
la demande croissante d’une clientèle mauricienne de plus en plus
friande de plaisirs qui étaient un temps considérés – à tort ou à
raison – comme l’apanage d’une clientèle étrangère tombe à pic.
Une situation que l’on peut qualifier de gagnant-gagnant...
A
vec l’évolution du pouvoir d’achat, ainsi
que des goûts et préférences des
Mauriciens, le séjour en hôtel ou en
bungalow « haut de gamme » est une
tendance nette qui se dessine depuis quelques
années. Surtout en périodes de fêtes, de vacances
scolaires et durant les longs week-ends.
En parallèle, sous l’essor du tourisme, le parc
hôtelier mauricien s’est grandement développé
depuis deux décennies. La situation économique
et financière internationale – surtout en Europe,
principal marché de la destination avec
58 % des arrivées touristiques – est toutefois
venue mettre un coup de frein à des années
de croissance débridée. Avec un total de
108 hôtels, soit 11 715 chambres et 23 899 lits
à fin septembre 2013, les professionnels du
secteur estiment qu’il faudrait de 400 000 à
500 000 touristes de plus que le million
de visiteurs accueillis en 2013 pour combler
l’excédent de capacité.
Alors que certains, surtout les établissements de petite et moyenne taille, jouent
depuis des années la carte de l’ouverture
aux Mauriciens, la conjoncture a contraint
d’autres à revoir leur copie. Cette clientèle
insuffisamment exploitée jusqu’ici constitue
désormais un apport très appréciable –
et pas uniquement en basse saison. Elle a d’ailleurs contribué à atténuer la régression du taux
d’occupation moyen, qui était de 60 % sur
les neuf premiers mois de l’année dernière,
soit trois points de moins que durant la période
correspondante en 2012.
Fort heureusement, la situation a progressé
depuis le mois d’août, ce qui laisse prévoir
un taux d’occupation moyen de 62 % dans
les hôtels en 2013, au même niveau que
l’année précédente.
« La saisonnalité existe de longue date, mais
l’inadéquation entre le nombre de chambres disponibles, les arrivées touristiques et les sièges
d’avion affecte davantage les opérateurs en période creuse. Cela doit nous pousser à trouver
des solutions innovantes aussi bien au niveau
structurel et national que dans nos stratégies
commerciales », explique François Eynaud,
Chief Executive Officer de Veranda Leisure &
Hospitality (VLH) et président en exercice de
l’Association de Hôteliers et Restaurateurs de
l’île Maurice (AHRIM).
Potentiel à exploiter
Pour Malenn Oodiah, sociologue et responsable de la communication de Beachcomber Hotels,
ce changement de paradigme résulte de la
convergence de deux facteurs : d’un côté, la
recherche de moyens d’optimiser le taux d’occupation avec les difficultés que connaît le secteur hôtelier et de l’autre, une demande croissante pour des séjours en hôtel de la part des
Mauriciens, « Les hôtels ont réalisé qu’il y avait
un potentiel à exploiter auprès des Mauriciens
qui en ont les moyens », dit-il.
Quel est le profil sociologique de ces Mauriciens qui vont séjourner dans les hôtels de l’île ?
« Ce sont des personnes de toutes les communautés, appartenant aux classes moyennes ou
supérieures, qui viennent souvent en famille ou
entre amis », confie Malenn Oodiah.
Selon lui, de plus en plus, le touriste mauricien s’intègre et se sent à l’aise dans le paysage hôtelier local. « Le véritable souffle à
l’industrie viendra cependant d’une reprise sur
les marchés traditionnels et des retombées
de la politique de diversification axée sur
les marchés émergents, qui donne déjà des
résultats tangibles », précise-t-il.
JANUARY 2014
13
PERSPECTIVES
Le charme des PMH
Le contexte économique actuel a rendu la
clientèle touristique – tant étrangère que mauricienne – encore plus sensible aux prix. Les initiatives promotionnelles ciblant spécifiquement
les Mauriciens et les offres de dernière minute
qui affluent ces derniers temps sont autant
d’aubaines qui se refusent difficilement.
Dans une stratégie de survie, les établissements d’une à trois étoiles de moins de
50 chambres regroupés sous l’appellation
Petits et moyens hôtels (PMH), tout autant
les grandes structures de quatre étoiles
ou plus, ont dû consentir à des efforts en
baissant leurs tarifs. Les PMH souffrent
aussi de la concurrence des établissements
plus grands qui, de temps à autre, proposent
des offres de basse saison qui viennent
« empiéter » sur leur clientèle.
« Même si les grands hôtels souffrent
également de la surcapacité et de coûts
d’opération plus élevés, ils ont une masse
critique plus importante et un marketing
plus puissant. Leur endettement est néanmoins une source d’inquiétude. De plus, en
période creuse, les problèmes de trésorerie
sont plus aigus pour tout le monde »,
indique François Eynaud.
Dans le contexte actuel,
le milieu de gamme
semble mieux tirer
son épingle du jeu.
Dans le contexte actuel, le milieu de
gamme semble mieux tirer son épingle du
jeu. À l’instar de Veranda Resorts, marque
hôtelière de charme de VLH, qui affiche
malgré tout un taux d’occupation très
satisfaisant pour les neuf mois à juin 2013,
de loin supérieur à la moyenne nationale.
Les PMH constituent une part non négligeable des établissements touristiques
à Maurice. Ils sont une alternative pour
des expériences différentes. Ils offrent
une panoplie de positionnements, dont
certains plus récents visent une clientèle
plus aisée. Mais plus traditionnellement,
ils répondent aux budgets réduits.
« La clientèle des PMH n'est pas celle des
grands hôtels. Elle recherche un accueil
Jocelyn Kwok
Chief Executive Officer de l’AHRIM
Label « Authentique »
L’AHRIM reconnaît une trentaine d’établissements qui se
présentent comme des trois-étoiles et 20 d’autres en une
et deux étoiles. Cela représente environ 2 700 chambres
dans la première catégorie et 900 dans les deux autres.
Ces petites structures bénéficient de services – communication, marketing ou représentation auprès des autorités
du pays – taillés pour répondre à leurs impératifs et réalités,
déclare le Chief Executive Officer de l’AHRIM. « Il y a
deux ans, nous avons créé un label « Authentique »
pour nos petites structures. Nous travaillons de concert
avec les autorités afin d’articuler les possibilités offertes
par les nouveaux outils technologiques au service des
petites structures d’hébergement. »
14
ENLIGHTEN No 10
personnalisé, ainsi qu’un côté convivial et
chaleureux dans une structure à taille humaine. Cette recherche d’une atmosphère
d’hébergement authentique a construit un
segment de marché différent de celui des
grands hôtels », soutient le Chief Executive
Officer de l’AHRIM, Jocelyn Kwok.
De son côté, Guy Hugnin considère que
« l’ouverture aux Mauriciens est une très
bonne chose ». L’ancien directeur général
de l’ex-MTTB et membre du conseil
d’administration de VLH y met toutefois un
petit bémol : « Il ne faut pas que les bons
hôtels cassent les prix et réduisent leurs
services pour remplir leurs chambres. »
(Voir également l’interview à la page 16)
Les villas de luxe,
un marché de niche
Depuis quelques années, l’offre touristique
mauricienne s’est aussi enrichie d’un nouveau service, celui de la location de villas
de luxe. Créée en octobre 2010, l’agence
Smartvillas est devenue un prestataire
reconnu pour une offre complémentaire
aux hôtels.
Situées dans endroits très prisés comme
Grand-Baie et la région Nord, Rivière-Noire
et Tamarin, Belle-Mare, ainsi que dans des
coins plus sauvages comme Roches-Noires,
ou encore Pointe-d’Esny, les villas qu’elle
propose sont plutôt moyen et haut de
gamme. La clientèle est principalement
étrangère, mais depuis peu, des Mauriciens
sollicitent également Smartvillas pour des
locations à court terme.
« Les Mauriciens qui ne sont pas propriétaires veulent passer des séjours
au bord de la mer dans des villas privées
avec leur famille et il arrive même que
certains propriétaires veulent changer
de « bord de mer » pour les vacances.
Il s’agit surtout de familles à hauts
revenus », confie Bénédicte Jalon, l’une
des responsables.
PERSPECTIVES
Le MICE, un segment
en pleine expansion
Outre l’ouverture à une clientèle de parAvec six salles de conférences climaticuliers mauriciens, les Réunions, Voyages tisées, dont une salle de bal et d’autres
de motivation, Conférences et Événements installations adaptées aux exigences du
– communément appelés MICE – sont segment, le Maritim se donne les moyens
aujourd’hui devenus une autre activité géné- de ses ambitions. Il peut ainsi accueillir
ratrice de revenus pour un secteur touris- une clientèle tant locale qu’internationale
tique actuellement sur une pente raide. pour « tous types d’événements, allant
Il y a quelques années, les premières cam- de 2 à 1 200 personnes, que ce soit
pagnes ciblaient l’Europe, notamment à travers des conférences de petite ou grande
une présence au salon global des rencontres taille, des séminaires, des mariages, des
et de l'événementiel EIBTM, à Barcelone. Team-Buildings, Incentives, lancements
Le positionnement de la
de produits, fêtes
Le positionnement
privées, cocktails et
destination sur ce segment s’est depuis étendu
dîners », ajoute-t-elle.
de la destination
et développé sur les
Au Sugar Beach
sur le segment MICE
Resort également, le
marchés indien, chinois,
s’est étendu aux
MICE commence à
mais aussi mauricien.
« C’est un marché
marchés indien, chinois, prendre de l’ampleur
qui a considérablement
– et semble très prisé
mais aussi mauricien.
augmenté ces dernières
des Mauriciens, qui
années, avec pour conséquence une con- composent 80 % de sa clientèle sur ce
tribution en hausse à quasiment 20 % des segment. « De 2011 à 2012, nous avons
revenus », explique Moira Meo, Communi- enregistré une augmentation de 30 %
cation & PR Manager de l’hôtel Maritim. Cet des événements et nous nous attendons
établissement du nord-ouest de l’île a d’ail- à une hausse de 50 % en 2013 »,
leurs fait du MICE l’une de ses prestations déclare Olivier Lagane, Assistant Marketing
phares depuis plus d’une vingtaine d’an- Manager. Le MICE, qui contribue à environ
nées. Pas moins de 500 événements de ce 10 % de l’occupation annuelle de l’hôtel,
type s’y sont tenus en 2012.
est appelé à croître, poursuit-il.
Effet d’entraînement
Hormis les hôteliers, l’expansion du segment MICE induit également, par effet
d’entraînement, un impact positif sur les
résultats des autres opérateurs mobilisés
– agences réceptives, prestataires de
loisirs, sociétés d’événementiel... Ce qui
permet même à certains de « sauver »
leur année.
Gérant de 150 à 200 événements par an,
Impact Production Group a su en tirer
parti grâce aux réseaux établis avec
d’autres sociétés d’événementiel étrangères. Le MICE constitue plus de 60 % du
chiffre d’affaires de l’entreprise, indique le
General Manager, Jean-Luc Manneback.
« Notre positionnement sur ce segment,
notre savoir-faire et notre quête perpétuelle
d'innovation sont des facteurs déterminants à l’évolution du marché mauricien. »
Selon lui, « le marché MICE pourrait augmenter significativement s’il était boosté
par des incitations fiscales, par exemple
la suppression de la TVA sur les Groups
& Incentives venant à Maurice avec
plus de 100 personnes. Sachant que les
événements MICE ont généralement lieu
à des périodes creuses, cela conforterait
aussi le chiffre d’affaires des hôteliers. »
JANUARY 2014
15
PERSPECTIVES
Guy Hugnin
Ancien directeur général de MTTB
et membre du conseil d’administration de VLH
« LES PETITS HÔTELS SONT
NÉCESSAIRES À CONDITION
D’ÊTRE BIEN GÉRÉS »
Vous êtes l’un des pionniers de l’hôtellerie
de charme à l’île Maurice avec le lancement en 1982 du Veranda Bungalow
Village, aujourd’hui Veranda Grand Baie
Hotel & Spa. À l’époque, qu’est-ce qui justifiait une telle démarche ?
Comme nous étions très actifs dans le
tourisme chez MTTB, beaucoup de nos partenaires, principalement réunionnais et sudafricains, nous demandaient assez souvent
des réservations pour des hôtels autres que
de niveau quatre-étoiles et plus. Il n’y avait
alors qu’un ou deux petits hôtels pas très
bien tenus. Nous avons voulu saisir l’occasion pour lancer un petit hôtel chic, avec un
caractère bien mauricien au niveau de l’architecture, de la décoration intérieure et de la
restauration, un jardin très tropical, mais avec
une vision différente de celle des grands hôtels.
Les taux de remplissage montrent que
les « petits » hôtels semblent mieux tirer
leur épingle du jeu que les « grands »
établissements. Ne se font-ils pas une
bonne santé au détriment de l’hôtellerie
de luxe ?
La performance des petits hôtels est, en
effet, très bonne actuellement par rapport
aux grands hôtels, à quelques exceptions
près. Pourtant, ces derniers sont plus
présents sur les salons touristiques internationaux parce qu’ils ont les moyens, alors
que les petits hôtels comptent surtout sur
les agences réceptives locales.
Ce qui fait le succès de la destination,
ce sont avant tout les grands hôtels, qui
organisent des campagnes de promotion
individuelles, publient de très belles brochures
16
ENLIGHTEN No 10
et disposent d’un personnel très compétent.
Mais c’est un peu comme sur les grands
paquebots. Vous avez des passagers qui
ont des cabines de luxe et d’autres moins
fortunés, qui ont de plus petites cabines,
mais qui profitent du même produit. C’est
donc logique d’offrir également à ceux
qui ont moins de moyens la possibilité de
venir profiter de l’île.
Ce qui est aussi très important, c’est que
la bonne santé des petits hôtels bénéficie quand même au secteur aérien, dont
Air Mauritius, aux taxis, aux petits commerces
et aux opérateurs de bateaux, entre autres.
Il suffit que les établissements soient bien
gérés et disposent d’un environnement de
bonne qualité.
L’offre hôtelière mauricienne est-elle
adaptée à la demande actuelle ?
On a probablement laissé construire beaucoup trop d’hôtels. Sans vouloir faire la police, je crois que pour bien faire les choses,
les autorités devraient attendre un peu avant
d’accorder de nouveaux permis, parce que
ce qui risque d’arriver, mais que je n’espère
pas, c’est que même les grands hôtels vont
casser les prix et ce faisant, sacrifier la qualité du service. Il vaut mieux sacrifier les bénéfices pour un temps plutôt que de donner
une image dégressive de la destination.
Il vaut mieux sacrifier les
bénéfices pour un temps
plutôt que de donner
une image dégressive
de la destination.
La tendance récente est aussi à une
plus grande ouverture vers la clientèle
mauricienne...
L’ouverture aux Mauriciens est une très
bonne chose, mais comme je l’ai dit
précédemment, il ne faut pas que les bons
hôtels cassent les prix et réduisent leurs
services pour remplir leurs chambres.
Avec la prolifération des petits hôtels,
l’image de Maurice comme destination
exclusive ne risque-t-elle pas de pâtir ?
Personnellement, je suis pour que tous
les Mauriciens puissent gagner leur vie
et participer au succès touristique du
pays. La petite hôtellerie est certainement
nécessaire, à condition que les opérateurs
respectent toutes les normes établies.
Y a-t-il une formule magique pour
redresser la situation dans le tourisme ?
Une formule magique, non, mais une formule
commerciale qui doit être revue. Je pense
que les autorités responsables doivent avoir
un plus gros budget et être plus présentes
dans les vitrines des grandes agences internationales. C’est quand les choses vont
moins bien qu’il faut intensifier les efforts de
promotion. Il ne faut pas oublier que le tourisme contribue énormément en termes de
revenus et d’emploi.
In-Shape
Avec Synergy Sport & Wellness Institute
La « détox »
d’après-fêtes
Après la période des fêtes de fin d’année, des tables bien garnies et
des repas bien arrosés, voici venu le temps de se reprendre en main
et d’évacuer les excès. Exercice nécessaire, mais ô combien difficile.
Diane Desmarais, nutritionniste et Yanick Lincoln, préparateur physique
et sportif de haut niveau, tous deux du Synergy Sport & Wellness Institute,
donnent quelques précieux repères pour mieux « éliminer ».
Déchets et toxines :
Bonjour les dégâts !
Les aliments et boissons habituellement consommés pendant
les fêtes (charcuterie, pâtisseries, sucreries, alcool, etc.) sont un
surplus de calories (énergie), d’acides gras saturés (mauvaises
graisses) et souvent, de graisses hydrogénées (comme l’huile
de palme ou la margarine). Ils demandent davantage d’efforts
d’élimination à l’organisme. Ces déchets et toxines supplémentaires
qui se créent fatiguent le foie, les reins, les intestins et la peau.
Il y a aussi un effet sur la réserve adipeuse, en d’autres mots,
sur le poids : ça fait grossir.
Toxines : Une bombe à retardement
Les toxines, omniprésentes dans les aliments riches, sont dans l’organisme
comme les déchets qui obstruent les cours d’eaux et menacent l’écosystème :
elles entravent le bon fonctionnement du corps et son équilibre. Tant que
l’organisme va bien et n’est pas surchargé de déchets pendant une longue
durée, les toxines sont éliminées par les organes-filtres (foie, reins, peau
et intestins) et par le système lymphatique. Cependant, en cas de surpoids,
d’obésité, de problèmes de peau, de reins ou de foie, par exemple, les
toxines peuvent s’avérer dangereuses sur le long terme. Non éliminées,
elles forment une bombe à retardement qui, à la moindre fatigue immunitaire, peut éclater et provoquer une maladie chronique ou auto-immune.
Un verre de vin = 45 minutes de cardio
La prise de poids va évidemment dépendre des excès !
Un verre de vin rouge apporte environ 200 calories à l’organisme… ce qui demande 45 minutes de cardio en salle
pour être éliminé. La prise de poids dépend de plusieurs
facteurs. Par exemple, la quantité de ces calories non
utilisées et accumulées sur des semaines, le métabolisme de la personne (certains stockent plus rapidement
et plus facilement que d’autres, comme les femmes
ménopausées et les personnes qui ne pratiquent jamais
d’activité physique) et le type d’excès (la graisse est plus
calorique que les protéines ou les glucides : une glace
apporte plus de calories qu’un sorbet, par exemple).
Cure dépurative : La pilule amère
Pour retrouver la forme, rien ne vaut une cure dépurative générale ou du foie
pendant 20 jours, bâtie sur mesure par un(e) nutritionniste. Cure renouvelable
au besoin, dépendant des écarts commis et du profil de la personne.
Bien évidemment, pendant la cure et le plus longtemps possible, il faut
absolument éliminer les boissons industrielles, l’alcool, les mauvaises
graisses (margarine, huiles raffinées, charcuterie, viande rouge, porc,
etc.), le sucre, le sel et les plats salés, les fast-foods et les junk foods,
le grignotage, etc.
JANUARY 2014
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In-Shape
Pas de recette sportive miracle
Régime détox
Il n’y a en fait pas de détox typique, mais plusieurs variantes adaptées
à la personne, à ses objectifs et à son profil. Il existe quand même
quelques lignes identiques : pas d’aliments néfastes comme ceux
mentionnés dans la partie « Cure dépurative », exclusion des céréales
(sauf le riz et le quinoa, par exemple), des produits laitiers (qui sont
pro-inflammatoires et souvent indigestes) et évidemment, des boissons
autres que l’eau et les infusions.
Il ne faut pas se faire d’illusions : il n’existe pas d’exercices types pour
éliminer tous les excès accumulés pendant les fêtes. On ne peut pas
faire n’importe quoi et avec n’importe quelle intensité. L’âge, la condition
physique, le surpoids et l’hypertension sont autant de facteurs à prendre
en compte avant de choisir son sport et l’intensité de la pratique.
De toutes les façons, il faut procéder de manière progressive et idéalement, avec les conseils d’un préparateur physique et d’un médecin.
Combien d’efforts ?
Faire du sport d’endurance sur une longue durée comme la marche
rapide, le vélo, le jogging ou la natation au-delà de 40 minutes
permet d’épuiser ses réserves et d’éliminer : le corps va chercher
l’énergie en brûlant les graisses.
Modération
Comment avoir une alimentation saine
et équilibrée, tout en se faisant plaisir ?
La modération est le mot d’ordre.
Se faire plaisir une fois par semaine,
chaque semaine, est déjà souvent
trop, car cela devient régulier. Idéalement, gérer sa vie sociale et ses
plaisirs en jouant sur la modération
en quantité, faire du troc (par exemple, choisir entre le verre de vin et
le dessert) et tout le reste du temps,
suivre des principes d’une hygiène
de vie qui vise à nourrir son organisme
plutôt que de se remplir l’estomac en surchargeant le travail des organes. Le sport,
le sommeil et la gestion du stress ont aussi un
impact sur le comportement alimentaire.
Travailler sur le long terme
Les meilleurs résultats s’obtiennent en respectant son corps et ses
limites. Si on n’a pas fait de sport depuis longtemps et surtout si on
est en surpoids, il faut éviter de courir et de pratiquer des sports
à impacts qui vont causer des traumatismes musculaires et articulaires. Il vaut mieux donc privilégier des sports « portés », comme la
natation et le vélo. Et toujours commencer par de petites séances et
évoluer progressivement.
Ne pas cibler des parties du corps
Il n’y a aucune relation entre le muscle et la graisse qu’il y a au-dessus !
Faire des abdos ne va pas éliminer la graisse sur le ventre, mais solidifier les
muscles du dos, ce qui est déjà bien en soi. Il faut donc travailler les filières
qui vont brûler les graisses et tonifier le corps.
18
ENLIGHTEN No 10
OUTREACH
Partage et solidarité
pour resserrer les liens
Sortie de fin d’année à Kendra pour les enfants
fréquentant l’atelier de théâtre de Cité Sainte Catherine.
Au-delà de leur aspect festif, les traditionnelles célébrations de fin d’année réunissant bienfaiteurs
et bénéficiaires des initiatives de responsabilité sociale sont des occasions privilégiées de partage,
d’échange et de renforcement des liens. Elles contribuent ainsi à cimenter la relation de confiance
sur laquelle repose le succès des programmes de réhabilitation sociale et économique enclenchés.
E
NL Foundation n’a pas dérogé à
la coutume en organisant plusieurs
évènements pour clôturer une
année 2013 porteuse de sourires
et d’espoir renouvelé. Une année riche en
réalisations, en défis et en moments d’émotion tant pour l’équipe de travailleurs sociaux
de la Fondation que pour ceux qui ont
bénéficié de leur aide sous forme de temps,
d’expertise et de ressources.
Du 10 au 20 décembre dernier, la
Fondation a organisé une série d’activités
visant à contribuer à préserver la magie
de Noël pour les familles les plus vulnérables qu’elle a prises sous son aile.
« Il est important de s’accorder un moment
pour prendre la mesure de nos réussites
et de nos manquements, pour renouveler
notre engagement à l’effort personnel
et aussi pour célébrer la fraternité et la
solidarité », déclare le General Manager,
Mario Radegonde.
Le programme « Un Noël de partage »
est une tradition établie depuis trois ans
à L’Escalier, Rivière-Noire, Pailles, Alma et
Cité Sainte-Catherine. Après avoir engagé
la solidarité du personnel du groupe à
travers le don de jouets aux enfants habitant
ces régions, ENL Foundation a inauguré
la distribution de vêtements de Noël
à quelque 800 bénéficiaires âgés de
5 à 11 ans en 2013. L’opération constitue
une plate-forme de choix pour les membres
de l’équipe ENL qui souhaitent s’impliquer
personnellement envers les moins fortunés.
Dans ce même esprit de solidarité, la
Fondation a permis à quelque 25 familles
comptant parmi les plus vulnérables de
St-Pierre, Alma, Pailles et Rivière-Noire
de s’offrir un vrai repas de fêtes en leur
faisant parvenir des corbeilles de Noël.
L’élan de partage a également trouvé
son expression dans un déjeuner offert à
des jeunes âgés de 12 à 14 ans issus
des régions-cibles d’ENL Foundation aux
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19
OUTREACH
restaurants Moka’Z, Ocean Basket de
Bagatelle et KFC de Kendra Commercial
Centre. Cette action, qui a bénéficié du
parrainage d’ENL Lifestyle et de KFCFood & Allied Group, a sans doute offert aux
jeunes concernés l’expérience d’un mode de
vie différent et une nouvelle perspective par
rapport à leur propre avenir – une ouverture
et un frottement qui ne peuvent que contribuer à élargir leurs horizons.
Les initiatives de fin d’année de la
Fondation s’inscrivent dans la continuité
d’un accompagnement rapproché tout
le long de 2013, avec le soutien des
ONG partenaires et de l’équipe ENL.
Elle a continué à mettre en place des activités et projets pour répondre aux besoins
identifiés sur le terrain dans ses domaines
d’intervention prioritaires : soutien à l’enfance vulnérable, éradication de la pauvreté absolue, protection de l’environnement et développement de la jeunesse.
Pour appuyer le développement de la
jeunesse, ENL Foundation a aussi mis en
œuvre des programmes visant à aider
les jeunes à atteindre leur plein potentiel,
notamment à travers l'éducation, la formation
et le sport, souligne Mario Radegonde.
Ainsi, 47 enfants de Cité Sainte-Catherine
et d’Alma âgés de 7 à 15 ans ont été
initiés à la natation grâce à une école
mise en place avec le concours du
Synergy Sport & Wellness Institute.
Autre fait marquant de 2013, le projet
Bazar Kreasion a atteint sa vitesse de
croisière. Avec une confiance retrouvée,
les dames fréquentant le centre ont assuré plusieurs expos-ventes de produits
tels que des bougies et mosaïques, ainsi
que des créations issues du recyclage
de papier et en bambou. La progression
graduelle des commandes enregistrées
est une forme de reconnaissance de
leur crédibilité et de leur savoir-faire.
L’on ne saurait résumer l’année écoulée sans évoquer la totale implication
d’ENL Foundation dans l’accompagnement de 14 familles victimes des inondations de mars dernier à Anse-Courtois,
Pailles. La Fondation a, une fois encore,
démontré la solidarité et l’approche
de cœur telles que le groupe les conçoit dans son engagement envers les
plus démunis.
Génération verte
Certaines de ces actions se démarquent
par leur nouveauté et leur portée. Ainsi, les
projets « Towards a Greener Generation »
et « Kendra cares for our Town », entrepris en
collaboration avec Kendra Marketing et
Mission Verte, ont permis de sensibiliser
la population scolaire et les habitants de
St-Pierre à la protection de l'environnement, tout en mettant l'accent sur le recyclage. Ils ont culminé en une exposition
d’objets de récupération en juin au Kendra
Commercial Centre, dans le cadre de la
Journée de l’Environnement. Le nettoyage
du centre-ville de St-Pierre et le démarrage
d’un programme de tri des déchets avec la
collaboration de Mission Verte ont été les
autres points forts de la campagne.
20
ENLIGHTEN No 10
année 2014 riche en projets
L’amélioration des conditions de vie des plus démunis est un travail de longue
haleine. Cette réalité guidera l’action d’ENL Foundation dans la nouvelle année.
« La Fondation poursuivra son engagement à protéger et réhabiliter l'environnement
en investissant dans des programmes d’éducation et de sensibilisation ciblant les
jeunes », soutient Mario Radegonde. Plusieurs « clubs de l’environnement » verront
le jour dans les écoles de la région de St-Pierre/Moka. Les autres projets incluent
la création d’un potager dans les écoles de St-Pierre, ainsi que la mise en place de
programmes de nettoyage et d’embellissement de la région. Le projet de reboisement et de création d’une forêt endémique, qui engagera l’ensemble des employés,
demeure aussi une priorité pour le groupe. La Fondation a également été sollicitée
par le conseil des districts de Moka-Flacq pour mettre en place une plate-forme
d’accompagnement social en collaboration avec différents acteurs de la région,
afin de mieux coordonner les initiatives de développement communautaire.
OUTREACH
Pran Kont
s’étend à St-Pierre
L’initiative Pran Kont, un concentré d’activités communautaires entreprises annuellement par les filiales d’ENL Commercial
dans leur voisinage immédiat, en était à sa
troisième édition en novembre 2013. Un brin
rodée désormais, l’équipe a étendu son
intervention à St-Pierre, autre région d’ancrage pour les entreprises ENL, en sus de
Pailles et de L’Escalier.
Une centaine de salariés de Pack Plastics,
Docufile, Superdist, FRCI, Cogir, Axess,
Rennel et Plastinax se sont mobilisés pour
offrir aux Saintpierrois un jardin propre
et bien tenu. Ils ont passé cinq jours à
ramasser les ordures, désherber et remettre
en état cet espace vert situé à côté de
l’agence de la State Bank of Mauritius, qui
avait plutôt mauvaise mine. La rivière qui
épouse les contours du jardin a aussi eu
droit à un à-fonds.
Pailles, lieu de naissance de l’initiative,
n’a pas été oublié pour autant. L’équipe a,
une fois de plus, investi la cour de l’école
du gouvernement Xavier Barbe pour en
requinquer l’aire de jeu et réhabiliter le
kiosque qui sert de réfectoire aux enfants.
Elle a aussi posé les jalons pour transformer
un terrain en friche en petit amphithéâtre
à ciel ouvert, en attendant les permis
nécessaires des autorités compétentes.
« Pran Kont est un point fort de l’engagement communautaire d’ENL Commercial.
C’est une initiative qui s’inscrit dans la
durée et qui vise à accompagner, inspirer
et encourager les communautés qui
accueillent nos entreprises à prendre soin
de l’environnement. L’implication directe de
nos équipes, dont c’est le lieu de travail,
est un aspect important de ce programme », déclare Eric Espitalier-Noel,
CEO d’ENL Commercial.
Céline Jean, employée de Pack Plastics
qui en était à sa première participation
à Pran Kont, était à l’œuvre à l’école
Xavier Barbe. « Pran Kont est une très
bonne initiative. Chaque employé doit savoir
accorder un peu de son temps à de
bonnes causes et dans ce cas précis,
l’entreprise nous y encourage en nous
permettant de le faire durant nos heures
de travail », fait-elle ressortir. Quelques
élèves présents ce jour-là ont témoigné
de son application et de celle de ses
collègues volontaires.
L’idée que Pran Kont améliore le cadre de
vie des villageois et les inspire à garder leur
environnement propre motive spécialement
Ghylianne Boolkah et Julianna Veerigadu,
de Rennel. Cette initiative est aussi une
occasion de mieux connaître les collègues
des autres filiales du groupe, ce qui est un
attrait à ne pas négliger. Mario Radegonde,
General Manager d’ENL Foundation, n’en
demande pas mieux. Il se réjouit de constater
que Pran Kont commence à prendre ses
assises parmi les employés du groupe.
Thérapie par
le jardinage à Verdun
OpenMind, spécialisée dans la prise
en charge de personnes souffrant de
difficultés psychologiques, a démarré en
novembre un programme d’hortithérapie
baptisé OpenAir, avec le soutien d’ENL.
La mise à disposition d’un terrain de
54 perches à Verdun donne à l’ONG un
espace qui faisait défaut depuis qu’elle
a emménagé à Quatre-Bornes en 2012.
Lancée deux ans plus tôt, OpenMind
disposait auparavant d’un immense jardin
pour ses ateliers de jardinage à Rose-Hill.
Le projet de réhabilitation sociale par le jardinage OpenAir bénéficie aussi du financement du Global Environment Facility-Small
Grants Programme du Programme des
Nations unies pour le Développement,
ainsi que du soutien du Decentralised
Cooperation Programme de l’Union
européenne et de l’ambassade américaine.
Cette méthode est « un support efficace
au traitement et à la réhabilitation de
personnes en difficultés psychologiques.
Celles-ci apprennent à prendre soin d’un
être vivant et voient assez rapidement le
fruit de leurs efforts : c'est très valorisant »,
explique Marylène François, fondatrice
d’OpenMind. « Interagir avec une plante constitue un premier pas pour ceux qui ont des
difficultés à entrer en relation avec les autres. »
OpenAir fait d’une pierre trois coups, alliant
thérapie, préservation de la biodiversité et
amélioration de l’employabilité des participants.
OpenMind vise aussi l’éco-certification des
légumes, plantes médicinales et autres
plantes endémiques qui seront
« pris en charge » par ses protégés.
JANUARY 2014
21
FACE TO FACE
« L’astrologie :
75 % de mensonges
et 25 % de faussetés »
L’astrologie et l’astronomie… des cousines aussi éloignées
que le sont les galaxies de notre univers. Bhasker Desai,
astronome amateur et ex-enseignant de sciences,
explique la différence entre les vérités de l’astronomie
scientifique et les supputations de l’astrologie folklorique,
qui ont droit de cité à chaque fin d’année, avec des
« prédictions » de toutes sortes pour l’année à venir.
Qu’est-ce que l’astronomie ?
L’astronomie est une science
exacte. C’est l’étude scientifique
de tous les objets célestes :
le Soleil, la Lune, les planètes,
les comètes, les galaxies… Il y
aurait plus de 200 milliards de
soleils dans notre seule Galaxie
(la voie lactée) et des centaines
de milliards de galaxies dans
l’univers ! Le champ de recherches est donc encore très vaste,
mais les progrès déjà réalisés
en font la science qu’on connaît
et reconnaît.
Les connaissances astronomiques évoluent suivant les techniques et les moyens technologiques.
22
ENLIGHTEN No 10
La première fois qu’on a calculé
la distance entre le Soleil et
une étoile dans notre Galaxie,
cela a pris environ six mois.
Aujourd’hui, on calcule la distance entre 200 000 étoiles en
six mois.
Quelle présence tient cette
science à Maurice ?
Il y a une société astronomique, dont je fais partie depuis
les débuts. Elle regroupe des
passionnés, incluant des scientifiques, qui entreprennent des observations avec des télescopes
et partagent leurs connaissances
avec le public et des étudiants.
Il existe aussi une filière de
recherche s’appuyant sur l’astrophysique et les mathématiques, à travers l’université de
Maurice et la Raman Institute de
Bangalore. Le radiotélescope
installé à Bras-d’Eau observe le
ciel austral dans la fréquence de
151,5 MHz, invisible à l’œil humain, mais révélateur de nombreux phénomènes de l’espace
lointain. Des doctorants de
divers pays l’utilisent aussi
pour effectuer des recherches.
Maurice va également collaborer
au projet Square Kilometre Array
en radioastronomie, mené par
l’Afrique du Sud et l’Australie.
Notre île n’est, par contre, pas
bien située pour installer un grand
télescope optique, car il faudrait
une altitude de plus de 3 000 m
et une atmosphère sèche afin
de minimiser les distorsions.
Pourquoi y consacre-t-on
autant d’efforts ?
Pour une raison très simple,
indissociable de la nature humaine et de la volonté de perpétuation de notre espèce : comprendre notre monde et notre
univers, comprendre qui nous
sommes et ce que pourrait devenir notre monde, et donc l’espèce
humaine. Les connaissances et
FACE TO FACE
naturels survenaient à certaines
périodes qui coïncidaient avec
l’apparition de constellations
(groupes d’étoiles) particulières,
nos lointains ancêtres en avaient
conclu que celles-ci avaient une
influence sur la nature et les humains. Ainsi sont nés les mythes
de l’astrologie.
Contrairement à l’astronomie,
qui est une science, l’astrologie
est constituée à 75 % de mensonges et à 25 % de faussetés.
les technologies développées
pour l’astronomie ont, par ailleurs, bénéficié à de nombreux
domaines qui contribuent au
bien-être de l’humanité : médecine, transports, télécommunications, loisirs, etc.
Quelle est la différence
avec l’astrologie ?
L’astrologie trouve ses origines
dans des croyances populaires
datant de plusieurs siècles ou
millénaires, quand les connaissances des phénomènes naturels
et célestes ne relevaient pas encore de sciences exactes. Ainsi,
en voyant que des événements
Les astrologues citent
les noms de constellations
et leur influence sur les
personnes, ou même
les entreprises…
Ils ont tout faux ! Par exemple,
les horoscopes font référence
au « passage » du Soleil dans
une région du ciel où se trouve,
à l’arrière-plan, une constellation particulière au moment de
la naissance d’une personne
pour dire qu’elle est du signe de
cette constellation. Or, il y a une
évolution de leur emplacement
par rapport aux dates. Le point
équinoxial précède chaque
année sa position antérieure
sur l’écliptique, par rapport au
sens de l’orbite terrestre autour
du soleil. Pour cette raison,
ce mouvement est appelé
précession des équinoxes.
Le point équinoxial effectue
de la sorte un tour complet
à reculons de l’écliptique en
plus ou moins 25 800 années
et l’axe de la Terre décrit en ce
même temps un cône complet.
Ainsi, les vraies dates du
passage dans le Cancer sont
actuellement du 21 juillet au
9 août, et pas du 22 juin au
22 juillet. De plus, il existe
une treizième constellation,
bien réelle, celle d’Ophiuchus,
devant laquelle passe le Soleil
du 30 novembre au 17 décembre… mais dont on n’entend
jamais parler en astrologie.
Quant à la soi-disant « influence » de ces constellations,
elle n’a rien de scientifique. Par
exemple, les planètes, le Soleil
et les constellations sont tellement éloignés de la Terre que,
malgré leur énorme masse, la
gravité qu’elles exercent sur
une personne est très inférieure
à celle que peut exercer la
chaise sur laquelle elle est assise. Vous pourriez donc être
« chaise, ascendant table »,
en faisant un peu d’ironie… Les planètes,
le Soleil et les
constellations sont
tellement éloignés
de la Terre que
la gravité qu’elles
exercent sur une
personne est très
inférieure à celle
que peut exercer
la chaise sur laquelle
elle est assise.
Les Mauriciens semblent
s’intéresser davantage à
l’astrologie qu’à l’astronomie...
C’est dans la nature humaine
d’être crédule et d’aimer les
mythes et les légendes. Tant qu’on
le fait pour le fun seulement, ça va.
Prenez les prédictions pour une
année passée et comparez-les
aux faits réels. Vous verrez que
de toutes les façons, les formules
utilisées par les astrologues sont
tellement générales ou basées
sur des tendances annuelles,
notamment météorologiques, que
quelques événements annoncés
peuvent ressembler aux faits.
Le physicien Shawn Carlson,
du Lawrence Berkeley Laboratory
de Californie, avait réalisé une
étude dont les résultats ont été
publiés en 1985 dans la prestigieuse revue scientifique Nature.
Il avait envoyé un questionnaire
à plus de 1 000 personnes de
catégories socioprofessionnelles
et de régions très différentes.
Ce questionnaire présentait à
chacun d’eux, séparément, son
« profil astrologique » d’après
son signe et lui demandait d’en
noter la justesse. Les réponses
montraient que ces personnes
trouvaient leur profil juste. Or, il
s’agissait, en fait – à leur insu –
du même profil pour tous ! La
description utilisait les formules
usuelles des astrologues, qui
peuvent finalement s’appliquer
à tous…
PROFIL
Âgé de 58 ans
Est membre de la Société
astronomique de Maurice –
auparavant Club d’astronomie du collège St-Esprit,
fondé en 1967 par le père
Eamon Mansfield avec quelques
élèves, dont notre interlocuteur.
A été président de la Société
astronomique de Maurice.
Animateur de séances d’observation et d’information astronomiques pour la Société.
Enseignant de chimie et
Deputy Rector du collège
London de 1980 à 2011,
aujourd’hui à la retraite.
JANUARY 2014
23
ENCOUNTERS
Formation en entreprise :
Débuter sa carrière
du bon pied
Le groupe ENL ouvre grand ses portes aux jeunes talents qui
souhaitent consolider leurs acquis à travers des stages en
entreprise et ils sont actuellement une dizaine à en bénéficier.
Une façon de contribuer à la formation des générations montantes.
C
ertaines choses ne s’apprennent
pas sur les bancs de l’école.
Comment survivre dans le milieu
du travail ? Que faire pour
s’y épanouir ? Faut-il se faire disciple de
Lao Tseu ou préférer l’apparente sécurité
des sans-opinion en acquiesçant à tout
ce qu’on vous dit ?
L’entreprise peut s’apparenter à une
citadelle imprenable pour le « bleu » qui fait
ses premiers pas sur le marché du travail.
Afin de la conquérir, il faut s’armer de
bien plus que d’ambition et de qualifications académiques. L’expérience est un
24
ENLIGHTEN No 10
atout indispensable. Encore faut-il pouvoir pénétrer la citadelle pour l’acquérir…
C’est là tout l’intérêt de l’initiative du
groupe ENL d’ouvrir ses portes aux jeunes
talents pour des stages en entreprise.
« ENL est un groupe d’affaires diversifié,
avec des équipes talentueuses et expérimentées, engagées dans une grande
variété d’activités. Nous souhaitons faire
profiter aux jeunes générations de notre
savoir-faire cumulé et contribuer ainsi à créer
une pépinière de talents pour le pays »,
explique le Chief Executive Officer,
Hector Espitalier-Noël.
La participation du groupe au perfectionnement des jeunes talents est un
choix stratégique. ENL a pris l’engagement formel d’accueillir des stagiaires,
ainsi que de contribuer activement et significativement à leur formation dans le cadre
du travail. Cette initiative fait partie du programme « 100 engagements pour demain »,
qui est un vaste chantier culturel visant à
faire évoluer de manière fondamentale la
façon d’être et de faire du groupe.
L’entreprise a un rôle formateur, qui est
éminemment complémentaire de toute instruction dispensée dans le cadre académique.
Elle est d’ailleurs régulièrement sollicitée par
les universités dont les stages en milieu
professionnel sont une partie intégrante du
cursus. « L’éducation conventionnelle ne suffit
pas à la formation des professionnels et entrepreneurs de demain. Les jeunes ont soif
ENCOUNTERS
de connaissances pratiques. Ils veulent
comprendre, découvrir. Ils ont aussi besoin d’être encouragés, valorisés et soutenus dans leurs aspirations », explique
Jeanique Paul-Gopal, HR Operations
Manager d’ENL Corporate Services.
L’immersion temporaire en milieu professionnel est un excellent moyen de découvrir
concrètement un métier, de conforter son
orientation et d’affiner son projet professionnel. C’est une application pratique de la
formation théorique acquise par l’étudiant.
Cet exercice pédagogique facilite la transition entre l’enseignement supérieur et le
monde du travail.
Les stages dans les entreprises d’ENL
s’adressent en priorité à des jeunes en fin
de scolarité. Généralement d'une durée
d’un à six mois, ils visent à leur faire découvrir
concrètement les réalités d'un métier :
horaires, vie en entreprise, relations avec
les collègues, outils et matériaux utilisés…
Le stagiaire a également l’occasion d’effectuer quelques travaux simples et de
manipuler les outils ou logiciels propres à
la profession, de contribuer à des projets
et de discuter avec des professionnels.
Pour leur permettre d’optimiser leur expérience, un programme d’accueil en trois
temps a été mis en place. « Nous assignons
un superviseur à chaque stagiaire avant
même de l’accueillir. Le jour de son arrivée chez nous, il ou elle reçoit un accueil
personnalisé. La personne concernée est
présentée au reste de l’équipe et nous lui
attribuons un poste de travail dédié. Elle
est ensuite confiée à son superviseur de
stage, qui veille à lui donner un mandat clair,
diversifié et lui permettant d’intégrer de
nouvelles notions. Nous procédons à des
entretiens de suivi réguliers afin de nous
assurer que chacun y trouve son compte »,
confie Jeanique Paul-Gopal, qui a déjà placé
une dizaine de stagiaires ces derniers mois.
En outre, la HR Operations Manager
d’ENL Corporate Services se prépare
à structurer cette ouverture envers les
jeunes en un programme selon lequel
chaque filiale du groupe accueillerait
au moins un stagiaire par an. Le programme évoluerait naturellement vers
une situation où chaque département
des filiales prendrait en charge un stagiaire par an. Elle pratique également ce
qu’elle appelle le Talent Networking à
travers des rencontres régulières avec
des candidats potentiels, constituant et
animant ainsi un réseau qui sert aussi
au recrutement. En même temps, elle
exploite à fond les plates-formes de
recrutement existantes, dont celle qui
est propre au groupe, l’ENL Job Fair
(jobfair.enl.mu).
Ils ont tenté l’expérience
“
Nawmee Padaruth
22 ans – Corporate Communication
ENL Corporate Services
Je viens de terminer mon BA en Mass
Communication au Charles Telfair
Institute, qui m’a recommandée à
ENL pour un stage. Le processus
de sélection a été rigoureux, car il y
avait d’autres candidats. Je n’en suis
que plus fière d’avoir été choisie.
J’ai été impressionnée par l’accueil
chaleureux que j’ai reçu, ainsi que
par la simplicité des personnes qui
constituent l’équipe. Tout le monde est
très disponible, avenant et serviable.
Mes superviseurs me confient de
vraies tâches… Je sens que je vais
beaucoup apprendre ici.
Joanna Mootoosamy
Adrien Edmond
23 ans – Internal Audit
ENL Corporate Services
Je suis rentré d’Australie en 2012 avec
en poche un Bachelor of Commerce
de l’université de Deakin. Après avoir
passé quelques mois dans l’entreprise
familiale, j’ai très vite compris que je
devais voler de mes propres ailes pour
grandir vraiment. L’audit interne m’intéressait, car il a beaucoup à faire avec
le management et offre une grande
exposure à des disciplines et personnes
différentes. J’ai tenté ma chance auprès
des principaux cabinets d’expertscomptables, mais quand je me suis
présenté pour un entretien chez ENL,
je savais que c’est là que je voulais être.
Six mois après, je suis toujours aussi
impressionné par l’ampleur, la diversité,
la richesse, la modernité et la convivialité
de ce groupe. Mon équipe m’a constamment encadré, accompagné et soutenu.
21 ans – Isys
FRCI
J’étudie en vue de l’obtention d’un
BSc (Hons) in Computer Science à
l’université de Maurice. J’ai débuté un
stage d’un an chez FRCI en juillet 2013
et si tout se passe bien, je rejoindrai
l’équipe d’Isys de manière permanente
après avoir terminé mes études
en juin cette année. C’est une chance
inouïe de pouvoir mener de pair mes
études et un stage professionnel.
Isys se spécialise dans l’installation
d’infrastructures informatiques et un
stage pratique dans ce département
donne une toute autre dimension à
mes études. J’apprends tout autant
qu’à l’université de mon responsable
de stage, Gilbert François et des
autres membres de la très dynamique
équipe de FRCI.
JANUARY 2014
25
IL Y A 100 ANS, LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
Manne inattendue pour
le sucre mauricien
Bien avant le boom
sucrier des années 1970,
dont se rappellent plus
volontiers la plupart
de nos concitoyens, le
sucre mauricien a connu
des heures fastes il y a
précisément un siècle.
Ironie du sort, c’est une
guerre qui fut à l’origine
de cette manne inattendue.
26
ENLIGHTEN No 10
«
On était à la fin de
juillet 1914, en pleins
préparatifs pour la coupe
qui devait commencer à
la mi-août. En Europe, l’horizon
politique s’était assombri et à la
suite de l’assassinat de l’héritier
de la Maison d’Autriche à Sarajevo,
les hostilités furent déclenchées.
L’Angleterre, après la Russie et
la France, déclarait la guerre
à l’Allemagne le 4 août 1914,
et le lendemain on publiait ici
cette déclaration et proclamait
la loi martiale. »
Le décor est planté dans cet
extrait du livre Mes champs et
mon moulin : les réminiscences
de Robert Weller : 1901 à 1944,
de Frederick North-Coombes,
dont la première édition date
de 1950. À l’époque, l’activité
économique du pays – mais
aussi du groupe ENL – repose
sur une production essentiellement sucrière. Et le sucre mauricien n’est pas dans la meilleure
des passes.
Pour mieux situer le contexte,
l’industrie locale est confrontée à
la concurrence du sucre jamaïcain
et antillais. L’ouverture du canal
de Suez en 1869 n’a pas arrangé
les choses. De 1868 à 1914,
les cours mondiaux du sucre ont
aussi connu une baisse notable
avec la France, la Hongrie, les
Pays-Bas, l’Australie et l’Allemagne
qui inondent le marché international de sucre de betterave.
Malgré l’aménagement d’un
réseau ferroviaire pour le transport du sucre des propriétés
jusqu’à Port-Louis et le perfectionnement des modes de culture, la production sucrière à
Maurice, alors colonie britannique, a stagné de 1860 à 1890.
Les violents cyclones qui se
sont succédés durant cette
période y sont pour beaucoup.
REFLECTIONS
Le groupe ENL il y a un siècle
Avec la Première Guerre mondiale, le prix du sucre mauricien a pris l’ascenseur.
Les dégâts entraînés par un
insecte de la famille des mites,
les maladies touchant la canne,
les sécheresses et la malaria
sont venus envenimer les choses.
La centralisation a commencé
dès 1864, année où l’on comptait
le plus grand nombre d’usines
sucrières dans l’île, soit 304.
Près de quarante ans plus tard,
en 1902, il n’y a plus que 82 usines
en activité et seulement 59
en 1913, avec 153 416 arpents
sous canne. La perche de terres
se vend alors à environ Rs 5...
Lorsqu’éclate la guerre, la
Grande-Bretagne, qui s’approvisionnait en sucre principalement
de l’Allemagne, de l’Autriche et
de la Hongrie, est contrainte
de changer son fusil d’épaule.
L’île Maurice avait commencé
à vendre son sucre à
l’Inde en 1862, puis en 1911,
« la Grande-Bretagne prendra
la moitié de la production, et,
après 1914, la presque totalite »,
écrit Charles Robequain dans
Destin d’une île à sucre : l’économie et le peuplement de Maurice.
Avec le meilleur
prix des sucres, les
propriétaires sucriers
étaient contents,
ils songeaient à
améliorer leurs
usines, à augmenter
leur production.
En 1914, la production
mondiale de sucre de canne
(Indes et Chine exclues) était
d’environ 10 millions de tonnes
pour à peu près autant de
sucre de betterave. Pendant la
Première Guerre mondiale, l’ensemble de la production betteravière européenne est atteinte
et ne représente plus qu’un
volume d’un peu moins de
4 millions de tonnes à la fin du
conflit. La production mondiale
La période de la Première Guerre mondiale coïncide avec une sophistication grandissante des activités du groupe ENL. Dès 1913, la sucrerie de
Savannah est constituée en Savannah S.E. Co. Ltd.
La centralisation va bon train et en 1917,
Mauritius Land Co. Ltd fait l’acquisition de la
propriété de Minissy, qui compte 1 800 arpents,
de la Société Hypolite Hardy & Cie. Il est bon de
rappeler que Minissy était la plus ancienne sucrerie
de Moka. La même année, sir Henry Leclézio
rachète la part des héritiers de son frère Eugène
dans la propriété d’Alma. Celle-ci s’agrandira
d’une partie d’Espérance en 1921 et de 370 arpents
de La Laura l’année suivante avant de fusionner
avec Mon Désert en 1947 pour donner naissance
à Mon Désert-Alma.
recensée de sucre cannier
connaît une évolution dans le
sens inverse de 1913 à 1930,
passant à 17,6 millions de
tonnes, note Jean Meyer dans
Histoire du sucre.
L’impact de la guerre sur le
sucre mauricien est direct. La production atteint le chiffre record
de 277 000 tonnes en 1914
et le prix de la tonne passe de
Rs 142 à Rs 230. « Les perspectives étaient qu’il monterait davantage dans un avenir
immédiat. La centralisation
des usines continuait, bien
que lentement » , indique
Frederick North-Coombes.
« Avec le meilleur prix des
sucres, la culture s’était étendue ;
on comptait 170 000 arpents
sous canne en 1915. Cette extension était due surtout aux petits
planteurs. Les propriétaires
sucriers étaient contents, ils
songeaient à améliorer leurs
usines, à augmenter leur production », ajoute-t-il plus loin.
Le prix du sucre mauricien prend
l’ascenseur, avec un triplement
de 1913 à 1919. Il passe à
Rs 444 la tonne cette année-là
et à Rs 1 014 l’année suivante,
dite des « 90 shillings ».
La Première Guerre mondiale se termine sur une victoire
de la Triple-Entente (France,
Royaume-Uni et Russie), à laquelle
se sont joints la Belgique, le
Japon, l’Italie, le Portugal et les
États-Unis. Durant l’entre-deuxguerres, la concentration se
poursuit dans l’industrie sucrière
mauricienne, avec 54 usines en
1920 et 47 cinq ans plus tard.
La fin de l’engagisme indien et
les difficultés de main-d’œuvre
viennent hâter la mécanisation.
La réduction de la superficie
sous canne, la surproduction
mondiale et la Grande Dépression
des années 1930 mettent
toutefois un frein à l’essor du
sucre mauricien.
Le deuxième grand conflit
mondial éclatera en 1939.
Ses conséquences sur le monde
et sur le pays ne seront cependant pas tout à fait identiques
à celles de la première...
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