1947 l`explosion du « grandcamp

Transcription

1947 l`explosion du « grandcamp
1947
L’EXPLOSION DU « GRANDCAMP »
Construits durant la guerre dans les chantiers américains, ces navires sont
de gros cargos de 130 mètres de long, à cinq cales. C’est un de ces cargos qui
fut livré à la France en 1946.
Un premier voyage conduit le « Grandcamp » en France fin décembre ; le
cargo s’amarre une dizaine de jours à Rouen, avant de revenir en Amérique le 10
avril 1947.
Après d’autres escales, le « Grandcamp » arrive le soir à Texas City. Le
lendemain, le « Valognes » devant prendre pour la France un chargement de
nitrate d’ammonium est signalé en retard ; c’est donc le « Grandcamp » qui en
est chargé.
Le matin du 16, un feu se déclare dans la cale 4 du cargo. Des membres
d’équipage tentent de l’éteindre, puis les pompiers interviennent : l’équipage doit
évacuer le navire, tandis qu’une foule de curieux s’amasse autour du bassin où
se déroule cette scène impressionnante. La moitié des écoliers sont dehors.
Un remorqueur se prépare pour tirer le navire hors du port, mais il sera
trop tard : à 9h12, une première explosion, minime, se produit. Environ 10
secondes après, le « Grandcamp » explose en provoquant une onde de choc
d’une violence inouïe. Toutes les fenêtres à des kilomètres à la ronde volent en
éclats, tandis qu’un léger crachin de pétrole s’abat sur la ville en même temps
qu’une pluie mortelle de débris métalliques en tous genres.
La secousse sismique est ressentie jusqu’à Chicago. L’usine chimique
Monsanto, tout près, prend feu à son tour. L’eau du bassin où se trouvait le
« Grandcamp », chassée par l’explosion, revient en une vague dévastatrice, tel
un mini raz-de-marée, emportant vers la baie les cadavres de ceux qui furent
soufflés par l’explosion.
Jean Yves Brouard
Extraits de : Dossiers secrets de l’Histoire
1947
L’EXPLOSION DU « GRANDCAMP »
Un avion de tourisme qui survolait la scène de l’incendie est atteint par le
souffle de l’explosion et s’écrase.
Un énorme nuage de fumée noire monte dans le ciel à plus de 600 mètres
d’altitude, tel un champignon atomique. On voit même des oiseaux tomber du
ciel, morts.
Les morts se comptent par centaines. Aussitôt, les secours s’organisent.
La journée, puis la nuit, se passent dans la fièvre et l’urgence pour secourir les
blessés, retrouver les disparus et parquer les cadavres dont beaucoup ne sont
pas identifiables.
Il semble que l’on n’ait jamais retrouvé les corps des marins français
restés vers le « Grandcamp », tandis que d’autres ont, par miracle évité la mort.
Durant la nuit, la peur s’empare des autorités car un autre cargo,
américain celui-là le « Highflyer », chargés du même nitrate et de souffre, est en
feu à la suite des deux premières explosions.
Des remorqueurs tentent en vain de le sortir du port en ruine. A 11
heures du matin, au cœur de cette nuit du 16 au 17 avril, ordre est donné à
toutes les personnes présentes d’évacuer la zone.
Dix minutes après le « Highflyer » saute à son tour. L’explosion est la plus
terrible de toutes. L’hélice du navire sera retrouvée à trois kilomètres de là. Un
autre cargo du type du « Grandcamp » est soufflé par la même occasion, détruit
à 80%.
La population paniquée fuit la ville. Texas City étant un complexe pétrolier
important, des incendies se propagent d’une raffinerie à l’autre ; il faudra une
semaine pour que tout soit éteint.
Pas une famille de Texas City dont un membre n’ait été tué ou blessé par
ces drames en cascade. Mais le nombre exact des morts est impossible à
Jean Yves Brouard
Extraits de : Dossiers secrets de l’Histoire
1947
L’EXPLOSION DU « GRANDCAMP »
calculer. On estime le nombre des victimes à a peu près 600 morts et 3000
blessés.
C’est par la lecture des journaux que, comme le monde entier, les familles
des marins du « Grandcamp » ont appris la nouvelle.
Mais après la douleur, l’angoisse. L’attente interminable du procès
opposant le gouvernement américain et la France.
En
août
1955,
le
gouvernement
américain
décida
d’accorder
des
indemnités aux victimes. Mais la différence de législation entre la France et les
Etats-Unis entraîna d’autres difficultés. Et ce n’est qu’en juillet 1958 que les
indemnités furent versées.
Jean Yves Brouard
Extraits de : Dossiers secrets de l’Histoire

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