Etude sur la diversification des ETF du Morvan (PDF
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Etude sur la diversification des Entreprises de Travaux Forestiers du Morvan Définition du sujet d’étude L’étude s’inscrit dans le cadre de l’objectif 3 de la Charte Forestière de territoire du Morvan, à savoir « développer les activités de récolte, de transformation et de valorisation des bois ». Elle doit permettre d’avoir une vue globale et objective sur les domaines de diversification possibles. Avant de débuter l’étude de marché, il convient de définir le terme principal de l’intitulé du stage, à savoir la diversification. Celle-ci peut se comprendre comme la multiplication des secteurs d’activité d’une entreprise et peut ce faire de diverses façons, à savoir : • L’intégration ou diversification verticale, en assurant une meilleure intégration des activités forestières ; • La diversification horizontale dans le domaine forestier, en réalisant des travaux forestiers supplémentaires par rapport à ceux pratiqués auparavant ; • La diversification concentrique ou « de marché », c’est-à-dire dans d’autres secteurs d’activités que les travaux en forêt ; Les résultats ont été obtenus à la suite d’entretiens directs avec les entrepreneurs de travaux forestiers, quelques clients (exploitants forestiers, propriétaires,…) et organismes associés (AFOCEL, Parc Naturel du Morvan,…). L’étude se conclut donc sur un exposé de conseils stratégiques en fonction de l’activité réalisée actuellement par l’entreprise de travaux forestiers. Ces conseils ne sont cependant pas immuables et il convient de tenir compte de leur durée de validité. Le conseil global que l’on peut donner est de ne jamais se diversifier à l’extrême, mais de choisir un petit nombre d’activités porteuses dont ont possèdent les compétences, et à rester informer des domaines en expansion et de leur potentialités pour réagir rapidement et prendre les parts de marchés respectives. Les intérêts de la diversification La diversification permet de se prémunir des fluctuations de la demande de certains travaux forestiers, mais aussi de s’assurer une activité continue toute l’année et donc des revenus réguliers. Elle permet aussi d’augmenter le nombre de ses prestations, ce qui a pour effet de diversifier sa clientèle. De plus, elle peut permettre, dans certain cas, de réduire le nombre d’intermédiaires et ainsi augmenter la marge bénéficiaire de l’entreprise et donc sa maîtrise des coûts. Il convient toutefois de présenter ici quelques mises en garde quant à la diversification : • Avant toute diversification, il faut se renseigner sur la concurrence, et les tarifs pratiqués pour ne pas déstabiliser le marché, et nuire à l’entreprise. • Il est difficile de concilier des travaux à la fois agricoles, ruraux et forestiers, du fait de la multiplication des investissements. • La diversification implique souvent un investissement de départ pour être performant. Rappel sur le statut de l’entrepreneurs de travaux forestiers L’entrepreneur de travaux forestiers est celui qui effectue des travaux forestiers comme prestataire de service. On peut classer schématiquement les travaux forestiers sous deux grands chapitres : les travaux de sylviculture et les travaux d’exploitation forestière, définis dans l’article 1144 du Code rural. • Les travaux de sylviculture comprennent essentiellement la préparation du sol avant boisement, les plantations ou semis, les dégagements (mécaniques ou chimiques), les dépressages. • Les travaux d’exploitation regroupent l’abattage, l’ébranchage, l’éhoupage, l’écorçage, le débardage, le tronçonnage, le façonnage, le conditionnement, le nettoyage des coupes, le transport. Dans les différentes activités possibles pour un ETF, il apparaît clairement que certaines limitent les possibilités pour lui de se diversifier. • d’une part, il y a les travaux forestiers mécanisés, dont la logique est industrielle et l’investissement important. Ils traitent de préférence les productions de masse en flux tendu, ce qui limite leurs disponibilités. • d’autre part, il y a les travaux forestiers manuels, dont la logique reste plutôt artisanale et avec un investissement limité. Les ETF qui réalisent ces travaux sont plus enclun à avoir des prestations de service variées, suivant les niches inoccupées, et sont donc potentiellement plus intéressés par la diversification. Les entreprises d’exploitations forestières sont essentiellement basés sur des relations commerciales durables et régulières avec leur clients. Les entreprises de sylviculture sont elles plus habituées à changer de clientèle selon la nature des travaux et des opportunités. Ces différences de considération amène à des choix différents dans les domaines de diversification possibles. Forces et Faiblesses des travaux forestiers (méthode SWOT) : Les travaux forestiers « manuels » Les travaux forestiers « mécanisés » Analyse des forces, opportunités et menaces Analyse des forces, opportunités et menaces faiblesses, Les différentes forces sont : • La précision du travail réalisé ; • La limitation des dégâts dans le peuplement ; • Le faible investissement nécessaire ; • La polyvalence. Les différentes faiblesses sont : • La faible productivité ; • La pénibilité du travail ; • La dépendance aux conditions climatiques ; • Le faible prix des prestations. Les différentes opportunités sont : • La mécanisation impossible de tous les chantiers ; • Le groupement des entreprises ; • La polyvalence. Les différentes menaces sont : • L’abandon de la gestion de la forêt par des propriétaires peu intéressés ; • La concurrence des travailleurs peu rémunérés ; • Le travail illégal. faiblesses, Les différentes forces sont : • Le respect des délais des industriels ; • La pénibilité du travail réduite par la mécanisation ; • La productivité forte des machines ; • L’augmentation de la marge bénéficiaire grâce à la bonne productivité des machines. Les différentes faiblesses sont : • L’énorme investissement de départ ; • La spécialisation du travail pour les grandes surfaces mécanisables ; • Le coût des entretiens et réparations ; • La suspension du travail en cas de réparation ; • Le stress au travail du fait du retour sur investissement à assurer. Les différentes opportunités sont : • La fiabilité de plus en plus importante des machines ; • Amélioration du service clients (dont la réparation des machines) délivré par les vendeurs des machines forestières ; • Effort d’accroissement de la taille des coupes. Les différentes menaces sont : • La mauvaise image rendue au public des travaux forestiers, en particulier de ceux mécanisés ; • L’augmentation des coûts énergétiques et des frais annexes ; • Le non ajustement des prix des prestations. On peut relever deux ensembles d’activités aux logiques différentes dont dépendent les conseils stratégiques. L’analyse de ces ensembles va permettre de dégager quelques orientations générales qu’il faudra ensuite Graphique SWOT pour les travaux manuels Forces 100 50 Menaces 0 53,5 -50 Opportunités 54 54,5 55 55,5 56 56,5 -100 Faiblesses Les points se concentrent dans les cadrans à gauche, et plus particulièrement dans celui inférieur. On prône théoriquement l’abandon de l’activité dans cette situation. Cependant, les entreprises de travaux forestiers mécanisés sont obligées de rentabiliser leurs machines extrêmement coûteuses. L’abandon n’apparaît donc pas comme la bonne solution. Un grand nombre de points se situent aussi dans le cadran supérieur à gauche. Les orientations stratégiques dans ce cas sont la résistance et la diversification. C’est la solution la plus acceptable. La résistance signifie la consolidation de l’activité. Ici, cela passe par un renouvellement du parc d’engins et un achat de machines de plus en plus performantes. En parallèle, l’entreprise peut se diversifier dans une activité complémentaire tout en restant dans la logique industrielle. La concentration des points dans le cadran inférieur droit montre que les entreprises de travaux forestiers manuels ne profitent pas assez des opportunités du marché. La stratégie prônée est donc le repositionnement. Ce repositionnement concerne l’activité principale, ce qui n’enlève rien à l’intérêt de la diversification. Le repositionnement peut se faire en mettant en avant la qualité du travail réalisé manuellement par une meilleure communication (publicité, démonstration). Le repositionnement peut aussi être dans le choix de chantiers où la qualité est un facteur déterminant du prix, comme les travaux en futaie irrégulière ou jardinée. Ainsi, la faible rentabilité sera reconnue comme le gage d’une meilleure qualité et les tarifs des prestations plus élevés se justifieront. Graphique SWOT pour les travaux mécanisés Forces 100 50 Menaces -100 Opportunités 0 -50 0 -50 -100 Faiblesses 50 100 Domaines d’activités stratégiques possibles On distingue plusieurs domaines d’activités stratégiques de développement. On se propose ici de recenser les avantages et inconvénients d’un nombre important d’entre eux, ainsi que de déterminer le potentiel du marché respectif. Croissance de la demande Concurrence Potentiel du secteur Importance de l’investissement Fiabilité ++++ + +++ + 80 % +++ + ++ +++++ 80 % ++++ + +++ +++++ 80 % Débusqueur + ++ + ++++ 80 % Débardage (Tracteur) + ++ + +++ 50 % Débardage (Cheval) + +++ ++ ++ 50 % Travaux Sylvicoles ++ ++ + + 70 % + +++++ + +++ 50 % ++++ ++++ + +++ 70 % + ++++ + + 70 % Négoce ++ ++++ + + 50 % Fendage + ++ + + 50 % Fabrication de Piquets ++ ++ + + 60 % Scierie Mobile ++ + + +++ 50 % Transport ++ +++ + +++ 40 % Lamier +++ + ++ +++ 60 % Réseaux (EDF, GDF) +++ ++ + ++ 40 % ++ + + +++ 50 % +++ + ++ + 50 % ++ +++ + +++ 60 % ++ ++++ + + 70 % Bûcheronnage Abattage Mécanisé Porteur Plantation (minipelle) Broyage Entretien Ripisylves Travaux à la Pelle Mécanique Espaces Verts (abattage, taille) Epareuse Tourisme Schémas de diversification envisageables Dans tous les cas, la stratégie prônée est celle du challenger. En effet, les entreprises de travaux forestiers ont pour la plupart des prestations de même qualité, jugé plutôt satisfaisante par ailleurs. La stratégie discount et celle de milieu de gamme ne sont donc pas imaginables, d’autant plus que la filière a amorcée un virage décisif matière de gestion environnemental et qualitative. Entreprises de travaux manuels Pour une entreprise de travaux sylvicoles qui est un Domaine d’Activité Stratégique (DAS) « vache à lait », la diversification peut se faire dans des DAS « vedettes », voire « dilemmes ». La stratégie peut être l’amélioration du service par une diversification horizontale dans le bûcheronnage de grumes. La stratégie peut aussi être de se diversifier dans un nouveau marché comme l’entretien en espace rural, voire le travail en espaces verts. Pour une entreprise de bûcheronnage (DAS vedettes), la diversification serait conseillée dans un DAS « vache à lait ». La stratégie peut être là aussi l’amélioration du service. Celle -ci peut se faire par une diversification horizontale dans le débardage à tracteur ou/et les travaux sylvicoles. Elle peut encore passer par une intégration verticale des activités de fendage ou de confection de piquets. Le statut d’exploitant forestier est alors nécessaire. Remarques : • Dans l’activité de fendage (bois de chauffage, piquets) on peut adopter une stratégie d’innovation dans le mode de distribution en complétant la livraison classique à des particuliers ruraux par une vente à un grossiste (intermédiaire avec les clients urbains). • Le bûcheron peut aussi effectuer ponctuellement des travaux en espaces verts plus rémunérateurs que les travaux en forêt. Pour les entreprises de débardage avec tracteur (DAS « vache à lait »), il convient de se diversifier dans une activité vedette. L’adoption d’une stratégie d’amélioration du service est possible grâce à une diversification horizontale en bûcheronnage. La diversification de marché par l’achat d’une tête de lamier est envisageable aussi. Les entreprises de débardage à cheval sont un cas particulier. Elles peuvent s’adresser à de nouvelles clientèles pour les forêts périurbaines ou des travaux environnementaux. Une diversification horizontale en bûcheronnage peut améliorer le service. Entreprises de travaux mécanisés Dans le Morvan, le secteur de l’exploitation forestière s’est fortement mécanisé (75%) alors que la moyenne en France est de 45%. Cette mécanisation ne touche cependant que les peuplements résineux, les peuplements feuillus ayant recours au bûcheronnage manuel. Les machines sont de plus en plus performantes, mais également très onéreuses, posant le problème de l’investissement de départ. Associés à cette mécanisation, les besoins en formation technique de conducteur de machine se font de plus en plus forts. Pour les entreprises en exploitation mécanisée, on conseille l’association de 2 DAS vedettes : le débardage avec porteur et l’abattage mécanisé en peuplements résineux, ce qui améliore le service apporté en réduisant les délais entre abattage et débardage. Remarques : • l’utilisation de pelle mécanique d’occasion est possible pour effectuer les coupes rases de grande étendue sur terrain plat et le nettoyage des chantiers après exploitation. • l’augmentation de la rentabilité de ces entreprises est faite par l’embauche d’un ouvrier mécanicien et par la possession de pièces de rechange pour les Conclusion La conjoncture fait que, depuis le mois de septembre 2004, la demande en exploitation des bois est forte. En effet, les conditions climatiques sèches rendent le sol très portant et donc propice à une exploitation mécanisée. De plus, la demande des particuliers est en augmentation. Mais, selon les données de l’AFOCEL, cette augmentation de travail n’est que temporaire. Sur le long terme, la demande devrait retomber. C’est une fluctuation normale pour la demande en bois au vu des données récoltées par l’AFOCEL sur un grand échantillon des années précédentes. La diversification apparaît donc comme une évidence, particulièrement dans le cas des travaux forestiers réalisés manuellement. Les conseils sont, d’une part, de conserver la logique de l’entreprise, une entreprise de travaux manuels ne pouvant de toute façon pas se lancer aisément dans des travaux mécanisés du fait de l’investissement de départ. D’autre part, la diversification doit se limiter à deux ou trois activités mais pas au-delà. La veille permettra aux entreprises de se lancer dans des activités nouvelles au moment où la demande sera suffisante.