CHAPITRE « STRATIFICATION SOCIALE ET INEGALITES »

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CHAPITRE « STRATIFICATION SOCIALE ET INEGALITES »
CHAPITRE « STRATIFICATION SOCIALE ET
INEGALITES »
Rendre compte de la stratification sociale , c’est souligner la distribution inégale des ressources
socialement valorisées dans la société. On touche là au principe même des sociétés modernes qui, fondées
sur la liberté et l’égalité, ouvrent la possibilité d’une course au statut, laquelle produit nécessairement une
distribution inégale des positions sociales. Les inégalités peuvent alors se définir comme des différences
d’accès à des ressources rares et socialement prisées.
I ) LA DYNAMIQUE DE LA STRATIFICATION SOCIALE :
A)
INEGALITES ET CLIVAGES SOCIAUX :
La question des inégalités n’est pas réductible à une approche des sociétés en termes de différences sociales.
La différence devient inégalité dès lors qu’elle se traduit en termes d’avantages et de désavantages par
rapport à une échelle de valeurs.
a) Un panorama des inégalités :
1) Les inégalités de revenus et de patrimoine :
Les inégalités de revenus:
Même si le revenu moyen des ménages a progressé depuis le début des années 80, les inégalités de revenu
demeurent1 . Le rapport …………………….. entre les salariés les plus riches et les salariés les plus
pauvres se situe aujourd’hui autour de 3,1.
Une étude plus fine des inégalités salariales montre que de multiples critères influencent la répartition
salariale :
- La catégorie …………………………..: en 2004, le salaire mensuel net moyen d’un employé est trois
fois inférieur à celui d’un cadre puisque la qualification, les diplômes et les responsabilités valorisent les
salaires.
- Le ………… influence également les salaires: en moyenne un homme perçoit un salaire de 25% plus
élevé que celui d’une femme. Cet écart tend à se réduire mais s’explique en partie par la moindre
qualification des femmes (en 2000, plus de 18% des hommes sont cadres contre moins de 12% des
femmes).
- L’………. est un troisième critère explicatif des disparités de salaire: les écarts de salaire entre les jeunes
et les plus âgés qui se justifient par la valorisation de l’ancienneté et de l’expérience, deviennent plus
importants, marquant ainsi les difficultés des jeunes à s’insérer sur le marché du travail.
Les inégalités de patrimoine:
Le …………………. désigne l’ensemble des avoirs (avoirs fonciers, valeurs mobilières, avoirs sur des
comptes bancaires) et des dettes (emprunts). Il augmente grâce à l’épargne des agents, mais aussi par le
1
On retiendra surtout les inégalités de salaires, car parmi les différentes catégories de revenus (salaires, revenus des travailleurs
indépendants, retraites, revenus de transferts, revenus du patrimoine), les salaires sont de loin les plus importants et les plus facilement
mesurables.
biais de l’héritage. Il est parfois difficile d’évaluer le patrimoine puisque celui-ci n’est pas toujours
imposable.
Si les écarts de revenus sont importants, les différences s’accentuent encore lorqu’on s’intéresse au
patrimoine. Ainsi, selon la lecture de la courbe de …………… en 1998, 10% des ménages les plus riches
détiennent plus de …..% du patrimoine total. La possession de patrimoine génère aussi des revenus.
En France, un ménage de cadres dispose, selon l’Insee, de revenus 2,2 fois supérieurs à un ménage
d’employés après impôts. Mais en termes de patrimoine, il en détient 7,3 fois plus.
Notons ainsi que les titulaires de revenus du capital (actionnaires notamment) ont bénéficié de hausses de
revenus bien supérieures à celles de ceux qui ne disposent que de revenus du travail. De façon générale, les
inégalités de patrimoine se sont creusées puisqu’en 1992, les 25% de ménages les plus riches déclaraient
détenir 17 fois plus de patrimoine que les 25% les plus pauvres. En 2005, ils en déclaraient 25 fois plus.
Quelques éléments de comparaison:
Bien que les comparaisons internationales des inégalités de revenus soient complexes (les outils statistiques
n’étant pas homogènes d’un pays à l’autre), on constate que la France occupe une position ………………..
Elle fait figure de bonne élève au regard du Royaume-Uni où le fossé reste important entre les plus riches et
les plus pauvres, mais de mauvaise élève en comparaison de la Suède qui possède une vaste classe moyenne
et des écarts de revenus plus réduits entre les deux extrêmes de la population.
2) La diversité des inégalités et leur caractère cumulatif :
L’âge apparaît comme un critère fort discriminant. La généralisation des retraites et la hausse de leurs
montants sont tels que la situation des plus de 60 ans s’est considérablement améliorée, alors que dans le
même temps, le niveau de vie des moins de 30 ans s’est dégradé : les jeune d’aujourd’hui ont un revenu en
euros constants inférieur à celui de leurs aînés à leur âge.
Les inégalités de revenus qui se manifestent principalement sous la forme d’inégalités entre .............. se
doublent d’autres types d’inégalités. Elles peuvent concerner l’accès aux logement, l’accès à la culture (
les cadres possèdent 5 fois plus de livres que les ouvriers non qualifiés et vont 4 fois plus au théâtre que les
agriculteurs ), l’accès aux services publics (les inégalités spatiales peuvent déterminer un accès différent à
l’éducation, à la santé, aux transports), l’accès aux nouvelles technologies (décisives dans la réussite
scolaire et professionnelle), l’accès à la consommation (achat de produits de ganne très variable selon le
revenu), la participation politique (les plus favorisés sont ceux qui votent et militent le plus), l’accès à la
santé ( il existe une corrélation entre la PCS et l’espérance de vie )…
On observe ainsi un ………….. des handicaps pour les plus démunis et un …………. des privilèges pour
les plus favorisés.
b) L’emploi au cœur des inégalités :
Face à la montée des inégalités, plusieurs explications ont été proposées mais l’un des
phénomènes les plus déterminants dans le creusement récent des inégalités fut sans doute la révolution
informatique et organisationnelle , qui en imposant la …………….. et la mobilité des facteurs, a
condamné les travailleurs les moins ……………. et les moins adaptables.
Les inégalités face à l’emploi se sont en effet développées avec le ralentissement de la croissance
économique. Une frange non négligeable de salariés (environ ……%) occupe un emploi atypique ou un
travail à temps partiel, ce qui se répercute souvent sur leurs revenus. On peut observer une ……………..
des emplois : les plus diplômés ont un emploi stable et bien rémunérés tandis que les ménages les plus
démunis cumulent chômage et précarité.
Les inégalités entre groupes seront d’autant plus renforcées que le système de redistribution sociale sera
faible.
B) LA STRATIFICATION SOCIALE ET SON EVOLUTION :
a) Stratification, classes sociales et PCS :
1) La stratific ation sociale hier et aujourd’hui :
La stratification sociale désigne les différentes formes de différenciation sociale que l’on rencontre dans
la plupart des société : castes, ordres, classes.
Les sociétés modernes sont en général structurées autour de ……….., c’est-dire de différences de position
dans le système économique et social.
2) L’approche des sociologues :
Au XIXe siècle,….. ………. entendait montrer que la division en classes était déterminés par les « rapports
de production », autrement dit, les rapports sociaux que les individus établissent dans la sphère productive.
Dans cette perspective, les classes sont avant tout structurées par des rapports d’opposition et de domination
tant économiques que sociaux et politiques.
Par la suite, les sociologues ont mis l’accent sur les différentes dimensions que revêtent les classes
sociales. Outre une position commune dans le système productif, les membres d’une clase partagent un
mode de ….. et certains traits …………...
3) Les professions et catégories socio-professionnelles :
En France, depuis 1954, les ………………………………………………………... (PCS) sont le principal
instrument de connaissance de la structure sociale. Il s’agit d’un regroupement d’individus ayant un profil
socio-professionnel similaire en termes de statut (salariés / non-salariés…), de nature de l’activité, du
niveau de qualification…Les groupes présentent une certaine …………………… sociale .
Tout en étant constitués à partir de critères socio-économiques, les PCS ne peuvent être assimilés à des
classes sociales, ne serait-ce qu’en raison de la non-prise en compte de l’origine sociale et des ressources
patrimoniales.
b) Moyennisation et réduction des inégalités :
1) Les transformations de la structure sociale :
En France, comme dans l’ensemble des pays développés, la composition socioprofessionnelle de la
population connaît de fortes transformations. Le poids des agriculteurs exploitants, des ouvriers agricoles
mais aussi depuis une vingtaine d’années celui des ouvriers ( surtout non qualifiés ) tend à
…………………….. En contrepartie de cette baisse du poids des « cols bleus », le poids des « cols blancs »
s’élève :
en
France,
les
………………………..,
les
……………………………………………………….,les……………………………………………………
………….. sont de plus en plus nombreux.
Le déclin quantitatifs des deux classes les plus spécifiques (la paysannerie et la classe ouvrière) met en
cause la pertinence du concept même de …………….. sociale.
En outre, un certain nombre d’évolutions tendent à atténuer l’originalité des modes de vie des différents
milieux sociaux : croissance du niveau de vie, progression du niveau d’études, augmentation de la mobilité
sociale aboutissant souvent à diminuer les écarts entre les groupes sociaux, à abaisser les barrières qui les
séparaient jusque là.
2) Des analyses soulignant une réduction des clivages sociaux:
L’avis des sociologues:
Pour certains auteurs, on ne saurait parler de classe dans les sociétés contemporaines. Pour Tocqueville, le
passage de la société d’Ancien Régime à la société moderne, qu’il qualifie de « démocratique » est marquée
par l’…………………………. des conditions. Ce processus d’égalisation passe par une réduction des
inégalités économiques, de revenus et de patrimoines que l’on observe sur le long terme. La progression des
niveaux de vie, l’accès à la société de consommation réduit en effet les écarts entre les groupes sociaux.
On peut en effet analyser l’évolution des sociétés européennes depuis le XIXe siècle comme un mouvement
de « …………………………… » rendant sans objet la notion de classe.
Henri Mendras remet en cause l’idée que les classes sociales constituent une grille de lecture pertinente
pour comprendre les sociétés contemporaines. Il reprend l’idée de la toupie pour dire que la société
comprend en haut une élite, en bas des pauvres et des exclus, et au centre une énorme
« ……………………….. centrale ».
Cela n’empêche pas cet auteur de souligner par ailleurs la multiplicité des formes de conflit dans les
sociétés occidentales ; le caractère nouveau de ces conflits étant néanmoins de ne plus recouper le clivage
des classes. Ils reflètent pour autant la réaction à d’autres types d’inégalités (luttes féministes,
antiracistes…)
L’avis des économistes:
L’économiste américain Simon ………….. a montré un lien de causalité entre la croissance et la
répartition des revenus . Au fur et `a mesure du développement économique, la distribution des revenus
s’élargit pour se resserrer par la suite (courbe en cloche). Cette relation s’explique par les transferts de
main-d’oeuvre des secteur à faible productivité vers les secteurs à forte productivité qui accroissent les
disparités de salaire durant la phase de décollage industriel. Plus tard, les secteurs à forte productivité
dominent dans l’économie ce qui entraîne une égalisation des salaires.
John Maynard Keynes souligne l’importance de la ……………………….. en faveur des plus démunis,
qui ont une plus forte propension à consommer. L’augmentation de la demande induite, est facteur de
croissance. Cette dynamique favorable a trouvé son illustration durant les ……………………………...
Cette forte période de croissance a favorisé la moyennisation de la société à travers la consommation de
masse et l’homogénéisation des modes de vie.
En France, l’Etat a également contribué à la réduction des inégalités par la mise en place d’un système de
redistribution verticale qui s’opère des plus riches vers les plus démunis et par une offre croissante de
services collectifs tels que l’Education.
c) Persistance des inégalités et nouvelles polarisations :
Les années 1980 et 1990 se caractérisent dans l’ensemble des pays occidentaux par le retourne ment de la
courbe de Kuznets , c’est-à-dire par le retour des …………………...
Certains diront qu’elles n’avaient pas réellement diminué. Ainsi, selon ………………………, les classes
supérieures n’ont jamais cessé de se distinguer des classes populaires et de les dominer. Jean-Paul Fitoussi
et Pierre Rosanvallon montrent que des dernières années ont été marquées par « un nouvel âge » des
inégalités. Aux inégalités traditionnelles, qui caractérisent par exemple les écarts entre cadres et ouvriers,
s’ajoutent des inégalités intracatégorielles : les employés ne forment pas un tout homogène.
Cette recrudescence des inégalités s’explique en partie par le ralentissement de la croissance mais aussi par
l’évolution du système productif qui ont contribué à la montée du chômage et de la précarité. Certains
auteurs évoquent ainsi l’éclatement de la classe …………………. du fait d’une paupérisation de certaines
de ses membres. …………………………. utilise l’image d’une « société en sablier » pour souligner une
…………………… accrue entre deux ensembles : les « inclus » et les « exclus ».
II ) REPRODUCTION ET MOBILITE SOCIALE :
Les enjeux de la mobilité sociale.
La mobilité sociale est le passage d’un individu ou d’un groupe d’individus d’une catégorie sociale à une
autre entre deux générations.
L’idée de mobilité sociale est enracinée au cœur des sociétés démocratiques. En effet, dans les sociétés
d’……….. ou de ……….., la place sociale d’un individu est fixée de manière plus ou moins rigide dès la
naissance. En revanche, les sociétés démocratiques reposent plus ou moins sur un …………
…………………. : chaque individu, en fonction de ses mérites, peut en théorie accéder à n’importe quel
statut social.
La …………………. constitue donc un des fondements de la justice sociale ; ceux qui réussissent
scolairement et socialement, sont ceux qui méritent et non ceux qui héritent. Une société où la mobilité
sociale est faible est ainsi conduite à s’interroger sur ses fondements démocratiques.
A) LES DIFFERENTES FORMES DE MOBILITE :
a) Mobilité sociale verticale inter ou intra-générationnelle :
La notion de mobilité sociale est indissociable de celle de …………………….. sociale . En effet, parler de
« mobilité » sociale sous-entend que l’on peut se déplacer dans la société. Cela suppose une étanchéité entre
les différentes positions sociales. La nature de la stratification sociale ( société à ordres, de castes ou de
classes ) conditionne donc les possibilités de mobilité sociale.
Les positions sociales correspondent aux statuts sociaux des individus qui sont réduits à leur seule
dimension socio-professionnelle ( les PCS ) dans l’analyse de la mobilité sociale. On établit ainsi une
hiérarchie entre les différentes PCS.
On est ainsi appelé à parler de mobilité sociale verticale : ascendante ou descendante selon les cas
envisagés. On distingue également le changement ou l’invariabilité de la position sociale des individus par
rapport à leurs parents ou grands-parents ( mobilité ou immobilité intergénérationnelle ) et l’on peut aussi
analyser le changement ou la constance de la position des individus tout au long de leur vie active (
mobilité ou immobilité intragénérationnelle ).
Toutefois, le terme de mobilité sociale au sens strict désigne la mobilité ( ou immobilité )
intergénérationnelle.
La mobilité sociale horizontale correspond à un passage d’une position sociale à une autre jugée
équivalente.
b) Les tableaux de mobilité :
La table des mobilités est un tableau à double entrée qui permet de mesurer la mobilité sociale. Elle croise
l’origine sociale ( mesurée par la PCS du père ) et la position sociale ( mesurée par la PCS du fils ) des
individus.
Les différentes formes de mobilité peuvent être appréhendées de deux points de vue complémentaire : soit
sous l’angle de l’origine sociale ( ou recrutement ) de l’enquêté, soit sous celui de sa destiné e sociale.
Dans le premier cas on se demande quelle est l’origine sociale des enquêtés d’une PCS donnée. ( par
exemple, pour une PCS données, quelle est la proportion des fils de cadres, d’ouvriers…)
Dans le second cas, on s’interroge sur ce que sont devenus professionnellement les fils issus d’un milieu
social donné ( par exemple, sur l’ensemble des fils d’ouvriers interrogés, quelles proportions représentent
ceux qui sont cadres, ceux qui sont agriculteurs…au moment de l’enquête.)
La diagonale d’une table de mobilité mesure l’………………….. sociale tandis que les chiffres extérieurs
à cette diagonale représentent la mobilité ascendante ou descendante.
c) Mobilité structurelle et mobilité nette :
Le fait que l’espace social se transforme au cours du temps conduit aussi à distinguer deux types de
déplacement, selon le facteur qui est à leur origine. Ceux qui résultent mécaniquement des changements de
la structure sociale constituent la mobilité ………………….. (par exemple, compte tenu du déclin de
l’agriculture, tous les fils d’agriculteurs ne peuvent pas être agriculteurs).
Les changements qui se produisent (éventuellement) en plus de ces mouvements contraints forment la
mobilité nette ; ils traduisent la fluidité des échanges entre les groupes sociaux (plus ou moins ouverts).
C’est cette mobilité, beaucoup plus que la mobilité structurelle, qui est significative pour déterminer si une
société a tendance à se « fluidifier » ou à se « reproduire ».
En additionnant ces deux flux de mobilité (structurelle + nette), on obtient la mobilité brute.
B) LES DETERMINANTS DE LA MOBILITE SOCIALE :
a) La mobilité sociale comme résultat des évolutions structurelles et de la fluidité sociale :
En France, la mobilité augmente depuis les Trente Glorieuses, comme le montre la réduction des chiffres de
la diagonale des tables de mobilité. En 1977, 57% des hommes avaient une position sociale différente de
leur père. Ils étaient 65% dans ce cas en 1993 et 2003. La mobilité nette que l’on appelle aussi fluidité
sociale représente environ les deux tiers des mouvements de mobilité, le reste étant imputable aux
changements de la structure de l’emploi. Elle mesure la capacité d’une société à favoriser les changements
de statuts sociaux au-delà des seules contraintes structurelles.
Durant les Trente Glorieuses, la mobilité structurelle a par exemple joué un rôle essentiel à travers trois
facteurs :
Le déclin de l’agriculture puis celui de l’industrie, la ……………………… de la population
active et la hausse des …………………… ont entraîné la diminution des postes du bas de la hiérarchie
sociale (baisse du nombre d’ouvriers) au profit de ceux du sommet (les cadres supérieurs).
Les différences de ………………… entre les groupes sociaux favorisent aussi la mobilité. Les
classes moyennes et supérieures sont moins fécondes que les classes populaires et laissent donc des places
disponibles dans la structure sociale.
L’augmentation du taux d’……………. des femmes favorise la mobilité sociale des hommes.
En effet, les femmes occupent principalement les postes situés au bas de la hiérarchie sociale, laissant aux
hommes les postes du sommet. Les immigrés ont quant à eux favorisé la mobilité des français occupant des
emplois faiblement qualifiés.
Notons toutefois que la mobilité reste limitée puisque les enfants de cadres ont une faible probabilité de
connaître une mobilité sociale descendante et les enfants d’ouvriers ont une plus faible probabilité de
connaître une ascension sociale.
b) Entre mobilité et reproduction sociale, l’influence de la famille :
1) Le mécanisme de l’homogamie :
Si de nombreux individus ont changé de position sociale, une tendance à l’……………………. sociale
se lit dans l’importance numérique de la diagonale de la table de mobilité.
Chez les salariés c’est dans les deux groupes extrêmes qu’elle est la plus forte : les ouvriers et les cadres.
En outre, les trajectoires de mobilité sont généralement courtes : un fils d’ouvrier a une chance sur
quatre d’être dans la PCS « profession intermédiaires », mais moins d’une sur dix d’être cadre. Inversement,
le déclassement des fils de cadre reste modéré : 20% d’entre eux deviennent professions intermédiaires,
moins de 7% ouvriers.
Ainsi, lorsque la mobilité existe, elle se réalise entre catégories sociales proches : on parle de mobilité de
proximité.
L’héritage social transmis dans le cadre de la famille joue un rôle important dans les trajectoires des
individus. Le milieu familial influence ainsi les destins personnels. La vie de chaque adulte est marquée par
le poids de son ascendance quels que soient les domaines envisagés (consommation, opinions politiques,
comportements démographiques ou matrimoniaux…). Ainsi, il y a une relative rigidité du statut social de
génération en génération. Cette influence du milieu social sur le destin social des individus se manifeste par
des inégalités dans l’accès au diplôme, mais aussi à diplôme égal, par des inégalités dans l’accès à l’emploi.
De même, le choix du conjoint qui se fait souvent dans des catégories sociales proches, renforce la
…………………….. sociale (« La foudre ne frappe pas au hasard » selon Michel Bozon).
2) Le capital économique, capital social et influence familiale :
La possession d’un capital ……………….. (entreprise, fonds de commerce, exploitation agricole,
patrimoine…) est un facteur essentiel. Les fils d’indépendants sont largement bénéficiaires de l’héritage de
ce capital qui leur permet de s’installer à leur compte. Ainsi, les fils d’indépendants sont le plus souvent
indépendants eux-mêmes. En revanche, les professions salarié es et en particulier les professions salarié es du
secteur public disposent en général d’un patrimoine moins important.
Le capital …………….. désigne l’ensemble des ressources qui sont liées à la possession d’un réseau
durable de connaissances et de relations sociales. L’étendue de ce réseau détermine le volume du capital
social. La possession d’un important capital social, déterminée en grande partie par l’origine social, est
susceptible d’influer fortement sur la trajectoire sociale des individus.
A réussite scolaire identique, un individu disposant d’un capital de relations sociales, parvient à une
position sociale plus élevée qu’un autre qui en serait dépourvu.
b) Le rôle du système éducatif :
1) La démocratisation scolaire favorise l’égalité des chances :
Depuis les années 1950, l’enseignement secondaire français, puis l’enseignement supérieur, ont connu un
processus continu de démocratisation qui se traduit d’abord par la ……………………………..de
l’enseignement, cette augmentation importante du nombre d’élèves étant favorisée par le relèvement de la
scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans en 1959 puis par des objectifs ambitieux comme celui d’amener 80%
d’une génération au niveau du baccalauréat. Le taux d’accès au baccalauréat est passé de 34% d’une classe
d’âge en 1981à 70% en 2004)
Pour réaliser cette démocratisation, il a fallu retarder l’âge de l’orientation dans des filières différentes en
créant le collège unique (1975) et créer de nouvelles filières de baccalauréat technologique (1965) et
professionnel (1985).
Ces efforts importants permettent aujourd’hui aux enfants de toute origine de suivre la même scolarité
jusqu’à la fin du collège et créent donc des opportunités importantes de mobilité sociale.
Cette démocratisation quantitative ne s’est pourtant pas accompagnée d’une démocratisation
…………………….
Les enfants des catégories supérieures obtiennent une meilleure réussite scolaire que les enfants des
catégories populaires et disposent des diplômes les plus valor isés sur le marché du travail (grandes écoles).
En somme, les inégalités sociales à l’école se sont déplacées et se sont recomposées : la différenciation des
parcours entre milieux sociaux ne se fait plus dans le choix des familles de faire ou non rentrer leur enfant
en 6e mais est reporté dans le choix des options et filières à la fin du collège ou à l’entrée dans
l’enseignement supérieur. Les familles les plus informées veillent ainsi à placer tr`es tœt leurs enfants dans
l’environnement scolaire le plus propice à leur réussite.
En France, deux sociologues s’opposent au sujet du rôle de l’école dans la mobilité sociale : Pierre
………………. et Raymond …………………. S’ils analysent tous deux l’inégalité des chances devant
l’école et la faible influence de la démocratisation scolaire sur la mobilité sociale, leurs analyses diffèrent
sur leur interprétation.
2) Une inégalité des chances qui reflète un mécanisme de reproduction : l’approche de
P.Bourdieu :
Distinguant différentes formes de capital ( capital économique, social, culturel ), P.Bourdieu s’attache à
montrer que le système scolaire est l’un des instruments que les familles des groupes sociaux les mieux
dotés en une plusieurs de ces formes de capital utilisent pour assurer la ……………………. de leur position
dans la structure sociale.
Les enfants des classes dominantes disposent d’un capital ……………. transmis par leurs parents. L’école
valorise ce capital en sanctionnant des compétences extra-scolaires ( culture générale, langage…) De plus,
les enseignants et enfants de classe dominantes disposent du même ……………… ( ils ont les mêmes
valeurs, les mêmes goûts ).
En outre, à diplôme identique, les classes supérieures obtiennent une meilleure position sociale que les
classes populaires. Le capital …………… (ensemble des ressources relationnelles) accroît le rendement des
diplômes. Le réseau social favorise l’embauche et permet un meilleur déroulement de carrière.
2) L’influence des choix individuels sur la destinée sociale :
Raymond Boudon a montré que la demande d’éducation est différente selon le milieu social. : à réussite
égale, la poursuite d’étude est d’autant plus fréquente que le milieu social est favorisé. Pour Boudon, les
inégalités scolaires sont liées aux ……………….. familiales. Afin d’assurer sa fonction de filtrage (
sélection ), l’école propose aux élèves des choix d’orientation en fonction des coûts et des risques liés à la
poursuite de la scolarisation et des avantages qui procurent les diplômes. Ces stratégies sont influencées par
l’origine sociale. Les catégories populaires sous-estiment les profits scolaires, surestiment les risques et
choisissent les filières moins valorisées par le marché du travail. Les catégories supérieures, à l’inverse,
maîtrisent bien le système scolaire et savant gérer les risques. Ils s’orientent donc vers les filières
valorisantes. R.Boudon insiste donc sur le calcul coûts / avantages des familles.
Bernard Lahire montre l’influence de la socialisation familiale sur certaines trajectoires. Il étudie des
parcours surprenant en matière de réussite scolaire d’enfants pourtant fortement défavorisés. Il en déduit
que l’environnement familial ordonné matériellement et temporellement peut être un puissant facteur de
réussite, même quand le capital culturel de la famille est faible.
3) Le paradoxe d’Anderson :
Même s’il demeure fondamental pour obtenir un emploi, les diplômes, en se diffusant, ont perdu de la
valeur. Ainsi, tous les diplômés ne deviennent plus cadres.
Dès 1961, le sociologue américain Anderson constatait qu’un fils peut avoir une position sociale plus
…………….. que celle de son père alors qu’il a un diplôme plus élevé que lui. On parle de « paradoxe
d’Anderson ».
R.Boudon explique ce paradoxe par l’inflation des diplômes ( effet pervers ) : le développement du système
scolaire a été plus rapide que celui des emplois qualifiés.
Pour P.Bourdieu, c’est le capital social qui accroît le rendement des diplômes. A diplôme égal, la carrière
professionnelle sera différente selon la capacité des personnes à mobiliser des réseaux.
III ) IDEAL DEMOCRATIQUE ET INEGALITES :
A) LES DIMENSIONS DE L’IDEAL EGALITAIRE :
a) L’approche de Tocqueville:
Dès 1835, Alexis de Tocqueville donne une définition sociale de la démocratie. La ……………………
correspond à l’égalisation des conditions ( égalisation des droits individuels, des conditions matérielles
d’existence, plus grande mobilité sociale...). Est démocratique la société où les distinctions d’ordre et de
classe ont disparues, où les individus qui composent la collectivité sont socialement égaux.
L’……………. sociale signifie qu’il n’y a pas de différence héréditaire de conditions, et que toutes les
occupations, toutes les professions, tous les honneurs sont accessibles à tous ( ………………. sociale ).
Sont donc impliquées dans l’idée de démocratie à la fois l’égalité sociale et la tendance à l’uniformité des
modes de niveaux de vie.
Selon Tocqueville, les hommes sont animés d’un idéal ……………….. et recherchent « l’égalisation des
conditions dans trois directions : l’égalité des droits, l’égalité des chances et l’égalité dans les relations
sociales.
b) L’égalité des droits, l’égalité des chances et l’égalité des situations :
1) Pour une égalité des droits :
L’égalité des droits a été proclamée en France dès 1789 par la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen.
Cette
délaration
a
elle -même
largement
inspiré
la
………………………………………………………………………… (1948).
La quête de l’égalité des droits est lente et progressive . Par exemple, l’avènement d’une plus grande
égalité entre hommes et femmes prend du temps. Cinquante après avoir obtenu le droit de vote, les femmes
ne sont que 12% à l’Assemblée nationale. Une loi sur la …………… entre hommes et femmes espère
même modifier cette inégalité.
Par ailleurs, dans une société en mouvement, légalité des droits n’est pas absolue. Elle est en perpétuelle
construction, comme en témoignent les débats sur le vote des immigrés résidant depuis longtemps en
France ou sur les droits des homosexuels.
2) Pour une égalité des chances :
Garantir légalité des droits ne suffit pas : l’idéal égalitaire vise également légalité des chances. Tout
individu a le droit de réussir s’il le mérite. La conception …………………………. établit donc une
correspondance entre les qualités personnelles des individus ( mérite, persévérance, efficacité…) et leur
position dans la société. L’idéal méritocratique s’accommode d’une forte inégalité dans les revenus et les
statuts, puisque l’égalité apparaît comme fondée sur l’utilité sociale et la contribution de chacun.
Mais les ressorts de l’égalité des chances sont complexes. Ce principe, affirmé par l’école, n’arrive pas à
contrecarrer le mécanisme de la ……………………… sociale. Les nombreuses tentatives pour faciliter
l’égalité des chances dans le domaine scolaire (ZEP), les bourses d’étude, les parcours différenciés, n’ont eu
qu’un impact limité.
3) Pour une égalité des situations :
Ne pouvant obtenir l´égalité des situations (égalité matérielle), les hommes ont recherché, selon Alexis de
Tocqueville, l’égalité des relations sociales ou des considérations. Elle conduit les individus à se voir
égaux, c’est-dire à avoir un respect mutuel les uns pour les autres, en dépit de l’inégalité de leurs situations.
Pourtant, on constate aujourd’hui que la cohésion sociale repose malgré tout sur un rapprochement des
modes de vie, conduisant à rechercher l’égalité …………………... La moyennisation de la société observée
pendant les Trente Glorieuses, en est une traduction.
Dans les démocraties, les pouvoirs publics ont une palette d’instruments à leur disposition pour tendre vers
la convergence des situations : salaire minimum sur le marché du travail, Sécurité sociale, minimas sociaux,
système fiscal progressif.
ð
La lutte contre les inégalités se fait au nom de la justice sociale. Les partisans de la lutte
contre les inégalités affirment en effet qu’une société unie est une société juste et qu’une société juste est
une société égalitaire. Mais qu’est-ce qu’une société égalitaire ? C’est d’abord une société où règne l’égalité
des droits et de traitement. C’est ensuite une société où les différences entre les situations individuelles ne
sont pas condamnées à se répéter d’une génération à l’autre. C’est enfin une société où les différences de
situations individuelles ne sont pas telles que les individus ont le sentiment d’appartenir à des mondes
étrangers. Egalités des droits, des chances, des situations constituent le contenu d’une définition de la
justice. Mais cette définition n’est pas exempte de contradictions.
B) CONCILIER EGALITE, EQUITE ET JUSTICE SOCIALE :
1) Les effets pervers de l’idéal égalitaire:
L’idéal égalitaire a des effets pervers. A. de Tocqueville montre que la “passion pour l’………………..”
amène les individus à considérer les différences de richesse comme des injustices. Ils recherchent alors
l’égalitarisme, L’uniformisation des conditions de vie incite également à ne plus se soucier des autres, c’està-dire à l’………………………….. Repliés sur leur sphère privée, les individus vont se désintéresser de la
vie politique et s’en remettre à un Etat qui risque de devenir despotique (notion de “despotisme doux ”).
D’autant plus que, dans une démocratie, la règle du suffrage universel peut conduire à l’ignorance, voire à
l’écrasement des minorités. Ainsi, la passion pour l’égalité peut finir par restreindre les libertés.
La quête d’égalité et la recherche de justice sociale ont aussi été critiquées d’un point de vue économique.
Certains auteurs libéraux pensent ainsi que les inégalités sont un facteur d’efficacité économique, donc un
stimulant pour la croissance. Ainsi, pour Friedrich Von Hayek, les inégalités agissent comme des
« ……………… …… ……………………. » et permettent d’orienter la production vers les secteurs qui
font l’objet d’une plus forte demande.
De plus, elles permettent d’utiliser au mieux les compétences de chacun ( le versement d’un haut salaire
compense une activité productrice d’une forte valeur ajoutée ). Pour d’autres, les inégalités salariales (
notamment les pratiques d’individualisation des salaires ) agissent comme des stimulant de la
…………………...
Par ailleurs, la redistribution des revenus ne tient pas compte des talents et de la participation à la
production, elle peut donc générer de la passivité chez les travailleurs. De plus, la machine à redistribuer est
coûteuse et tend à prélever beaucoup tout en réduisant l’incitation à produire davantage.
La différence entre les minimas socia ux et les revenus du travail (notamment le SMIC), limiterait en outre
l’…………………à travailler (préférence pour le ……………..).
Enfin, de manière générale, les libéraux voient dans le resserrement des revenus le risque d’une diminution
de l’…………….. nécessaire au financement des investissements. En effet, les titulaires de hauts revenus
peuvent épargner alors que les groupes les plus pauvres consomment l’intégralité de leurs revenus.
2) Quand l’équité se substitue à l’égalité:
Il existe deux principes de justice, la justice « commutative » ou la justice « distributive ». Si la première
est fondée sur l’égalité de droit, la réciprocité et l’échange d’équivalents, la seconde repose sur l’idée que
certains peuvent recevoir plus en fonction de leurs besoins et des handicaps dont ils pourraient souffrir. On
parle aussi de « justice corrective » ou « différentielle » puisque sa mise en œuvre est destinée à corriger des
inégalités.
John Rawls dans sa ……………………………………… (1971) parle à cet égard de « principe de
différence » : certaines inégalités sont justes dès lors qu’elles améliorent la situation des plus
………………………….
En effet, face aux difficultés de l’Etats-Providence et donc, à travers lui de la démocratie sociale, certains
proposent aujourd’hui de substituer aux droits-créances universels ( égalité de droits ), des droits
conditionnels fondés sur le principe d’équité. (Alain Minc dans La France de l’an 2000 ( rapport au premier
ministre) 1994 ; s’inspire de Rawls pour lancer en France le débat sur la nécessaire redéfinition des
principes de justice en France autour de la notion d’…………….. ).
En effet, dans un contexte de croissance ralentie, de chômage massif, de difficultés de financement de la
sécurité sociale, il semble difficile de servir à tous des prestations uniformes. D’où l’idée d’en limiter
l’accès à ceux qui en ont le plus besoin, de façon à compenser les handicaps d’une partie de la population :
on parle de « …………………………. …………………. » (exemple des Zones d’Enseignement
Prioritaires (ZEP), des allocations sous conditions de ressources…).
L’Etat devient sélectif dans l’aide qu’il apporte, en différenciant les individus. Cette politique peut
également permettre de lutter contre la discrimination par l’instauration de quotas, comme pour l’entrée des
élèves de diverses communautés ethniques dans les universités américaines (affirmative action), ou par la
mise en place, comme en France, d’une parité homme-femme sur les listes électorales.
3) Le débat sur la lutte contre la pauvreté:
Doit-on aider les pauvres ? Cette question illustre depuis plus de deux siècles, les dilemmes de la justice
sociale. La logique économique conduisait Thomas Malthus, en 1803, à s’élever contre les lois pour les
pauvres. Fournir un minimum vital, c’est partager, et donc s’appauvrir soi-même. C’est aussi accroître le
nombre depauvres en ne les incitant pas à travailler.
Mais la devise républicaine nous conduit à une autre logique : rechercher l’égalité mais aussi la solidarité
(« fraternité »). Ainsi, au nom de la cohésion sociale, il faut aider les plus démunis.
Aujourd’hui encore, avec le débat sur le RMI, s’opposent une vision sociale et une vision économique de
l’inégalité. Le RMI, pour certains, enferme les individus dans des « …………. à pauvreté ». L’approche
sociologique du travail montre que le RMI permet aussi le lien avec les autres et la reconnaissance sociale.