DOSSIER DE PRESSE_Lemming
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DOSSIER DE PRESSE_Lemming
Festival de Cannes 2005 Film d’Ouverture – En compétition Diaphana Films présente Un film de Dominik Moll avec Laurent Lucas Charlotte Gainsbourg Charlotte Rampling André Dussollier Durée : 2h09 Sortie le 11 mai 2005 Distribution Diaphana 155, rue du Faubourg Saint-Antoine 75011 Paris Tél. : 01 53 46 66 66 A Cannes : 8 rue des Frères Casanova Tél. : 04 93 68 19 76 Presse Jérôme Jouneaux, Isabelle Duvoisin & Matthieu Rey 6, rue d’Aumale – 75009 Paris Tél. : 01 53 20 01 20 A Cannes : Hôtel Résidéal – 11 rue Bertrand Lépine Tél. : 04 93 39 25 08 Ventes Internationales Celluloid Dreams 2, rue Turgot – 75009 Paris Tél. : 01 49 70 03 70 - Fax : 01 49 70 03 71 A Cannes, Stand N7 Riviera Tél. : 04 92 99 32 46 - Fax : 04 92 99 32 48 Les photos sont téléchargeables sur : www.diaphana.fr Presse Internationale Vanessa Jerrom 6-8 rue du Général Ferié 06400 Cannes Tél./Fax : 04 93 94 32 40 SYNOPSIS Alain Getty, jeune et brillant ingénieur en domotique, et sa femme Benedicte récemment installés dans une nouvelle ville, reçoivent à dîner le patron d’Alain, Richard Pollock, et son épouse Alice. Cette rencontre ne sera pas sans conséquences sur l'harmonie du jeune couple. La découverte du cadavre d’un mystérieux rongeur dans l’évacuation bouchée de leur évier n’arrange pas les choses et annonce l’irruption de l’irrationnel dans ce qui était jusqu'alors une vie bien rangée. Entretien avec DOMINIK MOLL D'où est venue l'idée de cette étrange histoire ? Du lemming. C'est un animal qui parce qu'il est vecteur de fantasmes me fascine depuis mon enfance. J’ai grandi en Allemagne où, comme dans les pays scandinaves et anglo-saxons, les étranges migrations de masse et les soi-disant suicides collectifs de ce petit rongeur sont connus du grand public. Au départ, il y avait juste cette image d’un type qui démonte le siphon de son évier bouché et qui aperçoit un truc curieux, il tire dessus et se retrouve avec un lemming dans la main. Comment cet animal qui vit uniquement dans le nord de la Scandinavie a-t-il pu atterrir là ? L'idée était de partir du quotidien, d'un événement banal, un évier bouché, pour dériver vers des univers plus troubles, avec des incursions vers le fantastique. Je voulais aussi développer l'idée d'un personnage qui pense tout contrôler dans son boulot et dans sa vie sentimentale, qui pense que le contrôle est garant de bonheur, et qui petit à petit perd ses repères. C’est précisément à Alain, ingénieur en domotique, un domaine où l’on essaie de tout contrôler, même à distance, que les choses vont échapper progressivement. Vous avez peaufiné ce projet pendant près de trois ans. Quelles ont été les grandes étapes du scénario ? Dans un premier temps, j’ai écrit une version où les deux couples étaient déjà présents, mais, pour différentes raisons, Bénédicte et Alain partaient sur les traces du lemming au fin fond de la toundra scandinave, et là, ils tombaient sur la fameuse migration… On perdait le fil de l'histoire, et j'étais moi-même un peu perdu ! Avec Gilles Marchand, on a préféré ramener l'action en France pour se concentrer sur l'étrangeté de la relation entre les deux couples, et approfondir l'idée d’aliénation chez Bénédicte qui devient pour Alain quelqu’un d’autre. On pouvait ainsi développer autour d’Alain le thème de la perte de contrôle. Et le personnage d'Alice a pris alors toute son importance. À quel moment avez-vous senti que vous teniez votre histoire ? Quand on a trouvé la séquence du lac où Bénédicte rejoue la scène de séduction qu’Alain a vécu avec Alice. Une scène déterminante où une étrange fusion s'opère entre les deux personnages féminins. À ce moment de l'histoire, Alain ne sait plus très bien qui il a en face de lui, avec tout ce que cela peut avoir d’inquiétant et en même temps d’excitant pour lui. Avec la découverte de cet inquiétant “lemmus lemmus” dans le siphon d'un évier bouché vous créez une attraction immédiate. Le lemming symbolise un peu le grain de sable qui commence à faire déraper la machine, un signe avant-coureur de l’étrangeté qui s'annonce. Mais l’étrange n’est pas là où on l’attend. Le mystère du lemming trouve une explication finalement assez banale. On pourrait presque dire que c’est une fausse piste, en même temps il est important parce qu’il prépare le terrain pour l’irruption de l’irrationnel dans un domaine à priori plus normal, celui du couple. L'imminence d'un danger que l’on pressent crée une tension permanente. Le film, en présentant tantôt le point de vue d'Alain et tantôt le point de vue de Bénédicte, trouble le spectateur. Comme les personnages, on est saisi d'une sorte de vertige. Je me souviens d’un plaisir de cinéma très particulier que j’ai éprouvé à 12 ans en voyant par hasard et pour ainsi dire par erreur SATYRICON de Fellini. Je ne comprenais rien, j’étais perdu mais fasciné, comme dans un long rêve. Ce film m’a longtemps hanté parce qu’il fonctionnait selon une logique à laquelle je n’étais pas habitué. Ce qui me plaît, c’est d’amener le spectateur à se questionner en permanence, lui ouvrir des portes, puis en refermer certaines pour en entrouvrir d'autres… L'important est de ne pas laisser le spectateur en plan à la fin, il doit pouvoir retomber sur ses pieds, et retrouver à des moments précis toute la logique de l'histoire. Mais pour goûter au film, il faut accepter de se perdre, comme dans une ville étrangère, où il est souvent plus agréable de s'égarer plutôt que de suivre les itinéraires convenus des guides touristiques. J’aime situer mon histoire sur la crête entre réalité et rêve, sans que ce soit trop clairement identifié comme quelque chose d’imaginé ou de rêvé. Dans cette zone trouble où l’on peut trouver des repères de la réalité, mais en ayant perdu le sens de qui l’on est et où l’on est vraiment. LEMMING est un film plus sombre et plus grave que HARRY tout en maintenant un aspect ludique et un humour sous-jacent. Ce pauvre Alain par exemple, qu’est-ce qu’il se prend ! Oui, il y a dans l’accumulation des coups que se prend Alain quelque chose d’assez jouissif. Il se casse le bras, il se fait piétiner par une horde de lemmings, il ne reconnaît plus sa femme, son patron l’humilie, il se fait mordre à la main, il se défonce le crâne et même sa web-cam volante finit par ne plus lui obéir. Pour quelqu’un qui aime être dans le contrôle, ça fait beaucoup ! Je me suis amusé à appliquer le principe scénaristique “quand ton personnage est à terre, frappe-le !” Alain et Bénédicte représentent l'archétype du couple modèle à l'image de leur pavillon tout équipé ! Harmonie sentimentale, entente sexuelle, réussite sociale, désir de progéniture. Mais il semblerait qu’il n'y a pas de bonheur tranquille… Non, il faut être vigilant, rien n'est jamais acquis. Est-on jamais sûr de savoir qui l'on a en face de soi ? Et sait-on vraiment ce qui se passe dans la tête de l’autre ? On pense se connaître et tout d’un coup, quand le couple commence à battre de l’aile, on n’en est plus tellement sûr. C’est un peu ce que dit Alice en questionnant Bénédicte, “Vous n’avez pas peur du jour où ça ira moins bien ?” On est tous concernés par cette interrogation à laquelle on refuse souvent de se confronter, parce qu'on aimerait que tout soit idéal. Alain, pris par son boulot, se repose un peu sur ses lauriers, il ne se pose plus de questions, il pense que tout est acquis, c’est sans doute pour cela que tout lui tombe sur la tête. Bénédicte est plus disponible pour se laisser aller à ce genre d'interrogation. Du coup, il me paraissait plus logique que les choses partent d’elle. Comment avez-vous imaginé le rapport entre les deux femmes Bénédicte et Alice ? Nous nous sommes beaucoup posé la question de savoir si le changement de comportement de Bénédicte était dû au fait qu'elle s'identifiait de façon excessive, voire pathologique, à Alice, ou bien si Alice prenait réellement possession de l'esprit de Bénédicte. Bref, nous nous demandions s'il fallait nous tenir à une lecture psychologique ou si nous devions privilégier une approche plus fantastique. C’est cette dernière solution qui nous a paru plus cinématographique et plus riche. Mais le film ne se limite pas à une histoire de fantôme. Non elle parle surtout de fantasmes et de peurs. Le fantastique n’était pas un but en soi, mais il nous a permis de donner sa structure narrative au film. La prise de possession se fait en plusieurs étapes : la violence d’Alice et de son couple, ainsi que son suicide ébranlent Bénédicte et la rendent perméable, elle devient un terrain où la personnalité d’Alice peut s’immiscer. La nuit, lorsque Bénédicte monte dans la chambre d’amis, on peut se raconter qu’Alice s’engouffre en elle, puis il y a une période transitoire où l'on a l’impression qu’Alice est en sommeil en elle, avec des moments d’irruption qui provoquent un dérèglement du comportement chez Bénédicte, jusqu’à ce qu’elle échappe complètement à Alain en allant coucher avec Pollock. Finalement on voit Alice se substituer réellement à Bénédicte, pour inciter Alain à tuer Pollock. Mais même s'il s'agit d'une lecture possible, je ne voulais pas qu'elle interdise d'autres interprétations. On peut aussi se demander si tout cela ne vient pas d’Alain qui mélange les deux femmes dans son esprit. L’idée qu’Alice prenne possession de Bénédicte pour pousser Alain à tuer Pollock nous permettait d’illustrer de manière assez concrète la peur et en même temps le désir d’Alain de voir sa femme devenir une autre. Le changement de personnalité de Bénédicte peut très bien être fantasmé par Alain. Cela traduirait d’une part sa crainte de voir son couple prendre le chemin de celui des Pollock. D’autre part le fait de mélanger les deux lui permet d’avoir et l’une et l’autre. Ce serait sa façon de s’arranger pour accepter son désir pour Alice, sans culpabiliser. En fait, dans cette histoire, le danger vient des rêves et des fantasmes des uns et des autres. Oui, on pourrait dire qu’au contact du couple Pollock, et notamment d’Alice, le fantasme s’empare d’Alain, créant un danger encore plus fort qu’une menace réelle, comme une invasion de lemmings, par exemple ! À force de tout contrôler, Alain désire peut-être inconsciemment que les choses lui échappent, pour mettre du piquant dans sa vie. L’offre d’abandon total d’Alice (“vous pouvez faire de moi ce que vous voulez”) le trouble parce qu’elle est à l’inverse de son fonctionnement à lui. Même s’il refuse de se laisser aller, c'est trop tard, à présent le ver est dans le fruit, le fantasme se met en marche. Finalement ça ne lui déplairait pas que Bénédicte ait un peu d’Alice en elle. Mais lorsque ça arrive, il prend peur parce qu’il ne la reconnaît plus. Alice est le personnage le plus énigmatique. Sans Alice, il n’y aurait pas d’histoire, c’est elle le lemming ! C’est elle qui déclenche tout. Elle essaye de séduire Alain puis elle sème le doute auprès de Bénédicte sur la fidélité de son mari. Mais ce n’est pas une calculatrice, elle n'est pas maléfique, il n’y a pas chez elle de préméditation à leur faire du mal. Elle navigue à vue. Alice est dans un état de souffrance, et la vision de ce petit couple modèle lui renvoie l'image de son propre échec. Elle voudrait leur nuire, et en même temps elle les envie. C’est aussi parce qu’elle est perdue et seule, et parce qu’elle est en demande qu’elle va trouver Bénédicte. Et lorsqu’elle vient dans le labo et tente de séduire Alain, elle ne vient pas en dominatrice qui voudrait s'emparer de ce jeune mec propre sur lui. Elle se met elle aussi en danger, son désir pour Alain est réel et a quelque chose de désespéré et de très vulnérable. Alain s’efforce de garder le contrôle, mais plus le film avance, plus il perd ses repères… Il pense être un type bien, il n'a pas cédé à la tentation et se dit, “je me suis ressaisi, j’ai bien fait, on ne trompe pas sa femme…” Mais quand Pollock lui rentre dedans parce qu’il n’a pas couché avec Alice, là le pauvre Alain ne comprend plus rien. Pollock remet son système de valeurs et de morale en question. Alain se rend compte qu’il n’y a pas de certitudes, et là, une autre culpabilité commence à poindre, car il aurait peut-être pu aider à sauver cette femme. Richard Pollock a lui aussi sa part de mystère. Je trouvais amusant de lui inventer une double vie, chef d’entreprise irréprochable, et “homme à putes”, comme dit Alice. Il s’est forgé sa propre morale, celle qui lui permet de fréquenter des call-girls sous le nez de sa femme, et de se mettre en colère parce que son employé n’a pas voulu coucher avec elle. J’aime beaucoup ce moment où il se met en colère parce qu’il montre que même dans ce couple en bout de course, qui aux yeux d’Alain ne semble fonctionner que sur du mépris mutuel, les choses ne sont pas si simples. Lors de notre première rencontre, j'ai dit à André Dussollier que Pollock est à un moment donné de sa vie où il a décidé de passer outre le sentiment de culpabilité. Sur sa culpabilité d'avoir essayé de tuer Alice il y a 20 ans ? Oui, mais on ne saura pas vraiment ce qui s'est passé entre eux. L'important était que l’on sache qu'il y avait aussi eu dans ce couple une réelle passion couplée à une réelle violence, quelque chose de très destructeur dont ils étaient tous les deux les acteurs. Cette passion destructrice peut aussi avoir quelque chose d’enviable pour Alain qui est dans une relation très équilibrée mais un peu pépère. La destruction peut avoir un grand pouvoir d’attraction. Autant l'histoire joue de l'irrationnel, autant sa forme est rigoureuse et implacable. Le fait de jouer sur l’imaginaire, l’inconscient, l’irréel et l'irrationnel, impose une mise en scène au carré, très contrôlée. Un peu comme dans ces tableaux de Chirico qui représentent l'évocation d'un fantasme à l’intérieur de tableaux aux contours extrêmement précis. J’ai eu la chance de pouvoir tourner une partie du film en studio, qui permet ce travail de précision. À la pénombre des intérieurs, vous opposez des paysages pyrénéens lumineux. Je voulais une lumière d'une grande clarté pour les extérieurs, toujours dans le sens des toiles de Chirico, avec une géométrie carrée, des murs blancs pour le pavillon d'Alain et Bénédicte, lieu des fantasmes. On a tourné dans le Sud pour que ce pavillon avec jardin soit baigné de lumière. La météo n’était pas toujours de notre côté, mais elle nous a apporté un autre élément, le vent, qui est assez présent dans le film et qui amène un souffle d’irrationnel qui s’immisce dans ce paisible quartier résidentiel. Comme quoi ça peut être bénéfique que certaines choses nous échappent et que l’on ne contrôle pas tout ! Comme dans HARRY, on sent que vous apportez un soin particulier au travail sur le son. Oui, le travail sur le son me passionne. Il peut apporter énormément à l’atmosphère d’un film. Avec Gérard Hardy, le monteur son, nous avons travaillé dans le sens de la précision, se dirigeant vers une bande son très dépouillée. Ce travail était assez délicat, car plus la bande son est dépouillée, plus le moindre événement sonore qu’on rajoute prend de l’importance, comme le bruit de la machine à café qui ponctue les silences pendant la conversation entre Alice et Bénédicte. Au milieu de cette bande son assez épurée, les scènes chargées en sons comme la découverte des lemmings dans la cuisine, avec ses milliers de petits cris, prennent encore plus de poids, deviennent encore plus cauchemardesques. Vous avez à nouveau travaillé avec le compositeur David Whitaker. J’ai demandé à David de composer une musique presque suspendue, flottante, quasiment sans mélodie, pour accentuer le sentiment d’incertitude qui plane sur le film. Ses orchestrations sont magnifiques et amènent une couleur très particulière au film. Il y a également une composition de Ligeti, et “Le Beau Danube Bleu”. On pense à Kubrick ? Le Beau Danube Bleu est la première chose qui m’est venu à l’esprit lorsque je me suis demandé ce qu’Alain pourrait chantonner sous la douche. Après il me semblait logique de le réutiliser au moment où le couple roule vers la montagne, à un moment où tout semble être rentré dans l’ordre, pour rappeler l’idylle du début du film. J’avoue que j’avais un peu peur qu’on me reproche la connotation “Kubrickienne” mais ça fonctionnait tellement bien que je me suis dit “et merde !”… Le Continuum de Ligeti qu’on entend sur la scène du meurtre m’a accompagné dès l’écriture du scénario. Là encore il s’agit d’une histoire de contrôle. C’est un morceau pour deux pianos mécaniques, frénétique et répétitif, paraissant complètement débridé et hors contrôle, alors que les deux pianos sont pilotés par ordinateur, c’est de la musique purement mécanique, il ne peut donc pas exister quelque chose de plus contrôlé ! Ce contraste me plaisait beaucoup par rapport à la thématique du film. La narration est tissée de correspondances. Certaines scènes se font écho. Au début du film, par exemple, Alain est témoin d’une scène où un enfant se fait gifler par son père et plus tard, il sera lui-même humilié. Tout le travail sur le scénario consiste à rechercher la cohérence du monde que décrit le film. Ce travail fait surgir des correspondances et les différents éléments finissent par résonner les uns par rapport aux autres. En effet, quand Pollock ramène la caméra cassée en disant, “Je ne pensais pas que vous seriez aussi puéril”, Alain se prend une baffe à sa manière. C'est encore un enfant qui fait mumuse avec ses caméras volantes, et qui a voulu s’immiscer dans le monde des adultes où tout devient un peu trop compliqué pour lui. De la même manière, Alain, qui a été témoin de l'humiliation du fils du voisin, se fera humilié par Bénédicte sous le regard de ce même garçon. À côté de cela, il y a aussi des correspondances plus ludiques, par exemple le fait que Pollock mentionne la cuisine au gaz pendant la scène du dîner alors qu'Alain se servira précisément du gaz pour faire exploser la maison de son patron à la fin du film ! Comment avez-vous constitué votre distribution ? Dans un premier temps, pour le rôle d’Alain, je m’étais interdit de penser à Laurent Lucas, parce qu’il avait déjà joué dans HARRY, et que je me disais un peu bêtement qu’il fallait changer de comédiens à chaque film. Mais petit à petit, Laurent s'est à nouveau imposé dans ma tête. Chez Laurent, il y a toujours une force qui se dégage, une force tranquille. Sa manière d’encaisser les coups qu’il se prend fait qu’on ne tombe jamais dans la victimisation. Il rend parfaitement le côté assez droit de son personnage, d’une nature candide qui l'empêche de prendre conscience et formuler trop vite tout ce qui lui arrive. Depuis MELO d’Alain Resnais, j’ai toujours eu envie de travailler avec André Dussollier, et j’ai tout de suite pensé à lui pour le personnage de Pollock. Je me souviens lui avoir dit que son personnage était un homme débarrassé de tous complexes. André a été emballé, " Ah, c'est formidable, enfin un homme sans complexe !" Je me régalais de voir avec quel plaisir il s'emparait de son rôle. Je savais que Charlotte Rampling allait magnifier cette alliance de séduction, de trouble et de détresse qu'exigeait le personnage d'Alice. Elle l'a abordée frontalement, sans jamais se soucier de son apparence physique pour interpréter cette femme en crise. Elle lui donne une attraction et une vulnérabilité bouleversante. Le fait de cacher son regard légendaire derrière des lunettes noires pendant toute la scène du dîner l’amusait beaucoup. Nous lui avons également proposé de rallonger ses cheveux pour accentuer la fragilité de son personnage et pour rapprocher sa silhouette de celle de Bénédicte. J'ai découvert chez Charlotte Gainsbourg un mélange de fragilité et de grande force qui convenait parfaitement au personnage de Bénédicte. Son rôle était compliqué parce qu’il est souvent sur la tranche. Il fallait en permanence se poser la question jusqu'à quel point elle était censé être elle-même ou sous l’emprise d’Alice. Charlotte a réussi à faire exister avec une grande sobriété quelque chose de troublant et d’extrêmement ambiguë. Il y a une certaine parenté entre les deux Charlotte, leur silhouette élancée, leur origine anglo-saxonne, leur jeu tout en retenu, tout cela convenait parfaitement à l’idée qu’elles interprètent deux personnages qui n’en deviennent qu’un. Il va sans dire que le fait qu’elles aient le même prénom n’était pas pour me déplaire ! Les quatre comédiens n’avaient jamais travaillé ensemble ? Non, c’était la première fois. C’est assez excitant de former une nouvelle association de comédiens, surtout avec ces quatre-là ! Les Acteurs LAURENT LUCAS - ALAIN «A la lecture du scénario de LEMMING, j'ai retrouvé la même construction mathématique que dans “HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN”. J'avais, là aussi, l'impression d'assister à une expérience voisine de “La Dispute” de Marivaux. Parmi les thèmes développés dans cette histoire, j'ai été particulièrement touché par l'extrême fragilité du couple. Ma réflexion personnelle sur le sujet m'a suffi à comprendre le texte de Dominik Moll et de son co-scénariste Gilles Marchand, dès la première lecture ! Alain, mon personnage vit un grand bouleversement. Il est à l'heure du choix. De quel métal est-il réellement fait ? il est ingénieur en domotique, un domaine où l’on essaie de tout contrôler… Et pourtant… Le cerveau humain est encore trop complexe pour y déplacer une webcam ! Copyright : Philippe QUAISSE Tous ces événements qui surgissent dans la vie d'Alain et Bénédicte menacent l'harmonie de ce “couple modèle”. Est-ce qu'il ne leur manque pas quelque chose… D'où le drame ! Alain est fasciné par son patron, Richard Pollock, un personnage auquel il n'aimerait pourtant pas ressembler. Et il est troublé par Alice, la femme de Pollock. En tentant de le séduire, elle ouvre une brèche dans l’inconscient d’Alain, elle ouvre la voie à ses fantasmes, à son désir… “Vous pouvez faire de moi ce que vous voulez”, lui dit-elle, c'est la tentation de Jésus dans le désert de Judée ! Puis elle lui dit une des phrases clé du film, “Le corps dit oui, mais la tête dit non, dommage”. Il est alors confronté à cette question, doit-il transgresser ses propres interdits ? Il croit que s’il se laisse aller à la demande de sexe et d’amour d’Alice, s’il trompe sa femme, son histoire sentimentale avec Bénédicte sera brisée. Mais en fait, en refusant cette partie de lui-même, il place son couple en grande difficulté. Dominik Moll a le don de créer à la fois un univers d'adultes et un univers d'enfants dans lesquels, sous peine d'explosion, nous naviguons tous. Ce fut un vrai plaisir de retrouver Dominik après “Harry…” C'est quelqu'un auquel je pense beaucoup dans ma vie de tous les jours. Il m'a fait confiance, et je lui en serai toujours redevable. Quand à mes partenaires, je suis tombé amoureux des trois ! Par contre, tourner avec un lemming, ça coupe l'appétit !» Filmographie 2005 DE PARTICULIER A PARTICULIER Brice CAUVIN 2005 LEMMING Dominik MOLL 2005 LES INVISIBLES Thierry JOUSSE 2005 CALVAIRE Fabrice DU WELZ 2004 AUTOMNE Ra’up McGEE 2004 TOUT POUR L’OSEILLE Bertrand VAN EFFENTERRE 2003 VIOLENCE DES ECHANGES EN MILIEU TEMPERE Jean-Marc MOUTOUT 2003 TIRESIA Bertrand BONELLO 2003 QUI A TUE BAMBI ? Gilles MARCHAND 2003 ADIEU Arnaud DES PALLIERES 2003 RIRE ET CHATIMENT Isabelle DOVAL 2003 VA, PETITE ! Alain GUESNIER 2002 DANS MA PEAU Marina DE VAN 2000 HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN Dominik MOLL 2000 30 ANS Laurent PERRIN 1999 HAUT LES CŒURS ! Solveig ANSPACH 1999 POLA X Léos CARAX 1999 RIEN SUR ROBERT Pascal BONITZER 1999 LA NOUVELLE EVE Catherine CORSINI 1998 QUELQUE CHOSE D’ORGANIQUE Bertrand BONELLO 1997 J’AI HORREUR DE L’AMOUR Laurence FERREIRA BARBOSA CHARLOTTE GAINSBOURG - Bénédicte «Je savais que Dominik Moll faisait passer des essais à différentes comédiennes pour le rôle de Bénédicte. Il avait besoin d’une actrice qui colle évidemment à son personnage, et à la fois, elle devait s'harmoniser avec les trois autres protagonistes pour pouvoir former un couple avec Alain, un couple avec Richard et aussi un couple singulier avec Alice. Je n'arrivais donc pas en terrain conquis, mais cela renforçait mon désir. On se sent plus volontaire d’avoir à défendre son rôle, c’est agréable. J'ai passé un essai avec la scène du lac, une scène délicate car c'est le moment où Bénédicte devient Alice face à Alain. Ensuite, j’étais inquiète de réussir cette scène à nouveau au tournage. Copyright : Jean-Michel GRARD - QUAISSE Le rôle de Bénédicte m’apparaissait particulièrement difficile. Prendre la peau d’une autre peut facilement paraître ridicule. Ce n’était pas évident d’être sûre de moi car je me sentais toujours en déséquilibre entre le réalisme et l’irrationnel. Etre Bénédicte ou être Alice ? Heureusement, cette étrangeté est confortée par l'ensemble de la mise en scène de Dominik Moll, le choix de ses cadres, de ses éclairages, tout son travail sur le son et le temps qu'il donne à des silences, des regards. Dominik a pris des risques. J'ai été stupéfaite du résultat, le style est si particulier, c’est vraiment couillu ! Et tout paraît crédible dans cette étrange histoire. On n'est pas dans un film d’épouvante, mais déjà à la lecture du scénario, j’avais l’impression d’être transportée par des images, et la peur montait, montait… Et pourtant on ne sait pas précisément d’où vient cette peur. Avant le tournage, je voulais que cette histoire soit absolument claire pour moi. J’allais à la pêche aux renseignements, mais Dominik me laissait, exprès je crois, sans réponses. Alors je me suis inventé une petite ligne narrative sur Bénédicte. Ce jeune couple mène une vie très normale dans sa petite maison. Bénédicte, cette jeune femme plutôt solide qui voit la vie avec simplicité n’est finalement pas vraiment perturbée par l’épisode du dîner. Je trouvais plus intéressant de ne pas laisser supposer que Bénédicte avait une prédisposition à être fascinée par une personne un peu étrange, ou attirée par quelqu’un de très différent d’elle. Je préférais plutôt miser sur sa confusion car, brusquement, quelque chose lui tombe dessus et s’empare d’elle, malgré elle, malgré sa bonne santé mentale. C’est pour cela que l’on peut parler d’une prise de possession de Bénédicte par Alice. Dominik ne voulait pas installer à travers les situations une progression où l'on verrait Bénédicte devenir de plus en plus Alice. Je ne pouvais pas, en fonction de chaque scène, jouer clairement avec des notes différentes qui appartiendraient soit à l’une, soit à l’autre. Cela m’obligeait à être simplement dans l’émotion de l’instant, sans forcer un choix particulier. Au début, je pensais que j’allais pouvoir m’appuyer sur le jeu de Charlotte Rampling. Pour la scène du lac, j’aurais voulu venir sur le plateau quand Charlotte et Laurent ont tourné la scène de séduction au laboratoire pour pouvoir interpréter plus fidèlement les paroles d’Alice. Mais on était interdites de plateau quand l’autre tournait ! On a joué toutes deux l’une à la suite de l’autre la scène où nos personnages apparaissent en surimpression, sans voir ce que l’autre avait fait. Dominik avait raison, C’est beaucoup mieux car il ne s’agit pas de mimétisme, ni d’identification entre nous deux, mais plus une transmission d’inconscient. C’est cette subtilité dans l’ambiguïté fusionnelle entre ces deux femmes que Dominik voulait installer. Il y a un rapport d’amour en tout cas de la part de Bénédicte vers Alice, un rapprochement plus nourri d’empathie et de sensualité que d’admiration. Il m’a demandé un jeu extrêmement précis. Je devais respecter le moindre mot, en faisant tel geste, à tel instant précis. C’était un peu déstabilisant, j’avais l’impression de marcher sur des œufs ! En voyant le film, je comprends sa rigueur. Alain et Bénédicte forment un couple apparemment sans souci depuis trois ans. Mais sont-ils vraiment dans la réalité ? Est-ce vraiment normal d’être si peu inquiet ? Finalement, le couple des Pollock avec toutes leurs névroses est beaucoup plus vivant. En vrai chef d’orchestre, Dominik Moll joue de toutes ces interprétations. On sent qu’il a pensé le sens de chaque réplique, l’allure de chaque déplacement. Et à la fois, il impose une neutralité, une simplicité de jeu, aucune émotion ne doit être appuyée. On croit jouer en dessous de la réalité et pourtant, sur l’écran, tout existe, sans que ce soit artificiel, au contraire, c’est tout à fait réel et en même temps, totalement irréel. C’est tout le thème du film.» Filmographie 2005 THE GOLDEN DOOR Emmanuele CRIALESE 2005 THE SCIENCE OF SLEEP Michel GONDRY 2005 LEMMING Dominik MOLL 2005 L'UN RESTE, L'AUTRE PART Claude BERRI 2004 ILS SE MARIÈRENT ET EURENT BEAUCOUP D'ENFANTS Yvan ATTAL 2004 21 GRAMS Alejandro GONZALEZ INARRITU 2003 ANNA M. Michel SPINOSA 2001 MA FEMME EST UNE ACTRICE Yvan ATTAL 2001 FELIX ET LOLA Patrice LECONTE 2000 PASSIONNEMENT Bruno NUYTTEN 2000 THE INTRUDER David BAILEY 1999 LA BUCHE César du Meilleur Second Rôle Féminin Danièle THOMPSON 1996 LOVE, ETC Marion VERNOUX 1996 ANNA OZ Eric ROCHANT 1996 JANE EYRE Franco ZEFFIRELLI 1994 GROSSE FATIGUE Michel BLANC 1993 THE CEMENT GARDEN Andrew BIRKIN 1992 AMOUREUSE Jacques DOILLON 1991 MERCI LA VIE Bertrand BLIER 1990 IL SOLE ANCHE DI NOTTE Paolo et Vittorio TAVIANI 1990 AUX YEUX DU MONDE Eric ROCHANT 1988 LA PETITE VOLEUSE Claude MILLER 1987 KUNG FU MASTER Agnès VARDA 1986 CHARLOTTE FOR EVER Serge GAINSBOURG 1985 L'EFFRONTEE César du Meilleur Jeune Espoir Féminin Claude MILLER 1985 LA TENTATION D'ISABELLE Jacques DOILLON 1984 PAROLES ET MUSIQUE Elie CHOURAQUI CHARLOTTE RAMPLING - Alice «Le film m’a profondément émue ! J'ai retrouvé l’ambiance si particulière du scénario. Cette histoire a la densité et l’ampleur d’une fable mythique, d’une tragédie grecque. Les différents mouvements de ces quatre personnages mus par leur inconscient, par l’irrationnel, trouvent une conclusion qu’eux-mêmes n’ont pas pu prévoir ni contrôler. Dominik Moll est un vrai cinéaste, un artiste. Il est de ceux qui ont un univers particulier, un regard, un don, et ils sont rares… L'acteur habite un personnage qui vit une histoire. Tout est à l’écran, surtout avec ce film. Après, la liberté est laissée au spectateur de recevoir et d’interpréter cette histoire comme il la ressent. Définir mon personnage et donner des explications sur ses actes me semblent dérisoires car je risque d'affaiblir toute la complexité d'Alice. Cette femme est telle qu'elle apparaît dès la première scène du dîner, dans le débordement de la richesse de ses tourments, avec sa faiblesse et sa force. C’est cette force massive qui va l’entraîner dans son acte ultime. Une lucidité extrême dans ce qui pourrait sembler un moment de folie ou de confusion mentale. On peut voir dans le geste d'Alice un sacrifice, qui a lieu précisément dans le pavillon de ce jeune couple, dans cette “petite maison merdique” comme elle dit… Le dernier regard échangé entre Alice et Bénédicte cristallise la prise de possession qui a lieu à cet instant-là entre ces deux Copyright : Philippe QUAISSE femmes. Ce rôle, je le voulais. Sitôt après avoir lu le scénario j'ai appelé Dominik Moll pour lui dire, “je fais ce film”. Personne d’autre ne devait jouer ce rôle. Je comprends cette femme. L’attirance pour un personnage prend son origine dans notre vécu, ou notre invécu… In-vécu par déni, ou inachevé, lorsque l’on a frôlé certaines choses sans y aller en profondeur. Un rôle peut capter tout cela, l’ “encapsuler”, et permet de le fixer, et de le vivre en quelque sorte. J'ai toujours choisi mes rôles parce qu'ils résonnent en moi, parce qu'ils sont des appels. Des appels au danger ou à sa résolution, des appels à la rédemption… Cela oblige parfois à frôler l’impudeur. Dans tout acte créatif, en comédie, en musique, en peinture ou en littérature, le rôle de l’artiste est de livrer dans toute sa splendeur, ou sa terreur, une part d'inconscient qui jaillit et s’exprime. Tout spécialement dans ce film qui est d’une grande maturité. Il y a un désespoir absolu dans le couple de Richard et Alice mais aussi une dignité, même dans la façon dont elle lui envoie un verre dans la figure et la façon dont il le reçoit ! Peu importe de savoir pourquoi ce couple ne va pas bien. Ou pourquoi ne se séparent-ils pas comme souvent on voit des gens se quitter quand ça va mal. Non, pas ce couple-là. Alice dit qu'elle veut voir Richard “crever”. Mais si l’on peut haïr quelqu’un à ce point-là, c’est que l’on est aussi dans un amour fusionnel qui, comme le leur, s’est enraciné au cours d'une longue vie partagée. Alice le sait, Richard doit mourir avec elle. C’est le suicide de leur amour qu’elle met à exécution. Et là, on rejoint la tragédie. Pour ne pas verser dans le mélodrame, il fallait que l’on sente l’émotion à l’intérieur des personnages mais que jamais elle ne soit affichée, et pour cela, Dominik est un guide très précieux. Pour un acteur, c’est enrichissant de travailler avec lui. On peut s'exprimer librement car on est sécurisé par le regard d'un metteur en scène qui possède une vision très précise de son film dans sa tête. L'acteur devient alors l'incarnation de l’idée mentale du réalisateur. Et Dominik est quelqu’un d’habité qui nous permet de nous mettre au service de notre art avec justesse et pudeur. Pour la scène dans le laboratoire où Alice demande Alain s’il a envie de coucher avec elle, il y a l’idée d’un moment de réchauffement humain avec ce jeune homme, quelque chose d’organique surgit. Tout devait se passer dans l’effleurement, car il y a une douceur chez cette femme figée dans sa souffrance. Une demande de tendresse, une fragilité qui s’exprime à fleur de peau. Il n'y a rien de maléfique chez elle, ce n’est pas une dominatrice, ni une dévoreuse. Puis elle finit par dire à Alain, “Le corps dit oui, mais la tête dit non. C'est dommage…” Là, Alice ne s’apitoie pas sur elle-même. Il y avait peut-être pour elle une idée de transmission. Le film met constamment le spectateur en déséquilibre par les différentes interprétations possibles qu’il offre pour chaque situation. C’est le talent de Dominik Moll de créer un puzzle où les dialogues, l'image, le son, la musique, le jeu des acteurs, le montage, tout participe à nous entraîner dans un voyage dans l’inconscient, à la fois étrange et cohérent.» Filmographie 2005 2005 2004 2004 2004 2003 2002 2002 2001 2000 1998 1997 1996 1995 1993 1992 1988 1988 1988 1987 1987 1986 1985 1985 1984 1982 1980 1977 1977 1976 1975 1975 1974 1974 1973 1973 1973 1972 1972 1971 1971 1970 1969 1969 1968 1968 1967 1966 1965 1964 VERS LE SUD LEMMING LES CLÉS DE LA MAISON IMMORTEL CRIME CONTRE L'HUMANITÉ SWIMMING POOL EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ I'LL SLEEP WHEN I'M DEAD SOUS LE SABLE SIGNS & WONDERS LA CERISAIE WINGS OF THE DOVE ASPHALT TANGO HEAD GAME TIME IS MONEY HAMMERS OVER THE ANVIL REBUS PARIS BY NIGHT MORT À L'ARRIVÉE ANGEL HEART MASCARA MAX MON AMOUR Sélection officielle - Festival de Cannes 1986 ON NE MEURT QUE DEUX FOIS TRISTESSE ET BEAUTÉ VIVA LA VIE LE VERDICT STARDUST MEMORIES UN TAXI MAUVE ORCA FOX TROT ADIEU MA JOLIE LA CHAIR DE L'ORCHIDÉE LE PASSAGER YUPPI DU ZARDOZ GIRODANO BRUNO PORTIER DE NUIT L'ASILE LES SIX FEMMES D'HENRI VIII DOMMAGE QU'ELLE SOIT UNE PUTAIN GORKY THE SKIBUM LES DAMNÉS THREE LE SEQUESTRE ISTANBUL, MISSION IMPOSSIBLE LES TURBANS ROUGES GEORGY GIRL ROTTEN TO THE CORE LE KNACK Laurent CANTET Dominik MOLL Gianni AMELIO Enki BILAL Norman JEWISON François OZON Michel BLANC Mike HODGES Francois OZON Jonathan NOSSITER Michaël CACOYANNIS Ian SOFTLEY Nae CARANFIL Anthony HICKOX Paolo BARZMAN Ann TURNER Massimo GUGLIELMI David HARE Rocky MORTON et Annabel JANKEL Alan PARKER Patrick CONRAD Nagisa OSHIMA Jacques DERAY Joy FLEURY Claude LELOUCH Sydney LUMET Woody ALLEN Yves BOISSET Michael ANDERSON Arturo RIPSTEIN Dick RICHARDS Patrice CHEREAU Geoffrey REEVES Adriano CELENTANO John BOORMAN Giulano MONTALDO Liliana CAVANI Roy BAKER Waris HUSSEIN Giuseppe Pattroni GRIFFI Léonard HORN Bruce CLARK Luchino VISCONTI James SLATER Gianfranco MINGOZZI Roger CORMAN Ken ANNAKIN Silvio NARIZZANO John BOULTING Richard LESTER ANDRE DUSSOLLIER - Richard Pollock «Le scénario m'avait emballé, et la vision du film a décuplé mon plaisir. L’évolution de la confrontation entre ces deux couples tisse un suspense psychologique captivant. Pour Alain et Bénédicte, les Pollock symbolisent le couple qu'ils formeront peut-être plus tard… Ces deux jeunes amants entraperçoivent pour la première fois la difficulté d'une vie à deux, et les menaces qui pourraient mettre en danger leur bonheur fragile. Ils se retrouvent face à deux êtres mystérieux, deux êtres qui se sont aimés passionnément, et qui à présent en sont aux règlements de compte sous jacents. On apprend que Richard et Alice Pollock ont frôlé la tentative de meurtre, il y a 20 ans, et pourtant, ils sont toujours ensemble. Ils ne peuvent se déprendre car après toutes ces années, chacun possède en lui une part de la vie de l’autre. Il y a peut-être aussi inconsciemment un côté prédateur chez les Pollock. En entrant dans l'intimité d'Alain et Bénédicte, ne viennent-t-ils pas un peu se défouler de leur misère et de leur souffrance en se repaissant de la virginité de ce jeune couple ? En permanence, Dominik Moll ménage avec talent des temps propices au spectateur pour laisser courir son Copyright : Philippe QUAISSE imagination et s’interroger sur toutes les interprétations possibles. Le film “off” que chacun peut se projeter est passionnant. La relation entre ces deux couples devient tellement fusionnelle qu'ils forment une sorte de troisième corps, un troisième couple fantasmé. Cela me fait penser à cette pièce d’Albee, “Qui a peur de Virginia Woolf”, où un couple évoquait la présence d'un enfant imaginaire, comme une création de leur duo. On peut voir aussi qu’à la faveur de cette rencontre, le jeune couple se “pollockise”, chacun jouant à présent sa propre carte. Et cette première inquiétude sur la difficulté à vivre en couple va résonner jusqu'à la fin du film, lorsque Bénédicte demande à Alain, “Tu m’aimeras encore quand je serai vieille ?” L’interaction fusionnelle entre ces deux couples qui s’intervertissent se double d’un rapprochement du même sexe. Alain a été choisi par Pollock qui voit en lui le jeune homme brillant et intelligent qu’il fut à son âge. Après le drame, une sorte de complicité masculine les unit. En fait, Pollock va aider Alain à devenir adulte. En le faisant profiter de son expérience, il le prévient que la vie connaît des désordres. Pollock sait qu’il n’a pas rendu sa femme heureuse, aussi souhaite-t-il peut-être qu'un autre réussisse là où il a échoué. Cela explique qu’il reproche à Alain de ne pas avoir cédé aux avances d’Alice. C’est sa façon de lui dire, “vous auriez couché avec Alice, j’aurais fermé les yeux, j’aurais été capable de savoir, de comprendre, j’aurai pu lui offrir ce bonheur-là. Voilà ce qu’est l’amour, mon petit Alain, dans sa cruauté, sa monstruosité, mais sa lucidité.” Pollock a un parler vrai. Il expose franchement à Alain sa liaison avec Bénédicte. “Je ne pensais pas que Bénédicte s’intéresserait à un vieux schnock comme moi, et pourtant…” Et Alain doit encaisser cette épreuve, comme une leçon de vie. J’aime bien ces temps forts où les personnages ne prennent pas de gants. Ils n’ont plus de masque, ni de formes dans leur manière. La complexité des sentiments et des rapports humains exposés dans ce film fait preuve d’une belle maturité. Le scénario est bien construit. Rien n’est laissé au hasard. Des images, des symboles se font écho, parfois de façon extrêmement drôle et anodine. Dans la scène d’ouverture du dîner, par exemple, Pollock demande sur un ton banal, “vous cuisinez au gaz ?”, et bien plus tard on découvrira que le gaz est un élément crucial pour Pollock dans la narration. J’aime beaucoup la scène de la description du Lemming, où, par le biais d’un discours animalier, “On pense que ces animaux se suicident, mais tout cela est une théorie romantique, ils meurent simplement par épuisement”, Dominik Moll, en usant habilement de métaphores pour nous éclairer sur le comportement humain, nous renseigne sur le suicide d’Alice qui est aussi celui de son couple. Ayant plus souvent joué les Philinte que les Alceste, j’aime interpréter des personnages comme Pollock qui frappent haut et fort. Pollock n’est pas un horrible bonhomme, il n'est ni graveleux, ni méprisant, au contraire, il ose assumer ce que la vie a fait de lui. Il fallait lui garder de sa superbe. J’avais éprouvé un plaisir semblable au théâtre en jouant “Scènes de la vie Conjugales” de Bergman où les problèmes de couples étaient aussi réglés de façon tranchante et radicale. Sincèrement, je suis heureux d’avoir participé au film d’un metteur en scène qui construit une œuvre. Heureux de cette première rencontre avec Charlotte Rampling, Charlotte Gainsbourg et Laurent Lucas. En sortant de la projection, je me suis dit, “c’est beau que le cinéma français nous offre un tel film !”, et j’ai marché un long moment pour prolonger mon plaisir.» Entretiens réalisés par Gaillac-Morgue Filmographie 2006 UN TICKET POUR L’ESPACE Eric LARTIGAU 2005 MON PETIT DOIGT M'A DIT Pascal THOMAS 2005 LEMMING Dominik MOLL 2004 36, QUAI DES ORFÈVRES Olivier MARCHAL 2004 UN LONG DIMANCHE DE FIANÇAILLES Jean-Pierre JEUNET 2004 AGENTS SECRETS Frédéric SCHOENDOERFFER 2003 TAIS-TOI Francis VEBER 2003 EFFROYABLES JARDINS Jean BECKER 2003 18 ANS APRÈS Coline SERREAU 2001 TANGUY Etienne CHATILIEZ 2001 LA CHAMBRE DES OFFICIERS François DUPEYRON 2001 VIDOCQ PITOFF 2001 UN CRIME AU PARADIS Jean BECKER 2000 AIE Sophie FILLIERES 2000 LES ACTEURS Bertrand BLIER 2000 SCÈNES DE CRIME Frédéric SCHOENDOERFFER 1999 LES ENFANTS DU MARAIS Jean BECKER 1998 VOLEUR DE VIE Yves ANGELO 1997 ON CONNAIT LA CHANSON Alain RESNAIS 1997 UN AIR SI PUR Yves ANGELO 1997 QUADRILLE Valérie LEMERCIER 1996 LE ROMAN D'UN JEUNE HOMME PAUVRE Ettore SCOLA 1994 LE COLONEL CHABERT Yves ANGELO 1994 AUX PETITS BONHEURS Michel DEVILLE 1994 MONTPARNASSE PONDICHERY Yves ROBERT 1993 LES MARMOTTES Elie CHOURAQUI 1993 LA PETITE APOCALYPSE Costa GAVRAS 1992 ROI BLANC, DAME ROUGE Sergei BODROV 1992 UN COEUR EN HIVER César 1993 du Meilleur Acteur dans un Second Rôle Claude SAUTET 1991 SUSHI SUSHI Laurent PERRIN 1990 LA FEMME FARDÉE José PINHEIRO 1990 BORDER LINE Danièle DUBROUX 1988 MON AMI LE TRAITRE José GIOVANNI 1988 L'ENFANCE DE L'ART Francis GIROD 1988 FRÉQUENCE MEURTRE Elisabeth RAPPENEAU 1987 DE SABLE ET DE SANG Jeanne LABRUNE 1986 MÉLO Alain RESNAIS 1986 YIDDISH CONNECTION Paul BOUJENAH 1985 TROIS HOMMES ET UN COUFFIN Coline SERREAU 1984 L'AMOUR PAR TERRE Jacques RIVETTE 1984 STRESS Jean-Louis BERTUCELLI 1984 L'AMOUR À MORT Alain RESNAIS 1984 LES ENFANTS Marguerite DURAS 1984 FRONTIÈRES Léon de WINTER 1983 LIBERTY BELLE Pascal KANE 1983 LA VIE EST UN ROMAN Alain RESNAIS 1982 I WON'T DANCE Edouard MOLINARO 1982 LE BEAU MARIAGE Eric ROHMER 1982 QU'EST CE QUI FAIT COURIR DAVID ? Elie CHOURAQUI 1982 LA TRIPLE MORT DU 3 ÈME PERSONNAGE Helvio SOTO 1981 LES FILLES DE GRENOBLE Joël Le MOIGNÉ 1980 PARADIS PROVISOIRE Andras KOVACS 1980 EXTÉRIEUR NUIT Jacques BRAL 1979 PERCEVAL LE GALLOIS Eric ROHMER 1977 BEN ET BÉNÉDICTE Paula DELSOL 1977 LE COUPLE TÉMOIN William KLEIN 1977 ALICE OU LA DERNIÈRE FUGUE Claude CHABROL 1976 MARIE-POUPÉE Joël SERIA 1975 UN DIVORCE HEUREUX Henning CARLSEN 1975 IL PLEUT SUR SANTIAGO Helvio SOTO 1974 TOUTE UNE VIE Claude LELOUCH 1972 UNE BELLE FILLE COMME MOI François TRUFFAUT DOMINIK MOLL REALISATEUR Après des études à la City University of New York et à l’IDHEC, Dominik Moll réalise six courts-métrages dont " Le gynécologue et sa secrétaire ". Il a depuis réalisé trois longs métrages : 1994 INTIMITE 2000 HARRY UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN Sélection Officielle – Festival de Cannes 2000 2005 LEMMING GILLES MARCHAND CO-SCENARISTE ET CONSEILLER ARTISTIQUE Après HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN, LEMMING marque la deuxième collaboration de Gilles Marchand avec Dominik Moll en tant que co-scénariste et conseiller artistique. Il a également travaillé comme scénariste avec notamment Laurent Cantet (LES SANGUINAIRES et RESSOURCES HUMAINES), Cedric Kahn (FEUX ROUGES et plus récemment L'AVION) et Jean-Paul Rappeneau (BON VOYAGE). En 2003, il réalise son premier long métrage QUI A TUE BAMBI ?, présenté en sélection officielle hors compétition à Cannes et cité aux Césars 2004 dans la catégorie Meilleure première oeuvre de fiction et Meilleur espoir féminin. LISTE ARTISTIQUE Alain GETTY Bénédicte GETTY Alice POLLOCK Laurent LUCAS Charlotte GAINSBOURG Charlotte RAMPLING Richard POLLOCK André DUSSOLLIER Nicolas CHEVALIER Jacques BONNAFFE Francine Véronique AFFHOLDER Le vétérinaire Michel CASSAGNE L’infirmière Florence DESILLE Le médecin de garde Emmanuel GAYET Le fils du voisin Félix GONZALES L’employé des eaux Nicolas JOUHET Bruno Fabrice ROBERT LISTE TECHNIQUE Réalisateur Producteur Scénario Conseiller Artistique Musique Directeur de la photographie Décors Ingénieur du Son Costumes Maquillage Coiffure Supervision effets numériques Montage Montage son Mixage Premier assistant réalisateur Régisseur Directeur de Production Dominik MOLL Michel SAINT-JEAN Dominik MOLL et Gilles MARCHAND Gilles MARCHAND David SINCLAIR WHITAKER Jean-Marc FABRE Michel BARTHELEMY François MAUREL Virginie MONTEL Isabelle PANNETIER Kaatje VAN DAMME Gérald PORTENART Pascal LAURENT Mike FROMENTIN Gérard HARDY Gérard LAMPS Rafaèle RAVINET-VIRBEL Henry LE TURC Catherine LAPOUJADE Une coproduction Diaphana Films/France 3 cinéma avec la participation de Canal + Cinecinema et du Centre National de la Cinématographie avec le soutien de la Région Ile-de-France en association avec la Sofica Soficinéma France 2005 – Durée 2h09 – Format 1,85 - Son Dolby SRD et DTS – Couleur