DOSSIER DE PRESSE_Lemming

Transcription

DOSSIER DE PRESSE_Lemming
Festival de Cannes 2005
Film d’Ouverture – En compétition
Diaphana Films présente
Un film de
Dominik Moll
avec
Laurent Lucas
Charlotte Gainsbourg
Charlotte Rampling
André Dussollier
Durée : 2h09
Sortie le 11 mai 2005
Distribution
Diaphana
155, rue du Faubourg Saint-Antoine
75011 Paris
Tél. : 01 53 46 66 66
A Cannes :
8 rue des Frères Casanova
Tél. : 04 93 68 19 76
Presse
Jérôme Jouneaux, Isabelle Duvoisin
& Matthieu Rey
6, rue d’Aumale – 75009 Paris
Tél. : 01 53 20 01 20
A Cannes :
Hôtel Résidéal – 11 rue Bertrand Lépine
Tél. : 04 93 39 25 08
Ventes Internationales
Celluloid Dreams
2, rue Turgot – 75009 Paris
Tél. : 01 49 70 03 70 - Fax : 01 49 70 03 71
A Cannes, Stand N7 Riviera
Tél. : 04 92 99 32 46 - Fax : 04 92 99 32 48
Les photos sont téléchargeables sur : www.diaphana.fr
Presse Internationale
Vanessa Jerrom
6-8 rue du Général Ferié
06400 Cannes
Tél./Fax : 04 93 94 32 40
SYNOPSIS
Alain Getty, jeune et brillant ingénieur en
domotique, et sa femme Benedicte
récemment installés dans une nouvelle
ville, reçoivent à dîner le patron d’Alain,
Richard Pollock, et son épouse Alice.
Cette rencontre ne sera pas sans
conséquences sur l'harmonie du jeune
couple.
La découverte du cadavre d’un mystérieux
rongeur dans l’évacuation bouchée de
leur évier n’arrange pas les choses et
annonce l’irruption de l’irrationnel dans
ce qui était jusqu'alors une vie bien
rangée.
Entretien avec DOMINIK MOLL
D'où est venue l'idée de cette étrange histoire ?
Du lemming. C'est un animal qui parce qu'il est vecteur de fantasmes me fascine depuis
mon enfance. J’ai grandi en Allemagne où, comme dans les pays scandinaves et
anglo-saxons, les étranges migrations de masse et les soi-disant suicides collectifs de ce
petit rongeur sont connus du grand public. Au départ, il y avait juste cette image d’un
type qui démonte le siphon de son évier bouché et qui aperçoit un truc curieux, il tire
dessus et se retrouve avec un lemming dans la main. Comment cet animal qui vit
uniquement dans le nord de la Scandinavie a-t-il pu atterrir là ? L'idée était de partir
du quotidien, d'un événement banal, un évier bouché, pour dériver vers des univers
plus troubles, avec des incursions vers le fantastique. Je voulais aussi développer l'idée
d'un personnage qui pense tout contrôler dans son boulot et dans sa vie sentimentale,
qui pense que le contrôle est garant de bonheur, et qui petit à petit perd ses repères.
C’est précisément à Alain, ingénieur en domotique, un domaine où l’on essaie de tout
contrôler, même à distance, que les choses vont échapper progressivement.
Vous avez peaufiné ce projet pendant près de trois ans. Quelles ont été les grandes
étapes du scénario ?
Dans un premier temps, j’ai écrit une version où les deux couples étaient déjà présents,
mais, pour différentes raisons, Bénédicte et Alain partaient sur les traces du lemming
au fin fond de la toundra scandinave, et là, ils tombaient sur la fameuse migration…
On perdait le fil de l'histoire, et j'étais moi-même un peu perdu ! Avec Gilles Marchand,
on a préféré ramener l'action en France pour se concentrer sur l'étrangeté de la
relation entre les deux couples, et approfondir l'idée d’aliénation chez Bénédicte qui
devient pour Alain quelqu’un d’autre. On pouvait ainsi développer autour d’Alain le
thème de la perte de contrôle. Et le personnage d'Alice a pris alors toute son
importance.
À quel moment avez-vous senti que vous teniez votre histoire ?
Quand on a trouvé la séquence du lac où Bénédicte rejoue la scène de séduction
qu’Alain a vécu avec Alice. Une scène déterminante où une étrange fusion s'opère entre
les deux personnages féminins. À ce moment de l'histoire, Alain ne sait plus très bien
qui il a en face de lui, avec tout ce que cela peut avoir d’inquiétant et en même temps
d’excitant pour lui.
Avec la découverte de cet inquiétant “lemmus lemmus” dans le siphon d'un évier
bouché vous créez une attraction immédiate.
Le lemming symbolise un peu le grain de sable qui commence à faire déraper la
machine, un signe avant-coureur de l’étrangeté qui s'annonce. Mais l’étrange n’est pas
là où on l’attend. Le mystère du lemming trouve une explication finalement assez
banale. On pourrait presque dire que c’est une fausse piste, en même temps il est
important parce qu’il prépare le terrain pour l’irruption de l’irrationnel dans un
domaine à priori plus normal, celui du couple.
L'imminence d'un danger que l’on pressent crée une tension permanente. Le film,
en présentant tantôt le point de vue d'Alain et tantôt le point de vue de Bénédicte,
trouble le spectateur. Comme les personnages, on est saisi d'une sorte de vertige.
Je me souviens d’un plaisir de cinéma très particulier que j’ai éprouvé à 12 ans en
voyant par hasard et pour ainsi dire par erreur SATYRICON de Fellini. Je ne comprenais
rien, j’étais perdu mais fasciné, comme dans un long rêve. Ce film m’a longtemps hanté
parce qu’il fonctionnait selon une logique à laquelle je n’étais pas habitué. Ce qui me
plaît, c’est d’amener le spectateur à se questionner en permanence, lui ouvrir des
portes, puis en refermer certaines pour en entrouvrir d'autres… L'important est de ne
pas laisser le spectateur en plan à la fin, il doit pouvoir retomber sur ses pieds, et
retrouver à des moments précis toute la logique de l'histoire. Mais pour goûter au film,
il faut accepter de se perdre, comme dans une ville étrangère, où il est souvent plus
agréable de s'égarer plutôt que de suivre les itinéraires convenus des guides
touristiques. J’aime situer mon histoire sur la crête entre réalité et rêve, sans que ce soit
trop clairement identifié comme quelque chose d’imaginé ou de rêvé. Dans cette zone
trouble où l’on peut trouver des repères de la réalité, mais en ayant perdu le sens de
qui l’on est et où l’on est vraiment.
LEMMING est un film plus sombre et plus grave que HARRY tout en maintenant un
aspect ludique et un humour sous-jacent. Ce pauvre Alain par exemple, qu’est-ce
qu’il se prend !
Oui, il y a dans l’accumulation des coups que se prend Alain quelque chose d’assez
jouissif. Il se casse le bras, il se fait piétiner par une horde de lemmings, il ne reconnaît
plus sa femme, son patron l’humilie, il se fait mordre à la main, il se défonce le crâne
et même sa web-cam volante finit par ne plus lui obéir. Pour quelqu’un qui aime être
dans le contrôle, ça fait beaucoup ! Je me suis amusé à appliquer le principe
scénaristique “quand ton personnage est à terre, frappe-le !”
Alain et Bénédicte représentent l'archétype du couple modèle à l'image de leur
pavillon tout équipé ! Harmonie sentimentale, entente sexuelle, réussite sociale,
désir de progéniture. Mais il semblerait qu’il n'y a pas de bonheur tranquille…
Non, il faut être vigilant, rien n'est jamais acquis. Est-on jamais sûr de savoir qui l'on a
en face de soi ? Et sait-on vraiment ce qui se passe dans la tête de l’autre ? On pense
se connaître et tout d’un coup, quand le couple commence à battre de l’aile, on n’en
est plus tellement sûr. C’est un peu ce que dit Alice en questionnant Bénédicte, “Vous
n’avez pas peur du jour où ça ira moins bien ?” On est tous concernés par cette
interrogation à laquelle on refuse souvent de se confronter, parce qu'on aimerait que
tout soit idéal. Alain, pris par son boulot, se repose un peu sur ses lauriers, il ne se pose
plus de questions, il pense que tout est acquis, c’est sans doute pour cela que tout lui
tombe sur la tête. Bénédicte est plus disponible pour se laisser aller à ce genre
d'interrogation. Du coup, il me paraissait plus logique que les choses partent d’elle.
Comment avez-vous imaginé le rapport entre les deux femmes Bénédicte et Alice ?
Nous nous sommes beaucoup posé la question de savoir si le changement de
comportement de Bénédicte était dû au fait qu'elle s'identifiait de façon excessive,
voire pathologique, à Alice, ou bien si Alice prenait réellement possession de l'esprit de
Bénédicte. Bref, nous nous demandions s'il fallait nous tenir à une lecture
psychologique ou si nous devions privilégier une approche plus fantastique. C’est cette
dernière solution qui nous a paru plus cinématographique et plus riche.
Mais le film ne se limite pas à une histoire de fantôme.
Non elle parle surtout de fantasmes et de peurs. Le fantastique n’était pas un but en
soi, mais il nous a permis de donner sa structure narrative au film. La prise de
possession se fait en plusieurs étapes : la violence d’Alice et de son couple, ainsi que
son suicide ébranlent Bénédicte et la rendent perméable, elle devient un terrain où la
personnalité d’Alice peut s’immiscer. La nuit, lorsque Bénédicte monte dans la chambre
d’amis, on peut se raconter qu’Alice s’engouffre en elle, puis il y a une période
transitoire où l'on a l’impression qu’Alice est en sommeil en elle, avec des moments
d’irruption qui provoquent un dérèglement du comportement chez Bénédicte, jusqu’à
ce qu’elle échappe complètement à Alain en allant coucher avec Pollock. Finalement
on voit Alice se substituer réellement à Bénédicte, pour inciter Alain à tuer Pollock. Mais
même s'il s'agit d'une lecture possible, je ne voulais pas qu'elle interdise d'autres
interprétations.
On peut aussi se demander si tout cela ne vient pas d’Alain qui mélange les deux
femmes dans son esprit.
L’idée qu’Alice prenne possession de Bénédicte pour pousser Alain à tuer Pollock nous
permettait d’illustrer de manière assez concrète la peur et en même temps le désir
d’Alain de voir sa femme devenir une autre. Le changement de personnalité de
Bénédicte peut très bien être fantasmé par Alain. Cela traduirait d’une part sa crainte
de voir son couple prendre le chemin de celui des Pollock. D’autre part le fait de
mélanger les deux lui permet d’avoir et l’une et l’autre. Ce serait sa façon de s’arranger
pour accepter son désir pour Alice, sans culpabiliser.
En fait, dans cette histoire, le danger vient des rêves et des fantasmes des uns et des
autres.
Oui, on pourrait dire qu’au contact du couple Pollock, et notamment d’Alice, le
fantasme s’empare d’Alain, créant un danger encore plus fort qu’une menace réelle,
comme une invasion de lemmings, par exemple !
À force de tout contrôler, Alain désire peut-être inconsciemment que les choses lui
échappent, pour mettre du piquant dans sa vie. L’offre d’abandon total d’Alice (“vous
pouvez faire de moi ce que vous voulez”) le trouble parce qu’elle est à l’inverse de son
fonctionnement à lui. Même s’il refuse de se laisser aller, c'est trop tard, à présent le
ver est dans le fruit, le fantasme se met en marche. Finalement ça ne lui déplairait pas
que Bénédicte ait un peu d’Alice en elle. Mais lorsque ça arrive, il prend peur parce
qu’il ne la reconnaît plus.
Alice est le personnage le plus énigmatique.
Sans Alice, il n’y aurait pas d’histoire, c’est elle le lemming ! C’est elle qui déclenche tout.
Elle essaye de séduire Alain puis elle sème le doute auprès de Bénédicte sur la fidélité
de son mari. Mais ce n’est pas une calculatrice, elle n'est pas maléfique, il n’y a pas chez
elle de préméditation à leur faire du mal. Elle navigue à vue. Alice est dans un état de
souffrance, et la vision de ce petit couple modèle lui renvoie l'image de son propre
échec. Elle voudrait leur nuire, et en même temps elle les envie. C’est aussi parce qu’elle
est perdue et seule, et parce qu’elle est en demande qu’elle va trouver Bénédicte. Et
lorsqu’elle vient dans le labo et tente de séduire Alain, elle ne vient pas en dominatrice
qui voudrait s'emparer de ce jeune mec propre sur lui. Elle se met elle aussi en danger,
son désir pour Alain est réel et a quelque chose de désespéré et de très vulnérable.
Alain s’efforce de garder le contrôle, mais plus le film avance, plus il perd ses
repères…
Il pense être un type bien, il n'a pas cédé à la tentation et se dit, “je me suis ressaisi, j’ai
bien fait, on ne trompe pas sa femme…” Mais quand Pollock lui rentre dedans parce
qu’il n’a pas couché avec Alice, là le pauvre Alain ne comprend plus rien. Pollock remet
son système de valeurs et de morale en question. Alain se rend compte qu’il n’y a pas
de certitudes, et là, une autre culpabilité commence à poindre, car il aurait peut-être
pu aider à sauver cette femme.
Richard Pollock a lui aussi sa part de mystère.
Je trouvais amusant de lui inventer une double vie, chef d’entreprise irréprochable, et
“homme à putes”, comme dit Alice. Il s’est forgé sa propre morale, celle qui lui permet
de fréquenter des call-girls sous le nez de sa femme, et de se mettre en colère parce
que son employé n’a pas voulu coucher avec elle. J’aime beaucoup ce moment où il se
met en colère parce qu’il montre que même dans ce couple en bout de course, qui aux
yeux d’Alain ne semble fonctionner que sur du mépris mutuel, les choses ne sont pas
si simples. Lors de notre première rencontre, j'ai dit à André Dussollier que Pollock est
à un moment donné de sa vie où il a décidé de passer outre le sentiment de culpabilité.
Sur sa culpabilité d'avoir essayé de tuer Alice il y a 20 ans ?
Oui, mais on ne saura pas vraiment ce qui s'est passé entre eux. L'important était que
l’on sache qu'il y avait aussi eu dans ce couple une réelle passion couplée à une réelle
violence, quelque chose de très destructeur dont ils étaient tous les deux les acteurs.
Cette passion destructrice peut aussi avoir quelque chose d’enviable pour Alain qui est
dans une relation très équilibrée mais un peu pépère. La destruction peut avoir un
grand pouvoir d’attraction.
Autant l'histoire joue de l'irrationnel, autant sa forme est rigoureuse et implacable.
Le fait de jouer sur l’imaginaire, l’inconscient, l’irréel et l'irrationnel, impose une mise
en scène au carré, très contrôlée. Un peu comme dans ces tableaux de Chirico qui
représentent l'évocation d'un fantasme à l’intérieur de tableaux aux contours
extrêmement précis. J’ai eu la chance de pouvoir tourner une partie du film en studio,
qui permet ce travail de précision.
À la pénombre des intérieurs, vous opposez des paysages pyrénéens lumineux.
Je voulais une lumière d'une grande clarté pour les extérieurs, toujours dans le sens
des toiles de Chirico, avec une géométrie carrée, des murs blancs pour le pavillon
d'Alain et Bénédicte, lieu des fantasmes. On a tourné dans le Sud pour que ce pavillon
avec jardin soit baigné de lumière. La météo n’était pas toujours de notre côté, mais
elle nous a apporté un autre élément, le vent, qui est assez présent dans le film et qui
amène un souffle d’irrationnel qui s’immisce dans ce paisible quartier résidentiel.
Comme quoi ça peut être bénéfique que certaines choses nous échappent et que l’on
ne contrôle pas tout !
Comme dans HARRY, on sent que vous apportez un soin particulier au travail sur le
son.
Oui, le travail sur le son me passionne. Il peut apporter énormément à l’atmosphère d’un
film. Avec Gérard Hardy, le monteur son, nous avons travaillé dans le sens de la précision,
se dirigeant vers une bande son très dépouillée. Ce travail était assez délicat, car plus la
bande son est dépouillée, plus le moindre événement sonore qu’on rajoute prend de
l’importance, comme le bruit de la machine à café qui ponctue les silences pendant la
conversation entre Alice et Bénédicte. Au milieu de cette bande son assez épurée, les
scènes chargées en sons comme la découverte des lemmings dans la cuisine, avec ses
milliers de petits cris, prennent encore plus de poids, deviennent encore plus
cauchemardesques.
Vous avez à nouveau travaillé avec le compositeur David Whitaker.
J’ai demandé à David de composer une musique presque suspendue, flottante,
quasiment sans mélodie, pour accentuer le sentiment d’incertitude qui plane sur le
film. Ses orchestrations sont magnifiques et amènent une couleur très particulière au
film.
Il y a également une composition de Ligeti, et “Le Beau Danube Bleu”. On pense à
Kubrick ?
Le Beau Danube Bleu est la première chose qui m’est venu à l’esprit lorsque je me suis
demandé ce qu’Alain pourrait chantonner sous la douche. Après il me semblait logique
de le réutiliser au moment où le couple roule vers la montagne, à un moment où tout
semble être rentré dans l’ordre, pour rappeler l’idylle du début du film. J’avoue que
j’avais un peu peur qu’on me reproche la connotation “Kubrickienne” mais ça
fonctionnait tellement bien que je me suis dit “et merde !”…
Le Continuum de Ligeti qu’on entend sur la scène du meurtre m’a accompagné dès
l’écriture du scénario. Là encore il s’agit d’une histoire de contrôle. C’est un morceau
pour deux pianos mécaniques, frénétique et répétitif, paraissant complètement
débridé et hors contrôle, alors que les deux pianos sont pilotés par ordinateur, c’est de
la musique purement mécanique, il ne peut donc pas exister quelque chose de plus
contrôlé ! Ce contraste me plaisait beaucoup par rapport à la thématique du film.
La narration est tissée de correspondances. Certaines scènes se font écho. Au début
du film, par exemple, Alain est témoin d’une scène où un enfant se fait gifler par
son père et plus tard, il sera lui-même humilié.
Tout le travail sur le scénario consiste à rechercher la cohérence du monde que décrit
le film. Ce travail fait surgir des correspondances et les différents éléments finissent par
résonner les uns par rapport aux autres. En effet, quand Pollock ramène la caméra
cassée en disant, “Je ne pensais pas que vous seriez aussi puéril”, Alain se prend une
baffe à sa manière. C'est encore un enfant qui fait mumuse avec ses caméras volantes,
et qui a voulu s’immiscer dans le monde des adultes où tout devient un peu trop
compliqué pour lui. De la même manière, Alain, qui a été témoin de l'humiliation du
fils du voisin, se fera humilié par Bénédicte sous le regard de ce même garçon. À côté
de cela, il y a aussi des correspondances plus ludiques, par exemple le fait que Pollock
mentionne la cuisine au gaz pendant la scène du dîner alors qu'Alain se servira
précisément du gaz pour faire exploser la maison de son patron à la fin du film !
Comment avez-vous constitué votre distribution ?
Dans un premier temps, pour le rôle d’Alain, je m’étais interdit de penser à Laurent
Lucas, parce qu’il avait déjà joué dans HARRY, et que je me disais un peu bêtement
qu’il fallait changer de comédiens à chaque film. Mais petit à petit, Laurent s'est à
nouveau imposé dans ma tête. Chez Laurent, il y a toujours une force qui se dégage,
une force tranquille. Sa manière d’encaisser les coups qu’il se prend fait qu’on ne
tombe jamais dans la victimisation. Il rend parfaitement le côté assez droit de son
personnage, d’une nature candide qui l'empêche de prendre conscience et formuler
trop vite tout ce qui lui arrive.
Depuis MELO d’Alain Resnais, j’ai toujours eu envie de travailler avec André Dussollier,
et j’ai tout de suite pensé à lui pour le personnage de Pollock. Je me souviens lui avoir
dit que son personnage était un homme débarrassé de tous complexes. André a été
emballé, " Ah, c'est formidable, enfin un homme sans complexe !" Je me régalais de
voir avec quel plaisir il s'emparait de son rôle.
Je savais que Charlotte Rampling allait magnifier cette alliance de séduction, de
trouble et de détresse qu'exigeait le personnage d'Alice. Elle l'a abordée frontalement,
sans jamais se soucier de son apparence physique pour interpréter cette femme en
crise. Elle lui donne une attraction et une vulnérabilité bouleversante. Le fait de cacher
son regard légendaire derrière des lunettes noires pendant toute la scène du dîner
l’amusait beaucoup. Nous lui avons également proposé de rallonger ses cheveux pour
accentuer la fragilité de son personnage et pour rapprocher sa silhouette de celle de
Bénédicte.
J'ai découvert chez Charlotte Gainsbourg un mélange de fragilité et de grande force
qui convenait parfaitement au personnage de Bénédicte. Son rôle était compliqué
parce qu’il est souvent sur la tranche. Il fallait en permanence se poser la question
jusqu'à quel point elle était censé être elle-même ou sous l’emprise d’Alice. Charlotte a
réussi à faire exister avec une grande sobriété quelque chose de troublant et
d’extrêmement ambiguë.
Il y a une certaine parenté entre les deux Charlotte, leur silhouette élancée, leur origine
anglo-saxonne, leur jeu tout en retenu, tout cela convenait parfaitement à l’idée qu’elles
interprètent deux personnages qui n’en deviennent qu’un. Il va sans dire que le fait
qu’elles aient le même prénom n’était pas pour me déplaire !
Les quatre comédiens n’avaient jamais travaillé ensemble ?
Non, c’était la première fois. C’est assez excitant de former une nouvelle association de
comédiens, surtout avec ces quatre-là !
Les Acteurs
LAURENT LUCAS - ALAIN
«A la lecture du scénario de LEMMING, j'ai retrouvé la même construction
mathématique que dans “HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN”. J'avais, là aussi,
l'impression d'assister à une expérience voisine de “La Dispute” de Marivaux.
Parmi les thèmes développés dans cette histoire, j'ai été particulièrement touché par
l'extrême fragilité du couple. Ma réflexion personnelle sur le sujet m'a suffi à
comprendre le texte de Dominik Moll et de son co-scénariste Gilles Marchand, dès la
première lecture !
Alain, mon personnage vit un grand
bouleversement. Il est à l'heure du
choix. De quel métal est-il réellement
fait ? il est ingénieur en domotique,
un domaine où l’on essaie de tout
contrôler… Et pourtant… Le cerveau
humain est encore trop complexe
pour y déplacer une webcam !
Copyright : Philippe QUAISSE
Tous ces événements qui surgissent
dans la vie d'Alain et Bénédicte
menacent l'harmonie de ce “couple
modèle”. Est-ce qu'il ne leur manque
pas quelque chose… D'où le drame !
Alain est fasciné par son patron, Richard Pollock, un personnage auquel il n'aimerait
pourtant pas ressembler. Et il est troublé par Alice, la femme de Pollock. En tentant de
le séduire, elle ouvre une brèche dans l’inconscient d’Alain, elle ouvre la voie à ses
fantasmes, à son désir… “Vous pouvez faire de moi ce que vous voulez”, lui dit-elle, c'est
la tentation de Jésus dans le désert de Judée !
Puis elle lui dit une des phrases clé du film, “Le corps dit oui, mais la tête dit non,
dommage”. Il est alors confronté à cette question, doit-il transgresser ses propres
interdits ? Il croit que s’il se laisse aller à la demande de sexe et d’amour d’Alice, s’il
trompe sa femme, son histoire sentimentale avec Bénédicte sera brisée. Mais en fait, en
refusant cette partie de lui-même, il place son couple en grande difficulté.
Dominik Moll a le don de créer à la fois un univers d'adultes et un univers d'enfants
dans lesquels, sous peine d'explosion, nous naviguons tous.
Ce fut un vrai plaisir de retrouver Dominik après “Harry…” C'est quelqu'un auquel je
pense beaucoup dans ma vie de tous les jours. Il m'a fait confiance, et je lui en serai
toujours redevable.
Quand à mes partenaires, je suis tombé amoureux des trois !
Par contre, tourner avec un lemming, ça coupe l'appétit !»
Filmographie
2005
DE PARTICULIER A PARTICULIER
Brice CAUVIN
2005
LEMMING
Dominik MOLL
2005
LES INVISIBLES
Thierry JOUSSE
2005
CALVAIRE
Fabrice DU WELZ
2004
AUTOMNE
Ra’up McGEE
2004
TOUT POUR L’OSEILLE
Bertrand VAN EFFENTERRE
2003
VIOLENCE DES ECHANGES EN MILIEU TEMPERE
Jean-Marc MOUTOUT
2003
TIRESIA
Bertrand BONELLO
2003
QUI A TUE BAMBI ?
Gilles MARCHAND
2003
ADIEU
Arnaud DES PALLIERES
2003
RIRE ET CHATIMENT
Isabelle DOVAL
2003
VA, PETITE !
Alain GUESNIER
2002
DANS MA PEAU
Marina DE VAN
2000
HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN
Dominik MOLL
2000
30 ANS
Laurent PERRIN
1999
HAUT LES CŒURS !
Solveig ANSPACH
1999
POLA X
Léos CARAX
1999
RIEN SUR ROBERT
Pascal BONITZER
1999
LA NOUVELLE EVE
Catherine CORSINI
1998
QUELQUE CHOSE D’ORGANIQUE
Bertrand BONELLO
1997
J’AI HORREUR DE L’AMOUR
Laurence FERREIRA BARBOSA
CHARLOTTE GAINSBOURG - Bénédicte
«Je savais que Dominik Moll faisait passer des essais à différentes comédiennes pour
le rôle de Bénédicte. Il avait besoin d’une actrice qui colle évidemment à son
personnage, et à la fois, elle devait s'harmoniser avec les trois autres protagonistes pour
pouvoir former un couple avec Alain, un couple avec Richard et aussi un couple
singulier avec Alice. Je n'arrivais donc pas en terrain conquis, mais cela renforçait mon
désir. On se sent plus volontaire d’avoir à défendre son rôle, c’est agréable. J'ai passé
un essai avec la scène du lac, une scène délicate car c'est le moment où Bénédicte
devient Alice face à Alain. Ensuite, j’étais inquiète de réussir cette scène à nouveau au
tournage.
Copyright : Jean-Michel GRARD - QUAISSE
Le rôle de Bénédicte m’apparaissait
particulièrement difficile. Prendre la
peau d’une autre peut facilement
paraître ridicule. Ce n’était pas
évident d’être sûre de moi car je me
sentais toujours en déséquilibre
entre le réalisme et l’irrationnel.
Etre Bénédicte ou être Alice ?
Heureusement, cette étrangeté est
confortée par l'ensemble de la mise
en scène de Dominik Moll, le choix
de ses cadres, de ses éclairages, tout
son travail sur le son et le temps qu'il
donne à des silences, des regards.
Dominik a pris des risques. J'ai été stupéfaite du résultat, le style est si particulier, c’est
vraiment couillu ! Et tout paraît crédible dans cette étrange histoire. On n'est pas dans
un film d’épouvante, mais déjà à la lecture du scénario, j’avais l’impression d’être
transportée par des images, et la peur montait, montait… Et pourtant on ne sait pas
précisément d’où vient cette peur.
Avant le tournage, je voulais que cette histoire soit absolument claire pour moi. J’allais
à la pêche aux renseignements, mais Dominik me laissait, exprès je crois, sans réponses.
Alors je me suis inventé une petite ligne narrative sur Bénédicte. Ce jeune couple mène
une vie très normale dans sa petite maison. Bénédicte, cette jeune femme plutôt solide
qui voit la vie avec simplicité n’est finalement pas vraiment perturbée par l’épisode du
dîner. Je trouvais plus intéressant de ne pas laisser supposer que Bénédicte avait une
prédisposition à être fascinée par une personne un peu étrange, ou attirée par
quelqu’un de très différent d’elle. Je préférais plutôt miser sur sa confusion car,
brusquement, quelque chose lui tombe dessus et s’empare d’elle, malgré elle, malgré
sa bonne santé mentale. C’est pour cela que l’on peut parler d’une prise de possession
de Bénédicte par Alice. Dominik ne voulait pas installer à travers les situations une
progression où l'on verrait Bénédicte devenir de plus en plus Alice. Je ne pouvais pas,
en fonction de chaque scène, jouer clairement avec des notes différentes qui
appartiendraient soit à l’une, soit à l’autre. Cela m’obligeait à être simplement dans
l’émotion de l’instant, sans forcer un choix particulier. Au début, je pensais que j’allais
pouvoir m’appuyer sur le jeu de Charlotte Rampling. Pour la scène du lac, j’aurais voulu
venir sur le plateau quand Charlotte et Laurent ont tourné la scène de séduction au
laboratoire pour pouvoir interpréter plus fidèlement les paroles d’Alice. Mais on était
interdites de plateau quand l’autre tournait ! On a joué toutes deux l’une à la suite de
l’autre la scène où nos personnages apparaissent en surimpression, sans voir ce que
l’autre avait fait. Dominik avait raison, C’est beaucoup mieux car il ne s’agit pas de
mimétisme, ni d’identification entre nous deux, mais plus une transmission
d’inconscient. C’est cette subtilité dans l’ambiguïté fusionnelle entre ces deux femmes
que Dominik voulait installer. Il y a un rapport d’amour en tout cas de la part de
Bénédicte vers Alice, un rapprochement plus nourri d’empathie et de sensualité que
d’admiration. Il m’a demandé un jeu extrêmement précis. Je devais respecter le
moindre mot, en faisant tel geste, à tel instant précis. C’était un peu déstabilisant, j’avais
l’impression de marcher sur des œufs ! En voyant le film, je comprends sa rigueur.
Alain et Bénédicte forment un couple apparemment sans souci depuis trois ans. Mais
sont-ils vraiment dans la réalité ? Est-ce vraiment normal d’être si peu inquiet ?
Finalement, le couple des Pollock avec toutes leurs névroses est beaucoup plus vivant.
En vrai chef d’orchestre, Dominik Moll joue de toutes ces interprétations. On sent qu’il
a pensé le sens de chaque réplique, l’allure de chaque déplacement. Et à la fois, il
impose une neutralité, une simplicité de jeu, aucune émotion ne doit être appuyée. On
croit jouer en dessous de la réalité et pourtant, sur l’écran, tout existe, sans que ce soit
artificiel, au contraire, c’est tout à fait réel et en même temps, totalement irréel.
C’est tout le thème du film.»
Filmographie
2005
THE GOLDEN DOOR
Emmanuele CRIALESE
2005
THE SCIENCE OF SLEEP
Michel GONDRY
2005
LEMMING
Dominik MOLL
2005
L'UN RESTE, L'AUTRE PART
Claude BERRI
2004
ILS SE MARIÈRENT ET EURENT
BEAUCOUP D'ENFANTS
Yvan ATTAL
2004
21 GRAMS
Alejandro GONZALEZ INARRITU
2003
ANNA M.
Michel SPINOSA
2001
MA FEMME EST UNE ACTRICE
Yvan ATTAL
2001
FELIX ET LOLA
Patrice LECONTE
2000
PASSIONNEMENT
Bruno NUYTTEN
2000
THE INTRUDER
David BAILEY
1999
LA BUCHE
César du Meilleur Second Rôle Féminin
Danièle THOMPSON
1996
LOVE, ETC
Marion VERNOUX
1996
ANNA OZ
Eric ROCHANT
1996
JANE EYRE
Franco ZEFFIRELLI
1994
GROSSE FATIGUE
Michel BLANC
1993
THE CEMENT GARDEN
Andrew BIRKIN
1992
AMOUREUSE
Jacques DOILLON
1991
MERCI LA VIE
Bertrand BLIER
1990
IL SOLE ANCHE DI NOTTE
Paolo et Vittorio TAVIANI
1990
AUX YEUX DU MONDE
Eric ROCHANT
1988
LA PETITE VOLEUSE
Claude MILLER
1987
KUNG FU MASTER
Agnès VARDA
1986
CHARLOTTE FOR EVER
Serge GAINSBOURG
1985
L'EFFRONTEE
César du Meilleur Jeune Espoir Féminin
Claude MILLER
1985
LA TENTATION D'ISABELLE
Jacques DOILLON
1984
PAROLES ET MUSIQUE
Elie CHOURAQUI
CHARLOTTE RAMPLING - Alice
«Le film m’a profondément émue ! J'ai retrouvé l’ambiance si particulière du scénario.
Cette histoire a la densité et l’ampleur d’une fable mythique, d’une tragédie grecque.
Les différents mouvements de ces quatre personnages mus par leur inconscient, par
l’irrationnel, trouvent une conclusion qu’eux-mêmes n’ont pas pu prévoir ni contrôler.
Dominik Moll est un vrai cinéaste, un artiste. Il est de ceux qui ont un univers
particulier, un regard, un don, et ils sont rares…
L'acteur habite un personnage qui vit une histoire. Tout est à l’écran, surtout avec ce
film. Après, la liberté est laissée au spectateur de recevoir et d’interpréter cette histoire
comme il la ressent. Définir mon personnage et donner des explications sur ses actes
me semblent dérisoires car je risque d'affaiblir toute la complexité d'Alice. Cette
femme est telle qu'elle apparaît dès la première scène du dîner, dans le débordement
de la richesse de ses tourments, avec sa faiblesse et sa force. C’est cette force massive
qui va l’entraîner dans son acte
ultime. Une lucidité extrême dans ce
qui pourrait sembler un moment de
folie ou de confusion mentale. On
peut voir dans le geste d'Alice un
sacrifice, qui a lieu précisément dans
le pavillon de ce jeune couple, dans
cette “petite maison merdique”
comme elle dit… Le dernier regard
échangé entre Alice et Bénédicte
cristallise la prise de possession qui a
lieu à cet instant-là entre ces deux
Copyright : Philippe QUAISSE
femmes.
Ce rôle, je le voulais. Sitôt après avoir lu le scénario j'ai appelé Dominik Moll pour lui
dire, “je fais ce film”. Personne d’autre ne devait jouer ce rôle. Je comprends cette
femme. L’attirance pour un personnage prend son origine dans notre vécu, ou notre invécu… In-vécu par déni, ou inachevé, lorsque l’on a frôlé certaines choses sans y aller
en profondeur. Un rôle peut capter tout cela, l’ “encapsuler”, et permet de le fixer, et
de le vivre en quelque sorte. J'ai toujours choisi mes rôles parce qu'ils résonnent en
moi, parce qu'ils sont des appels. Des appels au danger ou à sa résolution, des appels
à la rédemption… Cela oblige parfois à frôler l’impudeur. Dans tout acte créatif, en
comédie, en musique, en peinture ou en littérature, le rôle de l’artiste est de livrer dans
toute sa splendeur, ou sa terreur, une part d'inconscient qui jaillit et s’exprime. Tout
spécialement dans ce film qui est d’une grande maturité.
Il y a un désespoir absolu dans le couple de Richard et Alice mais aussi une dignité,
même dans la façon dont elle lui envoie un verre dans la figure et la façon dont il le
reçoit ! Peu importe de savoir pourquoi ce couple ne va pas bien. Ou pourquoi ne se
séparent-ils pas comme souvent on voit des gens se quitter quand ça va mal. Non, pas
ce couple-là. Alice dit qu'elle veut voir Richard “crever”. Mais si l’on peut haïr quelqu’un
à ce point-là, c’est que l’on est aussi dans un amour fusionnel qui, comme le leur, s’est
enraciné au cours d'une longue vie partagée. Alice le sait, Richard doit mourir avec elle.
C’est le suicide de leur amour qu’elle met à exécution. Et là, on rejoint la tragédie.
Pour ne pas verser dans le mélodrame, il fallait que l’on sente l’émotion à l’intérieur
des personnages mais que jamais elle ne soit affichée, et pour cela, Dominik est un
guide très précieux. Pour un acteur, c’est enrichissant de travailler avec lui. On peut
s'exprimer librement car on est sécurisé par le regard d'un metteur en scène qui
possède une vision très précise de son film dans sa tête. L'acteur devient alors
l'incarnation de l’idée mentale du réalisateur. Et Dominik est quelqu’un d’habité qui
nous permet de nous mettre au service de notre art avec justesse et pudeur.
Pour la scène dans le laboratoire où Alice demande Alain s’il a envie de coucher avec
elle, il y a l’idée d’un moment de réchauffement humain avec ce jeune homme,
quelque chose d’organique surgit. Tout devait se passer dans l’effleurement, car il y a
une douceur chez cette femme figée dans sa souffrance. Une demande de tendresse,
une fragilité qui s’exprime à fleur de peau. Il n'y a rien de maléfique chez elle, ce n’est
pas une dominatrice, ni une dévoreuse. Puis elle finit par dire à Alain, “Le corps dit oui,
mais la tête dit non. C'est dommage…” Là, Alice ne s’apitoie pas sur elle-même. Il y avait
peut-être pour elle une idée de transmission.
Le film met constamment le spectateur en déséquilibre par les différentes
interprétations possibles qu’il offre pour chaque situation. C’est le talent de Dominik
Moll de créer un puzzle où les dialogues, l'image, le son, la musique, le jeu des acteurs,
le montage, tout participe à nous entraîner dans un voyage dans l’inconscient, à la fois
étrange et cohérent.»
Filmographie
2005
2005
2004
2004
2004
2003
2002
2002
2001
2000
1998
1997
1996
1995
1993
1992
1988
1988
1988
1987
1987
1986
1985
1985
1984
1982
1980
1977
1977
1976
1975
1975
1974
1974
1973
1973
1973
1972
1972
1971
1971
1970
1969
1969
1968
1968
1967
1966
1965
1964
VERS LE SUD
LEMMING
LES CLÉS DE LA MAISON
IMMORTEL
CRIME CONTRE L'HUMANITÉ
SWIMMING POOL
EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ
I'LL SLEEP WHEN I'M DEAD
SOUS LE SABLE
SIGNS & WONDERS
LA CERISAIE
WINGS OF THE DOVE
ASPHALT TANGO
HEAD GAME
TIME IS MONEY
HAMMERS OVER THE ANVIL
REBUS
PARIS BY NIGHT
MORT À L'ARRIVÉE
ANGEL HEART
MASCARA
MAX MON AMOUR
Sélection officielle - Festival de Cannes 1986
ON NE MEURT QUE DEUX FOIS
TRISTESSE ET BEAUTÉ
VIVA LA VIE
LE VERDICT
STARDUST MEMORIES
UN TAXI MAUVE
ORCA
FOX TROT
ADIEU MA JOLIE
LA CHAIR DE L'ORCHIDÉE
LE PASSAGER
YUPPI DU
ZARDOZ
GIRODANO BRUNO
PORTIER DE NUIT
L'ASILE
LES SIX FEMMES D'HENRI VIII
DOMMAGE QU'ELLE SOIT UNE PUTAIN
GORKY
THE SKIBUM
LES DAMNÉS
THREE
LE SEQUESTRE
ISTANBUL, MISSION IMPOSSIBLE
LES TURBANS ROUGES
GEORGY GIRL
ROTTEN TO THE CORE
LE KNACK
Laurent CANTET
Dominik MOLL
Gianni AMELIO
Enki BILAL
Norman JEWISON
François OZON
Michel BLANC
Mike HODGES
Francois OZON
Jonathan NOSSITER
Michaël CACOYANNIS
Ian SOFTLEY
Nae CARANFIL
Anthony HICKOX
Paolo BARZMAN
Ann TURNER
Massimo GUGLIELMI
David HARE
Rocky MORTON et Annabel JANKEL
Alan PARKER
Patrick CONRAD
Nagisa OSHIMA
Jacques DERAY
Joy FLEURY
Claude LELOUCH
Sydney LUMET
Woody ALLEN
Yves BOISSET
Michael ANDERSON
Arturo RIPSTEIN
Dick RICHARDS
Patrice CHEREAU
Geoffrey REEVES
Adriano CELENTANO
John BOORMAN
Giulano MONTALDO
Liliana CAVANI
Roy BAKER
Waris HUSSEIN
Giuseppe Pattroni GRIFFI
Léonard HORN
Bruce CLARK
Luchino VISCONTI
James SLATER
Gianfranco MINGOZZI
Roger CORMAN
Ken ANNAKIN
Silvio NARIZZANO
John BOULTING
Richard LESTER
ANDRE DUSSOLLIER - Richard Pollock
«Le scénario m'avait emballé, et la vision du film a décuplé mon plaisir.
L’évolution de la confrontation entre ces deux couples tisse un suspense psychologique
captivant.
Pour Alain et Bénédicte, les Pollock symbolisent le couple qu'ils formeront peut-être
plus tard… Ces deux jeunes amants entraperçoivent pour la première fois la difficulté
d'une vie à deux, et les menaces qui pourraient mettre en danger leur bonheur fragile.
Ils se retrouvent face à deux êtres mystérieux, deux êtres qui se sont aimés
passionnément, et qui à présent en sont aux règlements de compte sous jacents. On
apprend que Richard et Alice Pollock ont frôlé la tentative de meurtre, il y a 20 ans, et
pourtant, ils sont toujours ensemble. Ils ne peuvent se déprendre car après toutes ces
années, chacun possède en lui une
part de la vie de l’autre.
Il y a peut-être aussi inconsciemment
un côté prédateur chez les Pollock. En
entrant dans l'intimité d'Alain et
Bénédicte, ne viennent-t-ils pas un peu
se défouler de leur misère et de leur
souffrance en se repaissant de la
virginité de ce jeune couple ? En
permanence, Dominik Moll ménage
avec talent des temps propices au
spectateur pour laisser courir son
Copyright : Philippe QUAISSE
imagination et s’interroger sur toutes
les interprétations possibles. Le film “off” que chacun peut se projeter est passionnant.
La relation entre ces deux couples devient tellement fusionnelle qu'ils forment une
sorte de troisième corps, un troisième couple fantasmé. Cela me fait penser à cette
pièce d’Albee, “Qui a peur de Virginia Woolf”, où un couple évoquait la présence d'un
enfant imaginaire, comme une création de leur duo.
On peut voir aussi qu’à la faveur de cette rencontre, le jeune couple se “pollockise”,
chacun jouant à présent sa propre carte. Et cette première inquiétude sur la difficulté
à vivre en couple va résonner jusqu'à la fin du film, lorsque Bénédicte demande à
Alain, “Tu m’aimeras encore quand je serai vieille ?”
L’interaction fusionnelle entre ces deux couples qui s’intervertissent se double d’un
rapprochement du même sexe. Alain a été choisi par Pollock qui voit en lui le jeune
homme brillant et intelligent qu’il fut à son âge. Après le drame, une sorte de
complicité masculine les unit. En fait, Pollock va aider Alain à devenir adulte. En le
faisant profiter de son expérience, il le prévient que la vie connaît des désordres.
Pollock sait qu’il n’a pas rendu sa femme heureuse, aussi souhaite-t-il peut-être qu'un
autre réussisse là où il a échoué. Cela explique qu’il reproche à Alain de ne pas avoir
cédé aux avances d’Alice. C’est sa façon de lui dire, “vous auriez couché avec Alice,
j’aurais fermé les yeux, j’aurais été capable de savoir, de comprendre, j’aurai pu lui
offrir ce bonheur-là. Voilà ce qu’est l’amour, mon petit Alain, dans sa cruauté, sa
monstruosité, mais sa lucidité.”
Pollock a un parler vrai. Il expose franchement à Alain sa liaison avec Bénédicte. “Je ne
pensais pas que Bénédicte s’intéresserait à un vieux schnock comme moi, et pourtant…”
Et Alain doit encaisser cette épreuve, comme une leçon de vie. J’aime bien ces temps
forts où les personnages ne prennent pas de gants. Ils n’ont plus de masque, ni de
formes dans leur manière. La complexité des sentiments et des rapports humains
exposés dans ce film fait preuve d’une belle maturité. Le scénario est bien construit.
Rien n’est laissé au hasard. Des images, des symboles se font écho, parfois de façon
extrêmement drôle et anodine. Dans la scène d’ouverture du dîner, par exemple,
Pollock demande sur un ton banal, “vous cuisinez au gaz ?”, et bien plus tard on
découvrira que le gaz est un élément crucial pour Pollock dans la narration. J’aime
beaucoup la scène de la description du Lemming, où, par le biais d’un discours
animalier, “On pense que ces animaux se suicident, mais tout cela est une théorie
romantique, ils meurent simplement par épuisement”, Dominik Moll, en usant
habilement de métaphores pour nous éclairer sur le comportement humain, nous
renseigne sur le suicide d’Alice qui est aussi celui de son couple.
Ayant plus souvent joué les Philinte que les Alceste, j’aime interpréter des personnages
comme Pollock qui frappent haut et fort. Pollock n’est pas un horrible bonhomme, il
n'est ni graveleux, ni méprisant, au contraire, il ose assumer ce que la vie a fait de lui.
Il fallait lui garder de sa superbe. J’avais éprouvé un plaisir semblable au théâtre en
jouant “Scènes de la vie Conjugales” de Bergman où les problèmes de couples étaient
aussi réglés de façon tranchante et radicale. Sincèrement, je suis heureux d’avoir
participé au film d’un metteur en scène qui construit une œuvre. Heureux de cette
première rencontre avec Charlotte Rampling, Charlotte Gainsbourg et Laurent Lucas. En
sortant de la projection, je me suis dit, “c’est beau que le cinéma français nous offre un
tel film !”, et j’ai marché un long moment pour prolonger mon plaisir.»
Entretiens réalisés par Gaillac-Morgue
Filmographie
2006
UN TICKET POUR L’ESPACE
Eric LARTIGAU
2005
MON PETIT DOIGT M'A DIT
Pascal THOMAS
2005
LEMMING
Dominik MOLL
2004
36, QUAI DES ORFÈVRES
Olivier MARCHAL
2004
UN LONG DIMANCHE DE FIANÇAILLES
Jean-Pierre JEUNET
2004
AGENTS SECRETS
Frédéric SCHOENDOERFFER
2003
TAIS-TOI
Francis VEBER
2003
EFFROYABLES JARDINS
Jean BECKER
2003
18 ANS APRÈS
Coline SERREAU
2001
TANGUY
Etienne CHATILIEZ
2001
LA CHAMBRE DES OFFICIERS
François DUPEYRON
2001
VIDOCQ
PITOFF
2001
UN CRIME AU PARADIS
Jean BECKER
2000
AIE
Sophie FILLIERES
2000
LES ACTEURS
Bertrand BLIER
2000
SCÈNES DE CRIME
Frédéric SCHOENDOERFFER
1999
LES ENFANTS DU MARAIS
Jean BECKER
1998
VOLEUR DE VIE
Yves ANGELO
1997
ON CONNAIT LA CHANSON
Alain RESNAIS
1997
UN AIR SI PUR
Yves ANGELO
1997
QUADRILLE
Valérie LEMERCIER
1996
LE ROMAN D'UN JEUNE HOMME PAUVRE
Ettore SCOLA
1994
LE COLONEL CHABERT
Yves ANGELO
1994
AUX PETITS BONHEURS
Michel DEVILLE
1994
MONTPARNASSE PONDICHERY
Yves ROBERT
1993
LES MARMOTTES
Elie CHOURAQUI
1993
LA PETITE APOCALYPSE
Costa GAVRAS
1992
ROI BLANC, DAME ROUGE
Sergei BODROV
1992
UN COEUR EN HIVER
César 1993 du Meilleur Acteur dans un Second Rôle
Claude SAUTET
1991
SUSHI SUSHI
Laurent PERRIN
1990
LA FEMME FARDÉE
José PINHEIRO
1990
BORDER LINE
Danièle DUBROUX
1988
MON AMI LE TRAITRE
José GIOVANNI
1988
L'ENFANCE DE L'ART
Francis GIROD
1988
FRÉQUENCE MEURTRE
Elisabeth RAPPENEAU
1987
DE SABLE ET DE SANG
Jeanne LABRUNE
1986
MÉLO
Alain RESNAIS
1986
YIDDISH CONNECTION
Paul BOUJENAH
1985
TROIS HOMMES ET UN COUFFIN
Coline SERREAU
1984
L'AMOUR PAR TERRE
Jacques RIVETTE
1984
STRESS
Jean-Louis BERTUCELLI
1984
L'AMOUR À MORT
Alain RESNAIS
1984
LES ENFANTS
Marguerite DURAS
1984
FRONTIÈRES
Léon de WINTER
1983
LIBERTY BELLE
Pascal KANE
1983
LA VIE EST UN ROMAN
Alain RESNAIS
1982
I WON'T DANCE
Edouard MOLINARO
1982
LE BEAU MARIAGE
Eric ROHMER
1982
QU'EST CE QUI FAIT COURIR DAVID ?
Elie CHOURAQUI
1982
LA TRIPLE MORT DU 3 ÈME PERSONNAGE
Helvio SOTO
1981
LES FILLES DE GRENOBLE
Joël Le MOIGNÉ
1980
PARADIS PROVISOIRE
Andras KOVACS
1980
EXTÉRIEUR NUIT
Jacques BRAL
1979
PERCEVAL LE GALLOIS
Eric ROHMER
1977
BEN ET BÉNÉDICTE
Paula DELSOL
1977
LE COUPLE TÉMOIN
William KLEIN
1977
ALICE OU LA DERNIÈRE FUGUE
Claude CHABROL
1976
MARIE-POUPÉE
Joël SERIA
1975
UN DIVORCE HEUREUX
Henning CARLSEN
1975
IL PLEUT SUR SANTIAGO
Helvio SOTO
1974
TOUTE UNE VIE
Claude LELOUCH
1972
UNE BELLE FILLE COMME MOI
François TRUFFAUT
DOMINIK MOLL
REALISATEUR
Après des études à la City University of New York et à l’IDHEC, Dominik Moll réalise six
courts-métrages dont " Le gynécologue et sa secrétaire ". Il a depuis réalisé trois longs
métrages :
1994
INTIMITE
2000
HARRY UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN
Sélection Officielle – Festival de Cannes 2000
2005
LEMMING
GILLES MARCHAND
CO-SCENARISTE ET CONSEILLER ARTISTIQUE
Après HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN, LEMMING marque la deuxième collaboration de
Gilles Marchand avec Dominik Moll en tant que co-scénariste et conseiller artistique.
Il a également travaillé comme scénariste avec notamment Laurent Cantet (LES SANGUINAIRES et
RESSOURCES HUMAINES), Cedric Kahn (FEUX ROUGES et plus récemment L'AVION) et Jean-Paul
Rappeneau (BON VOYAGE).
En 2003, il réalise son premier long métrage QUI A TUE BAMBI ?, présenté en sélection officielle
hors compétition à Cannes et cité aux Césars 2004 dans la catégorie Meilleure première oeuvre de
fiction et Meilleur espoir féminin.
LISTE ARTISTIQUE
Alain GETTY
Bénédicte GETTY
Alice POLLOCK
Laurent LUCAS
Charlotte GAINSBOURG
Charlotte RAMPLING
Richard POLLOCK
André DUSSOLLIER
Nicolas CHEVALIER
Jacques BONNAFFE
Francine
Véronique AFFHOLDER
Le vétérinaire
Michel CASSAGNE
L’infirmière
Florence DESILLE
Le médecin de garde
Emmanuel GAYET
Le fils du voisin
Félix GONZALES
L’employé des eaux
Nicolas JOUHET
Bruno
Fabrice ROBERT
LISTE TECHNIQUE
Réalisateur
Producteur
Scénario
Conseiller Artistique
Musique
Directeur de la photographie
Décors
Ingénieur du Son
Costumes
Maquillage
Coiffure
Supervision effets numériques
Montage
Montage son
Mixage
Premier assistant réalisateur
Régisseur
Directeur de Production
Dominik MOLL
Michel SAINT-JEAN
Dominik MOLL et Gilles MARCHAND
Gilles MARCHAND
David SINCLAIR WHITAKER
Jean-Marc FABRE
Michel BARTHELEMY
François MAUREL
Virginie MONTEL
Isabelle PANNETIER
Kaatje VAN DAMME
Gérald PORTENART
Pascal LAURENT
Mike FROMENTIN
Gérard HARDY
Gérard LAMPS
Rafaèle RAVINET-VIRBEL
Henry LE TURC
Catherine LAPOUJADE
Une coproduction Diaphana Films/France 3 cinéma
avec la participation de Canal + Cinecinema
et du Centre National de la Cinématographie
avec le soutien de la Région Ile-de-France
en association avec la Sofica Soficinéma
France 2005 – Durée 2h09 – Format 1,85 - Son Dolby SRD et DTS – Couleur