Financement du Régime de rentes du Québec : on en est où ?

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Financement du Régime de rentes du Québec : on en est où ?
La Chronique Pl. fin.
Daniel Laverdière
Financement du Régime de rentes
du Québec : on en est où ?
L
a Régie des rentes du Québec (RRQ)
publiait en décembre 2013 sa dernière analyse triennale actuarielle sur
le financement du Régime de rentes du
Québec. On conclut que les participants
pourront compter sur leurs rentes. En
effet, le taux de cotisation combiné, qui
atteindra 10,80 % en 2017, serait suffisant pour payer les rentes des générations
présentes et futures. Toutefois, le taux
d’équilibre semble maintenant vouloir
s’établir à 11,02 %, notamment en raison
de changements dans les hypothèses.
Pérennité du régime
Le graphique ci-dessous illustre que le
ratio en dollars de la réserve sur une année
de prestations (axe de gauche) devrait
essentiellement osciller entre 2,5 et 3,5
d’ici 2060. Si le taux combiné de cotisation
était demeuré à 9,90 %, le ratio devenait
nul vers 2036. La courbe
verte de la toute récente Naissance
analyse est similaire à
1940
celle suivant l’annonce de
la hausse des cotisations
1950
(courbe en pointillés).
Dans cette étude, les
1960
actuaires ont aussi évalué le taux de rendement
1970
interne (TRI) réel (en
1980
dessous de l’inflation) par
groupe d’âge, en consi1990
dérant les cotisations
salariales et patronales.
2000
Sans surprise, le TRI
TRI
5,9 %
4,0 %
3,0 %
2,2 %
1,9 %
1,8 %
1,8 %
4,5
Ratio réserve/prestations
4,0
3,5
3,0
2,5
2,0
1,5
Analyse actuarielle 2009
Analyse actuarielle 2009 révisée en 2011
1,0
Analyse actuarielle 2012
Résultats réels
0,5
32
avril 2014
2059
20 5 6
2053
20 5 0
20 47
20 4 4
20 41
2 03 8
2035
2032
2029
2026
2023
2020
2017
2014
2011
20 0 8
20 0 5
20 02
1999
1996
0,0
www.conseiller.ca
en collaboration avec
IPC* Salaires
des plus jeunes cohortes est inférieur à
celui des premières. Dans le cadre d’une
analyse salaire-dividende, s’il est naturel
de prendre en compte la dépense que
constitue la cotisation au Régime, il ne
faut pas omettre de considérer une valeur
aux prestations futures qui découleront
du régime.
Des rendements à la baisse
L’analyse utilise un taux d’inflation de
l’ordre de 2,2 % à long terme, jumelé
à une croissance des salaires de 3,3 %.
Il est important d’utiliser ces repères,
notamment quand on tente de projeter le
maximum des gains admissibles (MGA)
futur et par la suite indexer les prestations.
Le taux de rendement réel moyen utilisé dans l’évaluation est de 4,1 % (nominal
2013
2,0 %
2,6 %
2014
2,0 %
2,7 %
2015
2,0 %
2,8 %
2016
2,0 %
2,9 %
2017
2,0 %
3,0 %
2018
2,0 %
3,1 %
2019
2,0 %
3,1 %
2020
2,0 %
3,1 %
2021
2,0 %
3,1 %
2022
2,0 %
3,1 %
2023
2,1 %
3,2 %
2024
2,2 %
3,3 %
2025
2,2 %
3,3 %
6,4 %), ce qui est 0,4 % moins élevé que le
taux de l’analyse actuarielle précédente.
Le tableau ci-dessous illustre les rendements attendus des différentes catégories
d’actifs. Il est intéressant de constater que
ces hypothèses prévoient une période moins
faste pour les titres à revenu fixe pour les
dix prochaines années. Par la suite, le taux
de rendement réel remonte.
L’espérance de vie :
encore une hausse
L’épargne nécessaire à l’indépendance
financière d’une personne est directement
liée à son espérance de vie. L’hypothèse de
mortalité a été passablement modifiée par
deux facteurs :
■■
* I ndice des prix à la consommation
■■
Rendement
réel*
Poids
20132022
Par la
suite
Court terme
0,5 %
-0,1 %
1,2 %
Obligations
20,0 %
0,4 %
2,2 %
Dettes immobilières
6,5 %
0,6 %
2,4 %
Infrastructures
6,0 %
4,8 %
4,8 %
Immobilier
13,0 %
4,8 %
4,8 %
Actions pays développés
34,0 %
4,8 %
4,8 %
Actions marchés en émergence
8,0 %
5,3 %
5,3 %
Placements privés
12.0 %
5,5 %
5,5 %
Amélioration plus soutenue à moyen et
long terme de la mortalité;
Reconnaissance du fait que les
participants ayant un niveau de rente
plus élevé ont une mortalité plus faible.
L’espérance de vie d’un homme de
65 ans, qui devait être de 22,4 années en
2060, est maintenant de 23,7 années en
2062. Pour une femme, on passe de 24,6 à
26,0 années. Le planificateur financier ne
doit pas sous-estimer la survie, notamment
pour les clients plus aisés financièrement
et non fumeurs. Daniel Laverdière, A.S.A., Pl. Fin., est
directeur principal planification financière
et service conseil à la Banque Nationale
Gestion privée 1859.
* Rendement qui excède l’inflation
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avril 2014
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