"Faire réussir l`Université Bretagne Loire est un pari. Il faut de la

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"Faire réussir l`Université Bretagne Loire est un pari. Il faut de la
Dépêche n°532513
Par Diane Scherer
Le 26/02/2016
"Faire réussir l’Université Bretagne Loire est un pari. Il faut de la
confiance" (P. Olivard, candidat à la présidence)
L'Université Bretagne Loire, plus grosse Comue de France,
choisira son président le 25 avril 2016. Deux candidats sont
pour l’instant déclarés : Pascal Olivard, président de l’UBO,
dont le mandat s’achève début avril, et Guy Cathelineau, qui
préside Rennes-I jusqu’à fin mars. Dans une interview
accordée à AEF le 25 février 2016, Pascal Olivard explique
pourquoi il se présente, "un choix longuement mûri", de la
part d’un candidat "qui a une certaine expérience de la
fabrique du consensus". Pascal Olivard ne souhaite pas
pour autant aller vers "des consensus mous". "Une
formation doctorale structurée et de qualité", "des départements de recherche actifs" ou encore
"un campus numérique déployé à l’échelle interrégionale" figurent à son programme d’actions.
Le candidat revient aussi sur l’échec d’UBL+, le projet d’idex, et sur les projets d’isite qui lui
succéderont.
AEF : Vous êtes candidat à la présidence de l’Université Bretagne Loire, plus grosse Comue de
France, avec ses 160 000 étudiants et ses 27 membres (7 universités, 15 écoles, 5 organismes
de recherche), qui procédera les 15 et 16 mars prochains à l’élection de son CA et de son Cac,
et le 25 avril à l’élection de son président. Comment voyez-vous cette présidence ?
Pascal Olivard : Dans mon esprit, présider une Comue n’a rien à voir avec la présidence d’une
université. Avec l’Université Bretagne Loire, nous avons voulu un modèle fédéral qui respecte la
diversité, l’identité et l’autonomie des établissements. Je n’imagine pas un candidat à la présidence
arriver avec son propre projet pour l’UBL. Je me vois davantage comme un bâtisseur de consensus,
comme celui qui devra déployer le projet décidé par le collectif. Ce projet existe. Il a été formalisé dans
un document d’orientations stratégiques, en juillet 2014 (lire sur AEF). Ce document indique les grandes
ambitions que nous portons à l’échelle du collectif. Bien entendu, il faudra le remettre à jour, pour
préciser les objectifs… D’autant que pour le mois de septembre 2016, nous avons le projet de site à
produire. Nous devons donc redonner du fond à ce document, pour avoir un projet réaliste, et cibler
peut-être davantage des actions. Tout cela sera défini collectivement.
AEF : Sans augurer de ce qui sera défini, vous avez devant vous quelques gros sujets, comme
la formation doctorale. À ce sujet, on peut rappeler que la délivrance du diplôme de doctorat
reste une compétence partagée ; elle se fait sur la base d’une co-accréditation avec les
établissements membres ou associés.
Pascal Olivard : Oui, et cette position est solide et partagée par les membres de l’UBL. On a obtenu,
je pense, le meilleur compromis autour du doctorat. Nous avons choisi un modèle fédéral qui respecte
l’identité et la valeur ajoutée des établissements ; il n’y a pas de valeur ajoutée à confier à l’UBL la
délivrance du doctorat. Et puis il n’y a pas, à travers le monde, d’universités qui ne délivrent pas le
doctorat. Nous avons déjà beaucoup travaillé sur la formation doctorale, avec le passage de 17 à 11
écoles doctorales, toutes interrégionales.
AEF : Quels sont les autres gros sujets pour la Comue ?
Pascal Olivard : Préparer le contrat de site tout d’abord. Il nous faut mettre en route nos 10
départements de recherche (1), poursuivre la structuration de nos écoles doctorales, déployer le
campus numérique à l’échelle interrégionale, finaliser le rapprochement de nos Pepite et la fusion nos
deux plateformes d’ingénierie des projets européens…
AEF : Le choix des directeurs pour les départements de recherche, comme pour les écoles
doctorales, a fait l’objet d’une subtile "répartition" entre les établissements et les régions… Estce que cela ne résume pas la difficulté à faire fonctionner cette Comue ?
Pascal Olivard : Pour la direction des départements de recherche, nous avons cherché à concilier
l’exigence scientifique, et, c’est vrai, une forme d’équilibre. Mais il ne s’agit pas de contenter tout le
monde. Il s’agit plutôt de conduire les uns et les autres vers une position commune. Qui n’est pas un
consensus mou. Faire réussir l’UBL, c’est un pari. S’il n’y a pas de confiance, il n’y aura pas d’UBL
demain. La Comue se construit, et se consolidera, si tous les acteurs sentent qu’ils y ont leur place, et
qu’ils peuvent y prendre part. J’ai bien conscience qu’il faudra déployer beaucoup d’énergie pour faire
adopter par tous les grandes lignes de notre projet. Mais je pense avoir acquis, notamment à la
présidence de l’UEB, que j’ai dirigée de 2012 à fin 2015, une certaine expérience de la fabrique du
consensus. Ma candidature est un choix longuement mûri.
AEF : Comprenez-vous les universités du Maine et d’Angers qui annoncent un "partenariat
stratégique renforcé" (lire sur AEF), en soulignant que "le risque d’un recentrage de la Comue
UBL sur le triangle Nantes, Rennes et Brest, aux dépens des autres sites universitaires, accentué
par le statut de métropole de ces trois sites, ne peut pas être ignoré" ?
Pascal Olivard : Si ces universités ressentent le besoin de se rapprocher, très bien, l’UBL n’aura rien
à y redire, ce qui vaut pour tous les établissements du périmètre. Mais à mon avis, il n’y a pas de craintes
à avoir. C’est tout l’esprit de ma candidature : contribuer à la construction de l’UBL, qui doit fonctionner
dans l’esprit du collectif et dans le respect de l’identité et de l’autonomie des membres. Les orientations
stratégiques seront prises collectivement, dans l’esprit fédéral qu’ont voulu les fondateurs, et pas les
gros contre les petits.
AEF : La Comue est dotée de 108 postes. Est-ce suffisant ?
Pascal Olivard : Non. Au regard de la taille de notre communauté, 108 postes, ce n’est pas énorme.
Au-delà des emplois, je reste convaincu qu’en cohérence avec la politique nationale, l’État devra
envisager des dotations de fonctionnement récurrentes pour les Comue. Le modèle économique des
PRES s’est avéré non viable. Si le gouvernement, depuis Paris, estime que les Comue peuvent
permettre de réaliser des économies d’échelle, il doit prendre conscience que sur un territoire aussi
vaste que le nôtre, ces économies ne sont tout simplement pas possibles. Nous faisons le pari de faire
mieux ensemble, mais il n’y aura pas d’économies.
AEF : Après l’échec du projet d’idex UBL+ (lire sur AEF), la décision a été prise de présenter
trois projets d’isite (lire sur AEF). Pourquoi cette décision ?
Pascal Olivard : L’appel à projets idex-isite est un processus compétitif, avec un jury qui a sa clé de
lecture, sa vision de ce que doit être l’ESR. Notre organisation territoriale, notre modèle fédéral ne
convainc pas ce jury. Dont acte. Au vu des recommandations du jury (lire sur AEF), il nous a semblé
opportun de repartir de cette manière, avec une approche différente. Les trois projets d’isite seront
concurrents devant le jury, mais pas les uns contre les autres. Si un ou plusieurs projet est labellisé, il
aura un effet "booster" pour l’ensemble de l’UBL, et les porteurs du projet auront la responsabilité
d’embarquer tous ceux qui peuvent l’être sur la thématique en question. Les trois isite s’appuient sur
des outils communs de l’UBL : les écoles doctorales, la valorisation, l’entrepreneuriat étudiant, le
campus numérique…
AEF : Comment les organismes de recherche ont-ils vécu l’échec de l’idex et ce choix de
présenter trois isite ?
Pascal Olivard : L’échec de l’idex n’a pas cassé la dynamique collective. Il y a eu quelques turbulences,
certes, mais les organismes de recherche, comme les autres membres, restent pleinement impliqués
dans la dynamique de l’UBL.
(1) L’UBL a créé 10 départements de recherche. Voici, pour chacun d’entre eux, le nom du directeur :
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Mer et littoral : Antoine Paul Dosdat (Ifremer)
Numeric : Thomas Jensen (Irisa, UMR CNRS)
Santé : Hervé Le Marec (université de Nantes)
Matière et matériaux : Jean-Luc Adam (Rennes-I)
Industrie : Pierre-Yves Manach (UBS)
Agro-écosystème et alimentation : Philippe Simoneau (Inra)
Environnement, univers, terre, écologie, société (EUTES) : Philippe Davy (CNRS)
Arts, culture, création, patrimoine (ACCP) : Nicolas Thely (Rennes-II)
Organisations, sociétés, territoires (OST) : Cyria Emelianoff (université du Maine)
Cognition, éducation, interactions (CEI) : Catherine Collin (université de Nantes).
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