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Lundi 16 mars 2015 RENDEZ-VOUS Protéger et exploiter le design : formation sur droit Bernard Stiegler : conféren- des dessins et modèles, ce 18 mars, 17h30, Strate. droit des marques, droit Titre : Le design à l'époque d’auteur, 17-18 mars, par CCI de l'automatisation intégra- Paris Ile-de-France-IRPI. le. www.stratecollege.fr/ www.irpi.fr/formation/fiche. asp?ref_arbo=12&id_arbo=1 Travailler autrement : &ref_formation=9 conférence BNP Paribas Real Estate et Saguez Milan : salon du meuble + Workstyle, 19 mars, 8h30, Euroluce, 14-19 avril. 32 rue de Monceau, Paris. http://salonemilano.it/en-us/ [email protected] Carlo Mollino : expo jusqu’au 30 avril, Institut Lyon City Design : Forum culturel italien, 73 rue de design urbain, quartier de Grenelle, Paris. Part-Dieu, 19 mars-12 avril. www.iicparigi.esteri.it/IIC_Parigi www.lyoncitydesign.fr Plus que de la pub ! : expo École Camondo : portes communication + marketing, ouvertes, 27-29 mars. jusqu’au 3 mai, Institut suéwww.ecolecamondo.fr dois, Paris. https://paris.si.se Biennale Internationale Design : jusqu’au 12 avril, Saint-Étienne. www.biennale-design.com e-mail : [email protected] twitter : @design_fax SAINT-ÉTIENNE : UNE BIENNALE DE DESIGN SOUS INFLUENCE ARTY pages : 4 à 6. Des écoles vont lancer un Manifesto : p 2. Le nouvel abribus de Paris : cafouillage aux commandes : p 3. Appels d’offres : p 7. Design fax 929 Les grands chantiers d’Olivier Saguez : Manufacture 2 + la relève + l’Allemagne Le rapprochement en cours avec Ippolito Fleitz Group à Stuttgart va sceller la présence de Saguez & Partners en Allemagne. À Paris, une agence d’un autre type se prépare : la Manufacture 2 de 5000 m2 à SaintOuen accueillera fin 2016 un restaurant ouvert sur l’extérieur, une école, un jardin tropical… Et la relève a été organisée : les successeurs d’Olivier Saguez sont en place. ALLEMAGNE. «Nous avons trouvé notre partenaire. Un accord de principe est conclu», confie Olivier Saguez. Il s’agit de l’agence Ippolito Fleitz Group à Stuttgart. Celle-ci se présente avec la formule : «We are identity architects». Elle emploie près d’une quarantaine de personnes et dispose de bureaux de représentation à Moscou, Zürich, Séoul et d’une présence à Berlin. Fondée en 2002 par Peter Ippolito et Gunter Fleitz, son activité concerne l’architecture commerciale et inclut le graphisme et le design produit. Visiblement, le courant passe entre l’agence allemande et la française. «Il y a une admiration. J’ai besoin d’admirer le travail des gens», indique Olivier Saguez. Pour l’instant, les deux partenaires en sont encore à flirter. L’objectif est de s’unir. C’est un mariage qui se prépare, avec des participations croisées. Saguez & Partners travaille en Allemagne depuis deux ans. L’agence réalise environ 10% de son activité dans ce pays, notamment avec Unibail. «L’Allemagne, c’est le pays du design industriel. C’est le design de l’utile, du Bauhaus. Et c’est un pays industriel», apprécie Olivier Saguez. Il cite en exemple la qualité de l’urbanisme et de la vie dans les villes en Allemagne. MANUFACTURE DESIGN 2 : Saguez & Partners emménagera à l’automne 2016 dans l’ancienne halle Alstom (entièrement réaménagée) sur le site des Docks de Saint-Ouen (éco quartier mixte de 100 ha). L’agence disposera d’une surface double par rapport à celle qu’elle utilise actuellement. «Ce n’est pas une agence avec un espace plus grand, mais une nouvelle agence. Il s’agit de se réinventer, de construire ce que sera l’agence de design dans les dix ans qui viennent. C’est un projet d’entreprise», prévient Olivier Saguez. Un centre de recherche, une ouverture à l’international et un lieu de coworking : ce sont les trois éléments clés du projet. La Manufacture Design 2 sera un lieu de rencontre, d’échange, connecté au monde, une pépinière, un centre d’étude (sur les comportements, la veille internationale…), avec un atelier de prototypage, une double matériauthèque. Il comprendra un Design Café ouvert au public (conçu par l’agence qui cherche actuellement un opérateur), un jardin tropical, une salle de sport… et une école. Olivier Saguez imagine un espace modulable, avec amphi et surface d’exposition, qui accueillerait des étudiants de 5e année, des Master Class… Il pourrait aussi servir à former les clients et les salariés de l’agence (formation continue). L’espace LA LETTRE HEBDOMADAIRE DES STRATÉGIES DESIGN - PAGE 1 Design fax 929 Lundi 16 mars 2015 pourrait également permettre de monter des workshops prospectifs pour des clients. Des discussions sont en cours avec une école parisienne afin qu’elle pilote le lieu. La Manufacture 2 occupera un tiers de la Halle Alstom, longue de 250 mètres. Le reste sera loué à d’autres sociétés. Saguez & Partners aimerait qu’elles soient dans le même esprit, lié à la création, l’art de vivre, la prospective… et a pris des contacts en ce sens. La nouvelle agence veut être un «lieu très innovant» et un lieu de vie. Elle s’inscrira dans ce qui constitue le «fil conducteur» de Saguez & Partners : le lifestyle. Olivier Saguez reconnaît que le pari est audacieux. Mais «c’est la période pour le faire», note le fondateur en prônant «une sortie de crise par le haut». L’idée est de transmettre «plus d’optimisme» et d’agir «pour le plaisir des collaborateurs en interne et celui des clients. C’est du plaisir notre métier. Le design, c’est de l’optimisme», martèle Olivier Saguez. SUCCESSION. «Je me préoccupe de demain», confie Olivier Saguez. Il estime que l’agence «est un collectif», presque «une école de pensée», «dans la tradition du Bauhaus». Plus que jamais sensible à la transmission (une préoccupation qu’il nous confiait en janvier 2011 [Df 739]), l’ancien mauvais élève («qui fait tout pour le rester», selon un de ses anciens professeurs) avoue être aujourd’hui «très fier» d’avoir une équipe autour de lui. Il évoque avec émotion la génération des 40 ans qui s’apprête à prendre la relève. Parmi eux : Boris Gentine, directeur de création associé (depuis une quinzaine d’années à l’agence), entouré des autres directeurs de création. «Tout est en place», assure Olivier Saguez en évoquant cette «équipe large» grâce à qui l’agence continuera d’être incarnée. La Manufacture 2 en chiffres Manufacture. Surface : 4 300 m2. Bureaux : 3 800 m2. Espace modulable école, auditorium, espace d’expo : 300 m2. Café Design : 200 m2. Réfectoire : 100 couverts. 2 matériauthèques. 1 salle de sport. 1 atelier de construction de prototypes. 1 pépinière de talents. 1 jardin tropical... Halle Alstom. Construction en 1922. Réhabilitation par les architectes Reichen et Robert & Associés en 2014. Longueur : 250 m. Docks de Saint-Ouen : 100 ha dont 12 ha de parc paysager en bord de Seine. Saguez & Partners : 140 collaborateurs, 7 associés groupe, 23 associés filiales. Des écoles de design vont lancer un Manifesto FRANCE DESIGN ÉDUCATION présentera son Manifesto le 26 mars aux Jardins de l’Innovation d’Orange, à Issy-les-Moulineaux. L’association regroupe 14 écoles de design françaises (publiques, consulaires et privées). Désormais présidée par Christian Guellerin (directeur de l’École de design Nantes Atlantique), elle planche depuis plusieurs mois sur ce texte. L’initiative fait suite à la dynamique autour du design lancée par Arnaud Montebourg. Des écoles ont estimé ne pas avoir été suffisamment associées et ont décidé de faire entendre leur voix. Le texte, qui sera dévoilé la semaine prochaine, rappelle d’abord les bouleversements d’un monde qui change avant de mettre l’accent sur la responsabilité du design et donc des écoles de design dans la construction du monde futur. Il sera donc question de la convergence des disciplines avec l’aide des designers, d’une démarche plus huma- niste… Tout cela doit amener les écoles de design à reconsidérer et ouvrir leur formation, et le design à s’insérer dans l’éducation nationale. Ce texte, dont la rédaction a été pilotée principalement par Christian Guellerin et Dominique Sciamma (directeur de Strate), est le fruit de réunions de travail tous les deux mois (il y a eu 4 ou 5 versions). Le texte a été peaufiné fin janvier. Certaines écoles, membres de FDE, vont refuser de le signer, pour des raisons personnelles ou stratégiques. Les animateurs de FDE souhaitent que d’autres acteurs (en dehors des écoles) le signent : pouvoirs publics, entreprises… FDE a d’autres initiatives en vue. Dominique Sciamma propose, par exemple, une formule de type incubateur : regrouper des étudiants de diverses écoles sur un site où ils assureraient une permanence et seraient à la disposition de startup. Avantages : pour les étudiants ce serait comme un stage ; les entreprises feraient appel à des jeunes maîtrisant déjà les méthodologies. Les designers seraient-ils tout juste bons à faire du coloriage ? Les architectes donneraient presque l’impression de le penser… L’Ordre des architectes a envoyé à ses membres une lettre dans laquelle il se lamente : «Nous courons un risque majeur : celui d’être cantonnés au rôle de designers, de fabricants d’images, de créatifs publicitaires». Ce coup de déprime s’explique : «En 2014 les difficultés des architectes se sont accrues», ajoute la lettre. Elle dresse «le constat d’une situation instable» : «Aux yeux du public et des élus, la profession est souvent considérée comme un facteur de complexité et d’élévation des coûts.» LA LETTRE HEBDOMADAIRE DES STRATÉGIES DESIGN - PAGE 2 Design fax 929 Lundi 16 mars 2015 Le nouvel abribus de Paris : cafouillage aux commandes LES NOUVEAUX abribus installés actuellement à Paris par JCDecaux ne laissent pas indifférents : ils sont mal compris et traduisent un dysfonctionnement. D’une part, les internautes leur reprochent d’être ouverts à tous les vents, de ne pas protéger de la pluie et d’être anti-SDF, donc peu confortables. Marc Aurel, leur concepteur, rejette ces critiques. Il souligne qu’une des orientations design majeures a été de prévoir un «abri pour tous», y compris pour les personnes à mobilité réduite. D’où l’absence d’une vitre arrière pour faciliter l’accès en fauteuil roulant ou avec une poussette. Avec les modèles précédents, il faut parfois attendre dehors, souligne le designer. Une inauguration officielle des nouveaux abribus est envisagée la semaine prochaine place de la Bastille. La Ville de Paris et JCDecaux auraient décidé d’ajouter une affiche pour expliquer les avantages des nouveaux modèles. Marc Aurel précise que ceux-ci ont une toiture 50% plus grande et qu’ils s’adaptent à l’endroit où ils sont posés : il existe «30 voire 40 configurations» possibles. Le designer a souhaité éviter l’uniformité de la gamme précédente. D’autre part, le boîtier métallique annonçant l’arrivée des bus, fixé en haut à l’intérieur de l’abribus, fait tâche. Il n’est pas dans le style de l’abri : massif, avec une allure industrielle, il semble dater du siècle dernier. La raison? L’explication est fournie par un acteur du projet. Cette BIV (Borne info voyageurs) dépend de la RATP alors que l’abri dépend de la Ville de Paris. Il y a eu deux appels d’offres. Ils n’ont pas été lancés en même temps. La ville a organisé sa consultation en premier, avant la RATP. Du coup, le design de l’abribus a été figé avant que ne soit connue la forme de la BIV. De surcroît, il y avait plusieurs fabricants de BIV et autant de design (si l’on ose dire) de BIV. Exemple d’une concertation insuffisante qui finit par enlaidir la ville. «La clé d’un projet de design, c’est la coordination», rappelle un designer. EN BREF BDC Conseil fait partie du groupement, constitué avec Egis Conseil et Lowe Stratéus, qui a remporté le marché d’assistance à maîtrise d’ouvrage en communication attribué par la Société du Grand Paris. C’est un «chantier immense, avec beaucoup d’ambition», note Pierre-Laurent Thève, ex-directeur de Pixelis Corporate qui a rejoint récemment BDC (agence de design et communication «d’utilité publique»). Huawei s’offre les services de Mathieu Lehanneur en tant que Chief designer. Celui-ci continue, en parallèle, d’exercer son activité avec son agence. Malherbe est chargé par Sportzone, magasin de sport leader au Portugal, de développer son concept en department stores avec l'ouverture de deux premières boutiques en Inde à partir d'avril. Carré Noir a participé à la création de la marque Tourtel Twist (concept, territoire de marque), boisson à base de bière sans alcool et de jus de fruit. Market Value signe un nouvel Espace Business dans le terminal Ouest d’Orly, en association avec Fullsix et ADP. Saguez & Partners signe le logo et l'identité visuelle de la nouvelle marque unique Suez environnement, «un des plus gros chantiers design corporate de l'année», selon l’agence. Duwood crée, à la demande des fabricants de lait en France, le logo «Lait collecté et conditionné en France». Landor accompagne Volvic pour fêter les 10 ans de son engagement avec l’UNICEF dans l’opération «1L acheté ici = 10L d’eau puisés au Sahel». Cité du design : Isabelle Daëron, diplômée de l’Esad de Reims et de l’ENSCI-Les Ateliers, devrait rejoindre le 1er avril le pôle recherche de la Cité du design, dirigé par Olivier Peyricot. Le Cercle D’Days sera lancé le 30 mars. Cette initiative de l’association Designer’s Days proposera des rencontres, des visites, de l’information et permettra d’«animer le réseau autour de Designer’s Days et de ses actions tout au long de l’année». Le lancement aura lieu à la Maison 8, l’ancienne maison de Kenzo, à l’invitation de René-Jacques Mayer, président de Designer's Days, et d’Anna Peter-Breton, directrice associée de l’Atelier Casanova, agence de design partenaire. DISPARITION Michael Graves est décédé le 12 mars à 80 ans. L’architecte américain avait fondé son studio Michael Graves Architecture & Design en 1964. Sa bouilloire avec l’oisillon siffleur est, depuis trente ans, emblématique de la marque Alessi. LA LETTRE HEBDOMADAIRE DES STRATÉGIES DESIGN - PAGE 3 Lundi 16 mars 2015 Saint-Étienne : une Biennale de design sous influence arty La Biennale Internationale Design de SaintÉtienne proposera jusqu’au 12 avril, selon le programme officiel, 36 expositions In et 82 expositions Off, ainsi que des conférences, colloques… et des journées pour les professionnels du 30 mars au 5 avril. Riche, mais pas forcément foisonnante, cette 9e Biennale sur le thème «Les sens du beau» donne souvent l’impression de balancer entre design et art contemporain. LE CONSEIL RÉGIONAL Rhône-Alpes a vendu la mèche, sans s’en rendre compte. Pour accompagner la Biennale de Saint-Étienne et lui offrir une tête de pont lyonnaise, il accueille dans ses murs une expo d’objets. A cette occasion, il diffuse un communiqué de presse ainsi titré : «La région Rhône-Alpes soutient l’art contemporain». Difficile d’être plus clair… dans le mélange des genres. Et le communiqué dresse la liste de tout ce qui existe dans la région «dans le domaine de l’art contemporain». Au fil de l’énumération des galeries, centres d’art, ateliers d’artistes, la région cite ainsi la Cité du design et la Biennale du design de Saint-Étienne. La confusion est d’autant plus révélatrice que la Design fax 929 Biennale apparaît cette année sous influence arty. Cela ne retire pas obligatoirement de l’intérêt à la Biennale mais amène à s’interroger sur le message transmis et perçu. Les visiteurs non avertis ne risquent-ils pas d’associer le design à des créations baroques et des discours hermétiques ? «En France, les chefs d'entreprises continuent de se poser des questions à propos du design. Notre rôle est de leur montrer que ce n'est pas qu'une affaire d'artistes», affirme pourtant Ludovic Noël, directeur général de la Cité du design, dans une interview publiée dans La Tribune (13 mars). Plusieurs jours sont nécessaires pour voir l’essentiel de la Biennale tant il y a d’expositions et tant certaines sont difficilement compréhensibles au premier abord. C’est le cas d’A-T-T-E-N-T-I-O-N, sur le phénomène de l’attention vu au travers du design graphique et numérique. C’est aussi le cas d’Hypervital, de Benjamin Loyauté, co-commissaire de la Biennale. Une expo déconcertante où «il nous faut améliorer le réel et évoquer les fictions d’une renaissance». L’une comme l’autre méritent pourtant que l’on s’y attarde. Des expos se distinguent par l’impact de leur scénographie et la cohérence du contenu. Vous avez dit bizarre ? consacrée au grotesque a vite fait la une du quotidien régional. Conçue par une historienne de l’art (Alexandra Jaffré avec Bart Hess), elle aura un succès public, mais on peut regretter que le sujet ne soit traité qu’avec des œuvres d’artistes ou des séries limitées. L’expo sur le grotesque dans les produits de grande consommation reste à faire. Autre expo à fort impact visuel : Form Follows Information de Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard [Df 919]. Un travail efficace qui plonge le visiteur dans une ambiance quasi mystique. Deux expos ont fait l’unanimité lors des journées presse. Elles ont en commun d’être conçues par des designers et de mettre en évidence l’apport du design tout en étant très ludiques : No randomness et Tu nais, tuning, tu meurs (voir p. 6). L’expo pour les enfants, Le Bestiaire, imaginée par Ionna Vautrin, est un pur bonheur graphique. Les enfants peuvent se glisser dans la peau d’animaux (réalistes ou abstraits) dessinés par quatorze créateurs. Un groupe malin ne devrait pas manquer d’éditer ce zoo haut en couleur. La Biennale est aussi l’occasion de rencontrer de jeunes designers qui montent des expos avec peu de moyens et beaucoup d’enthousiasme. Vous pouvez les trouver au coin d’une rue comme le duo de l’Atelier BL119 : Grégory Blain et Hervé Dixneuf, accompagnés par le Studio Brichet Ziegler, profitent d’une boutique inoccupée, située sous les arcades de l’hôtel de ville, pour présenter en vitrine l’exposition Design à toutes les sauces. Ils ont réuni une vingtaine de designers de 16 studios et exposent des objets liés à l’art de la table. Il y a même un jambon. Ce design épicurien mériterait de faire école. D’abord à Saint-Étienne où les magasins fermés et abandonnés défigurent la ville. Et aussi à Paris où une telle frénésie d’expos informelles est peu répandue. D’autres jeunes designers se sont installés dans les anciens locaux de l’école des Beaux-Arts. Captain Ludd, un collectif de quatre récents diplômés de l’Ésadse, parlent de partage, de générosité et d’utopie. Ils proposent Multitude : «Tous les projets sont en open source. Le designer ne garde pas pour lui ses compétences et son savoir.» Parmi les projets : une table traçante (plutôt qu’une imprimante) pour faire des aquarelles afin de retrouver le tracé manuel et de pouvoir modifier le visuel en permanence (Damien Baïs) ; une imprimante per- LA LETTRE HEBDOMADAIRE DES STRATÉGIES DESIGN - PAGE 4 Lundi 16 mars 2015 mettant de générer une BD : l’histoire dépend des choix opérés au fur et à mesure par le lecteur (Martin Guillaumie). A côté, dans la Serre des Beaux-Arts, Lucile Schrenzel présente EVO Jewels 0.1 C’est la bijouterie de l’ère numérique. La cliente crée ses propres bagues en manipulant des sortes de joystick en forme de grosses pierres précieuses devant un écran. Avantage : la cliente a un proto en main rapidement. Une fois validé, il sera imprimé en or, en argent… La jeune designer a besoin d’un peu d’argent pour développer un logiciel. Le système fonctionne et pourrait intéresser des réseaux de bijouterie. Les Labos : la zone de test de la Biennale Design L A PROSPECTIVE est moins présente dans cette Biennale. Pour trouver des produits concepts imaginés par des industriels, il faut aller aux Labos. C’est le nom de l’espace situé au fond d’un des bâtiments H de l’ex-Manufacture. Il est alloué aux entreprises pour qu’elles testent leurs nouveaux produits ou services. La plupart de celles qui ont répondu à l’appel (moins d’une trentaine) sont des habituées de la Biennale ou collaborent déjà avec la Cité du design et toutes ne dévoileront pas de réels nouveaux concepts. Quelques unes ont un stand personnel (comme Yamaha, Legrand, EDF…), d’autres affichent une présence collective. Chacune reste une semaine ou deux maximum. Le design de Carrefour sera présent du 30 mars au 5 avril. Il présentera des produits, des videos, des packagings, de la PLV. Design fax 929 Yamaha : les designers inversent les rôles YAMAHA dévoile à Saint-Étienne, en première mondiale, quatre produits concepts étonnants. Une démarche design originale au service d’une problématique de marque assez inhabituelle. Et la suite d’une déjà longue fidélité à la Biennale. «En 2008, Claire Fayolle nous a demandé des produits concepts pour l’exposition Demain, c’est aujourd’hui. Deux ans après, elle nous a de nouveau sollicités. Puis à la dernière Biennale. À chaque fois, un designer de Yamaha a fait le déplacement. Tout est parti de cette expo qui était une expérience intéressante, car elle présentait ce que les entreprises montrent rarement en public», raconte Yves Plattard, designer français travaillant pour Yamaha. Séduits par ces précédentes participations, les designers de Yamaha ont décidé, cette fois-ci, de frapper un grand coup. Yamaha, c’est une marque, mais deux entreprises indépendantes : l’une est dans la musique, l’autre dans les transports. Chacune est soucieuse que l’autre ne porte pas préjudice à la marque. D’où l’idée des designers de réfléchir aux valeurs de celle-ci et d’analyser comment elles se traduisent dans les deux activités. L’introspection a pris la forme d’un jeu croisé entre studios : les designers de Yamaha Corporation (musique) ont conçu deux moyens de transport pour Yamaha Motor : un vélo électrique innovant dans ses usages et une moto dont le compteur se porte au poignet et dont la selle évoque le dos d’un cheval. Les designers de Yamaha Motor ont imaginé deux instruments de musique d’un nouveau genre : un marimba pour deux et une batterie en forme de globe à l’intérieur duquel s’agite le batteur. «Une vraie cohérence se dégage des quatre concepts et une même vision du futur, avec un retour à la simplicité, à l’essentiel. On retrouve un côté très primitif dans tous les projets. C’est presque animal», constate Yves Plattard. Cette convergence est remarquable alors que les deux groupes ont «une démarche design totalement opposée», souligne le Français. Il explique : «Chez Yamaha musique, l’esthétique vient a posteriori. On réfléchit d’abord au fonctionnel. C’est l’intelligence du produit qui donnera une certaine beauté. On ne rajoute pas pour décorer. Chez Yamaha Motor, c’est une beauté a priori. On cherche à exprimer la beauté par la forme.» Yamaha sera à la Biennale jusqu’au 22 mars. Une douzaine de Japonais sont sur place, dont les patrons des deux studios de design. Les designers souhaitent échanger avec les visiteurs. Ensuite, les produits seront présentés à Francfort, puis durant la Design Week à Tokyo. Legrand imagine les interrupteurs de la génération mobile et connectée LEGRAND est un autre habitué de la Biennale. Il présente cette fois, dans Les Labos, un concept qui préfigure les interrupteurs de demain. Évolution du concept dévoilé l’an dernier à Futur en Seine, Flocoon Pixel est l’interrupteur de la génération mobile et connectée. L’équipe design de Legrand a opté pour la forme inédite d’un pentagone, qui fonctionne seul ou associé à d’autres. L’utilisateur crée ainsi «son interface personnelle, tant d’un LA LETTRE HEBDOMADAIRE DES STRATÉGIES DESIGN - PAGE 5 Design fax 929 Lundi 16 mars 2015 point de vue esthétique que fonctionnel», indique le service design. La commande s’opère par effleurement (comme sur un mobile) ou d’un geste sans toucher le Pixel. Autre innovation : à partir d’une tablette, il sera possible d’utiliser le plafond comme source lumineuse en intégrant des Oled. L’éclairage dépendra des formes dessinées sur l’écran. Ces concepts, créés par les designers internes, devraient être présentés à Paris durant les DDays. EDF teste une idée par jour avec les visiteurs de la Biennale EDF PRÉSENTE un concept par jour jusqu’à ce dimanche 22 mars sur son stand aux Labos. Ce sont des projets prospectifs conduits, entre autres, avec Strate, Kedge Design School ou reçus dans le cadre du concours international Challenge Sharing Energy in the City. Les trois projets prototypés de Strate concernent la maîtrise et la gestion de l’électricité. La manivelle, exposée le premier jour, cherche à donner, de façon ludique, une valeur tangible à l’énergie en utilisant la force de l’utilisateur pour la produire. Ce lundi, EDF présente un outil de simulation des comportements humains dans l’habitat. L’expérience proposée simule les comportements dans une colocation. Ce week-end, EDF organisera quatre ateliers contre la précarité énergétique. Ils aideront les clients à trouver des solutions afin de diminuer leur facture. Tu nais, tuning, tu meurs : l’expo qui détone C’EST l’une des bonnes surprises de la Biennale. Car cette expo au Musée d’Art et d’Industrie, conçue par le Post-diplôme de l’Ésadse, réussit à éviter tous les pièges liés au sujet et apparaît comme le résultat d’une démarche design intelligemment maîtrisée. «Les étudiants ont commencé par critiquer et remettre en question le thème du Beau», explique Rodolphe Dogniaux, co-commissaire avec Marc Monjou. Le sujet du tuning s’est imposé car il «interroge d'une manière déconcertante la relation à l'objet», notent les commissaires. Selon eux, l’expo est à voir «moins comme une exposition de tuning que comme l'exposition d'un design qui cherche à mettre en crise ses propres limites ; moins encore comme une expo de bagnoles que comme un lieu où des objets d'art et de design jouent ou déjouent la scène du tuning, de manière plus ou moins distanciée». «On ne voulait pas se moquer et le voir de haut», précise Rodolphe Dogniaux. No Randomness révèle le détail invisible qui rend le design «férocement» intelligent C’EST L’AUTRE exposition qui a séduit la plupart des journalistes durant les premiers jours de la Biennale : No Randomness ou La cohérence des formes est le début d’une collection d’objets «qui comportent tous un détail invisible leur permettant de remplir leur rôle à merveille», indique Oscar Lhermitte, le commissaire. Dans la liste : la feuille A4, le gilet orange de sécurité, le panneau STOP, le plan de métro, les pâtes italiennes, la veste de pêcheur de Cornouailles… Pour chaque produit, le designer basé à Londres a mené l’enquête. Pourquoi la plaque d'égout est ronde ? Parce que cette forme l’empêchera de tomber dans son propre trou, alors qu’une forme rectangulaire pourrait, elle, tomber dans sa diagonale. Pourquoi le bouchon couronne d’une bouteille a désormais 21 dents et non plus 24 comme dans le passé ? Parce qu’avec ce nombre impair, les capsules ne se coincent pas entre elles sur les chaînes de remplissage. Etc, etc… L’exposition (sur le site de la Cité du design) met en avant «des objets inaperçus parce que, bien loin d’être aléatoires ou arbitraires, ils sont toujours la facture d’un design férocement intelligent. Ces objets, d'apparence banale sont en réalité de véritables héros du design.» Le diplômé de la Central Saint Martins School of Art and design et du Royal College of Art souligne : «Le beau, je le situe dans leur simplicité, leur coup de génie. Ils nous parlent d’un design qui rend le compliqué simple sans même le vanter.» Oscar Lhermitte, entre autres activités, dirige le collectif Sidekick Creatives LTD avec cinq autres designers. Ce studio aide artistes et designers à lancer leurs projets grâce au financement participatif. La Biennale Internationale Design Saint-Étienne sera le sujet principal du 27e Design au banc, la tribune organisée par le Via et le Centre Pompidou, le 8 avril, 19h-20h30, au Centre Pompidou. Avec Patrick Beaucé (designer, enseignant), Pierre Doze (journaliste, critique), Jean-Charles Gaté (Design fax). www.via.fr/design-au-banc-27 LA LETTRE HEBDOMADAIRE DES STRATÉGIES DESIGN - PAGE 6 Design fax 929 Lundi 16 mars 2015 APPELS D’OFFRES Université Sorbonne Paris Cité Création de l’identité visuelle de l’Université Sorbonne Paris Cité (USPC). «Davantage qu’un logotype supplémentaire, l’objectif est de créer un système d’identité graphique affirmant fortement l’identité de USPC en associant celles de ses partenaires.» Date limite de remise des candidatures : 1er avril. Trois candidats seront admis à faire une offre. e-mail : [email protected] Dossier de consultation téléchargeable sur le site : www.inalco.fr RASL Les Angles Conception graphique des campagnes de communication touristique de la Régie autonome des sports et loisirs des Angles. Date limite de réponse : 20 mars. Tél. : 04 68 04 42 18. e-mail : [email protected] Douai Construire l'identité visuelle des concepts (lots 1, 2 et 3) : Eté, Fêtes de Gayant 2015 + festival des Binbins 2015 et Noël 2015 (accroche, univers visuel en s'appuyant sur le positionnement de la Ville). Date limite de réception des offres : 25 mars. Tél. : 03 27 93 58 30. e-mail : [email protected] (tech). Tél. : 03 27 93 59 11. e-mail : [email protected]. (adm). https://marches.rvvn.org/douai Ville de Claye Souilly - EPF Ile de France - Conception graphique et réalisation de supports de communication institutionnelle. Tél. : 01 60 26 92 00. e-mail : [email protected] www.claye-souilly.fr Conception et réalisation de l'identité graphique de l’établissement public foncier d'Ile-de-France. Principales missions : création logo, base line, typographie et colorimétrie, charte graphique ; création graphique d'une newsletter de 4 pages ; piste graphique du rapport d'activité. «L'établissement public foncier d'Ile-deFrance souhaite adapter son identité graphique dans le cadre de l'élargissement de son territoire de compétences à l'ensemble de la Région Ile-de-France, qui prendra effet au 1er janvier 2016.» Date limite de réception des offres : 8 avril. Sélection de 5 candidats admis à présenter une offre. Tél. : 01 40 78 90 90. e-mail : [email protected] www.marches-epfif.com Ville de Blagnac Création graphique pour la salle de spectacle Odyssud. Cette prestation de conception d'identité visuelle comprend : la création d'une charte graphique générale de la saison culturelle et sa déclinaison sur supports imprimés et numériques (programmes, affiches, tracts, brochures, annonces publicitaires, site Internet...), la création de chartes graphiques spécifiques (festivals, expos) et leurs déclinaisons, le suivi régulier des travaux d'exécution. Montant maximum : 30 000 euros HT. Date limite de réception des offres : 31 mars. Tél. : 05 61 71 75 14. e-mail : [email protected] (tech). Tél. : 05 61 71 06 00 (adm). OPPIC Conception, création, fabrication de supports de communication et d'information pour la cérémonie du 14 juillet des éditions 2015 et 2016. Montant maximum : 85 000 euros HT sur 2 ans. Date limite de réception des offres : 27 mars. Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture. www.oppic.fr Design fax Tél. : 01 43 38 37 32. e-mail : [email protected]. twitter : @design_fax. 80-82 rue du Chemin Vert, 75011 Paris. Abonnement un an 47 numéros : 320 euros HT, 384 euros TTC. 20 n° : 150 euros HT, 180 euros TTC. Directeur de la publication : Jean-Charles Gaté. Direction artistique : Pierre-Yvon Carnoy. Enquêtes : Claire Fayolle, Pierre Mangin (Agence Presse Magazine). Études : Jean-Yves Ruaux. Éditeur : Design Fax SARL au capital de 9147 euros. Siège social : 289 rue des Pyrénées 75020 Paris. RCS Paris B 398 907 535. ISSN 1259-4849. Reproduction et rediffusion interdites. LA LETTRE HEBDOMADAIRE DES STRATÉGIES DESIGN - PAGE 7