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Lundi 16 mars 2015
RENDEZ-VOUS
Protéger et exploiter le
design : formation sur droit
Bernard Stiegler : conféren- des dessins et modèles,
ce 18 mars, 17h30, Strate.
droit des marques, droit
Titre : Le design à l'époque d’auteur, 17-18 mars, par CCI
de l'automatisation intégra- Paris Ile-de-France-IRPI.
le. www.stratecollege.fr/
www.irpi.fr/formation/fiche.
asp?ref_arbo=12&id_arbo=1
Travailler autrement :
&ref_formation=9
conférence BNP Paribas
Real Estate et Saguez
Milan : salon du meuble +
Workstyle, 19 mars, 8h30,
Euroluce, 14-19 avril.
32 rue de Monceau, Paris.
http://salonemilano.it/en-us/
[email protected]
Carlo Mollino : expo
jusqu’au 30 avril, Institut
Lyon City Design : Forum
culturel italien, 73 rue de
design urbain, quartier de
Grenelle, Paris.
Part-Dieu, 19 mars-12 avril.
www.iicparigi.esteri.it/IIC_Parigi
www.lyoncitydesign.fr
Plus que de la pub ! : expo
École Camondo : portes
communication + marketing,
ouvertes, 27-29 mars.
jusqu’au 3 mai, Institut suéwww.ecolecamondo.fr
dois, Paris. https://paris.si.se
Biennale Internationale
Design : jusqu’au 12 avril,
Saint-Étienne.
www.biennale-design.com
e-mail : [email protected]
twitter : @design_fax
SAINT-ÉTIENNE : UNE BIENNALE DE DESIGN SOUS
INFLUENCE ARTY pages : 4 à 6.
Des écoles vont lancer un Manifesto : p 2. Le nouvel
abribus de Paris : cafouillage aux commandes : p 3.
Appels d’offres : p 7.
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Les grands chantiers d’Olivier Saguez :
Manufacture 2 + la relève + l’Allemagne
Le rapprochement en cours avec Ippolito
Fleitz Group à Stuttgart va sceller la présence de Saguez & Partners en Allemagne. À
Paris, une agence d’un autre type se prépare : la Manufacture 2 de 5000 m2 à SaintOuen accueillera fin 2016 un restaurant
ouvert sur l’extérieur, une école, un jardin
tropical… Et la relève a été organisée : les
successeurs d’Olivier Saguez sont en place.
ALLEMAGNE. «Nous avons trouvé notre partenaire. Un accord de principe est conclu», confie
Olivier Saguez. Il s’agit de l’agence Ippolito Fleitz
Group à Stuttgart. Celle-ci se présente avec la formule : «We are identity architects». Elle emploie
près d’une quarantaine de personnes et dispose
de bureaux de représentation à Moscou, Zürich,
Séoul et d’une présence à Berlin. Fondée en 2002
par Peter Ippolito et Gunter Fleitz, son activité
concerne l’architecture commerciale et inclut le
graphisme et le design produit. Visiblement, le
courant passe entre l’agence allemande et la française. «Il y a une admiration. J’ai besoin d’admirer
le travail des gens», indique Olivier Saguez. Pour
l’instant, les deux partenaires en sont encore à flirter. L’objectif est de s’unir. C’est un mariage qui se
prépare, avec des participations croisées.
Saguez & Partners travaille en Allemagne depuis
deux ans. L’agence réalise environ 10% de son
activité dans ce pays, notamment avec Unibail.
«L’Allemagne, c’est le pays du design industriel.
C’est le design de l’utile, du Bauhaus. Et c’est un
pays industriel», apprécie Olivier Saguez. Il cite en
exemple la qualité de l’urbanisme et de la vie dans
les villes en Allemagne.
MANUFACTURE DESIGN 2 : Saguez & Partners
emménagera à l’automne 2016 dans l’ancienne
halle Alstom (entièrement réaménagée) sur le site
des Docks de Saint-Ouen (éco quartier mixte de
100 ha). L’agence disposera d’une surface double
par rapport à celle qu’elle utilise actuellement. «Ce
n’est pas une agence avec un espace plus grand,
mais une nouvelle agence. Il s’agit de se réinventer, de construire ce que sera l’agence de design
dans les dix ans qui viennent. C’est un projet d’entreprise», prévient Olivier Saguez. Un centre de
recherche, une ouverture à l’international et un
lieu de coworking : ce sont les trois éléments clés
du projet.
La Manufacture Design 2 sera un lieu de rencontre, d’échange, connecté au monde, une pépinière, un centre d’étude (sur les comportements, la
veille internationale…), avec un atelier de prototypage, une double matériauthèque. Il comprendra
un Design Café ouvert au public (conçu par l’agence qui cherche actuellement un opérateur), un jardin tropical, une salle de sport… et une école.
Olivier Saguez imagine un espace modulable,
avec amphi et surface d’exposition, qui accueillerait des étudiants de 5e année, des Master Class…
Il pourrait aussi servir à former les clients et les
salariés de l’agence (formation continue). L’espace
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pourrait également permettre de monter des workshops prospectifs pour des clients. Des discussions
sont en cours avec une école parisienne afin qu’elle pilote le lieu.
La Manufacture 2 occupera un tiers de la Halle
Alstom, longue de 250 mètres. Le reste sera loué à
d’autres sociétés. Saguez & Partners aimerait
qu’elles soient dans le même esprit, lié à la création, l’art de vivre, la prospective… et a pris des
contacts en ce sens. La nouvelle agence veut être
un «lieu très innovant» et un lieu de vie. Elle s’inscrira dans ce qui constitue le «fil conducteur» de
Saguez & Partners : le lifestyle. Olivier Saguez
reconnaît que le pari est audacieux. Mais «c’est la
période pour le faire», note le fondateur en prônant
«une sortie de crise par le haut». L’idée est de
transmettre «plus d’optimisme» et d’agir «pour le
plaisir des collaborateurs en interne et celui des
clients. C’est du plaisir notre métier. Le design,
c’est de l’optimisme», martèle Olivier Saguez.
SUCCESSION. «Je me préoccupe de demain»,
confie Olivier Saguez. Il estime que l’agence «est
un collectif», presque «une école de pensée»,
«dans la tradition du Bauhaus». Plus que jamais
sensible à la transmission (une préoccupation qu’il
nous confiait en janvier 2011 [Df 739]), l’ancien
mauvais élève («qui fait tout pour le rester», selon
un de ses anciens professeurs) avoue être
aujourd’hui «très fier» d’avoir une équipe autour de
lui. Il évoque avec émotion la génération des 40
ans qui s’apprête à prendre la relève. Parmi eux :
Boris Gentine, directeur de création associé
(depuis une quinzaine d’années à l’agence), entouré des autres directeurs de création. «Tout est en
place», assure Olivier Saguez en évoquant cette
«équipe large» grâce à qui l’agence continuera
d’être incarnée.
La Manufacture 2 en chiffres
Manufacture. Surface : 4 300 m2. Bureaux : 3 800
m2. Espace modulable école, auditorium, espace
d’expo : 300 m2. Café Design : 200 m2. Réfectoire :
100 couverts. 2 matériauthèques. 1 salle de sport. 1
atelier de construction de prototypes. 1 pépinière
de talents. 1 jardin tropical...
Halle Alstom. Construction en 1922. Réhabilitation
par les architectes Reichen et Robert & Associés
en 2014. Longueur : 250 m.
Docks de Saint-Ouen : 100 ha dont 12 ha de parc
paysager en bord de Seine.
Saguez & Partners : 140 collaborateurs, 7 associés
groupe, 23 associés filiales.
Des écoles de design vont
lancer un Manifesto
FRANCE DESIGN ÉDUCATION présentera son Manifesto
le 26 mars aux Jardins de l’Innovation d’Orange, à
Issy-les-Moulineaux. L’association regroupe 14
écoles de design françaises (publiques, consulaires
et privées). Désormais présidée par Christian
Guellerin (directeur de l’École de design Nantes
Atlantique), elle planche depuis plusieurs mois sur
ce texte. L’initiative fait suite à la dynamique autour
du design lancée par Arnaud Montebourg. Des
écoles ont estimé ne pas avoir été suffisamment
associées et ont décidé de faire entendre leur voix.
Le texte, qui sera dévoilé la semaine prochaine,
rappelle d’abord les bouleversements d’un monde
qui change avant de mettre l’accent sur la responsabilité du design et donc des écoles de design
dans la construction du monde futur. Il sera donc
question de la convergence des disciplines avec
l’aide des designers, d’une démarche plus huma-
niste… Tout cela doit amener les écoles de design
à reconsidérer et ouvrir leur formation, et le design
à s’insérer dans l’éducation nationale.
Ce texte, dont la rédaction a été pilotée principalement par Christian Guellerin et Dominique
Sciamma (directeur de Strate), est le fruit de
réunions de travail tous les deux mois (il y a eu 4
ou 5 versions). Le texte a été peaufiné fin janvier.
Certaines écoles, membres de FDE, vont refuser
de le signer, pour des raisons personnelles ou stratégiques. Les animateurs de FDE souhaitent que
d’autres acteurs (en dehors des écoles) le signent :
pouvoirs publics, entreprises…
FDE a d’autres initiatives en vue. Dominique
Sciamma propose, par exemple, une formule de
type incubateur : regrouper des étudiants de
diverses écoles sur un site où ils assureraient une
permanence et seraient à la disposition de startup.
Avantages : pour les étudiants ce serait comme un
stage ; les entreprises feraient appel à des jeunes
maîtrisant déjà les méthodologies.
Les designers seraient-ils tout juste bons à faire
du coloriage ? Les architectes donneraient
presque l’impression de le penser… L’Ordre des
architectes a envoyé à ses membres une lettre
dans laquelle il se lamente : «Nous courons un
risque majeur : celui d’être cantonnés au rôle de
designers, de fabricants d’images, de créatifs
publicitaires». Ce coup de déprime s’explique :
«En 2014 les difficultés des architectes se sont
accrues», ajoute la lettre. Elle dresse «le constat
d’une situation instable» : «Aux yeux du public et
des élus, la profession est souvent considérée
comme un facteur de complexité et d’élévation
des coûts.»
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Le nouvel abribus de Paris :
cafouillage aux commandes
LES NOUVEAUX abribus installés actuellement à Paris
par JCDecaux ne laissent pas indifférents : ils sont
mal compris et traduisent un dysfonctionnement.
D’une part, les internautes leur reprochent d’être
ouverts à tous les vents, de ne pas protéger de la
pluie et d’être anti-SDF, donc peu confortables.
Marc Aurel, leur concepteur, rejette ces critiques. Il
souligne qu’une des orientations design majeures
a été de prévoir un «abri pour tous», y compris
pour les personnes à mobilité réduite. D’où l’absence d’une vitre arrière pour faciliter l’accès en
fauteuil roulant ou avec une poussette. Avec les
modèles précédents, il faut parfois attendre
dehors, souligne le designer. Une inauguration officielle des nouveaux abribus est envisagée la
semaine prochaine place de la Bastille. La Ville de
Paris et JCDecaux auraient décidé d’ajouter une
affiche pour expliquer les avantages des nouveaux
modèles. Marc Aurel précise que ceux-ci ont une
toiture 50% plus grande et qu’ils s’adaptent à l’endroit où ils sont posés : il existe «30 voire 40 configurations» possibles. Le designer a souhaité éviter
l’uniformité de la gamme précédente.
D’autre part, le boîtier métallique annonçant l’arrivée des bus, fixé en haut à l’intérieur de l’abribus,
fait tâche. Il n’est pas dans le style de l’abri : massif,
avec une allure industrielle, il semble dater du
siècle dernier. La raison? L’explication est fournie
par un acteur du projet. Cette BIV (Borne info voyageurs) dépend de la RATP alors que l’abri dépend
de la Ville de Paris. Il y a eu deux appels d’offres.
Ils n’ont pas été lancés en même temps. La ville a
organisé sa consultation en premier, avant la RATP.
Du coup, le design de l’abribus a été figé avant
que ne soit connue la forme de la BIV. De surcroît,
il y avait plusieurs fabricants de BIV et autant de
design (si l’on ose dire) de BIV. Exemple d’une
concertation insuffisante qui finit par enlaidir la
ville. «La clé d’un projet de design, c’est la coordination», rappelle un designer.
EN BREF
BDC Conseil fait partie du groupement, constitué
avec Egis Conseil et Lowe Stratéus, qui a remporté
le marché d’assistance à maîtrise d’ouvrage en
communication attribué par la Société du Grand
Paris. C’est un «chantier immense, avec beaucoup
d’ambition», note Pierre-Laurent Thève, ex-directeur de Pixelis Corporate qui a rejoint récemment
BDC (agence de design et communication «d’utilité
publique»).
Huawei s’offre les services de Mathieu Lehanneur
en tant que Chief designer. Celui-ci continue, en
parallèle, d’exercer son activité avec son agence.
Malherbe est chargé par Sportzone, magasin de
sport leader au Portugal, de développer son
concept en department stores avec l'ouverture de
deux premières boutiques en Inde à partir d'avril.
Carré Noir a participé à la création de la marque
Tourtel Twist (concept, territoire de marque), boisson à base de bière sans alcool et de jus de fruit.
Market Value signe un nouvel Espace Business
dans le terminal Ouest d’Orly, en association avec
Fullsix et ADP.
Saguez & Partners signe le logo et l'identité visuelle de la nouvelle marque unique Suez environnement, «un des plus gros chantiers design corporate
de l'année», selon l’agence.
Duwood crée, à la demande des fabricants de lait
en France, le logo «Lait collecté et conditionné en
France».
Landor accompagne Volvic pour fêter les 10 ans
de son engagement avec l’UNICEF dans l’opération «1L acheté ici = 10L d’eau puisés au Sahel».
Cité du design : Isabelle Daëron, diplômée de
l’Esad de Reims et de l’ENSCI-Les Ateliers, devrait
rejoindre le 1er avril le pôle recherche de la Cité du
design, dirigé par Olivier Peyricot.
Le Cercle D’Days sera lancé le 30 mars. Cette initiative de l’association Designer’s Days proposera
des rencontres, des visites, de l’information et permettra d’«animer le réseau autour de Designer’s
Days et de ses actions tout au long de l’année». Le
lancement aura lieu à la Maison 8, l’ancienne maison de Kenzo, à l’invitation de René-Jacques
Mayer, président de Designer's Days, et d’Anna
Peter-Breton, directrice associée de l’Atelier
Casanova, agence de design partenaire.
DISPARITION
Michael Graves est décédé le 12 mars à 80 ans.
L’architecte américain avait fondé son studio
Michael Graves Architecture & Design en 1964. Sa
bouilloire avec l’oisillon siffleur est, depuis trente
ans, emblématique de la marque Alessi.
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Saint-Étienne :
une Biennale de
design sous
influence arty
La Biennale Internationale Design de SaintÉtienne proposera jusqu’au 12 avril, selon le
programme officiel, 36 expositions In et 82
expositions Off, ainsi que des conférences,
colloques… et des journées pour les professionnels du 30 mars au 5 avril. Riche, mais
pas forcément foisonnante, cette 9e
Biennale sur le thème «Les sens du beau»
donne souvent l’impression de balancer
entre design et art contemporain.
LE CONSEIL RÉGIONAL Rhône-Alpes a vendu la mèche,
sans s’en rendre compte. Pour accompagner la
Biennale de Saint-Étienne et lui offrir une tête de
pont lyonnaise, il accueille dans ses murs une expo
d’objets. A cette occasion, il diffuse un communiqué de presse ainsi titré : «La région Rhône-Alpes
soutient l’art contemporain». Difficile d’être plus
clair… dans le mélange des genres. Et le communiqué dresse la liste de tout ce qui existe dans la
région «dans le domaine de l’art contemporain».
Au fil de l’énumération des galeries, centres d’art,
ateliers d’artistes, la région cite ainsi la Cité du
design et la Biennale du design de Saint-Étienne.
La confusion est d’autant plus révélatrice que la
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Biennale apparaît cette année sous influence arty.
Cela ne retire pas obligatoirement de l’intérêt à la
Biennale mais amène à s’interroger sur le message
transmis et perçu. Les visiteurs non avertis ne risquent-ils pas d’associer le design à des créations
baroques et des discours hermétiques ? «En
France, les chefs d'entreprises continuent de se
poser des questions à propos du design. Notre
rôle est de leur montrer que ce n'est pas qu'une
affaire d'artistes», affirme pourtant Ludovic Noël,
directeur général de la Cité du design, dans une
interview publiée dans La Tribune (13 mars).
Plusieurs jours sont nécessaires pour voir l’essentiel de la Biennale tant il y a d’expositions et tant
certaines sont difficilement compréhensibles au
premier abord. C’est le cas d’A-T-T-E-N-T-I-O-N, sur
le phénomène de l’attention vu au travers du design graphique et numérique. C’est aussi le cas
d’Hypervital, de Benjamin Loyauté, co-commissaire
de la Biennale. Une expo déconcertante où «il
nous faut améliorer le réel et évoquer les fictions
d’une renaissance». L’une comme l’autre méritent
pourtant que l’on s’y attarde. Des expos se distinguent par l’impact de leur scénographie et la cohérence du contenu. Vous avez dit bizarre ? consacrée au grotesque a vite fait la une du quotidien
régional. Conçue par une historienne de l’art
(Alexandra Jaffré avec Bart Hess), elle aura un succès public, mais on peut regretter que le sujet ne
soit traité qu’avec des œuvres d’artistes ou des
séries limitées. L’expo sur le grotesque dans les
produits de grande consommation reste à faire.
Autre expo à fort impact visuel : Form Follows
Information de Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard
[Df 919]. Un travail efficace qui plonge le visiteur
dans une ambiance quasi mystique.
Deux expos ont fait l’unanimité lors des journées
presse. Elles ont en commun d’être conçues par
des designers et de mettre en évidence l’apport du
design tout en étant très ludiques : No randomness
et Tu nais, tuning, tu meurs (voir p. 6). L’expo pour
les enfants, Le Bestiaire, imaginée par Ionna
Vautrin, est un pur bonheur graphique. Les enfants
peuvent se glisser dans la peau d’animaux (réalistes ou abstraits) dessinés par quatorze créateurs.
Un groupe malin ne devrait pas manquer d’éditer
ce zoo haut en couleur.
La Biennale est aussi l’occasion de rencontrer de
jeunes designers qui montent des expos avec peu
de moyens et beaucoup d’enthousiasme. Vous
pouvez les trouver au coin d’une rue comme le
duo de l’Atelier BL119 : Grégory Blain et Hervé
Dixneuf, accompagnés par le Studio Brichet
Ziegler, profitent d’une boutique inoccupée, située
sous les arcades de l’hôtel de ville, pour présenter
en vitrine l’exposition Design à toutes les sauces.
Ils ont réuni une vingtaine de designers de 16 studios et exposent des objets liés à l’art de la table. Il
y a même un jambon. Ce design épicurien mériterait de faire école. D’abord à Saint-Étienne où les
magasins fermés et abandonnés défigurent la ville.
Et aussi à Paris où une telle frénésie d’expos informelles est peu répandue.
D’autres jeunes designers se sont installés dans
les anciens locaux de l’école des Beaux-Arts.
Captain Ludd, un collectif de quatre récents diplômés de l’Ésadse, parlent de partage, de générosité
et d’utopie. Ils proposent Multitude : «Tous les projets sont en open source. Le designer ne garde
pas pour lui ses compétences et son savoir.» Parmi
les projets : une table traçante (plutôt qu’une imprimante) pour faire des aquarelles afin de retrouver
le tracé manuel et de pouvoir modifier le visuel en
permanence (Damien Baïs) ; une imprimante per-
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mettant de générer une BD : l’histoire dépend des
choix opérés au fur et à mesure par le lecteur
(Martin Guillaumie).
A côté, dans la Serre des Beaux-Arts, Lucile
Schrenzel présente EVO Jewels 0.1 C’est la bijouterie de l’ère numérique. La cliente crée ses
propres bagues en manipulant des sortes de joystick en forme de grosses pierres précieuses devant
un écran. Avantage : la cliente a un proto en main
rapidement. Une fois validé, il sera imprimé en or,
en argent… La jeune designer a besoin d’un peu
d’argent pour développer un logiciel. Le système
fonctionne et pourrait intéresser des réseaux de
bijouterie.
Les Labos : la zone de test de la
Biennale Design
L A PROSPECTIVE est moins présente dans cette
Biennale. Pour trouver des produits concepts imaginés par des industriels, il faut aller aux Labos.
C’est le nom de l’espace situé au fond d’un des
bâtiments H de l’ex-Manufacture. Il est alloué aux
entreprises pour qu’elles testent leurs nouveaux
produits ou services. La plupart de celles qui ont
répondu à l’appel (moins d’une trentaine) sont des
habituées de la Biennale ou collaborent déjà avec
la Cité du design et toutes ne dévoileront pas de
réels nouveaux concepts. Quelques unes ont un
stand personnel (comme Yamaha, Legrand, EDF…),
d’autres affichent une présence collective.
Chacune reste une semaine ou deux maximum. Le
design de Carrefour sera présent du 30 mars au 5
avril. Il présentera des produits, des videos, des
packagings, de la PLV.
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Yamaha : les designers inversent les rôles
YAMAHA dévoile à Saint-Étienne, en première mondiale, quatre produits concepts étonnants. Une
démarche design originale au service d’une problématique de marque assez inhabituelle. Et la
suite d’une déjà longue fidélité à la Biennale.
«En 2008, Claire Fayolle nous a demandé des produits concepts pour l’exposition Demain, c’est
aujourd’hui. Deux ans après, elle nous a de nouveau sollicités. Puis à la dernière Biennale. À
chaque fois, un designer de Yamaha a fait le
déplacement. Tout est parti de cette expo qui était
une expérience intéressante, car elle présentait ce
que les entreprises montrent rarement en public»,
raconte Yves Plattard, designer français travaillant
pour Yamaha. Séduits par ces précédentes participations, les designers de Yamaha ont décidé, cette
fois-ci, de frapper un grand coup.
Yamaha, c’est une marque, mais deux entreprises
indépendantes : l’une est dans la musique, l’autre
dans les transports. Chacune est soucieuse que
l’autre ne porte pas préjudice à la marque. D’où
l’idée des designers de réfléchir aux valeurs de
celle-ci et d’analyser comment elles se traduisent
dans les deux activités. L’introspection a pris la
forme d’un jeu croisé entre studios : les designers
de Yamaha Corporation (musique) ont conçu deux
moyens de transport pour Yamaha Motor : un vélo
électrique innovant dans ses usages et une moto
dont le compteur se porte au poignet et dont la
selle évoque le dos d’un cheval. Les designers de
Yamaha Motor ont imaginé deux instruments de
musique d’un nouveau genre : un marimba pour
deux et une batterie en forme de globe à l’intérieur
duquel s’agite le batteur.
«Une vraie cohérence se dégage des quatre
concepts et une même vision du futur, avec un
retour à la simplicité, à l’essentiel. On retrouve un
côté très primitif dans tous les projets. C’est
presque animal», constate Yves Plattard. Cette
convergence est remarquable alors que les deux
groupes ont «une démarche design totalement
opposée», souligne le Français. Il explique : «Chez
Yamaha musique, l’esthétique vient a posteriori.
On réfléchit d’abord au fonctionnel. C’est l’intelligence du produit qui donnera une certaine beauté. On ne rajoute pas pour décorer. Chez Yamaha
Motor, c’est une beauté a priori. On cherche à
exprimer la beauté par la forme.»
Yamaha sera à la Biennale jusqu’au 22 mars. Une
douzaine de Japonais sont sur place, dont les
patrons des deux studios de design. Les designers
souhaitent échanger avec les visiteurs. Ensuite, les
produits seront présentés à Francfort, puis durant
la Design Week à Tokyo.
Legrand imagine les interrupteurs de la génération mobile et
connectée
LEGRAND est un autre habitué de la Biennale. Il présente cette fois, dans Les Labos, un concept qui
préfigure les interrupteurs de demain. Évolution du
concept dévoilé l’an dernier à Futur en Seine,
Flocoon Pixel est l’interrupteur de la génération
mobile et connectée. L’équipe design de Legrand
a opté pour la forme inédite d’un pentagone, qui
fonctionne seul ou associé à d’autres. L’utilisateur
crée ainsi «son interface personnelle, tant d’un
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point de vue esthétique que fonctionnel», indique
le service design. La commande s’opère par effleurement (comme sur un mobile) ou d’un geste sans
toucher le Pixel.
Autre innovation : à partir d’une tablette, il sera
possible d’utiliser le plafond comme source lumineuse en intégrant des Oled. L’éclairage dépendra
des formes dessinées sur l’écran. Ces concepts,
créés par les designers internes, devraient être
présentés à Paris durant les DDays.
EDF teste une idée par jour avec
les visiteurs de la Biennale
EDF PRÉSENTE un concept par jour jusqu’à ce
dimanche 22 mars sur son stand aux Labos. Ce
sont des projets prospectifs conduits, entre autres,
avec Strate, Kedge Design School ou reçus dans le
cadre du concours international Challenge Sharing
Energy in the City.
Les trois projets prototypés de Strate concernent la
maîtrise et la gestion de l’électricité. La manivelle,
exposée le premier jour, cherche à donner, de
façon ludique, une valeur tangible à l’énergie en
utilisant la force de l’utilisateur pour la produire. Ce
lundi, EDF présente un outil de simulation des comportements humains dans l’habitat. L’expérience
proposée simule les comportements dans une
colocation.
Ce week-end, EDF organisera quatre ateliers
contre la précarité énergétique. Ils aideront les
clients à trouver des solutions afin de diminuer leur
facture.
Tu nais, tuning, tu meurs :
l’expo qui détone
C’EST l’une des bonnes surprises de la Biennale.
Car cette expo au Musée d’Art et d’Industrie,
conçue par le Post-diplôme de l’Ésadse, réussit à
éviter tous les pièges liés au sujet et apparaît
comme le résultat d’une démarche design intelligemment maîtrisée.
«Les étudiants ont commencé par critiquer et
remettre en question le thème du Beau», explique
Rodolphe Dogniaux, co-commissaire avec Marc
Monjou. Le sujet du tuning s’est imposé car il
«interroge d'une manière déconcertante la relation
à l'objet», notent les commissaires. Selon eux, l’expo est à voir «moins comme une exposition de
tuning que comme l'exposition d'un design qui
cherche à mettre en crise ses propres limites ;
moins encore comme une expo de bagnoles que
comme un lieu où des objets d'art et de design
jouent ou déjouent la scène du tuning, de manière
plus ou moins distanciée». «On ne voulait pas se
moquer et le voir de haut», précise Rodolphe
Dogniaux.
No Randomness révèle le détail
invisible qui rend le design
«férocement» intelligent
C’EST L’AUTRE exposition qui a séduit la plupart des
journalistes durant les premiers jours de la
Biennale : No Randomness ou La cohérence des
formes est le début d’une collection d’objets «qui
comportent tous un détail invisible leur permettant
de remplir leur rôle à merveille», indique Oscar
Lhermitte, le commissaire. Dans la liste : la feuille
A4, le gilet orange de sécurité, le panneau STOP,
le plan de métro, les pâtes italiennes, la veste de
pêcheur de Cornouailles… Pour chaque produit, le
designer basé à Londres a mené l’enquête.
Pourquoi la plaque d'égout est ronde ? Parce que
cette forme l’empêchera de tomber dans son
propre trou, alors qu’une forme rectangulaire pourrait, elle, tomber dans sa diagonale. Pourquoi le
bouchon couronne d’une bouteille a désormais 21
dents et non plus 24 comme dans le passé ? Parce
qu’avec ce nombre impair, les capsules ne se coincent pas entre elles sur les chaînes de remplissage. Etc, etc… L’exposition (sur le site de la Cité du
design) met en avant «des objets inaperçus parce
que, bien loin d’être aléatoires ou arbitraires, ils
sont toujours la facture d’un design férocement
intelligent. Ces objets, d'apparence banale sont en
réalité de véritables héros du design.» Le diplômé
de la Central Saint Martins School of Art and design et du Royal College of Art souligne : «Le beau,
je le situe dans leur simplicité, leur coup de génie.
Ils nous parlent d’un design qui rend le compliqué
simple sans même le vanter.»
Oscar Lhermitte, entre autres activités, dirige le collectif Sidekick Creatives LTD avec cinq autres designers. Ce studio aide artistes et designers à lancer
leurs projets grâce au financement participatif.
La Biennale Internationale Design Saint-Étienne
sera le sujet principal du 27e Design au banc, la tribune organisée par le Via et le Centre Pompidou,
le 8 avril, 19h-20h30, au Centre Pompidou. Avec
Patrick Beaucé (designer, enseignant), Pierre Doze
(journaliste, critique), Jean-Charles Gaté (Design
fax). www.via.fr/design-au-banc-27
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APPELS D’OFFRES
Université Sorbonne Paris Cité Création de l’identité visuelle de
l’Université Sorbonne Paris Cité (USPC).
«Davantage qu’un logotype supplémentaire, l’objectif est de créer un système
d’identité graphique affirmant fortement
l’identité de USPC en associant celles de
ses partenaires.» Date limite de remise
des candidatures : 1er avril. Trois candidats seront admis à faire une offre.
e-mail : [email protected]
Dossier de consultation téléchargeable
sur le site : www.inalco.fr
RASL Les Angles Conception graphique des campagnes de
communication touristique de la Régie
autonome des sports et loisirs des
Angles. Date limite de réponse : 20 mars.
Tél. : 04 68 04 42 18.
e-mail : [email protected]
Douai Construire l'identité visuelle des concepts
(lots 1, 2 et 3) : Eté, Fêtes de Gayant 2015
+ festival des Binbins 2015 et Noël 2015
(accroche, univers visuel en s'appuyant
sur le positionnement de la Ville). Date
limite de réception des offres : 25 mars.
Tél. : 03 27 93 58 30. e-mail :
[email protected] (tech).
Tél. : 03 27 93 59 11. e-mail :
[email protected]. (adm).
https://marches.rvvn.org/douai
Ville de Claye Souilly -
EPF Ile de France -
Conception graphique et réalisation de
supports de communication institutionnelle. Tél. : 01 60 26 92 00.
e-mail : [email protected]
www.claye-souilly.fr
Conception et réalisation de l'identité graphique de l’établissement public foncier
d'Ile-de-France. Principales missions :
création logo, base line, typographie et
colorimétrie, charte graphique ; création
graphique d'une newsletter de 4 pages ;
piste graphique du rapport d'activité.
«L'établissement public foncier d'Ile-deFrance souhaite adapter son identité graphique dans le cadre de l'élargissement
de son territoire de compétences à l'ensemble de la Région Ile-de-France, qui
prendra effet au 1er janvier 2016.»
Date limite de réception des offres : 8
avril. Sélection de 5 candidats admis à
présenter une offre.
Tél. : 01 40 78 90 90.
e-mail : [email protected]
www.marches-epfif.com
Ville de Blagnac Création graphique pour la salle de spectacle Odyssud. Cette prestation de
conception d'identité visuelle comprend :
la création d'une charte graphique générale de la saison culturelle et sa déclinaison sur supports imprimés et numériques
(programmes, affiches, tracts, brochures,
annonces publicitaires, site Internet...), la
création de chartes graphiques spécifiques (festivals, expos) et leurs déclinaisons, le suivi régulier des travaux d'exécution. Montant maximum : 30 000 euros
HT. Date limite de réception des offres :
31 mars.
Tél. : 05 61 71 75 14.
e-mail : [email protected] (tech).
Tél. : 05 61 71 06 00 (adm).
OPPIC Conception, création, fabrication de supports de communication et d'information
pour la cérémonie du 14 juillet des éditions 2015 et 2016. Montant maximum :
85 000 euros HT sur 2 ans.
Date limite de réception des offres : 27
mars. Opérateur du patrimoine et des
projets immobiliers de la culture.
www.oppic.fr
Design fax
Tél. : 01 43 38 37 32. e-mail : [email protected]. twitter : @design_fax. 80-82 rue du Chemin Vert, 75011 Paris.
Abonnement un an 47 numéros : 320 euros HT, 384 euros TTC. 20 n° : 150 euros HT, 180 euros TTC.
Directeur de la publication : Jean-Charles Gaté. Direction artistique : Pierre-Yvon Carnoy.
Enquêtes : Claire Fayolle, Pierre Mangin (Agence Presse Magazine). Études : Jean-Yves Ruaux.
Éditeur : Design Fax SARL au capital de 9147 euros. Siège social : 289 rue des Pyrénées 75020 Paris.
RCS Paris B 398 907 535. ISSN 1259-4849. Reproduction et rediffusion interdites.
LA LETTRE HEBDOMADAIRE DES STRATÉGIES DESIGN - PAGE 7