Club de la Presse
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Club de la Presse -Burundi No 211 Animateur Christian Bigirimana Invités : - Jérôme Nzokirantevye, Porte-parole du sénat Gilbert Bukeyeneza, Correspondant de la radio Nederlande au Burundi Filbert Musobozi, Journaliste à la radio publique africaine(RPA) Innocent Muhozi, Directeur général de la radiotélévision Renaissance Première partie Introduction La première partie a été dominée par la crise au sein du CNDD-FDD suite à une pétition demandant au chef de l’Etat de ne pas briguer un troisième mandat présidentiel Débat Jérôme Nzokirantevye : Quand il y a des échéances électorales qui s’approchent, il y a des soubresauts au sein des grandes formations politiques. Il y a eu avant Hussein Radjabu, Manacée Mbonimpa qui ont été rayés de la liste des membres à un certain moment. La crise actuelle n’est pas salutaire pour le parti au pouvoir. Ce qui serait salutaire, c’est la solidarité. Ce qui est un peu inquiétant, c’est la façon de mener la fronde par région. Les régions du centre (Muramvya, Gitega, Karusi). Il y a exclusion sur une base régionale. Rappelez-vous de 2010, le même axe régionaliste s’est exprimé contre la candidature de Nkurunziza. Les signataires viennent de deux régions. La commission chargée de la discipline au sein du parti est à pied d’œuvre. Certainement qu’il y a des manipulateurs, des promoteurs de la fronde. Innocent Muhozi : C’est salutaire pour le pays, pour le parti. Cela montre qu’on réagit de la même manière et pour la même raison quelle que soit notre provenance. Ca aurait été inquiétant que tout le monde voit de la même chose le troisième mandat. Que des gens expriment des opinions différentes à l’intérieur d’un même parti, c’est normal. Ca devient par contre inadmissible de traiter de rebelles les gens qui ne sont pas d’accord avec la troisième mandat. Les gens ont le droit d’exprimer leurs opinions sans être traités d’ennemis. La discipline du parti est une notion vague. On devrait être en train d’organiser une sortie digne au lieu de perdre le temps à fabriquer des ennemis. On ne voit pas qu’on va droit dans le mur. Qu’on aille pas accuser les frondeurs d’atteinte à la sécurité de l’Etat. Qu’on soit CNDD-FDD ou pas, il ne faut pas qu’il y ait des casses dans ce pays. Filbert Musobozi : On confond le parti avec l’Etat. Apparemment il y a un problème de vaincre la peur. L’important c’est la sauvegarde de la paix et la sécurité. Il ne faut pas créer la confusion et prendre en otage les citoyens alors que l’accord d’Arusha est clair sur deux mandats à ne pas dépasser. Le fond du problème au Burundi est de vouloir oublier l’importance des accords d’Arusha. Gilbert Bukeyeneza : Quand on a cité les noms des personnalités qui ont été radiés du parti, on précisait les régions d’origine et on a compris qu’ils provenaient de toutes les régions du pays. Est-ce qu’on va continuer à radier tut le monde qui signe la pétition. La question de troisième mandat, c’est maintenant ou jamais. Si le président passe aujourd’hui, l’accord d’Arusha n’aura plus de valeur. En 2020, il voudra s’offrir un quatrième mandat. Seconde partie Introduction La seconde partie a été dominée par un don du matériel des émetteurs à quatre radio pour couvrir une bonne partie du territoire. Le don a été offert par l’ambassade de la Hollande via la Benvolensia. Filbert Musobozi : On vient de passer depuis 2001, il y a vait une grande partie de l’est, du sud et du nord qu’on ne couvrait pas. Dans les collines, il y avait une poupulation privée de nos émissions. C’est bon pour les élections de 2015. Les moyens manquent toujours. Les fréquences pour atteindre les coins les plus reculés sont aussi un problème. Innocent Muhozi : On va remplacer aussi les réémetteurs défaillants. Le matériel est essentiel. Les populations du Burundi ne doivent pas écouter les radios des autres. Avec ou sans élections, c’est une bonne chose ce don. Le don fait partie d’un processus en cours depuis l’année dernière. Il y a des choses qui se mettent en place. La question du matériel n’est pas réglée. Ca permet d’atténuer l’ampleur des problèmes. Les besoins sont aussi pouvoir envoyer les reporters avec véhicule, frais de mission, outils de reportages. On va arriver tant bien que mal à couvrir les élections. Il y a la bonne volonté des partenaires des médias. Gilbert Bukeyeneza : Les gens avaient l’habitude d’écouter les radios du Rwanda faute de mieux. C’est le moment propice pour avoir ce matériel. Jérôme Nzokirantevye : Nous devons saluer cette bouffée d’oxygène. Malheureusement il n’y a que quatre stations qui ont été servies. Pour l’équilibre de l’information, il était aussi important d’équiper téléRema qui a sa ligne éditoriale. J’aurais aimé que se soit toutes les stations pour que tous les burundais soient servis. Ca tombe à pic au moment des élections. Les burundais ont besoin plus que jamais de suivre les nouvelles du pays. Troisième partie Introduction La troisième partie a été dominée par la condamnation du fils de l’ancien président de la république sénégalaise pour «enrichissement illicite ». Débat Innocent Muhozi : Karim Wade avait pris un poids gênant dans le gouvernement de son père. Il y a de sérieuses controverses sur les accusations. Ce qui m’a encore gêné c’est la façon dont le gouvernement avait empêché l’ancien président Wade de rentrer au pays. Il y a comme des règlements politiques en l’air. Le langage de Karim Wade qui traite le président actuel de fils d’esclave est déplacé. Ce qui serait triste dans nos pays est que chaque crise devienne un drame national. Ce qui est fondamental est de construire des systèmes judiciaires qui rassurent tout le monde. Le seul combat le plus urgent sur ce continent c’est d’arriver à séparer les pouvoirs judiciaires et ceux de l’exécutif. La plus grosse fragilité dans nos pays, c’est de dire qu’on va voir la cour constitutionnelle. En théorie, c’est bon. Mais en réalité, c’est autre chose. Si on a des polémiques, c’est que l’arbitre soit parmi les joueurs. Gilbert Bukenyeneza : Dans ce genre de procès, on pressent des règlements politiques. C’est une forme de faire barrage au retour du clan Wade au pouvoir. Le procès est en appel et cela peut changer la donne. Jérôme Nzokirantevye : Ceux qui plaident doivent montrer qu’ils ont tout fait pour défendre leur client. Les biens mal acquis, c’est une évidence. Si tel jugement était tombé à l’approche des élections, on aurait encore crié à la manipulation politicienne. Pourquoi dans un gouvernement il doit y avoir des fils du président ? on aimerait que le chef de l’Etat ait comme successeur son fils. Les temps sont révolus. C’est normal que les avocats crient à la parodie de justice. Ce qui est affligeant, c’est de confondre les contextes. Le Sénégal a ses propres lois. Il ne faut pas que tous les citoyens soient des juges. C’est toujours mieux de se référer à des instances habilitées. En l’occurrence la cour constitutionnelle. Pourquoi aujourd’hui quand il s’agit du troisième mandat on ne veut pas qu’on se réfère à la cour constitutionnelle alors que cela a été accepté lors de la loi sur la presse. Filbert Musobozi : C’est une revanche entre Maki Sale contre la famille Wade qui avait beaucoup combattu le régime de Abdou Diouf. C’est une sorte de revanche entre les hommes politiques forts du Sénégal en prévision des élections de 2017. Ce qui est normal en politique. Dans nos pays, la justice n’est pas totalement indépendante du pouvoir exécutif.