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Association Européenne pour l’Information sur le Développement Local a.s.b.l L’AEIDL, chantier «exemplaire» de construction durable Une cinquantaine de personnes (architectes, paysagistes et autres professionnels du bâtiment et de l’urbanisme, responsables d’entreprises environnementales et de l’économie sociale, représentante de la ministre bruxelloise de l’environnement et de la rénovation urbaine, fonctionnaires communaux, délégué de la banque Triodos, journalistes, etc.) s’étaient donné rendez-vous, le 5 novembre 2012, pour un «midi durable» à l’AEIDL. L’association inaugurait en effet la rénovation écologique de son toit, un chantier qualifié d’«exemplaire» par les spécialistes de l'écoconstruction. L'initiative du volet pédagogique et démonstratif de l’événement revient à l'entrepreneur Claude Rener (Arc et Style) et à Jean-Luc Bodson, chargé de mission à la SAW-B, association qui copilote avec le cluster Ecobuild une initiative visant le développement de deux «grappes d’entreprises» dans le cadre du programme bruxellois Alliance Emploi Environnement. Ces deux grappes d'entreprises conjuguent économie sociale et construction durable. L’objectif est de fédérer ces entreprises autour de certaines thématiques ou activités comme la formation, le transfert de bonnes pratiques ou les réponses communes à des appels d’offres privés ou publics. Deux entreprises qui participent aux travaux effectués à l'AEIDL font partie de la «Grappe n°1». Selon M. Bodson, la visite du chantier répondait donc à un double objectif pour la SAW-B: présenter un chantier exemplaire sur lequel sont actives deux entreprises de la grappe et inciter d'autres entreprises du secteur à rejoindre une grappe en leur montrant in situ un projet urbain d'écoconstruction relativement ambitieux. Le directeur de l’AEIDL, Jean Vanweydeveld, a présenté l'association et expliqué le contexte de ce «beau projet», qui est en parfaite cohérence avec les valeurs que défend l’asbl: «il fallait que ces travaux de rénovation correspondent aux principes que l’on «prêche» tous les jours à travers nos programmes et projets: ancrage local, responsabilité sociale, respect de l’environnement, développement local durable…» Pierre Lenders (bureau Acrotère), l’architecte qui coordonne les travaux, a expliqué les paramètres techniques du projet: la rénovation écologique du toit plat de l’AEIDL (390 m²) par l’ajout sur l’ancien roofing de 16 cm de liège expansé pour l’isolation, d’une nouvelle étanchéité en EPDM, d’un géotextile antiracine, le remplacement des 19 lanterneaux par des nouveaux châssis de toiture super isolés, ainsi que la végétalisation de 300 m² et l’aménagement d’une partie en terrasse accessible. Cette rénovation impliquait également la modernisation du système électrique et de la climatisation, ainsi que la pose d’une trentaine de panneaux solaires photovoltaïques. L'entrepreneur, Claude Rener (Arc & Style / Ecobuild), a souligné l’aspect durable du projet mais aussi la destination du toit à d’autres fonctions, comme la convivialité (avec la terrasse, c'est un nouvel espace de détente qui a été créé pour le personnel) et la production d’électricité (grâce aux panneaux solaires qui seront installés au printemps). Selon Claude Rener, la toiture écologique de l'AEIDL devrait durer au moins 50 ans sans qu’il y ait besoin d'intervenir. A partir de l'exemple du chantier de l'AEIDL, il est revenu sur les avantages que présente une grappe d'entreprises dans le secteur de la construction durable: «On raisonne en termes de niche économique où chacun a sa place. (...) Dans ce contexte de crise économique et de concurrence déloyale de pays à bas coûts, il est essentiel d'imprimer une autre vision du secteur de la construction en adoptant une démarche collective qui permet non seulement de diminuer les coûts mais aussi d'augmenter le plaisir de travailler avec les autres en offrant une prestation de qualité.» Cette démarche collective présente également des avantages économiques directs comme par exemple les achats groupés qui réduisent les coûts (pour le liège du Portugal et les lanterneaux polonais dans le cas de l'AEIDL). Étienne Duquenne (Ferme Nos Pilifs) a ensuite présenté les aspects techniques de la végétalisation de la toiture: elle s’accomplit par l’épandage d’une couche de 15 à 20 cm de substrat composé de roche volcanique et de compost permettant d'installer une quinzaine de variétés de plantes particulièrement résistantes comme le sedum. «Le défi est d’évacuer l’eau de pluie mais aussi d’en garder pour les plantes», a-t-il résumé, expliquant qu’une toiture verte agit comme une éponge qui permet de diminuer et surtout de retarder l’écoulement des eaux dans les avaloirs municipaux. Sans oublier que la toiture devrait se naturaliser d’ici deux ou trois ans et sera une source importante de biodiversité en milieu urbain (fleurs, insectes, oiseaux…). Étienne Duquenne a également souligné deux autres éléments écologiques de la toiture rénovée: le tapis drainant de la partie végétalisée est fait de matière provenant de sièges d’avion recyclés; la terrasse (90 m²) et les bacs à fleurs bordant la partie végétalisée du toit sont en robinier, bois européen ayant la même durabilité que les bois exotiques mais sans le risque de mauvaise gestion forestière ni l’empreinte écologique qu’entraîne le transport sur de très longues distances. La partie technique de la visite du chantier se devait d'inclure la présentation des aspects économie et production d'énergie du projet, ce qui a été fait par l'entrepreneur d’électricité, Eric Rodebourg (JMR Security). En termes d'économie d'énergie, l'isolation du toit, les nouveaux équipements lumineux et les lanterneaux double vitrage vont permettre de réduire sensiblement la facture énergétique de l'AEIDL (jusqu'à 5 fois dans le cas des nouvelles lampes basse consommation installées). En ce qui concerne la production d'électricité solaire, Renaud Janson (Renov Electric) a expliqué que la situation géographique du bâtiment n'est pas optimale car trop ombragée (35% de soleil en moins). Par contre, l'important mur mitoyen exposé plein sud où seront placés les panneaux solaires photovoltaïques permettra de rentabiliser l'installation sur une dizaine d'années (au lieu des 7 ans généralement annoncés pour ce type d'infrastructure). Les nombreux échanges qu'a suscité ce «midi durable» sur le chantier de l'AEIDL se sont poursuivis autour d'un savoureux mini-buffet préparé par la Ferme Nos Pilifs, également membre de la Grappe n°1.