jouer collectif pour « faire ensemble 2020
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jouer collectif pour « faire ensemble 2020
ARTICLE L’ESSENTIEL La Fonda a mis en place un exercice de prospective participatif pour dessiner ensemble les con- Les résultats de la démarche et les hypothèses d’évolution quant à l’avenir des associations tours du monde associatif de demain et faire mouvement pour peser sur les transformations. seront dévoilés et débattus les 22 et 23 novembre à la Bourse du travail de Paris. 44 JOUER COLLECTIF POUR « FAIRE ENSEMBLE 2020 » l’avenir des associations ? » Il s’agit de vérifier les préoccupations majeures des acteurs, de poser un diagnostic partagé et de repérer les conditions à réunir pour peser sur les transformations souhaitées. Tant la matière collectée que la dynamique dans laquelle la démarche place les acteurs sont d’une richesse remarquable. Les effets indirects vont même au-delà des objectifs initiaux : mise en relation d’acteurs, appropriation d’un cadre méthodologique donnant à chacun la parole, croisements de regards autour de questions collectivement définies comme essentielles, et surtout... occasion rare d’un vrai de temps de réflexion prospective, considéré par les acteurs, souvent pris par les urgences du quotidien, comme un véritable luxe. Indicateur de succès de la démarche et fierté de la Fonda, certaines organisations se sont approprié la méthode et l’essaiment dans leur propre réseau. les expertises de chercheurs et spécialistes, mais aussi de militants, adhérents, usagers et bénéficiaires, salariés, partenaires ou simples observateurs. L’enjeu : dessiner ensemble les contours du monde associatif que nous voulons pour demain, éclairer les stratégies pour y parvenir, faire mouvement. UNE ENQUÊTE EN LIGNE : QUELLE EST VOTRE VISION DE L’AVENIR DES ASSOCIATIONS ? En premier lieu, avec l’appui de Viviane Tchernonog, chercheur au centre d’économie de la Sorbonne, une enquête par questionnaire électronique adressé au Dans un contexte de profonds bouleversements et de crises plus grand nombre d’acteurs du monde associatif mais aussi multiformes, les piliers forts de la société civile que sont les associations à leurs partenaires publics et font face à des tensions sans précédent. Il est devenu urgent d’adapter privés a été conduite. Sans cherles fonctionnements. Mais dépasser la gestion de l’urgence exige de se cher à procéder à une mesure projeter vers l’avenir pour bâtir des stratégies : c’est le sens de la précise de l’opinion, l’objectif démarche « Faire ensemble 2020 ». de l’enquête est de repérer des tendances majoritaires et de dresser une typologie des AUTEUR Charlotte Debray opinions sur l’avenir des associaTITRE Chargée de projet tions. Grâce au relais de parte« Faire ensemble 2020 », Fonda naires, environ 1 300 personnes y ont participé dans un délai très court (avril à juin 2011). Elles sont invitées à donner un point de vue nuancé sur une centaine d’items portant sur l’environnement économique, aboratoire d’idées au service des associations, la Fonda social et sociétal des associations, leurs atouts et handicaps pour faire est un lieu de production et de transmission de connaissances face à l’avenir et à donner leur vision des différentes évolutions du dégagé des enjeux de pouvoir du monde associatif. Elle mobilise ses secteur à l’horizon 2020. Les données sont en cours d’analyse et les membres et partenaires pour valoriser la contribution essentielle résultats seront publiés lors de l’Université d’automne. Ils devraient des associations, et plus largement de l’économie sociale et soli- permettre de repérer les alliances d’acteurs possibles parmi d’autres daire, à la cohésion de notre pays et pour impulser des transforma- éléments de stratégie. tions. Animée par la conviction que « faire ensemble » est la voie de construction d’une société plus juste, plus responsable et plus solidaire, elle a proposé à un large éventail d’acteurs un exercice de DES GROUPES LOCAUX AU PLUS PRÈS DES ACTEURS Par ailleurs, dans le cadre de groupes locaux de réflexion prospecprospective participatif. Ancrée dans la diversité du paysage associatif, la démarche « Faire tive, plus de 300 personnes sont mobilisées autour d’une question ensemble 2020 » mobilise des centaines d’acteurs afin de combiner très ouverte : « Selon vous, qu’est-ce qui pèsera le plus lourd sur LES PRÉOCCUPATIONS ÉMERGENTES Quant aux résultats, ils font émerger de véritables enjeux. Sans grande surprise, la question des financements est celle qui préoccupe en premier lieu les participants, qui l’analysent plus en termes de contraintes (contraction du financement public, recours aux appels d’offres, mise en concurrence, etc.) que d’opportunités offertes par les mutations des modes de financement. Et si l’assèchement des financements publics est très souvent évoqué, la relation aux autres acteurs économiques, et notamment aux entreprises, n’apparaît quasiment jamais. Pire, on semble observer de nouveaux clivages, entre les associations qui s’inscrivent ou non dans les logiques marchandes, celles gestionnaires et les autres, celles de petite taille et les plus importantes... Les mutations de l’engagement font partie des préoccupations majeures des acteurs, qui pointent le vieillissement, la volatilité – ou le « zapping » – des bénévoles , les nouvelles formes de militance, le besoin de reconnaissance... En résumé, à l’heure de l’engagement 2.0, quel modèle d’association imaginer pour des individus plus contraints, plus exigeants et plus mobiles ? Cette question est très liée à la celle de la gouvernance associative1, qui est abordée sous différents angles : renouvellement, manque de diversité et de parité, L 1. Pour un dossier d’ensemble, voir en p. 18 de ce numéro. 2. Roger Sue, Henry Noguès, Jean-Pierre Worms, Yannick Blanc, Michèle Boulègue, Jean Bastide, Pierre Vanlerenberghe, Christian Lemaignan, Jacqueline Mengin, Serge Gontcharoff, Jean-Pierre Balli- gand, Michel Wieviorka, Édith Heurgon, Alain Caillé, Roland Cayrol, Jean-Michel Bloch-Lainé, Rokhaya Diallo, Édith Arnoult-Brill, Jean-Louis Vielajus, Patrick Quinqueton, Augustin de Romanet, Jean-Louis Bancel, Jean-Pierre Duport, Didier Lapeyronnie, Pascal Aubert, Jean- jurisassociations 447 - 1er novembre 2011 Yves Le Drian, Martine Buron, Étienne Caniard, Bruno Coste, Gilbert Cette, Yves Lichtenberger, Bernard Perret, Brigitte Wieser, Claudine Attias-Donfut, Martine Dorange, Luc de Backer, JeanBaptiste de Foucault, Béatrice Delpech, François Soulage, Dominique Balmary… « pouvoir gris », participation des salariés, des bénévoles, des usagers, voire des partenaires... On observe l’émergence de nouveaux clivages entre salariés et administrateurs, les uns, bien que rémunérés, affirmant leur adhésion à la cause défendue par l’association, les autres reprochant une « technocratisation » du projet... Qui porte le projet aujourd’hui ? Faut-il inventer de nouveaux modes de concertation ? La place des associations dans la société civile, leur contribution à la définition de politiques publiques ou, plus simplement, à l’intérêt général sont des sujets souvent abordés. Mais alors qu’elles ont acquis un poids considérable dans l’économie comme dans l’opinion, les associations déplorent que leur rôle politique reste limité. Pour autant, elles n’envisagent pas ou peu les alliances avec d’autres acteurs de la société civile tels que syndicats, médias ou entreprises. À noter, en outre, un signal faible : l’opinion publique restera-t-elle favorable aux associations ? Les participants évoquent en effet une forme de « harcèlement marketing » en matière d’appels à la générosité publique qui risque de lasser. L’AVENIR DES ASSOCIATIONS EN QUESTION L’analyse de ces contributions, croisée avec les travaux de spécialistes2, permet de dégager des tendances, lourdes ou émergentes. Puis des hypothèses d’évolution sont envisagées. Articulées entre elles selon une logique naturelle, elles permettent d’établir quatre scénarios pour l’avenir des associations. Ces derniers ne décrivent pas un avenir inéluctable mais imaginent des évolutions possibles. Chacun comporte des risques et des opportunités et devrait permettre aux acteurs de repérer marges de manœuvre et leviers d’action. Ils alimenteront le débat lors de l’Université d’automne « Faire ensemble 2020 ». Parce que « demain est moins à découvrir qu’à inventer », comme disait Gaston Berger, la Fonda donne rendez-vous les 22 et 23 novembre prochains à la Bourse du travail de Paris (annexe Varlin) à tous ceux qui entendent renforcer les capacités de la société civile à peser sur les transformations. 1er novembre 2011 - jurisassociations 447 Article extrait de jurisassociations n° 447 du 1er novembre 2011. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris Éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr PROSPECTIVE © Faire ensemble 2020 – Université d’automne Article extrait de jurisassociations n° 447 du 1er novembre 2011. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris Éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr VIE ASSOCIATIVE 45