Editorial, Yannick Blanc

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Editorial, Yannick Blanc
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Éditorial
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par
Yannick Blanc,
président
de la Fonda
Frédéric Pascal, président de la Fonda de 1981 à 1997, rappelait lors d’un
récent séminaire qu’au cours des années passées, la Fonda avait cherché à
faire entrer dans le monde associatif ce que le monde de l’entreprise avait de
meilleur. Dans les années 1980, le profit était une notion tabou ; la Fonda a
toujours rappelé que la loi de 1901 n’interdisait pas de dégager des excédents
mais seulement de partager les bénéfices. Le recours à des financements privés est longtemps resté perçu par les associations comme une pratique contre
nature. Les méthodes de gestion et de communication issues de l’entreprise
n’existaient pas dans l’association. En contrepartie, le mécénat d’entreprise
a permis de faire connaître l’association au sein de l’entreprise et a donné une
base pratique à la RSE. Le bénévolat des salariés et le mécénat de compétence
s'imposent depuis quelques années comme des leviers de la gestion des ressources humaines. Les jeunes diplômés des écoles de commerce et des écoles
d'ingénieurs intriguent les recruteurs par l'importance qu'ils accordent aux valeurs
de l'intérêt général...
Il nous a semblé dès 2007 que ces phénomènes étaient porteurs d'une mutation
des relations entre associations et entreprises permettant de dépasser les logiques
figées de l’instrumentalisation réciproque, en faisant le point sur les pratiques
émergentes, en qualifiant les enjeux sur lesquels entreprises et associations peuvent s’accorder et en identifiant les conditions de la réussite de démarches communes.
Notre groupe de travail « Associations et entreprises » a adopté différents angles
d’analyse :
– 2007-2008 : les relations associations-entreprises constituent-elles un sujet
d’étude ?
– 2009-2011 : quelle est la réalité des relations entre associations et entreprises ?
La tribune fonda - mars 2013 - n°217
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– 2012-2013 : les relations associations-entreprises au service du bien commun : mythe ou réalité ? Les relations partenariales ne sont-elles qu’une relation contractuelle entre deux parties ou un levier au service de la transformation
de la société ?
On trouvera ici le fruit de cette dernière année de travail. Il donne du corps à
notre vision d'une société ouverte et décloisonnée. Dès lors qu'elle est un agent
économique, l'association ne peut ignorer les pratiques et les savoir-faire d'une
entreprise ; dès lors qu'elle est une communauté humaine insérée dans un territoire, l'entreprise ne peut rester indifférente à ce qui « fait société ». Mais ce
croisement de regards peut-il aller au-delà de la reconnaissance des intérêts
réciproques ? Y a-t-il une co-construction possible et de quoi ? C’est à cette
perspective d’approches collaboratives directes entre acteurs de la société civile
que semble répondre la notion de bien commun dont nous essayons d’éclairer
les significations multiples.
Je tiens à saluer le travail de Charles-Benoît Heidsieck, co-animateur du groupe
de travail avec Charlotte Debray, et de son équipe du Rameau. Ils ont été les
pionniers de cette problématique qu’ils ont poursuivie sans relâche malgré une
certaine indifférence du monde de l’entreprise et une certaine méfiance du
monde associatif. Ils ont compris avant d’autres que pour co-construire, il faut
commencer par abattre les cloisons...
La tribune fonda - mars 2013 - n°217