definition des mots « inclusion sociale
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Union Sociale BG 27-8-04 Lutte contre l’exclusion : une dynamique nouvelle qui reste à confirmer Après deux années plutôt atones, voire de régression en matière de lutte contre l’exclusion, l’année 2004 est chargée avec la sortie du plan BORLOO le 30 juin, les premières Assises du logement le 1er juillet, la première Conférence nationale de lutte contre l’exclusion et le premier Comité interministériel spécialisé le 6 juillet. Tout est sorti en feu d’artifice sur une semaine, après plusieurs mois de très intense préparation. L’origine première de ce vaste mouvement tant attendu est la rencontre entre le collectif ALERTE animé par l’UNIOPSS et le Premier Ministre, Jean-Pierre RAFFARIN, le 15 décembre 2003. Ce jour là, devant la très forte impatience des associations, le Chef du Gouvernement a promis à ALERTE la création d’une Conférence annuelle de lutte contre l’exclusion, sur un modèle proche de celui de la Conférence de la famille. Cette Conférence devait être un lieu et un temps privilégiés pour réunir tous les acteurs nationaux de la lutte contre l’exclusion afin de préparer les décisions du Comité interministériel de lutte contre l’exclusion, Comité prévu par la loi d’orientation de 1998 mais que les Gouvernements successifs n’ont jamais réuni . Ensuite est venue la décision du Président de la République de donner un « tournant social » à la politique du Gouvernement après les sévères échecs aux élections régionales puis européennes, et la nomination de Jean-Louis BORLOO pour mettre en œuvre cette nouvelle politique. Effectivement, l’arrivée de la locomotive BORLOO a boosté une nouvelle dynamique et accouché d’un plan ambitieux qui ne manque pas de souffle. Il était grand temps car on avait perdu beaucoup de temps en 2002 et 2003 tandis que la pauvreté recommençait à progresser après une décélération depuis 1997 : en 2003, le nombre de bénéficiaires de la CMU complémentaire a augmenté de 5% et celui des bénéficiaires du RMI de 10% ! Il y a le feu à la maison ! Concrètement, les Assises du logement ont été préparées par quatre groupes de travail du Conseil national de l’habitat (le parc privé, l’accession à la propriété, le locatif social, le droit au logement). L’UNIOPSS coprésidait le groupe « Droit au logement ». Elles se sont déroulées ensuite sur une journée et ont été une alternance de tables rondes et d’ateliers d’échanges entre 500 acteurs nationaux de la politique du logement. Elles n’ont pas débouché sur des décisions, ce n’était pas leur objet. La Conférence nationale de lutte contre l’exclusion a été également préparée par quatre groupes de travail ( Etre acteurs, Accès aux droits, Sans abris et territoires, Droit au logement). Chaque groupe était coprésidé par un élu politique et par un représentant d’ALERTE. L’UNIOPSS coprésidait le groupe « Accès aux droits ». Ces groupes ont effectué un travail de grande qualité, à la fois de diagnostic et de propositions. La Conférence ellemême s’est déroulée sur une demi-journée. Elle a été une suite de discours et de tables rondes, principalement pour rendre compte des travaux des groupes préparatoires, sans débat, ce qui est sans doute regrettable. Elle a débouché, l’après-midi même, sur le Comité interministériel de lutte contre l’exclusion, qui a arrêté 41 mesures. Il s’agit certes d’un nombre élevé de mesures, mais chacune est modeste. Rien à voir avec l’importance du plan de cohésion sociale 1 (plan BORLOO). Ainsi, la première Conférence nationale de lutte contre l’exclusion et le premier Comité interministériel ont-t-ils souffert d’un écrasement par le mammouth que représente le plan BORLOO, sorti malencontreusement avant la Conférence. Il eut beaucoup mieux valu que le plan de cohésion sociale fût décidé par le Comité interministériel, comme conclusion de la Conférence. Ce faux pas est regrettable. Dès à présent le Premier Ministre a annoncé que la Conférence de 2005 portera sur la dimension européenne de la lutte contre l’exclusion et la préparation du prochain Plan national d’action pour l’inclusion (PNAI) 2005-2007. En principe, Madame OLIN, Ministre déléguée à la lutte contre la précarité et l’exclusion a confirmé qu’il y aurait bien désormais chaque année une Conférence, comme l’UNIOPSS le demandait avec insistance, ce qui nous réjouit car nous pensons que c’est une bonne méthode pour promouvoir une réflexion et une concertation large et permanente autour de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Il est à noter par exemple que les partenaires sociaux sont associés à cette démarche, y compris dans les travaux préparatoires, ce qui est intéressant compte tenu de leur importance dans la problématique de l’emploi. On peut espérer par ailleurs que l’existence d’une Conférence et d’un Comité interministériel annuels exercera une pression sur les Gouvernements successifs pour qu’ils prennent chaque année des mesures de lutte contre l’exclusion, pour qu’on aille chaque année un peu plus loin dans cette bataille qui exige des efforts renouvelés sur le long terme. En principe, une année la Conférence devrait traiter d’un thème, et l’année suivante porter sur l’ensemble de la loi d’orientation de 1998. On sent toutefois, à ce stade, que cette construction est encore fragile et qu’elle nécessite d’être consolidée. Il faudra sans doute beaucoup de vigilance et de pesée d’ALERTE pour que ce processus continue dans la durée. Le plan BORLOO, qui va déboucher à l’automne sur un projet de loi de programmation pour la cohésion sociale, va être la colonne vertébrale de l’action publique pour toute l’année 20042005. Il a été arrêté pour cinq ans (2005-2009). Il ne manque pas d’ambition et est doté de près de 13 milliards d’Euros (83 milliards de francs), ce qui est très important. C’est le double du plan AUBRY de lutte contre les exclusions de 1998. Toute la question est de savoir si ces moyens financiers annoncés seront bien maintenus dans la durée, compte tenu du contexte budgétaire très difficile. Certes le Ministre a prévu de faire voter une loi de programmation des crédits, pour engager Gouvernement et Parlement sur le financement de son plan, mais la volonté politique restera-t-elle intacte avec les années? Les lois de finances successives peuvent très bien défaire par petits bouts ce qu’une loi de programmation a faite. La question se pose d’autant plus que ce plan ne prévoit qu’un milliard d’€ pour 2005 contre trois milliards les années suivantes. Il faudra donc lui faire de la place dans les Budgets de l’Etat à partir de 2006, ce qui sera difficile. Nous ne ferons cependant pas de procès par avance et l’UNIOPSS espère très vivement que les moyens prévus perdureront dans le temps. Elle pèsera en tous cas de tout son poids pour cela. Le plan comporte trois grands piliers : l’emploi, le logement, et l’égalité des chances. On remarquera qu’il n’y a rien en matière de santé et d’accès aux soins. Cela s’explique par la répartition des postes ministériels : le plan a été rédigé par Jean-Louis BORLOO et les Ministres qui lui sont rattachés. Le Ministre de la santé n’y a pas contribué, ce qui est très regrettable car il reste des progrès à accomplir, tant pour la CMU que pour l’aide médicale Etat. L’emploi est le pilier le plus développé. Il comporte de nombreuses mesures, dont les plus importantes sont l’accompagnement de 800 000 jeunes en difficulté vers l’emploi au travers du « contrat d’avenir », la création du contrat d’activité, la réforme du RMA et la réforme des contrats aidés. Le « contrat d’avenir », c’est la possibilité, pour chaque jeune rencontrant des difficultés d’accès à l’emploi, de se voir proposer un accompagnement personnalisé pendant un an, renouvelable « jusqu’à l’accès définitif à l’emploi durable ». Il s’agit là d’une mesure 2 tout à fait heureuse. En outre, une allocation sera donnée quand le jeune sera entre deux contrats, afin qu’il n’y ait pas de rupture de revenu. Cela correspond bien, en principe, à la demande des associations qu’un revenu soit assuré aux jeunes pendant tout leur parcours d’insertion sans période de rupture. Reste à voir comment cette allocation va être dessinée dans les textes et quel sera son montant. Il y a là un véritable besoin car il y a de plus en plus de jeunes sans ressources en galère. Le « contrat d’activité » constitue le cœur même du plan BORLOO, sa principale mesure. Il s’agit d’un nouveau type de contrat aidé, assorti d’un accompagnement. Il sera réservé aux bénéficiaires de minima sociaux (RMI, ASS, API), ce que l’on peut regretter car on aurait préféré un nouveau contrat aidé unique pour toutes les populations en difficulté d’accès à l’emploi. Ce contrat d’activité s’exercera dans le secteur non marchand : associations, entreprises d’insertion, collectivités territoriales. Le temps de travail est hélas fixe : 26 heures obligatoirement, alors qu’on aurait aimé le voir varier selon les possibilités de la personne. Le travail sera rémunéré au SMIC. A cela s’ajouteront des heures de formation, ce qui est heureux. La protection sociale sera garantie. La durée du contrat sera de deux ans normalement, trois ans au maximum. L’employeur verra le coût du travail réduit par le versement à lui de l’allocation (RMI, ASS ou API) et par une aide de l’Etat, malheureusement dégressive dans le temps. Cette dégressivité de l’aide peut poser problème pour certains employeurs, notamment associatifs, qui risquent de ne pas pouvoir supporter le poids financier et donc renoncer à embaucher. Les communes seront chargées de proposer ce contrat aux bénéficiaires de minima sociaux, et elles seront chargées de l’accompagnement. L’objectif quantitatif est ambitieux puisque le plan vise un million de contrats d’activité en cinq ans. Le RMA va être réformé pour étendre la protection sociale des bénéficiaires. On sait que l’UNIOPSS avait fortement contesté l’existence de droits sociaux (chômage, retraite) réduits pour ces personnes qui comptent déjà parmi les plus démunies et à qui l’on rajoutait de la précarité. Les associations étaient intervenues pour demander le rétablissement d’un protection sociale complète, y compris devant le Premier Ministre le 15 décembre 2003, et celui-ci nous l’avait promis à terme. L’UNIOPSS salue donc cette extension des droits sociaux décidée dans le cadre du plan BORLOO. Il reste à voir, lorsque les détails du projet de loi seront connus, si le RMA nouveau ouvre bien droit à l’ensemble des droits sociaux de droit commun ou si l’extension ne porte que sur la retraite. Les contrats aidés actuellement existants vont être réformés et réservés aux chômeurs de longue durée de plus de 26 ans. Le nombre de types de contrats va être réduit, afin qu’il n’en existe plus qu’un dans le secteur marchand et un dans le secteur non marchand. Ainsi, dans le secteur marchand seul devrait subsister le contrat initiative emploi (CIE), et dans le secteur non marchand un contrat unique qui sera une fusion du CES et du CEC. Le volume des contrats aidés restera au niveau 2004, ce qui est un niveau faible car il avait beaucoup été diminué ces dernières années. Deux évolutions importantes sont à noter : d’une part les bénéficiaires de minima sociaux ne pourront plus bénéficier des contrats aidés traditionnels : ils auront à leur disposition le RMA dans le secteur marchand et le contrat d’activité dans le secteur non marchand. D’autre part, les jeunes de moins de 26 ans ne pourront plus non plus bénéficier des contrats aidés traditionnels. Ils auront dans le secteur marchand le contrat jeune en entreprise, le contrat initiative emploi qui va leur être ouvert, le contrat d’apprentissage qui va être fortement développé; dans le secteur non marchand : le CIVIS associations (contrat d’insertion dans la vie sociale). L’autre grande dimension du plan de cohésion sociale est l’action en matière de logement. On notera surtout le financement de la réalisation de 500 000 logements sociaux dans les 5 ans du plan. Il s’agit là d’un objectif ambitieux puisqu’il représente un doublement du rythme de construction par rapport à ces dernières années. L’UNIOPSS s’en félicite car cette décision 3 montre que le Gouvernement a enfin pris conscience de la gravité de la crise du logement, qu’il avait longuement contestée auparavant. Oui, des choses bougent. Elles vont dans le bon sens. Nous pouvons nous en réjouir, tout en restant très vigilants pour que cette volonté politique se confirme dans la durée et dans les faits budgétaires. Ces objectifs ne seront pas à faciles à tenir, en matière d’emploi comme en matière de logement social. A nous de demander la correction de ce qu’il faut amender. Mais à nous aussi de nous mobiliser pour faire réussir cet effort exceptionnel de l’Etat. __________________ 4