Aux sources du JT

Éduquer aux médias avec TV5MONDE © CRDP de l’académie de Versailles, 2011
Aux sources du JT
Les images sont la matière première et le mode d'expression spécifique de l'information
télévisée. Mais chaque chaîne étant dans l'impossibilité technique ou financière de se
nourrir des images qu'elle produit elle-même, elle est obligée de s'approvisionner à l'extérieur. Dès lors se pose un des problèmes fondamentaux des JT : l'identification des sources.
Poser la question des sources, c'est poser la question de la fiabilité de l'information qu'offre le JT. Est-on
sûr que cette information est vraie, que la source est sérieuse, qu'elle a été vérifiée ?
La première source d'images utilisée par une chaîne, ce sont les reportages réalisés par sa ­rédaction :
un journaliste de la chaîne (et/ou son équipe) se rend sur place pour rendre compte de ce qu'il voit. Le
rôle des JRI* (journaliste reporter d'images) demeure donc primordial.
Mais toutes les chaînes, faute de temps et de moyens, se fournissent aussi auprès des EVN* ­(Exchange
Video News), une banque internationale d'images qui, plusieurs fois par jour, transmet une vingtaine
de reportages télévisés, constitués pour moitié de reportages d'actualités politiques et générales, et
pour un quart de nouvelles sportives. À ces informations s'ajoute tout ce qui relève des « événements
spéciaux » et des breaking news*. Ces transmissions se font grâce aux canaux Eurovision du système
de satellite Eutelsat. L'UER (Union européenne de radiodiffusion) centralise ces échanges. Il existe deux
agences internationales privées (Reuters-TV et APTN), qui envoient à la fois des reportages d'actualités et des reportages de magazines. Certains d'entre eux sont repris par les EVN, si les stations sont
abonnées. Les grandes chaînes d'information des États-Unis (CNN, ABC News, CBS News...) fournissent
également des reportages. Chaque chaîne peut diffuser les reportages tels qu'ils lui sont envoyés ou
réaliser des commentaires qui lui sont propres, voire remonter les images d'origine, avec l'accord de
leur producteur.
Les agences de presse comme l'Agence France-Presse (AFP), Reuters ou Associated Press ont de nombreux correspondants dans le monde qui fournissent des dépêches et des images (photos, mais aussi
vidéos) en permanence.
Les informations peuvent également venir de gouvernements, d'institutions publiques, d'associations
qui produisent leurs propres images, ou d'entreprises et groupements d'intérêts qui ­soignent leur promotion... S'il est évident que toute image peut devenir une image d'information, il faut déterminer son
statut au moment de la prise de vue et son contexte de diffusion. En fonction des images et du commentaire, du montage*, différentes lectures peuvent être faites d'un même événement. Car, pour un
même fait, il peut y avoir une diversité de sources : JRI envoyé par la chaîne, agences, témoins, points
de vue officiels...
Une autre source importante concerne les images d'archives, utilisées pour des sujets* rétrospectifs,
des nécrologies, des portraits. Ces archives ne sont parfois que prétexte à combler un déficit d'images
et, rarement « sourcées », elles peuvent induire des confusions entre un document du passé et un
document récent. En France, la loi prévoit que l'Ina (Institut national de l'audiovisuel) assure la gestion
patrimoniale et commerciale des archives audiovisuelles.
À l'ère du numérique, la multiplication des images produites par des amateurs, leur volatilité et leur
disponibilité sur des canaux de diffusion ouverts à tous sur internet bouleverse depuis plusieurs années
maintenant les circuits réglés d'approvisionnement d'images d'actualité. Les vidéos et photos d'amateurs enregistrées avec des caméscopes, téléphones ou smartphones sont autant d'images de plus en
plus présentes dans les JT et parfois centrales dans la construction de l'information (qu'on se souvienne des images du tsunami en Asie du sud-est en 2004 ou des attentats de Londres en 2005). Ces
images réactivent la question essentielle de la « traçabilité » des documents à l'ère d'internet. Quand
les JT (et tous les médias de façon générale), pressés par la concurrence et l'urgence de la diffusion,
recourent à l'instantanéité des images sur internet, ils sont parfois peu regardants sur la fiabilité de la
source. Pourvu que l'image devienne scoop*, l'origine peut rester ­incertaine et sa qualité ­relative.
Dans cette immense galerie planétaire d'images que sont les réseaux sociaux numériques, leur
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disponibilité immédiate sur des sites de messageries ou des plateformes de partage est une tentation
permanente à laquelle les journalistes ne savent pas toujours résister.
Or il est évident que ces images, qui participent, elles aussi, à une meilleure compréhension d'une
situation et de la complexité du monde, nécessitent tout autant une vérification et un recoupement
des informations, même s'il est souvent difficile d'apprécier la fiabilité de la source et d'établir rapidement son identité. C'est là un des enjeux cruciaux de la crédibilité de l'information télévisée de demain.
Pistes pour la classe
École
• En s'appuyant sur un extrait d'un JT, on distinguera avec les élèves ce qui relève du direct* sur le plateau*
ou en duplex* et ce qui a été enregistré préalablement (sujets, reportages) : sur quels critères les élèves
s'appuient-ils pour effectuer cette distinction ?
• En visionnant un reportage complet, on dressera un tableau des sources d'informations indiquées :
officielles, non officielles, témoignages, rumeurs. On remarquera les différentes façons d'identifier les
sources. Ainsi, dans le JT de TV5 International, on rencontre, à propos des manifestations en Syrie, à
la fois des « images d'amateurs non authentifiées », des images avec des logos de chaînes arabes non
précisées et des images introduites par « un reportage sur place de... ». Dans le journal de la TSR, à
propos de ces mêmes événements, le commentaire précise, au début de la diffusion, qu'il s'agit de
« vidéos amateur » puis d' « images du gouvernement qui veut montrer que le calme est rétabli ». Pourquoi est-il important de toujours préciser l'origine des images vues dans le JT ?
• À propos d'un reportage comprenant des images d'archives, on distinguera celles-ci des images fraîchement tournées pour le reportage, en avançant les critères d'identification. Ces archives sont-elles
« sourcées » ? de quelle manière ?
Collège
• En saisissant l'occasion donnée par la Semaine de la presse d'être abonné au fil de dépêches* de l'AFP
pendant quelques jours, on s'appuiera sur les dépêches de l'agence qui concernent un événement
dont les JT vont offrir un traitement en images. On comparera ce qui, dans le commentaire du sujet* ou
du ­reportage consacré à l'événement, est commun à la dépêche ; on notera ce qui n'est pas évoqué, ce
qui est précisé, complété (notamment par des informations visuelles), voire infléchi ou corrigé.
• On travaillera sur la diversité des sources pour un même événement traité dans le JT. On constituera
un dossier en notant les sources de chaque JT : titre, date, rubrique, sources citées... On montrera comment la pluralité des sources influe sur la compréhension de l'événement.
• À propos d'un événement qui vient d'avoir lieu, on collectera des informations sur les réseaux sociaux
(Facebook, Twitter, Mypace) et on observera la manière dont ces informations sont reprises ou modifiées.
On comparera la forme sous laquelle l'info est présentée (les contenus, les réactions).
• On vérifiera la généralisation de la signature des sujets dans un JT : tous les reportages diffusés, toutes
les contributions sont-ils signés ?
• On établira une typologie des images employées dans le reportage d'un JT : photographies, films
(images vidéo tournées et montées en amont), images HF (images vidéo retransmises en différé*),
images d'archives, cartes, logos, dessins, infographies*, inserts de documents... Puis, on s'interrogera
sur leur fonction : informer, divertir, promouvoir, convaincre, persuader...
Pour aller plus loin
Sur le site du CLEMI, un dossier thématique « Les dépêches d'agence... »
[www.clemi.org/fr/ressources_pour_la_classe/dossiers-thematiques/depeches-d-agences/]
... et un dossier thématique « Japon 2011 ».
[www.clemi.org/fr/ressources_pour_la_classe/dossiers-thematiques/dossier-japon-2011/]
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