"The North Face® Ultra-Trail du Mont

Transcription

"The North Face® Ultra-Trail du Mont
"The North Face®
Ultra-Trail du Mont-Blanc®
a 10 ans !
Bonjour Me poletti, alors comment s’annonce
cette dixième édition de "The North Face® Ultra-Trail du Mont-Blanc®"?
Au niveau de la participation, nous sommes «
très très très » complet. Quand nous avons fait
les inscriptions, en décembre, nous avons été
obligés de passer par un tirage au sort, car nous
avons eu plus de 10 000 demandes.
Nous avons donc été obligés de renoncer à 4000
personnes car il faut savoir que nous devons respecter un nombre limité de coureurs sur les 4
courses : il y a 2300 coureurs prévus sur
l’UTMB®, 1900 sur la CCC®, 1400 sur la TDS™
et 75 équipes de 2 ou 3 personnes sur la Petite
Trotte à Léon (la PTL™).
Le nombre d’inscriptions est limité non seulement
pour des raisons de sécurité mais aussi et surtout pour des notions de respect des coureurs :
le trail a quelque chose de bien particulier, cela
se passe en pleine nature et il y a des chemins
qui parfois sont étroits. Nous prenons également
en compte la taille des infrastructures des petits
villages en pleine montagne qui accueillent les
coureurs. Si nous acceptons trop de coureurs,
cela crée des bouchons, des engorgements aux
différents ravitaillements. Alors nous nous limitons au nombre de coureurs permettant à chacun
de faire sa course dans de bonnes conditions et
d’éviter ce type d’inconvénient.
Nous ne sommes pas dans une logique d’augmenter toujours plus le nombre de coureurs. Il
faut bien se dire que si sur un marathon on peut
faire courir 40000 coureurs sur des grandes avenues, cela ne peut pas être le cas sur un trail où
l’on utilise des chemins qui de temps en temps
ne sont pas très larges. On ne peut pas se permettre que les gens courent dans des conditions
où ils sont obligés d’attendre, ce n’est pas respectueux des coureurs qui pour certains font des
milliers de km pour venir faire cette course.
Vous avez prévu des choses particulières
pour le dixième anniversaire ?
Au niveau du parcours, pas de changement, il
faut quand même dire que 54% des gens qui
viennent sont là pour la première fois. Au niveau
« ambiance » et « animation », nous sommes en
train de mettre en place des animations très festives pour féter notre 10ème édition.
Nous éditons, par nos propres soins, deux livres.
Notre livre coup de cœur « La plus belle course
du monde » par Philippe Billard, sort en novembre, il retrace l’événement année par année
à travers les différentes actions menées et les
plus belles photos. Le second livre, qui s’intitule «
un mythe, un territoire, des hommes », est écrit
par Olivier Bessy, sociologue, qui tente d’analyser, à travers les différentes années, ce qui fait
que l’événement est devenu un mythe. Il retrace
l’historique de l’événement et même ce qui a précédé l’Ultra-Trail du Mont-Blanc®. Parmi les
thèmes abordés, nous retrouverons les origines
de la course, qui sont les coureurs, d’où viennent
-ils, pourquoi sont-ils si nombreux, mais aussi qui
sont les bénévoles, comment on arrive à réunir
1900 bénévoles qui font un travail monumental,
quelles sont les avancées technologiques, qu’est
ce que cela représente pour les locaux d’un point
de vue économique, et l’empreinte Ultra-Trail®
dans le territoire.
Nous allons également sortir un film, qui ne sera
pas le film traditionnel annuel mais un film à part,
qui va retracer les 10 éditions de l’événement,
année après année en récupérant les plus belles
images, les histoires, les différentes caractéristiques de cette course, dans le même esprit que
le premier livre.
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Mag n° 41 Aout 2012
Col Chécrouit Maison Vieille © The North Face® Ultra-Trail du Mont-Blanc® Bernard Guegan
Quelles évolutions dans les années à venir ?
Ce n’est pas forcément nous qui avons des idées
mais toutes les communes qui sont très motivées
et se demandent ce que l’on pourrait faire de
mieux. Les Suisses, par exemple, regrettent de
ne pas avoir de départ de leur coté. Nous
sommes encore en simple réflexion car ce n’est
pas si simple.
Je pense que ce qui prendra de l’ampleur ce sont
surtout toutes les actions connexes, parce que,
plus qu’un événement sportif, The North Face®
Ultra-Trail du Mont-Blanc® est vraiment une
aventure humaine, je dirais même une somme
d’aventure humaine. En effet, c’est un événement qui est extrêmement émotionnel, ce qui
nous permet de mettre en place et soutenir des
actions de solidarités.
Par exemple, la mise en place de dossards solidaires (chaque course soutient une action humanitaire) nous permet de mener des projets grâce
aux dons des coureurs. Avec l’association Les
Amis de Children’s Home, nous avons participé à
la création et au financement d’un orphelinat au
Népal. Nous finançons aussi une boulangerie
pour un orphelinat au Mexique, ce qui va permettre à cet orphelinat de devenir indépendant
en fabriquant son propre pain et en pouvant le
revendre pour pouvoir subvenir à d’autres besoins. Les dons des coureurs financent également une action humanitaire au Rwanda avec
l’association Frères des Hommes.
Tout ce côté solidaire est très important et c’est
quelque chose en relation étroite avec l’esprit du
trail et ses valeurs.
On continue à travailler du côté de la recherche
médicale, nous avons chaque année quelques
recherches médicales menées de manière très
sérieuse pendant les courses : étude du sommeil, étude de la récupération, de la fatigue
longue durée.
Nous sommes également en train de s’associer à
plusieurs autres organisations pour mettre en
place les « assises internationales du trail », afin
de trouver une définition commune sur ce qu’est
le trail, sur quelles valeurs cela s’appuie, comment va-t-on pouvoir faire vivre notre discipline et
ses valeurs à long terme. On pourra peut être
s’organiser de la même manière que la
« Vasaloppet » dans le ski de fond qui permet de
faire des grandes courses autour du monde.
Nous avons comme projet de créer avec d’autres
organisateurs, que cela soit Japon, Etats-Unis,
Chine, Malaisie, Hong Kong…un circuit mondial
du trail !
Quelques chiffres, combien gardez-vous de
dossards «élites» pour la course ?
Sur les 3 courses, nous avons repéré 50 personnes maximum faisant partie de l’élite mais qui
s’inscrivent normalement. Pour nous, c’est avant
tout une course populaire, ouverte à tout le
monde, tant que la personne se prépare et
qu’elle respecte les règles du jeu. Aujourd'hui
que l’on soit « élites », « élites dans un autre
sport », « VIP » ou même la reine d’Angleterre si
elle courait, tout le monde doit avoir ses points
pour prendre le départ. Nous souhaitons maintenir une équité entre les coureurs, chose qui nous
est très chère. Nous avons la chance d’avoir une
discipline sportive dans laquelle il y a une vraie
proximité entre l’élite et le traileur du peloton.
Dans cette proximité, il n’y a pas vraiment de star
système et il faut absolument que l’on se batte
contre ca pour pouvoir maintenir l’esprit du trail.
Les seules personnes qui sont invitées sont les
vainqueurs. Lorsque l’on est un coureur « lambda », on apprécie de pouvoir goûter à cette proximité, on peut se dire « je cours la même course
que Julien Chorier, Kilian Jornet, Sébastien Chaigneau, ils sont connus dans le monde entier, eh
bien moi je suis sur la même ligne de départ,
dans les mêmes conditions de course ! ».
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MagOdoux
n° 41 Aout 2012
Balisage © The North Face® Ultra-Trail du Mont-Blanc® - Franck
Qu’est ce que gagne le premier de "The
North Face® Ultra-Trail du Mont-Blanc®"?
Tous les coureurs qui finissent la course gagnent une
veste sans manches technique, le même cadeau
pour tous les finishers. Ceux qui vont monter sur le
podium reçoivent un cadeau supplémentaire, par
exemple le gagnant de l’UTMB® gagne un bon
d’achat de 500€ au magasin The North Face®. Ce
qu’ils gagnent surtout c’est de la notoriété dont ils
vont pouvoir se servir. Kilian Jornet, avant sa victoire,
personne ne le connaissait en dehors du milieu du
ski Alpinisme, personne ne savait que c’était un coureur à pied. Et, du jour au lendemain, il a décroché
plusieurs contrats, pareil pour Lizzy Hawker et Sébastien Chaigneau. Il vrai que l’UTMB® est un vecteur qui les aide à vivre de leur sport.
Pour finir une question plus personnelle, qu’estce que l’on pense dans les toutes premières minutes quand, pour des raisons climatiques, on
est obligé d’arrêter la course ?
Alors c’est très ambivalent et très opposé. Tout
d’abord, on est très malheureux parce qu’il y a des
milliers de gens qui comptaient sur nous. Les coureurs se sont entrainés, ils viennent de loin mais à la
limite eux ils savent que si on fait un sport Outdoor,
la meilleur manière de respecter la montagne ou la
nature, c’est : quand on ne peut plus y aller, on y va
pas. Les coureurs sont ceux qui connaissent le
mieux le risque météo et si l’on n’accepte pas ce paramètre, on fait un sport en salle, handball, ping
pong…
Par contre, j’étais aussi déçue pour tous les bénévoles, ils avaient tout préparé, ils étaient en place,
j’étais très malheureuse parce que eux, pour le coup,
ils viennent avec juste pour idée de faire cette aventure et ils ne s’attendaient pas à ne rien faire. Dans le
même temps on est très fiers de n’avoir envoyé personne au casse-pipe parce que, très franchement,
quand on est organisateur, il y a un moment où l’on
ne peut plus réfléchir comme un coureur et l’on est
obligé de réfléchir pour la collectivité, c’est de notre
responsabilité. Si on arrête une course, il ne suffit
pas de simplement l’arrêter, il faut aussi penser aux
conséquences, comment ramener tout le monde en
sécurité, comment gérer environ 4000 personnes à
un moment où l’on avait pas prévu de les gérer
(repas, hébergement, douche etc.), comment gérer
le fait que des milliers de personnes vont se retrouver là le samedi et le dimanche, comme des âmes en
peines, il faut être réactif et s’organiser pour que tout
se passe du mieux possible. De toute façon, ce qui
est clair, c’est que quand on ne peut pas aller en
montagne, ce n’est pas la peine d’essayer de sortir
et forcer le destin, on risque d’avoir des catastrophes. Le mieux c’est d’essayer de trouver une alternative satisfaisante pour tout le monde sans prendre le risque de perdre quelqu’un.
Mag n° 41 Aout 2012
Controle CroixduBonhomme © The North Face® Ultra-Trail du Mont-Blanc® - Mathilde Villien