Emmanuel d`Alzon, les Assomptionnistes et nous
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Emmanuel d`Alzon, les Assomptionnistes et nous
Spiritualité Actualités PROGRAMME DES JMJ DE CRACOVIE EMMANUEL D’ALZON, LES ASSOMPTIONISTES, ET NOUS ! D������� 17 ������� : Départ de Nîmes L���� 18 ������� : Halte dans le diocèse de Gratz, en Autriche M���� 19 ������� : Arrivée dans le diocèse de Rzeszow, en Pologne Figure du diocèse de Nîmes et du Catholicisme français du XIXème siècle pour les historiens, Emmanuel d’Alzon (1810-1880) continue à inspirer la vie spirituelle et l’action de nombreux hommes et femmes à travers le monde. Portrait d’un Nîmois à la foi vigoureuse et entreprenante. M������� 20 ������� : Visites de Auschwitz et du Sanctuaire marial de Czestochowa J���� 21 ������� – D������� 24 ������� : Découverte du diocèse, temps de catéchèses… L���� 25 ������� : Messe d’envoi célébrée par l’évêque de Rzeszow, puis départ pour Cracovie M���� 26 ������� : Messe d’ouverture des Journées Mondiales de la Jeu- nesse M������� 27 ������� : Catéchèse et Festival de la Jeunesse J���� 28 ������� : Catéchèse et Festival de la Jeunesse, accueil du Pape François V������� 29 ������� : Catéchèse et Festival de la Jeunesse, chemin de croix présidé par le Pape S����� 30 ������� : pèlerinage jusqu’au campus Misericordiae, lieu du week-end final des JMJ, veillée célébrée par le Pape D������� 31 ������� : Messe de clôture des JMJ par le Pape L���� 1�� ���� : Départ pour la France, arrivée le 2 août S������ D�������� �� �� P�������� ��� J����� 6 Rue Salomon Reinach – 30000 Nîmes Tel : 04 66 21 31 52 Mail : [email protected] Lundi, mardi et jeudi de 10h à 18h 14 EglisE dE NîmEs > 3 juillEt 2016 > N°9 « N’ayez pas peur d’être catholiques, d’en témoigner toujours autour de vous avec simplicité et sincérité ! Que l’Église trouve en vous et en votre jeunesse les missionnaires joyeux de la Bonne Nouvelle ! » Benoît XVI, (Angélus de clôture des XXVIème Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid, 21 août 2011) lifeingard.catholique.fr www.facebook.com/JMJ30 ... et suivre les éditions spéciales JMJ sur kto E mmanuel d’Alzon est né le 30 août 1810, au Vigan. Son père, le vicomte Henri Daudé d’Alzon, et sa mère, Jeanne-Clémence Faventine de Montredon, sont des aristocrates aisés. Ils ont eu quatre enfants dont Emmanuel était l’aîné. C’était une famille unie et chaleureuse. Emmanuel a bénéficié des avantages de sa naissance : l’aisance, les relations, l’accès à la culture ainsi qu’un certain sens de la politique, du devoir et de l’aide à ceux qui ont besoin de lui. Une formation d’élite Député, le vicomte Henri d’Alzon installe sa famille à Paris en 1823. Son fils est scolarisé dans les meilleurs établissements scolaires de la capitale. Il s’enthousiasme pour la formation reçue et se lie d’amitié avec des jeunes catholiques qui veulent être actifs dans la société et qui rêvent d’une Eglise missionnaire, libérée de ses compromissions avec le pouvoir politique. Ses parents l’orientent vers des études de droit qui ne le motivent pas. La révolution de 1830 est l’occasion de les interrompre. Mais pendant ses études à la faculté d’Assas, il a connu le bouillonnement d’idées qui caractérise alors les milieux intellectuels catholiques, notamment autour de Félicité de Lamennais, prêtre et penseur préoccupé par la réconciliation de l’Eglise et du monde moderne. Il se lie aussi avec Louis Veuillot, Charles de Montalembert, Lacordaire, Ozanam…De cette expérience personnelle il retire une orientation de vie : la lutte pour la liberté de l’Eglise et pour une foi engagée dans les débats et les combats de la société, la volonté de redonner à l’évangile toute sa puissance de transformation personnelle et sociale. De 1830 à 1832, il se retire dans la propriété familiale de Lavagnac, dans l’Hérault, en compagnie de sa famille. Il écrit et consulte beaucoup, étudie la Bible, les Pères de l’Eglise, surtout saint Augustin, et de grands auteurs spirituels. Il fait du sport, prie et réfléchit : il veut servir le projet de Dieu pour les hommes. Il sera prêtre. L’attrait de Rome Entré au séminaire de Montpellier, il s’y ennuie. Au cours de l’été 1833, il décide de ne pas y retourner, et opte pour Rome. C’est la découverte de l’Eglise universelle ! D’abord inscrit à l’Université grégorienne, il poursuit ses études en autodidacte sous la conduite de cardinaux et de théologiens de renom. Il s’y fait de nombreux amis, dont plusieurs anglais passés de l’anglicanisme au catholicisme parmi lesquels le futur cardinal Wiseman, ami de Lamennais, et son neveu Mac Carthy, alors séminariste. Au lendemain de Noël 1834, Emmanuel d’Alzon est ordonné prêtre en privé par le cardinal Odescalchi, vicaire du Pape pour Rome, après avoir dû, à la demande du Pape lui-même, renoncer publiquement aux idées de Lamennais. C’est une cause de grande souffrance pour lui et un moment décisif dans sa vie. Il a le sentiment que l’Eglise manque un rendez-vous avec le monde moderne d’après la Révolution. Mais il reste fidèle à l’Eglise. Avant son départ de Rome, en mai 1835, Grégoire XVI le reçoit en audience privée. Nîmois par choix On le voudrait à Paris et Montpellier, il choisit Nîmes où il est aussitôt promu chanoine et vicaire général honoraire. Il n’a que 25 ans, s’ennuie lors des conseils épiscopaux mais se montre tout de suite très entreprenant ce qui lui vaudra la réputation d’être brouillon. Il a 29 ans lorsque Mgr Cart, le nouvel évêque de Nîmes, le choisit comme vicaire général en titre. Il le demeurera 39 ans. 15 Spiritualité Actualités 16 Son activité est débordante dans la ville et le diocèse dont il bouleverse les traditions gallicanes, non sans quelques oppositions. Il pousse à l’adoption de la liturgie et du bréviaire romains, sillonne les routes du département, visite les paroisses. Ses nombreuses prédications à la cathédrale et dans les Eglises de Nîmes attirent beaucoup de monde, y compris de nombreux Protestants qu’il veut ramener à la foi catholique. Il débat volontiers avec eux sur des questions théologiques, crée des œuvres concurrentes, mais ses relations avec ceux qu’il appelait « nos frères séparés » sont toujours restées courtoises. Il a suscité ou accompagné à Nîmes des œuvres nombreuses : un Carmel, un Refuge (pour femmes en danger), des Écoles populaires dans le département, une école d’adultes pour ouvrières et employées de maison, un orphelinat, une sorte de patronage pour garçons (Œuvre Argaud), la Conférence de St Vincent de Paul (visites aux malades), l’œuvre de la Propagation de la foi, une bibliothèque populaire, une caisse de secours pour le clergé, l’œuvre de saint François de Sales (pour la conversion des protestants au catholicisme)…. Cela ne l’empêche pas d’écrire de nombreux articles, en particulier dans des publications qu’il crée luimême, La Liberté pour tous (un journal qu’il a conçu pour soutenir la liste de ses candidats à l’occasion des élections de 1848, parmi lesquels il avait choisi des Protestants)), la Revue de l’Enseignement Chrétien, La Croix Revue… En 1843, à l’initiative de son ami le curé de Sainte Perpétue, il reprend à l’abbé Vermot le collège de l’Assomption, allées Feuchères actuelles, qui était en très mauvaise situation. Il le refonde de fond en combles y engloutissant la plus grande partie de son héritage. Il recrute des professeurs chrétiens, agrégés de l’enseignement public. Avec eux, il crée l’Association de l’Assomption et il élabore un projet éducatif et des méthodes originales pour l’époque. Il assure lui-même aux professeurs des « instructions » mettant en valeur la dimension théologique et spirituelle de leur travail. Sa notoriété le fait nommer au Conseil Supérieur de l’Instruction Publique. Il se rend à Rome au Concile Vatican 1 comme théologien de son évêque, voyage dans l’empire Ottoman pour y implanter ses religieux, cherche, à deux reprises, à établir une université catholique à Nîmes… tout en entretenant une impressionnante corres- Eglise de Nîmes > 3 juillet 2016 > n°9 pondance évaluée à 40 000 lettres. Jusqu’aux années 1870, il fut la personnalité du monde catholique la plus en vue du Languedoc par son action, son rayonnement, les relations qu’il entretenait avec des intellectuels, de nombreux évêques de France et d’ailleurs, le nonce, des cardinaux à Rome, le Pape Pie IX luimême qu’il a rencontré au moins neuf fois et qui l’appelait « mon ami ». Les Augustins de l’Assomption La communauté des assomptionistes de Nîmes. De g. à d. : P. Juvence Ramanambitana, Fr. Pierre Nguyen QuangMinh, Fr Antoine Combey-Adamah, Fr. Jean-Michel Brochec, supérieur, P. Thibault Van Den Driessche et P. Michel Zabé. En 1841, il prend la suite de l’abbé Combalot dans l’accompagnement spirituel de Marie-Eugénie Milleret de Brou (Ste Marie-Eugénie) et dans l’animation de la congrégation des Religieuses de l’Assomption qu’elle vient de fonder. Une belle et solide amitié spirituelle les unira toute leur vie. Sainte Marie-Eugénie l’a beaucoup poussé à fonder lui-même une congrégation. C’est ce pas qu’il franchit à Noël 1845 Malgré les réticences de l’évêque, il commence un noviciat au Collège de Nîmes avec quelques professeurs membres de l’Association de l’Assomption. Cinq ans plus tard ils sont, enfin, autorisés par Mgr Cart à prononcer publiquement leurs vœux religieux. Le nom de « Augustins de l’Assomption » qu’il donne à sa congrégation a pour origine le patronage de St Augustin, dont il adopte la Règle et le style de vie communautaire, l’influence de la fondatrice des Religieuses de l’Assomption, et le nom du collège berceau de la fondation. Il initie lui-même les actions qui marqueront de façon indélébile sa congrégation : l’enseignement, la presse, les pèlerinages, les vocations religieuses et sacerdotales ; l’unité de l’Eglise, l’action sociale. Cela s’exprime aujourd’hui par trois mots : foi, communion, solidarité. Il n’a pas voulu une congrégation spécialisée, mais plutôt animée d’un esprit la rendant capable de répondre aux besoins des hommes et de l’Eglise dans tous les contextes. Des femmes pour la mission D’Alzon envoie, à la demande de Pie IX, le P. Galabert dans les pays de l’Empire Ottoman pour accompagner un mouvement de retour des Orthodoxes à l’Eglise catholique. Celui-ci insiste pour que des religieuses auxiliaires viennent s’occuper de l’éducation des filles et mener une action sanitaire et sociale auprès d’une population dans le dénuement. En 1865, d’Alzon franchit le pas avec une poignée de jeunes filles des Cévennes. Marie Eugénie accepte de fournir une supérieure provisoire. Deux ans plus tard, d’Alzon porte à la tête de la nouvelle congrégation Marie Correnson, la fille ainée d’une famille de Nîmes qu’il connait bien. En 1868, les cinq premières missionnaires Oblates, toutes originaires du Gard, quittent Nîmes pour rejoindre Edirne, en Turquie où elles fondent tout de suite une école gratuite, ouverte aux catholiques, aux orthodoxes, aux grecques, aux arméniennes et aux juives. Un an après, elles ouvrent un orphelinat à côté de l’école. Dans les années suivantes, ce sont d’autres établissements scolaires, des pensionnats, des dispensaires et des hôpitaux qu’elles fondent, à travers la Bulgarie et la Turquie actuelles, toujours en lien avec les Assomptionnistes. En 1873, les Oblates acquièrent une maison, rue Séguier, qui devient ainsi la « maison mère » du nouvel institut et un pensionnat de jeunes filles. C’est dans la chapelle de cette maison, bénie par le P. d’Alzon quelques mois avant sa mort, que reposent son corps et celui de Marie Correnson. Il voulait des hommes, des femmes qui travaillent à faire advenir le Royaume de Dieu en eux-mêmes et autour d’eux. Jésus Christ aimé, étudié, contemplé doit être au centre de leur vie. Ils aimeront ce que Jésus a le plus aimé : Marie, sa mère, et l’Eglise son corps mystique. Leur prière, centrée sur la Parole de Dieu, sera la prière de l’Eglise. Ils n’auront pas de dévotions particulières. Ils seront des artisans de communion, de fraternité, attentifs aux pauvres. Leur action sera adaptée aux besoins des hommes avec lesquels ils vivent et des sociétés dans lesquels ils se trouvent. Ce ne sont pas d’abord les « œuvres » qui les caractérisent, mais l’esprit qui les animent. D’Alzon recommande que leur façon d’être soit marquée par la simplicité, la cordialité, la franchise, l’esprit d’initiative et le désintéressement. De Nîmes au monde entier Aujourd’hui implantées sur tous les continents, les deux congrégations fondées à Nîmes se développent vigoureusement dans divers pays d’Asie, (y compris la Chine), d’Afrique et d’Amérique latine. Avec les laïcs proches ou associés, elles forment une famille spirituelle internationale vivant de l’élan donné par Emmanuel d’Alzon. Déclaré « vénérable » par Jean-Paul II, Emmanuel d’Alzon est prié dans de nombreux endroits du monde par des individus et des groupes. Des grâces sont attribuées à son intercession. Il manque un miracle reconnu comme tel pour qu’il soit béatifié. Mais le premier miracle ne serait-il pas la fécondité de sa foi qui, depuis Nîmes il y a presque deux-cents ans, continue à attirer tant d’hommes et de femmes à la suite du Christ, au service des hommes et de la mission de l’Eglise ? Jean-Michel, aa Un maître spirituel Le tempérament actif du P. d’Alzon ne doit pas faire ignorer sa forte vie spirituelle. C’était un homme de prière, à l’ascèse réelle mais discrète, soucieux en permanence d’étudier et d’approfondir sa foi. Il a laissé à ses disciples des orientations spirituelles et apostoliques qui constituent en quelque sorte une carte d’identité assomptionniste dont il ne revendiquait que le caractère catholique. 17 Spiritualité Actualités EglisE dE NîmEs > 3 juillEt 2016 > N°9 L’ESPRIT DE L’ASSOMPTION En adoptant les paroles du Notre Père comme devise de l’Assomption - « Que ton Règne vienne » - le P. d’Alzon manifestait qu’il ne recherchait pas une originalité particulière. Il a cependant ajouté « en nous et autour de nous », dans un mouvement où la contemplation et l’action, la vie communautaire et la vie apostolique se nourrissent mutuellement. Toujours dans sa volonté d’être « simplement mais totalement catholique », il a orienté la spiritualité de ses congrégations vers les vertus théologales : la Foi, l’Espérance et la Charité, les reliant aux vœux religieux d’obéissance, de pauvreté et de chasteté. Aujourd’hui, dans cette dynamique, les Assomptionnistes veulent être, dans leur vie personnelle, communautaire et apostolique, des hommes de foi, proposant la foi ; des hommes de communion, d’unité ; attentifs aux hommes et femmes vivant dans la pauvreté ou la souffrance. Bien des œuvres se rattachent à l’un ou l’autre terme de ces trilogies : presse, universités et établissements scolaires, enseignement théologique, pèlerinages, orphelinats, accueil et accompagnement de réfugiés et de gens de la rue, auberge de jeunesse, paroisses, aumôneries, foyers de jeunes. Cependant, le P. d’Alzon ne voulait pas que nous nous définissions par des œuvres, mais par un amour du Christ, des hommes et de l’Eglise, une générosité et un désintéressement pour le Royaume de Dieu. Mettons le Christ au centre de notre vie personnelle et communautaire et l’Esprit nous indiquera ce que nous devons faire pour répondre aux besoins du moment ! P. Radji (Juvence Ramanambitana), aa g https://assomptionnimes.wordpress.com 18 SOLIDAIRES DES PAUVRES HOMME DE FOI HOMME DE COMMUNION Pour le chrétien en général, et donc pour l’Assomptionniste qui ne revendique pas d’originalité en la matière, la foi est un appel à reconnaître le long chemin d’amour vers nous de Celui qui nous a aimés le premier. La foi suscite en nous la contemplation, l’émerveillement et appelle notre réponse. La foi d’un assomptionniste s’épanouit et se renouvelle grâce à la rencontre quotidienne avec le Christ et avec la vie du monde. Elle n’est pas statique. Elle s’inscrit dans une simplicité spirituelle et dans la foi de l’Eglise. L’Assomptionniste se veut compagnon de ceux avec lesquels il vit et travaille. Homme de foi et de son temps, il veut témoigner du royaume de Dieu déjà parmi nous et contribuer à sa révélation. Il s’alimente à la Parole, aux sacrements, à la prière et à la tradition de l’Eglise par l’exemple de ceux qui ont marché devant lui comme Augustin, le chercheur de Dieu. Le P. d’Alzon voyait dans le Christ l’image parfaite de l’homme et en l’homme l’ image de Dieu à laquelle il est appelé à ressembler. « Nous nous portons là où Dieu est menacé dans l’homme et l’homme menacé comme image de Dieu », dit notre Règle de vie. C’est tout naturellement que l’Assomptionniste propose la foi, qu’il promeut l’unité et la communion entre les hommes, qu’il est attentif aux plus pauvres, qu’il aime l’Eglise… Pour cela il fait route avec ses Frères en communauté. Nous nous épaulons dans l’aventure de la foi en partageant la Parole de Dieu, en priant, en mettant en commun nos biens, en nous entraidant, en nous acceptant différents, selon le modèle communautaire des premiers chrétiens qui a inspiré Saint Augustin. Mais la communauté existe aussi pour faire venir le Royaume de Dieu autour de nous. C’est pourquoi elle est sans cesse invitée à s’ouvrir, à partager sa vie, à former « alliance » avec les laïcs qui le souhaitent. Vie communautaire et vie apostolique sont pour nous indissociables. Lors d’une visite à Rome, en 1863, le Pape Pie IX demande au P. d’Alzon de s’occuper des chrétiens orthodoxes du Moyen Orient qui désiraient se rallier à l’Eglise catholique tout en gardant le rite oriental. Lui qui s’intéressait déjà au « retour » des Protestants français et des Anglicans y voit un appel de plus à travailler pour l’unité de l’Eglise. Il envoie des Religieux et des Religieuses en Bulgarie et dans l’Empire Ottoman. De nombreux frères ont travaillé à cette cause. Citons notamment le P. Bruno Chenu (1942-2003), qui fut vice-président du groupe des Dombes (comme l’est actuellement le P. Michel Kubler), ou le P. Daniel Olivier (1927-2005), qui fut un spécialiste éminemment reconnu de Luther, et les très nombreux assomptionnistes spécialistes de l’histoire, la théologie et la liturgie orthodoxes, créateurs de l’Institut assomptionniste d’Etudes Byzantines (actuellement transféré à la Catho de Paris). Leurs travaux scientifiques sont encore une référence aujourd’hui. A Bucarest, la communauté locale a récemment fondé le Centre Saint Pierre-Saint André devenu un lieu de rencontres, d’études et de débats entre catholiques et orthodoxes. Des communautés d’Assomptionnistes et d’Oblates sont implantées en Russie, Bulgarie, Roumanie, Grèce, Turquie et Israël et leurs religieux célèbrent encore dans le rite oriental. A l’échelon local, des religieux travaillent aussi à l’unité de l’église. C’est mon cas. Après quelques mois à Nîmes, il m’a été proposé de rejoindre le CNEC, le Comité Nîmois d’Eglises chrétiennes. Le CNEC a pour charge de permettre aux Eglises d’exprimer ensemble une parole sur les préoccupations communes et les événements d’actualité. Il organise des manifestations communes aux Eglises membres : temps de prière, célébrations, actions communes, particulièrement durant le temps de l’Avent, pendant la semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens et au cours de la Semaine Sainte. C’est une joie de participer à ce groupe, et de rencontrer ainsi des frères et sœurs d’autres Eglises, que je n’aurais pas eu l’occasion de rencontrer en d’autres circonstances. D’Alzon, voilà un homme qui, au nom de Jésus Christ, n’a pas tenu son rang social. Issu d’une famille noble et riche, il s’est engagé au service du Royaume de Dieu en y consacrant toute sa fortune. Dès le début de son ministère dans le diocèse, il suscite de nombreuses œuvres de charité ou d’action sociale. Au Collège de l’Assomption, les élèves constituent plusieurs conférences de Saint Vincent de Paul qui visitent les malades ou apportent de la nourriture à ceux qui en ont besoin. Il encourage le P. Pernet à fonder les Petites Sœurs de l’Assomption pour aider les familles ouvrières en détresse. De nombreux témoignages attestent de sa générosité personnelle. Chaque assomptionniste doit intégrer dans ses objectifs une attention particulière aux pauvres et à ceux qui sont dans le besoin. Mais la congrégation comme telle doit, elle aussi, manifester cette mission par des œuvres significatives. C’est le cas de la communauté dite de « La Péniche » qui vit sur la Seine à Conflans Sainte Honorine, où quatre religieux et une équipe de laïcs et de religieuses accueillent une centaine de réfugiés, gens de la rue, chômeurs ; servant gratuitement les repas de chaque jour, assurant l’hébergement sur cinq autres péniches et dans une quarantaine d’appartements loués, aidant chacun dans les démarches administratives, apportant les soins indispensables. A Bruxelles, c’est l’association « Accompagner » qui mobilise un grand nombre de bénévoles formés à l’accompagnement des personnes en difficulté dans leurs démarches administratives. A Saigon, une maison va être construite pour accueillir les enfants orphelins ou abandonnés. Au Congo, c’est la scolarisation des enfants de la rue ou encore la création d’une palmeraie et d’une mini centrale électrique…. Dans ce même pays, quatre assomptionnistes ont récemment payé de leur vie leurs combats pour et avec les pauvres, rejoignant la liste des six autres victimes des dictatures bulgare et argentine. Exemples parmi d’autres de ce travail où les pauvres ont leur place dans nos engagements, qu’ils soient étrangers, malades, sans revenus, persécutés ou abandonnés… sans oublier tous ceux à qui il manque un peu de cette tendresse de Dieu pour qu’ils puissent, éventuellement, la partager avec nous. P. Thibault, aa P. Michel Zabé, aa Fr. Antoine-Marie, aa 19