formes myélo-sanguines du lymphome du manteau

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formes myélo-sanguines du lymphome du manteau
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J sci pharm biol 2014;15, 1 : 42-48
© EDUCI 2014
ADJAMBRI AE1,2
KASSI HY 1
KOUAMÉ DR2
N’GUESSAN-BLAO R2
SAWADOGO D1,2
MARFAING-KOKA A3
FORMES MYÉLO-SANGUINES DU LYMPHOME
DU MANTEAU : INTÉRÊT DE LA CYTOLOGIE ET
L’IMMUNOPHÉNOTYPAGE
RESUME
Le lymphome du manteau représente 3
à 10% des lymphomes non hodgkiniens.
Dans les formes myélo-sanguines, la
cytologie permet un diagnostic d’orientation.
Il est caractérisé par la translocation
chromosomique t(11;14) (q13;32), qui
est responsable d’une surexpression
de la cycline D1. Nous rapportons les
observations de 5 patients âgés de 36 à
70 ans. L’objectif était de decrire l’intérêt
de la cytologie et de l’immunophénotypage
en absence de syndrome tumoral. Un seul
patient a présenté une adénopathie et
une splénomégalie. Les frottis sanguin et
médullaire ont mis en évidence des cellules
de petite ou moyenne taille à chromatine
mature avec un noyau irrégulier. Le
phénotype est caractéristique de celui du
lymphome du manteau dans trois cas avec
le cluster de différenciation 5 positif, le
CD23 négatif et le score de Matutes égal à
1. La population est monoclonale κ dans
4 cas, λ dans 1 cas. La présence de la
translocation t(11,14) a été retrouvée chez
tous les patients. Dans la majorité des cas,
il n’y avait pas d’anomalies additionnelles à
la translocation dans cette forme indolente
du lymphome à cellules du manteau. La
cytogénétique et la biologie moléculaire
constituent les seuls arguments pour le
diagnostic de certitude.
Mots-clés : Cytologie, Immunophénotypage, Lymphome du manteau, Myélosanguine
SUMMARY
Mantle cell lymphoma represents 3
to 10% of non-Hodgkin’s lymphomas. In
myelo-blood forms, cytology allows an
orientation’s diagnosis. It is characterized
by the translocation chromosome t (11;
14) (q13; 32), which is responsible for
overexpression of cyclin D1. We report the
observations of 5 patients aged from 36
to 70 years. The aim was to describe the
interest of cytology and immunophenotyping
in the absence of tumor syndrome. One
patient presented both Lymphadenopathy
and splenomegaly. Blood and bone marrow
smears have highlighted cells of small to
1- Laboratoire hématologie biologie CHU de Yopougon, Abidjan – Côte d’Ivoire
2- Département d’Hématologie, Immunologie et Biologie Générale, Université Félix Houphouet Boigny, Abidjan – Côte d’Ivoire
3- Laboratoire hématologie biologie Hôpital Antoine Béclère, Clamart – France.
Correspondance : ADJAMBRI ADIA EUSÈBE - Adresse : 21 BP 632 Abidjan 21 - e-mail : [email protected]
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medium size to mature chromatin with a core
of irregular. The phenotype is characteristic
of mantle cell lymphoma in three cases with
the cluster of differenciation 5 positive, the
negative CD23 and matutes score equal
to 1. This score of Matutes is equal to 2 in
both cases with a positive CD23 expression.
The population is monoclonal κ in 4 cases,
λ in 1 case. The presence of translocation
t (11.14) was found in all patients. In the
majority of cases, there were no additional
abnormalities to the translocation in this
indolent form of mantle cell lymphoma.
Cytogenetics and molecular biology are the
only arguments for the definitive diagnosis
of mantle cell lymphoma.
Keywords: Cytology, Immunophenotyping,
Mantle cell lymphoma, Myelo-blood
INTRODUCTION
Le lymphome à cellules du manteau
(LCM) est une prolifération lymphoïde
B maligne très hétérogène qui ne
représente que 3 à 10% des lymphomes
non hodgkiniens (LNH) [Jaspers 2010].
La cellule tumorale dérive d’une cellule
B naïve qui n’a en général pas subi de
mutation somatique, située dans la zone
du manteau entourant le centre germinatif
[Jares 2007].
La dissémination sanguine du LCM
permet un diagnostic cytologique
d’orientation de cinq variants
morphologiques de lymphome du
manteau [Jaspers 2010]: la forme classique
constituée de cellules tumorales très
hétérogènes, de taille petite à moyenne avec
un noyau irrégulier, à chromatine lâche ;
deux formes variantes à petites cellules
(lymphocytoïde et monocytoïde) et deux
formes variantes blastoïdes (lymphoblaste
classique et blastoïde pléomorphe).
Classiquement la cellule tumorale exprime
le marqueur CD5, mais peu ou pas le CD23
[Swerdklow 2008].
Sur le plan cytogénétique, le LCM
se caractérise par la présence de la
translocation t(11 ;14)(q13 ;q32) qui n’est
pas restreinte à cette hémopathie. Cette
translocation juxtapose le gène de la
chaîne lourde des Ig (IgH) du locus 14q32
à une région en 11q13 désignée sous le
nom de Bcl-1. Cette translocation entraine
l’augmentation de la transcription du
gène de la cycline D1 (CCDN1) avec pour
conséquence une surexpression de cette
protéine [Rosenwald 2003].
L’hémogramme au moment du
diagnostic retrouve une hyperlymphocytose
pour 20 à 50% des patients [Le Gouill
2011]. En l’absence d’hyperlymphocytose,
la présence d’une population de cellules
lymphoïdes tumorales circulante est
cependant détectable chez plus de 60 %
des patients [Thieblemont 2010].
Face à toute suspicion de lymphome,
la démarche diagnostique commence par
rechercher au sein du prélèvement sanguin,
une prolifération de cellules lymphoïdes
dont la morphologie est atypique. Le
biologiste est ensuite amené à orienter ses
hypothèses diagnostiques soit vers une
hémopathie lymphoïde chronique à type
de leucémie lymphoïde chronique (LLC),
leucémie à tricholeucocyte, facilement
reconnaissable, soit vers d’autres formes
de lymphoprolifération dont la phase
leucémique du lymphome du manteau.
Dans les formes disséminées du LCM,
la biologie moléculaire constitue le seul
argument pour le diagnostic. Cependant
une parfaite analyse cytologique par des
biologistes expérimentés d’une part et
l’acquisition de cytomètres dans le cadre
de la prise en charge des personnes vivant
avec le Virus de l’Immunodéficience
Humaine d’autre part, nous permet
d’améliorer et affiner nos diagnostics en
réalisant l’immunophénotypage.
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L’objectif de ce travail était de
décrire l’intérêt de la cytologie et de
l’immunophénotypage dans le diagnostic
du lymphome à cellules du manteau.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
PATIENTS
Les 5 cas rapportés dans l’étude sont
des patients adressés en consultation
d’hématologie ou hospitalisés à l’hôpital
Antoine Béclère de Clamart (France),
chez qui on a suspecté un syndrome
lymphoprolifératif.
MÉTHODES
Le diagnostic a été porté sur des arguments
morphologiques, immunologiques,
cytogénétiques et moléculaires. Un
examen anatomopathologique couplé à
l’immunohistochimie a été réalisé lorsqu’il
y avait une adénopathie.
Analyse cytologique
Elle a été réalisée au microscope optique
sur frottis sanguin et médullaire après
coloration au May-Grünwald-Giemsa
(MGG). La reconnaissance des formes
du LCM s’est faite sur la base de la
classification OMS. La reconnaissance des
formes du LCM s’est faite sur la base de
la classification OMS. Au plan cytologique,
il existe cinq variants morphologiques
de lymphome du manteau dont la forme
classique constituée de cellules tumorales
très hétérogènes, de taille petite à moyenne
avec un noyau irrégulier, à chromatine
lâche. Plusieurs formes variantes sont
individualisées. Il est reconnu deux formes
variantes à petites cellules: une variante
lymphocytoide, mimant une LLC et une
variante monocytoide, ressemblant aux
lymphomes de la zone marginale. Il est
aussi reconnu deux variantes blastoides:
une forme blastoide classique avec des
cellules ressemblant aux lymphoblastes
et une forme blastoide pléomorphe
comportant des cellules de grande taille
et pléomorphes.
Analyse immunophénotypique
L’analyse immunophénotypique a été
réalisée par cytométrie en flux (appareil
Navios 8 couleurs, Beckman Coulter).
Elle permet la détermination de la nature
B des cellules ainsi que leur caractère
monotypique. Les anticorps monoclonaux
couplés aux fluorochromes utilisés pour
détecter les marqueurs de membrane
sont : anti CD19-PE (phycoérythrine),
CD20-PE-Cy5, CD5-FITC (isothiocyanate
de fluoresceine), CD79b-FITC, FMC7FITC, CD23-PE et la recherche
d’expression d’isotype de chaîne légère
d’immunoglobuline de membrane (kappa/
lambda) k-FITC et λ-PE. Ces marqueurs
ont servi au calcul du score de Matutes.
Analyse cytogénétique
conventionnelle et moléculaire
La translocation réciproque entre les
chromosomes 11 et 14 t(11;14)(q13;q32)
est une caractéristique majeure de cette
entité. Cette translocation est mise en
évidence par la mise en culture des cellules
du sang ou de la moelle et réalisation d’un
caryotype conventionnel.
La méthode d’hybridation moléculaire
sur les chromosomes à l’aide de sondes
(FISH : Fluorescence In Situ Hybridization)
reconnaissant les zones d’intérêt Ig H et
BCL1 est plus sensible. Elle a été utilisée
sur lames de coupes ganglionnaires ou
lorsque le caryotype conventionnel sur le
sang ou la moelle n’était pas contributif.
La recherche de l’hyperexpression de
la cycline D1 a été réalisée par RT-PCR
ou reverse transcription polymerase chain
reaction.
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RÉSULTATS
CARACTÉRISTIQUES ÉPIDÉMIOLOGIQUES ET CLINIQUES
mis en évidence d’hyperlymphocytose chez
deux patients (Tableau II).
Les patients avaient un âge compris
entre 36 et 70 ans. A l’examen clinique
trois patients n’ont pas présenté de
syndrome tumoral. (Tableau I)
IMMUNOPHÉNOTYPAGE
Le phénotype était caractéristique de
celui du lymphome à cellule du manteau
dans trois cas avec le CD5 positif, le CD23
négatif et le score de matutes égal à 1.
Ce score de Matutes était égal à 2 dans
deux cas avec une expression du CD23
positive. L’immunoglobuline de surface
fréquemment exprimé était de type Kappa
(Tableau III).
CYTOLOGIE
Tous les patients ont bénéficié d’un
prélèvement sanguin et médullaire dont
l’examen des frottis (sang et moelle) a
montré la présence de cellules de petite
ou moyenne taille à chromatine mature
avec un noyau irrégulier et encoché. La
morphologie de ces cellules lymphoïdes
correspond à la forme classique du
lymphome à cellules du manteau. Chez un
patient, on a observé des prolymphocytes
comme ceux retrouvés dans la leucémie
prolymphocytaire. L’hémogramme n’a pas
CYTOGÉNÉTIQUE
La présence de la translocation t(11,14)
a été retrouvée chez tous les patients
(Tableau IV). Dans la majorité des cas, il
n’y avait pas d’anomalies additionnelles à
cette translocation.
Tableau I : Données épidémiologiques et cliniques
Cas 1 Cas 2 Cas 3 Cas 4 Cas 5
Sexe
F
M
M
F
M
Age (ans)
70
62
54
36
64
Sueurs nocturnes
+
-
-
+
-
Asthénie ± perte de poids
+
-
-
+
-
Adénopathies
-
-
+
-
-
Splénomégalie
+
-
+
-
-
Tableau II : Données cytologiques
Cas 1 Cas 2
Cas 3
Cas 4 Cas 5
Leucocytes (/mm3)
3500
13100 33200
8600
15600
Lymphocytes (/mm3)
1100
4800
25200
3300
10500
Hémoglobine (g/dl)
10,1
13,8
14,1
14,1
15,6
Plaquettes (G/l)
123
266
329
372
201
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Tableau III: Immunophénotypage lymphocytaire
Marqueurs
Cas 1
Cas 2
Cas 3
Cas 4
Cas 5
CD19 Pourcentage (%)
12
48
75
21
73
CD20
+
+
+
+
+
Ig S expression Types
CD5
Forte Kappa Forte Kappa Forte Kappa Forte Lambda Forte Kappa
+
+
+
+
CD23
-
CD79b
+
FMC7
Score de Matutes
+
+
-
+
-
+
+
+
+
+
+
+
+
+
1
2
1
2
1
Tableau IV : Etude cytogénétique et biologie moléculaire
Cytogénétique conventionnelle
FISH / RT-PCR compétitive
Cas 1
46, XX, der(1) t(1 ;?)(q34 ;?), t(11 ;14)(q13 ;q32) Présence de réarrangement IgH/CCND1
Cas 2
46, XY, t(11 ;14)(q13 ;q32)
Présence de réarrangement IgH/CCND1
Cas 3
46, XY, t(11 ;14)(q13 ;q32)
Hyper-expression de la Cycline D1
Cas 4
46, XY, t(11 ;14)(q13 ;q32)
Présence de réarrangement IgH/CCND1
hyper-expression de la Cycline D1
Cas 5
46, XY, t(11 ;14)(q13 ;q32)
Hyper-expression de la Cycline D1
DISCUSSION
Le lymphome du manteau est considéré
comme un lymphome agressif nécessitant
une polychimiothérapie intensive. Toutefois
il a été rapporté dans la littérature
un certain nombre de cas d’évolution
indolente avec une dissémination sanguine
et médullaire [Ondrejka 2011]. Ces formes
en général n’évoluent que tardivement.
En cas de dissémination sanguine, il est
donc plus facile de réaliser des analyses
cytologique et immunophénotypique sur
les cellules lymphoïdes sanguines pour
affiner le diagnostic avec les équipements
actuellement disponibles dans nos
structures.
Tous les patients avaient un bon
état général au moment du diagnostic
du lymphome. Une splénomégalie a
été a été observée chez deux patients
(cas 1 et 3), associée à une adénopathie
profonde chez le cas 3. Une anomalie
additionnelle à la translocation t(11 ;14)
a été mise en évidence dans le cas 1.
Ces variantes cliniques se caractérisant
sans syndrome tumoral au diagnostic ou
simplement associées à une splénomégalie
et une atteinte myélosanguine, ont
été décrites dans la littérature; et ces
présentations auraient une évolution
indolente [Thieblemont 2010]. L’examen
morphologique des frottis sanguins de ces
patients montrait des cellules lymphoïdes
circulantes de petite taille prédominante
avec parfois des irrégularités nucléaires.
Chez trois patients l’hyperlymphocytose
mimait un syndrome lymphoprolifératif
chronique, mais l’analyse du frottis n’a pas
mis en évidence d’ombres de Gumprecht
qui un critère fondamental du diagnostic
cytologique de la LLC [Guillaume 2002].
L’hémogramme des deux autres patients
montrait un taux normal de lymphocytes.
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Mais les anomalies cytologiques des frottis
sanguin et médullaire suspectant un
clone de cellules malignes ont conduit à
l’immunophénotypage lymphocytaire.
Dans le diagnostic différentiel des
lymphomes du manteau avec les autres
lymphomes malins non hodgkinien, la
positivité du CD5 a été déterminante.
En effet, Le CD5 était positif chez tous
nos patients, c’est un marqueur qui, en
situation non pathologique, est exprimé
sur le lymphocyte T et une sous population
minoritaire de lymphocytes B [Benattar
2003, Guillaume 2002]. Nos résultats sont
en accord avec les données de la littérature
affirmant que le CD5 est positif dans le cas
du lymphome du manteau et de la leucémie
lymphoïde chronique (LLC), et négatif dans
les autres lymphomes non hodgkinien B (LNH
B) [Bonnet 2011]. Le score de Matutes était
inférieur à 3 chez tous les patients, excluant
la LLC. En ce qui concerne l’expression
des chaînes légères, ces cellules tumorales
exprimaient fortement une immunoglobuline
de surface de type kappa. Ce qui n’est pas le
cas dans la littérature où l’immunoglobuline
de surface de type lambda est le plus
rencontré [Le Gouill 2010, Weisenburger
1996]. Cette différence peut s’expliquer par
le faible échantillonnage de notre population.
Le FMC7 et CD79b étaient positifs chez
tous les patients, et chez deux patients,
les cellules lymphomateuses exprimaient
le CD23, marqueur habituellement négatif
dans le lymphome du manteau. Dans les
lymphomes à cellule B de bas grade ayant
un CD5 positif, la recherche du CD23 et le
FMC7 est utile pour distinguer le LCM et de la
LLC. Typiquement le LCM est CD23-/FMC7+.
L’expression du CD23 est variable dans la
littérature allant de 0 à 45% [Ahmad 2002,
Gao 2009, Kelemen 2008].
La cytométrie apporte des informations
complémentaires permettant de mieux
définir les lymphomes et en particulier en
précisant la monoclonalité. L’avantage de
disposer des cytomètres dans nos pays à
ressources limitées grâce au programme
de lutte contre le VIH-SIDA, permet la
réalisation de l’immunophénotypage et
ainsi affiner nos diagnostics.
L’immunophénotypage a permis d’avoir
des arguments plus précis en faveur de la
LCM en précisant le caractère monoclonal
de la population cellulaire typée. Cependant
cette technique n’a pas permis de typer
2 cas. Ce qui rend indispensable, la
cytogénétique et la biologie moléculaire
pour un diagnostic de certitude.
La présence d’une translocation t(11 ;14)
(q13 ;q32) a été retrouvée chez tous les
patients. Cette translocation t(11 ;14) est
considérée comme l’anomalie cytogénétique
caractéristique du LCM, mais elle peut
être observée plus rarement dans d’autres
pathologies malignes lymphoïdes B (myélome,
leucémie à prolymphocyte ou lymphome
splénique à lymphocytes villeux). Les anomalies
cytologiques et la caractérisation phénotypique
des cellules lymphoïdes permettent
d’éliminer ces diagnostics [Troussard, 1997].
Cette translocation est responsable de la
surexpression du gène CCND-1 qui favorise la
progression dans le cycle cellulaire des cellules
tumorales. L’expression de cette cycline D1
est caractéristique du LCM. Mais une étude a
permis de mettre évidence le gène CCND-2 dans
le lymphome du manteau lorsque la recherche
de la cycline D1 était négative [Seto 2013].
CONCLUSION
Le LCM est une maladie hétérogène dans
à l’immunophénotypage oriente vers le
sa présentation clinique, et biologique. Il
diagnostic des cellules du manteau.
existe donc un challenge pour le cytologiste
L’étude histologique reste l’examen clé
à identifier cette lymphopathie parfois
du diagnostic de certitude du lymphome du
débutante. L’étude cytologique couplée
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manteau et l’anatomopathologiste se réfère
cytogénétique et la biologie moléculaire
aux éléments d’orientation obtenus par la
mettant en évidence la translocation
cytologie. Mais, en l’absence d’adénopathie,
t(11 ;14) qui entraine une dérégulation de
l’analyse des frottis sanguin et médullaire
la cycline D1, protéine majeure du cycle
associée à l’étude immunophénotypique
cellulaire de la phase de transition G1-S,
permet une approche aisée et relativement
constituent les seuls arguments pour le
précise dans la forme myélo-sanguine
diagnostic de certitude du LCM.
du LCM. Cependant l’intégration de la
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