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Racines272_octobre2015_Mise en page 1 22/09/15 17:36 Page10 | VIE LOCALE | Des établissements qui innovent Pièce de théâtre ou spectacle musical, film pour valoriser leurs nouveaux services, les établissements d’hébergement pour personnes âgées ouvrent la palette de leurs animations. T ous en scène ! À La Flocellière, des résidents et le personnel de la maison de retraite NotreDame-de-Lorette se sont transformé en acteurs, le temps du tournage d’un film. Oh certes, on ne leur a pas demandé d’apprendre par cœur des pages entières de texte ! On leur a juste proposé d’être naturels et de répondre à quelques questions. Tous s’y sont prêtés de bonne grâce, devant le cinéaste flocéen Gilles Lemounaud. Tout a commencé il y a près de quatre ans, par une réflexion menée sur le service de restauration de la maison de retraite. “Nous avions le choix entre investir en interne pour répondre aux nouvelles normes sanitaires ou externaliser ce service de restauration,” explique Pascal Cousin, le directeur de l’Ehpad. De son côté, quasiment au même moment, la nouvelle équipe municipale était confrontée à une autre question : celle d’un choix de fournisseur pour les repas du restaurant scolaire, utilisé par les deux À La Flocellière, on fait presque du cinéma en cuisine ! | 10 | RACINES | Octobre 2015 | Racines272_octobre2015_Mise en page 1 22/09/15 17:36 Page11 | écoles. “Il a f inalement été décidé :de construire un nouveau bâtiment au sein de l’Ehpad pour accueillir de grandes cuisines, d’installer des équipements de cuisson performants et d’embaucher du personnel.” “Ce choix a permis de mutualiser les moyens pour réaliser les repas des 92 résidents et ceux des scolaires. Les cuisines du foyer-logement fournissent aussi la micro-crèche, le centre péri-scolaire et les bénéficiaires du portage de repas à domicile,” précise Chantal Giraud, élue municipale. Pour valoriser ce nouveau service ouvert finalement à un grand nombre de Flocéens, qui sert aujourd’hui 120 000 repas par an(1), Notre-Dame-de-Lorette a souhaité faire un film, en accord avec la municipalité. Elle a fait appel à Gilles Lemounaud. Avec son équipe, il a tourné pendant près de six mois au sein de la maison de retraite. “On a procédé par immersion : au début, les gens faisaient attention à notre présence et progressivement, ils nous ont oubliés.” Se glissant au rythme des saisons dans les espaces de l’Ehpad, le réalisateur filme les pensionnaires au cours des repas ou lors de la séance d’épluchage collective du mercredi matin, saisit sur le vif la sortie du four des tartelettes, interroge les cuisiniers sur leurs pratiques. De son côté, l’infirmière rappelle l’importance des menus adaptés aux personnes âgées et ceux pour les enfants. Gilles Lemounaud est aussi allé à la rencontre des écoliers et des aînés, abonnés au portage de repas : tous témoignent de la qualité des repas et du bon dosage (“à la cantine, on choisit entre les petites et les grosses parts”), pour éviter le gaspillage. Ce film, diffusé lors de l’inauguration des nouveaux bâtiments en octobre 2014, a permis de répondre aux interrogations des Flocéens, parents d’élèves, familles des résidents ou citoyens lambda et de mieux comprendre l’intérêt de ce service mutualisé. Yvelise Richard (1) 70 000 pour les résidents de l’Ehpad et 50 000 pour le reste de la commune. Soit 450 repas par jour ! • Film accessible sur : https://vimeo.com/channels/ laflocelliere VIE LOCALE | “On ne place pas, on accompagne” À l’Ehpad de Château-Guibert, résidents, animateurs et bénévoles offrent aux familles un spectacle créé de toutes pièces durant l’année. “V oir les familles pendant un aprèsmidi entier, c’est un moment très agréable. Cela permet de rencontrer ceux pour qui l’on travaille”, s’enthousiasme Maryvonne Duranceau, directrice de l’Ehpad Les Roches. Ce samedi-là, le petit parking qui surplombe le lac du Marillet est rempli. C’est jour de fête pour les soixante-dix résidents. Dans quelques minutes, vingt d’entre eux vont chanter, d’autres revêtir costumes de scène ou bien encore lire des textes. “Au début, nous avions décidé d’organiser ce spectacle tous les deux ans, mais ce sont les résidents qui se sont mis à le réclamer ! Alors une fois par an, nous leur donnons champ libre pour qu’ils deviennent porteurs de paroles. Cela demande beaucoup d’énergie mais c’est surtout du plaisir” souligne la directrice, accompagnée de Sylvie, animatrice, et Christiane, bénévole, toutes deux très impliquées dans ce projet. Tous au spectacle ! Les années se succèdent et les thèmes ne se ressemblent pas… L’école les vacances, aujourd’hui, le mariage ! Et de voir apparaître dans une magnifique robe blanche d’époque l’une des résidentes, sourire scotché aux lèvres. “Elle rêvait de porter une telle tenue, elle qui ne s’est jamais mariée”, nous glisse à l’oreille Maryvonne. Une autre, 97 printemps, nous détaille par le menu les plats de son repas de mariage. Trois entrées, autant de plats et de desserts, sans parler des mignardises, pousse-café et autres trous normands. Ça donne le tournis ! Et la salle de bruisser de “Miam” et de “Ouh la la, tout ça”. Le but de la journée semble donc atteint : créer du lien entre les résidents et leurs familles, se sentir comme à la maison autour d’un bon café-brioche. “Je n’aime pas le mot pla| 11 | RACINES | Octobre 2015 | Rendez-vous le 31 octobre pour le prochain spectacle ! cement que l’on entend parfois en maison de retraite, confie la directrice. On ne place pas, on accompagne. Quand je vois encore certains enfants apporter le dossier d’entrée sans en avoir parlé au préalable avec leurs parents, je ne peux pas accepter cela.” Depuis son arrivée à la tête de l’établissement en 2008, Maryvonne Duranceau essaye de faire bouger les lignes. “Je suis issue d’un milieu rural, à Mareuil-sur-Lay, donc je connais le territoire. Pour moi, c’est important de partager la culture de ceux avec qui l’on travaille. Mais aussi de cultiver la mixité de la population. Nous avons ici quatre adultes handicapés vieillissants.” Si ces derniers n’ont pas forcément pu participer activement à cette journée festive, ils y ont passé du bon temps, et c’est déjà si important. Comme une fois par mois quand sont organisés les anniversaires de chacun autour d’un thé dansant. En début d’année, c’est journée loto. En juin, repas avec les familles. Sans compter les pique-niques et autres sorties. Pour l’heure, les résidents travaillent d’arrache-pied à la prochaine édition de leur spectacle. Et si vous voulez voir ce que cela donne grandeur nature, rendez-vous le samedi 31 octobre à l’Ehpad des Roches ! Delphine Blanchard Racines272_octobre2015_Mise en page 1 22/09/15 17:36 Page12 | VIE LOCALE | À Cholet, la fête, c’est la vie ! À la résidence Nazareth, à Cholet, on pratique l’ouverture d’esprit et on aime donner un autre regard sur la vieillesse à travers des initiatives d’envergure. C’ est un Ehpad en plein centre-ville, dans un bâtiment sur trois étages : une centaine de résidents, dont dix places en Unité sécurisée pour personnes âgées désorientées (Upad) et dix autres en accueil de jour. Somme toute, une résidence comme les autres ? Pas tout à fait, quand on rencontre Anita Poilane, sa directrice, et Françoise Gaboriau, son animatrice, et la passion qui les anime. Un binôme, qui avec le personnel, agents de service et soignants, et vingt-cinq bénévoles attitrés, n’hésite pas à sortir des sentiers battus. D’emblée, Françoise, trente ans de métier, donne le ton : “au pôle animation, c’est à nous de nous organiser et de nous adapter en fonction de l’âge et des capacités de nos résidents.” Avec le très grand âge (la moyenne frise ici les 90 ans), l’animation et les activités se personnalisent. À l’Ehpad Nazareth, toutes les équipes sont formées à l’animation. Soignants et l’ensemble du personnel sont très sensibilisés à la communication par le toucher, notamment pour les plus dépendants. Par exemple, on y chante avec une chorale un répertoire où l’on retrouve ses souvenirs de jeunesse. Et on y danse. Même en fauteuil. Françoise a été le fer de lance d’un grand bal commun à quatre établissements(1) en 2011. “Les 120 résidents qui y participaient ont été tellement heureux, que, depuis, on a relevé le défi tous les ans !” Vacances comme chez soi Là aussi un peu d’inédit, la résidence Nazareth a été pionnière en la matière. “Depuis 2006, nous louons un grand gîte dans le Morbihan, où on vit tous ensemble(1) pendant une semaine. Les personnes âgées ont un comportement complétement différent dans ce milieu plus familial : il n’y a qu’une salle de vie, le personnel ne porte plus de blouse, on se couche en même temps qu’eux.” Chacun participe aux courses, à la cuisine, aux activités, dans la mesure de ses moyens. “Voir la mer leur rappelle plein de choses. Une personne qui n’arrivait plus à articuler des mots a dit distinctement : "qu’est-ce que c’est beau ici, moi, je veux bien y rester !"” (1) Dix résidents, sept accompagnateurs, agents de service, soignants ou bénévoles. Séjour en gîte les pieds dans l’eau à Damgan, pour les résidents et les accompagnateurs de l’Ehpad Nazareth à Cholet. En 2013, la barre est placée plus haut. Pourquoi ne pas faire monter sur scène ces chanteurs aînés pour un spectacle grandeur nature ? Au théâtre Interlude, s’il vous plaît ! Une organisation de plusieurs mois, mais impliquant toujours les quatre établissements, avec répétitions, sponsors, partenariat avec l’Office des retraités et personnes âgées du choletais (Orpac). Essai transformé ! “On reparle encore dans les couloirs de l’édition du mois de mai dernier !” Cette fois-ci, les choristes, tous en habit noir et écharpe rose, et un orchestre, montent sur scène avec les collégiens de deux établissements choletais, avant un spectacle de danse chorégraphié qui associe résidents, personnel et enfants. Salle comble ! “C’était pour eux une grande joie, une fierté devant leur famille, et l’estime de soi d’avoir réussi ce challenge”, sourit Anita Poilane. Du côté des 500 spectateurs (c’était ouvert au public), la surprise de la qualité de la représentation et l’image vraiment positive du grand âge. “Nous voulions aussi donner un autre regard sur ce qui se passe chez nous, au quotidien.” Christine Grandin (1) Ehpad Chante-rivière et les Cordeliers qui dépendent du centre hospitalier de Cholet, la Cormetière gérée par la Communauté d’agglomération choletaise (CAC), et la résidence Nazareth, structure associative. | 12 | RACINES | Octobre 2015 |