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VIE LOCALE
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Des établissements
qui innovent
Pièce de théâtre ou spectacle musical, film pour valoriser
leurs nouveaux services, les établissements d’hébergement
pour personnes âgées ouvrent la palette de leurs animations.
T
ous en scène ! À La Flocellière, des résidents
et le personnel de la maison de retraite NotreDame-de-Lorette se sont transformé en acteurs,
le temps du tournage d’un film. Oh certes, on
ne leur a pas demandé d’apprendre par cœur
des pages entières de texte ! On leur a juste proposé d’être naturels et de répondre à quelques questions. Tous s’y sont prêtés
de bonne grâce, devant le cinéaste flocéen Gilles Lemounaud.
Tout a commencé il y a près de quatre ans, par une réflexion
menée sur le service de restauration de la maison de retraite.
“Nous avions le choix entre investir en interne pour répondre aux
nouvelles normes sanitaires ou externaliser ce service de restauration,”
explique Pascal Cousin, le directeur de l’Ehpad. De son côté,
quasiment au même moment, la nouvelle équipe municipale
était confrontée à une autre question : celle d’un choix de fournisseur pour les repas du restaurant scolaire, utilisé par les deux
À La Flocellière, on fait presque du cinéma en cuisine !
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écoles. “Il a f inalement été décidé :de
construire un nouveau bâtiment au sein de
l’Ehpad pour accueillir de grandes cuisines,
d’installer des équipements de cuisson performants et d’embaucher du personnel.”
“Ce choix a permis de mutualiser les moyens
pour réaliser les repas des 92 résidents et ceux
des scolaires. Les cuisines du foyer-logement
fournissent aussi la micro-crèche, le centre
péri-scolaire et les bénéficiaires du portage de
repas à domicile,” précise Chantal Giraud,
élue municipale.
Pour valoriser ce nouveau service ouvert
finalement à un grand nombre de Flocéens,
qui sert aujourd’hui 120 000 repas par an(1),
Notre-Dame-de-Lorette a souhaité faire
un film, en accord avec la municipalité. Elle
a fait appel à Gilles Lemounaud. Avec son
équipe, il a tourné pendant près de six mois
au sein de la maison de retraite. “On a procédé
par immersion : au début, les gens faisaient
attention à notre présence et progressivement,
ils nous ont oubliés.” Se glissant au rythme
des saisons dans les espaces de l’Ehpad, le
réalisateur filme les pensionnaires au cours
des repas ou lors de la séance d’épluchage
collective du mercredi matin, saisit sur le vif
la sortie du four des tartelettes, interroge les
cuisiniers sur leurs pratiques. De son côté,
l’infirmière rappelle l’importance des menus
adaptés aux personnes âgées et ceux pour
les enfants. Gilles Lemounaud est aussi allé
à la rencontre des écoliers et des aînés, abonnés au portage de repas : tous témoignent
de la qualité des repas et du bon dosage (“à
la cantine, on choisit entre les petites et les grosses
parts”), pour éviter le gaspillage.
Ce film, diffusé lors de l’inauguration des
nouveaux bâtiments en octobre 2014, a permis de répondre aux interrogations des Flocéens, parents d’élèves, familles des résidents
ou citoyens lambda et de mieux comprendre
l’intérêt de ce service mutualisé.
Yvelise Richard
(1) 70 000 pour les résidents de l’Ehpad et 50 000 pour
le reste de la commune. Soit 450 repas par jour !
• Film accessible sur : https://vimeo.com/channels/
laflocelliere
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“On ne place pas, on accompagne”
À l’Ehpad de Château-Guibert,
résidents, animateurs et bénévoles offrent aux familles un
spectacle créé de toutes pièces
durant l’année.
“V
oir les familles pendant un aprèsmidi entier, c’est un moment très
agréable. Cela permet de rencontrer
ceux pour qui l’on travaille”, s’enthousiasme Maryvonne Duranceau, directrice
de l’Ehpad Les Roches. Ce samedi-là, le
petit parking qui surplombe le lac du
Marillet est rempli. C’est jour de fête
pour les soixante-dix résidents. Dans
quelques minutes, vingt d’entre eux
vont chanter, d’autres revêtir costumes
de scène ou bien encore lire des textes.
“Au début, nous avions décidé d’organiser ce spectacle tous les deux ans,
mais ce sont les résidents qui se sont
mis à le réclamer ! Alors une fois par
an, nous leur donnons champ libre
pour qu’ils deviennent porteurs de paroles. Cela demande beaucoup d’énergie mais c’est surtout du plaisir”
souligne la directrice, accompagnée de
Sylvie, animatrice, et Christiane, bénévole, toutes deux très impliquées dans
ce projet.
Tous au spectacle !
Les années se succèdent et les
thèmes ne se ressemblent pas… L’école
les vacances, aujourd’hui, le mariage !
Et de voir apparaître dans une magnifique robe blanche d’époque l’une des
résidentes, sourire scotché aux lèvres.
“Elle rêvait de porter une telle tenue,
elle qui ne s’est jamais mariée”, nous
glisse à l’oreille Maryvonne.
Une autre, 97 printemps, nous détaille par le menu les plats de son repas
de mariage. Trois entrées, autant de
plats et de desserts, sans parler des mignardises, pousse-café et autres trous
normands. Ça donne le tournis ! Et la
salle de bruisser de “Miam” et de “Ouh
la la, tout ça”. Le but de la journée semble donc atteint : créer du lien entre les
résidents et leurs familles, se sentir
comme à la maison autour d’un bon
café-brioche. “Je n’aime pas le mot pla| 11 | RACINES | Octobre 2015 |
Rendez-vous le 31 octobre
pour le prochain spectacle !
cement que l’on entend parfois en maison de retraite, confie la directrice. On
ne place pas, on accompagne. Quand
je vois encore certains enfants apporter
le dossier d’entrée sans en avoir parlé
au préalable avec leurs parents, je ne
peux pas accepter cela.”
Depuis son arrivée à la tête de l’établissement en 2008, Maryvonne Duranceau essaye de faire bouger les lignes.
“Je suis issue d’un milieu rural, à Mareuil-sur-Lay, donc je connais le territoire.
Pour moi, c’est important de partager la
culture de ceux avec qui l’on travaille.
Mais aussi de cultiver la mixité de la population. Nous avons ici quatre adultes
handicapés vieillissants.” Si ces derniers
n’ont pas forcément pu participer activement à cette journée festive, ils y ont
passé du bon temps, et c’est déjà si important. Comme une fois par mois
quand sont organisés les anniversaires
de chacun autour d’un thé dansant. En
début d’année, c’est journée loto. En
juin, repas avec les familles. Sans compter les pique-niques et autres sorties.
Pour l’heure, les résidents travaillent
d’arrache-pied à la prochaine édition de
leur spectacle. Et si vous voulez voir
ce que cela donne grandeur nature,
rendez-vous le samedi 31 octobre à
l’Ehpad des Roches !
Delphine Blanchard
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À Cholet, la fête, c’est la vie !
À la résidence Nazareth, à Cholet, on pratique l’ouverture
d’esprit et on aime donner un autre regard sur la vieillesse à
travers des initiatives d’envergure.
C’
est un Ehpad en plein centre-ville, dans un bâtiment
sur trois étages : une centaine de résidents, dont dix
places en Unité sécurisée pour personnes âgées désorientées (Upad) et dix autres en accueil de jour. Somme toute,
une résidence comme les autres ? Pas tout à fait, quand on rencontre Anita Poilane, sa directrice, et Françoise Gaboriau, son
animatrice, et la passion qui les anime. Un binôme, qui avec le
personnel, agents de service et soignants, et vingt-cinq bénévoles
attitrés, n’hésite pas à sortir des sentiers battus.
D’emblée, Françoise, trente ans de métier, donne le ton : “au
pôle animation, c’est à nous de nous organiser et de nous adapter en
fonction de l’âge et des capacités de nos résidents.” Avec le très
grand âge (la moyenne frise ici les 90 ans), l’animation et les
activités se personnalisent. À l’Ehpad Nazareth, toutes les
équipes sont formées à l’animation. Soignants et l’ensemble
du personnel sont très sensibilisés à la communication par le
toucher, notamment pour les plus dépendants.
Par exemple, on y chante avec une chorale un répertoire où
l’on retrouve ses souvenirs de jeunesse. Et on y danse. Même
en fauteuil. Françoise a été le fer de lance d’un grand bal commun à quatre établissements(1) en 2011. “Les 120 résidents qui
y participaient ont été tellement heureux, que, depuis, on a relevé
le défi tous les ans !”
Vacances comme chez soi
Là aussi un peu d’inédit, la résidence Nazareth a
été pionnière en la matière. “Depuis 2006, nous
louons un grand gîte dans le Morbihan, où on vit
tous ensemble(1) pendant une semaine. Les personnes âgées ont un comportement complétement
différent dans ce milieu plus familial : il n’y a qu’une
salle de vie, le personnel ne porte plus de blouse,
on se couche en même temps qu’eux.” Chacun participe aux courses, à la cuisine, aux activités, dans
la mesure de ses moyens. “Voir la mer leur rappelle
plein de choses. Une personne qui n’arrivait plus à
articuler des mots a dit distinctement : "qu’est-ce
que c’est beau ici, moi, je veux bien y rester !"”
(1) Dix résidents, sept accompagnateurs, agents de service, soignants
ou bénévoles.
Séjour en gîte les pieds dans l’eau à Damgan, pour les résidents
et les accompagnateurs de l’Ehpad Nazareth à Cholet.
En 2013, la barre est placée plus haut. Pourquoi ne pas faire
monter sur scène ces chanteurs aînés pour un spectacle grandeur
nature ? Au théâtre Interlude, s’il vous plaît ! Une organisation
de plusieurs mois, mais impliquant toujours les quatre établissements, avec répétitions, sponsors, partenariat avec l’Office
des retraités et personnes âgées du choletais (Orpac). Essai
transformé ! “On reparle encore dans les couloirs de l’édition du
mois de mai dernier !” Cette fois-ci, les choristes, tous en habit
noir et écharpe rose, et un orchestre, montent sur scène avec
les collégiens de deux établissements choletais, avant un spectacle de danse chorégraphié qui associe résidents, personnel et
enfants. Salle comble ! “C’était pour eux une grande joie, une
fierté devant leur famille, et l’estime de soi d’avoir réussi ce challenge”,
sourit Anita Poilane. Du côté des 500 spectateurs (c’était ouvert
au public), la surprise de la qualité de la représentation et l’image
vraiment positive du grand âge. “Nous voulions aussi donner un
autre regard sur ce qui se passe chez nous, au quotidien.”
Christine Grandin
(1) Ehpad Chante-rivière et les Cordeliers qui dépendent du centre hospitalier de
Cholet, la Cormetière gérée par la Communauté d’agglomération choletaise (CAC),
et la résidence Nazareth, structure associative.
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