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Economic Focus Novembre 2011 Evolution cyclique des prix : concurrence ou collusion ? En mai 2011, le Bundeskartellamt a rendu publiques les conclusions d'une enquête sectorielle conduite en Allemagne sur les stations-services. Pendant près de trois ans, l'autorité allemande de la concurrence a mené une analyse approfondie de la concurrence entre distributeurs de carburants ainsi que des dynamiques de prix. Ses conclusions sont sévères : selon elle, les cinq principaux pétroliers détiendraient une position dominante 1 collective . modèles statiques caractérisés à l'équilibre par un prix stable, égal au coût marginal dans le modèle de Bertrand ou égal au coût marginal plus un mark-up dans le modèle de Cournot. Bien qu'elle ait mis en évidence des caractéristiques structurelles du marché rendant possible la collusion tacite, l'Autorité allemande ne s'est pas contentée d'ap2 pliquer mécaniquement les critères de l'arrêt Airtours : elle a cherché à démontrer que les évolutions observées des prix des carburants confirmaient la thèse collusive. C'est finalement à Eric Maskin et Jean Tirole que l'on doit le modèle des cycles d'Edgeworth. Il s'agit d'un modèle de concurrence dynamique, entre deux firmes identiques qui vendent un bien homogène et se font concurrence en prix. Leur comportement suit une stratégie de Markov : la décision de l'une des firmes en matière de prix ne dépend que du prix pratiqué, à la période précédente, par l'autre firme. Dans ce modèle est présumée une certaine rigidité des prix : ils ne peuvent être ajustés immédiatement, ce qui est à l'origine de la succession de baisses progressives. La figure cidessous illustre l'évolution des prix des deux firmes. Une particularité des prix des carburants est qu'ils évoluent de façon cyclique, alternant des périodes de baisse des prix et des périodes de hausse, ces dernières étant en général plus rapides que les premières. Bien évidemment, le prix de détail des carburants varie en fonction du cours du brut. Cependant, l'existence de cycles est observée indépendamment de toute variation du cours du brut. En 1925, Francis Ysidro Edgeworth, économiste irlandais, 3 critique le modèle de Cournot et montre que, sous 4 certaines conditions , l'équilibre n'est jamais atteint et les prix oscillent indéfiniment. 5 10 9 8 Dans cette note, nous expliquons que l'observation d'un cycle de prix ne peut suffire à conclure à une collusion tacite entre firmes. La littérature économique a en effet élaboré plusieurs modèles de concurrence pour l'expliquer, le plus connu et le plus testé empiriquement étant la théorie des cycles d'Edgeworth. 7 6 5 4 3 2 1 Cet article présente les intuitions de cette théorie et les travaux empiriques qui, à partir de l'observation des évolutions des prix de détail des carburants, ont cherché à la valider. Nous discutons ensuite de la caractérisation d'une position dominante en présence de cycles de prix et du raisonnement développé par le Bundeskartellamt. La théorie des cycles d'Edgeworth La théorie économique a élaboré de multiples modèles de concurrence. En situation d'oligopole, les plus connus sont le modèle de Cournot et celui de Bertrand. Leur point commun est qu'ils constituent tous les deux des 0 Firme A Firme B Les cycles se caractérisent par deux phases. La première débute à un niveau de prix élevé. Successivement, chaque firme ajuste son prix à la baisse, pour se positionner juste en dessous du prix pratiqué par son concurrent. Les prix baissent donc progressivement, jusqu'à atteindre le coût marginal de production (fixé à 0 sur la figure). Autrement dit, il s'agit d'une période de guerre des prix. 3 1 "One of the most significant results of the sector inquiry into the offmotorway petrol station business is the confirmation that there is a dominant oligopoly on regional petrol station markets", page 9 du résumé en anglais du rapport final. Bundeskartellamt (2011). "Fuel Sector Inquiry – Final report May 2011 – summary". 2 TPICE, T-342/99, Airtours c/Commission, 6 juin 2002. Edgeworth (1925). "The Pure Theory of Monoply", in Paper Relating to Political Economy, Vol. 1. Macmillan, pp. 111-142. 4 Notamment l'existence d'une contrainte sur les capacités de production. 5 Maskin & Tirole (1988). "A Theory of Dynamic Oligopoly, II: Price Competition, Kinked Demande Curves, and Edgeworth Cycles", Econometrica, Vol. 56, No. 3, pp. 571-599. 1|P a g e La seconde phase correspond à une période durant laquelle les prix restent stables, au niveau du coût marginal : aucune firme n'a d'intérêt à modifier ses prix. Chaque firme aimerait bien sûr augmenter ses prix, mais chacune a intérêt à ce que l'autre soit la première à le faire, afin de se positionner juste en dessous. Cette phase est qualifiée de guerre d'attrition, chaque firme arbitrant entre maintenir son prix au coût marginal en ne dégageant aucun profit et augmenter son prix en risquant de perdre des clients. La seconde phase se termine lorsque l'une des firmes opte finalement pour l'augmentation de son prix. Son concurrent fait alors de même, en positionnant son prix juste en dessous. Et la période de guerre des prix reprend. On peut se demander pourquoi une firme choisirait de pratiquer un prix élevé alors qu'elle anticipe qu'elle perdra des clients. Il s'agit en fait d'un arbitrage intertemporel : sacrifier sa clientèle aujourd'hui en augmentant ses prix afin d'engranger des profits positifs lorsque le concurrent suivra l'augmentation. Ce calcul dépend bien évidemment du taux d'actualisation (i.e., la valeur accordée aux profits futurs par rapport aux profits actuels) : si les profits futurs subissent une forte décote (taux d'actualisation élevé), les prix resteront très proches du coût marginal ; à l'opposé, si les profits futurs sont fortement valorisés (taux d'actualisation faible), les prix pourront se maintenir à un niveau élevé. La théorie des cycles d'Edgeworth est donc un modèle de concurrence qui conduit à des cycles asymétriques d'évolution des prix, caractérisés par de fréquentes baisses de faible ampleur et des hausses occasionnelles de plus grande ampleur, et ce, indépendamment de toute variation des coûts de production. La mise en évidence empirique des cycles d'Edgeworth La théorie des cycles d'Edgeworth a suscité beaucoup d'intérêt dans l'analyse des évolutions des prix de détail 6 des carburants . Sur ces marchés, aux quatre coins du monde, des évolutions cycliques des prix à la pompe sont en effet observées. De très nombreuses contributions empiriques de la littérature économique ont cherché à expliquer les causes des cycles observés et concluent le plus souvent qu'ils sont bien expliqués par le modèle des cycles d'Edgeworth. 7 8 C'est notamment le cas au Canada , aux Etats-Unis et en 9 Australie . A partir de données sur les prix de détail 6 Des cycles d'Edgeworth ont également été mis en évidence dans les variations de prix des enchères électroniques de publicité en ligne. Voir Zhang (2005). "Finding Edgeworth Cycles in Online Advertising Auctions", MIT. 7 Voir par exemple Eckert (2002), "Retail price cycles and the presence of small firms", International Journal of Industrial Organisation, 21, pp. 2546. 2|P a g e 10 pratiqués par des stations-services de différentes villes , ces études construisent des modèles économétriques pour établir l'existence de cycles et tester différentes variables susceptibles de les expliquer : par exemple, les caractéristiques des stations-services, leur structure (indépendante ou appartenant à un grand réseau), la concentration des marchés ou encore les caractéristiques de la demande. Elles mettent en évidence plusieurs résultats intéressants. Par exemple, on observe des cycles d'Edgeworth plutôt dans des structures intermédiaires de marché tandis qu'ils disparaissent lorsque les marchés sont très concentrés ou, à l'inverse, lorsqu'il existe de nombreuses 11 stations-services indépendantes . Autre exemple : on observe plus rarement des cycles dans les petites villes rurales et les très grandes agglomérations que dans les 12 villes moyennes . Le point-clé est que la quasi-totalité des études empiriques conclut que les cycles de prix observés sur les marchés de détail des carburants correspondent bien aux prédictions du modèle des cycles d'Edgeworth. Il s'agit d'une validation importante de la pertinence de ce modèle pour décrire les dynamiques concurrentielles sur ces marchés. Les cycles d'Edgeworth suffisent-ils à exclure la dominance collective ? Le concept juridique de la position dominante collective est généralement assimilé par les économistes à la no13 tion de collusion tacite . Dans ce contexte, la domiEckert & West (2005), "Price uniformity and competition in a retail gasoline market", Journal of Economic Behavior and Organization, 56, pp. 219-237. Noel (2007), "Edgeworth price cycles: evidence from the Toronto retail gasoline market", Journal of Industrial Economics, 55, pp. 69-92. 8 Voir par exemple Lewis (2008), Doyle, Muehlegger & Samphantharak (2010), "Edgeworth cycles revisited", Energy Economics, 32, pp. 651-660. Lewis & Noel (2011), "The speed of gasoline price response in markets with and without Edgeworth cycles", Review of Economics and Statistics, 93, pp. 672-682. Zimmerman, Yun & Taylor (2011), "Edgeworth Price Cycles in Gasoline: Evidence from the U.S.", U.S. Federal Trade Commission, Bureau of Economics Working Paper No. 303. 9 Voir par exemple Wang (2009), "(Mixed) strategies in oligopoly and pricing coordination: evidence from gasoline price cycles before and under a timing regulation", Journal of Political Economy, 117, pp. 9871030. Wills-Johnson & Bloch (2010), "Retail Gasoline Markets as Networks". 10 Par exemple Zimmerman, Yun & Taylor (2011) exploitent les prix quotidiens d'environ la moitié des stations-services de 350 villes américaines entre 1996 et 2007. 11 Lewis (2009), "Temporary wholesale gasoline price spikes have long lasting retail effect: the aftermath of hurricane Rita", Journal of Law and Economics, 52, pp. 581-606. Doyle & al. (2010), Op. Cit. Lewis (2011), "Price leadership and coordination in retail gasoline markets with price cycles". 12 Byrne & Ware (2011), "Price cycles and price leadership in gasoline markets: new evidence from Canada". 13 Voir par exemple Petit, N. (2007). "Oligopoles, collusion tacite et droit communautaire de la concurrence". Bruylant, chapitre 4 "L'applicabilité des articles 81 et 82 TCE", p. 443. nance collective serait établie par la démonstration que les équilibres de marché observés correspondent à des équilibres collusifs et non à des équilibres concurrentiels. Par exemple, si l'on étudie la concurrence entre deux boulangeries situées l'une à côté de l'autre et produisant une baguette identique, on pourrait retenir un modèle de concurrence en prix. A l'équilibre concurrentiel, on s'attend alors à ce que le prix de la baguette soit égal à son coût marginal de production. Si on observe un prix bien plus élevé, on pourra alors suspecter l'existence d'un équilibre de collusion tacite. En pratique, la difficulté réside dans l'identification du modèle de concurrence pertinent pour décrire le fonctionnement effectif de la concurrence dans le secteur étudié. D'où l'intérêt que présentent les études empiriques cherchant à tester la validité d'un modèle théorique. L'apport du modèle des cycles d'Edgeworth est d'expliquer les cycles de prix asymétriques (i.e., caractérisés par une succession des hausses de prix rapides et fortes et de baisses de prix progressives et faibles). Les frontières entre équilibre concurrentiel et équilibre collusif peuvent paraître difficiles à cerner dans le cadre d'un modèle tel que celui des cycles d'Edgeworth. Il n'y a pas de doutes que toute la période du cycle correspondant à la guerre des prix correspond à un fonctionnement concurrentiel du marché, de même que la guerre d'attrition, durant laquelle chaque firme aimerait bien augmenter ses prix mais a intérêt à ne pas être la première à le faire. En revanche, le moment où l'un des concurrents décide d'augmenter brutalement ses prix est plus complexe à interpréter. On retrouve en effet un aspect que l'on pourrait interpréter comme de la collusion : chaque firme a intérêt à voir les prix remonter, mais aucune ne souhaite être la première à le faire. Or ce dilemme est résolu, dans le modèle de Maskin et Tirole, par la possibilité de stratégies non coopératives mixtes, et non par l'adoption d'une stratégie collusive : considérant que son concurrent a fixé son prix au niveau concurrentiel, la meilleure réponse de chaque firme est une stratégie mixte consistant à accorder une certaine probabilité à la poursuite du combat en maintenant son prix au niveau concurrentiel ou de lever le pied en augmentant son prix. Le modèle des cycles d'Edgeworth conduit ainsi à déterminer quelle firme prendra le leadership et sera la première à augmenter ses prix. L'écart entre équilibre concurrentiel et équilibre collu14 sif peut néanmoins paraître étroit dans le modèle des 15 cycles d'Edgeworth. Keenan & O'Brien (1993) con14 Voir par exemple Wang (2009), Op. Cit. : "My results suggest that tacit collusion is inevitable if the market condition is close to the Bertrand environment of a Maskin-Tirole model: if price is close to marginal cost, a firm can always increase price dramatically and induce rivals to charge a high price for at least a short period of time. This reinforces the challenge that tacit collusion poses for antitrust policy". 15 Keenan & O'Brian (1993), "Competition, collusion, and chaos", Journal of Economics Dynamics and Control, 17, pp.327-353. cluent qu'il s'agit en fait d'une succession chaotique de concurrence et de collusion. On pourrait également l'interpréter comme un modèle de collusion systématiquement instable en raison de la déviation immédiate des concurrents. On est donc bien loin d'un équilibre collusif stable, même si les prix sont, à certains moments du cycle, plus élevés qu'à l'équilibre concurrentiel de Bertrand. En 16 pratique, de nombreux économistes retiennent que l'observation des cycles d'Edgeworth révèle l'existence d'une concurrence en prix effective, bien qu'elle soit ponctuée de brefs épisodes de hausse des prix et que les ajustements à la baisse ne soient pas instantanés. En outre, les auteurs qui privilégient l'hypothèse de la collusion l'envisagent justement comme une dynamique ne concordant pas parfaitement avec le modèle des 17 cycles d'Edgeworth. Ainsi, Foros & Steen (2008) étudient les évolutions de prix observées en Norvège entre 2003 et 2006. Ils observent des cycles qui ressemblent à ceux du modèle des cycles d'Edgeworth. Mais ils mettent également en évidence des éléments qui ne semblent pas cohérents avec le modèle. Par exemple, ils observent que les hausses des prix ont systématiquement lieu le lundi. Cela pourrait être cohérent avec le modèle si la demande du lundi était la plus faible de la semaine : en effet, la première station-service à mettre fin à la guerre d'attrition en augmentant ses prix a tout intérêt à le faire au moment où la demande est la plus basse afin de limiter ses pertes de clients. Les auteurs observent que la demande est plus faible le week-end et qu'il aurait été logique que les hausses de prix se produisent à ce moment-là. Les auteurs concluent que les cycles observés, mettant en évidence des hausses parfaitement régulières chaque lundi, sont mieux expliqués par un modèle collusif que par le modèle des cycles d'Edgeworth. On retiendra donc que la seule observation des cycles de prix ne permet pas de trancher entre la thèse de la collusion et celle de la concurrence. Certains cycles peuvent en effet bien correspondre au modèle théorique des cycles d'Edgeworth, tandis que d'autres peuvent être mieux expliqués par un modèle collusif. Seule la confrontation minutieuse des faits observés aux modèles permet de conclure. Application aux stations-services allemandes L'enquête sectorielle allemande de la distribution de carburant accorde une place importante à l'analyse des prix de détail des carburants : les prix de plus de 400 stations-services situées à Hambourg, Leipzig, Cologne et Munich ont été collectés et analysés, entre janvier 2007 et juin 2010. Le Bundeskartellamt s'appuie sur plusieurs 16 Voir notamment Noel (2011), "Edgeworth price cycles". Foros & Steen (2008), "Gasoline prices jump up Mondays: An outcome of aggressive competition?", CEPR Discussion Paper No. DP6783. 17 3|P a g e résultats confirmant, selon lui, l'existence d'une dominance collective des cinq principaux pétroliers. Le Bundeskartellamt indique d'abord que les prix des carburants sont transparents : chacun observe en per18 manence ceux de ses concurrents au point que l'augmentation de prix du leader est suivie par les autres, dans les trois heures qui suivent. Bien que cela ne constitue en aucune manière un indice de collusion, la transparence de l'information est un facteur qui la facilite tout comme d'autres éléments relevés par l'Autorité allemande (stabilité du marché, barrières à l'entrée élevées, etc.). Il souligne ensuite que les prix évoluent de façon cy19 clique et qu'on observe un nombre beaucoup plus important de baisses que de hausses, mais que les 20 hausses sont d'une ampleur bien supérieure . Cet élément pourrait tout à fait être cohérent avec le modèle des cycles d'Edgeworth et ne permet donc pas de soutenir la thèse collusive plutôt que celle de la concurrence. De même, l'Autorité allemande souligne que les marges 21 sont supérieures lorsque les prix sont plus élevés , ce qui est à nouveau cohérent avec le modèle de Maskin & Tirole dont les cycles ne sont pas liés aux variations du cours du brut. Tirole qui explique bien que le modèle des cycles d'Edgeworth est différent des modèles collusifs de jeux répé23 tés . En tout état de cause, force est de reconnaître qu'il s'agirait d'une collusion tacite très imparfaite, la concurrence en prix reprenant continuellement ses droits et empêchant le maintien des prix à leur niveau collusif. Conclusion L'analyse du Bundeskartellamt met en évidence la difficulté à caractériser un équilibre de collusion tacite dès lors que le fonctionnement de la concurrence est appréhendé par des modèles un peu plus sophistiqués que ceux de la concurrence oligopolistique de Bertrand ou de Cournot. C'est pourtant une étape indispensable à la caractérisation rigoureuse d'une position dominante collective qui exige de faire le départ entre une situation de concurrence imparfaite et une situation de collusion tacite. Dans ces conditions, l'analyse économique approfondie des faits observés et de leur cohérence avec les modèles testés est indispensable. Gildas de Muizon 24 ©Microeconomix , novembre 2 011 En revanche, d'autres éléments semblent s'écarter du modèle des cycles d'Edgeworth. Ainsi, le Bundeskartellamt indique que les cycles sont hebdomadaires, que les prix les plus élevés sont observés le vendredi et juste avant les vacances. Mais il ne faut pas oublier que les cycles d'Edgeworth peuvent être influencés et modifiés par différents facteurs externes, tels que le cours du brut ou l'intensité de la demande. Cet argument est écarté par l'Autorité allemande qui indique ne pas avoir mis en évidence de corrélation entre ces facteurs et les variations de prix observées. Microeconomix L'analyse économique appliquée Droit de la concurrence Régulation Economie de l'énergie Econométrie Finalement, le Bundeskartellamt ne nie pas que les dynamiques observées puissent correspondre à des cycles d'Edgeworth, comme le soutiennent d'ailleurs les conseils économiques de plusieurs pétroliers. Il limite la portée de l'argument en considérant que cela n'est pas 22 une preuve de concurrence effective , et affirme même que l'existence de cycles d'Edgeworth devrait plutôt être interprétée comme de la collusion tacite. Il s'agit, selon nous, d'une lecture biaisée de l'article de Maskin et www.microeconomix.fr 18 "By regularly monitoring prices and due to their nationwide presence the collectively dominant firms have an extensive and constantly updated view of the petrol station prices of their competitors". Bundeskartellamt (2011). Op. cit. 19 "The strategic behavior of the oil company is reflected in particular in the cyclical price movements within one week". Ibid. 20 "At first glance the number of price reduction within one year is more than double the number of price increases. However, it should not be concluded from this that price increases are note important because the steps in price increases were greater than those in price reduction". Ibid. 21 "The development of the gross retail margin remaining with the petrol station illustrates that the price increases are not driven by costs but serve primarily to increase profit". Ibid. 22 "The existence of substantial competition cannot be deduced merely from the existence of price cycles or their alteration over a specific period". Ibid. 4|P a g e 23 "A firm conditions its behavior on past prices only because other firms do so. If we eliminate the bootstrap equilibria, we are left with lack of collusion. Moreover, the strategies in the supergame literature typically have a firm reacting not only to other firms but to what it did itself. By contrast, a Markov strategy has a firm condition its action only on those variables that are relevant in all cases of firms' behavior. Thus, in a price war, a firm cuts its price not to punish its competitor […] but simply to regain market share". Maskin & Tirole, op. cit., p. 592. 24 L'auteur remercie vivement Eric Avenel, professeur d'économie à l'Université de Rennes 1, pour ses commentaires sur une version préliminaire de cette note. L'auteur reste bien entendu seul responsable des propos écrits.