Guide des services pharmaceutiques en centre hospitalier
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Guide des services pharmaceutiques en centre hospitalier
GUIDE DES SOINS ET SERVICES PHARMACEUTIQUES EN CENTRE HOSPITALIER ORDRE DES PHARMACIENS DU QUÉBEC CE GUIDE A ÉTÉ APPROUVÉ PAR LE COMITÉ D’INSPECTION PROFESSIONNELLE LE 13 AVRIL 1994 ET PAR LE BUREAU DE L’ORDRE LE 8 JUIN 1994. ORDRE DES PHARMACIENS DU QUÉBEC DEUXIÈME TRIMESTRE 1994 AVANT-PROPOS La pratique de la pharmacie en établissement de santé fait appel à une expertise de plus en plus spécifique, qui exige des professionnels le recours à des outils de pratique adaptés à l'évolution constante de la profession. En accord avec le mandat de notre corporation, le présent document s'inscrit dans une perspective de protection du public et constitue un outil de pratique précieux. Due à l'initiative de l'Association des pharmaciens en établissement de santé (APES), la réalisation de ce Guide des services pharmaceutiques en centre hospitalier représente l'aboutissement d'une démarche qui fut menée à terme par un comité ad hoc, chapeauté par le Comité d'inspection professionnelle de notre corporation. En plus d'une excellente connaissance du milieu visé, le développement d'un outil de pratique exige, de la part des professionnels impliqués, une somme inestimable de temps et d'énergie. C'est pourquoi je tiens à remercier les pharmaciens suivants, qui ont contribué à la rédaction du guide : M. Marc Desmarais, C.H. de l'Enfant-Jésus, Québec M. Pierre Ducharme, Ordre des pharmaciens du Québec me M Patricia Lefebvre, C.H. Général de Montréal M. Reynald Tremblay, C.H. de Chicoutimi Inc. Je tiens également à souligner la contribution du Dr Paul Landry, adjoint au vice-président exécutif de l'Association des hôpitaux du Québec, et celle des pharmaciens Hélène Beaulieu, Marthe Huot, Yves Gariépy, du Ministère de la santé et des services sociaux. Leurs commentaires pertinents ont permis de mieux adapter le présent guide aux besoins du milieu auquel il est destiné. Enfin, je souhaite que le Guide des services pharmaceutiques en centre hospitalier contribue à maintenir l'excellence dans la qualité des services pharmaceutiques dispensés aux citoyens du Québec. Le Président, Jean-Pierre Grégoire, M.P.H., Ph.D. Pharmacien ORDRE DES PHARMACIENS ÉNONCÉ DE MISSION L'Ordre des pharmaciens du Québec, dont le rôle consiste à protéger la santé du public en matière de 1 services pharmaceutiques, entend apporter son entière coopération à faire des pharmaciens des «partenaires responsables» orientés vers l'amélioration de la santé et du bien-être des Québécois, en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux et les autres intervenants en santé. À cette fin, l'Ordre entend notamment: aider ses membres à améliorer les services professionnels existants et à en développer de nouveaux selon les besoins de la population; mettre en évidence, auprès du public, des gouvernements et des autres intervenants en santé, le rôle du pharmacien comme conseiller du patient, comme consultant auprès des autres professionnels de la santé et comme éducateur du public; collaborer avec les gouvernements et les autres intervenants en santé dans la recherche, l'élaboration et la mise en oeuvre de programmes compatibles avec le rôle de l'Ordre, qui permettront d'améliorer la santé et le bien-être des Québécois; inciter ces derniers à tirer davantage profit de l'ampleur et de l'accessibilité du réseau des pharmacies communautaires et des pharmacies des établissements de santé dans la diffusion et la mise en oeuvre de certains de ces programmes. Décembre 1989 1 Le masculin est utilisé dans ce texte afin d'en alléger la lecture. INTRODUCTION2 1 Ce guide est issu, avant tout, de la volonté de praticiens exerçant en centre hospitalier de se donner un cadre qui facilite le développement ordonné des soins requis par la clientèle, dans un contexte où les demandes des usagers sont de plus en plus pressantes, nos capacités d'y répondre de plus en plus grandes, mais les ressources de plus en plus limitées. L'Ordre des pharmaciens du Québec, dont la mission est d'assurer la protection de la population en matière de services pharmaceutiques, a évidemment approuvé et appuyé cette initiative. L'Ordre a d'ailleurs déjà publié, en début 1993, un «Guide des services pharmaceutiques en centre d'hébergement et de soins de longue duré». Issu également d'un travail d'équipe, ce guide a été largement distribué depuis sa publication, et a reçu des commentaires élogieux de plusieurs intervenants. Il était cependant nécessaire que les praticiens du milieu hospitalier disposent d'un guide adapté à leurs besoins et susceptible d'orienter le développement et la qualité de leur pratique. La Loi sur les services de santé et les services sociaux (dite Loi 120), sanctionnée en septembre 1991, regroupe sous le terme «Centre hospitalier» aussi bien les centres hospitaliers de soins généraux et spécialisés que les centres hospitaliers de soins psychiatriques. Ce guide s'adresse à l'une ou l'autre de ces catégories d'établissement, comme aussi aux centres hospitaliers universitaires, aux centres affiliés universitaires, aux instituts universitaires. Cette intégration n'est pas sans contrainte, puisque le vocable «Centre hospitalier», s'applique ainsi à des établissements dont la mission, la clientèle, la dimension varient grandement. Cependant les mêmes dispositions légales s'appliquent à tous ces établissements, et il était logique de les regrouper. En établissant un programme de soins pharmaceutiques pour un établissement donné, le pharmacien devra tenir compte des besoins et des ressources du milieu. D'autre part, la Loi 120 utilise le terme «usager» plutôt que «bénéficiaire», pour désigner ce qui pourrait être aussi nommé «client», «malade», «patient», etc. Ce substantif a donc été retenu, non sans une certaine réserve, et il est utilisé de façon systématique dans le guide (sauf dans le glossaire). Aussi, le terme «pharmacien» a été choisi pour désigner ce professionnel partout dans le guide; dans certaines situations, il faut comprendre le chef du département clinique de pharmacie, les membres de ce département ou même ce département. La rédaction du guide a exigé des auteurs plusieurs mois de réflexions, de discussions, de consultations et de rencontres. Ont été révisés notamment les lois et règlements en vigueur dans notre domaine, ainsi que les guides de pratique et normes pertinentes au sujet traité. Ses imperfections, que le lecteur est prié d'excuser, ne sont donc pas le résultat de l'improvisation; elles sont dues essentiellement à la difficulté de synthétiser des faits et des situations en changement rapide, comme nous le verrons au chapitre suivant, et de distinguer l'essentiel de l'anecdotique dans ces éléments. Les 2 Le lecteur est prié de noter que les termes en italique dans le texte sont définis dans le glossaire. 1 auteurs sont toutefois convaincus d’avoir fait oeuvre utile en contribuant ainsi à l'évolution de la pratique de la pharmacie et à la qualité des soins et services pharmaceutiques. À l'aide de ce guide, chaque département de pharmacie pourra établir un programme de soins pharmaceutiques complet et adapté aux besoins de sa clientèle. Le guide est donc avant tout destiné aux pharmaciens, de qui la société attend l'établissement de tels programmes. Mais il sera également utile aux autres professionnels de la santé qui bénéficient des services pharmaceutiques, notamment aux médecins, infirmières et infirmiers. Il sera également indispensable aux administrateurs de ces institutions, désireux que leur clientèle reçoive les meilleurs soins au meilleur coût, ainsi qu'aux organismes d'agrément. 2 2 FACTEURS D'ÉVOLUTION DE LA PRATIQUE DE LA PHARMACIE De nombreux facteurs, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la profession, favorisent et même rendent actuellement indispensable une actualisation de la pratique de la pharmacie. Nous évoquerons ici six de ces facteurs, parmi les plus importants. 2.1 Changements démographiques La population du Québec vieillit, cela a été démontré assez souvent pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en faire la preuve ici. En fait, en 1970, 8% de la population avait plus de 65 ans; en 1990, plus de 10% de nos concitoyens se retrouvent dans cette catégorie, et les démographes estiment qu'en l'an 2000 ce pourcentage aura 3 grimpé à 17% . Cependant, l'accroissement de la longévité, plus prononcé chez les femmes que chez les hommes, ne s'accompagne pas d'une diminution identique de la morbidité. Ainsi, il est à prévoir que la demande en ce qui concerne les soins de santé ira en augmentant au cours de la prochaine décennie. Ceci d'autant plus que, mieux informée, plus scolarisée et mieux organisée, la population est en mesure de réclamer des soins que les médias lui présentent comme disponibles à tous et pour tous. Par ailleurs, notre population change également au plan ethnique, notamment dans la région de Montréal. Il est difficile de prévoir l'impact de cette situation sur la demande de soins pharmaceutiques, mais elle affectera certainement la façon de rendre ces soins, notamment en ce qui concerne la communication d'informations sur les médicaments. 2.2 Évolution de la pharmacothérapie En quelques décennies, les développements de la pharmacothérapie ont permis des succès thérapeutiques prodigieux. Nous n'en citerons que quelques exemples ici. Ainsi, des pathologies à haut indice de morbidité et de mortalité, comme la tuberculose et le diabète, ont été vaincues, ou tout au moins contrôlées, par la mise au point des anti-infectieux et de l'insuline. Ultérieurement, la synthèse des antagonistes des récepteurs H2 de l'histamine a quasi totalement remplacé la chirurgie du tube digestif pour le traitement des ulcères gastriques ou duodénaux. Plus près de nous, le développement de médicaments comme la cyclosporine permet de réaliser une vaste gamme de greffes d'organes, tandis que celui des agents thrombolytiques révolutionne le traitement de l'infarctus du myocarde. 3 Bureau de la statistique du Québec. Les personnes âgées au Québec, Statistiques démographiques, 1986 3 Ce développement s'accélère actuellement, et permet non seulement la mise au point de nouveaux médicaments, mais aussi la découverte de nouvelles méthodes de fabrication (v.g. biotechnologies) et d'administration des médicaments (implants, timbres, etc). De nouveaux types de médicaments, tels les anticorps monoclonaux, auront pris d'ici peu une place importante dans la thérapie. D'ici la fin de ce siècle, des pathologies aussi graves que la maladie d'Alzheimer et le sida seront possiblement aussi vaincues. Le mécanisme d'action des médicaments dans l'organisme est également mieux connu et nous pouvons ainsi les utiliser plus sûrement et plus efficacement. La pharmacocinétique est ainsi devenue une véritable science, que le pharmacien est appelé à utiliser quotidiennement dans sa pratique; il en sera bientôt de même de la chronopharmacologie, particulièrement utile dans l'utilisation des antinéoplasiques. Nous savons également mieux prévoir et atténuer l'effet des interactions entre médicaments et détecter leurs effets indésirables; aussi important peut-être, nous savons déterminer les règles d'utilisation qui font que chaque médicament est utilisé à bon escient et au meilleur rapport coût/avantage. 2.3 Développements technologiques Le progrès de la pharmacothérapie s'est réalisé parallèlement à celui d'autres disciplines à l'extérieur du domaine de la pharmacie et de la santé. L'intégration de ces développements à la pratique constitue souvent pour le professionnel de la santé, et notamment pour le pharmacien, un défi redoutable, qu'il se doit pourtant de relever. Il est évident, par exemple, que nos connaissances en pharmacothérapie sont de peu d'utilité, si nous ne disposons pas d'une information complète sur la médication prise par chaque usager. De même, parmi les dizaines de milliers d'informations nouvelles publiées chaque année sur la pharmacothérapie, il importe d'avoir rapidement accès à celles qui s'appliquent à une situation clinique donnée. Pour être efficace, le pharmacien doit maintenant gérer autant l'information sur la médication que la médication elle-même. Les programmes de soins pharmaceutiques doivent donc bénéficier d'emblée de support informatique. L'informatique est déjà indispensable à la gestion du dossier-patient, à l'organisation de la distribution des médicaments, à la détection des interactions entre médicaments, à la localisation de l'information pharmacothérapeutique etc. Elle constitue également la réponse au besoin d'intégration de la multitude de renseignements concernant un usager, en un tout cohérent accessible en temps opportun aux différents intervenants. md md Par ailleurs, de nouvelles technologies (appareils ATC-212 , Automix , etc.) permettent plus facilement que jamais d'appuyer le programme de soins pharmaceutiques sur des méthodes de distribution de médicaments comme la distribution à doses unitaires ou la reconstitution centralisée des médicaments parentéraux. Ces méthodes, qui ont fait la preuve de leur efficacité, constituent des outils privilégiés pour tout programme de soins pharmaceutiques. 4 2.4 Changements législatifs La législation encadrant la pratique de la pharmacie en établissement de santé a confirmé l'évolution rapide du rôle du pharmacien, et parfois même devancé cette évolution. Ainsi, les modifications apportées en 1981 à la Loi sur les services de santé et les services sociaux intègrent le pharmacien aux Conseils des médecins, dentistes et pharmaciens. En outre, la réglementation adoptée en vertu de cette Loi lui confirme de nombreuses responsabilités importantes, en regard notamment des règles d'utilisation de médicaments. Les dernières modifications à cette loi (1991) confirment l'importance du rôle clinique du pharmacien, par la création du «département clinique» de pharmacie. Le lecteur trouvera au chapitre 6 de ce guide une énumération des principaux documents législatifs pertinents à la pratique de la pharmacie en centre hospitalier. 2.5 Conceptualisation de la pratique de la profession Au cours des dernières années, les pharmaciens et les organismes qui les représentent ont consacré beaucoup d'énergie à redéfinir leur rôle comme professionnels de la santé. Ainsi l'Ordre des pharmaciens a adopté en 1989 un énoncé de mission mettant en lumière les nouveaux rôles du pharmacien comme conseiller de l'usager et consultant auprès des professionnels de la santé quant à l'utilisation sûre et efficace des médicaments; cet énoncé de mission apparait d'ailleurs au tout début du présent guide. 4 De même, des praticiens ont développé récemment le concept de «soins pharmaceutiques» , dont la richesse constitue déjà une source d'inspiration pour la profession. Les soins pharmaceutiques se définissent comme suit: «Ensemble des actes et services que le pharmacien doit procurer à un patient, afin d'améliorer sa qualité de vie par l'atteinte d'objectifs pharmacothérapeutiques de nature préventive, curative ou palliative». Cette définition exprime, dans une perspective-résultats, les différentes facettes de l'exercice de la pharmacie, tel que défini à l'article 17 de la Loi sur la pharmacie (cf. 6.1.4). Cette approche implique une intégration de l'ensemble des actes et services pharmaceutiques, qui place le mieux-être du patient au centre des préoccupations du pharmacien, et implique également une responsabilisation accrue du pharmacien quant à l'atteinte des objectifs de la pharmacothérapie. En appliquant un programme de soins pharmaceutiques, le pharmacien doit ainsi identifier, résoudre et le cas échéant prévenir, les problèmes ou les besoins reliés à la pharmacothérapie de l'usager (cf. 3.1.1). Le concept de «soins pharmaceutiques» met avant tout l'accent sur les résultats attendus de la pharmacothérapie. Il rejoint ainsi les préoccupations des divers programmes d'évaluation de la qualité ou d'appréciation de la qualité qui ont été implantés (ou sont en voie de l'être) dans la majorité des départements 4 Hepler CD, Strand LM.: Opportunities and responsabilities in pharmaceutical care, Am.J.Hosp.Pharm., 1990; 47:533-43 5 de pharmacie des établissements hospitaliers. Il tient compte également du fait que, pour l'usager, le séjour en centre hospitalier est habituellement de courte durée et ne constitue qu'une parenthèse dans sa vie, et favorise donc la communication entre le pharmacien hospitalier et le pharmacien communautaire, et ce aussi bien à l'admission qu'au congé de l'usager, ce dernier point étant encouragé par la législation (cf. 6.1.2) 2.6 Évolution de la formation universitaire en pharmacie L'évolution de l'exercice de la pharmacie au Québec n'aurait pas été possible sans une réorientation clinique de l'enseignement, tant à l'Université de Montréal qu'à l'Université Laval. Ces changements, relativement récents pourtant, ne répondent déjà plus aux besoins. C'est pourquoi nos universités ont révisé complètement leurs programmes d'études de premier-cycle; le nouveau programme est en vigueur depuis août 1993 à l'Université de Montréal, et l'Université Laval implantera le sien à l'automne 1994. De plus, un nouveau programme de maîtrise en pharmacie d'hôpital remplace depuis peu le programme de certificat ou de diplôme créé au début des années soixante, en attendant un programme de doctorat en pharmacie clinique (Pharm. D.). Ainsi, la société peut être assurée que la compétence des futurs pharmaciens sera à la mesure de la confiance qu'elle témoigne actuellement à notre profession. 6 3 LES BESOINS AUXQUELS LE PHARMACIEN DOIT RÉPONDRE Le rôle du pharmacien en centre hospitalier ne peut se concevoir indépendamment des besoins des usagers, des intervenants, de l'établissement lui-même, et enfin de la communauté. 3.1 Besoins de l’usager 3.1.1 Besoin de bénéficier d'une pharmacothérapie optimale Le concept de soins pharmaceutiques nous apprend que les problèmes possibles, en regard de la pharmacothérapie, peuvent être regroupés sous huit titres distincts. Ce sont: pathologie ou symptôme non identifié; choix inapproprié de médicament; médication non reçue; posologie sous-thérapeutique; posologie sur-thérapeutique; pharmacothérapie sans indication; effet indésirable; interactions médicament-médicament, médicament-aliment, médicament-test biologique. L'usager doit donc s'attendre à ce que le pharmacien veille à prévenir, détecter ou résoudre chacun de ces problèmes. Ainsi, il recevra le bon médicament, au bon moment, selon la posologie et le mode d'administration appropriée, et ce pour la durée de traitement requise. 3.1.2 Besoin de sécurité L’usager est en droit d’exiger que le pharmacien applique les mesures de monitorage requises pour identifier les contre-indications et prévenir les effets indésirables des médicaments. De même, il peut s'attendre à ce que le processus relié à la préparation, à la distribution et à l’administration des médicaments soit bien contrôlé pour éviter les erreurs. 3.1.3 Besoin de respect de son autonomie ou de sa fonctionnalité L’usager peut escompter que ceux qui auront prescrit, préparé et administré ses médicaments auront tenu compte le plus possible de son besoin de demeurer autonome et fonctionnel. Si cela s'y prête, ceci peut inclure la possibilité qu'il participe lui-même au traitement, par exemple, en s'auto-administrant les médicaments requis. 3.1.4 Besoin d'intervention adaptée à sa situation particulière 7 L'usager doit s'attendre à ce que la médication prescrite, son administration, les services qui y sont reliés, tiennent compte si possible de sa consommation antérieure de médicaments et de sa condition physique générale, ainsi que du contexte dans lequel il aura possiblement à poursuivre sa médication après son séjour dans le centre. 3.1.5 Besoin d’information et d’enseignement L'usager a le droit d'être informé de la nature des médicaments qui lui sont administrés, des effets attendus, de leurs effets indésirables possibles, des précautions à prendre, etc. Lorsque nécessaire, il peut s'attendre à recevoir un enseignement spécifique, notamment dans les cas où il aura à s'auto-administrer des médicaments et au moment où il obtiendra son congé. 3.1.6 Besoin de soins intégrés L'usager, au cours de son séjour en centre hospitalier, doit recevoir des soins pharmaceutiques continus, bien coordonnés et complets. 3.2 Besoins des intervenants Les besoins de l'usager seront comblés de façon optimale si chacun des intervenants, professionnels de la santé ou non, joue son rôle de façon également optimale, ce qui implique que le pharmacien doit respecter les besoins de ces intervenants, notamment: 3.2.1 Besoin de la reconnaissance et du respect de leur contribution À ce titre, le pharmacien doit recourir sans hésiter si nécessaire à la compétence des autres, et veiller à ne pas interférer dans les champs de pratique qui leur sont réservés. 3.2.2 Besoin de la disponibilité du pharmacien La diversité des fonctions du pharmacien amène la nécessité de son intervention dans un grand nombre de situations reliées à l'utilisation de la pharmacothérapie. Le pharmacien doit donc répondre dans un délai raisonnable aux demandes de consultation, d'information, de même qu'aux demandes de service des intervenants. En corollaire, le pharmacien a le droit de pouvoir compter sur la disponibilité des autres intervenants, et sur la reconnaissance et le respect de ses propres besoins et de la contribution qu'il apporte à la qualité des soins. 3.3 8 Besoins de l'établissement Tout établissement possède sa mission et ses objectifs. Le pharmacien doit adhérer sans réserve à cette mission, et contribuer dans la mesure de ses moyens à la formulation et l'atteinte des objectifs. Ses objectifs professionnels doivent également être établis en concordance avec ceux du centre hospitalier. Le département de pharmacie doit soutenir tout programme d'enseignement, en pharmacie ou autre, tout particulièrement si l'établissement possède un contrat d'affiliation avec un établissement d'enseignement. Il doit également, le cas échéant, prévoir une structure de soutien aux projets de recherche clinique ou autre, notamment par le biais d'un service de médicaments en études cliniques (SMEC). Le département de pharmacie doit également accorder une grande importance à la saine gestion des ressources humaines, matérielles et financières qui sont mises à sa disposition. Le pharmacien doit à cet égard tenir compte de l'impact de ses décisions sur l'ensemble de l'établissement; il doit se rappeler, en particulier, que la distribution des médicaments en centre hospitalier est un processus complexe, impliquant de nombreux intervenants et notamment le personnel infirmier. Cette distribution doit donc être soigneusement planifiée, de façon à maximiser l'efficacité de chaque intervenant. 3.4 Besoins de la communauté L'établissement ne peut concevoir son fonctionnement indépendamment du monde qui l'entoure. Le respect de l'environnement, particulièrement en ce qui concerne la gestion des déchets pharmaceutiques, doit constamment figurer parmi les préoccupations du pharmacien. Il doit enfin s'impliquer dans la communauté, de façon à promouvoir un usage rationnel des médicaments. En tenant compte de l'ensemble de ces besoins, le pharmacien se trouvera tôt ou tard devant des situations inconciliables. Il doit alors en toutes circonstances prioriser les besoins de l'usager, au détriment des autres, y compris les siens propres. 9 4 OBJECTIFS DU PROGRAMME DE SOINS PHARMACEUTIQUES Les activités pharmaceutiques susceptibles d'être offertes dans le cadre d'un programme de soins pharmaceutiques, sont nombreuses et variées. Ce chapitre, qui constitue le coeur du guide, les regroupe en deux catégories. Les activités cliniques, directement orientés vers les usagers (section 4.1) Les activités de support à l'atteinte des objectifs cliniques, qui sont de nature opérationnelle et administrative (section 4.2) En établissant son programme de soins pharmaceutiques, le pharmacien doit de toute évidence tenir compte de la mission de l'établissement, de sa clientèle, et des ressources dont il dispose. Certaines des activités énumérées plus loin sont fondamentales, et doivent donc être disponibles d'emblée. D'autres, par contre, ne s'appliquent qu'à certains établissements ou, le cas échéant, qu'à certains usagers; le guide se voulant exhaustif, ils sont néanmoins inclus. De façon à permettre aux pharmaciens et aux établissements de poser un jugement sur les programmes pharmaceutiques qu'ils offrent actuellement, et à en planifier de façon ordonnée le développement, le présent chapitre utilise (en l'adaptant) la terminologie du document intitulé «La pharmacie clinique et vous», publié en 1990 par la Société canadienne des pharmaciens d'hôpitaux (voir 6.2.2) avec la participation de pharmaciens québécois. En plus d'exposer de façon très détaillée les services que les pharmaciens peuvent ou doivent rendre, cet ouvrage important établit quatre niveaux de réalisation d'un programme de soins pharmaceutiques, ce qui tient compte de l'état actuel de développement de la profession. Ces niveaux s'établissent comme suit: Niveau I: Révision des ordonnances Niveau II: Monitorage sélectif de la pharmacothérapie Niveau III: Monitorage intégral de la pharmacothérapie Niveau IV: Monitorage décentralisé concomitant (soins pharmaceutiques proprement dit) Les programmes de soins pharmaceutiques actuellement offerts dans les centres hospitaliers québécois sont de niveau variable. La plupart évoluent au Niveau I, mais un nombre non négligeable ont atteint le Niveau II. A moyen ou long terme, chaque département de pharmacie doit viser l'atteinte du Niveau IV, où la qualité des soins est la meilleure et la compétence des pharmaciens utilisée de façon optimale. Notons que le Comité d'inspection professionnelle de l'Ordre des pharmaciens utilise cette terminologie pour l'évaluation des activités pharmaceutiques faite dans le cadre de ses visites d'inspection professionnelle. 4.1 10 Objectifs des activités cliniques Objectif A: Établir un programme de révision de toutes les ordonnances (Niveau I) L’atteinte de cet objectif constitue la base du programme de soins pharmaceutiques, et il est essentiel dans tous les établissements. Comme son titre l'indique, il implique toutes les ordonnances émises dans l'établissement, y compris celles provenant de secteurs non traditionnellement gérés par les départements de pharmacie (Urgence, soins intensifs etc). Cet objectif comporte six activités distinctes. Activité A.1: Ouverture et mise à jour du dossier-patient Cette activité comprend les étapes suivantes: inscrire les informations de base nécessaires à l'identification de l'usager et à sa localisation, y compris la date de naissance, le sexe, la masse, et la taille; inscrire les informations additionnelles pertinentes (allergies, diagnostics actuels, pathologies chroniques, effets indésirables antérieurs, etc); inscrire la médication de l'usager. Activité A.2: Validation de l’ordonnance Cette activité permet d'identifier correctement l'usager à qui l'ordonnance est destinée, et d'assurer que celle-ci est complète et valide légalement. Elle comprend également l'identification du prescripteur, et la vérification du respect du formulaire thérapeutique de l'établissement, des protocoles de traitement et des règles d'utilisation de médicaments approuvés dans l'établissement. Activité A.3: Validation pharmacologique de l’ordonnance Cette étape constitue la pierre angulaire des activités cliniques de Niveau I. Les éléments à vérifier comprennent la posologie (valeurs moyennes plutôt qu'individuelles), l'intervalle posologique, la voie d'administration, la durée de traitement, les allergies, les duplications de médicaments, les principales interactions et contre-indications, la détermination de l'horaire d'administration. À ce niveau, le pharmacien est déjà en mesure d'effectuer de multiples interventions au bénéfice du patient; les interventions nécessitant une étude plus approfondie relèvent du monitorage sélectif de Niveau II, si disponible. Activité A.4: Exécution de l'ordonnance 11 Cette activité comprend quatre étapes dont la première est réservée au pharmacien et les autres habituellement confiées au personnel technique, qui doit alors respecter les directives émises lors de la validation: choisir le médicament requis pour exécuter l'ordonnance, en respectant les normes professionnelles à ce sujet; compter ou mesurer la quantité de médicament nécessaire; préparer l'étiquette incluant l'information relative à l'administration du médicament et/ou sélectionner les étiquettes auxiliaires; inscrire l'information appropriée au dossier-patient. Activité A.5: Vérification de l'ordonnance La vérification comporte trois étapes: vérifier le médicament préparé en fonction de l'ordonnance; vérifier l'étiquetage en fonction de l'ordonnance; vérifier la mise à jour du dossier-patient. Activité A.6: Notification de l’intervention du pharmacien Le pharmacien doit s'assurer que son intervention est consignée et clairement identifiable; il doit notamment: signer ou parapher l'ordonnance; si un paraphe est utilisé, une référence à une identification complète doit être prévue; signer ou parapher le dossier-patient; inscrire, à l'intention des autres intervenants (pharmaciens, prescripteur, infirmières), toute information nécessaire à la compréhension de son intervention (v.g. date, quantité servie et produit utilisé pour exécuter l'ordonnance etc. Selon les procédures en vigueur, ces informations pourront être rédigées sur le formulaire d'ordonnance lui-même, sur la feuille d'évolution, sur le profil pharmacologique ou au dossier-patient. Objectif B: Établir un programme de monitorage sélectif de la pharmacothérapie (Niveau II) Lorsque l’objectif de base est atteint, ce second objectif permet de progresser vers un niveau de monitorage plus efficace. Il s'adresse aux usagers qui répondent aux critères fixés par le département de pharmacie, en fonction de leurs pathologies, de la médication reçue, ou de facteurs de risque particuliers. Parmi ces facteurs de risque, citons: 12 âge (patients de plus de 65 ans); polypharmacothérapie (v.g. plus de 8 médicaments); médication à faible indice thérapeutique; pathologies prédisposant à une toxicité ou une efficacité réduite de la médication (v.g. insuffisance rénale ou hépatique). Activité B.1: Programme d’histoire pharmacothérapeutique (cueillette de l’information) Cette activité comprend les étapes suivantes: identifier les médicaments prescrits et de vente libre (y compris les produits dits QDWXUHOV et la médication homéopathique) utilisés antérieurement par l'usager; déterminer le niveau d'observance du régime pharmaco-thérapeutique; documenter les allergies, le cas échéant; documenter les effets indésirables des médicaments antérieurement éprouvées par l'usager, le cas échéant; noter les principales pathologies et motifs de l'admission à l'établissement; vérifier l'efficacité du régime pharmacothérapeutique; identifier les situations susceptibles d'influencer l'utilisation de la médication (v.g. grossesse, tabagisme, port de lentilles cornéennes, etc.). Lorsque possible, le pharmacien utilisera, au moment de réaliser une histoire pharmacothérapeutique, les informations déjà recueillies par ses confrères, et qui peuvent être disponibles de différentes façons (v.g. carte-santé à microprocesseur, communication téléphonique, résumé du dossier, télécopieur, etc), dans le respect de la législation sur la protection des renseignements personnels. Activité B.2: Programme de validation individualisée du régime pharmacothérapeutique Cette activité comprend une étude des éléments déjà identifiés en A-3, de façon plus approfondie et plus efficace cependant, du fait de la connaissance de l'histoire pharmacothérapeutique de l'usager; cette validation inclus la révision du choix du médicament, l'évaluation des contre-indications possibles, l'ajustement de la dose. Activité B.3: Programme de Monitorage pharmacocinétique Le monitorage pharmacocinétique aide à prévoir l'effet thérapeutique et à prévenir les effets toxiques des médicaments, en tenant compte de l'état clinique de l'usager (fonction rénale, fonction hépatique, fonction hématologique, autres pathologies). Un programme de monitorage comprend d'ordinaire la 13 détermination par le pharmacien du moment optimal du prélèvement sanguin, et la suggestion au prescripteur de la posologie appropriée ou des ajustements posologiques nécessaires. Les produits pour lesquels ce type de monitorage est le plus important sont certains antibiotiques (aminosides et vancomycine), les antinéoplasiques (méthotrexate) et de façon générale les médicaments à écart thérapeutique étroit (digoxine, théophylline, anti-convulsivants). Activité B.4: Programme de conseils à l'usager Par ce programme, le pharmacien rend disponible à l'usager (ou aux intervenants) l'information verbale et écrite nécessaires à la compréhension du traitement, ainsi qu'à l'utilisation sécuritaire et efficace des médicaments. Les patients visés par un tel programme sont en priorité ceux bénéficiant du monitorage sélectif, ceux référés par les prescripteurs, ceux recevant des médicaments en étude clinique, des médicaments d'urgence ou des médicaments disponibles uniquement en centre hospitalier. Lorsqu'il obtient son congé du centre hospitalier, l'usager est en droit de demander qu'une copie de son dossier-patient soit transmise à un autre établissement ou à un professionnel qu'il désigne, comme à son pharmacien d'officine (cf. 6.1.2). La transmission de cette information peut être incluse dans le programme de conseils. En outre, l'usager retournant à son domicile est susceptible de recourir à des médicaments de vente libre, qui peuvent parfois affecter la médication sur ordonnance qu'il utilise; le pharmacien est le professionnel le plus en mesure de conseiller adéquatement l'usager à cet égard. Le recours aux informations du programme code médicament, préconisé par l'Ordre, peut s'avérer un outil utile pour diminuer les risques reliés à cette médication. Objectif C: Établir un programme de monitorage intégral de la pharmacothérapeutique (Niveau III) Un tel programme permet de garantir à toute la clientèle du centre hospitalier, indépendamment de paramètres tels l'âge ou la condition clinique, un monitorage pharmacothérapeutique de qualité constante. L'atteinte de cet objectif nécessite un niveau d'effectifs professionnels plus important, qui favorise un meilleur rapport coût/bénéfice de l'utilisation des médicaments. Activité C.1: Révision régulière de la thérapie de tous les patients de l'établissement 14 À ce niveau, tous les éléments de monitorage des niveaux I et II sont réalisés pour tous les patients. La fréquence du monitorage varie en fonction des changements dans la pharmacothérapie, par exemple: soins intensifs: 2 fois par jour soins aigus: 1 fois par jour soins chroniques:1 fois par semaine Activité C.2: Programme de conseils aux usagers Semblable au programme décrit en B-4, ce programme s'adresse à l'ensemble de la clientèle. Outre l'information verbale et écrite remise de façon individuelle, ce programme comprend aussi des rencontres collectives avec des patients présentant des problèmes de santé favorisant une telle approche: patients diabétiques, en post-infarctus, en post-partum, etc. Objectif D: Établir un programme de monitorage décentralisé concomitant (soins pharmaceutiques proprement dits) (Niveau IV) Le concept de soins pharmaceutiques (cf. 2.5 et définition en 7.27) contient trois notions essentielles quant au rôle du pharmacien. En premier lieu, il confirme la responsabilité du pharmacien envers le patient, quant aux moyens à prendre pour atteindre les objectifs de la pharmacothérapie. En second lieu, il rappelle l'importance d'orienter les actes et services pharmaceutiques (incluant la médication elle-même) vers l'amélioration de la qualité de vie du patient, et non uniquement vers la qualité de la structure ou du processus qui permet ces actes ou services. Enfin, il établit la nécessité de développer une perspective globale et continue des besoins de l'usager. Au Niveau IV, contrairement aux niveaux I et II et plus encore qu'au niveau III, le pharmacien intervient de façon proactive dans le programme de soins offerts aux usagers du centre hospitalier. Sa présence aux unités de soins et son intégration aux équipes cliniques permet en effet: de recueillir et d'interpréter rapidement et efficacement les renseignements permettant d'identifier la présence d'un problème relié à la pharmacothérapie; de développer un plan d'action permettant de résoudre ou de prévenir le problème identifié; de participer au choix des médicaments, à la détermination de la posologie et de la durée du traitement; d'établir un plan de monitorage lui permettant d'évaluer l'atteinte des objectifs pharmacothérapeutiques; si nécessaire, de faire ses recommandations à l'équipe traitante quant aux changements à apporter à la thérapie. 15 Ce niveau comprend les activités décrites aux niveaux précédents, mais aussi des activités additionnelles: participation du pharmacien aux tournées médicales, aux équipes interdisciplinaires, à la recherche clinique, aux programmes de formation destinés aux pharmaciens et à l'équipe des soins de santé, qui peuvent aussi être réalisées aux niveaux inférieurs. L'atteinte de ce niveau se caractérise par l'intégration des programmes et activités cliniques précédemment décrits, et également par la continuité de ces activités. Tout pharmacien doit rechercher cette intégration dans sa pratique professionnelle. 4.2 Objectifs des activités de support à l'atteinte des objectifs cliniques Objectif E: Établir un système de distribution de médicaments assurant les 5 % OHERQ médicament, à la bonne personne, à la bonne dose, au bon moment, de la bonne façon Activité E.1: Programme de distribution de la médication orale Les médicaments consommés par voie orale représentent une partie importante de la médication utilisée. Le pharmacien doit en planifier avec soin la distribution, en adoptant une approche globale qui tienne compte des besoins du personnel infirmier, à qui est confié l'administration des médicaments aux usagers; cette tâche représente une partie significative (de 25% à 40% selon les auteurs) du temps du personnel infirmier. Le pharmacien doit privilégier un système de distribution qui minimise à la fois les transcriptions de l'ordonnance médicale et la manipulation des médicaments. L'utilisation de l'informatique pour la saisie des ordonnances et la production des documents servant à identifier les médicaments (étiquettes, profils pharmacologiques, plans de soins infirmiers et/ou pharmaceutiques) constitue d'emblée la meilleure façon d'y parvenir. En outre, il est démontré que la distribution à doses unitaires, parmi les différentes méthodes de distribution de médicaments, s'avère le système le plus sécuritaire pour le patient, le plus efficient et économique pour l'organisation, en plus de représenter une méthode plus efficace d'utilisation des ressources professionnelles. Ce système est donc fortement recommandé. Les formes liquides représentent souvent une partie significative de la médication orale. Cette forme posologique, irremplaçable dans certaines situations, favorise les erreurs et la contamination, tout en exigeant plus de temps. Le système de distribution doit tenir compte de ces faits. Si possible, le conditionnement unitaire sera utilisé également pour ces produits. 16 Activité E.2: Distribution de la médication parentérale Le pharmacien doit s'impliquer dans la planification et la gestion des différents systèmes de préparation et d'administration de médicaments parentéraux utilisés dans l'établissement. En particulier, il voit à la préparation et à la distribution des solutions intraveineuses, avec ou sans additifs, selon les normes reconnues et en fonction de techniques d'asepsie rigoureuses (SCAS). Il doit établir des règles d'utilisation précises pour ces produits, et s'assurer que les délégations d'actes au personnel infirmier pour l'administration de ces produits ont été dûment approuvées. Dans les centres hospitaliers où l'utilisation de ces produits est peu fréquente, le pharmacien peut faire appel à un collègue qui se chargera éventuellement de ces préparations (cf. activité E-4). C'est le cas en particulier pour la médication antinéoplasique parentérale, qui demande un équipement et des procédures que l'on ne retrouve habituellement que dans les centres hospitaliers offrant des soins plus spécialisés. Activité E.3 Disponibilité des médicaments utilisés en situation d'urgence médicale Ces mesures doivent comprendre la constitution d'un ou plusieurs chariots de réanimation, et des coffrets d'urgence. La liste et la quantité dûment approuvées des médicaments qui y sont inclus doivent être révisées annuellement, et apposées sur les contenants, scellés pour en assurer l'intégrité. Une mise à jour doit être effectuée après chaque utilisation, de même qu'une vérification régulière des dates de péremption. La quantité et la nature de ces coffrets peuvent varier selon la nature des soins prodigués dans les unités où on les retrouve, ou selon l'aménagement physique du centre hospitalier (cabarets de thrombolyse, de pré-éclampsie, etc.). Activité E.4: Fabrication (magistrales et vrac) et reconditionnement De moins en moins importante en centre hospitalier, la fabrication devrait se limiter aux produits pour lesquels il n'existe aucune préparation commerciale. Fabrication et reconditionnement doivent être effectués en tenant compte des normes de pratique qui régissent ce type d'activité. Le pharmacien doit prévoir en particulier un cahier regroupant les protocoles de fabrication, et un registre de fabrication et de reconditionnement où l'on doit inscrire notamment les éléments suivants: date de fabrication/reconditionnement), nom du préparateur, numéro de lot des ingrédients, quantité préparée, date de péremption, nom du vérificateur de l'opération. 17 En vertu de la Loi des aliments et drogues, il est illégal, pour un centre hospitalier, de fabriquer en vrac des médicaments à l'intention d'un autre établissement s'il ne rencontre pas les exigences requises d'un fabricant. Il est cependant possible de faire appel à un collègue d'un autre établissement ou de pratique privée pour la préparation d'ordonnances magistrales. Activité E.5: Distribution des médicaments au commun Les médicaments au commun sont ceux que le département de pharmacie livre aux unités de soins sans identification nominale de l'usager. Ces produits doivent être limités en variété et en nombre, par exemple aux produits pour lesquels existe une ordonnance permanente, à ceux pouvant être requis d'urgence, aux stupéfiants et drogues contrôlées. Le pharmacien doit établir des règles pour l'approvisionnement et s'assurer d'une vérification régulière de ces produits. Il doit également valider les ordonnances portant sur ces médicaments, et les inclure au dossier-patient. Activité E.6: Distribution dans les unités spécialisées Si nécessaire, le pharmacien devra prévoir des modalités particulières pour la distribution des médicaments aux unités spécialisées, telles: les unités de soins palliatifs, l'hémodialyse, la radiothérapie, la médecine nucléaire, le bloc opératoire et obstétrical, la radiologie, les unités de soins intensifs et/ou pour toute autre clientèle spécifique. Activité E.7: Organiser les services aux usagers externes La plupart des centres hospitaliers offrent des services aux «malades sur pied», tel que définis dans la circulaire ministérielle 09-01-40-08 (ex 1981-154). En outre, le développement d'unités de soins aigus de courte durée (USAC), des centres de jour, du maintien à domicile, de la désinstitutionnalisation, de l'hébergement temporaire, des soins spécialisés à domicile, de la chirurgie ou de la médecine d'un jour, peut amener et de fait amène à certains établissements une clientèle externe. Le pharmacien doit prendre des mesures pour assurer à ces usagers des services pharmaceutiques conformes à leurs besoins, notamment en ce qui concerne l'information pharmacologique verbale et écrite. Un espace permettant de s'entretenir confidentiellement avec ces usagers, conformément au règlement sur la tenue de pharmacie, est donc indispensable. En collaboration avec les pharmaciens communautaires pouvant être impliqués, il devra de plus s'assurer d'un monitorage adéquat de la pharmacothérapie de ces usagers. 18 Un service approprié devra également être prévu pour les usagers bénéficiant d'un congé temporaire. Le pharmacien devra en particulier s'assurer que la médication qui leur est remise est correctement étiquetée, et que ces personnes (ou les aidants) ont reçu l'information nécessaire à une utilisation correcte. Activité E.8: Distribution de la médication d'urgence et en expérimentation clinique Le cas échéant, il appartient au pharmacien d'obtenir de la Direction générale de la protection de la santé (DGPS) les autorisations nécessaires à l'utilisation des médicaments dits «d'urgence», et de gérer l'approvisionnement de ces produits. Si la mission de l'établissement l'exige, le pharmacien doit établir un «service pour les médicaments en études cliniques» (SMEC). Les procédures requises pour un tel service sont décrites dans le document «Services pharmaceutiques pour les médicaments en études cliniques» (cf. 6.2.2.). Le pharmacien doit notamment s'assurer que tout projet de recherche utilisant un médicament a reçu les approbations nécessaires (comité de pharmacologique, de recherche, d'éthique, etc.) selon les procédures prévues dans le centre hospitalier, notamment celles prévues à l'article 117 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux. Activité E.9: Garde pharmaceutique Le niveau et la nature des activités en centre hospitalier nécessitent la continuité des services pharmaceutiques, et donc une disponibilité constante du pharmacien. Une des responsabilités qui incombe au Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP), est justement de s'assurer qu'un service de garde pharmaceutique répondant aux besoins soit établi. Le système de garde pharmaceutique doit être basé d'abord sur la disponibilité externe d'un pharmacien en dehors des heures d'ouverture du département de pharmacie. Si nécessaire, par exemple lorsque le nombre de pharmaciens exerçant dans l'établissement est insuffisant (deux ou moins), le système de garde peut regrouper plus d'un établissement. En complément au système de garde, il y a habituellement lieu de prévoir l'aménagement d'une armoire de dépannage, puisque l'accès à la pharmacie elle-même doit être restreint, pour des raisons de sécurité, aux membres du département de pharmacie et au personnel oeuvrant sous leur responsabilité directe. Les médicaments contenus dans cette armoire doivent être limités au strict minimum, et adéquatement identifiés; l'accès doit être restreint aux personnes autorisées. Une procédure d'accès et d'enregistrement des médicaments prélevés doit être établie. 19 Sauf en ce qui concerne les ordonnances permanentes, toute ordonnance de médicament doit entraîner une communication avec le pharmacien, qui doit l'interpréter, déterminer les dispositions à prendre et donner ses instructions pour la partie technique de l'exécution de l'ordonnance et la préparation des médicaments. L'ordonnance doit être validée sur place par le pharmacien lors de sa prochaine présence dans l'établissement. Activité E.10: Recherche évaluative Le développement important de l'exercice de la pharmacie en centre hospitalier a donné lieu à de nombreuses innovations au cours des dernières années; ces innovations (nouveaux programmes, nouveaux services etc), sont appuyées par de nombreuses publications, en particulier dans les périodiques pharmaceutiques américains. Malheureusement, les publications québécoises dans ce domaine sont trop peu nombreuses. Les départements de pharmacie, notamment dans les centres hospitaliers universitaires, devraient établir des programmes de recherche évaluative, permettant de documenter la qualité des programmes et services qu'ils offrent ou contribuer à de tels programmes. Objectif F: Assurer la planification et l’organisation de mesures visant l’utilisation optimale des médicaments Comme dans les autres sections de ce chapitre, le pharmacien doit adapter les différentes activités constituant cet objectif aux besoins de l'établissement, de la clientèle, et des autres intervenants. Activité F.1: Politiques et procédures reliées aux activités pharmaceutiques Le pharmacien développe et applique des politiques et procédures quant à la préparation, la distribution, l'administration et l'utilisation des médicaments. Toute activité ou service offert par le département de pharmacie doit faire l'objet d'une politique, où sont décrits le but de l'activité ou du service et la procédure qui s'y rattache. La répartition des fonctions s'inspire notamment de la norme 90.01 sur les actes visés à l'article 17 de la Loi sur la pharmacie (cf 6.2.1). Activité F.2: Formulaire thérapeutique Le chef du département de pharmacie, après consultation du Comité de pharmacologie, sélectionne les médicaments qui seront en usage courant dans le centre, conformément à l'article 77 du règlement sur l'organisation et l'administration des établissements (cf 6.1.3). Ces médicaments constituent le formulaire thérapeutique de l'établissement, qui peut se limiter à une liste des produits disponibles, ou au contraire inclure de nombreux renseignements tels les posologies, les contre-indications, les coûts 20 etc. Le formulaire doit faire l'objet d'une mise à jour continue; ainsi, chaque membre du département peut être responsable d'une section du formulaire, assurant ainsi son adéquation avec l'évolution de la pharmacothérapie. Activité F.3: Modalités régissant l'émission et l'exécution des ordonnances Le pharmacien prépare et fait approuver, par le CMDP, les modalités régissant l'émission et l'exécution des ordonnances dans le centre. Ces modalités doivent notamment identifier les catégories de personnes autorisées à prescrire, les restrictions (s'il y a lieu) s'appliquant à la prescription de certaines médicaments, la durée de validité des ordonnances, etc. Activité F.4: Règles d'utilisation des médicaments Le département de pharmacie doit préparer, en collaboration avec les autres départements cliniques, des règles d'utilisation pour tout médicament utilisé dans l'institution, et les faire approuver par le Conseil d'administration (Annexe I). Ces règles doivent respecter le principe de l'unicité prévue à l'article 190 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux. Le cas échéant, elles peuvent être incluses dans un protocole de traitement (cf. F.5), ou faire partie ou constituer un recueil spécifique, par exemple un manuel d'administration des médicaments par mini-perfuseurs. Depuis l'apparition du terme en 1985, l'expression «Règles d'utilisation des médicaments» a été diversement interprétée par les pharmaciens. Comme la définition l'indique (cf. 7.24), une règle d'utilisation est constituée de l'ensemble des dispositions qui permettent d'utiliser de façon adéquate un médicament donné. La règle d'utilisation comprend notamment la dose, l'intervalle posologique, le mode de dilution, la vitesse d'administration, la compatibilité avec d'autres médicaments parentéraux, les précautions à prendre durant l'administration, aussi bien que les indications thérapeutiques, les durées de traitement, la sélection des patients, l'évaluation des facteurs de risque, le monitorage requis, etc. Activité F.5: Protocoles de traitement impliquant des médicaments Les protocoles de traitement (cf. 7.22) sont en quelque sorte aux procédures médicales ce que les règles d'utilisation sont aux médicaments. Comme ces protocoles font souvent référence à des médicaments, ils deviennent de ce fait des règles d'utilisation des médicaments (cf. F.4). Souventes fois, le pharmacien sera aussi appelé à rédiger ou à participer à la rédaction de tels protocoles, qui sont habituellement étudiés par le comité de pharmacologie avant d'être approuvés par le CMDP. On confond souvent les protocoles avec les ordonnances permanentes (cf. 7.18), lesquelles sont surtout employées en soins de longue durée. Dans les deux cas, il est essentiel que le chef du 21 département de pharmacie soit consulté; protocoles et ordonnances permanentes devraient être disponibles à la pharmacie en tout temps. Activité F.6: Participation aux comités Le pharmacien participe aux comités de l'établissement et à ceux du CMDP dont le mandat ou les objectifs peuvent influencer la pharmacothérapie dispensée aux patients dans l'établissement. Citons notamment les comités de prévention des infections, d'évaluation de la qualité de l'acte médical, dentaire et pharmaceutique, de recherche, et surtout le comité de pharmacologie, où d'ailleurs il siège d'office. Activité F.7: Documentation appropriée Les pharmaciens (et éventuellement les stagiaires ou résidents en pharmacie) doivent disposer d'une documentation scientifique appropriée sur la médication et la pharmacothérapie; des mécanismes doivent également être établis pour l'obtention de l'information spécialisée requise par certaines situations cliniques. La documentation doit également comprendre les principales lois (et leurs règlements) applicables à l'exercice de la pharmacie. Activité F.8: Information pharmacothérapeutique générale La disponibilité d'informations pharmacothérapeutiques objectives, factuelles et applicables aux situations cliniques rencontrées, constitue une nécessité pour chaque centre hospitalier. Le pharmacien est dans une position privilégiée pour combler ce besoin, d'une part en répondant efficacement aux demandes de consultation, d'autre part par la publication de bulletins pharmaceutiques, par des présentations, etc. Le pharmacien peut également participer à la diffusion d'information à l'extérieur de l'établissement par des présentations, des publications dans des périodiques scientifiques ou professionnels, des sessions d'affichage. Activité F.9: Formation continue et enseignement Le pharmacien doit participer de façon active aux activités de formation continue et d'enseignement tenues dans l'établissement. Il participe également à des activités extérieures qui assureront le rayonnement de l'établissement et de la profession. Activité F.10: Prévention, planification et organisation des soins de santé L'utilisation non-optimale ou excessive des médicaments constitue dans notre société un problème bien documenté. 22 Le pharmacien développe une approche préventive et formative en matière d'utilisation de médicaments, en s'impliquant lorsque nécessaire au niveau du CLSC de sa région, voire même au niveau de la régie régionale. De par l'objet de sa profession, le pharmacien doit servir la société et le public, en participant à toute activité assurant l'usage sécuritaire et approprié des médicaments. Objectif G: Établissement des mécanismes d'assurance de la qualité des programmes et services Le pharmacien a la responsabilité de développer des activités d'évaluation de la qualité des actes pharmaceutiques, d'appréciation de la qualité des services, et de gestion des risques, qui favorisent l'utilisation optimale, sûre et efficace des médicaments. Ces activités sont adaptées à la réalité et aux besoins de chaque établissement, et doivent tenir compte de ses ressources. Activité G.1: Évaluation de la qualité des actes pharmaceutiques La réglementation prévoit une structure d'évaluation des actes pharmaceutiques (cf. définitions 7.2), sous l'égide du comité d'évaluation médicale, dentaire et pharmaceutique du CMDP. Le pharmacien doit participer à ce comité lors de l'évaluation d'actes pharmaceutiques, et lorsque son expertise ou son opinion sont requises. Si le nombre de pharmaciens pratiquant dans l'établissement le permet, un sous-comité des actes pharmaceutiques devrait être constitué. C'est au dossier de l'usager ou, accessoirement, au dossier-patient, que se retrouvent le plus souvent les informations concernant les actes pharmaceutiques susceptibles d'évaluation. Ce sont notamment: recommandations formulées lors d'événements ou d'effets indésirables; précautions à prendre en cas d'interactions entre médicaments; justification du refus d'exécuter une ordonnance; précisions sur une substitution, ou un horaire d'administration; interprétation d'une analyse de la pharmacothérapie; suivi pharmacothérapeutique; évaluation de la réponse thérapeutique; note d'évolution sur un conseil sur la médication; évaluation d'une histoire pharmacothérapeutique. Le pharmacien peut, pour développer un programme d'évaluation de la qualité des actes pharmaceutiques, s'inspirer de divers documents, et notamment du guide «La gestion de la qualité de l'exercice professionnel en établissement», produit par la Corporation professionnelle des médecins du Québec (cf. 6.2.3). Activité G.2: Appréciation de la qualité des services et de gestion des risques de l'établissement 23 Le contrôle de la qualité des services pharmaceutiques peut s'exercer sur la plupart des activités décrites dans ce chapitre. Le pharmacien priorisera celles qui sont le plus susceptibles d'avoir un impact favorable sur la qualité de la pharmacothérapie. D'autre part, le pharmacien doit prendre les mesures nécessaires pour réduire les risques d'erreurs. La gestion des risques permet de protéger l'usager, ainsi que la réputation et les ressources humaines et matérielles de l'établissement. Activité G.3: Détection et rapport des événements impliquant des médicaments Le détection des événements (principalement des accidents) permet d’identifier les principales sources d'erreurs et aide à les corriger. Les rapports d'événements impliquant des médicaments, même indirectement, doivent être communiqués au pharmacien dans des délais lui permettant d'intervenir efficacement si nécessaire. De façon générale, ces rapports sont produits en plusieurs copies sur le formulaire AH-223 (rapport d'incident/accident). Activité G.4: Programme de pharmacovigilance La pharmacovigilance est une composante intégrale de l'appréciation de la qualité. La détection des effets indésirables des médicaments (EIM) constitue en effet un outil de dépistage de problèmes potentiels dans le plan de soins pharmaceutiques de l'usager. Le rôle du pharmacien dans un tel programme est principalement de: développer des politiques et procédures facilitant le processus de déclaration et de suivi des EIM; encourager la déclaration des EIM; faciliter l'analyse des EIM (révision des dossiers, collecte de données, méthodes d'imputabilité); participer au programme québécois de pharmacovigilance. Activité G.5: Programme de revue d'utilisation des médicaments La revue d'utilisation des médicaments (RUM) constitue également un outil important de l'évaluation de la qualité. Les pharmaciens initient souvent de tels programmes et en assurent le «leadership», mais la RUM doit être réalisée en collaboration avec le personnel médical; le comité de pharmacologie doit d'ailleurs apprécier ce mécanisme de contrôle de l'utilisation des médicaments. 24 La participation de l'établissement à un organisme comme le «Réseau de revues d'utilisation de 5 médicaments» facilite considérablement la réalisation de telles activités. Par l'établissement de critères d'utilisation des médicaments, le programme RUM a pour objectif d'assurer un résultat thérapeutique optimal à chaque usager. Il peut également avoir pour effet de rationaliser le coût de la pharmacothérapie. Objectif H: Assurer la planification, l’organisation, la gestion et le contrôle des ressources humaines, matérielles et financières en vue de l'atteinte des objectifs Les activités comprises dans cet objectif sont essentiellement de nature administrative. D'emblée, il est évident que l'importance accordée à ces activités variera en fonction de la structure et des effectifs pharmaceutiques de l'établissement. Activité H.1: Mission du département de pharmacie La mission est en quelque sorte la fondation sur laquelle repose le programme de soins pharmaceutiques du département de pharmacie. Elle oriente de façon profonde le développement de ce programme, et par suite, les activités du département. Elle est également une source de fierté pour ses membres. Le pharmacien établit la mission du département, en concordance avec celle de l'établissement. La mission d'un centre hospitalier, tel que stipulée à l'article 81 de la Loi 120, est «d'offrir des services diagnostiques et des soins médicaux généraux et spécialisés». La mission d'un établissement doit s'adapter en particulier au type de clientèle desservie (v.g. psychiatrique), ou aux vocations spécifiques de l'établissement (v.g. enseignement, recherche). Une mission s'exprime d'ordinaire de façon brève. Dûment approuvée, la mission du département doit figurer en tout premier lieu dans le manuel des directives opérationnelles du département; en voici deux exemples: «La mission du département de pharmacie est de procurer à la clientèle hospitalisée et externe de l'établissement des soins pharmaceutiques et des médicaments de haute qualité, de participer aux activités de recherches cliniques de l'établissement, et d'offrir un milieu de formation pratique aux résidents et stagiaires en pharmacie»; 5 Le "Réseau de revues d'utilisation de médicaments" est un organisme formé d'établissements qui y adhèrent volontairement, et dont le mandat consiste à aider les établissements membres dans la réalisation d'études RUM et dans l'implantation et le développement de programmes locaux de revues d'utilisation de médicaments. 25 «La mission du département de pharmacie est d'offrir à chacun des usagers de l'établissement des soins pharmaceutiques permettant une pharmacothérapie optimale». La mission se complète de buts spécifiques, qui porteront sur chacun des principaux volets de la mission. Ces buts constituent en quelque sorte les objectifs à long terme du département. Activité H.2: Plan d’action Le département de pharmacie doit planifier annuellement les objectifs à atteindre à court ou moyen terme; ces objectifs doivent faire consensus au sein du département, et être validés régulièrement pour en assurer l'atteinte. Activité H.3: Budget Le pharmacien planifie et gère le budget alloué au centre budgétaire «pharmacie», conformément au «Manuel de gestion financière» établi par le Ministère de la Santé et des Services sociaux. Activité H.4: Rapports statistiques Le pharmacien prépare et fournit les rapports statistiques pertinents, et évalue le rapport coût/efficacité des programmes, services et activités qu'il offre à la clientèle de l'établissement. Activité H.5: Rapport annuel Le rapport annuel doit refléter les objectifs accomplis, les principales activités du département et de ses membres, y compris les activités cliniques et administratives, et celles reliées à la distribution des médicaments. Le nombre d'ordonnances exécutées, pris isolément, n'est pas un indicateur fidèle de la nature et du niveau d'activité. Activité H.6: Contrôles légaux Le pharmacien effectue tous les contrôles légaux requis (v.g. stupéfiants) et conserve les documents et registres pertinents. Il contribue au dépistage des personnes pouvant potentiellement abuser des médicaments, en participant au système «Alerte» mis sur pied par l'Ordre des pharmaciens. Au besoin, le pharmacien pourra exercer le contrôle de certains médicaments en utilisant le même système que celui des stupéfiants et drogues contrôlées. Activité H.7: Planification des ressources humaines 26 Lors de la planification des ressources humaines, le chef du département de pharmacie doit tenir compte de toutes les composantes des programmes déjà en place ou à implanter. Il doit également établir le temps alloué à la participation aux comités cliniques ou administratifs (cf. chapitre 5). Activité H.8: Gestion des ressources humaines Le chef du département de pharmacie s'assure de la gestion saine et efficace du personnel professionnel et technique par: l'élaboration de critères de recrutement et de sélection, et de descriptions de tâches, en tenant compte de la norme de délégation des actes de l'Ordre des pharmaciens (cf 6.2.1); l'évaluation du personnel selon des critères rattachés à chacun des postes; la mise en place d'un système de mesure de la charge de travail; la planification de la formation, du perfectionnement et du maintien de la compétence du personnel professionnel et technique. Cependant, chaque pharmacien a la responsabilité d'assurer la mise à jour de ses connaissances; le rayonnement extérieur du personnel (v.g. comités, enseignement, publications, conférences, participation à des colloques ou congrès, etc). Activité H.9: Gestion des ressources matérielles Le pharmacien s'assure de la gestion saine et efficace des ressources matérielles, notamment par: l'application d'une politique d'approvisionnement en médicaments conforme aux politiques d'achat en commun; le maintien d'un inventaire adéquat de produits pharmaceutiques, et le contrôle de cet inventaire. 27 5 ORGANISATION, EFFECTIFS, RESSOURCES MATÉRIELLES 5.1 Organisation L'article 188 de la Loi 120 prévoit la constitution, dans chaque centre hospitalier, d'un département clinique de pharmacie dirigé par un pharmacien. Le chef du département de pharmacie assume de multiples responsabilités, d'une part sous l'autorité du directeur des services professionnels (article 189), d'autre part sous l'autorité du C.M.D.P. (article 190). Un département de pharmacie devrait être formé dans un centre hospitalier dès qu'un pharmacien y exerce ses fonctions à temps complet. Dans le cas contraire, c'est-à-dire si un département de pharmacie n'est pas constitué, les responsabilités décrites aux articles 189 et 190 doivent être assumées respectivement par le directeur des services professionnels et le CMDP. Les soins, actes et services pharmaceutiques doivent néanmoins être exécutés par un pharmacien dont les services sont retenus par l'établissement. Quelque soit le mode d'organisation retenu toutefois, le pharmacien devra établir un programme de soins pharmaceutiques, tel que décrit au chapitre précédent, et assurer une présence physique régulière (même partielle) dans l'établissement. Seule cette présence peut permettre une implication clinique significative et un contrôle adéquat sur la distribution des médicaments et l'optimalisation de la pharmacothérapie. La Loi 120 prévoit qu'un CMDP est institué pour chaque établissement qui exploite un ou plusieurs centres où exercent au moins cinq médecins, dentistes ou pharmaciens. Si tel est le cas, le pharmacien doit faire partie du CMDP, et ce quel que soit son statut dans l'établissement. 5.2 Effectifs Les effectifs nécessaires pour accomplir les fonctions confiées au département de pharmacie varient en fonction du programme de soins pharmaceutiques, lui-même établi conformément à la mission de l'établissement et des services qu'il offre, et selon les besoins de la clientèle et les ressources de l'établissement. Il est habituel d'évaluer le nombre de pharmaciens requis par un centre hospitalier en fonction du nombre de lits du centre. Une telle appréciation est très imparfaite, et ce pour de nombreuses raisons. Par exemple, elle ne tient pas compte de la situation clinique des usagers occupant ces lits, ni du niveau de soins offerts par le département de pharmacie, ni des activités impliquant des usagers sur pieds, ni des fonctions associées à la recherche, à l'enseignement, ou d'autres analogues. Ainsi, la façon la plus efficace de déterminer les effectifs requis est l'utilisation du «Système canadien de mesure du travail pour les pharmacies d'hôpital», produit par le ministère fédéral de la santé en 1985 (cf. 6.2.3). 28 Une telle mesure est cependant une tâche longue et complexe; l'expérience, confirmée par l'enquête annuelle 6 «Pharmacies hospitalières canadiennes» , démontre que les effectifs pharmaceutiques requis en centre hospitalier peuvent être établis sur la base suivante: un pharmacien par 30 lits de soins aigus; un pharmacien par 60-100 lits de soins de longue durée; un pharmacien par 15 lits de soins sur-spécialisés. Dans tous les cas, le pharmacien doit disposer d'un personnel technique qualifié, à défaut de quoi il sera amené à exécuter de nombreuses tâches techniques, ce qui représente une utilisation inefficace de sa compétence. De façon générale, un rapport pharmacien/assistant-technique de 1 est nécessaire. La répartition des fonctions entre le personnel professionnel et le personnel technique doit respecter la réglementation et les normes de l'Ordre des pharmaciens à ce sujet. 5.3 Ressources matérielles Le département de pharmacie doit disposer de locaux suffisants pour les activités à réaliser, facilement accessibles, et situés de préférence dans un environnement clinique. L'implantation de pharmacies-satellites, situées à l'intérieur ou à proximité des unités de soins, doit être privilégiée lorsque cela est possible et souhaitable, pour soutenir la présence clinique du pharmacien. Les locaux attribués au département doivent inclure un bureau fermé pour le chef de département, et un espace de travail personnel pour chaque pharmacien. Toute pièce où sont conservés des médicaments doit être maintenue à une température se situant entre 15 et 30 degrés C Le département de pharmacie doit disposer de l'équipement et du matériel nécessaires à l'accomplissement de ses activités: équipement de bureau, équipement informatique, matériel de préparation et de conditionnement de médicaments, de préparation d'agents antinéoplasiques etc. 6 McKenrow, R Long, S et coll. Pharmacies hospitalières canadiennes, rapport annuel 1992-93. Eli Lilly Inc., 1993 29 6 CADRE LÉGAL 6.1 Législation et réglementation La pratique de la pharmacie implique de façon indissociable des produits (médicaments), des actes (soins) et des services (activités), lesquels assurent l'utilisation optimale des médicaments. De façon générale, la législation réglementant l'exercice de la profession et la distribution des médicaments relève du gouvernement du Québec, tandis que la mise en marché des médicaments relève du gouvernement fédéral. Tout pharmacien doit être, sinon familier, au moins sensibilisé à l'existence des différents textes législatifs constituant cette législation. La pratique du pharmacien en centre hospitalier doit de plus tenir compte de l'abondante législation spécifique aux établissements de santé, législation qui relève également du gouvernement du Québec. L'énumération qui suit présente les principaux textes législatifs susceptibles d'affecter la pratique de la pharmacie dans le contexte particulier visé par ce guide; le cas échéant, les articles pertinents de ces lois et règlements sont également cités. Une mention suivie d'un astérisque indique que des extraits du texte en question figurent sous l'onglet «Cadre légal et administratif» de la «Liste de médicaments-établissements» 7 publiée par la Régie de l'assurance-maladie du Québec . 6.1.1 Code des professions Cette loi constitue la grande charte qui régit l'ensemble des professions au Québec. Parmi les principaux articles d'intérêt pour le pharmacien, citons l'article 25 qui définit les facteurs dont le législateur tient compte pour accorder un statut de profession à une activité, ainsi que les articles 109 à 115 et 116 à 182, qui traitent respectivement du rôle de l'inspection professionnelle et de celui du comité de discipline. Il convient de plus de souligner de façon particulière l'article 32, qui établit clairement la pharmacie comme une profession d'exercice exclusif. Le pharmacien devra tenir compte de cet article dans l'établissement de son programme de soins pharmaceutiques, de façon à s'assurer que tous les actes pharmaceutiques soient accomplis par un pharmacien ou, dans les circonstances exceptionnelles où cela est impossible, font l'objet d'une procédure interne de délégation d'actes. L'Ordre se propose de demander sous peu les modifications légales nécessaires à l'application de ce processus de délégation. 7 30 Les textes légaux en provenance des deux gouvernements sont disponibles dans les différentes succursales des "Publications du Québec" (adresses dans les pages bleues des bottins téléphoniques), ainsi que chez les libraires spécialisés en documents légaux. la Loi sur la pharmacie et ses règlements sont disponibles, à coût modique, au siège social de l'Ordre. 6.1.2 Loi sur les services de santé et les services sociaux * Remise à jour en décembre 1991, cette loi mériterait pratiquement d'être citée en entier, tellement son importance est grande pour la pratique de la pharmacie en établissement de santé. Dans la liste qui suit, nous nous limitons aux articles qui constituent des nouveautés par rapport au texte précédent de la loi: Article 24: oblige un établissement, à la demande de l'usager, à faire parvenir à un autre établissement ou à un professionnel de la santé (par exemple un confrère en pharmacie communautaire), une copie, un extrait ou un résumé de son dossier. Cette disposition est de nature à favoriser un meilleur monitorage de la pharmacothérapie, notamment lorsqu'un usager quitte l'institution. Article 81: crée la catégorie d'établissements visée par ce guide, le «Centre hospitalier», et précise la mission de ces centres. Articles 173, 246, 247, 248: précisent les modalités par lesquelles le conseil d'administration de l'établissement nomme le pharmacien et lui confère un statut. Àrticles 183 et 184: traitent du plan d'organisation de l'établissement. Àrticles 213, 214, 215, 216, 217, 218: prévoient la constitution d'un CMDP pour chaque établissement où exercent au moins 5 médecins, dentistes ou pharmaciens, en précisent les fonctions et autorisent aux représentants des corporations professionnelles l'accès aux procès-verbaux de ce conseil et de ces comités. Quelques autres articles méritent l'attention du pharmacien, notamment les # 6, 8, 9, 33, 41, 77, 92, 94, 95, 96, 102, 108, 110, 112, 116, 118, 132, 250, 253, 301, 302, 432, 436, 505, 506, 535. 6.1.3 Règlement sur l'organisation et l'administration des établissements * Par les articles 505 et suivants de la loi précitée, le législateur s'est donné un vaste pouvoir réglementaire. Cette réglementation sera promulguée progressivement. D'ici cette publication, le pharmacien doit s'inspirer des dispositions du «Règlement sur l'organisation et l'administration des établissements» qui le concernent, et notamment des articles ci-après: Àrticle 50 et suivants: précisent le contenu du dossier de l'usager, qui inclut les notes d'évolution du pharmacien. Articles 77 et 84: énumèrent les fonctions du pharmacien en établissement de santé. Article 97: détermine les comités obligatoires du CMDP et les fonctions de ces comités. 31 6.1.4 Loi sur la pharmacie Cette loi fondamentale pour le pharmacien décrit notamment, à l'article 17, les actes constituant l'exercice de la pharmacie. Cet article se lit comme suit: «Constitue l'exercice de la pharmacie tout acte qui a pour objet de préparer ou de vendre, en exécution ou non d'une ordonnance, un médicament ou un poison». «L'exercice de la pharmacie comprend la communication de renseignements sur l'usage prescrit ou, à défaut d'ordonnance, sur l'usage reconnu des médicaments ou des poisons, de même que la constitution d'un dossier pour chaque personne à qui un pharmacien livre des médicaments ou des poisons sur ordonnance, et l'étude pharmacologique de ce dossier». 6.1.5 Règlements de la Loi sur la pharmacie Ces règlements encadrent pratiquement tous les aspects de l'exercice de la profession, et plusieurs d'entre eux ont une incidence directe sur cette pratique en établissement. Citons en particulier: Code de déontologie Règlement sur l'étiquetage des médicaments et des poisons Règlement sur la tenue des dossiers, livres, et registres par un pharmacien dans l'exercice de sa profession Règlement sur la tenue de pharmacie 6.1.6 Loi des aliments et drogues et Loi sur les stupéfiants Ces lois sont importantes en particulier par les exigences qu’elles imposent aux praticiens et aux établissements dans la gestion des stupéfiants et drogues contrôlées. 6.1.7 Circulaires ministériels De nombreuses circulaires émises par le ministère de la Santé et des Services sociaux ont des implications sur la pratique de la pharmacie en établissement. On trouvera la liste de ces circulaires sous l'onglet «Cadre légal et administratif» de la «Liste de médicaments-établissements» publiée par la Régie de l'assurance-maladie du Québec. 6.2 32 Autoréglementation Par ce terme, nous entendons l’ensemble des documents normatifs produits par l’Ordre des pharmaciens et diverses associations du domaine de la santé en général et du domaine pharmaceutique en particulier. De plus en plus, ces textes non législatifs sont considérés à juste titre comme des outils importants pour l'amélioration 8 de la qualité de la pratique des professions . 6.2.1 Guides de pratique et normes professionnelles de L'Ordre des pharmaciens du Québec La pratique de notre profession est de plus en plus complexe; consciente de ce fait, la corporation a, en 1981, publié un «Guide de pratique» extrêmement détaillé et toujours d'actualité. Ce document a été complété par la suite d'un «Guide de l'évaluation des actes pharmaceutiques en établissement de santé» (1987) et d'un «Guide des services pharmaceutiques en centre d'hébergement et de soins de longue durée» (1993). Enfin, l'Ordre et l'Association des pharmaciens des établissements de santé (APES) ont contribué à la rédaction d'un «Guide de pratique de l'inhalothérapeute pour la préparation des solutions médicamenteuses destinées à l'aérosolthérapie» (1991). Tous ces documents sont disponibles au siège social de l'Ordre. D'autre part, l'Ordre des pharmaciens a également entrepris en 1989 un programme de normalisation des activités professionnelles des pharmaciens. Sans avoir atteint jusqu'à présent tous ses objectifs, ce programme a néanmoins permis à ce jour la publication des huit normes de pratique dont la liste suit, et plusieurs autres sont actuellement en rédaction. Norme 89-01: Détermination des dates de péremption réelle des médicaments servis/vendus en exécution ou non d'une ordonnance (cette norme est actuellement en révision) Norme 90-01: Actes visés à l'article 17 de la Loi sur la pharmacie pouvant être délégués à des classes de personnes autres que des pharmaciens Norme 90-02: Les services pharmaceutiques reliés à l'auto-contrôle du diabète Norme 90-03: L'utilisation du pilulier hebdomadaire Norme 92-01: Les services pharmaceutiques reliés à la distribution des médicaments homéopathiques Norme 92-02: Norme de distribution et de monitorage de la clozapine (Clozaril) Norme 93-01: Utilisation du télécopieur dans la transmission des ordonnances en pratique privée Norme 93-02: Utilisation du télécopieur dans la transmission des ordonnances en établissement de santé L'Ordre publie également des guides sur divers aspects de l'exercice professionnel. Parmi ceux-ci, citons en particulier le guide sur la substitution en pharmacie. 8 Trudel, Pierre: Les effets juridiques de l'autoréglementation. Revue de droit de l'Université de Sherbrooke, 1989 (19) p. 247-286. 33 6.2.2 Guides des associations professionnelles L'Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec a produit plusieurs documents importants. Ce sont en particulier: Guide sur la rédaction des notes d'évolution pharmaceutiques (septembre 1989) Guide de pratique en pharmacocinétique (novembre 1989) Guide de pratique en alimentation parentérale (mai 1990) Services pharmaceutiques pour les médicaments en étude clinique (En collaboration avec l'Association des hôpitaux du Québec et le ministère de la Santé et des Services sociaux) (1991) Programme de déclaration des effets indésirables aux médicaments appliqué à la gériatrie (septembre 1991) De son coté, la Société Canadienne des pharmaciens d'hôpitaux a produit de nombreuses normes de pratique, disponibles en recueil sous le titre de "CSHP Standards, Guidelines and Statements", dont la plus récente version date de mai 1991, avec un addendum en décembre 1992. Cet organisme a de plus publié un excellent guide évolutif intitulé «LA PHARMACIE CLINIQUE ET VOUS». Le contenu de la section 4.1 du présent guide, «Objectifs du programme de soins pharmaceutiques», s'en inspire largement. Enfin, rappelons que l'American Society of Hospital Pharmacists est également très active dans la publication de guides et normes d'exercice. Cet organisme publie annuellement, sous le nom de "Practice standards of ASHP", un volumineux guide qui contient les "statements", "guidelines", "technical assistance bulletins", adoptés ou mis à jour chaque année. 34 6.2.3 Autres documents à caractère normatif D'autres organismes ont également été actifs dans la publication de documents portant sur les soins et services pharmaceutiques ou intéressant de diverses façons les pharmaciens. C'est le cas en particulier des organismes suivants: Association des hôpitaux du Québec: Gérer la qualité et les risques au niveau des services pharmaceutiques: un défi interdisciplinaire (automne 1989) Le programme de distribution des services pharmaceutiques (décembre 1987) Guide de gestion des déchets comportant des risques en milieu hospitalier (en er collaboration avec le MSSS), 1 trimestre 1989. ISBN 2-550-19613-9 Association des centres hospitaliers et centres d'accueil privés du Québec: Manuel de gestion des services professionnels; section II: services pharmaceutiques ème (2 trimestre 1989). ISBN 2-9800762-2-B Réseau RUM: l'ABC de la revue d'utilisation des médicaments (février 1992). ISBN 2-92139647-5 Association pour la santé et la sécurité du travail, secteur affaires sociales (ASSTSAS): Médicaments antinéoplasiques - Guide de prévention (octobre 1991). ISBN 1920132-53-9 Ministère de la Santé nationale et du Bien-être social: Système canadien de mesure du travail pour les pharmacies d'hôpital (1985). ISBN 0-662-93775-9 Conseil canadien d'agrément des établissements de santé: (Normes pour) Hôpitaux de soins de courte durée (1992) Corporation professionnelle des médecins du Québec: La gestion de la qualité de l'exercice professionnel en établissement (février 1994) Ces divers documents sont disponibles aux sièges sociaux de ces associations et organismes. 35 7 GLOSSAIRE Une description précise des termes est indispensable pour bien en comprendre et en expliquer la portée. Cette section du guide définit, par ordre alphabétique, plusieurs des termes utilisés dans ce guide, ainsi qu'un certain nombre d'autres couramment utilisés dans la profession ou en établissement de santé. Les sources des définitions figurent à la fin de ce chapitre. 7.1 Accident Tout événement ayant entraîné des dommages aux personnes ou aux biens (1) (voir aussi «événement»). 7.2 Acte pharmaceutique Toute décision ou action découlant du jugement du pharmacien visant à identifier, prévenir, résoudre un problème, ou combler un besoin relié à la pharmacothérapie d'un patient (2). 7.3 Administration des médicaments Ensemble des techniques et procédures infirmières permettant la préparation, la distribution et l'inscription au dossier des médicaments, ainsi que la surveillance des actions attendues, des effets secondaires et des interactions de ces médicaments (3). 7.4 Avis pharmaceutique Recommandation écrite ou verbale du pharmacien, suite à l'étude des habitudes de consommation des médicaments du patient (4). 7.5 Centre de jour Ressource qui offre à une clientèle inscrite et qui présente une perte d'autonomie pouvant entraver son maintien à domicile, des programmes et des activités de jour de nature préventive, thérapeutique ou de réadaptation (5). 7.6 Conseil Communication de renseignements à l'initiative du pharmacien sur l'usage reconnu ou prescrit d'un médicament prescrit ou non (4). 7.7 Consultation Toute demande de renseignements verbaux ou écrits adressée à un pharmacien et concernant un traitement ou un médicament (4). 7.8 36 Distribution des médicaments Ensemble des techniques et procédures permettant, en exécution ou non d'une ordonnance, la préparation et l'acheminement des médicaments au chevet du bénéficiaire (6). 7.9 Dossier-patient Dossier tenu par le pharmacien pour chaque patient pour le compte de qui il exécute une ordonnance (7). 7.10 Effets indésirables des médicaments Toute réaction nocive, non recherchée, qui apparaît aux doses normalement utilisées chez l'homme (8). 7.11 Événement Toute situation, tout état de chose ou tout déroulement de situation qui s'écarte des procédures normales, et qui a ou aurait pu causer des dommages à la santé des bénéficiaires, des visiteurs, à leurs biens ou à ceux de l'établissement et de ses employés (1) (voir aussi «Accident»). 7.12 Histoire pharmacologique Cueillette et mise à jour des éléments relatifs au profil pathologique, aux habitudes de vie et aux habitudes de consommation des médicaments d'un patient (4). 7.13 Magistrale Médicament résultant d'un mélange ou d'une transformation physico-chimique des éléments de ce médicament par un pharmacien (4). 7.14 Médicament Toute substance ou mélange de substances pouvant être employé: a) au diagnostic, au traitement, à l'atténuation ou à la prévention d'une maladie, d'un désordre, d'un état physique ou psychique anormal, ou de leurs symptômes chez l'homme ou les animaux; b) en vue de restaurer, corriger ou modifier les fonctions organiques chez l'homme ou chez les animaux (9). 7.15 Monitorage Procédure de contrôle qui vise à assurer au patient une pharmacothérapie appropriée, efficace et économique (4). 7.16 Opinion pharmaceutique Jugement porté par un pharmacien sur la valeur d'un médicament ou d'un traitement médicamenteux à la suite de l'analyse du dossier pharmaceutique d'un patient (4). 37 7.17 Ordonnance Autorisation de fournir des médicaments donnée par une personne autorisée à prescrire par une loi du Québec ou du Canada (9). 7.18 Ordonnance permanente Ordonnance établie par règlement du CMDP. de l'établissement ou, lorsqu'un établissement ne possède pas de CMDP., par règlement du CMDP. d'un établissement de la région avec lequel un contrat de service a été conclu, pour les fins du présent règlement, à l'effet de poser certains actes ou de procéder systématiquement à certains examens ou certains traitements, sans attendre d'ordonnance médicale individuelle, chez les bénéficiaires de catégories déterminées dans cette ordonnance et, le cas échéant, selon le protocole auquel il réfère (10). 7.19 Pharmacien Personne inscrite à ce titre au Tableau de l'Ordre des pharmaciens du Québec (9). 7.20 Pharmacovigilance Toute activité tendant à obtenir des indications systématiques sur les liens de causalité probables entre médicaments et effets indésirables dans une population (8). 7.21 Prévention pharmacologique Ensemble des mesures prises par un pharmacien afin d’informer le public et d'améliorer les habitudes d'utilisation des médicaments par la population (4). 7.22 Protocole Description des procédures, méthodes ou limites qui doivent être observées par quiconque lorsque tout acte est posé, et qui sont établies par le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP.) de l'établissement, ou par le chef du département clinique après dépôt au CMDP., après consultation du directeur ou du chef du service de qui relèvent, sur le plan professionnel, les personnes habilitées ou, lorsqu'un établissement ne possède pas de CMDP., par celui d'un établissement de la région avec lequel un contrat de service a été conclu pour les fins du présent règlement, ou qui sont établies par le médecin traitant ou, en son absence, par le médecin responsable du bénéficiaire s'il s'agit d'un acte qui peut être posé à l'extérieur d'un établissement (10). 7.23 38 Refus Décision du pharmacien de ne pas donner suite à l'autorisation du prescripteur de fournir un médicament dans les cas suivants: a) preuve de non adhésion au traitement; b) incompatibilité pharmacologique: c) incompatibilité chimique; d) erreur thérapeutique; e) médicaments identiques utilisés couramment par le patient; f) fausses ordonnances ou soupçonnées telles; g) pour toute autre raison d'ordre professionnel ou pharmacologique (4). 7.24 Règles d'utilisation des médicaments Règles permettant d'assurer la concordance des processus thérapeutiques avec les standards scientifiques reconnus, afin d'optimiser l'effet des médicaments (11). 7.25 Renouvellement Action d'exécuter à nouveau une ordonnance sur autorisation expresse à cette fin du prescripteur (4). 7.26 Services pharmaceutiques Toute activité pharmaceutique de support requise par un pharmacien pour résoudre un problème ou combler un besoin relié à la pharmacothérapie d'un patient (2). 7.27 Soins pharmaceutiques Ensemble des actes et services que le pharmacien doit procurer à un patient, afin d'améliorer sa qualité de vie par l'atteinte d'objectifs pharmacothérapeutiques de nature préventive, curative ou palliative (12). 7.28 Substitution Exécution d'une ordonnance en utilisant un médicament dont la dénomination commune est la même que celle du produit prescrit (13). 7.29 Suivi Acte par lequel un pharmacien s'assure que ses recommandations relatives à un traitement ou un médicament ont été respectées par le patient (ou le personnel soignant) à qui elles ont été formulées (4). 7.30 Teneur intégrale 39 Respect de l'identité du patient, du ou des principes actifs, du dosage et de la période de validité de l'ordonnance (4). 7.31 Visite à domicile Déplacement du pharmacien lorsqu'il le juge opportun, au domicile d'un patient qui ne peut le rencontrer (à son lieu de travail), notamment lorsque l'étude pharmacologique du dossier révèle une utilisation irrationnelle des médicaments ou un traitement médicamenteux complexe nécessitant des explications personnelles (4). 40 RÉFÉRENCE DU GLOSSAIRE 1- Association des hôpitaux du Québec: Guide d’implantation d’un programme de gestion des risques, janvier 1988 2- Ducharme, P; Parent, M; Winslade, N.: 1994 3- Ordre des infirmiers et infirmières du Québec: Normes et critères de compétence pour les infirmières, article 430, 1985 4- Ordre des pharmaciens du Québec: Définitions d'actes pharmaceutiques, décembre 1984 5- Ministère de la Santé et des Services sociaux, service des programmes: Le centre de jour (orientations et programmes), 1987 6- Comité A.P.E.S./Ordre des pharmaciens du Québec, 1989 7- Règlement sur la tenue des dossiers, livres et registres par un pharmacien dans l'exercice de sa profession. L.R.Q., c. P.10, article 2.01 8- Organisation mondiale de la santé: Rapport technique No 498, 1972 9- Loi sur la pharmacie, L.R.Q., chapitre P-10, article 1 10- Règlement sur les actes visés à l'article 31 de la Loi médicale qui peuvent être posés par des classes de personnes autres que les médecins, article 1-01 11- Ministère des Affaires sociales, Guide administratif concernant le règlement sur l'organisation et l'administration des établissements, juin 1985 12- Ducharme, P; Mailhot, C; Parent, M: adaptation de la définition de "Pharmaceutical Care" développée par Heppler et Strand, 1994 13- Loi sur la pharmacie, L.R.Q., chapitre P-10, article 21 41 ANNEXE I RÈGLES D'UTILISATION DES MÉDICAMENTS Disponible au Gouvernement du Québec Ministère de la Santé et des services sociaux. 42