Questions à discuter

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Questions à discuter
Certaines n’avaient jamais vu la mer Nous sommes en 1919. Un bateau quitte l'Empire du Levant avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes femmes promises à des Japonais travaillant aux États‐Unis, toutes mariées par procuration. C'est après une éprouvante traversée de l'Océan pacifique qu elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir. À la façon d'un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées... leurs nuits de noces, souvent brutales, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre et la détention dans les camps d'internement ‐ l'État considère tout Japonais vivant en Amérique comme traître. Bientôt, l'oubli emporte tout, comme si elles, leurs époux et leurs progénitures n'avaient jamais existé. 1. Certaines n’avaient jamais vu la mer est écrit à la première personne du pluriel, c’est‐à‐dire que l’histoire est racontée du point de vue d’un groupe de femmes plutôt que de celui d’une seule personne. Discutez de l’incidence de cette décision narrative sur votre expérience de lecture. Pourquoi croyez‐vous que l’auteure a fait le choix de raconter l’histoire dans cette perspective? 2. Le roman commence avec les femmes sur le bateau, qui les emmène du Japon à San Francisco. Otsuka nous raconte « la première chose que [les femmes ont] faite » (p. 12). Qu’est‐ce que cela donne à penser sur la trajectoire de leur vie? 3. Quelles sont les attentes des femmes par rapport à l’Amérique? Quelles sont leurs craintes? Pourquoi sont‐elles convaincues qu’« il valait mieux épouser un inconnu en Amérique que de vieillir auprès d’un fermier du village » (p. 15)? 4. Discutez de la façon dont Otsuka emploie l’italique dans son roman. Qu’est‐ce que ce changement typographique est censé évoquer? En quoi nous apporte‐t‐il une meilleure connaissance des femmes sur le plan individuel? 5. Otsuka nous dit que les dernières paroles des mères des femmes résonnent encore à leurs oreilles : « Tu verras; les femmes sont faibles, mais les mères sont fortes » (p. 18). Qu’est‐ce que cela signifie, et comment le roman confirme‐t‐il ces dires? 6. À la toute fin de « La première nuit » (p. 29), Otsuka écrit : « Ils nous ont prises en vitesse, de façon répétée, toute la nuit durant, et au matin, quand nous nous sommes réveillées, nous leur appartenions » (p. 32). Discutez de la première nuit des femmes avec leur nouveau mari. Y a‐t‐il des images que vous trouvez particulièrement fortes? Comment vous sentiez‐vous à la lecture de ce court chapitre? 7. Pourquoi le premier mot anglais que les femmes apprennent est « water » (p. 33)? 8. Dans le chapitre intitulé « Les Blancs » (p. 33), Otsuka décrit plusieurs actes de gentillesse et de compassion de la part des maris à l’endroit de leurs femmes. De quelles façons les maris se montraient‐ils soudainement utiles ou doux envers elles dans ces premiers jours? Comment cela reflète‐t‐il la complexité de leurs relations? 9. À quoi ressemble la vie des femmes durant les premiers mois en Amérique? En quoi leurs expériences et les défis rencontrés diffèrent‐ils de ce à quoi elles avaient été préparées? Comment sont‐elles perçues par leurs maris? Par leurs employeurs? Discutez de la disparité entre la compréhension qu’ont ces femmes de leur rôle dans l’économie américaine et ce que laisse entendre Otsuka sur la perception des Américains par rapport à la puissance des Japonaises. 10. Un peu plus loin dans ce chapitre, les femmes se demandent ce qui suit : « Existe‐t‐il tribu plus sauvage que les Américains? » (p. 46) Qu’est‐ce qui provoque cette question? Qu’en pense l’auteure? Qu’en pensez‐vous? 11. Discutez du passage de la page 47 qui commence ainsi : « Nous oubliions Bouddha. Nous oubliions Dieu… Je crois que mon âme est morte… Et la plupart du temps nos maris ne s’apercevaient même pas que nous avions disparu. » (p. 47) Qu’entend Otsuka par « disparu »? Que suggère‐t‐elle à propos de leur vie spirituelle, de leur soi intérieur? Les femmes finissent‐elles par « réapparaître » au cours du roman? À quel moment? 12. Tout au long du roman, Otsuka utilise l’expression « L’une des nôtres… » Pourquoi? Quel effet entraîne ce changement de perspective? Que parvient à exprimer Otsuka par ce subtil ajustement? 13. Otsuka écrit : « Elles nous donnaient de nouveaux noms. Elles nous appelaient Helen ou Lily. Ou bien Margaret. Ou encore Pearl. » (p. 50) Expliquez en quoi ce passage reflète les noms que prendront les enfants des femmes plus loin dans le roman. 14. Discutez de la complexité et des nuances de la relation qu’entretiennent les Japonaises avec les femmes blanches. Cette relation est‐elle strictement une relation d’employeuse à employée, ou est‐ce plus que cela? 15. Pourquoi les femmes choisissent‐elles le quartier japonais plutôt que de tenter de retourner chez elles? 16. Le chapitre intitulé « Naissances » (p. 65) fait seulement six pages, mais il frappe d’une force toute spéciale. Quelle a été votre réaction devant les expériences des femmes lors de leurs accouchements? Examinez plus attentivement les six dernières phrases du chapitre, tout particulièrement la toute dernière phrase. Sur quelle note Otsuka termine‐t‐elle le chapitre; pourquoi, selon vous? Que révèle cette dernière phrase sur les idées d’Otsuka à propos du passé et de l’avenir? 17. « Un par un les mots anciens que nous leur avions enseignés disparaissaient de leurs têtes » (p. 83), écrit Otsuka au sujet des enfants des femmes. Discutez de la signification des noms et de leur attribution dans Certaines n’avaient jamais vu la mer. Qu’est‐ce que cela signifie pour ces enfants de rejeter la langue de leur mère? Quel point Otsuka soulève‐t‐elle au sujet de l’héritage culturel? 18. En quoi les rêves des enfants diffèrent‐ils des rêves de leurs mères? 19. Pourquoi les femmes se sentent‐elles plus proches de leurs maris que jamais dans le chapitre intitulé « Traîtres » (p. 91)? 20. En quoi la structure de l’avant‐dernier chapitre, intitulé « Dernier jour » (p. 115), diffère‐t‐elle de la structure de tous les chapitres précédents? Pourquoi, selon vous, Otsuka a‐t‐elle choisi de le traiter différemment? 21. Qui fait la narration du dernier chapitre intitulé « Disparition » (p. 125)? Pourquoi? Quel est l’effet de ce changement radical? 22. Discutez des thèmes de la culpabilité, de la honte et du pardon dont il est question dans le roman Certaines n’avaient jamais vu la mer. (Questions fournies par l’éditeur.)