la responsabilité sociale d`une régie immobilière. des

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la responsabilité sociale d`une régie immobilière. des
DÉPENDANCES OCTOBRE NO47
LA RESPONSABILITÉ SOCIALE D’UNE RÉGIE
IMMOBILIÈRE. DES BONNES PAROLES AUX
PROBLÈMES QUE CELA POSE
Interview de Bernard Nicod, par Rachèle Féret, responsable de la Fondation Apollo, Vevey
La crise du logement, la cherté des loyers touchent particulièrement les personnes aux bas revenus, en difficultés
sociales, en situation d’exclusion et notamment les personnes ayant des problèmes d’addiction. Pour traiter
de cette question, il nous a paru nécessaire d’entendre le point de vue d’une gérance immobilière commerciale
concernant les problèmes d’accès au logement des personnes en difficulté sociale. (réd.)
Vous êtes sensible aux difficultés sociales que rencontrent certains locataires. Pourquoi pensez-vous
devoir faire quelque chose ?
D’abord, je suis chrétien et catholique pratiquant. Je suis
sensible au Tiers-Monde.
On est perpétuellement confronté à des problèmes de
conscience. Je suis sensible à la précarité, elle est préoccupante et elle va s’aggraver, les écarts vont encore
se creuser.
L’insertion par le logement est une chose importante et
juste.
Pensez-vous qu’une régie immobilière doit avoir une
responsabilité sociale ?
Oui bien sûr. C’est pour cela que j’ai tous types de logements, du plus simple au plus luxueux.
Ça, c’est la philosophie de la maison : on a de tout. Je veux
pouvoir proposer des logements simples aux loyers très
abordables pour les personnes qui ont de petits revenus et
des appartements très luxueux.
Théoriquement, on aimerait faire en proportion ce qu’il
faut, or, on n’arrive pas à proposer suffisamment d’appartements aux loyers modérés. Pour toutes sortes de raisons.
D’abord, on ne peut pas construire bon marché en Suisse,
les terrains ne sont pas donnés et les coûts de construction
sont énormes. Ensuite, tout le monde veut du Minergie et
du moderne et donc on manque terriblement de logements
et surtout de logements abordables.
Ceux qui en souffrent le plus sont les jeunes, les familles
nombreuses et les personnes précarisées.
Ce qu’on a fait très concrètement dans notre agence, c’est
créer un service social, rattaché à notre administration, qui
s’occupe des personnes en situation difficile et se charge
de leur proposer des solutions. Malheureusement, nous
avons été souvent abusés, par des excès, des mensonges,
des combines. C’est très difficile de faire juste, de savoir qui
a besoin d’aide réellement et qui abuse.
Et puis, quand je suis propriétaire d’un immeuble, je fais ce
que je veux, je peux proposer des arrangements de paiement. Mais quand je suis simple intermédiaire, je suis tenu à
un mandat et je dois respecter les décisions du propriétaire.
Etes-vous favorable à une collaboration entre les bailleurs et les professionnels sociosanitaires?
Evidemment, et je le fais. Par exemple avec la FAREAS,
c’est l’EVAM aujourd’hui, l’Etablissement vaudois d’accueil
des migrants, on avait trouvé un accord. Quand il y a eu un
afflux important de réfugiés en provenance de l’ex-Yougoslavie, (11’000 personnes), on a réservé 1100 appartements
pour les loger. Mais on a décidé d’accroître le salaire des
concierges pour que cela fonctionne car ils allaient avoir
plus de travail et un pouvoir d’intervention renforcé. Et on
a exigé d’avoir une marge de manœuvre de 5% d’appartements inoccupés pour pouvoir transférer les locataires
dans un autre logement en cas de problème, de voisinage
par exemple. De cette manière, on gardait les commandes
mais il faut signaler qu’on n’a pas eu à intervenir souvent.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous
êtes confronté en tant que bailleur concernant les
personnes en difficultés sociales ?
Les problèmes de voisinage ne nous préoccupent pas tellement, si on doit intervenir, on le fait et on va jusqu’à la
résiliation si le locataire bruyant ne se calme pas. Eventuellement, on transfère le locataire dans un autre logement.
Que faites-vous concrètement dans votre gérance ?
Au départ, nos intentions sont très bonnes, mais c’est
déconcertant car il y a eu beaucoup d’abus.
Toutefois, ce sont les déprédations et les vols qui nous
posent vraiment problème. On ne sait pas comment agir.
Le manque de respect de la chose construite me dérange
beaucoup.
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LA RESPONSABILITÉ SOCIALE D’UNE RÉGIE IMMOBILIÈRE. DES BONNES PAROLES AUX PROBLÈMES QUE CELA POSE.
Les dégâts dans les appartements : les
boîtes aux lettres détruites, les alarmes
dans les ascenseurs qui sont arrachées,
les tags, moi je deviens fou quand je
vois ça. On a, dans certains immeubles,
deux interventions de police par jour,
pour de la casse, de la violence, etc. Les
concierges sont débordés, on ne peut
pas leur demander de faire le Securitas.
Le montant consacré aux réparations
des dégâts et au nettoyage des tags est
très important et ne cesse d’augmenter.
La mixité sociale est très importante,
nous on essaye vraiment de ne pas
créer de ghetto. Dans les immeubles où
les loyers sont bas, il y a souvent beaucoup d’étrangers en situation de précarité qui se mélangent avec des Suisses
qui ont des bas revenus, et le sentiment d’insécurité augmente terriblement. Là, il faut être vigilant et ne pas laisser
les choses aller trop loin.
On peut citer l’exemple des Tours de Gilamont à Vevey,
qui avaient mauvaise réputation ; les immeubles étaient
vétustes et il y avait beaucoup d’incivilités. Maintenant
qu’elles sont rénovées, elles sont magnifiques avec ces
fresques Charly Chaplin peintes sur les façades. Et on favorise la mixité avec des loyers différenciés qui vont du logement subventionné à l’appartement luxueux.
Au sujet des demandes de location, comment traitez-vous
les dossiers des personnes sans emploi ou endettées ?
Laissez-vous le champ libre aux responsables d’agences
ou avez-vous une politique affichée ?
Nous recevons 400 demandes de location par jour à Lausanne. Les gérants font ce qu’ils veulent, mais les ordres
que j’ai donnés, c’est d’être ouvert. Toutefois, on a des
listes noires de personnes pour lesquelles on ne donnera
pas d’appartement. Ce sont des locataires qui ont été
expulsés suite à des défauts de paiement du loyer ou des
déprédations, voire de la violence, parfois à l’encontre des
concierges. Ces listes noires circulent. Je ne sais pas si c’est
bien, mais il faut qu’on se protège.
Dans les immeubles dont on est propriétaire, c’est simple,
on décide nous-mêmes qui seront nos locataires. Quand
il y a un propriétaire, on est tenu par contrat de respecter
leurs décisions. Il y en a qui ne veulent pas d’animaux, pas
d’enfants, pas d’étrangers, pas de cas sociaux ! Pourtant, il
faut de tout dans un immeuble, sinon c’est triste.
Comment réagissez-vous face à des locataires en délicatesse avec le paiement de leur loyer ?
Savez-vous quel est le montant de notre contentieux dans
le groupe Bernard Nicod aujourd’hui ? Plus de 8 millions de
francs de loyers impayés. On a engagé 5 personnes au service du contentieux, pour aller demander de l’argent à ceux
qui ne paient pas ! Cela va des personnes suivies par les
services sociaux, jusqu’au médecin qui produit des fausses
quittances de paiement. Les collaborateurs du service du
contentieux deviennent de plus en plus durs, les exagérations des locataires ne vont plus passer.
Toutefois, si le locataire en difficulté vient nous parler et
nous demande un arrangement, on va toujours trouver une
solution. C’est mon service social qui va tenter de résoudre
le problème. Il nous est arrivé parfois d’offrir un ou deux
mois de loyer. Il vaut mieux chercher des solutions qui permettent de s’entendre et d’éviter l’expulsion que de laisser
la situation empirer et de perdre encore plus d’argent.
S’agissant de problèmes de comportement chez un
locataire, peut-être une personne souffrant de dépendance, quels aménagements sont possibles ?
Je suis pour vivre et laisser vivre. Donc au départ, on est
ouvert et l’on devient exigeant par la suite. On n’accepte
pas les déprédations dans un appartement, on doit expulser
le locataire. Si des voisins se plaignent régulièrement d’une
personne qui exagère et qu’ils ne supportent plus, on doit
intervenir. Quand ça coince dans un immeuble, on y met
notre nez. Parfois, on propose un transfert d’appartement.
Mais si la personne qui pose problème ne change pas, on
va résilier son bail.
DÉPENDANCES OCTOBRE NO47
Quelle est votre vision des solutions à apporter à cette
crise du logement qui touche particulièrement les populations dites vulnérables, qui n’arrivent plus à se
loger ?
Il manque des logements et surtout, il manque d’appartement à loyers abordables.
On doit construire et faire de tout. Par exemple, le rôle
de certaines coopératives, c’est de faire des logements à
loyers accessibles aux personnes qui ont de petits revenus,
c’est une bonne solution.
Le groupe Bernard Nicod a ouvert 26 chantiers pour plus
de 400 logements. Et avec les transformations, on a plus
de 600 logements de prévus. Donc, on participe aux 4300
logements nécessaires dans le canton de Vaud.
AUTOMNE 2012
MÉDIAS ÉLECTRONIQUES: QUELS RISQUES POUR
QUELS USAGES ?
Le développement des médias électroniques et l’aisance
avec laquelle les jeunes les utilisent laisse parfois l’adulte
un peu perplexe. Cette journée de formation permettra aux
adultes accompagnant des jeunes de se familiariser avec
ces médias et de discuter des conséquences sociales et
personnelles de leur usage.
OBJECTIFS :
Découvrir les médias électroniques
Comprendre les incidences sociales et personnelles de
leur usage
Repérer les situations de vulnérabilité
DATE : Jeudi 15 novembre 2012
Il y a aussi le problème des personnes âgées qui habitent
depuis très longtemps dans de grands appartements,
des personnes seules notamment. Est-ce qu’on doit leur
demander de déménager ? De toute façon, un appartement
de 2 pièces coûterait certainement aussi cher que leurs 5
pièces où elles habitent depuis trente ans.
Concernant les prix des loyers, pourquoi sont-ils si
élevés ?
Construire et rénover, ça coûte très cher. Est-ce qu’il vaut
mieux ne pas faire de travaux dans les immeubles pour
garder des loyers bas ou rénover et imposer des hausses
de loyer ? En tout cas, dans mes immeubles, j’essaye de différencier et répercuter les hausses de loyers différemment
selon les locataires.
Faire des travaux uniquement chez les locataires qui ont
plus de moyens, c’est impossible, on arrive dans la discrimination sociale à l’intérieur d’un immeuble. Alors parfois,
on laisse les loyers bas et on augmente les loyers après travaux lorsqu’il y a un changement de locataire.
Comment jugez-vous la situation du marché en Suisse
romande aujourd’hui ?
La situation est préoccupante, la pénurie de logements est
grave. Aujourd’hui, les exigences des locataires sont élevées, ils souhaitent des aménagements modernes et des
loyers bas, c’est impossible. Construire du neuf abordable
en Suisse, avec les milliers de règlements et de normes,
c’est impossible. Donc, les loyers ne seront pas forcément
bon marché.
Ma conclusion sera : « On fait un métier difficile! ».
RÉDUIRE LES RISQUES LIÉS À LA CONSOMMATION
DE SUBSTANCES PSYCHOACTIVES ET PRÉVENIR
LES OVERDOSES
Ces deux journées de formation visent à transmettre les
contenus d’une réduction des risques liés à la consommation de substances psychoactives. Liant les aspects théoriques et pratiques (entraînement sur mannequin, réflexion
sur des cas concrets à l’aide de vignettes, mise en situation sous forme de jeu de rôle), cette formation permet aux
participants d’acquérir des gestes et des comportements
adéquats dans la perspective de les transmettre aux usager-ères en phase de consommation active.
OBJECTIFS :
Connaître les effets des substances psychoactives
Etre capable de prévenir les overdoses
Repérer les situations limites et urgentes afin d’intervenir
et de relayer
Acquérir des gestes de réanimation
DATE : Jeudi 22 et vendredi 23 novembre 2012
JOURNÉE DE SUPERVISION DE LA PRATIQUE DE
L’ENTRETIEN MOTIVATIONNEL
L’entretien motivationnel est un outil reconnu dont le
contenu théorique est accessible mais dont la mise en
pratique nécessite un apprentissage régulier. Cette journée de supervision vise à aider les praticiens de l’EM à
améliorer leur posture et à s’enrichir des expériences de
collègues.
OBJECTIFS :
Améliorer la pratique de l’entretien motivationnel
Echanger ses expériences
DATE : Jeudi 13 décembre 2012
Info et inscriptions | www.grea.ch | 024 426 34 34
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