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Chypre Un point sur la situation actuelle Vincent Destrez--Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 I. La situation politique Données générales Nom officiel République de Chypre. Système politique Système présidentiel unicaméral (une seule chambre compose le Parlement). La Chambre des Représentants est le Parlement chypriote, composé de 59 membres élus pour 5 ans. Sur les 59 parlementaires, 56 sont élus selon le système de la représentation proportionnelle, et 3 autres membres représentent les minorités du pays : arménienne, catholique romaine, et maronite. En théorie, le Parlement doit compter 80 députés, 24 devant être élus par la communauté turque. Mais aucune élection de la communauté turque n’a eu lieu depuis 1963, et les sièges sont laissés vacants. Le président de la République de Chypre est élu au suffrage universel direct pour une durée de 5 ans. Les forces politiques en présence Président de la République Le président de la République actuel est Nicos Anastasiádes, membre du parti conservateur Rassemblement démocrate (DISY). Il succède en février 2013 au communiste Dimítris Khristófias (Parti progressiste des travailleurs, AKEL). Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 Les élections législatives de 2011 En mai 2011 se sont tenues les élections législatives de Chypre, pour les résultats suivants : parti courant pourcentage de voix nombre de sièges DISY conservateur 34,40% 20 AKEL communiste 32,70% 19 DIKO centriste 15,80% 9 EDEK social-démocrate 8,90% 5 Parti européen centriste 3,90% 2 Mouvement écologiste et environnemental écologiste 2,20% 1 Front national populaire nationaliste 1% 0 Source : élections-eneurope.net L’élection donne ainsi la victoire aux conservateurs du DISY, d’un seul siège. Le DISY ne dispose donc pas d’une majorité claire au Parlement et doit faire alliance avec les centristes du DIKO. De l’autre coté de l’échiquier, l’AKEL (communistes) et l’EDEK (socialistes) sont des alliés historiques. Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 L’élection présidentielle de 2013 La douzième élection présidentielle de la République de Chypre s’est tenue les 17 et 24 février 2013. Le parti conservateur DISY était représenté par Nicos Anastasiádes. Le candidat du AKEl (communiste) était Stávros Malás. Le président sortant, Dimítris Khristófias, communiste, ne se représentait pas pour un second mandat. Résultats du 1er tour : candidat parti courant pourcentage de voix Nicos Anastasiádes DISY conservateur 45,46% Stávros Malás AKEL communiste 26,91% Giórgos Lillíkas EDEK social-démocrate 24,93% Résultats du 2ième tour : candidat parti courant pourcentage de voix Nicos Anastasiádes DISY conservateur 57,48% Stávros Malás AKEL communiste 42,52% Source : ministère de l’Intérieur chypriote Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 II. La situation économique et sociale La situation actuelle Le PIB (Chypre : 0,2% du PIB de la zone euro) 17,9 milliards de dollars en 2011 (source : ministères des Affaires étrangères) Taux de croissance 2011: +0,5% (source : Arte) Taux de croissance 2012: -2,4% (source : Arte) La dette publique chypriote Pourcentage du PIB en 2011: 71,1% (source : Eurostat) Pourcentage du PIB en 2012: 86,5% (+22%) (source : Le Figaro) Déficit public chypriote Pourcentage du PIB en 2010: 5,3% (source : Eurostat) Pourcentage du PIB en 2011: 6,3% (+19%) (source : Eurostat) Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 Des chiffres et des lettres 17 milliards : les besoins de financement de Chypre. 10 milliards : l’aide maximale que s’engage à fournir l’Europe. Pourquoi pas plus ? Un renflouement supérieur porterait le taux d’endettement à 140 ou 150% du PIB. La situation deviendrait ingérable. De plus, l’Europe est sceptique quant aux capacités de remboursement de l’aide des chypriotes. 2,5 milliards : le prêt qu’a accordé en 2011 la Russie à Chypre, qui veut aujourd’hui le renégocier. 30 milliards : l’argent russe investi à Chypre en additionnant les avoirs des entreprises et banques. 800% : le poids du secteur bancaire chypriote en comparaison du PIB de l’île. Sources : Planet.fr et Eurostat Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 Comment « la Suisse de la Méditerranée » en est arrivée là La crise grecque et la fragilité du système bancaire sont les deux raisons principales. Les régions littorales de Chypre ont connu une bulle immobilière et financière (source : Le Figaro) La croissance a plongé, le pays est entré en récession. Un rebond n’est pas attendu avant 2015. La Grèce, qui était le premier partenaire de Chypre, a entrainé l’île dans sa chute. De plus, les banques chypriotes détenaient de nombreux bons du Trésor grec : lorsque l’UE a ordonné l’effacement partiel de celle-ci, les banques ont perdu l’équivalent de 4 à 5 milliards d’euros. Lorsque la crise a touché le secteur financier de Chypre, l’Etat n’avait pas les moyens de faire face aux pertes des banques. De là, la crise générale qui touche l’île. Juin 2012 : Chypre demande une aide mais les discussions avec la BCE et le FMI n’aboutissent pas. Mars 2013 : l’Europe propose une aide de 10 milliards, conditionnée à une taxation sur les dépôts bancaires qui rapporterait 5,8 milliards d’euros et à un relèvement de l’impôt sur les sociétés qui passerait de 10% (le taux le plus faible de l’UE) à 12,5%. Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 Un contexte social pesant Chômage La baisse de la croissance s’est inévitablement accompagnée d’une forte hausse du chômage. Taux de chômage en 2011 : 7,9% de la population active. (source : Eurostat) Taux de chômage en 2012 : 11,7% de la population active. (source : Toute l’Europe) Immigration Parce que Chypre est une porte d’accès vers l’UE, l’immigration clandestine y est importante (source : Institut Thomas More). Pour ce qui est de l’immigration légale, elle est, sur cinquante ans, en croissance de 764% comme le note l’Institut Thomas More : « La position du gouvernement chypriote ne semble pas en adéquation avec une politique d’immigration qui assurerait le respect des droits de l’homme conformément au droit international et européen. En ne s’intéressant pas à la politique d'intégration, le gouvernement laisse croître des problèmes qui affectent non seulement les immigrés mais aussi la société dans son ensemble. » Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 III. Crise chypriote et implication européenne L’intégration de Chypre dans l’UE Adhésion en 2004 de la partie Sud de Chypre (le Nord est occupé par la Turquie). Membre de la zone euro depuis 2008. Non membre de l’espace Schengen. Comment Chypre a pu rentrer dans la zone euro Rapport OCDE certifiant que Chypre respectait les 40 directives anti-blanchiment. Rapport de la Commission européenne en 2007 qui conclue que Chypre respecte les critères pour adopter l’euro. Source : Europa.eu Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 Accord Troïka (Commission, FMI, BCE) (source : Presseurop) 16 mars : en échange d’un fonds de solidarité de 10 milliards d’euros, Chypre s’engage à mettre en place une taxe de 6,6% sur les dépôts bancaires < à 100 000 euros et de 9,9% sur les dépôts > à 100 000 euros. Le pays doit mettre 7 milliards d’euros sur la table, dont 5,8 par la taxe sur l’épargne. D’où vient la décision ? Le gouvernement chypriote, l’Eurogroupe (réunion mensuelle des ministres des finances des Etatsmembres de la zone euro) et le Conseil européen (sommet des chefs d’Etat ou de gouvernement des Etats-membres) sont à la base de cette décision. Suite à la décision Après trois jours de protestations, le gouvernement chypriote ne compte plus taxer les comptes en banque inférieur à 20 000 euros. Le 19 mars, les parlementaires chypriotes rejettent la taxe sur l’épargne. Le 21 mars, les dirigeants chypriotes sont appelés par le président Anastasiades à trouver une autre sortie de crise. Dans la foulée, la BCE menace de cesser d’alimenter en liquidités les banques du pays si les autorités n’adoptent pas un plan B d’ici le 25 mars. L’Union européenne cherche à convaincre les dirigeants chypriotes d'instaurer un blocage des capitaux placés dans les banques de l'île pour éviter leur faillite. « Le gouvernement de Chypre a annoncé la création d’un fonds d’investissement pour lever les fonds nécessaires au sauvetage par l’Europe, et exclut la création d’une taxe sur les dépôts bancaires. » (source : Reuters). Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 Suite à la décision Le 22 mars, la zone euro exige que Chypre trouve 6 milliards d’euros avant lundi, Angela Merkel a d’ailleurs affirmé que la patience des Européens avait des limites, or le ministre des Finances chypriote n’a rien obtenu de son voyage en Russie, ni une prolongation de son prêt, ni un prêt supplémentaire. Nicosie va dont créer un nouvel instrument abondé notamment par des fonds de pension, mais la 1ère banque chypriote défend la taxe sur les dépôts faute de quoi le système bancaire s’effondrerait. Les transferts en lignes d’argent et les banques sont toujours fermés. Des Chypriotes et des étrangers tentent tout de même de retirer leur argent par crainte de la faillite. Accord trouvé (UE, FMI , Chypre) lundi 25 mars (Reuters, EurActiv) Objectif : lever 4,2milliards d’€ sur les 5,8 que Nicosie a besoin pour compléter le plan d’aide. Fermeture de la 2ème banque pays : « Popular Bank of Cyprus » dit « Laïki » contre le plan d’aide de 10 milliards. Conséquence : suppressions de milliers d’emplois – la banque sera scindée en deux; la « bad bank » pour les dépôts non sécurisés de + de 100 000€, qui seront gelés et participeront à la recapitalisation (structure de défaisance) de BoC et la « good bank » pour ceux sécurisés . Les dépôts de moins de 100 000€ de Laïki seront transférés à la 1ère banque du pays Bank of Cyprus (BoC). Pas de taxe imposée à tous les déposants chypriotes - mais pertes pouvant aller jusqu’à 40% pour les détenteurs d’actions et d’obligations, ainsi que les dépôts, supérieurs 100 000€. Chypre doit refonder son modèle économique. Le Plan de sauvetage doit être approuvé mi-avril par des Parlements de pays de la zone euro (Allemagne), 1er versement de l’aide début mai. Les banques chypriotes sont toujours fermées. Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 Les scénarios possibles avancés (source : The Financial Times) Une aide massive de l’Eglise Orthodoxe. Une aide russe. Création d’un fonds d’investissement. Renégociation du plan de sauvetage avec la Troïka. Sortie du pays de la zone euro ? Réactions chypriotes envers l’Europe (source : Presseurop) Les chypriotes ont l’impression qu’ils ne comptent pas pour l’Europe. Pourquoi N. Anastasiades ne fait-il pas d’abord payer les actionnaires et les créanciers des banques avant ses concitoyens ? Jeu politique des Européens : manque de transparence dans le processus décisionnel européen, pas un choix démocratique. Perte de confiance du peuple envers l’Europe et les décideurs chypriotes (pas de débat public). L’Europe n’a pas de politique étrangère commune pour décider de ces sujets, qui ne sont pas uniquement du ressort des ministres des Finances. Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 Réactions européennes (sources : Presseurop.eu, boursorama.com, euobserver.com) Chantage ou dangereux précédent selon la presse européenne en imposant les dépôts bancaires contre aide internationale. Il s’agit d’une menace de la solidarité entre les pays ou même concernant la libre circulation des capitaux au sein de l’UE. Financial Times : « L’Europe bâcle un autre sauvetage ». Pùblico (Portugal) : « Détournement de l’Eurogroupe ». Euobserver : « The Cyprus bailout fiasco is yet another example of Germany's clumsy leadership and image problem in Europe ». Le Monde : « risque pris par l’UE et le FMI d’une nouvelle défiance contre la monnaie unique ». Boursorama « Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), s'est dit "persuadé" qu'un plan de sauvetage était "dans le meilleur intérêt de Chypre et de tous les Etats membres de la zone euro", dans un entretien à l'hebdomadaire Die Zeit à paraître jeudi ». F. Hollande a souligné lors d’un entretien avec M. Anastasiades que Chypre devait apporter « la contribution convenue » au plan d’aide européen. Herman Van Rompuy « The current, highly uncertain situation is highly damaging, especially for the people of Cyprus, and has to be addressed as soon as possible ». Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 Réaction de l’Allemagne (sources : Presseuop.eu & Presseuop.eu) Révélations des services de renseignement allemands en novembre 2012 sur les comptes étrangers présents (oligarques russes et mafieux) à Chypre d’une valeur de 20 milliards d’euros. N’a pas opposé son veto pour l’entrée de Chypre dans zone euro. W. Schäuble (ministre des Finances allemand) a rappelé à N. Anastasiades que le hold-up des déposants n’est pas une idée allemande et a mis en cause la fiscalité avantageuse de Chypre. « Le modèle économique qui marie le dumping fiscal à un faible contrôle financier tout en lançant des offres pour séduire les millionnaires étrangers n’a pas été imaginé à Berlin ou Paris mais à Nicosie. » Süddeutsche Zeitung 19 Mars, « Qui profite doit payer ». Berlin veut fermer les canaux financiers avec Moscou. Réaction des Chypriotes envers l’Allemagne L’Allemagne accusée d’avoir voulu punir un pays en difficulté (comme la Grèce). Réaction éditorialiste chypriote (A. Mihailides) contre les propos de W. Schäuble; « après l’invasion Turque (1974) Nicosie n’a pas eu d’autre choix pour survivre et se développer, que d’attirer des investissements étrangers. » Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013 Enjeux pour l’Europe (source : Presseuop.eu) Révélation du journal Spiegel : il existe un risque que les fonds européens utilisés par les établissements financiers servent à blanchir l’argent russe. Risque que si la Chypre accepte l’aide de la Russie, elle quitte la zone euro. Irritation des citoyens européens envers « l’austérité pour tous » mais faveur donnée pour les grandes banques et les investisseurs. Euro et bourse européenne en baisse. Peur de retrait des autres économies des épargnants européens (Portugais, Espagnols, Irlandais, Italiens, Français) Implications autres pays (source : Reuters) Russie : 24 milliards d’euros investissements de sociétés russes et avoirs dans les établissements bancaires chypriotes (selon notation Moody’s) - proposition d’aide en échange d’une main mise sur les nouvelles réserves de gaz. Menace de la Russie « MOSCOW, March 21 (Reuters) - Russia may need to review the share of euros it holds in its central bank reserves over the euro zone's bungled handling of a bailout of Cyprus, Prime Minister Dmitry Medvedev was quoted on Thursday as saying. » Placements de millionnaires arabes. Vincent Destrez-Ostrowski, Julien Gonzalez, Claire Robert - mars 2013