le grand ensemble "entre pérennité et démolition"

Transcription

le grand ensemble "entre pérennité et démolition"
LE GRAND ENSEMBLE
"ENTRE PÉRENNITÉ
ET DÉMOLITION"
Exposition d’architecture
du 3 juin au 13 juillet à
l’École nationale
supérieure
d’architecture ParisBelleville [en
partenariat avec l’École
nationale supérieure
d’art de Nancy]
Commissaire général de l’exposition —
Jean-Patrick Fortin, architecte-urbaniste, maître-assistant à l’Énsa Paris-Belleville
Coordination —
Antonella Tufano, architecte, professeur à l’Énsa de Nancy, chercheur au LAVUE
Commissaire exécutif —
Corinne Marti, architecte-urbaniste, enseignante à l’Énsa Paris-Belleville
Vidéos —
Patrick Chaput, vidéaste, enseignant à l’Énsa Paris-Belleville
Scénographie et design graphique —
Béatrice Selleron, professeur en design d’espace à l’Énsa de Nancy
Comité scientifique —
Ginette Baty-Tornikian, anthropologue, maître-assistante à l’Énsa Paris-Belleville, chercheur
à l’Ipraus — Vanessa Fernandez, architecte, maître-assistante à l’Énsa de Toulouse, chercheur à l’Ipraus — Jean-Michel Léger, sociologue, ingénieur de recherche CNRS, chercheur
à l’Ipraus — Béatrice Mariolle, architecte-urbaniste, maître-assistante à l’Énsa Paris-Belleville, chercheur à l’Ipraus — Jean-Paul Midant, historien de l’architecture, maître-assistant
à l’Énsa Paris-Belleville, chercheur à l’Ipraus, directeur du D.S.A. "Patrimoine du XXe siècle"
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LIRE LES GRANDS
ENSEMBLES
Révélateur de la croissance des Trente glorieuses, l’habitat social est depuis vingt ans
soumis à des transformations, voire à des démolitions, avant même que l’inventaire de sa
place dans la formation des métropoles européennes n’ait été fait. Aujourd’hui, face à une
rénovation conduite résolument, l’architecture, pourtant reconnue d’intérêt public, peine à
éclairer des choix qui s’inscrivent aussi dans le champ des transformations urbaines.
La tabula rasa des années 1960 est incompatible avec la crise du logement des débuts du XXIe siècle et avec les éléments de permanence identifiés comme patrimoniaux.
On doit d’abord repérer les règles d’implantation des modes de composition des grands
ensembles, en évaluer la pertinence de leur mise en œuvre mais aussi la permanence de
leurs acquis reconnus, lesquelles les inscrivent comme valeur patrimoniale.
L’exposition a lieu dans une école d’architecture, car il s’agit pour ces écoles de faire
évoluer les outils d’analyse et la pratique du projet architectural et urbain de manière à
permettre la négociation entre tous les partenaires. Il faut apprendre aux architectes à
dresser un inventaire, à établir un diagnostic sanitaire et à le lier à un diagnostic sur la
qualité architecturale et urbaine ; il faut leur apprendre à enclencher un processus de
projet respectueux de ces conclusions, quitte à choisir de démolir, de compléter, de transformer. L’exposition est ainsi une critique opérative du discours qui se joue entre patrimonialisation et rénovation ; elle propose une manière de lire le grand ensemble et d’énoncer
les règles de sa rénovation par une prise compte de ses modifications et de l’évolution
de ses usages. On peut tester alors les conditions de substitutions partielles qui pourront
s’inscrire dans les conditions morphologiques identifiées comme permanentes.
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LES 5 POINTS D’UNE
CRITIQUE OPÉRATIVE
L’exposition distingue les processus de transformation et les tentatives de patrimonialisation, en particulier par l’intervention du ministère de la Culture, au moment où la question
de la démolition/reconstruction trouve une acuité à travers les projets conventionnés avec
l’Anru. Il convient alors, au-delà de l’attribution du seul label « Patrimoine du XXe siècle »
d’élaborer une doctrine. Alors que l’État conçoit le transfert des responsabilités patrimoniales aux collectivités territoriales, il apparaît en effet nécessaire de fédérer l’action des
bailleurs et des élus au service des citoyens habitants, en mettant en évidence une forme
urbaine dont il aura été démontré qu’elle est durablement inscrite sur le territoire mais
dont les conditions de son évolution peuvent être énoncées théoriquement et transcrites
conventionnellement. Cette élaboration doctrinale nécessite d’expliciter les conditions de
transformation d’un lieu qui a acquis une histoire et la possibilité de faire évoluer cette
forme urbaine conçue comme un éternel présent, mais qui a suivi la désaffection que l’on
sait. Une telle doctrine peut être résumée en cinq points.
1. La reconstruction critique — Dans un grand ensemble, l’architecture de chaque édifice est
à la fois pertinente dans son autonomie et dans sa contribution à l’ensemble ; la reconstruction critique est la démarche patrimoniale et urbanistique qui permet de reconstruire
une forme urbaine avec un « vocabulaire architectural » contemporain, dans le souci de
reconstruire avec un urbanisme et une architecture qui s’inscrivent dans les traces du
passé tout en évitant la reproduction.
2. La conservation de type monument historique — Le caractère exceptionnel de certains bâtiments, du point de vue de leur inscription dans l’histoire de l’architecture, justifie qu’ils
bénéficient de la protection qui est accordée aux monuments historiques.
3. La densification-addition — On ajoute aux bâtiments existants une épaisseur ou une surélévation si l’un des objectifs est l’augmentation de la densité de logements.
4. Le façadisme — Dans certains bâtiments de grande valeur architecturale implantés dans
des lieux stratégiques, la relation entre présence architecturale et usage légitime le façadisme, le plus souvent accompagné d’un changement d’usage ; les textures des immeubles
d’origine sont conservées tandis que l’on reconstruit un habitat aux standards et au confort
actuels.
5. Les obligations du bilan carbone — La conservation des fondations et des ossatures des
bâtiments construites en béton est un moyen de satisfaire aux exigences du bilan carbone.
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EXPOSER LES
GRANDS ENSEMBLES
L’exposition présente des ensembles emblématiques sélectionnés dans leur état actuel,
avec les strates de leur réhabilitation, l’impact des premières démolitions et les effets
éventuels des reconstructions. Le corpus est constitué de cinq exemples représentatifs des
éléments de doctrine, des situations urbaines, des compositions et des textures architecturales ; il est précédé de la présentation de Mourenx, qui fut le lieu d’élaboration des
règles de composition du grand ensemble, dont la commande avait été formulée en terme
d’un droit au logement égalitaire dans une économie de la viabilisation d’un sol vierge de
toute urbanisation.
1. La Butte Rouge [Châtenay-Malabry] — propriété exclusive de l’OPHLM des Hauts de Seine,
cet ensemble de 3 600 logements fut construit par tranches successives en quarante ans.
Il représente toutes les doctrines, du pittoresque de la garden city au post-modernisme.
Aujourd’hui, sa paupérisation sociale, conjointement à l’émergence du paysage exceptionnel
qu’il a généré, en fait un enjeu décisif et un laboratoire pour l’élaboration d’une doctrine
qui associe environnement et architecture au service d’une dynamique sociale.
2. Les Lochères [Sarcelles] — grand ensemble par excellence et lieu génératif de la contribution de la Caisse des dépôts au logement social et des rapports ambigus entre l’État
et le municipal à l’époque de la décentralisation, Sarcelles est emblématique de l’apport
cohérent de la discipline architecturale à l’habitat utilisant les procédés de préfabrication
à leur juste place. Il témoigne de l’émergence d’un paysage moderne inédit : la ville parc.
3. Les Courtillières [Pantin] — se présentent comme une architecture reconnue mondialement
(tours et long bâtiment en forme de « Serpentin » ceinturant un parc de quatre hectares).
Leur mise en forme est très savante malgré une économie de moyens qui rend aujourd’hui
les logements obsolètes mais une réhabilitation antérieure a su préserver l’architecture
des tours de façon non mimétique. Le ministère de la Culture y a négocié avec le pouvoir
municipal la remise en cause d’une démolition mutilante.
4. Teisseire [Grenoble] — grand ensemble ordinaire, de la première génération, implanté
dans une ville à la croissance dynamique, donc confrontée à une forte demande de logements ; le projet de rénovation conduit sur la longue durée matérialise une des doctrines
cohérentes de la rénovation. Le projet de Philippe Panerai, en action depuis dix ans, a en
effet en grande partie fondé la doctrine de la résidentialisation (séparation réglementaire
et physique des domaines public et privé, relation à la rue et à l’adresse, etc.), que l’Anru
a largement fait sienne.
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[Exposer les grands
ensembles]
5. Les Hauts de Rouen [Rouen] — exemple emblématique de l’absence de relations organiques entre le centre d’une ville historique, au secteur sauvegardé exceptionnel, ce grand
ensemble composite fut peu à peu laissé en désuétude tendant à la relégation et à l’insécurité. Le quartier a été victime des alternances municipales, incapables de discerner
les valeurs patrimoniales réelles, en particulier celles d’expérimentations originales qui
témoignent pour le futur d’une industrialisation du bâtiment, mais l’intervention de l’État
a conduit in extremis à la protection de ce que, aujourd’hui, on appelle familièrement les
« Lods ».
Chaque grand ensemble est illustré de la façon suivante — L’exposition conjugue la représentation de l’état actuel à travers des documents graphiques, des photos contemporaines et
des vidéos présentant les points de vue des architectes concepteurs des derniers projets
urbains et, selon les cas, des bailleurs, des élus ou des chercheurs. — Les documents
graphiques mettent en évidence la consistance matérielle du grand ensemble à travers les
savoirs de l’architecture. Cette représentation rend explicite les usages, en particulier les
modes de distribution et leur transformation éventuelle au cours des différentes phases
de la politique de la ville. À ce titre, le grand ensemble est systématiquement représenté
dans son plan de rez-de-chaussée et chaque cas a été choisi pour mettre en évidence
les textures issues des différents modes de mise en œuvre du logement et de ses conséquences sur la perception extérieure. On rend compte des évolutions, voire des transformations occasionnées par toutes les politiques de réhabilitation (Habitat et vie sociale,
Palulos, etc.) et les traces qu’elles ont laissées.
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