MEMORABILIA

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MEMORABILIA
GERALD FAWAY
MEMORABILIA
GERALD FAWAY
MEMORABILIA
Notice de démarche artistique
Note commune aux trois œuvres :
Dans ce travail, je me suis intéressé à deux phénomènes :
-
Les conséquences du vécu sur l’esprit humain ;
La vision de l’image-souvenir ;
A travers ces œuvres, j’ai dès lors tenté de matérialiser l’esprit humain parcouru de
souvenirs conscients ou inconscients. Les boites sont donc des métaphores de mon esprit.
Cubes de pensées, formes d’âmes soumises à l’épreuve du temps qui agit sur ma condition
d’être. L’éducation, les rencontres, les événements que j’ai vécus ont façonné mon
conscient, mon inconscient, mon physique et mon psychique.
J’invite le regardeur à se confronter à des boites qui représentent une entité déformée et
modelée par la vie. Des ouvertures y sont pratiquées. Celles-ci attirent, aspirent
littéralement le regard. Ces béances laissent entrevoir une partie mobile, donc vivante des
boites, leur entre.
Toutes les 24 secondes (avec un décalage entre les trois œuvres) chaque cube s’anime. Un
événement est présenté dans chacun d’eux de façon répétée. Il représente le souvenir. Ces
boites conscientes ou subconscientes vivent et se souviennent. Elles se souviennent
d’événements marquants ou de rencontres décisives. La répétition du processus est
fondamentale. A travers le temps, le souvenir implique une façon de réagir propre à chaque
être. Chaque décision, orientation et choix sont influencés par le vécu.
Les cubes sont bleus. Cette couleur a été choisie pour justifier le caractère absorbant de
l’esprit humain. L’âme absorbe avant de rayonner. Elle rend si on lui donne.
Les boites émettent un son de grésillement lorsqu’elles sont « éveillées ». Ce bruit donne un
repère et représente l’ensemble des sons que l’on peut percevoir lorsque notre pensée est
plongée dans l’exercice du souvenir.
Note sur MEMORABILIA 1 :
J’ai tenté de reproduire une image telle que je l’aurais perçue
dans ma tête si cela avait été un de mes souvenirs. L’image est
travaillée en bichromie (rouge et noir). La plupart du temps, et
d’avantage lorsque le souvenir est lointain, un seul élément de
l’événement me revient en couleur. Dans ce cas, il s’agit de la
couleur rouge de la balançoire. L’événement représenté est
marquant (puisqu’il s’agit d’une rencontre père-fils),
suffisament marquant pour influencer un état d’esprit dans le
futur de l’enfant ou du père. La tête du père est entourée de la
trace de sa pensée modelée par son propre vécu.
Note sur MEMORABILIA 2 :
Sur cette image aussi, j’ai tenté de reproduire une image
perçue dans ma tête. L’image est également travaillée en
bichromie (rouge et noir). L’unique élément revenant en
couleur dans ce cas est le ballon. L’événement représenté est
marquant lui aussi (puisqu’il s’agit d’une rencontre mère-fils).
La tête de la mère est entourée de la trace de sa pensée
modelée par son propre vécu.
Note sur MEMORABILIA 3 :
Il s’agit d’une série de portraits d’un être cher disparu. Cette
image représente l’exercice auquel mon esprit s’adonne
lorsque j’essaye de me rappeler le visage de quelqu’un. Le
premier visage est détaillé, du moins j’en ai l’impression. Et au
fur et à mesure que j’essaye de visualiser plus de détails, le
visage fini par disparaître. Comme si tout était remis en doute.
Je ne suis plus sûr de rien. Tous les repères disparaissent.
D’autres faces pourraient venir se greffer sur ce visage
recherché. Seule une photo réelle pourra me rendre la vérité.
L’image est travaillée en monochromie (bleu). Les visages
n’apparaissent pas polychromes dans mon esprit. La
disparition d’un proche transforme la pensée d’un être. Tout
l’attachement à cette personne ne permet néanmoins pas la
conservation d’un souvenir précis à long terme.
En conclusion, ces réalisations telles que je les ai créées présentent des caractéristiques
intéressantes. La première est leur matérialisation en volume défini. Ainsi, elles imposent au
regardeur que l’esprit humain a des limites. Ces limites dessinées en formes strictes
cubiques soulignent la malléabilité extrême de l’esprit par le vécu, et en même temps sa
rigidité une fois modifié par ce dernier. La deuxième est, à condition que les trois œuvres
soient présentées conjointement, que les trois boites semblent communiquer entre elles, se
répondre ou s’ignorer. Ce phénomène indique qu’il est aisé de ressentir les boites comme
vivantes. Et enfin, il est intéressant de constater la difficulté pour l’esprit, ou tout du moins
le mien, de conserver une image précise d’un événement ou d’une personne (même
marquants), et sa logique de conservation d’une image perceptive.
Les pièces fabriquées présentent ainsi une opportunité introspective, nous rappellent les
limites dans lesquelles nous évoluons et invitent à s’interroger sur des événements
irréversibles propres à chacun.

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