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CAS CLINIQUE N°3
Bérengère 92ans
Bérengère est hospitalisée en soins de longue durée depuis 6 ans pour une maladie d’Alzheimer évoluée.
Des troubles du comportement anciens ont été traités par neuroleptiques et Bérengère garde comme séquelle
de ces traitements des dyskinésies bucco-faciales importantes. L’alimentation devient de plus en plus problématique,
en partie du fait des mouvements anormaux et de l’agitation de la patiente.
Bérengère est veuve.
Elle a une fille qui vient la voir très régulièrement et se fait un devoir de la faire manger le soir.
La fille de Bérengère est obèse et elle supporte de plus en plus mal de voir sa mère maigrir.
Les séances d’alimentation deviennent sa préoccupation première, et tournent au “gavage”.
Les soignants sont mal à l’aise devant cela et trouvent la fille maltraitante malgré elle, sans le réaliser.
Toute tentative pour lui dire de laisser l’équipe se charger de faire dîner sa mère est un échec.
Questions 1 :
- Qu’en pensez-vous ?
- Que proposez-vous ?
Le médecin du service est informé de la situation.
Attitude adoptée par le service : proposition d’une pose de gastrostomie percutanée endoscopique (GPE)
qui permettra de rassurer la fille sur les apports nutritionnels de sa mère. La fille doit être en confiance avec
l’équipe soignante si elle veut “restaurer” de l’affectif dans sa relation mère-fille. Notons bien qu’il s’agit de difficultés
d’alimentation et non d’un refus de la patiente. Le résultat sera correct. La GPE posée, la fille de Bérengère parviendra
à se détacher du problème des repas et continuera à câliner sa mère avec beaucoup de tendresse.
Questions 2 :
- Était-il licite de poser cette GPE ?
- A-t-elle été posée pour la mère ou pour la fille ?
Source : Dr Annick Sachet, Groupement hospitalier universitaire Est Charles Foix - Jean Rostand, Ivry-sur-Seine.
CAS CLINIQUE N°3
Fiche technique
formateur
POINTS ABORDÉS
• Alimentation orale difficile
• Interférence pesante d’une famille dans la prise en soins (maltraitance ?)
• Intérêt ou non de proposer une nutrition entérale
PISTES DE RÉPONSES ET RÉFLEXIONS
Questions 1
Questions 2
Organisation d’une réunion d’équipe
Les soignants peuvent exprimer leur ressenti.
- Rappel de l’histoire clinique de Bérengère et du diagnostic
principal : démence évoluée.
- Rappel des apports scientifiques : la nutrition entérale
n’améliore, dans ces cas, ni la durée de vie, ni la qualité de vie.
- Analyse du malaise de la fille : image corporelle ?
Obésité/maigreur
- Maltraitance ? Quelle relation affective possible ?
Parfois les liens sont tels que le bien-être du patient peut être indissociable de celui d’un parent.
C’est tout l’intérêt de connaître le parcours des familles et d’analyser les
cas de façon individuelle.
Rencontre avec la fille
- Écouter sa souffrance.
- Comprendre les enjeux de cette nutrition à tout prix.
Lors de la réunion d’équipe, les participants peuvent s’aider de la fiche
SFAP/SFGG sur la GPE inclue dans le classeur.
La fiche “Il va mourir de faim, il va mourir de soif : que répondre ?”
est également un outil utile aux soignants pour leur dialogue avec
la fille.

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