Lettre de Jean-Pierre Aulneau à Soeur Thérèse
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Lettre de Jean-Pierre Aulneau à Soeur Thérèse
Aulneau-Soeur-1735-1 24/03/03 17:04 Page 1 LETTRE DU PÈRE AULNEAU À SA SOEUR THÉRÈSE, RELIGIEUSE DE L’UNION CHRÉTIENNE DE FONTENAY Ma chère sœur, L. p. d. n. s. Jc. (la paix de Notre Seigneur Jésus-Christ). Contre votre atente et la miesme vous recevrés encore une de mes lettres. Je suis persuadé qu’elle ne vous fera pas de peine, si cela étoit votre amitié pour moy aurait bien changé. Je pars demain de Monreal où j’ay fait plus long séjour que je ne croyais. J’espère ariver au premier terme de ma mission vers la fin du mois de novembre, ce ne sera selon les apparences qu’aprets bien des souffrances, heureux, ma plus chère sour, si j’en fait l’usage que le Seigneur a droit d’en attendre, il ne doit jamais nous paroistre plus aimable et nous aimer davantage que quand il nous fournit des moyens de nous rendre semblables à son cher fils, dont tous les momens de sa vie mortelle, ont été marqués par quelques nouvelles souffrances ; de trois ou quatre ans comme je vous le mande dans ma dernière lettre, je n’auray point de demeure fixe et je ne feray guère autre chose que de parcourir les bois et les lacs, pour prendre connaissance des nouveaux pays où la Providence m’envoye, si j’avois plus de vertu que je n’en ay je me féliciterois beaucoup davantage de ce que cela me mettra dans la nécessité de commencer à me consacrer aux missions par où ont commencé tant de saincts missionaires, qui dans les premiers temps de l’établissement des François dans ce pauvre pays en ont arosés les forets de leurs sueurs et de leur sang, mais mon peu de vertu me fait trembler et quoyque j’espère tout de la miséricorde du bon Dieu je n’envisage l’affreuse solitude où je vais entrer qu’avec frayeur, redoublés donc pour moy vos prières et conjurés toutes les dames de votre communosté d’en faire autant. Je vous prie de les assurer toutes de ma reconnoissance et de mon respect, si vous pouvés sans rien employer de ce qui vous est donné pour vos besoins me procurer quelque linge ou ornement d’autel, vous me ferés un sensible plaisir. Je suis sur ce point dans la dernière misère. Adieu, ma chère soeur ; aimés moy en Jésus Christ autant que je vous aime. J.-P. AULNEAU, J. M. J. Au Monreal le 12 juin 1735. Source : Rapport de l’archiviste de la Province de Québec, 1927, pp. 279. Version électronique : www.shsb.mb.ca/paysriel