le corps represente : ideal et denuement

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le corps represente : ideal et denuement
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DOSSIER PEDAGOGIQUE
Nudités et oripeaux :
Mises à nu et dévoilement
20 - 09 // 24 - 11 - 14
Service des Publics des musées
Musée Denon - Place de l’hôtel de Ville - 3 rue Boichot - 71100 Chalon-sur-Saône
Tel : 03 85 94 74 41 - Fax : 03 85 94 70 03
e-mail : [email protected]
Dossier pédagogique accessible sur demande au Service des Publics
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PREAMBULE
L'exposition le nu artistique, concept produit par la civilisation occidentale, s’exprime par la mise en image du corps. La prise de
conscience de l’apparence du corps est le marqueur de l’entrée dans la culture : la nudité est devenue à la fois un état et une idée,
en incarnant différentes valeurs au cours du temps. De l’état de nature « innocent » à l’érotisme lié au dévoilement conscient de la
chair, le corps nu revêt des symboliques diverses dont certaines ont durablement marqué les consciences. Ces conceptions ancestrales et marquantes dont la mise à nu a parfois du mal à se soustraire, ces oripeaux, sont-ils véritablement constitutifs de la nudité,
ou celle-ci peut-elle être considérée comme une entité pleinement indépendante ?
Ce document a été conçu afin de préparer une visite de l’exposition à partir de quelques œuvres. Des notions sont dégagées et des
problématiques plastiques et artistiques proposées. Les œuvres sont également reliées aux thématiques de l’histoire des arts.
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SOMMAIRE
I–
TEXTE DE PRESENTATION
II –
OEUVRES ET THEMATIQUES ABORDEES
I Le corps représenté : idéal et dénuement
Stèle masculine ithyphallique
Statuette représentant Jupiter
Statuette représentant Mercure
Gladiateur mourant
Lécythe à figures noires
Atelier de Luca Giordano, La mort de Caton
Atelier de Luca Giordano, La mort de Sénèque
Déchenaud, Samson chez les Philistins
M. Giacomelli, Ospizio. Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
Croix processionnelles
II Le corps maîtrisé : anatomie et académie
Remmelin, Kilian, Catoptrum Microcosmicum
Bidloo—de Lairesse, Anatomia humani corporis
Écorchée
Anonyme, Nu féminin posant
Lefèvre, L’amour aiguisant ses traits
Claudet, L’enfant à la coquille
Anonyme, Sans titre [Femme à peau de félin]
Anonyme, If This Should Strike The Eye
Tress, East Hampton, June 1974
III L’érotisation du regard : dévoilement et exhibition
Nuvolone, Loth et ses filles
Van Blommendael, Phryné devant ses juges
Giordano, Le retour de Perséphone
Clodion, Faunesse et enfants
A. Clesinger, Bacchante couchée
H. Bertaux, Jeune fille au bain dite Sarah la Baigneuse
G. Schlosser, Le détournement d'avion
A. Belloc, Nu féminin
Docteur STRAZ, La beauté de la femme
M. Natkin – P. Boucher, Le Nu en photographie
IV La nudité, une fin en soi
V. Adami, Picasso et la femme néoclassique (hommage à Picasso)
J. De Lacretelle – J. Moral, Diversion n° 35. Sports nobles
A. Rodtchenko, Plage sur la Moskowa
F. Burgun, Bande pour voir…
III –
HISTOIRE DES ARTS
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INTRODUCTION
I Le corps représenté : idéal et dénuement
La représentation des divinités est souvent associée à la nudité, exprimant ainsi son lien avec la nature primitive. Durant l’Antiquité,
la nudité se matérialise dans des corps idéaux, la perfection du corps et de l’âme étant intimement liée. Le nu des héros guerriers et
des athlètes, aux proportions jugées parfaites, glorifie leur nature exceptionnelle, à l’égal des dieux.
A partir du IIIe siècle avant J.-C., un intérêt appuyé pour la représentation des petites gens systématise le dénuement, lié au déclassement et à l’exclusion. Cette valeur se perpétue en contexte chrétien, le pêché originel introduisant la frontière entre ignorance primitive et conscience coupable, dont la nudité devient la représentation. L’image du saint, du martyr ou du personnage biblique dénudé participe alors de cette notion de déclassement liée à son calvaire.
II Le corps maîtrisé : anatomie et académie
L’appropriation des corps passe aussi par l’expérimentation scientifique. Les recherches de Claude Galien, médecin grec vivant à
Rome au Ier siècle, ont été à la base du savoir au Moyen Âge, et ce malgré ses nombreuses incertitudes. La dissection individuelle
étant freinée par l’Eglise, il faut attendre 1543 et la rigoureuse publication du De Humani corporis fabrica de l’anatomiste flamand
Vésale pour que naisse l’Anatomie moderne. Les artistes ont pu s’emparer des recherches anatomiques et en mener eux-mêmes
dans le contexte humaniste de la Renaissance.
Du cadavre disséqué au modèle vivant, représenter le corps nu masculin devient alors l’exercice majeur de l’apprentissage artistique
au sein des académies : l’élève devait d’abord copier les sculptures antiques avant d’accéder à l’exercice majeur du dessin d’après
modèles vivants nus. La nudité est justifiée par la nécessité de réalisme des figures : le corps représenté doit paraître vraisemblable,
même dissimulé sous des vêtements. Cette approche du corps est restée longtemps une affaire d’hommes, le corps féminin étant
frappé d’interdit. Les modèles comme les élèves seront exclusivement de sexe masculin jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle,
époque à laquelle les femmes intègrent progressivement les écoles privées (1867) et les académies officielles (1897).
III L’érotisation du regard : dévoilement et exhibition
À partir de la Renaissance, petit à petit les artistes choisissent d’extirper la sensualité des corps féminins glabres ou sculpturaux. Par
son dévoilement qui, progressivement, n’a plus rien d’innocent, la peau se fait chair et suscite le désir. Les sujets bibliques, antiques
ou mythologiques qui sont prétextes à la nudité des figures, vont perdurer jusqu’au XIXe siècle. Toutefois, dès le XVIe siècle, les
poses lascives sont parfois sans équivoque, les effets de matière créent des sensations quasi tactiles, et le réel s’insinue dans les
coiffures, les costumes et les décors. En s’éloignant de l’idéalisation, le nu devient évocateur de plaisir.
Le XIXe siècle est l’époque des contradictions : alors qu’une veine « hygiéniste » sage, romantique et très inspirée des beautés idéalisées antiques, domine les expositions du Salon, d’autres artistes dit « réalistes » font régulièrement scandales en créant des images dénuées de toute superficialité, où la couleur de la carnation, l’indécence de la pose, la liberté du regard, l’apparition du poil, le
gonflement de la poitrine et surtout les portraits de personnalités identifiables par la société, font entrer le nu dans l’art moderne. La
nudité devient exhibition.Mises à nu et dévoilement
IV La nudité, une fin en soi
Le nu artistique est mis à mal par les avant-gardes du début du XXe siècle qui le déconstruisent ou le jugent sclérosant. Dans l’entredeux-guerres, la nudité s’affirme néanmoins avec force dans le champ de la propagande fasciste qui valorise le culte du corps et de
la nature. Ce retour en grâce de l’image du corps opère alors, après la Seconde Guerre mondiale, sa métamorphose la plus profonde : le Pop Art fait du corps nu un objet de consommation comme un autre, un spectacle qui ne vaut que par lui-même. La nudité
des corps se banalise dans les sociétés occidentales contemporaines, faisant disparaître l’audace des dévoilements artistiques. Le
rapport au désir est remis en question par des artistes qui considèrent désormais la nudité comme une fin en soi, sans complexes.
Naturisme, performances, danse débarrassent la nudité de ses oripeaux. Elle s’affirme ainsi « comblée et dépouillée d’ellemême » (Jean-Luc Nancy, Federico Ferrari, Nus sommes, la peau des images, 2010).
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INTRODUCTION
REGARD OBLIQUE
UN REGARD OBLIQUE
Robert Doisneau 1912-1994
1948
Plus que de valeurs et de honte il s’agit ici tout simplement, dans une mise en scène caricaturant le mariage bourgeois, le mari et sa
femme ne partageant évidemment pas les mêmes envies pour le décor de leur intérieur ; de l’usure du désir, de sa stimulation par
l’image d’un corps offert d’une jeune prostituée, campée dans une position suggestive avec au second plan une teinturerie où pendent des draps évoquant l’adultère, la prostitution.
Regard en coin, n’écoutant en rien le discours de sa femme sur le tableau vu de dos, Doisneau tout en nous renvoyant très finement
à l'œuvre du Titien, la Vénus d’Urbin, ainsi qu’à toute sa postérité picturale, dévoile et interroge au travers d’une simple œillade du
spectateur masculin, les valeurs historiques, civilisationnelles, sociales ou religieuses de la nudité et le désir qu’elle engendre. Seraitelle condamnée à être honteuse, cachée sous une multitude de vernis interprétatifs ?
Pistes de questionnement
Les valeurs de la nudité :
L’œuvre et le corps :
Le corps figuré/la représentation
Le corps dans l’espace et le temps
Rapport au réel, à l'imaginaire
La représentation :
Procédés : moyens techniques, médiums, matériaux et leurs incidences
Processus : cheminement de l’idée à la réalisation, mise en œuvre : choix, hasard, temps…
Codes : modèles, écart, ressemblance
Emprunt/copie/citation
Construire une narration à partir d’une image ou plusieurs images
Intentions et visées artistiques du créateur : mise en scène, mise en abyme, implication du spectateur, choix plastiques esthétiques
(Composition, cadrage, angle de vue, fond, forme...)
Prise en compte des points de vue du spectateur, de l’auteur, de l’acteur
Exploitation de la dimension temporelle dans une production
Perception et interprétation sensorielle, culturelle : la rhétorique et les sous-entendus d'une image : allégorie, métaphore...
L’œuvre et l’image :
Fonction et statut des œuvres et des images : condition sociale et politique
Œuvre comme image et l’image comme œuvre : composantes plastiques et techniques
Présentation :
Dispositifs de présentation : élaboration matérielle, condition de modalités de monstration
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LE CORPS REPRESENTE : IDEAL ET DENUEMENT
La représentation des divinités est souvent associée à la nudité, exprimant ainsi son lien avec la nature primitive. Durant l’Antiquité,
la nudité se matérialise dans des corps idéaux, la perfection du corps et de l’âme étant intimement liée. Le nu des héros guerriers et
des athlètes, aux proportions jugées parfaites, glorifie leur nature exceptionnelle, à l’égal des dieux.
A partir du IIIe siècle avant J.-C., un intérêt appuyé pour la représentation des petites gens systématise le dénuement, lié au déclassement et à l’exclusion. Cette valeur se perpétue en contexte chrétien, le pêché originel introduisant la frontière entre ignorance primitive et conscience coupable, dont la nudité devient la représentation. L’image du saint, du martyr ou du personnage biblique dénudé participe alors de cette notion de déclassement liée à son calvaire.
Statuette représentant
Jupiter
Epoque gallo-romaine
Givry (71), Alliage cuivreux
Stèle masculine ithyphallique
Vers 450 av. J.-C.
Mont-Saint-Vincent ou environs (71)
Grès
Les rares représentations humaines sculptées des Celtes de
la Gaule préromaine montrent souvent des hommes nus et
armés, les bras repliés sur la poitrine à la manière d’un mort.
Ce geste pourrait permettre d’identifier ces œuvres comme
les images des défunts érigées sur leur tombe. La nudité des
guerriers celtes qui a tant marqué les Romains a un sens
d’exposition du corps à la mort, le guerrier s’offrant corps et
âme aux dieux et à sa patrie. Cette volonté d’héroïsation est
ici complétée par un sexe en érection gravé dont la signification n’est pas claire : faut-il y voir un symbole apotropaïque
(« qui éloigne le mal ») ou bien un signe d’agressivité qui
traduirait une puissance génératrice ?
La nudité masculine était pour les Grecs un véritable costume destiné à montrer le caractère exceptionnel du personnage représenté, qu’il soit un dieu comme c’est le cas
ici, ou un héros que les honneurs rendus à sa mort placent à l’égal des dieux. Ce « corps glorieux » l’est d’autant
plus qu’il est construit selon des proportions harmonieuses, savamment étudiées. Ainsi la massivité musculaire
subtilement géométrique de cette statuette est inspirée de
la codification établie au milieu du Ve siècle av. J.-C. par
le sculpteur Polyclète, qui consiste à équilibrer les masses
pour donner l’impression d’un corps stable et puissant,
reflet des valeurs morales de l’individu.
Statuette représentant Mercure
Epoque gallo-romaine
Nîmes (30), Alliage cuivreux
Le hanchement prononcé, la sinuosité de la pose marquant un « S » de la tête
aux pieds, ainsi que la musculature estompée, sont symptomatiques des recherches sur la sensualité des corps au milieu du IVe siècle av. J.-C., destinées à humaniser les dieux et les créatures mythologiques. Le sculpteur athénien Praxitèle est à l’origine de cette tendance qui a connu un franc succès à
l’époque romaine, et qui influencera des nombreux sculpteurs de la Renaissance italienne comme Donatello.
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LE CORPS REPRESENTE : IDEAL ET DENUEMENT
Gladiateur mourant
Pierre JULIEN (1731-1804)
1778
Plâtre
Cette œuvre, dont le musée du Louvre possède la version postérieure en marbre,
a ouvert au sculpteur Pierre Julien les portes de l’Académie royale de peinture et
de sculpture. Elle illustre à merveille le genre néoclassique qui s’est imposé en
France dans les années 1770 : outre les armes et le drapé qui font référence à
une Antiquité érudite mais fantasmée, le personnage est « vêtu » de la nudité héroïque héritée de la pensée antique. La discrétion de sa plaie mortelle, la retenue
de l’expression et l’équilibre de la composition sont autant d’éléments qui illustrent
le sentiment classique de la sérénité héroïque dans la mort.
Pistes de questionnement
le corps idéalisé
L’œuvre et le corps :
Le corps sculpté, figuré, idéalisé, magnifié
Corps modèle : appréhender les relations entre l’œuvre et son référent
Le corps dans l’espace et le temps.
La représentation :
Procédés : moyens techniques, médiums, matériaux et leurs incidences : qualités physiques et formelles, plein/ vide, proportions,
matières, fini, non-fini
La notion d’œuvre : processus et analyse de l'œuvre, cheminement de l’idée à la réalisation, la situer dans son environnement et
dans le temps
Codes : modèles, écart, ressemblance
Compréhension, prise en compte des différents points de vue: spectateur, auteur, époque...
Intentions et visées artistiques du créateur : choix plastiques et esthétiques
La rhétorique de l'œuvre: allégorie, métaphore…
Présentation :
Dispositifs de présentation : élaboration matérielle et condition de modalités de monstration, mise en scène
Fonction et statut des œuvres: condition sociale et politique
Perception et interprétation : sensorielle/ culturelle
L’œuvre et le lieu :
Interaction entre l’œuvre tridimensionnelle et l’espace qu’elle occupe, charge symbolique, spirituelle, sociale…
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LE CORPS REPRESENTE : IDEAL ET DENUEMENT
Lécythe à figures noires,
figurant un cavalier entouré
de deux hoplites nus
Fin VIe – début Ve siècle av. J.-C.
Attique (Grèce), Terre cuite
Dans la Grèce antique, le sport était une préparation à la guerre : les exercices
athlétiques (lutte, pugilat, course de vitesse et course de fond, lancer de poids,
lancer de javelot et saut en longueur) étaient enseignés très tôt et de manière
obligatoire à tous les garçons citoyens, dont la vocation au sein de l’Athènes
démocratique comme dans la Sparte monarchique, était de défendre la cité.
Outre la discipline, l’endurance et la force, les exercices physiques étaient aussi un moyen de se forger un corps musclé et harmonieux, considéré comme le
miroir des valeurs citoyennes. Ce vase montre, de part et d’autre un cavalier,
deux hoplites (nom donné aux fantassins grecs) casqués mais entièrement
nus. Si la nudité n’était pas de rigueur sur le champ de bataille, elle est ici le
témoignage d’une pratique sportive éprouvante : la course en armes, dite hoplitodromie. Armé du casque, du bouclier, de la lance et des jambières en métal,
l’athlète-soldat devait ainsi parcourir deux longueurs de stade (environ 400 mètres). Cette discipline illustre parfaitement l’alliance étroite du sport, de la guerre
et de la nudité, tous les exercices athlétiques grecs s’effectuant complètement
nus et en extérieur (le mot gymnastique vient du Grec gymnos signifiant
« nu »).
Pistes de questionnement
L’œuvre et le corps :
Le corps figuré : éloge physique du corps, corps idéalisé, magnifié
Corps modèle : les relations entre l’œuvre et son référent, codification, écart, ressemblance, choix plastiques esthétiques
La notion d’œuvre et d'objet d'art:
Caractéristiques techniques et importance de l'aspect décoratif : qualités physiques et formelles, plein/ vide, proportions, fini, nonfini
Analyse de l'œuvre, cheminement de l’idée à la réalisation, la situer dans son environnement et dans le temps
Compréhension, prise en compte des différents points de vue: spectateur, auteur, époque...
Fonction et statut de l'objet d'art
Perception et interprétation : sensorielle/ culturelle
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LE CORPS REPRESENTE : IDEAL ET DENUEMENT
Atelier de Luca GIORDANO (1634-1705)
XVIIe siècle
Huiles sur toile
La mort de Caton
La mort de Sénèque
Caton le Jeune, homme politique romain austère qui s’était opposé à la dictature de Jules César, se suicida à Utique (actuelle
Tunisie) pour ne pas avoir à se soumettre à ce dernier. Sénèque le Jeune, philosophe romain et précepteur de l’empereur Néron, fut compromis dans l’assassinat d’Agrippine la Jeune, mère de Néron, puis dans le complot contre l’empereur lui-même.
Condamné à mort, il s’ouvrit les veines dans un bain d’eau chaude.
Le point commun des deux hommes est leur adhésion à la pensée stoïcienne, qui refuse les passions (dont la crainte de la
mort fait partie) et le renoncement. Les peintures mettent alors en avant leur impassibilité dans la douleur, leur force d’âme
dans l’adversité et leur dignité face à la mort. Leur corps dénudés, vieillissants mais toujours puissants, qui surgissent de la
pénombre grâce à une lumière blafarde, symbolisent l’abandon des désirs et des « maladies de l’âme », l’appréhension des
choses par leur essence et non par l’importance ou par l’interprétation qu’on leur donne, et sont des reflets de leur âme vêtue
de la seule Raison.
Samson chez les Philistins
Adolphe DÉCHENAUD (1868-1929)
Huile sur toile
Vingt-deux ans après son tableau Samson et Dalila aujourd’hui conservé au
musée des Ursulines de Mâcon, le peintre s’est penché de nouveau sur le
personnage de Samson en choisissant cette fois de montrer les conséquences de la trahison de Dalila. Les cheveux coupés, donc privé de sa force surhumaine, et les yeux crevés, Samson est réduit à l’esclavage par les Philistins
qui l’attachent à la meule de sa prison et l’obligent à la tourner. L’« Hercule
hébreu » est ici présenté comme un homme mûr à la forte musculature seulement vêtu d’un pagne en haillons, ferré à la taille et aux chevilles, et cinglé
aux épaules par des lanières de cuir qui lui tranchent la peau. Malgré les railleries du peuple, il trouve la force de s’atteler à sa tâche en gardant la foi :
une lumière divine éclaire de plein fouet son torse vigoureux comme pour
souligner la marque de son calvaire.
Pistes de questionnement
Le dénuement marqueur d'un déclassement, d'une exclusion
L’œuvre et le corps :
Le corps figuré / la représentation
Le corps dans l’espace et le temps
Le corps symbolique, allégorie, métaphore, modèles, écart, ressemblance
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LE CORPS REPRESENTE : IDEAL ET DENUEMENT
L’œuvre et l’image :
Intentions et visées artistiques du créateur : choix plastiques, esthétiques, importance des qualités physiques et formelles de l'œuvre : plein, vide, proportions, lumière, matières, couleurs, composition, cadrage, angle de vue, quelles incidences?
Un rapport complexe avec la réalité, la narration en image: mise en scène, citation, appréhension des relations entre l’image et son
référent.
Fonction et statut des œuvres et des images : condition sociale et politique
Perception et interprétation : sensorielle/ culturelle
Ospizio. Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
[Hospices. La mort viendra et elle aura tes yeux]
Mario GIACOMELLI (1925-2000)
1955-1963
Tirages sur papier au gélatino-bromure d’argent
Mario Giacomelli a immortalisé les habitants de son petit village natal, Senigallia, jusque dans la maison de retraite où travaille sa mère. Pendant
plusieurs années, il rendra compte sans concessions de ses vieux pensionnaires, dont la fréquente nudité souligne moins leur folie que la fragilité
humaine, amenant à une réflexion sur le temps et le déclassement.
(Le titre de cette œuvre reprend celui d'un recueil posthume de poèmes de
Cesare Pavese publié en 1951. Ils abordent le sujet de la solitude devant la
mort suite à l’abandon par l’être aimé.)
Croix processionnelle
XIIe siècle
Église de San Remigio, Corzòneso (Suisse)
Cuivre doré et ciselé orné de treize cabochons
en cristal de roche
Croix processionnelle
XIVe siècle
Provenance inconnue (coll. Henri Soret)
Bronze doré, ciselé et émaillé
La nudité du Christ est toujours relative à sa vie terrestre : lors du baptême, de la Passion et de la Crucifixion. Elle affirme ainsi la
pleine humanité du Fils de Dieu au moment de l’Incarnation. Le pagne qui le recouvre généralement dans les représentations de la
crucifixion est néanmoins un fait historique : si les suppliciés étaient mis à nus à Rome, il ne pouvait en être autant à Jérusalem où
la vue des organes génitaux était frappée d’interdit. Ces deux croix processionnelles témoignent, l’une plus schématiquement que
l’autre, de la vision du corps du Christ, et par là-même des saints martyrs, qui était en vigueur jusqu’à la fin du XIVe siècle : celle
d’un corps maigre, fragilisé et abîmé, témoignage du déclassement subit par le calvaire. L’image du corps nu du Christ lors de cet
épisode majeur de sa vie est également un symbole de rachat du pêché originel, un rappel de la nudité non coupable.
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LE CORPS REPRESENTE : IDEAL ET DENUEMENT
Pistes de questionnement
Corps fragilisé, abimé et témoin d’un déclassement social, corps symbolique
Représentation :
Statut du corps, le corps figuré : corps modèle, codification symbolique : écart, ressemblance, choix plastiques esthétiques
Transformer le corps pour développer sa dimension symbolique
La notion d’œuvre et d'objet d'art :
Fonction et statut de l'objet d'art, aspect symbolique, religieux
Rhétorique de l’œuvre: allégorie, métaphore, étude des intentions visées dans une production
La mise en scène, analyse de l'œuvre, cheminement de l’idée à la réalisation, jouer avec l’interprétation du spectateur, prise en
compte des différents points de vue spirituels, sociaux, temporels
Caractéristiques techniques et importance de l'aspect décoratif : matérialité, analyse formelles, plein/ vide, proportions, fini, non-fini
Perception et interprétation : sensorielle/ culturelle
Présentation :
Dispositifs de présentation : élaboration matérielle et conditions de modalités de monstration
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LE CORPS MAITRISE : ANATOMIE ET ACADEMIE
L’appropriation des corps passe aussi par l’expérimentation scientifique. Les recherches de Claude Galien, médecin grec vivant à
Rome au Ier siècle, ont été à la base du savoir au Moyen Âge, et ce malgré ses nombreuses incertitudes. La dissection individuelle
étant freinée par l’Eglise, il faut attendre 1543 et la rigoureuse publication du De Humani corporis fabrica de l’anatomiste flamand
Vésale pour que naisse l’Anatomie moderne. Les artistes ont pu s’emparer des recherches anatomiques et en mener eux-mêmes
dans le contexte humaniste de la Renaissance.
Du cadavre disséqué au modèle vivant, représenter le corps nu masculin devient alors l’exercice majeur de l’apprentissage artistique au sein des académies : l’élève devait d’abord copier les sculptures antiques avant d’accéder à l’exercice majeur du dessin
d’après modèles vivants nus. La nudité est justifiée par la nécessité de réalisme des figures : le corps représenté doit paraître vraisemblable, même dissimulé sous des vêtements. Cette approche du corps est restée longtemps une affaire d’hommes, le corps
féminin étant frappé d’interdit. Les modèles comme les élèves seront exclusivement de sexe masculin jusqu’à la deuxième moitié
du XIXe siècle, époque à laquelle les femmes intègrent progressivement les écoles privées (1867) et les académies officielles
(1897).
Catoptrum Microcosmicum
Johann REMMELIN (1583-1632) - textes
Lucas KILIAN (1579-1637) - gravures
Francfort-sur-le-Main, ed. Héritiers d’A. Hummen, 1660 [réédition de 1619]
Bibliothèque municipale de Chalon-sur-Saône
L’originalité du physicien allemand Remmelin est d’avoir
conçu un traité d’anatomie en forme de livre à volets, permettant de partager avec le lecteur l’expérience du médecin
anatomiste : tout comme ce dernier découvre le corps humain en retirant successivement chair et organes, le lecteur
peut ainsi débarrasser le corps de ses oripeaux organiques
en ouvrant jusqu’à quinze volets superposés. Cette approche didactique assura à l’ouvrage une grande renommée
qui lui valut d’être traduit en plusieurs langues, mais son
grand format, la fragilité de sa conception et son prix très
élevé l’ont empêché de devenir un outil de référence à des
fins d’apprentissage.
Anatomia humani corporis
Godefroid BIDLOO (1649-1713) - textes
Gérard de LAIRESSE(1640-1711) - gravures
Amsterdam, ed. J. de Someren, 1685
Bibliothèque municipale de Chalon-sur-Saône
Ce traité d’anatomie est considéré comme « un sommet de
la collaboration entre artiste et anatomiste » (Morwena Joly,
La Leçon d’anatomie, 2008). Pour la première fois est aboli
le traditionnel décor qui servait de toile de fond à l’écorché
(e) : ce mode de représentation avait été introduit par Jan
Stephan Van Calcar, l’élève de Titien qui avait réalisé les
planches du traité de Vésale. Il s’agissait d’une véritable
mise en scène censée apaiser l’horreur des corps en lambeaux en leur confiant une narration. Le peintre de Lairesse
a préféré un univers dépouillé et réaliste : quelques drapés,
des cordes, des épingles, des aiguilles, voire même des
mouches. Se voulant une évocation sans concessions du
cadavre, les dessins au cadrage serré n’échappent pourtant
pas à la mise en scène, notamment grâce à l’usage du lavis
qui rend subtilement les textures et donne à voir concrètement la chair. Le succès public et non plus seulement
scientifique de ces planches à la fin du XVIIe siècle a imposé la nécessité d’une collaboration rapprochée entre l’anatomiste et l’artiste, ce dernier participant désormais de la
réussite éditoriale de l’ouvrage.
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LE CORPS MAITRISE : ANATOMIE ET ACADEMIE
Ecorchée
Résine
Auxerre, Muséum d’Auxerre
L’ouverture des corps féminins a été pratiquée dès la fin du XIIIe siècle en Italie pour
tenter d’identifier les éventuelles caractéristiques physiques relatives aux saintes. Très
vite, l’envie de comprendre les mécanismes de la reproduction et de la génération a
suscité une attention particulière des hommes, pour qui le corps féminin exerçait une
sorte de fascination puisque les mentalités religieuses les empêchaient de l’observer
directement. Le rôle du corps féminin dans les études anatomiques n’est donc pas négligeable. L’utérus est d’ailleurs le premier organe interne humain à être représenté sur
la couverture d’un ouvrage de médecine italien (le Fascicolo di medicina de Johann von
Ketham, 1494).
Pistes de questionnement
Représentation scientifique du corps : l’étude anatomique, évolution de la représentation du corps dans le temps ; une histoire
de mœurs.
Corps masculin/féminin : stéréotypie, interdits et fantasmes
Un rapport complexe avec la réalité :
Appréhension des relations entre la représentation du corps et son référent réel
Prise en compte des points de vue sociaux, culturels et religieux d’une époque en tenant compte des préjugés et interdits qu’elle
propage
Codes : modèles, écart, ressemblance : l’importance de la mise en scène, dispositifs de présentation
La notion d’œuvre : confrontations plastiques, interpénétration des arts, des sciences
Fonction et statut des créations : étude des intentions visées dans une production : aspect artistique, scientifique, choix plastiques,
esthétiques, leurs incidences
Perception et interprétation : sensorielle/ culturelle
La relation texte/ création/réalité
Rhétorique des œuvres : allégorie, métaphore, sous-entendus, non-dits
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LE CORPS MAITRISE : ANATOMIE ET ACADEMIE
Nu féminin posant
Anonyme (Berthe WHITTALL?)
Vers 1930
Tirage sur papier au gélatino-bromure d’argent
Si la femme pose nue dans les ateliers privés d’artistes depuis bien longtemps, sa reconnaissance officielle comme modèle professionnelle à l’Ecole
des Beaux-arts de Paris n’aura pas lieu avant les années 1880, de façon
concomitante avec l’admission des étudiantes. Avant cette époque, les
artistes féminines n’avaient accès au dessin d’après modèle vivant qu’en
posant les unes pour les autres, la nudité masculine leur étant interdite.
L’amour aiguisant ses traits
Robert LEFÈVRE (1755-1830)
1801
Huile sur toile
Varzy, musée Auguste Grasset
Si le peintre s’est surtout rendu célèbre pour ses qualités de portraitiste (il a
connu une brillante carrière au service de la famille impériale Bonaparte
puis de la cour du roi Louis XVIII), il a aussi réalisé quelques tableaux d’histoire et des scènes mythologiques. Cette œuvre en fait partie : la narration
n’est toutefois qu’un prétexte, l’objectif étant davantage de montrer une
belle étude de nu probablement réalisée d’après modèle vivant. On observe
une nette idéalisation classique du corps : formé chez le peintre néoclassique Jean-Baptiste Regnault, professeur à l’Ecole des Beaux-arts de Paris,
Robert Lefèvre témoigne lui aussi de la tendance à la sublimation des traits
corporels qui est caractéristique de l’enseignement académique officiel.
L’enfant à la coquille
Max CLAUDET (1840-1893)
1801
Plâtre
En opposition au tableau de Lefèvre, cette sculpture témoigne du courant plus réaliste
qui caractérise l’apprentissage dans la seconde moitié du XIXe siècle. Max Claudet ne
garde de sa formation chez le sculpteur jurassien à tendance néoclassique JeanJoseph Perraud que l’attrait de la nudité héroïque et l’inspiration érudite. Cet Enfant
reprend ainsi la composition du marbre antique de la collection Borghèse conservée
au musée du Louvre La Nymphe à la coquille. Le traitement du corps y est toutefois
bien différent : aux chairs fermes et pleines de l’art gréco-romain, Claudet a préféré le
réalisme d’un corps frêle et innocent d’un enfant de huit ans, probablement un garçonnet de sa famille. Les traits du visage très individualisés ne laissent aucun doute
sur la qualité de portrait de cette œuvre, véritable académie d’après modèle vivant.
Cette composition s’inscrit dans la lignée des innovations de François Rude qui, dès
1833, a proposé des marbres grandeur nature d’enfants nus, insouciants et souriants.
Il est d’ailleurs significatif de noter que la référence à l’antique de cet Enfant à la coquille a été complètement effacée lors du passage au marbre de cet original en plâtre : la sculpture conservée au musée de Beaux-arts de Lons-le-Saunier, datée de
1872, propose un oiseau à la place du coquillage.
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LE CORPS MAITRISE : ANATOMIE ET ACADEMIE
Pistes de questionnement
La représentation du corps : une affaire de mœurs.
Le corps comme modèle, appréhender les relations entre le corps représenté et son référent : référent réel, imaginaire...
Corps masculin/féminin : stéréotypie, interdits et fantasmes
Des Codes: modèles, écart, ressemblance, emprunt/copie/citation
Visées artistiques du créateur : cheminement de l’idée à la réalisation, mise en œuvre, mise en scène, choix plastiques, esthétiques, leurs incidences
Symbolique du corps représenté: allégorie, métaphore...
Fonction et statut du corps représenté : prise en compte des points de vue du spectateur, de l’auteur, de l’acteur, particularités
sociales, culturelles et religieuses d’une époque: préjugés et interdits...
Sans titre [Femme à peau de félin]
Anonyme
1er quart du XXe siècle
Tirage sur papier au gélatino-bromure d’argent
La photographie de nu est une pratique presque aussi ancienne
que l’invention du procédé : dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la démocratisation progressive de l’usage de la photographie
en fait un médium très apprécié pour l’étude du modèle vivant,
dont les poses sont ainsi éternellement figées, mais aussi pour la
diffusion facile des images érotiques. Cette photographie à la lumière très travaillée, réalisée en studio à la manière d’une académie, s’inspire de l’Antiquité classique pour mieux la travestir. Elle
s’insère dans une série de compositions à la mode à la fin du XIXe
siècle et au début du siècle suivant, qui mettent en scène des
modèles nus affublés d’accessoires évoquant l’exotisme des colonies, qui ne sont en réalité qu’un prétexte à l’exacerbation de la
sensualité. L’oripeau devient l’instigateur de la photographie érotique.
If This Should Strike The Eye
[Si cela devait attirer l’attention]
Anonyme
Diffuseur : agence CHUSSEAU-FLAVIEN
1900-1925
Tirage sur papier au gélatino-bromure d’argent
Le modèle, Victor McLaglen, était un célèbre boxeur anglais et vétéran de la
Première Guerre mondiale qui devint une vedette du cinéma américain, grâce
à sa physionomie massive. Les hommes musclés ont très tôt servi les desseins
des artistes (on pense à Eugène Delacroix qui peignait selon les modèles photographiés par Eugène Durieu), mais la présence du sous-vêtement en fourrure sur cette image renvoie aux mises en scènes apparues au tournant du
XXe siècle, qui voulaient se démarquer des nus froids et académiques en mettant davantage en valeur le potentiel de sensualité du corps.
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LE CORPS MAITRISE : ANATOMIE ET ACADEMIE
East Hampton, June 1974
Arthur TRESS (1940 -)
1974
Tirage sur papier en gélatino-bromure
d’argent
Les œuvres d’Arthur Tress sont teintées d’un surréalisme troublant, qu’il s’agisse de la
mise en scène de cauchemars d’enfants ou, comme ici, du rapport de la nudité masculine à son environnement. Le contraste est violent entre les muscles très développés du modèle et son absence de sexe, qui le font devenir hermaphrodite. Son hiératisme placé bien dans l’axe de l’allée du jardin, et sa nudité confrontée avec les statues modernes de Vénus et de Mercure en arrière-plan, le transforment en nouvelle
statue décorative en chair et en os. L’impression de solitude qui s’en dégage, récurrente dans les œuvres du photographe, évoque certes un certain onirisme, mais questionne surtout le fond du sujet représenté : ici, en plein contexte de libération homosexuelle aux Etats-Unis, c’est la question de l’identité masculine qui est soulignée à
travers la « sexualisation » de la nudité.
Pistes de questionnement
la photographie de nu
Présentation / Représentation
Le corps photographié :
Le procédé photographique : invention, moyens techniques, qu’elles incidences ?
La mise en scène : entre réalité et fiction
figure/espace : l’importance du contexte, du décor, du détail vestimentaire.
Importance des qualités physiques et formelles : plein, vide, proportions, lumière, matières, couleurs.
Processus : intentions et visées artistiques du créateur : choix plastiques esthétiques
Perception et interprétation : sensorielle/ culturelle
L’œuvre et le corps :
Le corps figuré/la représentation
Le corps dans l’espace et le temps : corps modèle, sensuel, érotisé, onirique…
Les relations entre le corps représenté et son référent : absence, prégnance, l’histoire, la mythologie, les fantasmes comme référent
Codes : modèles, écart, ressemblance, emprunt/copie/citation
Corps sexué, asexué, masculin/féminin ?
La notion d’œuvre :
Fonction et statut des œuvres et des images : critères physiques, esthétiques, sociaux, politiques, historique…
Rhétorique des images : langage métaphorique, confrontations plastiques, interpénétration des genres, des arts, des lieux, des
époques, jeux de mise en abîme
Interprétation des images dans leur environnement : analyse des points de vue du spectateur, de l’auteur, de l’acteur, de la société
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L’EROTISATION DU REGARD
DEVOILEMENT ET EXHIBITION
À partir de la Renaissance, petit à petit les artistes choisissent d’extirper la sensualité des corps féminins glabres ou sculpturaux.
Par son dévoilement qui, progressivement, n’a plus rien d’innocent, la peau se fait chair et suscite le désir. Les sujets bibliques,
antiques ou mythologiques qui sont prétextes à la nudité des figures, vont perdurer jusqu’au XIXe siècle. Toutefois, dès le XVIe
siècle, les poses lascives sont parfois sans équivoque, les effets de matière créent des sensations quasi tactiles, et le réel s’insinue dans les coiffures, les costumes et les décors. En s’éloignant de l’idéalisation, le nu devient évocateur de plaisir.
Le XIXe siècle est l’époque des contradictions : alors qu’une veine « hygiéniste » sage, romantique et très inspirée des beautés
idéalisées antiques, domine les expositions du Salon, d’autres artistes dit « réalistes » font régulièrement scandales en créant des
images dénuées de toute superficialité, où la couleur de la carnation, l’indécence de la pose, la liberté du regard, l’apparition du
poil, le gonflement de la poitrine et surtout les portraits de personnalités identifiables par la société, font entrer le nu dans l’art moderne. La nudité devient exhibition.
Loth et ses filles
Suite de Giuseppe Nuvolone (1619-1703)
XVIIe siècle
Huile sur toile
L’épisode biblique de la séduction du vieux Loth enivré par ses deux filles
est un prétexte à l’exhibition du désir et de la sensualité féminine depuis la
Renaissance. La sœur aînée, celle qui a incité sa jeune sœur à user de ses
charmes sur son père afin de procréer, est mise en valeur en occupant tout
le côté du tableau de son torse nu qui capte la lumière. Le regard du vieillard aviné se perd dans les draperies de sa première fille, tandis que sa
main gauche descend le long du dos de sa seconde, lascive, dont la tunique détachée s’apprête à dévoiler la poitrine. C’est donc une débauche de
chairs roses et voluptueuses que le peintre offre au spectateur, mais en se
gardant bien de l’amoralité : en arrière-plan à droite, la ville de Sodome d’où
se sont échappés les trois personnages est en flammes, en proie à son
châtiment divin.
Phryné devant ses juges
Reyer Jacobsz Van BLOMMENDAEL ( ?-1675)
XVIIe siècle
Huile sur toile
Phryné était une célèbre courtisane grecque dont les charmes exceptionnels avaient été immortalisés dans le marbre par son amant le sculpteur
Praxitèle (IVe siècle av. J.-C.), sous les traits de l’Aphrodite de Cnide. Accusée d’impiété religieuse, elle fût conduite à l’Héliée, le tribunal populaire
d’Athènes, mais remporta la faveur du jury lorsqu’ Hypéride, son avocat et
amant, lui déchira sa tunique et dévoila sa poitrine. C’est ce moment, dépeint comme une scène de genre que les artistes hollandais affectionnent,
que Van Blommendael montre ici. Hypéride porte le doigt sur le téton de sa
maîtresse, qui elle-même désigne son juge pour avoir son approbation,
tandis que ce dernier lève la main au ciel pour témoigner de la vision divine
qu’il est en train d’avoir. Les regards envieux et rêveurs des hommes de
l’arrière-plan traduisent bien la puissance érotique de cette scène.
18
L’EROTISATION DU REGARD
DEVOILEMENT ET EXHIBITION
Le retour de Perséphone
Luca GIORDANO (1632-1705)
1660-1665
Huile sur toile
Perséphone, allégorie du retour du Printemps, devenu elle même source nourricière, s'offre en position centrale dans le tableau, dévêtue de son manteau
blanc de l’hiver, exécutant un geste d’offrande maternel. Jouant le rôle principal,
tous les regards convergent vers elle. La différence de traitement des chairs des
personnages souligne l’opposition entre le monde souterrain en bas et le monde
terrestre de la partie supérieure. Perséphone
Faunesse et enfants
Claude MICHEL dit CLODION (1738-1814)
XVIIIe siècle
Terre cuite
Au XVIIIe siècle, le nu est produit en faveur de l’excitation des sens. La légèreté
et les plaisirs galants s’invitent dans les peintures de Watteau, Boucher et Fragonard, parfois jusqu’à la frénésie sexuelle. La sculpture aussi s’éprend du
genre « libertin » : la suite de créatures lubriques de Bacchus devient un sujet
majeur pour les artistes souhaitant exprimer la jouissance, la liberté et le refus
de la culpabilité, comme un exutoire après les soixante-douze ans du règne austère de Louis XIV. Clodion se fait alors remarquer pour ses statuettes en terre
cuite délicates, sensuelles et pleines de fantaisie. Ici, l’androgynie du corps à
peine nubile de la faunesse est une véritable provocation, une invitation aux
plaisirs que viennent illustrer les jeux et le délassement du petit satyre et du
Bacchus avinés.
Bacchante couchée
Auguste CLESINGER (1814-1883)
Vers 1848
Plâtre
Musée des beaux-arts de Dole
Cette œuvre est une variante du marbre Femme piquée par un
serpent présenté au Salon de 1847, conservé aujourd’hui au musée d’Orsay, qui avait fait un énorme scandale tant sur le plan
moral que technique. Le corps convulsé par ce qui paraît davantage être un orgasme qu’une vive douleur, il s’agit d’une réinvention du mythe de la mort de la Cléopâtre traitée selon le nouveau
questionnement des artistes du XIXe siècle : comment combiner
l’idéal de proportions et de beauté du nu antique avec la sincérité
de l’anatomie imparfaite des modèles vivants ? Clesinger aurait
alors moulé le corps d’une célèbre mondaine, Apollonie Sabatier,
pour exécuter son chef-d’œuvre. Critiqué pour cette utilisation du
moulage sur nature qui enlèverait toute idée de créativité à l’artiste, Clesinger avait décidé de réaliser cette Bacchante couchée
pour prouver son talent : il reçut en récompense le titre de Chevalier de la Légion d’honneur. Le traitement réaliste des chairs généreuses et la pose sans équivoque offerte au spectateur ont fait de
cette œuvre une véritable icône du nu féminin.
19
L’EROTISATION DU REGARD
DEVOILEMENT ET EXHIBITION
Jeune fille au bain dite Sarah la Baigneuse
Hélène BERTAUX (1825-1909)
1873-1876
Terre cuite
Les cartouches gravés sur le socle, devant et derrière le personnage, insistent
sur le caractère érotique de l’œuvre : la jeune fille se tord gracieusement pour
regarder la mouche qui s’est posée sur son dos, à la fois amusée et enchantée
par le plaisir d’une caresse.
Le détournement d'avion
Gérard SCHLOSSER (1931-) 1970
Acrylique sur toile
Musée des Beaux-arts de Dole
Gérard Schlosser, dès ses premières toiles, fait le choix de la figuration. Représentation de fragments de corps. C’est en 1970 qu’il a recours à la photographie.
Il systématise par la suite ce procédé comme d’autres artistes français associés à
l'hyperréalisme ou à la Figuration narrative.
au-delà des multiples inflexions qui ont marqué son œuvre, une constante essentielle innerve sa démarche : la place de l’individu dans son environnement intime
et social, et par delà, le questionnement critique du quotidien ses créations jouent
sur une dialectique sur présence/absence.
L’art de Schlosser, mêlant ici texte et image, exprime beaucoup plus qu’il ne montre en apparence.
Nu féminin
Auguste BELLOC (1800 ou 1815 - 1867)
Tirage par Jean-Claude MOUGIN (1943 - )
Années 1850-1860
Cyanotype
Professeur et membre fondateur de la Société Française de Photographie en
1854, Auguste Belloc s’est rendu célèbre pour ses nombreux nus féminins,
ouvertement érotiques. Véritable pionnier en la matière, contribuant ainsi à
faire de la photographie un médium important dans la diffusion des images
de plaisir, il a joué un rôle essentiel dans l’histoire de l’art photographique. On
le désigne souvent comme l’influence la plus marquante de Gustave Courbet,
notamment pour sa célèbre toile de 1866 L’Origine du monde qui serait directement inspirée des clichés d’entrejambes féminins offerts à la vue réalisés
par Belloc vers 1861.
20
L’EROTISATION DU REGARD
DEVOILEMENT ET EXHIBITION
La beauté de la femme
Docteur STRAZ
Paris, éd. Gaultier, Magnier et Cie, 1902
Le propos médical de ce livre de médecine est un prétexte à l’exhibition de la
nudité féminine : ainsi cette page, censée illustrer l’étude d’un orteil, montre
l’ensemble du modèle.
Le Nu en photographie
Marcel NATKIN – auteur
Pierre BOUCHER (1908 - 2000) - photographe
Paris, ed. Tiranty, 1945 [surimpression de 1937]
En tant que première compilation de photographies de nu, cet ouvrage revêt
une importance singulière dans l’histoire de l’art. Pierre Boucher, l’un des quatre
photographes représentés, a fortement contribué à faire entrer la photographie
dans la modernité grâce à ses innovations en termes de techniques mécaniques
de tirage. Expérimentant dès 1831 dans le style de la Nouvelle Objectivité en
fragmentant les corps et en multipliant les angles de vue inédits, on lui doit ensuite, sous l’influence de Man Ray, des nus surréalistes réalisés grâce à la solarisation, la surimpression et le photomontage. Dans un troisième temps, il s’est
adonné au nu néo-classique pour évoquer l’harmonie et la beauté du corps à
l’antique, reflétant le contexte de libération des corps en osmose avec la nature
en vigueur dans les années 30.
Pistes de questionnement
Comment combiner l’idéal de proportions et de beauté du nu antique avec la sincérité de l’anatomie imparfaite des modèles
vivants ?
L’œuvre et le corps :
Le corps figuré, Présentation / Représentation
Traitement de la représentation du corps: corps réaliste, idéalisé
La mise en scène du corps: corps érotisé, exhibé, expression de la jouissance, de la liberté, du refus de culpabilité
Corps masculin/féminin
Relations entre l’œuvre et son modèle : absence, prégnance, l’image comme référent
Procédés : moyens techniques, médiums, matériaux, importance des qualités physiques et formelles, leurs incidences
Codes : modèles, écart, ressemblance, emprunt/copie/citation
Le rapport texte/image : l’image dévoile
Intentions et visées artistiques du créateur, prise en compte des points de vue du spectateur, de l’auteur, de l’acteur
Exploiter la rhétorique des images: allégorie, métaphore, sous-entendu ...
Fonction et statut des œuvres et des images : évolution stylistique, sociale
Perception et interprétation : sensorielle/ culturelle
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LA NUDITE, UNE FIN EN SOI
Le nu artistique est mis à mal par les avant-gardes du début du XXe siècle qui le déconstruisent ou le jugent sclérosant. Dans l’entredeux-guerres, la nudité s’affirme néanmoins avec force dans le champ de la propagande fasciste qui valorise le culte du corps et de
la nature. Ce retour en grâce de l’image du corps opère alors, après la Seconde Guerre mondiale, sa métamorphose la plus profonde : le Pop Art fait du corps nu un objet de consommation comme un autre, un spectacle qui ne vaut que par lui-même. La nudité
des corps se banalise dans les sociétés occidentales contemporaines, faisant disparaître l’audace des dévoilements artistiques. Le
rapport au désir est remis en question par des artistes qui considèrent désormais la nudité comme une fin en soi, sans complexes.
Naturisme, performances, danse débarrassent la nudité de ses oripeaux. Elle s’affirme ainsi « comblée et dépouillée d’ellemême » (Jean-Luc Nancy, Federico Ferrari, Nus sommes, la peau des images, 2010).
Picasso et la femme néoclassique (hommage à Picasso)
Valerio ADAMI (1619-1703)
1981
Acrylique sur toile
Musée des beaux-arts de Dole
Peintre italien né à Bologne en 1935, Valerio Adami appartient au mouvement
de la figuration narrative. Ses peintures ont souvent trait à la littérature, la
poésie et le voyage.
Adami utilise souvent des couleurs vives et acidulées posées en aplats
contournés de noir, rappelant le style de la bande-dessinée. La couleur devient son plus fort symbole et lui confère le rôle de remplir l'espace par saturation, figurant l'absence de doute et d'inachèvement. Il lui donne donc une
dimension psychologique, tout en évitant de tomber dans le réalisme.
A la fin des années 80, il réalise des peintures murales à grande échelle
A ce jour, Valerio Adami fait encore parler de lui dans le monde entier.
Diversion n° 35. Sports nobles
Jacques DE LACRETELLE (1888 - 1985) – texte
Jean MORAL (1906 – 1999) – photographies
Laboratoires Longuet, Paris, 1930
Héliogravure
En 1936 est créé pour la première fois en France un ministère de la jeunesse
et des sports. Contrairement à l’Allemagne nazie et à l’Italie fasciste qui font
du sport gymnique une thématique essentielle de leur propagande, reprenant
en cela l’idéal grec ancien qui faisait de l’athlétisme une préparation idéale à
la guerre, les politiques français comme Léo Lagrange et Léon Blum préfèrent
appeler les jeunes à s’exercer pour leur plaisir, leur santé et pour se réconcilier « avec une vie naturelle dont il[s] [sont] trop souvent séparé[s] et frustré
[s] ». Jacques de Lacretelle, romancier et Académicien, prend ici partie pour
les sports de plein air importés d’Angleterre comme le canotage, la randonnée ou le camping qui seraient moins avilissants. Ce « retour à la nature » va
de pair avec l’instauration des premiers congés payés qui conduisent les citadins à aller s’oxygéner à la campagne. La présence du lanceur de javelot nu
rappelle toutefois les tendances fascistes de l’exaltation du corps discipliné :
Lacretelle a en effet été un admirateur du « dynamisme » du fascisme mussolinien.
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LA NUDITE, UNE FIN EN SOI
Plage sur la Moskowa
Alexandre RODTCHENKO (1891 - 1956)
1928
Tirage sur papier en gélatino-bromure d’argent
M.N.N. 1985.39.10
Grand photographe, fondateurs du constructivisme russe, il influenca le monde
du design et de la photographie par ses nombreuses recherches. Ne retravaillant
jamais ses photographies en laboratoire il opéra de savants cadrages, vues en
plongée, contre-plongée originaux amenant des effets de perspectives visuelles
inaccoutumées.
Bande pour voir…
François BURGUN (1977- )
2005
A mon compagnon en moi à jamais VIH
A ce cœur qui a aimé tant d’hommes
Impressions numériques
Cette série du photographe messin créée le trouble en floutant le rapport
entre la réalité et la mise en scène : les modèles sont-ils de véritables victimes ou des acteurs ? Leur nudité s’impose frontalement au spectateur mais
elle est simple, sans autre oripeau que l’écharpe qu’ils portent et qui révèle
leur « moi » profond. Leur attitude sereine sans dramaturgie contraste alors
avec le message fort que ces bandes véhiculent : il s’agit de faire face au
traumatisme, de l’accepter sans ciller. Rien de pervers ou d’exhibitionniste:
les corps sont simplement le reflet de la mise à nu du cœur.
Piste de questionnement
La nudité une fin en soi.
Le corps figuré/la représentation
Un rapport complexe avec la réalité : une autre relations entre le corps représenté et son référent
Procédés : moyens techniques, médiums, matériaux et leurs incidences
Importance des qualités physiques et formelles : plein, vide, proportions, lumière, matières, couleurs
finit-non fini, composition, cadrage, angle de vue, fond, forme, mise en abîme
Processus : cheminement de l’idée à la réalisation, mise en œuvre, mise en scène
Les liens textes /image, Peinture / Écriture
Prise en compte des points de vue du spectateur, de l’auteur, de l’acteur
Intentions et visées artistiques du créateur : choix plastiques, esthétiques
Rhétorique des images : allégorie, métaphore, sous entendus, non dit, sous entendus
Fonction et statut du corps représenté : questionnement sociale, politique
Perception et interprétation : sensorielle / culturelle
Présentation :
Dispositifs de présentation : élaboration matérielle et condition de modalités de monstration
Mettre en scène et impliquer le spectateur
Construction d'une narration à partir du rapprochement de plusieurs images
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HISTOIRE DES ARTS
Pistes d'exploitations transdisciplinaires en lien avec l'exposition :
Thématiques :
« arts, créations, cultures »
L’œuvre d'art témoin de la place du corps dans nos sociétés: genèse des cultures, corps, symbolique, mythique, érotisé, incarnation de l'identité d'un individu, de l'évolution d'une société et de ses interdits.
L’œuvre d'art, la création, et les traditions qui nourrissent l'inspiration artistique (contes, légendes, récits, mythes fondateurs et
religieux, Éros, dionysiaques...)
« arts, espaces, temps »
L’œuvre d’art et le temps, passé/présent: évolution du statut de la nudité en fonction des époques, des mœurs, des mythes...
L’œuvre d'art et la place du corps : petitesse, grandeur, harmonie, imaginaire...
« arts, techniques, expressions »
L’œuvre d'art support de connaissances, témoin de l'évolution des techniques touchant à la compréhension du corps: analyse scientifique, anatomique, innovation technique, source d'inspiration.
« art rupture et continuité »
L’œuvre d'art et les modifications de la nudité: continuité (emprunts, échos, citations) / ruptures la réécriture de thèmes liés à
la nudité.
L’œuvre d'art et le dialogue des arts : citation et référence d'une œuvre à l'autre
Échange et comparaison entre les arts (inspiration, imitation, tradition, canon, modèles...)
« arts, états, pouvoir »
L’œuvre d'art et la mémoire: mémoire individuelle, inscription dans l’histoire collective d'une société, d'une époque.
L’œuvre d'art et le pouvoir : la représentation du corps: interdits une mise en scène du pouvoir
«Arts, mythes et religions »
L’œuvre d’art et le mythe : ses traces dans l’œuvre d’art (récits de savoir et vision du monde)
L’œuvre d’art et le sacré : croyances, interdits, inspiration artistique...
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BIBLIOGRAPHIE
D.Le Breton, La sociologie du corps
D.Le Breton, L’Adieu au corps, Paris, Métailié, 1999
J-C Bologne, Histoire de la pudeur
J-C Kaufmann, Corps de femmes, regards d’hommes, sociologie des seins nus sur la plage, Paris, Nathan, Presse Pocket, 1995.
Orlan, Surtout pas sage comme une image, in : Quasimodo, 5, 1998.
C. Colera, La nudité: pratiques et significations, Paris, Éditions du Cygne, 2008.
L’Art du nu au XIXème siècle, catalogue d'exposition de la Bibliothèque nationale (1997)
Le photographe et son modèle, Paris, Hazan/BNF, 1997.
A. Rouille, B. Marbot (1986), Le corps et son image. Photographies du XIXe siècle, Paris, Contre jour
G. Vigarello (1985), Le propre et le sale. L’hygiène du corps depuis le Moyen Âge, Paris, Seuil
S. Melchior-Bonnet (1994), Histoire du miroir, Paris, Imago
H.-P. Duerr, Nudité et pudeur, le mythe du Processus de civilisation, Paris, MSH, 1998.
Kenneth Clark, Le Nu, 1956
F. Barthe-Deloizy, Géographie de la nudité, être nu quelque part, Bréal, collection "D’autre part", 2003
R. Bertrand et A. Carol, Le corps dénudé, Rives méditerranéennes n° 30, université de Provence, 2008
J.-D. Urbain, Sur la plage, Payot, 2002
A. Carol, La nudité au XIXème siècle. Quelques pistes de réflexion pour l'histoire des pratiques et des sensibilités, revue Rives méditerranéennes, 2008
La Beauté du corps dans l'Antiquité grecque : En collaboration avec le British Museum, Fondation Pierre Gianadda
P. Comar, Lucian Freud : Peintre de la nudité, Edition Gallimard, 2004
T. Schlesser, Une histoire indiscrète du Nu féminin : Cinq siècles de beauté, de fantasmes et d'oeuvres interdites, EditionBeaux arts,
2010
E. de Halleux, Nudité sacrée : Le nu dans l'art religieux de la Renaissance entre érotisme, dévotion et censure, publication de la Sorbonne.
25
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