Le fou du pont - Bulles de Carpe

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Le fou du pont - Bulles de Carpe
Stage d’écriture Bulles de Carpe «Mots et merveilles» 9 Novembre 2013 - animatrice Michèle Bayar!
1-
Cette fois, l'histoire existe déjà, elle est inspirée d'un scénario destiné à des exercices de
communication. Elle est utilisée ici comme base de départ pour créer des témoignages,
des oui-dire, des rumeurs, des commentaires...
Chacun des participants reçoit un personnage et a pour consigne de lui donner une épaisseur et de faire découvrir au lecteur le regard que ce personnage porte sur le crime.
Le fou du pont
Un émigré clandestin est témoin d'un assassinat, il raconte…
Dès que je débarque du bateau en arrivant, je me cache sous un pont … Il n'y avait pas
beaucoup de monde… Il faisait nuit… une femme elle passe le pont et après deux heures
elle revient. Un mec que je ne l'ai pas entendu venir, il était là, lui aussi, lui il gueule tu
passes pas… tu passes pas ou je te tue. Je voulais lui casser la gueule mais la femme
elle est repartie. Après elle revient, elle gueule " tu vas me laisser passer ou j'appelle la
police ". Le bonhomme lui, il crie " si tu avances je te tue ". Et moi je reste caché, j'ai peur
la police elle m'attrape… je regarde, je reste caché, la madame elle crie, le bonhomme
gueule, elle crie, il gueule, elle crie, il l'attrape, elle crie, il lui donne un coup de couteau…
Je me cache, j'entends la police, les pompiers ; ils disent elle est morte… je suis en colère,
si c'était chez moi dans mon pays je l'aurai sauvée la madame.
Un extrait du journal d’une enfant de 12 ans ...
Et bien, quand je raconterai ça à Mathilde lundi, elle ne me croira pas. A toi, mon cher
journal, je veux bien te le confier... Mais j’en ai encore des frissons.
Pourtant, cette nuit, il faisait vraiment chaud et j’avais entr’ouvert la fenêtre. Je rêvais que
j’étais dans le désert et j’avais soif. Cela m’a réveillée, je suis allée boire et, machinalement, j’ai regardé par la fenêtre : là, en bas, une ombre sautait, tournait autour d’un corps
recroquevillé. C’était comme dans un film sans paroles. Mais l’ombre a disparu subitement
derrière l’horloge et le corps est resté là. Alors, j’ai commencé à comprendre que ce n’était
pas un film. Dans la lumière du réverbère j’ai vu, je te jure que c’est vrai, une flaque qui
s’étalait... Ce n’était pas de l’eau, j’avale ma salive en te disant cela, c’était du sang !
Maintenant que je te l’ai raconté, je sais que je ne pourrai pas en parler à Mathilde : c’est
trop grave. Je voudrais comprendre. Pourquoi ça ici ? Comment est-ce possible ? J’ai
peur.
Un clown rentrant de son spectacle en bus est témoin.
Tandis que je prenais le bus pour rentrer chez moi, encore assourdi par les applaudissements des spectateurs, j'ai été en passant sur le pont Neuf, témoin d'un crime. Il ne s'agissait pas d'une scène de magie, comme le fait Jean avec Mado lorsqu'il affecte de la transpercer de coups de couteau. J'ai vu de mes propres yeux un homme enfoncer un couteau
de cuisine dans la poitrine d'une femme.
La femme est tombée raide... Elle a hurlé... Ses cris résonnent encore.
J'ai dit au chauffeur « arrêtez-vous, il y a eu un meurtre là... » Le chauffeur a ralenti. Je
suis vite descendu lorsqu’il a enfin atteint son arrêt. Déjà plusieurs badauds accouraient.
Je me suis précipité. Je n’étais pas démaquillé ! Je n'ai pas osé lui porter secours.
Participants : Claude M. Christine S. Janine F. Brigitte P. Geneviève G. Nathalie B. Martine V. Béatrice M.
Stage d’écriture Bulles de Carpe «Mots et merveilles» 9 Novembre 2013 - animatrice Michèle Bayar!
2-
Le journal d’un homme politique.
Foutu métier ! Aucune heure de repos, c’est pas possible ! Pfff…..Toujours être disponible…. Quelle idée j’ai eu de faire Science Po moi ! Oui… je sais M. Papa, on reproduit le
schéma. 5h du matin et Bruno qui m’annonce ça ! Faut dire qu’avec mon boulot, au moins,
je suis à la pointe de l’information. Avant même les informations qui les informent, je suis
informé ! Tiens, quel jeu de mots ! C’est ça ce que je devrais faire, tiens ! Ecrivain ! Avec
tous ces faits divers ! J’ai matière à. Contrairement à tous ces écrivains qui s’enferment
jour et nuit pour construire des personnages, moi en deux deux je vous les déroule sur le
tapis rouge, je change les prénoms et à moi le Prix Goncourt ! Oh ça oui, ce serait bien
une double casquette ! J’obtiendrais ainsi la crédibilité auprès de ces cons de gauchistes
intellos. Ben… tu sais quoi ? Je vais leur raconter cette putain d’histoire. Autant qu’elle
serve à quelque chose d’autre que de seulement m’avoir réveillé en pleine nuit. Brrrr… je
me suis gelé en plus. Bon alors, je dirais que la victime en fait c’est Anna ma secrétaire.
Cette idiote qui se serait faite tuer sur le pont par un fou parce qu’elle couchait
avec….avec…ah ben oui tiens avec Portal, le pire des sénateurs ! Cette vermine. Ça va
faire un pataquès ça ! Un buzz total ! Après « La Fille sur le Pont »…« L’ Amante sur le
Pont »… oui voilà ! Ça c’est un bon titre : un mélange de Annaud et de Le Conte. Quelle
culture, des fois je m’impressionne ! D’ailleurs après le livre, je paierai bien un réalisateur
pour en faire un film ! Et à moi le César du meilleur scénario !
La concierge de l’immeuble.
Pas pensable, cette nouvelle que j'ai entendue ce matin. Je sortais mes poubelles comme
à mon habitude, pile poil au moment où mon ami Sauveur passait avec son camion
d'éboueur. J'en suis encore toute retournée, de la nouvelle qu'il m'a annoncée. Morte sur
le pont qu'il m'a dit Sauveur. La pauv' madame du troisième. Juste la porte devant l'ascenseur qu'elle habitait. Toujours bien gentille et polie avec ça. Toujours bien propre sur elle et
tirée à quat' épingles, je dirais. A bien y penser, le "tiré à quat' épingles", c'était pas tous
les jours. Le "tiré à quat' épingles" c'était juste le mercredi et le samedi. Tiens ! C'est bizarre, maintenant que j'y pense, c'était aussi les soirs où son mari il était pas là, les nuits
où son mari y travaillait et qu'elle était toute seule, bien solitaire, dans son appartement du
troisième. Peut-être même qu'elle avait un amant, la coquine. Peut-être même que c'est
pour ça qu'elle est morte, la pauvrette. Elle qui me donnait bien mes étrennes. Elle était
moins radin que son bourru de mari. Je la regretterai, c'est sûr.
La cartomancienne qui a appris la nouvelle par la concierge.
Aujourd'hui, je me suis levée avec un terrible mal à la tête, généralement le signe de l'accomplissement d'une de mes prédictions ; j'ai rapidement réfléchi à mes dernières séances, relu dans le marc de café de la veille et une pensée effroyable s'est immiscée dans
mon esprit : un meurtre avait dû être commis !
Je me rappelais le jeune homme qui habite de l'autre côté et qui est l'amant de la locataire
du 3ème ; je l'avais prévenu que cette histoire sentait le roussi, que cela devenait dangereux ; j'avais tous les signes avant-coureurs : les nuages noirs, les ombres, la silhouette
qui s’efface... je l'avais mis en garde contre la violence d'un mari trompé !
Très troublée, je suis descendue à la boulangerie et je suis tombée sur la concierge très
agitée. Quelle folle cette vieille pie ! Elle raconte n'importe quoi : elle m'a dit que la locataire du 3ème s'est faite assassiner en pleine nuit sur le pont !
Participants : Claude M. Christine S. Janine F. Brigitte P. Geneviève G. Nathalie B. Martine V. Béatrice M.
Stage d’écriture Bulles de Carpe «Mots et merveilles» 9 Novembre 2013 - animatrice Michèle Bayar!
3-
Je pense qu'elle boit et qu'elle mélange tout, c'est l'amant qui s'est fait assassiner bien sûr,
pas la femme, je l'avais prévu moi !
Un peintre habitué à regarder le coucher de soleil sur le pont.
La vie est quand même surprenante.
J’aime tellement aller sur le pont le soir. C’est un endroit si calme, un endroit où je me
remplis de la nature.
Cette femme je la voyais deux fois par semaine traverser le pont. Une démarche élégante,
un port de tête et puis des rondeurs. J’avais plaisir à les observer ces rondeurs. Les rondeurs d’un corps, je les sens dans mes doigts lorsque je prends mon crayon.
Je l’ai encore bien dans l’oeil. Je vais faire un croquis rapide.
Peut-être pour mon prochain tableau.... Je la ferai passer sur le pont, en ombre chinoise à
l’instant des couleurs fortes et majestueuses, juste avant qu’elles ne disparaissent.
Oui c’est çà, juste ses formes, ses rondeurs, au crayon gras.
Un prisonnier libéré qui lit Détective.
Libéré.... je suis libéré..... heu .. libre ?... sans doute aussi mais le silence me manque...
ces rues bruyantes, ces gens qui courent dans le vacarme de la ville...
Ils vont, ils viennent, se croisent, se doublent, sans se voir, sans un regard, mais rien ne
les arrêtent.
Trop de monde.... tout arrêter, débrancher.... retrouver mon désert !
Je suis assis à une terrasse de café pour essayer d'arrêter ce rythme et je respire profondément presque bruyamment.
Sur la table ronde, un gros titre de journal attire mon attention. Des lettres grasses, noires,
me surprennent d'abord et je les vois sans les lire...
Puis la photo d'une femme en noir et blanc me saute aux yeux. Je repose mon dos au
fond du fauteuil et je déchiffre le titre à mi-voix : " Le crime du fou du pont " Meurtre hier
soir au pont Neuf, une femme.....
J'arrête de lire, c'est elle, je la reconnais, cette femme que j'ai vue hier, elle m'a demandé
de l'aider à traverser le pont.
J'ai refusé, je n'ai pas pu ! Elle a insisté et j'ai continué de marcher .. Je n'ai pas pu !
La peur ???? sans doute. Et puis il faisait nuit, le silence et la crainte d'une aventure qui
tournerait mal, peut-être...
Je l'ai laissée, agrippée sur le rebord du pont, elle s'était arrêtée et moi j'ai continué sans
plus me retourner. C'est alors que j'ai croisé un homme qui m'a regardé sans me voir et
qui titubait. J'ai accéléré le pas. Vite quitter cet endroit, oublier ces gens.
Je ne sais pas si c'est cet homme qui l'a tuée hier soir... mais je ne dirai rien, j'oublierai,
cette femme, sa voix, ses yeux et puis cet homme, peut-être le fou !
Je veux rester libre, laissez moi seul dans mon désert, dans mon silence, laissez moi.... je
ne dirai rien, non jamais, j'oublierai... peut-être, il faut que j'oublie, je veux vivre.
Ce soir je suis libre... Enfin.
Participants : Claude M. Christine S. Janine F. Brigitte P. Geneviève G. Nathalie B. Martine V. Béatrice M.
Stage d’écriture Bulles de Carpe «Mots et merveilles» 9 Novembre 2013 - animatrice Michèle Bayar!
4-
Le pont
Ah ! Si je pouvais consigner dans un journal intime tout ce que je vois, tout ce que j’entends, dire à quel point l’humanité me touche ! Je ne vis que par ces hommes, ces femmes, ces enfants, qui me traversent sans me voir ; par le peintre qui vient s’appuyer sur
moi à l’heure où le soleil décline ; par le sans-papiers qui hante mes pilastres et le murmure du fleuve qui m’apporte des nouvelles des montagnes. J’existe dans la rumeur de la
vie, réduit à l’immobilité et au silence.
L’article du journal Détective
" Le crime du fou du pont " - Meurtre hier soir au pont Neuf.
Une femme a été tuée hier soir sur le pont Neuf, alors qu’elle rentrait chez elle à pied.
D’après les premiers éléments de l’enquête, elle revenait de chez son amant qui habite de
l’autre côté du pont et chez lequel elle se rendait les mercredi et samedi soir. Alors qu’elle
était déjà au milieu du pont, pressée d’être de retour chez elle avant l’arrivée de son mari,
elle aurait été menacée de mort par un fou si elle tentait de s’approcher. Son amant, pour
des raisons qu’il reste encore à éclaircir, à refuser de la raccompagner en voiture. La pauvre femme décide donc de traverser le pont. Décision qui lui aura été fatale puisque le fou
a mis ses menaces à exécution.
Nous tenons à saluer la rapidité du travail des enquêteurs même si le mystère semble rester entier quant à l’identité du fou présumé du pont.
Participants : Claude M. Christine S. Janine F. Brigitte P. Geneviève G. Nathalie B. Martine V. Béatrice M.
Stage d’écriture Bulles de Carpe «Mots et merveilles» 9 Novembre 2013 - animatrice Michèle Bayar!
5-
Différents genres de texte explorés par la cuisine, ses saveurs, ses impacts.
Aphorisme
- Un plat sans piment ne vous mettra jamais l’eau à la bouche.
- Rien ne vaut le grand frisson de la langue de boeuf.
- Contrairement à la cuisine, en amour, tu auras beau avoir tous les ingrédients de la recette, si tu ne surveilles pas ton feu, c'est cuit.
- Rien ne vaut la confection de la pâte-à-tarte pour éloigner les soucis et l’agressivité.
Elle glisse avec douceur le long de tes doigts et t’enveloppe de son doux fleuve jaune.
- Lèche bien tes doigts quand tu les as mis dans le pot de miel, sinon les mouches te suivront...
Pensée
Si on te donne une recette, c’est bien.
Si on la fait devant toi, c’est mieux.
Si tu la fais devant l’autre et que tu la manges, c’est super.
Si vous la mangez à deux, c’est le début de l’humanité !
Parabole
Sur le coût de midi, Miguel, maraîcher de DARRO (village d'Andalousie), somnole dans
son rocking-chair à l'ombre ; il se dit que fin mai/début juin les premières chaleurs font mûrir les fèves. Comme il ne voit pas le jardin, il demande à son ouvrier qui est à portée de
voix, de le surveiller pour lui.
Ø
Ø
Ø
Ø
Patron, Patron, Patron ! Un vagabond vient d'entrer dans le carré de fèves…
Que fait-il ?
Il mange, il mange tout, le tronc, les feuilles et les gousses sans les éplucher.
Laisse, laisse faire, il a faim…
Ø
Ø
Ø
Ø
Patron, Patron, Patron ! le vagabond est toujours là !
Que fait-il ?
Il ramasse des fèves, les épluches en retire les graines et les mange.
Laisse, laisse faire, tu vois bien qu'il en fait son repas…
Ø Patron, Patron, Patron ! le vagabond, il est toujours là !
Ø Que fait-il ?
Ø Il se promène dans les rangs, ramasse une gousse, la regarde et la jette, il en prend
une autre, la regarde et la jette aussi et encore une qu'il finit par ouvrir et manger les graines du bout des lèvres…
Ø Prend ton fusil, charge le d'une cartouche de gros sel et va lui chauffer les fesses…
On ne va pas se faire voler nos légumes alors qu'ils sont bons à ramasser. Non mais des
fois…
Participants : Claude M. Christine S. Janine F. Brigitte P. Geneviève G. Nathalie B. Martine V. Béatrice M.