Le roman noir - Site officiel de la mairie d`Erquy
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Comité de lecture Le roman noir Comité de lecture du 03/11/2011 A l’occasion de la 15ème édition du festival « Noir sur la ville » qui se tiendra cette année les 11, 12 et 13 novembre à Lamballe, le comité de lecture de la bibliothèque s’est penché sur le roman noir. Les auteurs choisis seront tous présents au festival. (Plus d’informations sur le site du festival : http://fureurdunoir.info/ ). Bien connu des services de police ; Dominique Manotti ; éd. Gallimard (Série noire) Les premières pages posent tout de suite le ton du roman : il sera sombre. L’histoire raconte ensuite la vie d’un commissariat de la banlieue nord parisienne. La commissaire Le Muir est chargée de mettre en place le nouveau programme de sécurité conçu par le gouvernement. Et vont défiler dans ce Paris toute une série de personnages, des fonctionnaires somme toute ordinaires qui ont les mains dans la misère humaine et sont au milieu des différents rouages. Nous suivrons ces hommes dont certains naviguent en eaux troubles : le racisme, la misogynie, les résultats qu’il faut montrer au grand public et puis la dure réalité du quotidien. Un roman noir, pas de doute. C’est la réalité dure mais sans doute réelle d’un commissariat de quartier. L’écriture est brève, les images défilent : le ton se fait plus doux parfois plus humain pour mieux nous faire replonger dans la réalité crue de ces hommes et femmes qui ont parfois les mains sales. Mais on finit par poser un autre regard chargé d’empathie sur cette police qui touche souvent aux basses besognes. Corruption, proxénétisme, des têtes tomberont… Agnès Le Mat Orphelins de sang ; Patrick Bard ; éd. du Seuil (Roman) L’auteur nous emmène dans un va et vient entre le Guatemala et les Etats Unis. A Ciudad de Guatemala, ville très violente, on suit le quotidien de Victor Hugo Hueso pompier-photographe qui assiste aussi à des cours pour devenir journaliste. Aux USA, on suit les démêlés d’un couple stérile dans ses démarches d’adoption. Au début du récit, les pompiers découvrent les corps de deux jeunes femmes mayas dans la boue d’un terrain vague. L’une est morte, l’autre survit à ses blessures mais sa petite fille a disparu. Victor Hugo Hueso lui promet de la chercher. Il a pour premier indice la peluche retrouvée dans la boue du terrain vague. Au cours de cette enquête périlleuse, il va découvrir toutes les horreurs de son pays, des personnages sans scrupule qui s’adonnent au vol et au commerce de milliers d’enfants. J’ai aimé cette histoire car elle mêle réalisme et suspense. Elle m’a fait découvrir les dures réalités du Guatemala. C’est un livre engagé qui est aussi profondément humain. On partage les sentiments du héros, de la victime et de ce couple désemparé. Catherine Noblet Le Guatemala, un pays dont j’ignorais l’extrême violence jusqu’à la lecture de ce très bon roman. Un récit fort, dérangeant et d’autant plus poignant que les meurtres et vols d’enfants sont des réalités quotidiennes dans ce pays. Christine Savi La Nuit de Géronimo ; Dominique Sylvain ; éd. V. Hamy (Chemins nocturnes) « Géronimo n’a tué personne mais qui a tué Géronimo ? » c’est le mail que reçoit Philippine Doméniac femme fragile en reconstruction. Géronimo était le surnom de son père, chercheur en biologie moléculaire qui s’est suicidé il y a 24 ans. Louise Morvan est une privée que Philippine va engager pour retrouver l’identité de ce corbeau. Louise va rencontrer et découvrir toute une galerie de personnages qui fondent la famille Doméniac : jalousie, trahison et amours parallèles avec en fond la forte personnalité du grand-père. Mais tout va s’accélérer, la profanation d’une tombe, un meurtre d’une rare barbarie, tout se complique pour notre enquêteuse, Louise, qui dévoile aussi ses faiblesses ce qui nous la rend plus attachante. D’autant plus qu’elle va se faire suivre par le sombre et inquiétant Dokto, qui est- il vraiment ? Après de multiples rebondissements, OGM, drogue, trahison, le lecteur se perd dans toutes les pistes pour mieux savourer le dénouement final. L’écriture est féminine, toute en finesse, on rentre doucement dans cette famille somme toute banale mais le rythme s’accélère, les pistes vont se multiplier, on se perd dans le dédale de ces nouveaux personnages chocs. Il faut se laisser emmener, suivre ce fleuve parfois boueux et violent, faire confiance à la narratrice qui sait nous bousculer gentiment pour nous délivrer patiemment l’énigme finale. Agnès Le Mat Un fils à papa chez les zonards ; Denis Flageul ; éd. Coop Breizh Léo Tanguy, jeune cyber-journaliste va enquêter sur le décès suspect d’un jeune homme de bonne famille survenu à l’issue d’un concert punk à « la fabrique » au port du Légué. Cet endroit est le lieu de rassemblement des jeunes marginaux de la région de SaintBrieuc ; Léo va s’investir à fond dans la recherche de la vérité et tenter de trouver un lien entre ce décès, l’évacuation brutale de « la fabrique» et la destruction du bâtiment qui suivra. Ceci l’amènera tout naturellement à s’intéresser à la restructuration du port du Légué, aux enjeux financiers et finalement de découvrir qui est l’homme d’affaires véreux à qui tout cela profite. Ce polar qui s’inspire d’un fait réel a le mérite, pour moi, de nous parler de cette population marginale que nous côtoyons sans la voir mais pour le reste je suis plutôt déçue: je n’ai pas réussi à m’intéresser à cette histoire et je n’ai pas aimé le style de l’auteur. Marie-Jo Salvador Ce polar régional, inspiré d’un fait réel, m’a déçu. Une intrigue plutôt légère, des rebondissements un peu tirés par les cheveux et un suspense quasi inexistant. L’auteur nous promène sur le port du Légué, dans les rues de St Brieuc et ses environs, mais j’attends d’un polar autre chose qu’un dépliant touristique ! Christine Savi Petit roman policier sympathique mais plus proche du roman de gare que des grands classiques du genre. Lecture agréable, surtout pour les gens du cru, la description de St-Brieuc ainsi que les péripéties du wagon (ici appelé la fabrique) étant bien rapportées. Par ailleurs, l’intrigue, bien menée est sans surprise ni originalité. En somme, un ouvrage assez plaisant mais sans intérêt réel. Danielle Velly Meurtres pour mémoires ; Didier Daeninckx ; éd. Gallimard (Folio policier) Paris 17 octobre 61 : manifestation des « Français Musulmans » organisée par le FLN pour protester contre un arrêt décrétant le couvre-feu destiné à eux seuls ; la répression sera terrible et c’est un vrai massacre qui aura lieu. Au cours de cette manif, un Français, Roger Thiraud, prof d’histoire est assassiné, l’affaire est considérée comme une bavure et sera classée comme telle. Il laisse derrière lui sa femme, enceinte de leur premier enfant. 21 ans plus tard, le fils, Bernard Thiraud, étudiant en histoire, se fait descendre à son tour en sortant de la préfecture de Toulouse où il venait de consulter les archives régionales. L’inspecteur Cadin va enquêter et chercher à établir un lien entre les deux meurtres. L’auteur, à travers cette histoire, dénonce deux faits historiques liés à l’affaire Maurice Papon. J’ai passé un très bon moment de lecture, l’intrigue tient la route, j’ai été tenue en haleine et par ailleurs très intéressée par ces faits occultés de notre histoire. J’ai bien aimé le style de l’auteur qui ne manque pas d’humour. Marie-Jo Salvador L’intrigue est ancrée dans l’histoire de France récente et ô combien douloureuse... Daeninckx pointe des épisodes relégués « aux oubliettes de l’histoire », comme la répression policière de la manifestation algérienne mais aussi la forte implication de certains administratifs français aux côtés des nazis durant la guerre. Le texte est militant, Daeninckx a des choses à dire mais pour autant l’intrigue policière ne se réduit pas à un prétexte, au contraire, l’auteur nous mène sur des voies insoupçonnées et le lecteur le suit sans retenue jusqu’à la résolution des meurtres. Fabienne Lesvenan Vous pouvez aussi retrouver ce roman en livre audio (lu par Didier Flamand et Henri Courseaux) et en bande dessinée (illustrée par Jeanne Puchol, chez Futuropolis) Le doigt d’Horace ; Marcus Malte ; éd. Gallimard (Folio policier) Premier roman policier de Marcus Malte, Le doigt d’Horace est un livre étrange, atypique. Point de départ de l’intrigue : une explosion dans une demeure bourgeoise isolée en pleine campagne. Les personnages principaux, Franck, obsédé par une vengeance, Bob, chauffeur de taxi sans client, Mister, pianiste dans une boîte de jazz, sont aussi décalés qu’attachants. Lorsque Franck rencontre Mister qui joue au Dauphin vert, il prononce ces mots étranges : « Je viens de tuer 3 personnes mais j’aime beaucoup votre façon de jouer ». Le ton est donné, pauvre en hémoglobine mais riche en intensité, l’intrigue se décline comme une partition musicale jouée avec brio tout en laissant place à l’improvisation. Marcus Malte a le sens de la formule, son écriture est soignée, non dénuée d’humour et empreinte d’une sombre poésie. Françoise Rault Cold in hand : John Harvey ; éd. Payot et Rivages (Rivages thriller) Le jour de la Saint-Valentin, Lynn Kellog, enquêtrice, se retrouve impliquée dans une confrontation entre gangs rivaux qui dégénère et se solde par la mort d’une adolescente. Egalement blessée, Lynn est accusée par le père d’avoir utilisé la jeune fille comme bouclier humain. Lynn Kellog est au début d’une carrière prometteuse alors que son compagnon Charles Resnick est un flic de la vieille école proche de la retraite. Le personnage de Resnick, bourru, peu communicatif mais néanmoins attachant, fait ici un retour remarqué. Féru de jazz, il partage sa vie avec ses chats et surtout Lynn à laquelle il voue un amour aussi profond que pudique. L’intrigue est complexe, pleine de ramifications inattendues. Vers le milieu du livre, un évènement dramatique relance le suspense. John Harvey maîtrise parfaitement l’art de tenir le lecteur en haleine tout au long du roman. Il dépeint la vie à Nottingham sur fond de criminalité galopante, trafic de drogue et drames sociaux et nous livre une vision bien sombre de cette société où la violence est toujours sous-jacente. John Harvey nous offre un très bon policier aux intrigues croisées, menées avec habileté Françoise Rault La malédiction du lamantin ; Moussa Konaté ; éd. Fayard noir Train perdu, wagon mort ; Jean-Bernard Pouy ; éd. Points (Roman noir) Alors qu’il enquête sur le meurtre du chef Bozo et de sa femme, le commissaire Habib va subir de fortes pressions de la part des anciens du village pour qu’il cesse ses investigations. En effet, ceux-ci pensent que la mort d’Iliou Kouata ainsi qu’une série de calamités qui s’abattent tour à tour sur eux sont la volonté de Maa, la divinité tutélaire marine. Le chef l’aurait en effet offensée en choisissant pour 2ème épouse Nassoumba, membre d’une famille maudite.Il conviendrait donc de laisser la vengeance s’accomplir sans chercher à percer les secrets des Bozos. L’intrigue permet à l’auteur de dresser un portrait de la société bozo avec ses particularités, ses contradictions, ainsi c’est très naturellement que l’islam et l’animisme se côtoient. Le très rationnel commissaire va être confronté au choc des cultures : le poids de la tradition face à la modernité. Les devins, griots et autres garants des croyances ancestrales représentent un pouvoir parallèle à l’autorité de l’état et ont notamment les moyens d’entraver le cours de la justice. L’enquête s’annonce donc houleuse. L’écriture de ce roman m’a parfois semblé maladroite, se souciant trop de pédagogie (livre écrit pour un lecteur occidental), l’intrigue manque d’ampleur et sa résolution est un peu facile ! S’il est certain que ce roman ne me laissera pas un souvenir impérissable, il offre néanmoins une lecture aisée et distrayante, un moment d’évasion chez les Bozos, peuple que je ne connaissais pas. Fabienne Lesvenan Roman policier agréable, d’une lecture aisée, parfois trop facile. Le portrait du commissaire Habib et de son adjoint européanisés paraît trop flatteur par rapport aux vieilles croyances. Cependant au fur et à mesure de la progression du récit, l’importance de la coutume apparaît et dirige l’ensemble de l’intrigue. La puissance du pouvoir tribal et son influence en doublure sinon en concurrence du pouvoir légal est très bien observée. La trame de l’intrigue est plausible, la chute bien amenée. Un livre, qui, sans être un chef d’œuvre se lit avec plaisir. En route pour la Zoldavie, un train de nuit s’arrête en pleine campagne. Réveillés et intrigués par cet arrêt, les dix-huit occupants d’un des wagons-couchette se lèvent et découvrent que leur wagon s’est détaché. Ils se retrouvent seuls sur la voie, sans âme qui vive aux alentours. Chacun tente de trouver une explication mais les heures passent et toujours aucun signe d’assistance. En attendant les secours il faut s’organiser, rassembler les vivres, rationner l’eau…. Mais la situation s’éternise, le besoin de comprendre devient pressant et quelques-uns décident de marcher jusqu’au prochain village. Un très bon roman noir, on est d’emblée happé par l’ambiance angoissante et les paysages austères que Jean-Bernard Pouy décrit si justement. Il fait peu à peu monter la tension et le suspense qui en découle m’a tenu en haleine jusqu’à la fin du livre. Christine Savi L’étude sociale du comportement d’un groupe hétérogène dans un monde clos est un long cheminement, qui nous révèle les conflits de caractère, d’intérêts et met à nu la nature profonde des acteurs de ce groupe. L’auteur a su faire renaître un monde en réduction, avec des assoiffés de pouvoir, des optimistes et des pessimistes convaincus, sous-tendu par les angoisses, les craintes et les espoirs qu’engendre l’évolution de la situation. Un livre très attrayant, même si la fin laisse sur leur faim les amateurs de réalisme littéraire ! Et si tout cela n’était qu’un rêve ? Danielle Velly Danielle Velly B.M. Le Blé en Herbe Bibliothèque Municipale d’Erquy 1 rue Guérinet 22430 Erquy - 02 96 72 14 24 [email protected] - http://bibliotheque.erquy.fr