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lundi 25 mars 2013 LE FIGARO
40 culture
culture
! "
REPORTAGE Au lendemain de la foire de Dubaï et alors que la
Biennale d’art contemporain se poursuit à Sharjah, les Émirat arabes
unis s’imposent comme un nouvel acteur clé du marché de l’art.
L
VALÉRIE SASPORTAS
ENVOYÉE SPÉCIALE À DUBAÏ
e Tout-Dubaï en parle.
Mais lorsqu’on y parvient, l’avenue Alserkal, « nouveau district pour l’art
plastique », ne ressemble en rien à ce
qu’on imagine. Loin des clinquants
gratte-ciel de la ville, dans un quartier
difficile d’accès, al-Quoz est une zone
industrielle où une vingtaine de galeries
d’art contemporain ont investi d’anciens hangars de stockage des grands
centres commerciaux. Avant, il y avait
aussi des camps de travailleurs avec vue
imprenable sur l’émirat au sable englouti sous le béton des tours. C’était au
temps de l’âge d’or de l’immobilier,
avant la crise de 2008. Depuis, les
champs de grues ont disparu et c’est un
courant d’art qui souffle sur Dubaï.
L’enclos d’Alserkal est une sorte de
SoHo à l’orientale. Pionnière, la Green
Art Gallery, fondée en 1995 par une famille syrienne qui tenait une autre galerie à Homs, s’y est installée en 2010.
Autres galeries phares de l’émirat : The
Third Line, codirigée par l’Émirienne
Sunny Rahbar et l’Italo-Américaine
Claudia Cellini, Carbone 12, du jovial
Iranien Kourosh Nouri, ou encore la
Belge Isabelle van den Eynde, qui a
quitté Bruxelles pour Dubaï. C’est elle
qui a révélé les frères iraniens Ramin et
Rokni Haerizadeh, 36 et 34 ans, qui ont
fui Téhéran il y a huit ans après une rafle
de la police des mollahs et ont trouvé
refuge aux Émirats arabes unis. Leur
maison atelier dans le quartier de
Barsha 2 ouvre sur un paradis créatif
qu’on n’imagine pas dans un pays non
démocratique. C’est une caverne d’Ali
Baba d’ocres et de bleus, peuplée de
peintures, collages et sculptures d’une
liberté outrancière pour un État conservateur. Mais les autorités de Dubaï laissent faire.
À peine ont-elles émasculé plusieurs
fois une statue d’inspiration grecque…
Aujourd’hui, les deux frères iraniens
sont connus du marché mondial. Lors
de la dynamique Dubai Art Fair, la foire
You take my breath away, 2012,
de l’Iranienne Sara Rahbar, à la galerie
Dubaïote Carbone 12.
annuelle d’art contemporain qui a fermé ses portes samedi dernier, une
œuvre de Ramin a été vendue
30 000 dollars par la galerie française
Nathalie Obadia. Et une peinture de
Rokni, estimée entre 20 000 et 25 000
dollars, est au catalogue de la prochaine
vente d’art moderne arabe, iranien et
turc de Christie’s, à Dubaï, les l6 et
17 avril.
Une foire intimiste
Ce bronze du Chinois Yue Minjun, Dinosaur n° 23, 2008, a été vendu à Dubaï
par la Pace Gallery entre 2 000 et 3 000 dollars. PACE GALLERY
décryptage
DELPHINE MINOUI
[email protected]
Ils avaient l’or noir. Ils ont désormais
l’art. Loin de se contenter de leurs tours
futuristes surgies du désert, de leurs
centres commerciaux géants, et de
leurs hôtels de luxe dernier cri, les pays
du Golfe misent aujourd’hui sur la
culture comme nouvelle valeur refuge
pour préparer l’après-pétrole. À une
semaine d’intervalle, Sharjah et Dubaï
viennent respectivement d’accueillir
une biennale et une foire d’art contemporain, tandis que leurs voisins d’Abu
Dhabi et de Doha rivalisent en projets
d’ouverture de musée. De quoi attirer,
à l’ombre des gratte-ciel et des palmiers, une cohorte de collectionneurs,
galeristes et critiques, curieux de voir
ces anciens petits morceaux de sable se
rêver en nouveaux temples de l’art. Le
pari est audacieux.
A l’origine de ces mini-États : des
tribus nomades bédouines, enrichies
dans la seconde moitié du XXe siècle
grâce à la découverte de gisements de
pétrole et de gaz, et dont les héritiers
eurent l’idée de puiser dans ces réserves – limitées – pour construire l’avenir sur la base de trois piliers - l’immobilier, le tourisme et le commerce
international. Les chiffres parlent
d’eux-mêmes : de 1970 à 2007, la part
du secteur des hydrocarbures dans le
PIB des Émirats arabes unis (dont font
partie Dubaï, Abu Dhabi et Sharjah) a
fondu de 70 à 35 %. Mais la course à la
diversification ne s’arrête pas là. Ivres
d’ambition, et dépourvus de véritable
patrimoine culturel, les dirigeants de
cette région se sont également tournés
vers l’art au début des années 2000.
Avec, rivalité oblige, une surenchère à
donner le tournis.
À Dubaï la frimeuse, royaume des riches philanthropes venus d’Iran ou
d’Arabie saoudite, les galeries privées
se sont démultipliées à la vitesse de
l’éclair. Dès 2006, la foire Art Dubaï
voit le jour. En parallèle, pas moins
d’une dizaine de projets de musées sont
lancés. Fidèle à sa folie des grandeurs,
le petit émirat – dix fois plus petit que la
Suisse - en vient même à créer une
« autorité des arts et de la culture »,
dont il confie la responsabilité à l’Allemand Michael Schindhelm. Mais, avec
la crise financière, le gestionnaire
culturel repart dès 2009. Dans son livre
Dubaï Speed, véritable chronique de ces
années folles, il reproche à l’émirat
d’avoir fait de l’art un outil marketing,
tout en reconnaissant son incroyable
capacité d’attraction - qui en fait, encore aujourd’hui, une plaque tournante
du commerce de l’art.
Encourager la sensibilité
artistique
Abu Dhabi, plus sérieuse, a elle aussi
souffert de la récession. Les travaux de
l’antenne du Louvre, dessinée par l’illustre Jean Nouvel, ne commencent
que cette année, date à laquelle le musée aurait dû être inauguré. Le Guggenheim, lui, a été retardé. Mais si la capitale des sept Émirats arabes unis (EAU)
a revu ses ambitions à la baisse, elle
n’entend pas rester en sourdine. Car il
faut aussi compter avec d’autres
concurrents, tel Sharjah, plus conservatrice et sérieuse, mais dont la biennale d’art, cajolée par l’épouse du
cheikh (lire ci-contre), commence à
faire de l’ombre aux plus connus des
émirats. Non loin de là, la richissime
Doha, au Qatar, veille également au
grain. Là-bas, c’est également une
femme, la cheikha Mayassa al-Thani –
qui n’est autre que la fille de l’émir – qui
tient les rênes de la culture. Du haut de
ses 29 ans, elle s’est donné les moyens
de ses ambitions en recrutant Edward
Dolman, ex-patron de Christie’s, comme bras droit. En tête de sa longue liste
de mégaprojets figure le futur musée
national, prévu pour 2015, et dont l’architecture (en forme de rose des sables)
a également été confiée à Jean Nouvel.
Dans cette course au tout-art, le plus
important reste en effet à faire : dépasser la vitrine du bling, encourager la
sensibilité artistique, former des critiques d’art locaux, créer des outils pédagogiques. Car c’est une chose de
vouloir tout acheter. C’en est une autre
de bâtir un vrai socle culturel et de
l’entretenir. ■
Reste que les frères iraniens ne sont pas
une exception à Dubaï. De nombreux
autres artistes ont trouvé ici un havre favorable de création et d’exposition, dans
le sillage du pionnier émirien Hassan
Sharif, 62 ans, dont les installations inspirées par Duchamp s’exposent dans la
maison de son frère, The Flying House. À
la septième foire de Dubaï, cette profonde dynamique artistique était visible à
travers soixante-quinze galeries venues
de trente pays, du Moyen-Orient notamment, mais aussi d’Asie, d’Occident
(dont les Français Nathalie Obadia, Daniel Templon, Chantal Crousel, Éric Hussenot et Yvon Lambert) et même d’Afrique de l’Ouest, cette année. Une foire
intimiste (en comparaison, Bâle compte
trois fois plus de galeries), pesant tout de
même 40 millions de dollars, et où l’on
déambulait comme dans un musée et
non comme dans un souk clinquant. Des
créations venues d’Égypte a vec Youssef
Tirage argentique coloré à la main de l’Égyptien Youssef Nabil, Amani, Cairo, 1993,
vendu 50 000 dollars par la galerie Nathalie Obadia lors du Dubaï Art Fair (ci-dessus).
Technique mixte de l’Iranien Ramin Haerizadeh, Untitled, 2013, cédé pour
30 000 dollars par cette même galerie (en haut à droite). CARBONE 12 ET NATHALIE OBADIA
Nabil, du Maroc avec Mounir Fatmi, de
Syrie avec Fadi Yazigi. De Tunisie, d’Algérie, d’Arabie saoudite, de Chine avec
Yue Mingun, dont le dinosaure à tête
d’homme hilare a été vendu illico par la
londonienne Pace Gallery entre 2 000 et
3 000 dollars.
« Les instabilités des pays voisins ont
consacré le rôle de Dubaï comme lieu de
rencontre de la triade artistes-galeristescollectionneurs », commente Amin Moghadam, de la revue de géopolitique
Transcontinentales. Et si l’on y a vu
autant d’œuvres nourries au lait de
l’histoire et des littératures du monde,
c’est parce que « l’entrée des beaux-arts
aux Émirats arabes unis, tels que ceux-ci
sont définis en Occident, s’est faite à l’initiative d’une série d’experts et de marchands d’art, souvent formés en Europe
ou aux États-Unis et néanmoins familiers
des Émirats », selon ce fin connaisseur.
C’est ainsi qu’en 2005 le Britannique
William Laurie a implanté Christie’s
dans le quartier d’affaires DIFC (Dubaï
International Financial Center), où se
concentrent une dizaine de galeries d’art
et aussi l’Art and Culture Department,
organisateur d’Art Dubaï.
En sept ans, Christie’s, en situation de
monopole depuis la défection de Bonham’s en 2008, a totalisé près de 230 millions de dollars. Ses catalogues de vente
évoquent ceux d’un musée, 90 % des
Diplômée de la
Royale Academy
et du Royal College
of Art de Londres,
SE la Cheikha Hoor
al-Qasimi est
imprégnée de la
culture britannique
dont elle conserve
un humour distant
et un penchant
pour l’originalité
bien dosée.
VALÉRIE DUPONCHELLE
ENVOYÉE SPÉCIALE À SHARJAH (ÉMIRATS ARABES UNIS)
A
typique et artiste elle-même,
Cheikha Hoor, la jeune fille
de l’émir SA Sultan Bin Mohammed al-Qasimi, est pour
beaucoup dans l’ouverture
de la Biennale de Sharjah aux arts plastiques. Baskets sport sous la longue abaya
noire traditionnelle, cloutée tendance
punk tout autour de l’encolure, SE la
Cheikha Hoor al-Qasimi laisse tomber le
voile en dehors des heures protocolaires.
Coupe au carré, très peu maquillée, toute
ronde et sans façons comme une chef de
bande vénérée de ses équipes majoritairement féminines, cette jeune trentenaire dégage une énergie atomique. Cela
tombe bien. Elle a fait ses études d’art à
Londres (peinture à la Royal Academy of
Arts, puis « Curating Contemporary
Art » au Royal College of Art) et parle
couramment le japonais. Fort tempérament, elle s’est imprégnée de la culture
britannique, de ses jardins verts, de sa
mode inattendue, de son humour qui
tient à distance et de ce penchant pour
l’originalité bien dosée qu’incarna Blondie en chantant Atomic.
Du soir au matin, Cheikha Hoor court
sans escorte à travers la XIe Biennale de
Sharjah, sa vie, son œuvre. Discutant
avec chacun, artiste repérée en Flandre
comme Ana Torfs, « curator » ultraperfectionniste comme la diva japonaise
Yuko Hasegawa ou invité de marque
qu’il s’agit d’honorer et convaincre, gardant toujours la main en femme d’action
souriante, décidée et aussitôt exaucée.
Vantant les mérites de ses 100 artistes ve-
H.E. SHEIKHA HOOR
AL-QASIMI
nus de plus de 41 pays aux délégations du
Macro, le Musée d’art contemporain de
Rome, ou aux visiteurs émérites de la foire voisine d’Art Dubaï, comme le milliardaire belge Guy Ullens qui, selon The Art
Newspaper, a dépensé un million d’euros
en un temps record pour acheter les jeunes artistes de ce Moyen-Orient prometteur, après avoir misé sur la Chine nouvelle dans son Ullens Center de Pékin.
Son temps est compté
Son temps est compté. En répondant aux
questions, elle continue de ranger la pile
de cartes de visite récoltées en un jour.
Son anglais, fluide, direct mais bien élevé, ne s’écarte pas des limites de la bien-
séance. « Je suis une artiste, formée comme telle, j’ai grandi entourée d’art et de
musique, je joue du piano et de la clarinette. Quand j’ai eu 17 ans, on a bâti le Musée
de Sharjah au moment où je commençais à
étudier à Londres, à la Slade School of Art.
Ma peinture était abstraite, plutôt d’une
veine surréaliste. J’ai voulu alors monter à
Sharjah “Near”, une exposition de 21 artistes britanniques, axée sur les nouveaux
médias et les installations », explique cette hyperactive qui « a appris à dormir
dans les avions pour économiser son
temps » et dont la silhouette fluo tendance Sporty Spyce est connue de tous les
grands acteurs de la planète art, de New
York à Sydney.
LE FIGARO
lundi 25 mars 2013
culture
41
CHRONIQUE Après un passage à vide, le chanteur et guitariste américain
présente les plus belles pages de son travail dans un riche coffret.
La
musique
« En 2002, j’étais à Berlin avec mon
père, poursuit-elle. Il était occupé par ses
affaires. J’en ai profité pour aller voir la
Documenta XI à Kassel, celle d’Okwui
Enwezor (ce Nigérian, directeur de la
Haus der Kunst, à Munich, a été le commissaire de la Triennale, l’an dernier, au
Palais de Tokyo, NDLR). J’ai été éblouie
par ce bouillonnement, tous ces débats
politiques, ces vidéos. J’avais peu de temps
pour tout voir, alors je courais partout. Je
me suis demandée : pourquoi notre
Biennale de Sharjah n’est-elle pas comme
ça ? »
Une biennale plus traditionnelle, basée
sur des pavillons nationaux comme la
Biennale du Caire. « On voyait toujours
les mêmes artistes, les mêmes rapports de
force, dit-elle. J’ai voulu voir comment
était faite la sélection. Je suis entrée dans le
comité de sélection. Puis je me suis retrouvée à la tête de la biennale, je ne sais pas
vraiment comment. C’était bizarre, il n’y
avait en 2003 que des hommes âgés, trois
peintres académiques, j’étais la seule femme, j’avais seulement 22 ans. “Pourquoi
suis-je systématiquement écartée en tant
que peintre de la sélection ?”, leur ai-je
demandé. Ils ont claqué la porte, m’ont
laissée seule avec la biennale à concevoir
en six mois. C’est devenu une biennale
d’artistes, j’ai accroché avec eux, mis des
cartels à 6 heures du matin avec eux, nettoyé le sol avant l’arrivée du public pour
que tout soit parfait. »
Cheikha Hoor reconnaît qu’elle a tout
appris ce printemps-là. « Les critiques
ont été bonnes, sauf une qui m’a traitée de
“fille de”. J’ai travaillé très dur, je ne suis
pas la “petite fille chérie de papa”, même si
je me lève à 4 h 30 du matin pour le voir,
car c’est l’heure où il écrit (l’émir, qui par-
le couramment ourdou, a écrit de nombreux livres, NDLR) et où il est accessible
et d’une humeur particulièrement bonne.
Sa sagesse m’est précieuse. » ■
Voir sur le figaro.fr la Biennale de Sharjah
en quinze artistes chocs.
Une 11e biennale
réussie
« Le Moyen-Orient a de jeunes
artistes, bien sûr, mais il leur faut
du temps pour mûrir et devenir
ce qu’ils sont profondément. Les
galeristes et les maisons de ventes
ont tendance à les pousser à la
production tout jeunes, à peine
éclos, et parfois cela les perd,
analyse Cheikha Hoor. Il faut du
temps et de la liberté aussi pour
créer, penser, savoir ce que l’on a
à dire. C’est le rôle de la Sharjah Art
Foundation que de les aider de cette
façon-là, non mercantile, critique au
sens noble du terme. Les maisons
de ventes ont essayé d’ouvrir des
antennes ici, avant Dubaï. Je leur ai
dit : “Sorry, pas de business ici !”.
Quand je me suis occupée de la
Biennale, toutes les foires sont
venues me voir avec l’idée de s’y
accoler, de me “conseiller” (rires).
Je leur ai dit, “Non, merci, il n’y a rien
à gagner ici !”. » La XIe Biennale,
toute en installations sonores,
métaphores et créations est
une belle réussite composée
avec rigueur et passion. V. D.
« Sharjah Biennal 11 », jusqu’au
13 mai, www.sharjahart.org
L’art de l’improvisation
Excellent styliste, Stephen Stills déclare avoir appris l’art de l’improvisation
avec les deux plus grands guitar heroes
de l’histoire du rock : Eric Clapton et
Jimi Hendrix. « Tout le monde me questionne au sujet des morceaux avec Hendrix, alors que ce n’est pas ce qu’il y a
de plus intéressant sur le coffret. On
trouve d’autres personnes de qualité,
comme John B. Sebastian, Jerry Garcia
ou Ringo Starr », affirme-t-il, agacé.
On sait pourtant que les deux hommes
ont enregistré des heures de musique
ensemble, diffusées au compte-gouttes depuis.
L’autre guitariste avec lequel Stills a
longtemps croisé le fer est son alter
ego Neil Young. « Nous sommes les
meilleurs amis du monde, mais Neil
Musée Jacquemart-André
en bref
▼
Record pour la vente d’ art
précolombien
de Barbier-Mueller
Les trésors précolombiens de
Jean-Paul Barbier-Mueller,
dispersés aux enchères durant
deux jours, vendredi et samedi,
chez Sotheby’s, à Paris, ont
totalisé 10,3 millions d’euros.
Du jamais vu pour l’art
précolombien. En outre,
plusieurs pièces emblématiques
ont atteint des prix élevés.
Ainsi, la Grande Vénus
callipyge, céramique mexicaine
datant de 400 av.
J.-C., s’est envolée à plus de
2 millions d’euros, et la Grande
Divinité anthropo-zoomorphe
à tête de félin, du Costa Rica,
a atteint 721 500 €.
Chère bague de Joséphine
La bague de fiançailles offerte
en 1796 par Napoléon Bonaparte
à Joséphine de Beauharnais
s’est vendue, dimanche,
896 400 euros lors d’une grande
vente aux enchères organisée
par la maison Osenat,
sur le thème de «l’Empire
à Fontainebleau».
D’un diamètre de 18 mm,
cette bague en or ornée d’un
diamant et d’un saphir taillés
en poire, disposés « en toi et
moi » était estimée (hors frais)
entre 8 000 et 12 000 euros.
Le bijou provient de la
collection du prince Victor
Napoléon (1862-1926).
Institut de France
22 MARS – 22 JUILLET 2013
une exposition
avec le soutien du
instable. Dans les allées de la foire, comme dans le dédale de la Biennale de
Sharjah, les riches familles régnantes des
monarchies pétrolières et les expatriés
fortunés d’Inde et du Pakistan ont croisé, souvent pour la première fois, des
collectionneurs de Bruxelles, de Monaco, de France, comme Patricia Marshall, et même venus de Chine.
« Dubaï est devenue un hub artistique », observe Nathalie Obadia. Et le
phénomène devrait se développer avec
le Louvre et le Guggenheim d’Abu Dhabi, « deux labels scientifiques », dit-elle,
que n’a pas la rivale, Doha, au Qatar ». ■
n’est pas fiable », lance-t-il. À plusieurs reprises – en 1976 et en 2011,
notamment –, l’ombrageux Canadien
a planté son ami de toujours. « Il est
devenu un personnage de bande dessinée, alors que j’ai de jeunes enfants, et
que je dois avoir une vie réglée autour
d’eux », explique Stills, qui ne s’est pas
remis de la tournée avortée de reformation de Buffalo Springfield.
Crosby et Nash, qu’il retrouvera
bientôt sur les routes, ne lui ont en revanche jamais fait faux bond. « J’ai
hâte de revenir jouer en France, qui est
un peu ma deuxième maison. C’est
après un concert de mon groupe Manassas que j’ai rencontré ma première
épouse. » La chanteuse Véronique Sanson, mère de leur fils Christopher,
quitta la France en 1973 pour vivre son
amour de l’autre côté de l’Atlantique.
Parmi les dizaines de morceaux assemblés, on retrouvera avec plaisir
ceux gravés avec Manassas, formation
sous-estimée, dont le double album de
1972 compte parmi les plus grandes
réussites de Stills. « On était sans doute
un peu en avance sur notre temps, mais
on s’est bien amusés », témoigne
l’homme. On y trouve en germe ce qui
est devenu l’Americana, agrémenté
des tonalités latino d’un homme qui a
grandi au fil des affectations de son
militaire de père. « J’étais au lycée au
Costa Rica quand j’ai enregistré le premier titre de ce coffret. »
Stills recommande l’écoute de ces
longues heures de musique en voiture,
pour un périple entre Munich et le sud
de l’Espagne, par exemple. « Les routes
européennes sont dans un bien meilleur
état que les nôtres », affirme l’Américain, qui se félicite de pouvoir encore
jouer régulièrement sur le Vieux
Continent.
« Carry On », coffret de quatre CD
(Rhino/Wea). Crosby, Stills & Nash,
les 4 et 5 juillet à l’Olympia.
OUVERT 7/7J - 10H / 18H - NOCTURNES LUNDI et SAMEDI / 20H30
RÉSERVATION COUPE-FILE SUR INTERNET :
www.musee-jacquemart-andre.com et www.fnac.com
œuvres ayant une longue note de présentation. « Contrairement à un marché
bien établi, nous avons eu ici un rôle pionnier », explique Hala Khayat, belle Syrienne trentenaire, qui a remplacé
William Laurie, parti fonder en 2010 sa
propre galerie sur l’avenue Alserkal. Signe des temps, « on vend surtout des artistes hybrides, qui ont une double culture,
égypto-allemande,
irano-américaine.
Une œuvre en fusion, qui répond à beaucoup
de
problèmes
d’identité »,
confie-t-elle. D’où des amateurs d’une
diversité qu’on ne voit pas ailleurs, ni à
Istanbul, trop turque, ni à Beyrouth, trop
Stephen Still est un des grands personnages du rock des quarante dernières
années. MARIO ANZUONI / REUTERS
G R A P H I S M E : C U LT U R E S PA C E S / J E A N - L U C TA M I S I E R — C R É D I T P H O T O : N AT I O N A L G A L L E RY O F A R T, WA S H I N G T O N ,
L’Allemande Candida Hofer est très prisée des Émiriens. Ici photo de la « salle
de Conférences du Sénat Paris II », 2007, proposée par la galerie Yvon Lambert
à Art Dubaï. YVON LAMBERT
vec la rétrospective qui
sort aujourd’hui, Stephen
Stills voit son œuvre enfin
réhabilitée. Après un début
de carrière fulgurant, le
chanteur et guitariste a marqué le pas.
Et pourtant, le sexagénaire, qui pose
en chemise hawaïenne à côté de ses
compères Crosby et Nash sur des affiches collées dans les couloirs du métro, est un des grands personnages du
rock des quarante dernières années.
Sans doute était-il temps de faire le tri
parmi sa production. Carry On, un copieux coffret de quatre CD, atteste de
la richesse de l’inspiration d’un homme qui se confond depuis trop longtemps avec le trio qui l’a rendu riche et
célèbre.
Après avoir été considéré complètement dépassé, le groupe Crosby, Stills
& Nash est revenu en odeur de sainteté
ces dernières années. Avec ses harmonies de voix soignées, l’excellente formation Fleet Foxes doit beaucoup au
travail de ces pionniers réunis à la fin
des années 1960.
Si Crosby et Nash ont déjà bénéficié
d’anthologies publiées respectivement
en 2006 et 2009, il était temps que
Stills ait les honneurs à son tour. « Un
coffret de ce type-là, c’est ce qu’on récolte quand on a eu une longue carrière », explique-t-il, modeste. « Cela
permet de retracer une carrière en laissant de côté les mauvaises chansons et
les prises ratées », affirme-t-il dans un
éclat de rire. C’est justement son camarade Graham Nash, archiviste compulsif, et son collaborateur Joel Bernstein qui ont passé en revue des
centaines d’enregistrements, pour
aboutir à une sélection cohérente. « Je
ne peux pas écouter plus de vingt ou
trente minutes de musique d’affilée à
cause de l’état déplorable de mon audition », assure le musicien, rendu malentendant par plusieurs décennies de
pratique de la guitare électrique à fort
volume.
C O L L E C T I O N O F M R . A N D M R S . PA U L M E L L O N — © C O U R T E S Y N AT I O N A L G A L L E RY O F A R T, WA S H I N G T O N
A
Olivier Nuc