Evaluation du Parrainage emploi en Ile de France
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Evaluation du Parrainage emploi en Ile de France
Synthèse Evaluation du Parrainage emploi en Ile de France ACSE/DRTEFP/Conseil Régional Ile de FRANCE RAPPEL DES OBJECTIFS ET DE LA METHODOLOGIE L’Ile de France a été l’une des premières régions qui a développé le parrainage en France. En 2008, le comité de pilotage régional a souhaité évaluer ce dispositif. Pour cela, nous avons procédé / - à l’analyse quantitative des bases de données 2006 (79 bilans) et 2007 (exploitation à l’échelle individuelle de 57 bilans). - la passation d’un questionnaire auprès des réseaux porteurs d’une action de parrainage en 2007 (88 réseaux et 90% de réponses). - des entretiens qualitatifs auprès de responsable parrainage, d’un conseiller, d’un parrain et d’un parrainé ont été réalisés dans 15 structures Septembre 2008 Quelques éléments de définition du parrainage sur le champ de l’emploi Selon les circulaires successives de la DGEFP, le parrainage consiste à faciliter l’accès ou le maintien dans l’emploi de demandeurs d’emploi rencontrant des difficultés d’insertion professionnelle en les faisant accompagner par des personnes bénévoles (salariés ou jeunes retraités). Toutefois l’action de parrainage n’a pas pour finalité l’embauche des filleuls dans l’entreprise des parrains. Par ailleurs, le parrainage est décrit comme un outil permettant de lutter contre toutes les formes de discrimination, de créer du lien social et de nouvelles solidarités intergénérationnelles. Quelques actions ont été expérimentées au début des années 90 puis se sont généralisées en France métropolitaine (circulaire du 15 mars 1999). Si le parrainage concernait initialement les jeunes des missions locales et des PAIO, il s’est étendu au public adulte (circulaire du 4 août 2003). Au plan national pour la période 2005/2006 près de 18 000 actions de parrainage ont été comptabilisées. Elles ont mobilisé 11300 parrains et concernent pour 80% des jeunes. Selon les données de la DGEFP près des trois quarts des personnes sorties du dispositif ont accédé à l’emploi ou à la formation. Quelques chiffres clés sur le Parrainage Emploi en Ile de France (données issues des rapports d’activité de l’année 2006) Données sur les réseaux Sur 106 structures financées en 2006, plus de la moitié sont des missions locales. Le budget du parrainage est alimenté par la DRTEFP pour près de la moitié, par la Région pour près de 40% et par l’ACSE pour environ 15%. 43 parrainés par réseau en moyenne mais des écarts importants : de 8 filleuls à 257 selon les réseaux. De 3 à 100 parrains selon les réseaux. Données sur les Parrains 47% sont retraités 62% sont des hommes et les deux tiers ont plus de 40 ans. Plus des deux tiers sont des cadres Données sur les Parrainés 51% sont des femmes 40% résident en ZUS Un quart ont un niveau de formation inférieur au niveau V (CAP) et 15% au-delà de bac+ ASDO Etudes - ACSE/DRTEFP/CRIF - Evaluation du parrainage en IDF - Septembre 2008 2 Les champs du parrainage et ses formes L’appellation parrainage n’est pas un nom « déposé » ni une Marque. Les actions dénommées « parrainage » foisonnent en Ile de France. Si les actions relatives à l’accès à l’emploi sont prédominantes, elles n’occupent pas cependant tout le champ. 1. Les caractéristiques de l’action de parrainage en général Soutien scolaire Préparation Tutorat (accès fac) concours Accomp Création Accomp vers emploi/formation dans emploi d’ent. Le parrainage intervient dans différents cadres pouvant aller du soutien scolaire jusqu’à l’accompagnement pour les créateurs d’entreprise. Sur le champ scolaire, différents programmes nationaux ou départementaux existent. Des associations intervenant auprès de jeunes en difficultés développent du soutien scolaire qu’elles dénomment parrainage. Le parrainage peut aussi s’appliquer à des actions de préparation à des concours.. Sur le registre de l’emploi, l’appellation « parrainage » recouvre au moins deux grands type d’actions. L’accompagnement « vers l’emploi » (le parrainage d’une personne désireuse de trouver un travail) et l’accompagnement « dans l’emploi » (l’action qui consiste à maintenir ou pérenniser une situation d’emploi pour des publics fragiles). Ce dernier type d’action est d’ailleurs relativement peu « codifié » et repéré en tant que tel. Enfin, le parrainage s’applique également au domaine de la création d’entreprise où il revêt une valeur ajoutée particulière. 2. La confusion entre accompagnement et prestations Les différents textes précisant la notion de parrainage évoquent clairement la notion d’accompagnement des personnes. Concrètement en région Ile de France la notion d’accompagnement s’est traduite par l’instauration d’un seuil minimal de 3 entretiens par personne. Malgré cette précision plusieurs structures porteuses du parrainage ont développé des pratiques plus « souples ». Le schéma ci-dessous montre que l’action de parrainage peut être « découpée » en plusieurs types de prestation. Découverte métiers Appui à l’élabo-ration de projets Préparation concours Accomp vers Simulation emploi/formation d’entretiens Ces exemples montrent que l’on se situe ici sur des conceptions différentes du parrainage : soit il s’agit d’un accompagnement (lequel peut inclure bien entendu différentes prestations d’appui évoquées précédemment) soit il s’agit de mobiliser de manière ponctuelle une ressource « parrain ». 3. Evolution des réseaux franciliens financés par le comité de pilotage. Depuis 2003, il semble que l’activité des réseaux diminue. Néanmoins l’exploitation des bilans révèle qu’en moyenne un quart des structures conventionnées ne renvoient pas leur bilan annuel. Les données chiffrées disponibles témoignent d’une baisse relativement importante du nombre de structures conventionnées (89 en 2007 contre 101 en 2003). Le nombre de parrains/marraines et de parrainés tend lui aussi à baisser (3156 parrainés en 2007 et 1221 parrains actifs) mais de manière moins importante. ASDO Etudes - ACSE/DRTEFP/CRIF - Evaluation du parrainage en IDF - Septembre 2008 3 Evolution du nombre de structures depuis 2003 (source : programmation financière et bilans) 120 100 80 Nombre de bilans disponibles 106 101 79 75 89 79 60 57 Nombre de structures conventionnées 40 Nombre de structures ayant répondu au questionnaire 2007 20 0 2003 2006 2007 Evolution du nombre de parrainés depuis 2003 (source : exploitation des bilans et questionnaire 2007) 4000 3500 3370 3156 3000 2500 2351 2568 2000 1500 Source : exploitation du questionnaire 2007 Source : exploitation des bilans 1000 500 0 2003 2006 2007 Evolution du nombre de parrains/marraines depuis 2003 (source : exploitation des bilans et questionnaire 2007) 1400 1307 1200 1000 1221 1085 968 800 600 Source : exploitation du questionnaire 2007 Source : exploitation des bilans 400 200 0 2003 2006 2007 ASDO Etudes - ACSE/DRTEFP/CRIF - Evaluation du parrainage en IDF - Septembre 2008 4 Les plus values du parrainage Il est préférable d’évoquer « les » plus values et non « la plus value » de l’action de parrainage. 1. En terme de résultats à l’emploi Les résultats en emploi sont significatifs puisqu’en 2007, 71 % des parrainés ayant terminé leur accompagnement ont accédé à un emploi (ce chiffre s’élève à 63% si on prend en compte la totalité des parrainés de l’année). Ces résultats sont particulièrement significatifs pour les publics prioritaires. En effet, il est à noter que le taux d’emploi est particulièrement élevé pour les publics ressortissants des ZUS (74%) et qu’il est également très important pour le public de faible niveau de formation. Les personnes sans diplômes (niveau V bis et VI) fortement désavantagées sur le marché du travail accèdent ici à l’emploi pour 66% d’entre eux. Il est à noter également que parmi les publics fortement qualifiés (lesquels accèdent pour 77% à l’emploi à l’issue de l’action de parrainage) figurent de nombreuses personnes issues des ZUS et/ou potentiellement victimes de discriminations sur le marché de l’emploi. Enfin et il s’agit d’un résultat remarquable, taux d’accès à l’emploi par genre et par tranche d’âge est constant, prouvant ainsi que le parrainage concoure efficacement à l’égalité des chances. Résultats à l’emploi Résultats à l’emploi et structures (source bilans disponibles Total parrainés de l’année) (source : bilans 2007 Total parrainage terminé) 100% 10% 5% 80% 15% 2% 2% 10% 12% 5% 10% 5% 14% 15% 69% 71% 60% 86% 40% 70% 20% 0% Missions Locales (1278 rép.) Résultats à l’emploi et lieu de résidence (source bilans 2007 Total parrainage terminé et information disponible) 100% 9% 3% 14% 80% 2% 6% 11% 5% 14% 14% Associations (301 rép.) Total (1677 rép.) Résultats à l’emploi et niveau de formation (source : bilans 2007 Total parrainage terminé et information disponible) 100% 80% 10% 6% 10% 6% 18% 66% 8% 12% 15% 11% 4% 14% 69% 71% 77% 3% 60% 60% 40% Structures Economiques (98 rép.) 74% 68% 70% 40% 20% 20% 0% 0% ZUS (562 rép) Hors ZUS (895 rép) Total (1457 rép.) Niveau VI - V bis (466 rép.) Niveau V (507 rép.) ASDO Etudes - ACSE/DRTEFP/CRIF - Evaluation du parrainage en IDF - Septembre 2008 Niveau IV (293 rép) Niveau I,II ou III (231 rép.) 5 2. En terme de dynamique de mobilisation et d’insertion des publics Au-delà de l’impact sur le retour à l’emploi, le parrainage comporte à l’évidence des effets qualitatifs sur les publics accompagnés. D’une part, le recours au parrainage facilite l’accès à un « réseau » professionnel. « Avant de le rencontrer, je pensais que dans ce secteur il n’existait qu’un seul métier, celui d’éducateur spécialisé. Quand vous allez au CIO, les conseillers d’orientation ne vous parlent pas des autres métiers : moniteurs d’atelier, éducateur scolaire… On ne vous parle que du métier d’éducateur spécialisé uniquement accessible aux personnes diplômées. Donc, là ça m’a permis d’élargir mes choix. Je cherchais dans une mauvaise direction, il m’a ré aiguillé. » Les parrains offrent la possibilité aux publics de découvrir concrètement des métiers et le monde de l’entreprise. « Elle m’a donné des conseils auxquels je n’aurai jamais pensé. Par exemple, elle m’a dit de préciser dans ma lettre de motivation que je recherchais un travail pour me rapprocher de mon domicile. Et ça je n’aurai jamais osé le mettre avant. Je n’aurais jamais osé parler de ma vie familiale dans une lettre de motivation. » Leur valeur ajoutée passe également par un accompagnement individualisé et sans concession. A défaut du professionnel, le parrain peut notamment se permettre certaines remarques (tenue vestimentaire des jeunes des Missions Locales par exemple). Leur disponibilité et leur réactivité sont également mises en avant par les filleuls. « Il est bien mon conseiller, mais il faut prendre rendez-vous et des fois il a pas le temps. Le parrain lui il vient tout de suite, c’est rapide » Enfin, les filleuls se sentent souvent valorisés et reconnus par le fait que les parrains/marraines agissent pour eux bénévolement. « C’est bête à dire mais quand vous cherchez depuis des mois et vous n’avez rien…là on a quelqu’un d’important, qui est très occupé, des vraies responsabilités. Et bien ils nous donnent du temps. Donc ça booste. Moi je me sentais un peu obligé de réussir, je ne voulais pas la décevoir » 4. En termes de mobilisation des entreprises et des acteurs Pour certains réseaux en particulier les Missions Locales, les parrains peuvent faciliter l’accès aux entreprises, lorsque celui-ci fait défaut. « Nous le problème c’est que l’on a pas vraiment de contacts avec les entreprises. On a pas de moyens pour prospecter et ce n’est pas la culture des conseillers. Le réseau de parrainage nous apporte ces entreprises et ces contacts. C’est utile pour l’emploi mais aussi les stages, la découverte des métiers ». Pour les entreprises, il peut constituer un nouveau sourcing de candidats convoités en particulier dans les métiers en tension et pour les jeunes diplômés. durable, charte de la diversité, obligation d’emploi des personnes handicapées). « Aujourd’hui c’est quelque chose qui va prendre certainement plus d’ampleur parce que cette démarche sociétale devient de plus en plus importante pour nous. Nous faisons partie d’un groupe japonais avec une volonté forte sur la « CSR », Corporate Social Responsability » dans laquelle on va retrouver notamment le mécénat, … : toutes les activités à côté du business pour venir en aide à des structures autres. J’ai l’intention d’ancrer beaucoup plus cette formule (parrainage) dans notre politique interne, avec un suivi beaucoup plus étroit. Il faut qu’on communique plus sur la formule. » Au-delà, il est un outil valorisant le dialogue intergénérationnel et contribue à la mixité sociale et culturelle. Ces éléments montrent bien que le parrainage n’est pas qu’un service à la personne. Il apporte des éléments de réponse à des problématiques sociales plus vastes. ASDO Etudes - ACSE/DRTEFP/CRIF - Evaluation du parrainage en IDF - Septembre 2008 6 Les plus values des parrains : quelques figures La valeur ajoutée du parrainage s’ancre sur des modalités d’action et d’accompagnement différentes. Le parrain ne correspond pas à une définition unique. Il ne développe pas un mode opératoire standardisé. Le schéma ci-dessous illustre les figures que l’on a pu rencontrer au cours de notre étude. Les parrains peuvent se caractériser en fonction de deux axes, à savoir leur niveau d’intervention ; celui-ci allant de l’intervention globale (il intervient sur le champ « social » par exemple) à l’expertise professionnelle et le niveau d’accompagnement, celui-ci allant d’un accompagnement « humain » (forte dimension affective) à un accompagnement plus technique (reposant sur des outils, des méthodes). 1. « Le professionnel » Souvent actif (cadre supérieur en grande entreprise), l’accompagnement qu’il propose repose sur son expertise métier, sa connaissance sectorielle et ses compétences en terme de techniques de recherche d’emploi. Il dispose souvent d’un réseau dans les services des ressources humaines. « Le professionnel » n’intervient pas sur la dimension sociale. Il fournit les codes de l’entreprise et ouvre le champ des possibles. Il intervient généralement depuis son bureau et privilégie « l’efficacité ». Il n’est pas en forte proximité avec les référents des personnes. Il convient bien aux personnes diplômées et/ou motivées ayant un projet professionnel défini et relativement autonome. Il peut être utilisé comme personne « ressources » pour des prestations ponctuelles par la structure porteuse du parrainage. 2. « Le technicien » Souvent actif également (cadre moyen), sa plus value repose davantage sur son expertise métier. Comme « le professionnel », il n’intervient pas sur la dimension sociale ASDO Etudes - ACSE/DRTEFP/CRIF - Evaluation du parrainage en IDF - Septembre 2008 7 mais est davantage centré sur le métier. Il convient également aux personnes motivées, ayant un projet professionnel. 3. « Le coach » On retrouve dans cette figure plutôt des actifs (cadre supérieur grande entreprise) mais également des retraités. Ici l’accompagnement prend davantage en compte la dimension « humaine » et les difficultés périphériques de la personne, sans pour autant qu’il assure lui-même la résolution des problèmes rencontrés. Dans ce cadre, il développe beaucoup la notion de conseil et structure le travail avec le filleul. « Le coach » travaille de manière étroite avec les référents. Il convient aux personnes motivées ayant un début de projet professionnel sans avoir nécessairement un haut niveau de qualification. 4. « Le pater » Souvent retraité, son accompagnement est davantage fondé sur une approche globale de la personne. Dans cette figure, l’accompagnement est souvent long et tout azimut. Son action repose à la fois sur une approche sociale et comportementale. Il convient davantage aux publics jeunes, rencontrant des difficultés d’insertion et qualification, voire sans projet professionnel défini. 5. « Le maître d’apprentissage » Souvent retraité, l’accompagnement est ici à forte composante technique et sectorielle. On retrouve cette figure notamment auprès de parrains issus du secteur du bâtiment. L’accompagnement est très rapproché et humain. Il agit sur les comportements professionnels. « Le maître d’apprentissage » travaille en proximité avec le référent. Il convient bien aux personnes jeunes souhaitant découvrir un métier. 6. « L’ange gardien » Retraité ou actif, il est investi d’une mission. Il s’agit d’un mécène. Il intervient sur toutes les dimensions de l’insertion des personnes (logement, régularisation des sans papiers, etc.) Son accompagnement est peu « technique », il se situe davantage dans l’aide. Il est moins dans l’appui à faire que dans le faire à la place. Il convient peut-être à des publics dont on souhaite « faciliter l’intégration » mais le risque de dérives est significatif. Ces différentes figures des parrains illustrent la diversité des pratiques en matière d’accompagnement. Elles répondent également à la diversité des publics qui peuvent être accompagnés. Le tableau ci-dessous récapitule les figures de parrains et les types de publics qui peuvent leur correspondre. ASDO Etudes - ACSE/DRTEFP/CRIF - Evaluation du parrainage en IDF - Septembre 2008 8 Jeunes non qualifiés Jeunes diplômés Adultes (niv. VI-V bis) 27% base 2007 (niv. I,II,III) (+ de 26 ans) Publics ZUS/discrimi nés 40% ZUS 14% base 2007 19% base 2007 base 2007 Type de parrain Coach Pater Maître d’apprentissage Professionnel Technicien Coach Coach Professionnel Technicien Coach Professionnel Technicien Ange gardien ? Pré-requis publics Forte motivation Emergence projet prof Forte motivation Projet prof Pas problème comportement Autonome Forte motivation Projet prof Forte motivation Projet prof Pas problème comportement Type de parrainage Découverte métiers/entrepris es Travail sur savoir être Accompagnt long Actions ponctuelles prestations TRE Confiance en soi Confiance en soi Savoirs êtres Accompagnement long Confiance en soi Accompagnement peut être ponctuel Plus value/résultat Construction de parcours insertion Mobilisation Apprentissage code entreprise Accélération parcours Mise en réseau Lutte contre discriminations Deuil/reconversion Mise en réseau Lutte contre les discriminations Mise en réseau Les écueils du parrainage Ils ressortent de plusieurs facteurs 1. le recrutement des parrains Rappelons que le réseau de parrainage est constitué pour près de la moitié de parrains retraités (données 2006). En revanche, ils sont assez homogènes d’un point de vue statutaire puisque la très grande majorité (plus des deux tiers) sont des cadres. Si les actifs sont valorisés pour leur « expertise professionnelle » et leur dimension « réseau », l’avantage des retraités porte sur leur disponibilité (en termes de temps). Les figures-types décrites précédemment montrent que les actifs peuvent être adaptés à certains profils de personnes mais le sont peu par rapport à d’autres. Les modalités de recrutement des parrains et marraines sont très différentes d’un réseau à l’autre. Ceci dit, la quasi-totalité des structures (96%) souhaiteraient qu’une communication plus structurée sur le parrainage soit développée afin de faciliter le recrutement de parrains de qualité. 2. le recrutement des parrainés Rappelons qu’en 2006 le profil des parrainés était relativement équilibré entre hommes et femmes (moitié/moitié). En revanche le niveau de formation initial de ces personnes est très hétérogène : 16% détiennent un diplôme supérieur à bac+2 et à l’opposé un sur quatre ont un diplôme inférieur au BEP/CAP. Si le niveau moyen de diplôme est assez élevé il est utile de remarquer que près de 30% des diplômés sont issus de ZUS. Pour autant, certaines structures (très minoritaires) comptent des diplômés dont ASDO Etudes - ACSE/DRTEFP/CRIF - Evaluation du parrainage en IDF - Septembre 2008 9 apparemment la seule difficulté majeure est de trouver un emploi. Globalement, les bénéficiaires du parrainage sont des personnes « en difficulté », potentiellement victimes de discriminations (40% proviennent de ZUS). 3. L’animation du réseau En termes d’animation, les ressources consacrées par les porteurs à l’animation sont hétérogènes, à l’image de leur diversité. Rappelons qu’en 2006, 10 réseaux recensaient plus de 80 parrainés et 8 réseaux moins de 12 parrainés. En 2007, le questionnaire révèle que la moitié des réseaux consacrent moins d’un demi temps plein à l’animation de leur réseau. En revanche, 29% des réseaux déclarent mobiliser au moins deux personnes. Les modalités de cette animation sont différentes. Dans la quasi-totalité des cas, un référent parrainage est identifié dans la structure. Son rôle est à géométrie variable. Il peut assurer des missions de coordination, de prospection des entreprises, d’animation et assurer l’interface entre parrains et référents. Les deux tiers déclarent que plus de la moitié des parrains n’ont pas été formés à la lutte contre les discriminations. Cela ne signifie pas que les parrains et marraines ne sont pas sensibles à la question de la lutte contre les discriminations. A l’inverse beaucoup considère qu’elle est au centre de leurs préoccupations. 4. L’articulation des interventions des acteurs Dans de nombreux cas le lien entre le parrain et les référents habituels restent faibles. Ces modes d’articulation soulèvent la question de la valeur ajoutée du parrainage par rapport à un accompagnement classique. Le parrainage peut avoir ainsi un effet de compensation. Il intervient pour compenser les carences des modes d’accompagnement traditionnels. Il apporte une expertise en matière de techniques de recherches d’emploi par exemple (meilleure connaissance des métiers), il supplée au manque d’effectifs et/ou problèmes de disponibilité des référents. Il apporte enfin un accès privilégié aux entreprises pour les réseaux d’acteurs qui ne disposent pas de cette ressource. Le parrainage peut intervenir également en complémentarité de l’accompagnement classique. Dans ce cas, le parrainage revêt une place originale. Il légitime le discours d’un tiers « crédible » aux yeux de l’accompagné même s’il ne fait que répéter des conseils déjà prodigués. Il permet également de délivrer des conseils sur le registre « comportemental » et sur les codes de l’entreprise. Enfin, le parrainage s’avère particulièrement complémentaire de l’accompagnement classique lorsqu’il donne accès aux offres d’emplois du « marché caché ». Cette valeur ajoutée du parrainage par rapport à l’accompagnement traditionnel rend complexe la communication auprès des différents acteurs. Le risque est que les arguments en faveur du parrainage dévalorisent « l’accompagnement traditionnel » aux yeux de ceux qui perçoivent le parrainage comme un mode « d’action » concurrent du leur. ASDO Etudes - ACSE/DRTEFP/CRIF - Evaluation du parrainage en IDF - Septembre 2008 10 Les attentes des réseaux Les réseaux expriment de vives attentes en termes d’animation, de capitalisation et d’échanges de pratiques à un niveau infra régional. Notre enquête révèle ainsi que 87% des structures souhaitent ces échanges. Ces attentes s’expliquent par plusieurs facteurs : - - - L’animation régionale se serait « affaiblie » ces dernières années. Les échanges entre réseaux sont rares. La dynamique insufflée il y a quelques années (construction d’outils, organisation de rencontres régionales) s’est essoufflée et les moyens dévolus à l’animation paraissent peu en rapport avec la taille du réseau et sa diversité. La multiplication des initiatives et la diversité des pratiques que recouvrent le parrainage plaiderait pour une homogénéisation des pratiques afin de ne pas « diluer » le concept. Les entreprises seraient de plus en plus disposées à adhérer au concept, d’où la nécessité de « professionnaliser » les pratiques. La taille du territoire de l’Ile de France plaiderait pour des animations beaucoup plus territorialisées. Les attentes des structures pour l’avenir portent sur plusieurs thèmes et prioritairement : - Le développement de la communication pour mieux faire connaître le parrainage L’organisation des échanges au niveau infra régional Le développement des formations relatives à la lutte contre les discriminations. Liste des réseaux du parrainage en Ile de France ASDO Etudes - ACSE/DRTEFP/CRIF - Evaluation du parrainage en IDF - Septembre 2008 11