Alstom Transport devrait s`engager sur la voie de la croissance

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Alstom Transport devrait s`engager sur la voie de la croissance
Alstom Transport devrait s'engager sur la
voie de la croissance
LE MONDE | 23.06.2014 à 11h45 • Mis à jour le 23.06.2014 à 11h51 |Par Philippe Jacqué
S'il y en a un qui a le sourire, c'est bien Henri Poupart-Lafarge. Le PDG d'Alstom
Transport sort grand gagnant de la cession d'Alstom Energie à General Electric. Fin 2013,
le patron planchait encore sur la mise en Bourse d'une entreprise de 28 000 salariés avec
une perspective peu engageante : une dette de 500 millions d'euros et peu de marge de
manœuvre pour croître.
>> Lire aussi : Le nouvel Alstom restera un acteur industriel majeur en
France
L'arrivée de GE a tout changé. « Non seulement Alstom sera totalement désendetté, mais
en plus il disposera d'une enveloppe conséquente de cash pour croître. Enfin, GE va lui
céder certaines activités », se félicite-t-on au sein de l'entreprise. Le conglomérat
américain s'engage à lui vendre pour 602 millions d'euros son activité signalisation
installée à La Défense, à Paris.
Avec 1 200 salariés, et un chiffre d'affaires de 370 millions d'euros, cette activité reste
modeste. « Grâce à cet apport, Alstom sera clairement le numéro deux de la
signalisation dans le monde », assure néanmoins un observateur. Avec 12 % du marché,
il restera loin derrière Siemens, qui détient 20 % du marché mondial, mais distance un
peu Thales, son concurrent tricolore (10 %). Dans le même temps, Alstom supprime un
concurrent qui était en plein développement et qui tirait les prix, et donc les marges, vers
le bas.GE s'engage également à coopérer « sur les services aux locomotives de GE en
dehors des Etats-Unis, la recherche et le développement, l'approvisionnement, la
fabrication, et l'assistance commerciale aux Etats-Unis ». « Cela va renforcer le réseau
mondial d'Alstom », juge-t-on en interne.
PRÉPARER L'AVENIR
En sus, sur les milliards d'euros obtenus pour le rachat de la branche énergie, une quotepart encore à déterminer devrait garnir les caisses d'Alstom Transport. De quoi mieux
préparer l'avenir pour le constructeur du TGV.
Reste quelques doutes. Même si Alstom atteint un chiffre d'affaires de 5,9 milliards
d'euros et une marge opérationnelle solide de 5,6 %, c'est un acteur plus vulnérable que
ses grands concurrents que sont les géants Bombardier, Siemens ou CSR et CNR, les deux
mastodontes chinois.
« Alstom devient un “pure player” du transport, ce qui va le dynamiser avec une
stratégie claire, pense Bertrand Mouly-Aigrot, du cabinet de conseil Archery. Cependant,
sa surface financière va baisser par rapport à ses concurrents, malgré l'apport de cash.
Surtout, le groupe devient une cible potentielle pour d'éventuels industriels qui
souhaiteraient se positionner sur le transport ferroviaire ou pour des constructeurs
émergents en quête de savoir-faire européen. » Avec 20 % de l'ensemble, l'Etat veillera
cependant au grain.
Pour se renforcer, Alstom devrait se lancer à moyen terme dans des acquisitions. Aucun
acteur n'anticipe de rapprochement important avec d'autres grands constructeurs de
locomotives comme un mariage avec Siemens ou Bombardier, car il existe trop de
redondances.
« Ce type de fusion est extrêmement compliqué au niveau politique et social, assure
M. Mouly-Aigrot. Alstom va plutôt chercher à reprendre des acteurs plus modestes sur
certains marchés géographiques, où il est encore peu présent, ou dans certains métiers
complémentaires à la construction ferroviaire comme la signalisation, les équipements
d'infrastructures ou les services. » Il cherchera avant tout à accélérer son
internationalisation, car il réalise toujours 70 % de son activité en Europe.