conjoncture - Ecole hôtelière ESH Paris

Transcription

conjoncture - Ecole hôtelière ESH Paris
du 30 octobre 2008
CONJONCTURE
AVEC LA NOUVELLE DONNE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE
L'INVESTISSEMENT HÔTELIER : LA CRISE EST-ELLE À NOTRE PORTE ?
Avec la chute du nombre de transactions partout dans le monde depuis septembre et la
récession économique qui se profile, les cartes du secteur pourraient être redistribuées.
Cependant, les professionnels ont déjà prouvé par le passé qu'ils savaient s'adapter aux
conjonctures difficiles.
Depuis le mois de mars 2008, lors du salon international du tourisme ITB de Berlin, on savait le
marché américain largement touché par la crise des subprimes, on soupçonnait une atteinte des
marchés anglais, très proches de ces derniers, mais le marché français semblait être épargné.
Or, depuis un mois, les transactions ont chuté de 59 % en Europe et en France, d'après Jones
Lang Lassalle, et de 76 % dans le monde. Certains établissements haut de gamme affirment,
pour leur part, qu'ils "n'atteindront pas leurs prévisions". Faut-il pour autant dire que la crise est
à notre porte ? Pas si simple, car si la baisse des transactions est une évidence depuis
septembre pour Atisreal, la réalité est plus complexe. Aux dires d'experts, "toutes les
transactions qui avaient été engagées début 2008 ont été retardées et n'iront peut-être pas
jusqu'au bout, les acheteurs ayant de la peine à trouver des liquidités auprès des banques, et
les vendeurs restant calés sur les valeurs précédentes du marché, donc [aujourd'hui]
surévaluées". À titre d'illustration, la France enregistre tout de même 53 nouveaux projets
hôteliers, soit 6 165 chambres, dont 39 hôtels déjà en construction, 24 programmés pour 2009
et 26 pour 2010. Par ailleurs, il est important de rappeler le rôle moteur et atypique de Paris
qui, avec une seule transaction, atteint plus de la moitié de celles effectuées au cours de l'année
2008.
Par ailleurs, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, la crise pourrait bien être une
aubaine pour certains. En effet, si les stocks ont pratiquement disparu du marché et qu'il n'y a
plus aujourd'hui de transactions, "les investisseurs propriétaires vont bientôt se trouver dans
l'obligation de refinancer leur capital", souligne Tim Smith, directeur chez HVS. Or, les
liquidités dans les banques se faisant rares, "ils seront contraints de vendre et dans des
conditions difficiles avec des valeurs d'achats souvent surévaluées", précisait encore James
Chappell, le directeur de STR Global.
D'une crise à l'autre
Enfin, au-delà de la crise financière, les hôtels sont désormais confrontés à la crise économique
et vont ressentir, à plus ou moins long terme, ses conséquences. En effet, si ceux-ci sentent
aujourd'hui "un léger tassement", comme le souligne ce directeur d'hôtel 4 étoiles, cette
situation pourrait vraisemblablement s'aggraver au cours de l'année 2009. Pourtant, tout en
étant pénalisés par un contexte économique et financier peu brillant, les hôtels n'accusent que
faiblement la baisse pour le moment.
Conscients de la réalité de la conjoncture et des phénomènes de cycles dans l'hôtellerie, les
hôtels ont déjà fait l'expérience de plusieurs crises économiques, et en ont tiré les
conséquences. En tout état de cause, ils ont su et sauront adapter leur management et la
politique marketing diversifiée qui s'impose face à ce contexte, ce qui permettra à bon nombre
d'entre eux de sortir de l'impasse sans trop de difficultés. Encore faut-il qu'ils n'aient pas le
couteau mis sous la gorge, par des investisseurs soucieux de récupérer leur mise…
Évelyne de Bast zzz36o
AVEC DES PRÉCISIONS À LA BAISSE POUR LES TAUX D'OCCUPATION ET LE TOURISME
D'AFFAIRES
Des professionnels inquiets lors de l'International Hotel Conference de
Rome
Pour son 6e anniversaire, la manifestation avait réuni ses participants au Cavalieri
Hilton de Rome, qui, entre tables rondes et conférences plénières, s'interrogeaient sur
l'avenir de la profession. Signe de ce pessimisme ambiant : peu de personnes s'étaient
déplacées (moins de 400) et certaines professions peu représentées (banquiers,
développeurs…).
La société STR Global, guère optimiste, a tout de suite posé le sujet lors de
l'International Hotel Conference qui s'est déroulée du 15 au 17 octobre 2008 à
Rome, en associant crise économique et crise financière. S'appuyant sur les
derniers résultats et ceux projetés pour la fin de l'année 2008, "la baisse en
Europe serait de 1,5 % pour les taux d'occupation, comparé à 2007 pour la
même période, tout comme les RevPAR en baisse également de 1,5 % sur toute
Wolfgang
l'Europe. Certains pays, comme l'Italie avec - 7,4 % ou l'Espagne avec - 2,2 %,
Neumann, vicedevraient être touchés plus vite que les autres. D'autres régions du globe, en
président
revanche, affichent des résultats étonnants, comme le Moyen-Orient avec 25,3
Europe pour
Hilton.
% de progression ou l'Asie (+ 11,2 %) par rapport à 2007".
Pour James Chappell (STR Global), la montée des phénomènes de récession
va donc avoir un impact évident sur l'exploitation avec la baisse du tourisme d'affaires. Il devait
nuancer cependant son propos en évoquant la baisse du prix du baril, qui diminue d'autant les
coûts de transport et favorise en particulier la clientèle touristique, notamment les low costs.
C'est pourquoi, malgré cette conjoncture morose, il était tout de même rafraîchissant de noter
la présence de projets hôteliers en France, devait préciser Yves Marchal, de Jones Lang
Lassalle. Pour Bruce Ford, de Lodging Econometrics, gigantesque base de données recensant
l'ensemble des projets hôteliers sur la planète, la France est bien présente avec 53 projets pour
2008, mais loin derrière l'Angleterre (338) ou l'Espagne (176) (lire tableau en p. 14). Toutefois,
quelques pays sont en progression fulgurante et certaines chaînes font même état de
développement à deux chiffres vers des destinations privilégiées, comme la Turquie, " où se
trouvent d'importantes opportunités", comme le précisait Wolfgang Neumann, vice-président
Europe pour Hilton.
Du côté des banques, on essaye également de moduler la mauvaise impression concernant le
manque de liquidités, à l'instar de Rod Taylor de l'Europe Arab Bank, qui précise : "Les
perspectives ne sont pas fermées mais, désormais, les prêts se feront sur des critères objectifs.
(…) Il existe des opportunités pour les banques comme pour les investisseurs." Enfin, comme
toujours en période de crise, la profession se replie sur ses fondamentaux. Les banques se
déclarent d'accord pour prêter en fonction des trois critères bien connus qui sont l'appartenance
à un groupe hôtelier ou à une marque - désormais garanties nécessaires -, la localisation et
l'appui d'un sponsor de poids. De beaux jours en perspective pour les contrats de franchise ou
de management, à condition toutefois qu'ils ne grèvent pas les résultats d'exploitation des
hôteliers avec des droits trop élevés.
É. de B. zzz36