L`ABBAYE DE CLUNY

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L`ABBAYE DE CLUNY
L'ABBAYE DE CLUNY
En 909-910, Guillaume d'Aquitaine, comte de Mâcon, pour racheter ses péchés, donne ses terres de
Cluny à douze moines bénédictins et à Bernon leur abbé.
La Grosne, une petite rivière paisible et très poissonneuse, coule dans la vallée. Elle est bordée de
collines boisées, aux pentes douces. Le domaine est près des grandes voies de communication de
l'époque. Les romains y avaient installé des villas.
Ces terres agricoles avec des églises et des chapelles, des serfs et leur famille, des vignes, des jardins,
des moulins, des bâtiments, constituent un lieu parfait pour fonder une abbaye.
Guillaume place le monastère directement sous la protection du Pape et choisit Pierre et Paul
comme saints patrons de l'Eglise.
L'abbaye devient très vite riche, puissante et célèbre.
Les abbés jouent un rôle important de 930 à 1130 : ils conseillent les rois et les papes.
L'essor de Cluny (Xe - XIIe siècles)
- Les
grands abbés :
ODON est choisi par Bernon pour lui succéder. Le monastère s'agrandit. Des abbayes se joignent à
Cluny qui devient le centre de l'Ordre. Offrandes et donations affluent pour obtenir les prières des
moines pour les défunts.
MAïEUL joue un rôle important dans la politique européenne. Il est l'ami du Duc de Bourgogne et de
Hugues Capet. Il fait construire une deuxième église; on y apporte les reliques de St Pierre et de St
Paul : Cluny devient lieu de pèlerinage.
ODILON est désigné par Maïeul pour occuper sa place. Comme lui, il se révèle être un grand politique
et un chef énergique. Il possède de nombreuses qualités : charité, douceur, foi, amour de
l'enseignement, une grande endurance, une volonté de fer et une profonde humilité. Il publie de
nombreux écrits, instaure la Fête des Morts le 2 novembre. Il participe à l'établissement de la Trêve
de Dieu (arrêt des combats et des guerres à certains jours de la semaine). Il secoure les pauvres lors
des terribles famines avec les ressources de Cluny.
HUGUES DE SEMUR est élu à sa suite. C'est le plus grand Abbé. Pendant son règne de 70 ans, Cluny
atteint son apogée. Il traite d'égal à égal avec rois et papes. Deux de ses moines deviennent pape et
l'un d'eux, Urbain II prêche la 1ère croisade en 1096. Il crée également le premier prieuré de
femmes. L'influence de Cluny s'étend en Italie, en Espagne, en Allemagne et même jusqu'en Pologne.
Les visiteurs affluent de plus en plus et, pour les accueillir il entreprend la construction, d'une
troisième église (romane), la plus belle et la plus grande de toute l'Europe. Appelée la 'Maior
Ecclesia', elle mesure 187m de long, 75m de large, en hauteur 30m sous voûte et 33m sous la
coupole. Avec ses deux transepts elle a la forme d'une croix de Lorraine. Il ne reste plus aujourd'hui
qu'un des sept clochers.
- A la fin du XIe siècle l'abbaye abrite 300 moines et des centaines de maisons en dépendent.
Les doyennés, granges ressemblant à de grosses fermes, fournissent à l'abbaye blé, avoine, vin,
viande, poisson, bois mais également des redevances en argent. Ils sont situés dans un rayon d'une
cinquantaine de Km de l'abbaye (une journée de cheval). Certains sont près d'une église paroissiale
au cœur d'un petit bourg. Il arrive qu'on y rende la justice dans les litiges entre moines et laïcs.
- Au XIIe siècle,
il y eut des difficultés financières. La Règle bénédictine s'est relâchée, on
dépense beaucoup, on travaille moins pour produire la nourriture (l'abbaye doit acheter les 3/4 de ce
qui lui est nécessaire pour vivre). Il y a aussi des conflits entre les moines. De nouvelles conceptions,
des tendances réformatrices ont pénétré à Cluny. Un mouvement est parti d'Italie, prêchant un
monachisme plus pauvre, moins engagé dans le monde.
L'abbaye de Citeaux revient à la Règle bénédictine rigoureuse et elle est suivie par de nombreuses
autres abbayes.
Bernard de Clairvaux attaque violemment la Règle de Cluny.
Pierre le vénérable, dernier des grands abbés lui répond de façon bienveillante et pondérée, avec
sagesse et le conflit s'estompe. Cependant il tire parti des critiques faites pour réformer Cluny (1132).
C'est un homme sage et respecté, très charitable. Il accueille Abélard, persécuté, dans un prieuré
clunisien. C'est aussi un intellectuel qui écrit des traités sur la religion; il fait traduire en latin le Coran
et étudie le Talmud.
Vers 1150, à la veille de sa mort, il écrit :
"L'abbaye est connue dans tout l'univers par sa piété et sa discipline, le nombre de ses religieux... La
France, l'Allemagne, la Bretagne au-delà des mers en portent témoignage; l'Italie, l'Espagne, l'Europe
entière remplie de monastères fondés ou restaurés par Cluny le proclament à haute voix..."
La crise des XIVe et XVe siècles
Dès le XIIIe, les moines ont dû s'adapter à des situations difficiles sans perdre leur idéal de vie et leur
place dans la société. Les relations avec les papes et les rois se modifient. Les difficultés économiques
et politiques s'accroissent. Papes et souverains réclament de l'argent. L'abbaye ne pouvant faire face,
se tourne vers ses prieurés, les mettant eux aussi en difficulté.
1315 - une grave crise agricole provoque des difficultés de ravitaillement.
1350-1450 - les guerres, les épidémies, les pressions politiques...
désorganisent la gestion des prieurés.
Quelques abbés ont laissé leur nom :
- Hugues de Fabri, avec l'élégante tour du Palais abbatial
- Jean de Bourbon qui a fait construire une très belle chapelle gothique et un palais pour recevoir les
visiteurs de marque
- Jacques d'Amboise qui réalise le second Palais abbatial aux décors inspirés de la Renaissance
italienne
La bibliothèque reçoit de nombreux volumes
Les abbés se sont efforcés de défendre Cluny, mais malgré ces efforts le rôle de Cluny s'estompe.
C'est la fin du Moyen Age.
XVIe, XVIIe, XVIIe siècles
L'ordre de Cluny, intégré à l'Eglise de France perd de son
caractère international. Les abbés ne sont plus élus par
les moines et le pape, ils sont désignés par le roi de
France. Ils sont choisis dans les grandes familles du
royaume comme les Guise ou parmi les grands
personnages de l'Etat : Richelieu, Mazarin...
La Réforme protestante et les guerres de religion
contribuent à affaiblir Cluny. En 1563, l'abbaye est pillée
et la bibliothèque en partie détruite.
Sous Louis XIV, la richesse de Cluny fait pourtant encore
scandale :
"Partout où le vent vente, l'Abbé de Cluny a rente".
Mais, malgré les essais de réforme de l'Ordre, la
décadence se poursuit.
1740-1760 un temps plus apaisé permet la
reconstruction du cloître, des cellules des moines et du
réfectoire sous l'autorité de du Prieur Dom Dathose.
1789 - l'Ordre de Cluny est supprimé.
Résumé réalisé par :
Bernadette GIGUET de Cluny
Accompagnatrice LUTILEA

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