Sous la houlette des deux fils du fondateur Marin Karmitz

Transcription

Sous la houlette des deux fils du fondateur Marin Karmitz
Sous la houlette des deux fils du fondateur Marin Karmitz,
l’entreprise familiale s’écrit un autre scénario. La
production de films cède la place à l’événementiel et à
l’exploitation de petites salles haut de gamme.
Les Karmitz au siège de MK2. Bruno Delessard / Challenges
En 2013, MK2 n’a produit aucun film. "J’ai beaucoup de mal à
faire quelque chose moins bien que je n’ai pu le faire
auparavant", explique avec lucidité Marin Karmitz, 75 ans. Les
quatre derniers longs-métrages financés en 2012 par le groupe
n’ont pas rencontré le succès escompté. Fondée il y a tout juste
quarante ans, la maison MK2 est aujourd’hui "coupée de la
réalité -sociale et politique", déplore son fondateur, qui s’est
résolu à stopper cette activité historique de producteur de
cinéma indépendant.
Entouré de ses deux fils, Marin Karmitz a recentré l’entreprise
familiale sur trois métiers : l’exploitation de ses douze cinémas
parisiens, la vente internationale des droits de son catalogue de
550 films (Truffaut, Chaplin, Chabrol…), et l’événementiel. La
première activité, qui lui a assuré 35 des 55 millions d’euros de
chiffre d’affaires réalisés en 2013 (5 millions de spectateurs), est
l’objet des principaux efforts. "Nous travaillons sur l’expérience
des gens qui vont au cinéma, que nous devons réinventer en
permanence", approuve le fils aîné, Nathanaël Karmitz, 35 ans,
président du directoire.
Espaces privatisables
Plusieurs ouvertures de cinémas grand public sont attendues à
Paris, en régions et à l’étranger. Mais ce n’est pas là que le
groupe est le plus innovant. Les Karmitz expérimentent depuis
plusieurs années le concept de "minisalles de
luxe" privatisables. Il en compte désormais quatre dans la
capitale, dont deux récemment inaugurées au palais de Tokyo.
"Nous faisons un métier d’offre, dans lequel il faut tout le temps
être proactif", commente Nathanaël Karmitz, aux manettes de
l’entreprise depuis 2005.
Quitte à rompre avec l’histoire de MK2 ? Ex-maoïste ayant
commencé par la réalisation, auteur du film Camarades en
1970, Marin Karmitz a créé sa société dans la foulée de Mai-68,
avec des idées de démocratisation culturelle plein la tête. "Nous
sommes aussi l’écho de ce qui se passe dans le monde, répond
Nathanaël Karmitz, dont le caractère d’entrepreneur et
d’homme d’affaires paraît plus affirmé. Nous créons des lieux
correspondant aux Parisiens d’aujourd’hui."
Le changement – "une très bonne chose", selon Marin
Karmitz – -s’incarne aussi en Elisha, 29 ans, le second fils. Il
dirige l’agence de communication MK2 Agency, "en très
forte croissance" – 5 millions d’euros de revenus l’an dernier.
C’est elle qui organise les grands événements, comme le festival
Summer Ciné Club cet été. Elle s’occupe aussi de la
commercialisation des écrans publicitaires dans les cinémas,
édite le magazine gratuit Trois Couleurs et s’occupe de
production audiovisuelle pour des marques. Est-ce là que s’écrit
l’avenir du groupe ? "MK2 est un grand studio qui prend vie en
changeant les décors", répond le benjamin. Une métaphore
opportune.