Paris hauteurs - Sensual City Studio

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Paris hauteurs - Sensual City Studio
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Paris Hauteur / JFA Jacques Ferrier Architectures
Notre proposition pour l’atelier ‘Paris hauteurs’ découle en premier lieu
d’une vision urbaine. Notre projet s’ancre dans la conviction que le site
proposé, loin d’être aux limites de la capitale, est un territoire au cœur
d’une agglomération urbaine de plus de 10 millions d’habitants et que la
hauteur est un atout pour réunir, par delà le périphérique, Paris et sa
périphérie ; en résonance avec le projet Masséna, des tours similaires
pourraient s’égrener dans les communes de la première couronne de façon
à créer du relief et des symboles forts, contrepartie contemporaine,
vivante et optimiste au centre hyper-patrimonial de la capitale. C’est une
opportunité de créer autour du centre historique les cartes postales de
demain.
Notre travail sur l’immeuble de grande hauteur a commencé en 2005 avec
le projet de recherche ‘Hypergreen’ et s’est d’emblée inscrit comme
une réponse rationnelle à l’extension infinie des grandes villes de
la planète. Plus de la moitié de la population vit aujourd’hui dans
des villes, et la plupart de ces villes comptent plusieurs millions
d’habitants. L’agrandissement continu de ces dernières entraîne de
graves questions de consommation de territoire, d’allongement des temps
de déplacements, d’impossibilité à gérer des réseaux de transport et
d’infrastructures qui ne peuvent pas s’étendre à l’infini. A l’évidence
il faut pouvoir contenir cette croissance par des points de densité qui
permettent d’offrir logements, bureaux, équipements publics, sur des sites
urbains peu consommateurs de foncier.
Dans cette optique, l’immeuble de grande hauteur n’est plus l’expression
de la puissance -voire de la mégalomanie- du client ou de l’architecte
comme il l’a longtemps été, mais bien un élément nécessaire à la
constitution de la ville pour une société durable. Il ne s’agit pas
forcément de quartiers de tours, mais d’opérations ponctuelles concernant
des sites bien desservis par les transports en commun : le parti pris pour
Masséna illustre cette stratégie d’acupuncture pour densifier la ville
sans écraser sa diversité et son identité.
Cela nous a amené à travailler sur plusieurs propositions de gratte-ciel
mettant eux-mêmes en œuvre, en tant que construction, les technologies
de pointe en terme de développement durable. La taille du bâtiment
est une opportunité pour amortir le coût de dispositifs de production
d’énergie gratuite (pompes à chaleur, panneaux solaires, éoliennes…)
et mettre en avant des innovations pour la structure et les ambiances
intérieures (structure brise-soleil, ventilation naturelle contrôlée,
plafonds climatiques, serres tempérées, double-façades…). L’objectif est
d’imaginer une nouvelle génération de gratte-ciel ; elle succède à la
première génération du gratte-ciel de pierre -qui culmine avec l’Empire
State Building-, et à la deuxième génération, celle du prisme de verre,
omniprésent depuis un demi-siècle, et qui s’épuise aujourd’hui dans les
records de hauteur.
La troisième génération de gratte-ciel n’est plus celle de la course
au record, mais celle d’immeubles multifonctionnels, évolutifs, bien
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connectés à la vie de la cité, et bien sûr ultra-économes en énergie. La
métropole parisienne, absente pendant trente ans de la construction en
hauteur peut trouver là une occasion d’être pionnière.
A cette approche environnementale se superpose donc la question bien
spécifique de Paris, une des villes les plus denses du monde tout en étant
une ville où la hauteur est quasi absente. Le site de Masséna est une
chance pour reconsidérer la place que pourrait prendre la construction
de grande hauteur dans la capitale, tout en produisant une architecture
singulière qui ne soit pas la transposition des poncifs en la matière,
déjà vus un peu partout.
Les trois gratte-ciel de notre proposition s’échelonnent en quinconce
depuis le bord de Seine jusqu’à la frange nord de l’avenue de France,
marquant de leurs silhouettes les vastes perspectives du fleuve, du
périphérique et de la nouvelle avenue. Ils culminent à une hauteur de
150m, une hauteur ‘raisonnable’ qui compose avec le ciel de Paris, tout en
permettant la mise en œuvre de dispositifs simples pour la structure et de
technologies douces et innovantes pour les ambiances intérieures -basées
sur la ventilation naturelle-.
Les façades sont conçues comme une double-peau, superposant des panneaux
de métal ajouré à la façade vitrée. Côté périphérique ces panneaux ont un
rôle de protection acoustique, -ils sont pour cela associés à une feuille
de verre isolante-, côté ouest et sud ils jouent le rôle de protection
solaire. Les reflets dorés de cette résille font écho aux éclats d’or qui
ponctuent les dômes et les coupoles de la capitale.
Les rez-de-chaussée des bâtiments sont bien ancrés dans la ville,
proposant des continuités entre les halls et l’espace public : la tour
n’est pas hors-sol mais bien partie prenante d’un espace urbain divers
et animé où coexistent plusieurs échelles. Des bars, restaurants, clubs
sportifs, centres de conférences s’insèrent dans les programmes de
bureaux, notamment aux derniers étages, pour que ces bâtiments soient
vivants et fréquentés 7 jours sur 7. La typologie proposée permet d’autre
part d’envisager une mixité bureau / hôtel et bureau / logement ; celleci optimiserait la gestion des énergies du bâtiment, la réduction des
places de parking, le financement et la gestion de nombreux services qui
bénéficieraient aux habitants.
Jacques Ferrier
Novembre 07
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