Liben-Elle-02-09
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Liben-Elle-02-09
LEGarçon du mois Vincent Liben Et chanter en français, vous y pensez ? C’est ce qu’on demande souvent aux groupes belges francophones qui chantent en anglais. Parce qu’on dit sans doute plus d’intimité dans la langue des ses rêves. et de délicatesse, ce qui n’est pas si simple, Liben suit le chemin de nombreux chanteurs-repères. Mis à nu. Avec élégance. Réservé, timide et inquiet dans la vie, il se livre sans fausse pudeur dans « Tout va disparaître ». En concert, on peut imaginer une formule légère (et peu coûteuse) guitare-voix. Mais Liben n’a pas envie d’une formule simplifiée. « J’aimerais que tous les musiciens de l’album soient sur scène, et j’ai envie d’intimité. J’imagine un salon, des tapis, des lumières chaudes. Et puisque l’album est court et que je ne suis pas naturellement bavard, je vais préparer des interventions parlées (rires)… » (*)Marie Warnant, « De un à dix », Viva Disc _Vincent Liben, « Tout va disparaître » (Viva Disc). À voir en concert aux Nuits Botanique et cet été aux Francofolies de Spa. alexandra vassen 42 ELLE BELGIQUE février.09 Presse Dix ans après les débuts de Mud Flow, le chanteur Vincent Liben, seul membre d’origine et dernier francophone, a choisi cet exercice difficile pour sa première tentative solo. L’album « Tout va disparaître » révèle et libère Liben. Un sens mélodique imparable, des arrangements délicats et une écriture en français (trop) rare: on découvre une nouvelle voix, un nouvel interprète, auteur et compositeur. Et tout de suite, on pense à Serge Gainsbourg, Yves Simon, Benjamin Biolay. En réalisant le premier album de Marie Warnant (*), Liben avait expérimenté une écriture différente, fait ses armes en tant qu’arrangeur, écrit et composé une première chanson en français. « C’est probablement une façon de se livrer davantage, c’est plus précis. C’est plus crédible aussi et peut-être plus poétique qu’en anglais. » C’est ce qui lui a donné l’envie d’aller plus loin. Les agendas se croisent parfois avec bonheur, et avant de réaliser un deuxième album avec Marie Warnant et un cinquième avec Mud Flow, Liben écrit, pour d’autres, pense-t-il. Il pose sa voix en témoin sur ses démos et à l’écoute, entend qu’il est temps de tenter l’expérience solo. Mud Flow a chanté en français pour une émission de France Inter (Yves Simon, justement), mais ce n’est qu’une part de leur histoire commune. L’aspect tribu d’un groupe, avec tout ce qu’on apprend des autres, les concessions, les discussions, le travail d’écriture collectif, est réconfortant. « Il faut du courage pour s’en détacher, j’ai sans doute attendu d’être un homme, ou quelque chose comme ça… » (Il sourit.) Un homme, un vrai, qui laisse une belle place à sa part féminine. Stéphanie Croibien pondère l’album de sa douce voix. « Il était tout à fait inconcevable de chanter ces parties avec ma grosse voix. J’avais besoin de ce que j’imagine être mon alter ego féminin sur le plan vocal. J’avais envie d’émotion, avec une certaine retenue mais de la précision dans la rythmique. L’interprétation de Stéphanie est là pour compléter ce que je suis. Elle est moi, mais elle représente toutes les femmes. » Bien sûr, ce n’est jamais que la vision d’un homme qui imagine être une femme. Ce n’est donc pas tout à fait juste. Mais c’est honnête et généreux. Liben a toujours adoré ces chansons françaises remplies d’arpèges et jouées en picking où l’on entend le bois des guitares, comme celles des Innocents (dont on annonce la reformation en 2009, youpie !). Pas de préméditation sur le sens ou les sentiments, mais Liben s’est attaché à faire en sorte que d’un couplet à l’autre il y ait des nuances, évitant les rimes faciles ou systématiques pour en jouer dans la rythmique de chant. Une façon de faire passer certains mots plus crus, ou de donner du (double) sens. Dans « Le Joli Mai », on peut entendre « quelle aventure ! » comme une réplique comique et désuète de dessin animé. En écrivant avec autant de franchise