Le dialogue entre Jakarta et la Papouasie

Transcription

Le dialogue entre Jakarta et la Papouasie
Internationales Katholisches Missionswerk e.V.
Fachstelle Menschenrechte
Pontifical Mission Society
Human Rights Office
Oeuvre Pontificale Missionnaire
Secteur « Droits de l’Homme »
35
Dr. Otmar Oehring (Hrsg./editor/éditeur)
Postfach 10 12 48
D-52012 Aachen
Tel.: 0049-241-7507-00
FAX: 0049-241-7507-61-253
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© missio 2009
ISSN 1618-6222
numéro de commande 600 302
Menschenrechte
Human Rights
Droits de l’Homme
Neles Tebay
Le dialogue
entre Jakarta et
la Papouasie
dans la perspective
de la Papouasie
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Le secteur Droits de l’Homme de missio a vocation à promouvoir la connaissance de la situation des droits de l’homme dans les pays d’Afrique, d’Asie et d’Océanie, et de contribuer ainsi à
l’améliorer. Pour nous rapprocher de cet objectif, nous nous engageons dans des réseaux oeuvrant
pour les droits de l’homme et nous attachons à promouvoir les échanges entre les partenaires
religieux de missio en Afrique, Asie et Océanie et les responsables religieux et politiques en République Fédérale d’Allemagne. Dans sa série Droits de l’Homme, le secteur Droits de l’Homme
publie des études consacrées à différents pays, des études thématiques ainsi que les rapports de
conférences spécialisées.
Le conflit en Papouasie, qui a débuté avec la prise de contrôle de la Papouasie par l’Indonésie le
1er mai 1963, perdure à ce jour. Impliquant deux camps, l’État indonésien et le peuple papou,
le conflit a donné lieu à des violations massives des droits humains dans la partie occidentale
de l’île de Nouvelle-Guinée. Les deux parties au conflit se sont engagées à régler le conflit par le
dialogue et ont fait part de leur engagement dans de multiples déclarations publiques. Pourtant,
il n’existe encore aucune tentative de présenter le genre de dialogue que souhaitent avoir l’État
et les Papous. Cette étude sur Le dialogue entre Jakarta et la Papouasie propose une voie pour organiser un dialogue réglant le conflit en Papouasie. Les suggestions faites sont conçues comme une
base de discussion. L’étude met en lumière les questions sur lesquelles les deux parties doivent
s’entendre avant d’entamer le processus de dialogue, fournit quelques principes et conseils pour
le dialogue, illustre la procédure à utiliser, identifie les acteurs et les médiateurs et plaide en
faveur d’un contrôle du suivi. Il insiste également sur le fait que la question de l’indépendance
de la Papouasie occidentale doit être exclue de toutes les discussions et négociations entre l’État
indonésien et le peuple papou.
Ce texte est une traduction française (à partir de l’anglais) d’un texte original rédigé en indonésien et intitulé Dialog Jakarta-Papua, Sebuah Perspektif Papua, publié en 2009 par la Secrétariat
pour la justice et la paix du diocèse de Jayapura (Sekretariat Keadilan dan Perdamaian Keuskupan
Jayapura), Papouasie.
29 Le Zimbabwe : Regarder la vérité en face –
Assumer la responsabilité
en allemand/en anglais/en français (2008) –
Numéro de commande 600 292
30 Diffamation des religions et droits de l’homme
en allemand/en anglais/en français (2008) –
Numéro de commande 600 293
31 L’accueil de réfugiés irakiens – Informations de base :
La situation des réfugiés non musulmans dans les États
river ains de l’Irak
en français (2008) – Numéro de commande 600 296
en allemand (2008) – Numéro de commande 600 294
en anglais (2008) – Numéro de commande 600 295
32 Violences envers les chrétiens en Inde – Éléments de réponse
Démocratie, laïcité et pluralisme en Inde
en allemand/en anglais/en français (2008) –
Numéro de commande 600 297
33 Violences envers les chrétiens en Inde – Éléments de réponse
Violence religieuse en Orissa – Enjeux, réconciliation, paix et justice
en allemand/en anglais/en français (2008) –
Numéro de commande 600 298
34 Réflexions sur les causes et les effets de Boko Haram
en allemand/en anglais/en français (2008) –
Numéro de commande 600 299
35 Le dialogue entre Jakarta et la Papouasie dans la perspective de la Papouasien
en français (2009) – Numéro de commande 600 302
en allemand (2008) – Numéro de commande 600 300
en anglais (2008) – Numéro de commande 600 301
Neles Tebay est prêtre dans le diocèse de Jayapura, en Papouasie occidentale. Entre 1998 et 2000,
il était journaliste pour le compte du Jakarta Post, un quotidien en langue anglaise qui paraît à
Jakarta, capitale de l’Indonésie. Il a fait ses études à l’Institut catholique de philosophie et de théologie de Jayapura et a obtenu son doctorat en missiologie en mars 2006 à l’université pontificale
urbanienne de Rome. Sa thèse de doctorat s’intitule « La mission de réconciliation de l’Église en
Papouasie occidentale à la lumière de la Reconciliatio et Paenitentia ». Il est l’auteur de West Papua:
The struggle for peace with justice, publié par l’Institut catholique pour les relations internationales
(CIIR), Londres, 2005.
Alle Publikationen sind auch als PDF-Dateien verfügbar: http://www.menschenrechte.missio.de
All publications are also available as PDF files: http://www.humanrights.missio.de
Toutes les publications sont aussi disponibles comme fichiers PDF: http://www.droitsdelhomme.missio.de
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Introduction
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Profil de la Papouasie occidentale
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Introduction
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5
6
6
7
1.
Les arguments en faveur d’un dialogue sur le conflit en Papouasie
1.1. La violence ne résoudra pas le conflit en Papouasie
1.2. L’échec de l’autonomie spéciale dans l’amélioration
des conditions de vie des Papous
1.3. Le manque de cohérence de l’État dans la mise en œuvre
de la loi sur l’autonomie spéciale
1.4. La défiance des Papous à l’égard de l’État
1.5. La défiance de la communauté internationale
à l’égard de la position de l’État
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10
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13
13
14
2.
La volonté d’engager le dialogue
2.1. L’engagement de Jakarta
2.2 L’engagement de la Papouasie
18
3.
Dire clairement que l’indépendance
de la Papouasie ne figure pas à l’agenda du dialogue
19
4.
L’État doit gagner la confiance de la population papoue
20
5.
La nécessité d’un cahier des charges
21
6.
Les principes fondamentaux
22
7.
Les objectifs du dialogue : « La Papouasie, terre de paix »
23
23
24
8.
La participation active de la communauté papoue
8.1. Les Papous indigènes
8.2. Les résidents de Papouasie
25
9.
26
26
27
28
29
10. Les étapes du processus de dialogue
10.1. Le dialogue interne aux Papous indigènes
10.2. Le dialogue entre Papous indigènes et non indigènes
10.3. Le dialogue entre représentants du peuple papou en Papouasie et en exil
10.4. Le dialogue entre représentants de l’État indonésien et le peuple papou
31
11.
Les acteurs du dialogue
32
12.
Les médiateurs
Les buts intermédiaires du dialogue
33
13.
La contribution de la recherche et des institutions scientifiques
34
14.
Le rôle d’un parti tiers
36
15.
Le contrôle du suivi
37
Conclusion
38
Notes
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2
3
Profil de la Papouasie occidentale
Nom du territoire
appelé « West Papua » ou Papouasie occidentale par les Papous indigènes. Le gouvernement indonésien le désigne par « Papouasie »,
jadis par « Irian Jaya »
Statut:
de 1828 à 1962, la Papouasie occidentale fut une colonie hollandaise ;
passée sous le contrôle indonésien en 1963, elle est désormais une
province indonésienne dotée d’un statut d’autonomie spéciale en
2001. Pourtant, en 2006, le gouvernement indonésien divise le territoire
en deux provinces, la Papouasie (Propinsi Papua) et la Papouasie
occidentale (Propinsi Papua Barat).
421 918 km2 (pour les deux provinces)
Superficie:
Population totale:
Composition
démographique:
2 015 616 habitants dans la province de Papouasie (2007) et 702 202
dans la province de Papouasie occidentale (2006)
1 241 462 (52%) Papous indigènes; 1 145 965 (48%) immigrants
Indonésiens (2002)
Esperance de vie:
66.9 ans
Régime:
Barnabas Suebu a été élu gouverneur pour la législature 2006-2011 dans la
province de Papouasie et Abraham O. Ataruri a été élu gouverneur pour la
législature 2006-2011 dans la province de Papouasie occidentale.
Jayapura pour la province de Papouasie et Manokwari pour la province
de Papouasie occidentale.
les principales ressources économiques sont le pétrole, le gaz, le
cuivre, l’or et autres ressources naturelles ; Environ 40, 78% de la
population totale de la province de Papouasie (2007) et 74, 93% des
foyers de la province de Papouasie occidentale (2005) sont classés
parmi les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Capitale:
Économie:
Religions:
Langues:
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Dans la province de Papouasie (2006), 83,41% de la population
totale est chrétienne, 18% musulmane et 0,32% pratique d’autres
confessions (hindouisme et bouddhisme). Environ 550 326 chrétiens
et 213 311 musulmans vivent dans la province de Papouasie occidentale (2005).
Bahasa Indonesia (indonésien) et 252 langues tribales
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4
5
Introduction
Il y a deux parties au conflit en Papouasie : l’État indonésien et le peuple papou.
Le conflit a débuté lorsque l’Indonésie a pris le contrôle de la Papouasie occidentale le 1er mai 1963, occupation qui perdure à ce jour.1 Résoudre un conflit
requiert d’abord de l’identifier. L’Institut national de recherche indonésien (LIPI)
a déjà produit une analyse des causes du conflit en Papouasie.2 Notre contribution
se concentrera sur la nature du dialogue nécessaire à sa résolution.
Il y a déjà eu par le passé diverses tentatives pour trouver une résolution
pacifique en Papouasie connues sous ce qui allait prendre le nom de dialogue
Jakarta-Papouasie entre l’État indonésien et les Papous. Les deux parties au conflit
ont affirmé publiquement soutenir les efforts visant à résoudre le conflit par le
dialogue. Cependant, aucune tentative n’a cherché à décrire la nature du dialogue que désiraient l’État et le peuple papou. Cette présente contribution essaie
de combler cette lacune en proposant un concept de dialogue – conçu à partir
d’une perspective papoue – pour régler le conflit en Papouasie.
Il convient de commencer par dire que, bien que l’auteur de cette contribution soit Papou, le projet proposé ici n’est pas avancé au nom de l’ensemble
du peuple papou. Les idées présentées dans ce travail reflètent mes conceptions
personnelles et je ne prétends en aucun cas représenter les vues d’une partie du
peuple papou, encore moins celles de la population entière. Il existe certainement des Papous qui ont un concept différent de dialogue que celui proposé ici.
Si d’autres Papous partageaient la même perspective que celle développée dans
cette contribution, ce serait une heureuse coïncidence. Le projet de dialogue est
proposé à titre de base de discussion, que d’autres sont libres d’approuver ou de
rejeter.
Ce travail est structuré en 15 points principaux. Je chercherai à
(1) esquisser l’importance du dialogue entre Jakarta et la Papouasie comme
outil de résolution pacifique du conflit en Papouasie ;
(2) illustrer qu’il existe une volonté de dialogue chez les deux parties au conflit ;
(3) démontrer que les Papous doivent déclarer sans ambiguïté que
l’indépendance de la Papouasie ne figure pas à l’agenda du dialogue ;
(4) mettre en évidence la nécessité pour l’État indonésien de faire la preuve
qu’il prend au sérieux le dialogue avec le peuple papou ;
(5) insister sur l’importance de définir un cahier des charges clair dans le dialogue ;
(6) exposer des principes fondamentaux du dialogue ;
(7) expliquer les objectifs du dialogue ;
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(8) souligner l’importance de la participation des Papous au dialogue ;
(9) proposer quelques objectifs que le dialogue entre la Papouasie et Jakarta
peut atteindre ;
(10) illustrer les étapes du dialogue ;
(11) identifier les acteurs du dialogue ;
(12) identifier le rôle des médiateurs dans le processus du dialogue ;
(13) souligner la nécessité d’impliquer les centres de recherche et les études
scientifiques ;
(14) expliquer le rôle des tiers ; et
(15) montrer la nécessité de contrôler le suivi du processus.
Ces points ne sont pas tous nécessairement nouveaux, ils ont été déjà esquissés
auparavant dans des articles de presse publiés dans le The Jakarta Post, le Suara
Pembaruan, le Sinar Harapan et la revue Sampari. Cette contribution synthétise
mes réflexions sur un dialogue visant à résoudre pacifiquement le conflit en
Papouasie.
En présentant ma propre perspective, je ne cherche nullement à imposer mes
vues à quiconque, ni à l’État ni au peuple papou. Je suis mû par l’unique espoir
que cette étude contribuera à stimuler la discussion et à ouvrir un débat en
Papouasie et, par-delà, à mener vers une résolution du conflit en Papouasie grâce
à un dialogue entre Jakarta et la Papouasie.
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1. Les arguments en faveur d’un dialogue
sur le conflit en Papouasie
Le dialogue entre l’État indonésien et les Papous est possible tant que les parties
impliquées ont des raisons irréfutables de croire en son importance. Cette partie
expose un certain nombre de facteurs qui démontrent l’importance de ce dialogue pour parvenir à une résolution pacifique du conflit en Papouasie.
1.1. La violence ne résoudra pas le conflit en Papouasie
L’histoire de la Papouasie montre clairement qu’il faut désormais régler le conflit
de façon globale, en dépit du fait que de nombreuses approches ont déjà été
expérimentées, y compris l’usage de la force par toutes les parties au conflit. Le
conflit, sous la forme d’un différend entre deux camps opposés – l’État indonésien
et le peuple papou – a débuté lorsque l’Indonésie a pris le contrôle de la Papouasie
le 1er mai 1963.
L’État indonésien a mené un certain nombre d’opérations militaires à grande
échelle dans le but affirmé de résoudre le conflit en Papouasie. Citons par exemple les opérations Operasi Sadar (1965 – 1967), Operasi Brathayudha (1967 – 1969),
Operasi Wibawa (1969), l’opération militaire dans le district de Jayawijaya (1977),
Operasi Sapu Bersih I et II (1981), Operasi Galang I et II (1982), Operasi Tumpas
(1983 – 1984) et Operasi Sapu Bersih (1985).3 Les opérations militaires menées
à Mapnduma (1996)4 et les violations des droits humains dans le sous district
de Wasior (2001) constituent d’autres preuves manifestes de l’approche par la
violence choisie par l’État indonésien pour résoudre le conflit.5 Même après la
promulgation de la « Loi d’autonomie spéciale pour la province de Papouasie »
en 2001, les militaires ont continué à faire appel à la violence comme un outil
de résolution du conflit en Papouasie. À preuve, les opérations militaires menées
à Wamena en 20036 et dans le district de Puncak Jaya en 2004.7
Ces tentatives de résolution du conflit par la violence ont eu des conséquences fatales pour les deux camps. Les Papous déplorent cependant le plus
grand nombre de morts, en particulier dans les communautés isolées. Il n’est
pas rare de rencontrer des personnes qui ont un souvenir amer des opérations
militaires dans beaucoup de villages papous. Certains montrent la rivière et
racontent comment des membres de leur famille y ont péri. D’autres pointent
un arbre et relatent comment leur fils a été assassiné à cet endroit. Certains montrent un ravin, là où ont été déposées les dépouilles de leurs enfants. D’autres
se promènent dans les vestiges d’un ancien village rasé à néant pendant une
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opération militaire. D’autres encore se remémorent leurs maisons brûlées par
l’armée. Il y a ceux aussi qui indiquent la forêt où ils ont cherché refuge, fuyant
la menace que représentaient les opérations militaires.
L’histoire nous enseigne que la violence est impropre à résoudre le conflit en
Papouasie ; elle a simplement accru considérablement le nombre de victimes et
exacerbé les problèmes. On a en conséquence urgemment besoin de résoudre pacifiquement le conflit en Papouasie pour prévenir de futures effusions de sang.
1.2. L’échec de l’autonomie spéciale dans l’amélioration
des conditions de vie des Papous
Il est aujourd’hui bien établi que l’État a échoué à mettre en œuvre la loi
d’autonomie spéciale pour la province de Papouasie. Le statut d’autonomie
spéciale, élément de la politique publique, a été accordé à la province de Papouasie en 2001 (alors dénommée province Irian Jaya). Ce statut constitue la réponse
étatique aux appels croissants à l’indépendance des Papous indigènes. L’État a
donc promulgué la loi n° 21 de 2001 sur l’autonomie spéciale pour la province
de Papouasie régie dans le cadre des dispositions MPR RI n° IV/MPR/1999 et
MPR RI n° IV/2000.
L’autonomie spéciale était considérée comme une véritable tentative de la
part de l’État pour proposer une solution réaliste à un grand nombre de problèmes
favorisant les revendications d’indépendance des Papous. Elle a été soutenue par
une certaine partie de l’opinion publique nationale et internationale. L’Union
européenne, le gouvernement des États-Unis et les nations pacifiques membres
du Forum des îles du Pacifique (PIF) ont apporté leur soutien explicite et univoque
à la mise en application effective de l’autonomie spéciale.
Le soutien national et international donnait obligation à l’État indonésien
(du gouvernement central aux administrations locales) d’appliquer entièrement,
complètement et systématiquement l’autonomie spéciale afin de fournir des
garanties concernant la survie du peuple papou, de protéger les valeurs culturelles
papoues et d’assurer un standard de vie décent aux Papous. Après la promulgation de la loi, le gouvernement devait élaborer et promulguer les réglementations
complémentaires permettant de l’exécuter.
Mais sept ans après l’entrée en vigueur de la loi d’autonomie spéciale, les
problèmes des Papous n’ont toujours pas été réglés de façon adéquate. De surcroît,
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8
les violations des droits humains commises antérieurement à la promulgation
de la loi n’ont toujours pas été traitées de manière appropriée. Enfin, les droits
humains continuent à être violés dans cette région d’autonomie spéciale, par
exemple dans le sous district de Wasior en 2003, où l’on déplore le décès de quatre
personnes, ou à Wamena en 2005 où neuf personnes ont trouvé la mort.
La pêche et l’exploitation forestière illégales perdurent. Les forêts continuent
à être dévastées par des exploitations illégales avec la bénédiction de l’État, les
plantations de palmiers à huile et les exploitations minières se développent à
grande échelle. La qualité de l’éducation reste déplorable, les services de santé
publique sont très restreints dans les zones rurales et le virus du SIDA/VIH se
répand rapidement. Le rythme des migrations de diverses régions d’Indonésie vers
la Papouasie s’accélère et n’est pas correctement régulé. Les non Papous dominent
de nombreux aspects de l’existence en Papouasie. Il y règne une discrimination
contre les Papous indigènes, marginalisés dans leur propre pays.
L’autonomie spéciale pour la Papouasie n’a débouché sur rien. En réalité,
ainsi que le constatait le quotidien Sinar Harapani, « la province de Papouasie
démontre clairement l’échec de l’application de l’autonomie spéciale ».8 En 2003,
l’Office national de la statistique établissait que 80% des 2 469 785 habitants de la
Papouasie vivaient dans la pauvreté. En février 2007, le gouverneur Bas Suebu se
référait à des statistiques officielles lorsqu’il annonçait que la province de Papouasie comptait 480 578 familles pauvres. Cela signifie que 81,52% du nombre total
des familles réparties dans les 2 283 villages ou 72,72% de la population totale de
Papouasie peut être classée dans la catégorie pauvre ou chroniquement pauvre.
En d’autres termes, toute la population rurale de Papouasie sans exception est
pauvre.9 En dépit des sommes énormes d’argent qui affluent en Papouasie, les
indigènes de cette province vivent en dessous du seuil de pauvreté dans un pays
– leur propre pays – riche en ressources naturelles.
1.3. Le manque de cohérence de l’État dans la mise en œuvre
de la loi sur l’autonomie spéciale
L’État a été incohérent dans l’application de sa propre politique. La loi sur
l’autonomie spéciale est régie par les dispositions d’un décret de l’Assemblée
nationale, le MPR RI daté de 1999. La loi sur l’autonomie spéciale pour la province de Papouasie (loi n° 21/2001) est entrée en vigueur avec sa ratification par
la présidente de la République de l’époque, madame Megawati Sukarnoputri.
Au demeurant, 25 mois après la promulgation de cette loi, la même présidente
a publié un décret présidentiel (Inpres n° 1/2003) pour promouvoir des projets
visant à créer les nouvelles provinces de l’Irian Jaya occidental et de l’Irian Jaya
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9
central, sans consulter au préalable le gouvernement régional ou les Papous
indigènes. La présidente a donc publié ce décret en sachant parfaitement qu’il
contrevenait à la loi spéciale d’autonomie.
L’incohérence de l’État dans son application de la loi d’autonomie s’est confirmée lorsqu’il a publié un règlement substitutif (Perppu n° 1/2008) pour réviser
la loi n° 21/2001 sur l’autonomie spéciale pour la province de Papouasie. En
prenant cette décision, l’État a prouvé qu’il pouvait amender les dispositions
sur l’autonomie spéciale dans le sens de la poursuite de ses propres intérêts et
sans consulter la population de Papouasie, contrairement à ce que stipule la loi
sur l’autonomie spéciale (la loi énonce : « les révisions des dispositions de la loi
doivent être réalisées devant le parlement national ou le gouvernement par le
peuple papou, par l’intermédiaire de leurs représentants au Conseil du peuple de
Papouasie et à l’assemblée régionale, dans le respect des termes des dispositions
antérieures ».10)
L’État indonésien, sous la présidence de Susilo Bambang Yudhoyono, a par la
suite apporté son soutien à la création de la province de l’Irian Jaya occidental. En
enfreignant la loi sur l’autonomie spéciale, le gouvernement Yudhoyono a publié
un règlement de substitution (Perppu n° 1/2008) qui dissimulait une révision de
l’autonomie spéciale. De surcroît, le président Yudhoyono a promulgué la loi
n° 35 établissant la province de Papouasie occidentale au lieu de promouvoir
résolument la mise en application de l’autonomie. Dans cette même veine, le
président a publié un autre décret présidentiel (Inpres n° 5/2007) visant à accélérer
la formation des provinces de Papouasie et de Papouasie occidentale.
Le Parlement national a aussi montré qu’il rechignait à mettre en application
l’autonomie spéciale, une mauvaise volonté devenue évidente le 22 janvier 2007
lorsque la Conseil représentatif du Peuple indonésien (chambre basse, dite DPR)
a pris l’initiative d’élaborer une loi portant sur la formation de quatre nouvelles
provinces en Papouasie (les provinces de Papouasie occidentale, Papouasie du
sud-est, Papouasie méridionale et Papouasie centrale). Négligeant ses devoirs de
veiller à l’exécution complète de l’autonomie spéciale, le gouvernement – avec
le soutien du Parlement – s’est chargé de créer des nouveaux districts dans la
province de Papouasie. Ces initiatives et mesures démultipliant le nombre de
provinces et de districts administratifs ont contribué à miner la confiance des
Papous, qui doutent que l’État veuille réellement mettre en œuvre l’autonomie
spéciale. Ils ont introduit de plus la confusion entre la politique d’autonomie
spéciale et l’application de la politique de création de nouvelles entités administratives.11
En outre, les efforts pour mettre en œuvre l’autonomie spéciale se sont avéré
inefficaces faute de méthode et de systématisme. Pour reprendre les termes du
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10
gouverneur de la Papouasie, Barnabas Suebu, « la mise en œuvre de l’autonomie
spéciale entre 2002 et 2006 peut se résumer en deux mots ‘kacau balau’ (chaos
et confusion) ».12 Selon le gouverneur, trois raisons président à ce chaos : 1) le
manque de vision commune entre la population, le gouvernement local et le
gouvernement central en ce qui concerne l’autonomie spéciale, 2) l’absence de
volonté, de sincérité et de sérieux de la part de l’État qui n’a pas délégué aux
autorités provinciales comme il l’aurait dû la mission d’appliquer l’autonomie
spéciale et 3) l’absence de réglementations nécessaires à l’exécution des dispositions de la loi sur l’autonomie spéciale (Perdasi et Perdasus).
La confusion et le chaos qui règnent à ce jour dans l’instauration de la loi
d’autonomie spéciale étaient en réalité aussi prévisibles que compréhensibles.
À mon avis, l’État ne sait pas clairement quels objectifs il souhaite atteindre par
le biais de l’autonomie spéciale. Il lui manque actuellement une vision claire de
l’autonomie spéciale. Or sans clarté, longue durée et finalité, l’État est incapable
de définir des buts intermédiaires pour une période quinquennale. Il se laisse
guider par des objectifs annuels, avec pour conséquence l’absence de direction
claire ou de jalons pour mettre en œuvre l’autonomie spéciale en Papouasie.
L’absence de vision de l’État sur l’autonomie spéciale a ouvert la voie à
l’émergence de politiques déterminées en fonction des lubies des leaders locaux.
L’État central de Jakarta est incapable de remplir son rôle de supervision dans
la surveillance de l’application de l’autonomie spéciale en Papouasie. Résultat,
l’autonomie spéciale est pleine de contradictions sur le terrain et ne tend vers
aucun objectif précis. En ce sens, il n’est guère étonnant que ce soit à l’État qu’est
imputée la principale responsabilité de l’échec de l’autonomie spéciale.13
Si l’engagement de l’État sur l’autonomie spéciale a semblé vaciller, ce dernier
n’a pour autant pas cessé d’accroître la présence militaire et policière en Papouasie.
Le nombre de bases militaires a doublé, tout particulièrement le long de la frontière
avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la taille des bataillons d’infanterie postés en
Papouasie depuis l’entrée en vigueur de l’autonomie spéciale a augmenté et de nouveaux bataillons d’infanterie ont été déployés dans certaines régions. La population
papoue paye les frais d’un nombre excessif de recrues militaires venant d’autres
régions d’Indonésie (non-organic) et celle de leur attitude arrogante dans leurs rapports avec les communautés locales. L’arrogance des forces de sécurité s’exprime
dans les actes arbitraires perpétrés à l’encontre des Papous indigènes, que l’armée
continue à regarder avec suspicion et qu’elle traite comme des séparatistes.
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11
1.4. La défiance des Papous à l’égard de l’État
Les Papous savent que la loi d’autonomie spéciale satisfaisait un certain nombre
de leurs problèmes. Ils partent du postulat qu’une mise en œuvre adéquate de
l’autonomie spéciale résoudra ces problèmes. Ils espèrent que son instauration
améliorera la situation économique des indigènes, qu’ils y gagneront un sens
de la justice et que leurs droits à la vie seront garantis. Une fois que les Papous
connaîtront les bénéfices de l’autonomie spéciale, il est presque certain qu’ils
n’auront pas le même besoin de hisser le drapeau « Étoile du matin » et d’appeler
à l’indépendance.
L’autonomie spéciale n’a pas apporté de changements significatifs dans la
vie des Papous indigènes. En réalité, la défiance à l’égard de l’État indonésien
augmente chaque jour. Les signes de cette méfiance sont nombreux. En mars
2008, les Papous ont commencé à demander la tenue d’un référendum pour
décider du statut politique et de l’avenir de la Papouasie. Cette revendication
est soutenue principalement par des jeunes et des étudiants évoluant autour
du Forum Pemuda Mahasiswa Papua (FPMP). Ils ont appelé à l’organisation d’un
référendum parce qu’à leurs yeux, l’État a échoué à mettre en œuvre l’autonomie
spéciale.14 La défiance à l’égard de l’État se manifeste aussi dans les tentatives de
hisser le drapeau de l’Étoile du matin. On relève de nombreux incidents dans
toute la Papouasie en 2008, par exemple à Timika le 23 septembre, à Wamena le
9 août, à Fakfak en juillet 2008 et à Manokwari et Jayapura le 1er juillet 2008.
Je pense pour ma part que les demandes de référendum comme les tentatives
de hisser le drapeau de l’étoile du matin sont dues à l’incapacité de l’État à régler
les problèmes qui ont engendré ces protestations par une mise en œuvre effective de l’autonomie spéciale. De plus en plus de Papous prennent conscience de
l’échec de l’autonomie spéciale et réalisent les conséquences de cet échec pour
leur vie et leur avenir. De plus en plus de personnes vont par conséquent joindre
leur voix aux revendications de référendum et hisser le drapeau. Il est parfaitement évident que plus le nombre de gens remettant en cause les avantages que
représente la citoyenneté indonésienne augmentera, plus grand sera celui des
personnes qui inclineront à rallier l’appel à l’indépendance. Ces deux appels, à
l’indépendance comme à hisser le drapeau, sont un signe patent de l’échec de
l’État à mettre en application l’autonomie spéciale. Cet échec a donné de nouvelles forces au séparatisme en Papouasie. En définitive, c’est l’État indonésien qui
fournit lui-même le stimulus le plus puissant et qui est à l’origine de la croissance
du mouvement séparatiste en Papouasie.
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1.5. La défiance de la communauté internationale
à l’égard de la position de l’État
À mon avis, une autre conséquence de l’échec de l’État à mettre en œuvre
l’autonomie spéciale est la défiance croissante de la communauté internationale envers l’État indonésien, perceptible à l’aune de divers éléments. Si les États
étrangers n’ont pas officiellement pris position, ils ne croient plus que l’État
indonésien a l’intention de mettre en œuvre l’autonomie régionale dans son
entier. Je distingue des signes de méfiance chez les membres de la communauté
internationale, bien que je puisse, bien évidemment, me tromper sur ce point.
Un courrier du 5 mars 2008 adressé au président Susilo Bambang Yudhoyono
par deux membres du congrès américain affirme par exemple : « nous sommes
également déçus que votre gouvernement n’ait pas réalisé de progrès substantiel
dans l’application de l’autonomie spéciale ».15
Par la suite, quarante membres du même Congrès américain ont adressé
une lettre au président Yudhoyono pour l’exhorter à libérer deux prisonniers
politiques en Papouasie, Filep Karma et Yusak Pakage.16 Cette lettre pointait
le fait que, malgré l’autonomie spéciale, des violations des droits humains, y
compris celle du droit à la libre expression du peuple papou, étaient perpétrées
en Papouasie.
Le projet de loi de finances HR 2601 approuvé par le congrès américain en
juin 2005 est plus significatif encore. Il exhorte le secrétaire d’État à évaluer la
mise en œuvre de l’autonomie en Papouasie ainsi que la « loi du libre choix »
de 1969 dans cette même région. Ce projet est toujours d’actualité, même s’il
demande encore à être débattu par le Sénat. S’il existe une forte pression pour
faire avancer le projet HR 2601, il pourrait se transformer en loi. Bien que Barak
Hussein Obama, qui entretient une relation particulière avec l’Indonésie, soit
devenu président des États-Unis, l’État indonésien n’a aucune garantie que le
congrès américain et le gouvernement vont se désintéresser du conflit avec la
Papouasie.
Nous avons tous été surpris par le lancement de l’International Parliamentarians for West Papua (IPWP) par des parlementaires britanniques à la Chambre
des communes le 15 octobre 2008 à Londres. Alors que les parlementaires qui
ont rejoint cette tribune ne représentent pas les positions de leurs parlements ou
gouvernements, il est cependant significatif qu’un certain nombre de députés de
différentes nations aient rejoint l’IPWP pour soulever la question de la Papouasie.
On a pu lire que le lancement de l’IPWP ne relevait pas d’une initiative parlementaire, mais qu’il était le fait de deux députés britanniques. L’ambassadeur
indonésien au Royaume-Uni a ainsi minimisé l’importance de l’événement,
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tout comme le ministre des Affaires étrangères, Hassan Wirayuda, qui a qualifié
l’IPWP de « club de thé ».
L’IPWP ne portera peut-être pas ombrage à l’État indonésien, mais nous
serions bien avisés de prendre connaissance de son programme. Ainsi que le
rapporte le quotidien Cenderawasih Pos, l’IPWP va œuvrer, entre autres choses,
à l’émergence d’un nouveau processus d’autodétermination des Papous basé
sur le droit international, au retrait des forces militaires (indonésiennes), au
déploiement de forces internationales d’interposition sous l’égide des Nations
Unies, à un embargo sur la vente d’armes à l’Indonésie jusqu’à son retrait total de
Papouasie et à envoyer une mission d’enquête en Papouasie. L’IPWP va chercher
à convaincre le secrétaire général de l’ONU de revoir le rôle des Nations Unies
dans la loi du libre choix de 1969 et d’envoyer des représentants spéciaux de
l’ONU pour surveiller la situation des droits humains en Papouasie.17 Il est évident
que l’IPWP ne considère pas que l’autonomie spéciale constitue une solution
aux problèmes de la Papouasie. Il est difficile de prédire à cette heure l’impact de
l’IPWP. Nous ignorons si d’autres parlementaires issus d’autres pays rejoindront
ce mouvement. Mais nous pouvons être certains que le degré de confiance internationale et de soutien de l’État indonésien peut se détériorer à tout moment
(bien qu’il ne faille pas automatiquement interpréter ce phénomène comme un
soutien de la lutte pour l’indépendance de la Papouasie occidentale).
Je pense que l’attention internationale pour la Papouasie va s’accroître. Le
conflit en Papouasie va éveiller l’attention internationale parce que le conflit
au Timor oriental a été résolu par un référendum et que le conflit à Aceh s’est
réglé par des pourparlers pacifiques et par la signature des accords d’Helsinki
par l’État indonésien et des représentants du Mouvement Aceh libre (GAM). La
Papouasie est donc à l’heure actuelle la seule région d’Indonésie qui résiste à la
mainmise de l’État indonésien. La communauté internationale va donc observer
avec une plus grande attention la manière dont l’État indonésien peut résoudre
pacifiquement le conflit en Papouasie par le dialogue.
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2. La volonté d’engager le dialogue
Nous devons reconnaître que Jakarta comme la Papouasie ont exprimé leur souhait
de résoudre pacifiquement le conflit en Papouasie par le dialogue. Cela signifie que
les deux parties ont d’ores et déjà une attitude constructive vis-à-vis du dialogue,
attitude impérative pour avancer dans un processus de dialogue visant à régler le
conflit en Papouasie. Des représentants de Jakarta et de la Papouasie ont déjà pris
officiellement position pour le dialogue à de nombreuses reprises.
2.1. L’engagement de Jakarta
Un certain nombre d’officiels indonésiens basés à Jakarta ont attesté publiquement de la volonté de l’État de résoudre le conflit en Papouasie par le dialogue.
Cela rejoint l’engagement personnel du président Susilo Bambang Yudhoyono
qui aspire à régler les problèmes nationaux par les voies de la justice, de la
démocratie et de la paix. Le président Yudhoyono a publié un appel pour dire :
« donnons la priorité à une approche pacifique, à la compassion et à la démocratie dans la résolution des problèmes, y compris les problèmes touchant à
des conflits et à la sécurité. »18 Cet engagement de l’État dirigé par le président
Yudhoyono de régler pacifiquement le conflit en Papouasie par le dialogue et
la persuasion a été largement diffusé dans les médias et est donc bien connu à
l’échelon national comme international. Le président Yudhoyono a insisté sur
sa perspective de gouvernance pour la résolution du conflit en Papouasie dans
son discours à la nation d’août 2005 :
« L’État souhaite résoudre la question de la Papouasie d’une manière pacifique, juste et digne, en faisant valoir le dialogue et la persuasion. La politique
de règlement de la question de la Papouasie se concentre sur une mise en
œuvre cohérente de l’autonomie spéciale, en sa qualité de solution juste,
compréhensible et digne. »19
À une autre occasion, le président Yudhoyono a confirmé publiquement que son
gouvernement s’engageait à trouver une voie similaire à celle qui a été utilisée au
Nanggroe Aceh Darussalam pour régler démocratiquement et pacifiquement le conflit en Papouasie. « Dans le cas de la Papouasie, il est clair que nous mettrons l’accent
sur les voies démocratiques et pacifiques, comme nous l’avons fait pour Aceh. »20
Conformément à l’engagement gouvernemental sous l’égide du président
Yudhoyono, le ministre des Affaires étrangères, monsieur Hassan Wirayuda, a
également insisté sur la volonté du gouvernement de donner la priorité à une
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solution pacifique en Papouasie : « la réussite du processus de paix à Aceh doit inspirer un mouvement similaire de solution non-violente en Papouasie ».21 Il a rappelé
publiquement à une autre occasion que le gouvernement cherchait à résoudre
la situation en Papouasie par le dialogue.22 L’importance du dialogue a aussi été
soulignée par le ministre de la Défense Yuwono Sudarsono.23
Nonobstant, l’État se refuse à l’intervention de tiers étrangers dans le règlement
du problème de la Papouasie puisqu’il a le sentiment qu’il existe une solution
interne. C’est le point sur lequel insistait le président Yudhoyono lorsqu’il déclarait
que « la question de la Papouasie est une question intérieure. Nous refusons toute ingérence étrangère dans le règlement de cette question ». Le ministre des Affaires étrangères
ne trahissait pas un autre sentiment lorsqu’il affirmait : « nous n’avons jamais pensé
impliquer des éléments étrangers dans la discussion sur la Papouasie. »24
Le Conseil représentatif du peuple indonésien (DPR), l’organe parlementaire
et législatif de la nation, a aussi indiqué l’importance du dialogue dans le règlement du problème de la Papouasie.25 Cette attitude s’est exprimée par le biais
de la Commission I (compétente pour la Sécurité et les Affaires étrangères). Son
président, Theo L. Sambuaga, a ainsi convié l’État à ouvrir un dialogue à l’échelle
nationale et locale pour régler le problème de la Papouasie.26
La Chambre des représentants des régions (DPD) a publiquement apporté son
soutien au dialogue dans le problème de la Papouasie. Laode Ida, porte-parole
de la DPD, a rappelé qu’il fallait ouvrir un dialogue national sur la question de
la Papouasie.27
Toutes les déclarations de l’État indonésien démontrent sa volonté de dialoguer avec les Papous, même s’il faut convenir d’un certain nombre de questions
concernant le dialogue avant de pouvoir l’entamer. Il faudra tenir compte de ces
questions dans le cahier des charges du dialogue.
2.2 L’engagement de la Papouasie
Les Papous ont réalisé depuis longtemps que la situation en Papouasie ne pouvait
pas se régler par la violence, et ce y compris par le genre d’opérations militaires
qui ont été menées depuis que l’Indonésie a pris le contrôle de cette région. La
propre expérience des Papous leur a enseigné que la violence ne pouvait que
susciter une réponse brutale de l’État indonésien, en particulier de l’appareil
militaire. La violence conduit toujours à des violations des droits humains, à
des préjudices, à des souffrances et à des lésions psychologiques. Conscients des
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conséquences de la violence, les Papous ont désavoué les voies violentes et ont
opté pour des voies non-violentes de résolution du conflit dans leur pays. Cet
engagement a été pris lors du Deuxième congrès Papou en 2000, au cours duquel
les Papous ont choisi de dialoguer avec l’État indonésien, seule voie civilisée pour
résoudre le conflit en Papouasie.28
Les habitants des zones urbaines de Papouasie ne sont pas les seuls à avoir
envie d’établir le dialogue. C’est aussi la voie privilégiée de résolution du conflit
choisie par le front de la guérilla, c’est-à-dire par le Mouvement de libération
de la Papouasie (OPM), y compris par les membres de l’OPM qui ont pris part à
la lutte armée dans les montagnes et par ceux qui vivent en exil.29 La Coalition
nationale pour la libération de la Papouasie occidentale (WPNCL) a clairement
conforté le désir de l’OPM de dialoguer avec l’Indonésie :30
« La WPNCL continuera à chercher à négocier avec la République d’Indonésie
sous l’arbitrage de médiateurs internationaux, parce que c’est la meilleure
manière de résoudre l’actuel conflit armé promu par les forces de sécurité
indonésiennes et de renverser la situation désastreuse des droits humains
et d’améliorer les conditions de santé catastrophiques de la population de
Papouasie occidentale. »31
À de nombreuses occasions, en différents lieux (et aussi dans différentes perspectives), maintes personnes d’obédience diverse ont rappelé l’importance
du dialogue depuis le Deuxième congrès Papou de 2000. Les leaders religieux
soutiennent aussi la décision de la population papoue d’user de voies pacifiques
pour résoudre le problème de la Papouasie. Le premier témoignage de soutien
au dialogue est venu de monseigneur Leo Laba Ladjar OFM qui dirige le diocèse catholique de Jayapura. Monseigneur Leo est très résolu à œuvrer pour la
« Papouasie, terre de paix » ; il écrit :
« La population de Papouasie s’est engagée dans un combat non-violent,
pacifique et démocratique, qui privilégie les voies diplomatiques et la négociation. Nous espérons que l’État n’accueillera pas cette attitude pacifique par
des fusils, des bombes et des incarcérations. Si la réponse (de l’État) promeut
un dialogue démocratique, juste et honnête, cela refroidirait certainement
les efforts des agents provocateurs qui cherchent inlassablement à attiser la
violence– que ce soit dans le camp de l’État ou du peuple papou. »32
Fin juin 2000, les évêques catholiques de l’Église catholique de Papouasie des
quatre diocèses de Merauke, Agats, Manokwari-Sorong et Jayapura ont rencontré
le président de l’époque, Abdurrahman Wahid, à Jakarta et ont exhorté l’État à
résoudre le conflit en Papouasie par la voix du dialogue.33
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17
Les Églises protestantes soutiennent également l’engagement du peuple papou
à résoudre pacifiquement le conflit. Les responsables des Églises de toutes les
confessions sont convaincus que la violence n’est pas une solution. Ils rejettent
toute forme de violence, telle que les coups de feu, les assassinats, les incendies
volontaires, les intimidations et les dommages psychologiques. Ils ont également
encouragé l’État et les Papous à entamer un dialogue pour identifier les problèmes
fondamentaux, chercher leurs origines et à trouver un accord sur des solutions
par des voies pacifiques et démocratiques. Ils espèrent qu’un dialogue, reposant
sur les principes de l’égalité, de la justice, de la vérité et du respect de la dignité
humaine, va s’instaurer.34 Les responsables ecclésiastiques croient profondément
que le conflit en Papouasie ne pourra se résoudre en assassinant et en jetant en
prison la population papoue, mais bien par le dialogue. La perspective collective
des leaders religieux quant à l’importance du dialogue a été exprimée explicitement dans une déclaration commune publiée en octobre 2008. Elle énonce :
« quelle que soit la sensibilité de la situation en Papouasie, il est impératif de
la régler par un dialogue pacifique entre l’État et la population papoue. Nous
sommes certains que le dialogue peut permettre de trouver une solution pacifique. »35 Afin de prévenir toutes formes de violence qui pourraient intensifier le
conflit vertical entre les Papous et l’Indonésie et déclencher un conflit horizontal
au sein de la population en Papouasie, les responsables ecclésiastiques proposent d’ouvrir le dialogue, seule voie digne de résolution pacifique du conflit en
Papouasie.36
Le dialogue, entendu comme une voie pour résoudre le conflit en Papouasie,
a reçu le soutien des leaders de toutes les religions de la Papouasie, y compris du
catholicisme, du protestantisme, de l’islam, de l’hindouisme et du bouddhisme.
Les leaders religieux considèrent que le dialogue est important dans le conflit
en Papouasie, parce qu’il constitue un élément de l’instauration de la paix. Ils
réalisent que la coopération interreligieuse en faveur de la paix est une sorte
d’appel37 et un aspect de leur rôle de défenseur des valeurs humaines et de la
dignité.38 Ils la considèrent comme une partie de leur mission de responsables
ecclésiastiques, qui est d’œuvrer pour la vérité, la justice, la paix et la réconciliation en Papouasie.39 Outre leur opposition à toute forme de violence, les leaders
religieux papous insistent sur l’importance du dialogue dans la résolution du
conflit en Papouasie. Ils poussent l’État et les Papous à s’impliquer dans le dialogue, à chercher à dialoguer avec la médiation d’un parti tiers neutre. C’était là
l’une des préconisations du Forum consultatif des leaders religieux en Papouasie
(FKPPA) dans leur déclaration commune et leurs recommandations de décembre
2007.40 Les leaders religieux ont également émis un appel au dialogue lors des
célébrations de la Journée papoue de la paix en 2008 :
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3. Dire clairement que l’indépendance
de la Papouasie ne figure pas à l’agenda
du dialogue
« Les idéologies politiques divergentes, résultant, entre autres choses, d’une
interprétation différente de l’histoire de l’intégration de la Papouasie dans
l’État unitaire de la République d’Indonésie, entravent le développement et
renferment le potentiel nécessaire pour déboucher sur un conflit destructeur.
Peu importe la difficulté et la sensibilité de cette question, nous espérons
qu’elle peut être résolue sans délai par le dialogue et la réconciliation. »41
Le chemin du dialogue compris comme la voie digne de règlement du conflit en
Papouasie est largement approuvé non seulement par ces responsables ecclésiastiques, mais également par un grand nombre d’organisations de la société civile.
Les ONG ont exigé la tenue d’un dialogue pour mettre un terme au conflit en
Papouasie.42 Les étudiants ont aussi appelés au dialogue pour résoudre le conflit
en Papouasie.43 Les appels au dialogue pour mettre un terme au conflit en Papouasie ont également été relayés par les femmes de Papouasie.44
Ainsi que nous l’avons mentionné plus haut, les déclarations de ces partis
montrent clairement que la recherche de dialogue entre Jakarta et la Papouasie
n’est pas le seul fait de l’OPM, mais qu’elle correspond également aux vœux de la
société civile en Papouasie, même si les parties au conflit doivent encore décider
de l’agenda du dialogue.
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En dépit du fait que les deux parties au conflit ont exprimé leur volonté de
résoudre le conflit en Papouasie par le dialogue, aucun dialogue Jakarta-Papouasie
n’a eu lieu à ce jour. Pourquoi faut-il organiser aujourd’hui le dialogue JakartaPapouasie ? Une des raisons dans la perspective papoue est que Jakarta regarde
avec suspicion les Papous. L’État craint que si l’Indonésie ouvre la porte du dialogue, les Papous saisissent l’opportunité pour appeler à l’indépendance de la
Papouasie occidentale et que cette question accaparera l’agenda du dialogue. De
là découle l’impression que l’État n’est pas intéressé ou ne cherche pas à s’investir
dans un dialogue avec les Papous.
Il me semble pourtant foncièrement impossible que l’État indonésien, c’est-àdire le gouvernement d’une grande nation, puisse ne pas vouloir engager le dialogue
avec les Papous qui sont des citoyens indonésiens. Je suis certain que l’État n’a pas
abandonné sa volonté de résoudre le conflit en Papouasie de façon globale par un
dialogue pacifique. Je fonde mon opinion sur le fait que l’État a déjà de l’expérience
en matière de dialogue avec des séparatistes et a aussi déjà fait ses preuves en ce
qui concerne le dialogue entre séparatistes et État dans d’autres pays. Fort de cette
expérience, l’État doit être conscient non seulement de l’importance de résoudre
pacifiquement le dialogue, mais aussi du fait que le conflit peut être résolu par le
dialogue. Partant, l’État doit assurément identifier les manières dont l’engagement
du dialogue avec les Papous pourraient servir ses intérêts.
L’expérience de dialogue de l’Indonésie en tant que partie prenante des
négociations et de médiateur a certainement enseigné à l’État quels étaient les
fondamentaux requis par les deux parties pour transformer en différentes étapes le
conflit en un processus de paix : avant le début du dialogue, au cours du dialogue
et après son achèvement. L’État souhaiterait certainement un dialogue reposant
sur la confiance et susceptible de déboucher sur des accords satisfaisants pour les
deux parties. En tenant compte de ces considérations, je crois que l’État souhaite
que les Papous, en particulier le Mouvement de libération de la Papouasie (OPM),
clarifient leurs positions avant d’entamer les pourparlers avec les Papous. L’État
attend une décision de l’OPM qui fasse clairement la preuve que les Papous ne
soulèveront pas la question de l’indépendance de la Papouasie occidentale au
cours du dialogue. Il faut rappeler cette position aux leaders de l’OPM, par oral et
par écrit, et la publier dans les médias nationaux et internationaux, afin qu’elle
soit également entendue par les institutions et États étrangers.
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4. L’État doit gagner la confiance
de la population papoue
5. La nécessité d’un cahier des charges
Si l’État indonésien se méfie des Papous, les Papous ne feront pas confiance à
l’État. Il faut surmonter la grande méfiance qui règne parmi la population papoue
à l’égard de l’État pour entamer le dialogue. Tant que persiste la méfiance, la
population papoue ne croira pas ou n’acceptera pas les manifestations de bonne
volonté de l’État quelles qu’elles soient, y compris sa volonté de résoudre le
conflit par le dialogue. Il faut régler la question de la défiance avant que Jakarta
et la Papouasie ne puissent s’asseoir à la table des négociations.
À mon avis, c’est l’État qui est prioritairement en mesure de régler ce problème. Pourquoi est-ce à l’État de s’occuper de cette crise de confiance ? La défiance
des Papous envers l’État découle du fait que ce dernier a rarement accompli ses
promesses par le passé. Les Papous ont le sentiment que l’État indonésien leur
a menti et les a constamment trahis. Aux yeux des Papous, l’État est un maître
escroc. Ils ont été déçus à maintes reprises. Les Papous sont donc réticents à
accorder crédit et confiance aux signes de bonne volonté de l’État, et ce également
en ce qui concerne la promesse d’ouvrir un dialogue pour régler pacifiquement
le conflit en Papouasie. L’État doit fournir un travail important pour démontrer
aux Papous qu’il prend au sérieux son engagement à entamer le dialogue avec la
population papoue et à trouver une résolution pacifique au conflit. Je crois que
les Papous attendent que l’État fasse précisément cela.
Un dialogue sérieux entre Jakarta et les Papous est impensable sans la présence d’une confiance mutuelle dans les deux camps. Instaurer cette confiance
parmi les Papous va demander au gouvernement de faire de la « communication
politique ». L’État pourrait, par exemple, mandater un délégué pour rencontrer
un certain nombre de personnalités papoues dans le but d’instaurer cette « communication politique ». Ce délégué du gouvernement pourrait rencontrer des
Papous de manière informelle à différents échelons et lieux. Il ou elle pourrait
rencontrer des intellectuels, des ONG présentes en Papouasie, l’armée nationale
de libération de la Papouasie occidentale (TPN WB) qui dirige la guérilla dans
les montagnes, ainsi que des délégués de l’OPM outre-mer. Lors de ces réunions,
le délégué pourrait transmettre la volonté de l’État d’engager le dialogue avec
les Papous et écouter les Papous dans le but de comprendre les problèmes qu’ils
souhaitent résoudre, leurs demandes, leurs espoirs, leurs réflexions et leur position politique. Le résultat de ces rencontres informelles n’a pas besoin d’être
publié dans les médias.
Une fois que les Papous auront déclaré que l’indépendance de la Papouasie
ne figurerait pas à l’agenda des négociations avec l’État et qu’un délégué du
gouvernement aura rencontré des représentants de la communauté papoue, la
prochaine étape serait de préparer un cahier des charges pour le dialogue JakartaPapouasie. Ce cahier des charges pourrait désigner les principes fondamentaux
du dialogue, ses objectifs finaux, les résultats escomptés, ainsi que les étapes,
le calendrier, les parties, les statuts et les rôles des parties dans le processus de
dialogue, la localisation et les ressources du dialogue. En planifiant et en clarifiant ce genre de questions, le cahier des charges aiderait à définir la direction
de l’ensemble du processus de dialogue.
Le cahier des charges adopté doit être en mesure de donner des garanties
aux deux parties au conflit et aussi d’instaurer un sentiment d’égalité. Aucun
des deux camps ne doit sentir qu’il domine ou qu’il est dominé par l’autre ; les
deux doivent avoir l’opportunité de faire valoir leur position. Chacun des deux
doit sentir que ses intérêts sont pris en compte dans le cahier des charges. Il faut
insister sur le fait que les deux parties au conflit doivent s’accorder sur le cahier
des charges du dialogue.
Une fois le cahier des charges adopté, il devrait être possible d’entamer le
dialogue avec un objectif clairement défini. Tous les acteurs du dialogue doivent
comprendre leur rôle, où et quand leur présence est requise pour jouer ces rôles.
Chaque partie doit donc se préparer à jouer le rôle qui lui a été attribué, de sorte
à créer la base du succès du processus de dialogue.
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6. Les principes fondamentaux
Le dialogue entre Jakarta et la Papouasie ne doit pas se transformer en opportunité
de blâmer et d’incriminer le camp adverse ; cela ne favoriserait pas le processus
de résolution du conflit. Les acteurs du dialogue se rencontreront non pas dans
l’intention d’ajouter des problèmes supplémentaires aux problèmes existants ou
de déshonorer l’autre camp, mais pour œuvrer ensemble à trouver une voie de
résolution des problèmes en suspens. Aucun des deux camps ne doit dominer
le processus de dialogue. Pour prévenir les distorsions et pour maintenir le cap
des objectifs initiaux du processus, l’État et les Papous doivent signer un accord
sur un certain nombre de principes, sur lesquels il sera possible de fonder le
processus de dialogue.
Avant le début du dialogue, je propose que l’État indonésien et la population
papoue s’accordent sur le fait que
– le conflit en Papouasie doit se résoudre pacifiquement et sans recours à la
violence ;
– le conflit en Papouasie doit trouver une résolution globale et non partielle ;
– le conflit en Papouasie doit se résoudre dans la dignité, c’est-à-dire par un
processus qui se distingue par le respect mutuel et la reconnaissance. Aucun
des deux camps ne doit avoir le sentiment qu’il a perdu la face.
– Tous les accords convenus doivent se traduire en acte et être mis en application.
Les deux camps doivent donc convenir que la totalité du processus de dialogue
doit reposer sur, et être imprégné de l’esprit des valeurs universelles que sont la
compassion, la liberté, la justice et la vérité. L’accord sur ces principes deviendrait
la base, le cœur du capital sur lesquels reposeront les efforts pour résoudre dignement le conflit en Papouasie, en d’autres termes par le dialogue pacifique.
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23
7. Les objectifs du dialogue :
« La Papouasie, terre de paix »
Autrefois, lorsque l’idée d’un dialogue Jakarta-Papouasie a germé, les Papous et
l’État ont tous deux adopté une position peu constructive, car incompatible. Il
faut exposer clairement leurs positions contradictoires : d’un côté l’État a réitéré sa
position selon laquelle rien ne devait menacer l’intégrité territoriale de l’Indonésie.
Il maintient que l’État unitaire de la République d’Indonésie ne peut se démembrer ou être démembré, ou encore être autorisé à la désintégration. Sa position
s’incarne dans la devise de l’armée en Papouasie : « L’État unitaire de la République
d’Indonésie n’est pas négociable » (« NKRI, harga mati »). De l’autre côté, le peuple
papou, en particulier l’OPM, maintenait fermement que l’indépendance d’une
nation papoue occidentale était la seule solution. Il considérait le dialogue comme
une voie pour parvenir à l’indépendance. Cette position s’incarnait dans la devise :
« L’indépendance n’est pas négociable » (« Merdeka, harga mati »).
Si les deux camps campent fermement sur leur position « non négociable »
(« harga mati »), le conflit en Papouasie ne trouvera jamais d’issue. L’attitude
« harga mati », qui signifie « prix fatal », ne se traduirait que par des morts des
deux côtés. Cette attitude, en raison même de notre respect de la vie humaine,
contrevient à notre désir de dialoguer.
Si les deux parties sont vraiment décidées à engager le dialogue, elles doivent
s’extraire de leurs points de vue et renoncer à leur position « non négociable ».
Le dialogue Jakarta-Papouasie ne peut pas servir à la poursuite des objectifs politiques de l’un ou de l’autre camp. Les deux côtés doivent profiter du dialogue pour
concrétiser le principe d’humanité, c’est-à-dire la paix. Je propose par conséquent
d’organiser un dialogue Jakarta-Papouasie pour amener la paix en Papouasie ou,
pour reprendre les termes des ecclésiastiques en Papouasie, pour donner réalité à
la « Papouasie, terre de paix ».45 Le dialogue peut se concentrer sur les aspirations
de toutes les personnes en mesure de mettre un terme au conflit qui souhaitent
toutes instaurer la dignité, comme garantir l’égalité et le développement de
tous les gens dans le besoin. En œuvrant au sein de ce modèle, les deux parties
peuvent donner la priorité aux valeurs humanitaires et cesser de se cramponner
à leurs positions politiques au détriment des vies humaines et de la justice. Les
deux parties peuvent alors focaliser leur attention sur les véritables besoins requis
pour donner réalité à la « Papouasie, terre de paix ».
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8. La participation active
de la communauté papoue
Pour instaurer une solution participative à la situation en Papouasie, il sera
fondamental d’impliquer la communauté papoue. Le dialogue devant instituer
la « Papouasie, terre de paix » requiert la participation de toutes les forces vives
de la Papouasie pour s’efforcer ensemble d’apporter la paix. Tous les membres
de la société papoue doivent être impliqués dans tous les processus de dialogue,
même s’ils joueront peut-être des rôles différents à diverses étapes. Dans cette
étude, le concept de société papoue comprend deux groupes :
– les Papous indigènes et
– les résidents en Papouasie.
8.1. Les Papous indigènes
Les Papous indigènes auxquels nous faisons référence ici sont des Papous d’origine
raciale mélanésienne. Il est absolument essentiel d’impliquer les Papous dans
tous les dialogues concernant le conflit de cette région. Le caractère spécial du
conflit papou requiert la participation de tous les Papous indigènes au dialogue
avec l’État. Ce « caractère spécial » découle du fait qu’il s’agit d’un conflit entre
les Papous indigènes et l’État. Les Papous indigènes sont les personnes qui
s’opposent à l’autorité de l’État indonésien sur la terre de Papouasie. Le dialogue
entre Jakarta et la Papouasie doit donc être un dialogue entre l’État indonésien
et les Papous indigènes. Tout dialogue cherchant une solution au conflit en
Papouasie, mais n’impliquant pas les Papous indigènes, n’a aucune validité.
Il faut donc avoir admis que les papous indigènes n’ont jamais eu l’opportunité
de contrôler leur propre développement en tant que région de la République
d’Indonésie. Toutes les politiques de développement ont été décidées loin de la
Papouasie et sans impliquer aucun Papou indigène à la décision. Ces politiques
ont été imposées par l’État dans la moitié occidentale de l’île de Nouvelle-Guinée ;
les Papous indigènes ont été contraints d’accepter ces politiques sans avoir
l’opportunité d’y répondre ou de proposer des projets alternatifs. Toute opposition ou tentative de suggérer une approche alternative a toujours été assimilée
à des velléités séparatistes et à des actes subversifs. Résultat : les Papous sont
devenus les victimes des politiques publiques.
Il convient d’éviter par tous les moyens le modèle de la « non participation »
dans le futur dialogue sur le conflit en Papouasie. Il faut accorder le droit de
participation le plus large possible aux Papous indigènes, et ce pour la totalité
du processus de dialogue. Dans cet objectif, l’État doit offrir l’opportunité aux
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Papous de discuter, leur laisser une marge de manœuvre et il doit essayer de comprendre les questions auxquelles ils sont confrontés. L’État, les forces de sécurité
et la communauté doivent garantir que la situation est sûre et pacifique, de sorte
que le processus de dialogue puisse se dérouler en douceur.
8.2. Les résidents de Papouasie
Le concept de résidents en Papouasie renvoie ici à toutes les personnes habitant
la Papouasie, indigènes ou non. Une résolution participative et démocratique du
conflit en Papouasie visant à instaurer la « Papouasie, terre de paix » requiert la
participation du plus grand nombre, si ce n’est de tous les résidents de Papouasie.
Il ne faut pas négliger les intérêts des non Papous dans le processus de dialogue,
même si leur position dans le conflit diffère de celle des indigènes.
La position des non Papous dans le conflit en Papouasie est singulière, car ils
n’ont pas été les victimes des violences perpétrées par l’État indonésien. Aucun
groupe non Papou en Papouasie ne s’est opposé à l’État indonésien. L’État n’a
donc jamais envisagé les non Papous comme des ennemis de l’État. Ce dernier
n’a jamais ressenti le besoin de mener des opérations militaires contre les non
Papous en Papouasie.
Même si les non Papous n’ont jamais été la cible ou les victimes de la violence étatique en Papouasie, force est de reconnaître que la paix est désirée par
l’ensemble de la population, quelle que soit son origine. En d’autres termes,
toute personne vivant en Papouasie aspire à la paix. On a affirmé avec raison
que toute la population de Papouasie, indigène et allogène, souhaite voir la
Papouasie devenir une « terre de paix ». Par conséquent, toute personne de ce
pays devrait contribuer, que ce soit à titre personnel ou collectif, à faire de la
Papouasie une « terre de paix ». Il faudrait donc donner à tous les résidents de
Papouasie l’opportunité et la marge d’action nécessaire pour participer activement au processus de dialogue visant à résoudre le conflit en Papouasie par des
voies pacifiques.
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9. Les buts intermédiaires du dialogue
10. Les étapes du processus de dialogue
Si le dialogue Jakarta-Papouasie est conduit dans le cadre de la « Papouasie,
terre de paix », il devrait être possible aux deux parties de s’entendre sur les buts
intermédiaires à atteindre par le dialogue. Un accord sur des objectifs pourrait
aider les deux parties à se préparer pour le dialogue. Elles pourraient réfléchir
à leur contribution aux objectifs définis collectivement. Les partis tiers pourraient aussi songer à la manière dont ils pourraient contribuer au succès global
du processus de dialogue.
Je pense que le dialogue Jakarta-Papouasie pourrait être considéré comme
un succès si l’État et les Papous trouvent un accord sur :
– les traits caractéristiques de la « Papouasie, terre de paix » que les deux parties veulent créer avec d’autres composantes de la société civile ;
– les problèmes fondamentaux à régler ensemble afin de donner naissance à la
« Papouasie, terre de paix » ;
– les causes principales de ces problèmes fondamentaux ;
– les solutions, non seulement pour surmonter les problèmes fondamentaux,
leurs causes et celles pour promouvoir la création de la « Papouasie, terre de
paix » ;
– les manières de prévenir la réapparition de ces problèmes ;
– les rôles de diverses parties prenantes impliquées dans la réalisation de la
« Papouasie, terre de paix ».
Lorsque l’on évoque la question du dialogue pour résoudre le conflit en Papouasie dans des colloques ou dans les médias, de nombreuses personnes imaginent
immédiatement une réunion entre des délégations indonésiennes et papoues
autour d’une table des négociations. Je considère toutefois que ce genre de
réunion ne constituerait qu’une étape – la dernière – d’un long processus de
dialogue. Un dialogue entre Jakarta et la Papouasie ne peut se limiter, se comprendre rigoureusement, ou se restreindre à cette seule étape finale du processus.
Les étapes précédentes doivent être reconnues comme faisant partie intégrale
d’un vaste processus de dialogue entre Jakarta et la Papouasie. Ce schéma peut
également fonctionner sans dire que les étapes du dialogue entre Jakarta et la
Papouasie doivent faire l’objet d’un accord et figurer au cahier des charges.
Les étapes du dialogue devraient être formulées en tenant compte des principes, des objectifs et des buts intermédiaires du dialogue qui auraient été acceptés
par les deux parties, en impliquant l’ensemble de la population de Papouasie. Je
pense qu’un dialogue Jakarta-Papouasie pourrait se composer de quatre étapes :
(1) dialogue interne aux Papous indigènes ;
(2) dialogue entre Papous indigènes et non indigènes ;
(3) dialogue entre des délégués des Papous de Papouasie et de l’étranger ;
(4) dialogue entre des représentants de l’État indonésien et le peuple papou.
Un accord sur ces points représenterait les buts intermédiaires du processus de
dialogue.
10.1. Le dialogue interne aux Papous indigènes
Le dialogue interne aux Papous indigènes serait la première étape d’un processus
global de dialogue dans le conflit en Papouasie. Le processus doit commencer en
Papouasie, sur les lieux mêmes du conflit. Dans cette première étape, les acteurs
du dialogue – les Papous indigènes – pourraient discuter un certain nombre de
questions comme :
–
–
–
–
–
–
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Quelles sont les caractéristiques de la « Papouasie, terre de paix » ?
Quels sont les problèmes qui obstruent la « Papouasie, terre de paix » ?
Quelles sont les causes de ces problèmes ?
Quelles solutions sont requises pour régler ces problèmes ?
Quelles solutions sont requises pour régler la source de ces problèmes ?
Quelles politiques adopter pour prévenir l’apparition de ces problèmes à
l’avenir ?
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– Quels sont les rôles que doivent jouer les diverses parties (État et société
civile) et quelles sont les missions qu’elles doivent respectivement accomplir
pour concrétiser la « Papouasie, terre de paix » ?
Je distingue deux approches pour organiser ce genre de dialogue interne aux
Papous indigènes. La première serait de mener un dialogue dans un grand
nombre d’endroits en Papouasie et de finaliser cette tournée par une conférence
plénière qui inclurait les représentants de tous les groupes tribaux et zones
tribales. La seconde possibilité serait d’organiser une grande conférence avec la
participation de délégués de tous les groupes tribaux et zones tribales. Quelle
que soit l’option adoptée, il est fondamental, et d’une importance cruciale pour
ce dialogue, que la majorité des Papous, si ce n’est leur totalité, soit impliquée
dans le processus. Les conclusions de ce dialogue interne doivent être soumises
au Conseil du peuple de Papouasie (MRP), la seule institution reconnue par l’État
indonésien à titre de représentation culturelle légitime du peuple papou.
10.2. Le dialogue entre Papous indigènes et non indigènes
Une fois le dialogue entre Papous indigènes achevé, l’étape suivante serait
d’organiser un dialogue entre tous les résidents de la Papouasie. Parmi les acteurs
de ce dialogue, il faudrait inclure des représentants des papous indigènes et non
indigènes qui résident en Papouasie. Le dialogue doit discuter de sujets tels que :
– Quelles sont les caractéristiques de la « Papouasie, terre de paix » ?
– Quels sont les problèmes qui obstruent la « Papouasie, terre de paix » ?
– Quelles sont les causes de ces problèmes ?
– Quelles solutions sont requises pour régler ces problèmes ?
– Quelles solutions sont requises pour régler la source de ces problèmes ?
– Quelles politiques adopter pour prévenir l’apparition de ces problèmes à
l’avenir ?
– Quels sont les rôles que doivent jouer les diverses parties (État et société
civile) et quelles sont les missions qu’elles doivent respectivement accomplir
pour concrétiser la « Papouasie, terre de paix » ?
Il existe deux alternatives pour le dialogue interne aux résidents de Papouasie.
La première serait de mener un dialogue dans un grand nombre d’endroits en
Papouasie et de finaliser cette tournée par une conférence plénière qui inclurait
les représentants de tous les résidents de Papouasie et de toutes les régions. La
seconde alternative serait d’organiser une grande conférence avec la participation
de représentants de tous les résidents en Papouasie. Quelle que soit l’approche
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choisie, la majorité de la population, si ce n’est la totalité, doit être impliquée dans
le processus. Les conclusions de ce dialogue seraient soumises aux assemblées des
provinces de Papouasie et de Papouasie occidentale, c’est-à-dire aux institutions de
représentation de la Papouasie. Les assemblées provinciales soumettraient ensuite
les conclusions du dialogue à l’État indonésien via leurs gouverneurs. Les conclusions de ce dialogue pourraient servir de contribution à l’État indonésien dans les
préparations au dialogue avec des représentants de la Papouasie.
10.3. Le dialogue entre représentants du peuple papou
en Papouasie et en exil
Il est également vital d’impliquer les Papous vivant à l’étranger (en exil) pour
garantir une résolution pacifique et démocratique du conflit en Papouasie. Si on
ne les implique pas dans le processus de dialogue, le conflit se pérennisera et le
peuple de Papouasie ne connaîtra pas d’existence pacifique. C’est la raison pour
laquelle il faut impliquer les Papous de l’étranger.
Je pense qu’une fois que se seront déroulés les dialogues internes aux Papous
indigènes puis entre indigènes et non indigènes, l’étape suivante serait d’organiser
un dialogue entre Papous indigènes de Papouasie et de l’étranger. Ce dialogue
pourrait débattre de questions telles que :
– Quelles sont les caractéristiques de la « Papouasie, terre de paix » ?
– Quels sont les problèmes qui obstruent la « Papouasie, terre de paix » ?
– Quelles sont les causes de ces problèmes ?
– Quelles solutions sont requises pour régler ces problèmes ?
– Quelles solutions sont requises pour régler la source de ces problèmes ?
– Quelles politiques adopter pour prévenir l’apparition de ces problèmes à
l’avenir ?
– Quels sont les rôles que doivent jouer les diverses parties (État et société
civile) et quelles sont les missions qu’elles doivent respectivement accomplir
pour concrétiser la « Papouasie, terre de paix » ?
Ce dialogue pourrait se dérouler dans un pays étranger. Les délégués de Papouasie
pourraient y présenter les décisions et les conclusions du dialogue interne, en guise
de base de discussion. Cette assemblée pourrait aussi nommer des porte-parole des
Papous indigènes qui pourraient représenter la Papouasie dans un futur dialogue
avec l’État. Il sera impératif que les accords conclus dans ce dialogue reflètent l’unité
de la position du peuple papou. Cette unité favoriserait la mise en œuvre de l’étape
de dialogue avec l’État. Les accords conclus dans ce dialogue interne pourraient
former l’agenda du dialogue entre les délégués du peuple papou et l’État.
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10.4. Le dialogue entre représentants de l’État indonésien
et le peuple papou
11. Les acteurs du dialogue
Cette étape constituerait l’étape finale du processus de dialogue. Dans cette étape,
les porte-parole de l’État indonésien et le peuple papou engageraient un dialogue
dans lequel un parti tiers avalisé par les deux parties au conflit ferait office de
médiateur. Les acteurs de ce dialogue discuteraient des mêmes questions que
celles qui ont été débattues dans les dialogues préliminaires :
– Quelles sont les caractéristiques de la « Papouasie, terre de paix » ?
– Quels sont les problèmes qui obstruent la « Papouasie, terre de paix » ?
– Quelles sont les causes de ces problèmes ?
– Quelles solutions sont requises pour régler ces problèmes ?
– Quelles solutions sont requises pour régler la source de ces problèmes ?
– Quelles politiques adopter pour prévenir l’apparition de ces problèmes à
l’avenir ?
– Quels sont les rôles que doivent jouer les diverses parties (État et société
civile) et quelles sont les missions qu’elles doivent respectivement accomplir
pour concrétiser la « Papouasie, terre de paix » ?
Les explications précédentes ont déjà présenté clairement les personnes qui
participeraient au dialogue. Les acteurs du dialogue interne aux Papous indigènes
seraient exclusivement des Papous indigènes. La seconde étape du dialogue
interne inclurait des Papous indigènes et non indigènes. Les participants de la
troisième étape seraient des Papous indigènes. L’étape finale réunirait des représentants de l’État et des Papous indigènes autour d’une table de négociations. Il
faut souligner que les étrangers n’auront pas l’opportunité de participer à une
quelconque étape du dialogue.
Une question à laquelle les Papous indigènes doivent d’ores et déjà accorder
une attention particulière est celle des personnalités choisies pour le dialogue, en
particulier pour la phase finale du dialogue avec l’État. Trois organes différents
seront impliqués dans cette étape : une commission de négociation, une équipe
de soutien et un comité de pilotage. Chacun des organes se verra attribuer un
rôle différent dans le processus.
Les personnes impliquées dans le forum de dialogue constitueraient les
équipes de négociations des deux parties au conflit. Chacune des équipes serait
composée de 3 à 5 personnes au maximum. Les équipes de négociation seraient
mandatées par les camps qu’elles représentent. Les délégués de leurs camps
respectifs connaîtront par conséquent les problèmes de la Papouasie tout autant
que les systèmes politique et de gouvernance de l’Indonésie ; Ils seront donc en
mesure de communiquer leur opinion de façon rationnelle. Les personnes choisies pour faire partie des commissions de négociation doivent comprendre que le
dialogue n’est pas le lieu pour faire part de ses émotions, mais pour trouver une
solution pacifique et parvenir à une série de compromis qui peuvent contribuer
à garantir que l’autre camp « conserve la face ». Par conséquent, les négociateurs
qui tendent à être émotifs et à ne pas respecter les règles précédemment adoptées
pour le dialogue doivent être exclus des séances suivantes. Ce principe est important si l’on veut garantir l’intégrité du processus.
Chacune des commissions de négociation doit se composer de personnes
compétentes. Les équipes consultatives pourraient être composées de personnalités qui jouissent de la confiance et d’un mandat du parti qu’elles représentent. Elles doivent être en mesure de soutenir les membres de la commission de
négociation. Elles doivent être capables d’apporter des idées, des opinions et
des expertises pour assister les négociateurs. Leur présence est requise pendant
le déroulement du dialogue, mais elles ne doivent pas prendre part aux négociations en cours.
Comme chacune de ces questions aura été discutée au préalable, toutes les parties seraient en mesure de présenter les conclusions des dialogues précédents
lorsqu’ils viendront à la table des négociations. Il faut espérer que cette opportunité d’approfondir la compréhension de chacune de ces questions, de réfléchir et
de discuter en détail, permettra aux porte-parole du gouvernement et au peuple
papou de parvenir à conclure des accords sur un grand nombre de questions.
Au demeurant, des accords seuls ne suffiront pas à donner réalité à la
« Papouasie, terre de paix ». Il faut également s’entendre sur la manière de donner
suite aux accords conclus au cours du dialogue. L’État et le peuple papou doivent
donc œuvrer de concert à donner suite et à engager une action concrète pour
mettre en application les accords.
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Les commissions de négociation et les équipes consultatives seraient guidées
par leurs propres comités de pilotage. La présence des membres de ces comités
ne serait pas requise sur les lieux où se déroule le dialogue ; ils pourraient rester
sur leur lieu de résidence habituel. L’autorité serait entre les mains du comité
de pilotage qui donnerait des directives à la commission de négociation et à
l’équipe consultative. La commission de négociation n’aurait pas compétence
pour avaliser des propositions soulevées au cours du dialogue si elles n’ont pas
été préalablement approuvées par le comité de pilotage. Par conséquent l’équipe
consultative devra consulter le comité de pilotage sur toutes les suggestions et
projets qui émergeront au cours du dialogue. Les commissions de négociation
seraient uniquement habilitées à accepter une solution proposée si elle a déjà
été avalisée par le comité de pilotage.
Chaque camp doit nommer des personnes qui pourraient se mettre au service
d’un comité de pilotage. Chaque camp doit choisir et nommer des personnes
qui pourraient faire fonction de conseillers comme sélectionner les membres de
leur commission de négociation.
(4) La Coalition nationale pour la libération de la Papouasie occidentale (WPNCL),
basée à Port Villa, au Vanuatu, pourrait servir de médiateur du dialogue
entre Papous indigènes et Papous en exil. Cette coalition, réunissant divers
groupes Papous, fait fonction d’organisation « parapluie » (umbrella organisation) pour toutes les organisations.
(5) Un parti tiers, indépendant et neutre pourrait servir de médiateur dans
l’étape finale du dialogue entre délégués de l’État et le peuple papou.
La présence d’un parti tiers favoriserait l’instauration de la confiance
mutuelle entre les deux parties au conflit.
12. Les médiateurs
Les institutions de recherche ou les think-tanks pourraient apporter une contribution de poids à l’ensemble du processus de dialogue entre Jakarta et la Papouasie. Je pense par exemple à des institutions telles que l’université de Cenderawasih (Uncen) à Jayapura, à l’université de Papouasie (Unipa) à Manokwari et à
l’Institut national de recherche indonésien (LIPI) à Jakarta. Chacune de ces trois
institutions a mené des recherches sur des aspects divers de la vie en Papouasie.
Elles pourraient par conséquent contribuer au dialogue en entreprenant des
enquêtes scientifiques sur un certain nombre de problèmes dans l’ensemble de la
Papouasie. Les conclusions de ces travaux pourraient être très utiles pour faciliter
le processus de discussion et de réflexion. La recherche scientifique serait très
profitable au gouvernement et aux Papous pour aiguiser la compréhension et
l’élucidation des problèmes qui demandent à être résolus ainsi que pour trouver
des solutions qui soient justes et aptes à instaurer la paix dans l’ensemble de la
Papouasie. Cela aiderait la population des deux camps à comprendre objectivement les problèmes et à fournir des solutions rationnelles.
Les conclusions des recherches scientifiques pourraient être utilisées par
toutes les parties comme un élément des efforts visant à résoudre pacifiquement la paix dans le conflit Papou. Il faut intégrer les personnes compétentes
au processus de dialogue de sorte qu’elles puissent partager leurs résultats de
recherche. Dans la recherche scientifique, il ne faut pas attacher d’importance
aux origines du chercheur, mais aux résultats de sa recherche. Il serait sage à
Il ne faut pas sous-estimer l’importance des médiateurs tout au long du processus
de dialogue. La présence des médiateurs et le rôle qu’ils jouent sont vitaux pour
faciliter le processus de dialogue. Un certain nombre d’institutions différentes
pourraient jouer les médiateurs aux diverses étapes du processus :
(1) Le Conseil du peuple de Papouasie (Majelis Rakyat Papua / MRP), la représentation culturelle officiellement reconnue des Papous indigènes pourrait
jouer un rôle de médiateur dans le dialogue interne aux Papous indigènes
résidant en Papouasie.
(2) Le Parlement régional de la province de Papouasie (Dewan Perwakilan Rakyat
Papua / DPRP), l’institution officielle de représentation des citoyens indonésiens dans la province de Papouasie pourrait être nommée médiateur du
dialogue entre Papous dans la province de Papouasie.
(3) Le Parlement régional de la province de Papouasie occidentale (Dewan Perwakilan Rakyat Papua Barat / DPRPB), l’institution officielle de représentation des
citoyens indonésiens dans la province de Papouasie occidentale pourrait
être nommée médiateur du dialogue entre Papous dans la province de
Papouasie occidentale.
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13. La contribution de la recherche
et des institutions scientifiques
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mon avis d’impliquer un certain nombre d’experts de ces trois institutions qui
pourraient contribuer au dialogue en fournissant des analyses, en particulier dans
le dialogue interne aux Papous indigènes (première étape) et aux résidents de
Papouasie (deuxième étape). Les résultats des recherches scientifiques pourraient
être discutés par l’État indonésien et les Papous dans le processus de dialogue.
14. Le rôle d’un parti tiers
Impliquer un parti tiers dans le dialogue Jakarta-Papouasie ne sous-tend pas la
volonté d’internationaliser le conflit en Papouasie. Le rôle de ce tiers serait d’aider
les parties à parvenir à une solution pacifique. Il ne s’agit donc absolument pas
d’autoriser des intérêts étrangers à intervenir dans des affaires intérieures. L’État
indonésien, se fondant sur sa propre expérience d’intermédiaire de dialogue et
de pourparlers dans des résolutions de conflits sur la scène internationale, sait
mieux que quiconque combien il est important de faire appel à un parti tiers
pour faciliter le dialogue et les négociations.
En tant que Papou, je peux réinscrire l’idée du rôle des partis tiers neutres et
indépendants pour aider dans la médiation d’un conflit dans les pratiques culturelles d’un grand nombre de tribus de Papouasie. Dans les cultures papoues, la
résolution d’un conflit entre personnes, familles, ou groupes en conflit implique
un parti tiers. En règle générale, la personne qui assume le rôle de médiateur est
une personnalité connue des deux camps et bénéficiant de leur confiance. Les
médiateurs sont des personnalités neutres, sages et habiles à résoudre des conflits
de façon équitable et pacifique. Forts de leur propre expérience culturelle, les
Papous soutiennent la médiation d’un parti tiers dans le dialogue sur le conflit
en Papouasie.
Au demeurant, il faut énoncer explicitement que le rôle du parti tiers pour
faciliter le dialogue entre l’État indonésien et le peuple papou ne peut en aucun
cas être détenu par une institution indonésienne. Premièrement, et sans considérer
le genre d’institution, la nature du problème en Papouasie requiert d’impliquer
un parti tiers non indonésien. La situation en Papouasie n’est pas un conflit
entre Églises en Papouasie ou même un conflit entre populations de différentes
religions. Il ne s’agit pas non plus d’un conflit entre Papous indigènes et non
indigènes. Le conflit qui demande à ce jour résolution est un conflit entre
Papous indigènes et l’État indonésien. Par conséquent ni le Conseil des Églises
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d’Indonésie, ni le Conseil indonésien des Oulémas ou encore la Conférence
épiscopale indonésienne ne pourraient servir de médiateur dans le dialogue
entre Jakarta et la Papouasie. Leur participation – s’il en fallait une – se cantonnerait à celle d’observateurs. Les institutions indonésiennes restent sujettes
à l’intervention de l’État et les Papous ne sont donc pas convaincus de leur
neutralité.
Deuxièmement, il faut prendre en considération la nature des relations entre
les Papous et l’État. Depuis plus de 40 ans, ces rapports sont marqués par la
violence et la suspicion mutuelle. Les Papous et l’État n’ont jamais entretenu de
relations proches. Si une institution indonésienne servait de médiateur dans le
dialogue – même un organisme jouissant d’une crédibilité internationale – elle
ne ferait que renforcer et exacerber la méfiance et la suspicion. Cela contredirait
notre désir mutuel de trouver un dialogue entre Jakarta et la Papouasie basé sur
la confiance mutuelle.
Si l’on tient compte de ces considérations, le parti tiers qui assure le rôle de
médiateur du dialogue doit forcément venir de l’étranger. Impliquer un parti
tiers serait vital pour instaurer la confiance entre les deux camps du conflit. Le
médiateur pourrait jouer un rôle à différentes étapes. Premièrement, le parti tiers
pourrait animer les réunions entre des délégués des deux côtés pour élaborer,
discuter et s’accorder sur un cahier des charges qui expose les grandes lignes des
principes fondamentaux, les objectifs finaux, les buts intermédiaires, les étapes,
le rôle du médiateur, le lieu et les ressources financières allouées au dialogue.
Les pourparlers concernant ce cahier des charges pourraient se tenir hors de
l’Indonésie dans un lieu neutre pour que toutes les parties puissent s’exprimer
elles-mêmes en toute liberté. Dans la seconde phase, le parti tiers pourrait servir de médiateur dans un dialogue entre l’État indonésien et les Papous, dont
l’objectif serait la signature d’un accord commun. Dans la troisième et dernière
étape, le parti tiers pourrait superviser la mise en application de l’accord.
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15. Le contrôle du suivi
Conclusion
La signature des accords ne constituerait pas l’étape finale du processus de résolution du conflit en Papouasie. Une fois le texte d’accord conclu, l’État indonésien
et la population papoue vont devoir résoudre une tâche plus difficile, à savoir le
suivi et l’action concrète de l’application de l’accord commun. Là sera le véritable test de l’engagement des deux camps à résoudre pacifiquement le conflit en
Papouasie, après l’accord obtenu dans la phase finale du dialogue. Si ce dernier
n’est pas mis en œuvre, tous les sacrifices et les efforts déployés jusque-là pour
déboucher sur un accord auront été vains et remettraient en cause la totalité du
concept de dialogue entre Jakarta et la Papouasie. Les deux camps perdraient
toute crédibilité.
Un parti tiers continuerait à jouer un rôle important en garantissant le suivi
adéquat de l’accord. Néanmoins, une fois les accords signés entre l’État et le
peuple papou, le parti tiers ne pourrait plus avoir de fonction de médiateur, mais
devrait prendre le rôle du superviseur qui soutiendrait et inspecterait la mise en
application de l’accord entériné dans l’étape finale du dialogue.
Dans la perspective du peuple papou, le rôle du parti tiers dans cette phase
finale est aussi vital que fondamental. Ce constat se rattache à l’expérience des
Papous par le passé. L’État n’ayant jamais mis correctement en œuvre la loi sur
l’autonomie spéciale de la Province de Papouasie, les Papous craignent que l’État
ne fasse pas suivre les accords d’effets. Pour instaurer la confiance des Papous à
l’égard de l’État, il faudrait donc qu’un parti tiers joue un rôle de contrôle de la
mise en œuvre de l’accord. Avec un parti tiers jouant le rôle de soutien, de conseil et de superviseur, l’État et le peuple papou montreraient à la communauté
internationale que les deux camps ont véritablement l’intention d’appliquer
tous les accords conclus dans l’étape finale du dialogue. Si tous les accords sont
effectivement appliqués avec cohérence, je suis certain que la Papouasie peut
devenir une terre de paix.
En guise de conclusion, je voudrais revenir sur quatre points. Premièrement, je me
suis délibérément abstenu dans ce travail d’évoquer directement les questions qui
pourraient faire l’objet des débats dans l’agenda du dialogue entre Jakarta et la
Papouasie. La raison en est que j’espère que les thèmes de l’agenda sont apparus
d’eux-mêmes clairement au cours de la discussion des questions clés que j’ai proposées pour le dialogue entre Papous indigènes et tous les résidents de Papouasie
et entre Papous indigènes de Papouasie et en exil. Il est évident qu’à un moment
donné, les deux parties doivent s’entendre sur l’agenda de la discussion.
Deuxièmement, beaucoup de personnes ont demandé à ce jour qui représenterait
le peuple papou dans un dialogue avec l’État indonésien. La réponse à cette question doit reposer sur le principe selon lequel l’État doit entamer un dialogue avec
les mêmes Papous qu’il considérait autrefois comme ses ennemis. Les Papous qui
s’assiéront à la table des négociations auront été désignés par les Papous, après
discussion, dans un dialogue interne qui inclurait des délégués du peuple papou en
Papouasie et des représentants des Papous de l’étranger dans la troisième étape du
dialogue. Il est par conséquent important que l’État indonésien et la communauté
internationale soutiennent sans réserve la troisième étape du dialogue.
Troisièmement, l’État indonésien comme le peuple papou cherchent à résoudre
le conflit en Papouasie par un dialogue pacifique. Au demeurant, ce processus de
dialogue doit commencer dès aujourd’hui. Une des priorités urgentes à ce stade
est par conséquent de débuter le processus par des rencontres informelles entre
un certain nombre de personnes de Jakarta et de Papouasie en vue d’échanger des
idées et d’explorer des alternatives sur la manière de mener un dialogue JakartaPapouasie, qui soit constructif et satisfaisant pour les deux parties.
Quatrièmement, je pense profondément que si un dialogue Jakarta-Papouasie
est organisé, le grand bénéficiaire des éloges, du respect et de la confiance de la
communauté internationale serait l’État indonésien (et non le peuple papou).
Le temps est venu de regarder vers l’avenir et d’avancer pour réaliser notre rêve
partagé qui est de donner réalité à la « Papouasie, terre de paix ». Les discussions
– qu’elles soient informelles ou formelles – peuvent désormais commencer.
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Sur ma perspective personnelle sur le conflit en Papouasie, cf. NELES TEBAY, West Papua: The
Struggle for Peace with Justice, Catholic Institute for International Relations/CIIR, Londres, 2005.
L’institut national de recherche scientifique indonésien (LIPI) a identifié quatre sources de
conflit en Papouasie : (1) La marginalisation et la discrimination des Papous indigènes ; (2)
L’échec du développement, en particulier dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de
l’empowerment économique communautaire ; (3) L’histoire de la violence étatique ; (4) Les
contradictions de l’histoire et des constructions de l’identité politique de la Papouasie et de
Jakarta. Cf. TIM LIPI, Papua Road Map, LIPI, Jakarta, 2008.
Pour des détails sur les opérations militaires menées avant 1990 cf. BUDIARDJO C. – LIONG
L.S., West Papua: The Obliteration of a People, Tapol, Londres, 1988, pp. 77-92.
Pour des informations sur les opérations militaires menées à Mapnduma cf. LEMBAGA STUDY
DAN ADVOKASI HAK-HAK ASASI MANUSIA, Laporan dari Mapnduma, 21 février 2000.
Pour les détails sur les événements dans le sous-district de Wasior cf. AMNESTY INTERNATIONAL,
Grave Human Rights Violations in Wasior, Papua, Amnesty international, Londres 2002.
Pour des informations sur l’incident de Wamena cf. KOALISI LEMBAGA SWADAYA MASYARAKAT, Laporan Awal Kasus Wamena, 4 avril 2003.
WIDIIYANTI A., « Warga Papua Laporkan Kekerasan Oleh TNI ke Komnas HAM », in detikcom,
22 novembre 2004.
« Otonomi Khusus Papua Gagal », in Sinar Harapan, 26 novembre 2008.
ODEODATA H JULIA, « Gubernur Papua: 72 Persen Penduduk Papua Miskin », in Sinar
Harapan, 2 février 2007.
Loi sur l’autonomie spéciale pour la province de Papouasie, n° 21/2001, paragraphe 77.
« Otonomi Khusus Papua Gagal », in Sinar Harapan, 26 novembre 2008.
« Implementasi Otsus Papua Kacau Balau », in Bintang Papua, 19 novembre 2008.
RIDWAN MAX SIJABAT, « Government Blamed for Stagnant Special Autonomy in Papua »,
in The Jakarta Post, 29 mars 2008.
The Jakarta Post.com, 4 mars 2008.
Media Release, 10 mars 2008, House Foreign Affairs’ Subcommittee Chairmen Call upon Indonesia
to End Unreasonable Restrictions on International Access to West Papua.
Cf. la lettre adressée par 40 membres du Congrès américain au président Susilo Bambang
Yudhoyono, datée du 29 juillet 2008.
« Hasil IPWP London diumumkan », in Cenderawasih Pos, 22 octobre 2008.
Transcription du discours du président lors d’une célébration œcuménique de Noël, Jakarta
Convention Center, 27 décembre 2005 ; et « President: Pertahankan Suasana Damai di
Indonesia », in Sinar Harapan, 28 décembre 2005.
PRESIDENT SUSILO BAMBANG YUDHOYONO, State Address of the President of the Republic of
Indonesia and the Government Statement on the Bill on the State Budget for the 20006 Fiscal Year and
its Financial Note before the Plenary Session of the House of Representatives on 16 August 2005.
NIKEN WIDYA YUNITA, « SBY akan selesaikan masalah papua secara demokratis », in
Detikcom, 25 novembre 2005.
KURNIAWAN HARI, « EU backs RI’s stance on Papua », in The Jakarta Post, 22 avril 2006.
NURVITA INDARINI, « Menlu: Kasus Papua akan dituntaskan lewat dialog », in Detikcom,
21 avril 2006.
ABDUL KHALIK, « Flag raising ‘not act of separatism’ », in The Jakarta Post, 19 septembre 2008.
KURNIAWAN HARI, « EU backs RI’s stance on Papua », in The Jakarta Post, 22 avril 2006.
MOHAMMAD NUR HAYID, « Mendesak, Dialog Soal Papua », in Detikcom, 26 mars 2006.
« Pemerintah perlu segera gelar dialog soal Papua », in Kompas, 12 mai 2006.
« Kofi Anan akan bertemu elite Papua di Darwin », in Suara Pembaruan, 11 mai 2006.
« Mari Kita Luruskan Sejarah Papua Barat », Résolution du Deuxième Congrès Papou, juin 2000.
Cf. « OPM Ingin Berdamai », in Papua Post, 13 décembre 2002.
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30 La Coalition nationale pour la libération de la Papouasie occidentale (WPNCL) est une
organisation qui rassemble tous les groupes qui luttent pour l’indépendance de la Papouasie occidentale et qui sert d’organisation « parapluie ». La WPNCL a été créée à Port Villa,
Vanuatu, en avril 2008.
31 Communiqué paru dans West Papua National Coalition for Liberation (WPNCL), 29 avril 2008.
32 LEO LABA LADJAR, « Kongres Papua: Memutuskan Apa? », in Berita Keuskupan Jayapura, 30
(2000), p. 7.
33 Pour un aperçu de la perspective des évêques de Papouasie, cf. PIMPINAN-PIMPINAN GEREJA
KATOLIK, Gambaran Permasalahan di Papua, SKP Jayapura, Jayapura, 2000.
34 Pour un exemple de déclaration commune des leaders religieux incitant le gouvernement
et le peuple Papou à intervenir pour résoudre le conflit en Papouasie par le dialogue, cf.
PIMPINAN-PIMPINAN GEREJA, Pokok-pokok pikiran Gereja-gereja di Papua Mengenai Tragedi
Kemanusiaan di Wamena 6 October 2000.
35 « Pernyataan Keprihatinan Para Pimpinan Gereja », 22 octobre 2008.
36 NETHY DHARMA SOMBA, « Papuan Church Leaders Call for Peaceful Talks to End Dispute »,
in The Jakarta Post, 30 octobre 2008.
37 Cf. la déclaration commune signée par 87 responsables religieux le 15 septembre 2005.
38 PIMPINAN-PIMPINAN AGAMA DI PAPUA, Seruan Penghentian Tindak Kekerasan di Tanah
Papua, tanggal 14 juin 2001. Les citations suivantes sont tirées de Seruan penghentian Tindak
kekerasan di Tanah Papua, 14 juin 2001.
39 PIMPINAN-PIMPINAN AGAMA DI PAPUA, Musyawawarah Antar pimpinan Umat Beragama,
tgl 27-28 mai 2002, in Jayapura, n° II,1.f.
40 Les points de la déclaration du Forum consultatif des leaders religieux en Papouasie (Forum
Komunikasi Para Pimpinan Agama – FKPPA) énoncés lors d’un colloque sur la « Papouasie,
terre de paix » du 3 au 7 décembre 2007 incluent un appel au dialogue entre l’État indonésien
et le peuple Papou. Cf. NELES TEBAY, « Turning Papua into Land of Peace », in The Jakarta
Post, 3 janvier 2008.
41 Forum consultatif des leaders religieux en Papouasie (Forum Komunikasi Para Pimpipinan Agama
– FKPPA), Membangun Papua Tanah Damai ditengah Berbagai Tantangan, appel du FKKPA à toutes
les communautés religieuses en amont de la Journée de la paix dans la région de Papouasie,
5 février 2008, publié par TVRI et RRI au siège du FKKPA, Mgr. Leo Laba Ladjar, OFM.
42 « NGOs Call for National Dialogue to End Conflict in Papua », in Antara, 14 janvier 2004.
43 « Ratusan Mahasiswa Datangi DPRP Provinci Tuntut Segera Dilakukan Dialog Internasional »,
in Cenderawasih Pos, 19 octobre 2004.
44 Cf. « Papuan Women’s Groups Call for Dialogue to End Decades of Cloud », in The Jakarta
Post.com, 27 novembre 2008.
45 Sur le concept de « Papouasie, terre de paix » dans le sens des leaders religieux de Papouasie,
cf. J. BUDI HERNAWAN (dir.), Papua, Land of Peace: Addressing Conflict, Building Peace in
West Papua, SKP Jayapura, Jayapura, 2006 ; cf. également NELES TEBAY, Démarches interreligieuses en faveur de la paix en Papouasie occidentale, missio, Aix-la-Chapelle, 2006 ; TIM SKP
JAYAPURA, Membangun Budaya Damai dan Rekonsiliasi: Dasar Menangani Konflik di Papua,
SKP Jayapura, Jayapura, 2006.
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Erschienene/Geplante Publikationen – Current/Planned Publications – Publications parues/en préparation
1 La situation des Droits de l’Homme en République populaire de Chine –
Liberté religieuse
en allemand (2001) – Numéro de commande 600 201
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 211
en français (2002) – Numéro de commande 600 221
2 Droits de l’Homme en République Démocratique du Congo :
de 1997 à nos jours. Un défi pour les Églises
en allemand (2002) – Numéro de commande 600 202
en anglais (2001) – Numéro de commande 600 212
en français (2002) – Numéro de commande 600 222
3 La situation des Droits de l’Homme en Indonésie.
Liberté religieuse et violence
en allemand (2001) – Numéro de commande 600 203
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 213
en français (2002) – Numéro de commande 600 223
en indonésien (2002) – Order No. 600 209
4 La situation des Droits de l’Homme au Timor-Oriental –
La voie ardue de la fondation de l’État
en allemand (2001) – Numéro de commande 600 204
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 214
en français (2002) – Numéro de commande 600 224
5 La situation des Droits de l’Homme en Turquie.
Laïcisme signifie-t-il liberté religieuse ?
en allemand (2002) – Numéro de commande 600 205
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 215
en français (2002) – Numéro de commande 600 225
6 Des chrétiens persécutés ? Documentation d’une conférence
internationale à Berlin 14/15 septembre 2001
en allemand (2002) – Numéro de commande 600 206
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 216
en français (2002) – Numéro de commande 600 226
7 Mutilations sexuelles chez les fillettes et les femmes.
Évaluation d’une enquête exécutée auprès de collaborateurs
d’institutions de l’Église catholique en Afrique
en allemand (2003) – Numéro de commande 600 207
en anglais (2003) – Numéro de commande 600 217
en français (2003) – Numéro de commande 600 227
8 Mutilations sexuelles chez les fillettes et les femmes.
Rapport sur l’état de la situation au Soudan
en allemand/en anglais/en français (2002)
Numéro de commande 600 208
9 La situation des Droits de l’Homme au Vietnam. Liberté religieuse.
en allemand (2002) – Numéro de commande 600 230
en anglais (2003) – Numéro de commande 600 231
en français (2003) – Numéro de commande 600 232
10 La situation des Droits de l’Homme au Sri Lanka. Sur
l’engagement de l’Église en faveur de la paix et de la dignité
humaine
en allemand (2002) – Numéro de commande 600 233
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 234
en français (2002) – Numéro de commande 600 235
11 La situation des Droits de l’Homme au Zimbabwe
en allemand (2002) – Numéro de commande 600 236
en anglais (2002) – Numéro de commande 600 237
en français (2002) – Numéro de commande 600 238
12 La situation des Droits de l’Homme en Corée du Sud
en allemand (2003) – Numéro de commande 600 239
en anglais (2003) – Numéro de commande 600 240
en français (2003) – Numéro de commande 600 241
13 La situation des Droits de l’Homme au Soudan
en allemand (2003) – Numéro de commande 600 242
en anglais (2005) – Numéro de commande 600 243
en français (2005) – Numéro de commande 600 244
14 La situation des Droits de l’Homme au Nigeria
en allemand (2003) – Numéro de commande 600 245
en anglais (2003) – Numéro de commande 600 246
en français (2003) – Numéro de commande 600 247
MIS 4667 MR35 Papua-Fr.indd 40-41
15 La situation des Droits de l’Homme au Rwanda
en allemand (2003) – Numéro de commande 600 248
en anglais (2003) – Numéro de commande 600 249
en français (2003) – Numéro de commande 600 250
16 La situation des Droits de l’Homme au Myanmar/Birmanie.
L’Église sous la dictature militaire
en allemand (2004) – Numéro de commande 600 251
en anglais (2004) – Numéro de commande 600 252
en français (2004) – Numéro de commande 600 253
17 La liberté religieuse au Royaume du Cambodge.
en allemand/en anglais/en français (2004)
Numéro de commande 600 257
18 Les Droits de l’Homme au Laos. L’Église sous la dictature militaire
en allemand/en anglais/en français (2004)
Numéro de commande 600 257
19 Les Droits de l’Homme en Égypte
en allemand (2004) – Numéro de commande 600 260
en anglais (2004) – Numéro de commande 600 261
en français (2004) – Numéro de commande 600 262
20 La situation des Droits de l’Homme
– La Turquie sur la voie de l’Europe. Où en est la liberté religieuse ?
en allemand (2004) – Numéro de commande 600 264
en anglais (2004) – Numéro de commande 600 265
en français (2004) – Numéro de commande 600 266
21 Possibilités d’une coopération chrétienne-islamique
en vue du respect des droits de l’Homme et de la mise
en place de sociétés civiles. Congrès technique en comité
restreint, 11-14/03/2002, Berlin – Volume 1
en allemand (2004) – Numéro de commande 600 268
en anglais (2004) – Numéro de commande 600 269
en français (2004) – Numéro de commande 600 270
22 Possibilités d’une coopération chrétienne-islamique
en vue du respect des droits de l’Homme et de la mise
en place de sociétés civiles. Congrès technique en comité
restreint, 11-14/03/2002, Berlin – Volume 2
en allemand (2005) – Numéro de commande 600 271
en anglais (2005) – Numéro de commande 600 272
en français (2005) – Numéro de commande 600 273
23 La situation des droits de l’Homme au Libéria : un rêve de liberté
– L’engagement de l’Église catholique pour la justice et la paix
en allemand (2005) – Numéro de commande 600 274
en anglais (2005) – Numéro de commande 600 275
en français (2005) – Numéro de commande 600 276
24 La situation des droits de l’Homme en Papouasie (Indonésie)
en allemand (2006) – Numéro de commande 600 277
en anglais (2006) – Numéro de commande 600 278
en français (2006) – Numéro de commande 600 279
en indonésien (2006) – Numéro de commande 600 280
25 Le Timor oriental fait face à son histoire :
le travail de la Commission d’accueil, de vérité et de réconciliation
en allemand (2005) – Numéro de commande 600 281
en anglais (2005) – Numéro de commande 600 282
en français (2005) – Numéro de commande 600 283
en indonésien (2005) – Numéro de commande 600 284
26 L’asile pour les convertis ? La question de l’examen de la crédibilité
d’une conversion par le pouvoir exécutif et judiciaire
en allemand/en anglais/en français (2007) –
Numéro de commande 600 285
27 La situation des droits de l‘Homme en République populaire de
Chine – Des changements dans la politique en matière de religion ?
en allemand (2005) – Numéro de commande 600 286
en anglais (2005) – Numéro de commande 600 287
en français (2005) – Numéro de commande 600 288
28 La situation des droits de l’Homme au Myanmar/Birmanie.
Les premiers pas politiques d’une Église minoritaire
en allemand (2008) – Numéro de commande 600 289
en anglais (2008) – Numéro de commande 600 290
en français (2008) – Numéro de commande 600 291
09.12.2009 11:15:58 Uhr

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