Jordan ne l`a pas entendu venir…. mais c`est son rêve qui s`écroule
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Jordan ne l`a pas entendu venir…. mais c`est son rêve qui s`écroule
Jordan ne l’a pas entendu venir…. mais c’est son rêve qui s’écroule Des parents d'élèves FCPE du collège Picasso où Jordan termine son année scolaire de classe de troisième, se mobilisent pour faire connaitre son histoire car elle les a touché et ils auraient sincèrement préféré qu’elle prenne une voie plus positive après ses années éprouvantes. Ce jeune malentendant est scolarisé dans l’ULIS (Unité Localisée pour l’inclusion Scolaire) du collège où il s’est bien intégré avec tous les autres élèves. Olivia, élève en 4ème nous dit qu’il se remarque tout de suite parce qu’il fait une tête de plus que les autres. Il est gentil, agréable et toujours souriant. Il est super bien intégré et discute avec beaucoup de collégiens et surement que tout le monde, comme moi, sait qu’il fait du basket. Malgré son handicap, ses difficultés, ses problèmes familiaux, il n'a jamais cessé de faire des efforts tant sur le plan scolaire que sportif. Il veut prouver qu'il en est capable...de réussir... comme une personne qui ne porte pas son handicap. Le basket qu’il voudrait pratiquer à un haut niveau, est devenu sa vraie motivation et presque sa seule raison d'aller de l'avant et sa déception est immense et vécue comme une injustice quand il comprend que la perception de son handicap par les adultes va le faire régresser. Tous ceux qui l’on observé jouer, reconnaissent son talent de basketteur alors comment ne pas lui accorder la chance de pouvoir accéder au haut niveau avec autant de motivation ? en plus son prénom n'est-il pas prémonitoire quand on pense au fabuleux Mickael Jordan ! Jordan est arrivé en 4ème au collège Picasso de Bron, avec un dossier scolaire un peu mince : il semblerait qu’il avait auparavant des troubles du comportement importants qui l'empêchaient de suivre une scolarité à temps complet. Il n'avait jamais fait d'anglais, avait des lacunes énormes en mathématiques (il ne connaissait pas les grands nombres, les 4 opérations…), il était à peine lecteur. Mais jamais il ne s’est découragé même devant l'ampleur de la tâche et le décalage avec les autres élèves. Malgré ses difficultés en français, il peut à présent écrire un petit texte compréhensible alors qu'il était incapable d'écrire une phrase seul à son arrivée. Il est le meilleur élève de sa classe de 3ème en mathématiques. Il a acquis des concepts pourtant loin d'être simples en histoire et géographie, alors qu’il ne possédait presque aucune notion de cette matière. Bref, il a été une véritable éponge à savoirs, toujours curieux, surprenant ses enseignants par ses apprentissages et sa progression fulgurante. Blandine Zaragoza FCPE collège Pablo Picasso de Bron Voici son histoire écrit avec ses mots. Je m'appelle Jordan. Je suis né en République Centrafrique. Je suis malentendant, ce qui pose problème quand on habite en Centrafrique. Alors mes parents ont décidé de m'envoyer en France pour trouver une école adaptée à ma surdité et des professionnels de la santé pour m'aider à mieux entendre et mieux parler (audioprothésiste, médecin, orthophoniste …). Je suis arrivé en France à l'âge de 2 ans en 2000. Je suis venu accompagner de ma tante, sans mes parents, sans ma famille, qui sont restés au pays. J'ai rejoint ma famille de Vénissieux chez qui j'ai habité quelques temps. Ensuite mon oncle a trouvé le médecin qui m'a proposé un appareil auditif. Ce qui m'a permis de mieux entendre et mieux communiquer avec les autres. Quelques mois après je suis entré à l'hôpital pour subir l'opération de l'implant cochléaire, un appareil plus sophistiqué qui me permet de mieux entendre qu'avant. En 2001, j'ai pu rentré à l'école maternelle à Lyon dans une classe d'enfants sourds. En 2002, j'ai changé d'école pour aller dans une autre école spécialisée pour enfants malentendants à Lyon (Mermoz-Pinel) où j'ai commencé à apprendre à communiquer en Langue des Signes Française. J'étais suivi par une orthophoniste pour apprendre à parler. J'ai quitté ma classe d'origine pour être dans une autre classe avec des enfants oralisant. J'ai commencé à changer de comportement, je faisais plus des bêtises, je me mettais souvent en colère, je n'étais pas bien. Je suis resté 2 ans dans cette école. En 2005, je suis allé dans une autre école spécialisée pour enfants malentendants de Lyon (Alfred de Musset à Grange Blanche) et je trouve que là-bas c'était bien car je voyais que les jeunes étaient plus âgés que moi car dans l'autre école, notre classe était la seule parmi des enfants tout petits. Je suis resté dans cette école jusqu'en 2008. En 2008, je suis parti dans une autre école du Rhône (à Chatillon, près de Villefranche) : élèves, petits et grands mélangés ; structure type OVE (œuvres des Villages d’Enfants). A cette époque, j'ai décidé pour des raisons personnelles, de partir vivre en foyer à Lyon, j'y suis resté 5 mois. J'allais à l'école tous les jours avec le taxi qui m'accompagnait. En 2009 je suis allé au collège Simone Veil à Villefranche. J'étais dans un petit groupe d'élèves. J'étais intégré parmi les entendants. Dans ce collège j'étais donc le seul malentendant. J'avais vraiment beaucoup de copains, malgré ma surdité, ça se passait bien ; je commençais à faire moins de bêtises, j'ai bien progressé mais ça me demandait beaucoup d'efforts alors quand on retournait à l'école de Chatillon pour rejoindre le taxi, je faisais beaucoup de bêtises, car j'avais besoin de me défouler. De plus en 2007, mon père m'a proposé d'intégrer un club de basket à Lyon 3 car il s'est dit qu'avec ma grande taille, cela jouerait en ma faveur. Ensuite ma tante a quitté Lyon pour s'installer à Vénissieux dans un appartement. J'ai du quitter mon club de basket à Vénissieux, trop loin pour moi. J'ai du arrêter le basket et changer de foyer. Je suis resté 5 ans dans ce foyer de Lyon 5ème. Dans ce foyer on était obligé de faire un sport en tant que loisir mais j'ai changé d'avis car j'ai décidé de faire du judo ; ça m'a beaucoup plu ; j'ai fait une compétition pour laquelle je suis arrivé 3ème. A bout d'un an (2011), j'ai décidé d'essayer le karaté mais ça ne me plaisait pas alors l’année suivante j'ai décidé de faire du basket à nouveau, j’avais 12 ans. J’ai intégré le club et j’ai pu commencer à jouer au niveau départemental ; en quelques mois j’ai beaucoup progressé et j’ai participé à la fin de saison avec l’équipe régionale des benjamins. J’ai participé aux compétitions et j’ai pu jouer 2 matchs en demi-finale avec cette équipe ; en finale, nous étions champions de la coupe régionale. L’année suivante (2012) j’étais donc avec le minimes région : pour la première fois j’ai reçu la fiche qui me donne l’occasion de participer à la sélection régionale pour essayer de m’orienter vers une carrière de basketteur professionnel. Pendant les vacances on m’a proposé 3 jours de stage pour s’entraîner en vue de la sélection. Enfin, j’ai été sélectionné et j’ai donc pu participer aux « tournois inter-ligues » (inter régions) à Vichy. J’ai fait 2 matchs contre la région Bourgogne et région Centre. A la fin j’ai fait un stage de sélection au camp de Zone Centre pour s’entraîner dans l’objectif de participer à la sélection pour l’équipe de France. Je n’ai pas réussi alors je suis retourné dans mon équipe Minimes en visant la sélection de l’année suivante pour le Pôle Espoir : il s’agit d’une école de haut niveau de basket où les futurs champions sont recrutés. En 2013, je suis avec les Minimes France mais j’ai intégré l’équipe tardivement : ce n’était pas facile car j’avais l’habitude jouer en régional et là je devais suivre le niveau national. Mon entraîneur de haut niveau, a demandé un aménagement de mon emploi du temps au collège Picasso à Bron pour pouvoir suivre les entraînements quotidiens. Je finissais donc les cours en début d’après midi et je me rendais directement à l’entraînement jusqu’au soir. Pour la première fois, je commençais à avoir des douleurs aux genoux. Petit à petit cela me gênait pour l’entraînement et j’ai donc moins bien progressé en basket. Avec mon équipe des Minimes France, la communication était difficile entre les joueurs car on n'avait pas l'habitude de jouer ensemble et on a perdu beaucoup de matchs à cause de ça en début d'année scolaire. Petit à petit, dans la première poule du championnat de France minimes, on a réussi à gagner quelques matchs parce qu'on a pris l'habitude de jouer ensemble. Dans la deuxième poule, on a gagné tous les matchs ! Ça nous a permis de participer au premier quart de finale contre Toulon, et d'être victorieux. Au match retour, au mois de mai 2013, nous avons perdu. Petit à petit, pendant l'année 2013, nous sommes devenus une bonne équipe de basket. Avant ce match retour, j'ai joué un match de haut niveau (avec le Pôle Espoir) pour être sélectionné au Tournoi National Inter-Ligues. Pendant ce match, j'ai mal joué parce que c'était la première fois que je me retrouvais en face de joueurs aussi grands que moi et je n'étais pas sûr de moi, et je n'ai pas bien réussi à me battre. J'ai vraiment envie d'aller en centre de formation de basket-ball l'année prochaine. Mais pendant plusieurs mois, j'ai attendu la réponse des centres de Roanne et Orléans. Je n'ai pas été pris pour l'année prochaine parce que je n'ai pas le même niveau scolaire que les entendants. C'est la première fois que ces centres de formations rencontraient un jeune malentendant et ils ont pensé que ce serait trop compliqué pour trouver une orientation scolaire et un accompagnement comme le SSEFIS. Ce n'est pas normal qu'ils ne veulent pas me prendre parce que je suis malentendant. Cette année, j'ai beaucoup travaillé au collège et en basket-ball, je me suis beaucoup investi, je pensais que je pourrai aller au centre de formation mais d'un seul coup tout s'arrête, et je dois retourner dans mon club de basket-ball Beaumarchais, à un niveau plus bas. J'ai eu la chance d'être au Pôle Espoir cette année, mais ça n'arrivera pas à nouveau l'année prochaine. En ce qui concerne, la poursuite d'études dans une autre ville que Lyon, il lui suffirait d'être suivi par un SSEFIS (Service de Soutien à l’Education Familiale et à l’Intégration Scolaire) comme actuellement le SSEFIS Recteur Louis sur Lyon, qui lui apporterait un soutien scolaire et de l'orthophonie. Ces services existent dans les grandes villes comme St Etienne, Bourg en Bresse, Roanne… L orthophonie peut également avoir lieu en libéral si le SSEFIS ne propose pas ce soin.