L`AFRIQUE, un vrai challenge? L`Afrique est
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L`AFRIQUE, un vrai challenge? L`Afrique est
Octobre-novembre 2011 Cycle de conférences PREPA ESC3 MANAGER L'AFRIQUE, un vrai challenge? L'Afrique est-elle toujours « mal partie », selon la fameuse expression du géographe René DUMONT, dans un ouvrage daté de 1960 ? Mirage du développement au profit de quelques privilégiés ou potentats, ou bien signe d'une croissance plus robuste qu'il n'y paraît? Présenté par Claude BONNET ancien élève de l'ENA Inspecteur général de l'Equipement professeur de Géostratégie et Economie Introduction Quelques évocations: *le roman de Georges CONCHON, l'Etat sauvage (prix Goncourt 1964 dès sa sortie) *un film remarquable sur l'Afrique coloniale d'avant guerre de Bertrand TAVERNIER en 1981, avec Philippe Noiret et Jean-Pierre Marielle: image de la lâcheté, de la veulerie de certains agents publics, un mépris des gens, un engrenage conduisant à l'assassinat même de compatriotes. Dans la série, pas vu pas pris « Coup de torchon » (8 Césars en 1982) *Jean ZIEGLER, homme politique suisse, écrivain et polémiste, Destruction massive, Géopolitique de la faim (2011) ou encore Le pouvoir africain 1973 ou Main basse sur l'Afrique (1978) Jean Ziegler est l'auteur de plusieurs livres sur la mondialisation et sur ce qu'il considère être des crimes commis au nom de la finance mondiale et du capitalisme, condamnant en particulier le rôle de la Suisse. C'est un opposant à la théorie libérale du ruissellement justifiant l'existence des milliardaires par leur rôle dans la redistribution des richesses. Il critique fortement l'action du FMI, qui conditionne ses aides financières à la privatisation des 1 services publics, conduisant souvent, selon lui, à leur dégradation avec des conséquences tragiques pour la santé et l'alimentation pour les pays les plus pauvres [commentaire: Et on peut voir que cette critique récurrente s'applique singulièrement à l'Afrique. Il n'est pas certain que cette approche technocratique et froide soit totalement applicable à des pays sans culture démocratique et sans appareil d'Etat vraiment fiable. Les points de progrès attendus en termes de gouvernance ne peuvent qu'être progressifs. C'est toute la difficulté de la tâche]. Il rejoint sur ce point Stiglitz qu'il qualifie néanmoins de « déserteur qui s'attaque à son ancien patron ». Enfin, il accuse les États-Unis (« l'empire américain contre la démocratie planétaire ») d'être le bras armé des multinationales. Il insiste sur la spécificité de leur politique étrangère, et leur refus de nombreuses conventions internationales (contre les mines antipersonnel, contre la sanction judiciaire des crimes de guerre Convention de Rome, 1998, contre le concept de droits économiques, sociaux et culturels Conférence de Vienne, 1993). [extraits de Wickipedia] *Plusieurs ouvrages de Pierre PEAN, journaliste d'investigation opiniâtre et volontiers iconoclaste sur les dessous affairistes de bien des liens entre la France et certains pays très amis comme le Gabon dirigé pendant plus de 40 ans par Omar Bongo ou le Congo Brazza, sur les dérives ou manipulations du pouvoir (son enquête sur les fondements du génocide au Rwanda) et les compromissions afférentes qui pourraient influer sur le financement de certaines élections présidentielles françaises. Affaires africaines 1983; Noires fureurs, blancs menteurs: le génocide rwandais 1990-1994, Carnages, les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique (2010); « La république des mallettes » 2011 * « L 'Afrique noire est-elle maudite? » chez Fayard par le malien Moussa Konaté commenté dans Le Monde du 16 novembre 2010. Contestant le pacte entre l'individu et la société basé sur la soumission à la famille auquel tout est subordonné, même l'amour, l'auteur en condamne les conséquences: « derrière l'apparente convivialité, la soumission au groupe favorise le parasitisme, la corruption, et la tyrannie, au détriment du travail. Le poids de la famille engendre une difficulté à s'isoler qui freine la lecture et l'étude, favorise la médiocrité intellectuelle. L'obligation de verser ses revenus, même maigres, dans le tonneau sans fin de la solidarité, entrave l'épargne, l'initiative et donc le développement. Les frontières de castes perpétuent les privilèges. » Un réquisitoire implacable de l'intérieur- contre les rapports entre les hommes et les femmes, contre la polygamie, un lieu de confiscation de la parole et de la pensée de l'individu, « une torture psychologique infligée non seulement à la femme mais à l'enfant », une attaque en règle contre l'excision, « une ablation du désir, un viol de la personnalité », perpétuant la toute-puissance masculine et le confinement de la femme dans un rôle de gardienne des traditions. Vrai réquisitoire qui n'assène pas des slogans destinés à réconforter des Occidentaux en proie à la culpabilité postcoloniale mais procède d'analyses minutieuses. « Si les Africains sont ainsi enfermés dans un mode de vie qui est une prison pour l'esprit, c'est qu'ils se sont défendus de l'agression de la colonisation en se repliant sur des cultures traditionnelles magnifiées, tout en admirant le savoir des Blancs. D'où un complexe d'infériorité et une amertume persistante. » Pour sortir de cette schizophrénie, les Africains « doivent reconnaître leurs torts », à commencer par le rôle de certains de leurs chefs dans le commerce des esclaves. Sans se renier, « ils doivent réformer d'urgence leur modèle de société », en interdisant la polygamie et les mutilations sexuelles, en instaurant l'école obligatoire... etc » Le relais d'une religion modérée et apaisée -même l'islam justement- devient central. On est loin du compte quand on observe en octobre 2011 la mesure de rétablissement de la polygamie et la charia initiée par l'instance de transition en Libye, mesure surprenante qui n'est pas de bon augure. Une mesure pour se concilier les fondamentalistes ou imposée par eux? On est 2 loin du compte quand un nombre considérable d'enfants travaille dans les mines en Afrique de l'Ouest (100 à 250000), au Botswana, Zambie ou Ghana mais souvent ailleurs (voir la situation de la RDC avec le sort effrayant des centaines de milliers d'enfants déplacés et en errance, enlevés et utilisés de force dans l'exploitation de mines illégales ou pour travaux domestiques. Quand il ne s'agit pas en plus d'esclavage sexuel au profit de groupes armés localisés à proximité de camps de fortune ). Ce n'est pas gagné non plus sur l'élimination de ces pratiques honteuses de l'excision, y compris en France contre des adolescentes voire de petites filles qui, pour certaines, constatent le fait bien plus tard. Un cas encore récent sur le sol de France illustre une fermeté très bienvenue de la justice (garde à vue des parents et mise sous contrôle judiciaire, protection des enfants mis en foyer) suite à excisions pratiquées déjà sur 2 des 5 filles. (Libération du 28 octobre 2011). Il est précisé à cette occasion que 53000 excisions ont été recensées actuellement pour fort peu de poursuites (quelques dizaines) alors que les peines encourues pour les personnes en charge d'autorité parentale sont sévères avec dix ans d'emprisonnement . Ces drames interviennent en famille et en bas âge, et les refus sont difficiles, sauf à s'échapper du domicile familial pour les adolescentes les plus téméraires. L'INED évalue à 3 filles sur 10 le nombre d'enfants susceptibles de courir encore ce risque en France quant à la population de filles concernée. *une interview de qualité (reprise dans le plan détaillé) d'un dirigeant africain formé à l'occidentale et scientifique reconnu, devenu responsable d'une multinationale Microsoft pour l'Afrique, qui parle sans retenue de l'avenir de son continent et des exigences pour la génération à venir « l'Afrique souffre d'une absence totale de l'Etat » Les Echos du 8 juillet 2011 * « l'économie de l'Afrique » de Philippe HUGON, directeur de recherche à l'IRIS, Editions La Découverte Les Echos du 25 février 2009, à propos d'une Afrique plus que jamais ambiguë. Le début du 21è siècle semblait donner une lueur d'espoir à l'Afrique. La diversification des partenariats, de nouveaux financements, la réduction de la dette et la hausse du prix des matières premières avaient remis nombre de pays africains sur le chemin de la croissance. C'est un challenge de parler d'une Afrique tant les situations sont différentes, d'un pays à l'autre. Derrière « l'afropessimisme », derrière « l'afro-centrisme » qui voit la main de l'extérieur dans tous les maux du continent, il y a un ensemble de projections de la part d'individus qui jouent l'avenir, non sans paradoxe. « Les africains ont un pied dans le néolithique et la tête dans l'internet ». *décryptages -débats du Monde du 9 décembre 2010 sur la Guinée et la Côte d'Ivoire. Une évocation de la victoire finale du candidat guinéen Alpha Condé avec son portrait, acquise dans des conditions enfin de grande propreté électorale- non contestée par le principal opposant et l'angoisse sur la situation ivoirienne à l'époque, entre deux compétiteurs qui se disputent le pouvoir, après une élection controversée et confisquée, dans un pays coupé en deux et au bord de la guerre civile. Le raapel de l'historique de ce pays longtemps béni par la croissance et les bonnes récoltes est fort intéressant sur l'engrenage dramatique depuis 10 ans (article de Serge Michailof, professeur à Sciences Po, auteur de « Notre maison brûle au Sud » Fayard): « Bienvenue à bord du Titanic et de son commandant Laurent Gbagbo, Le dirigeant Alassane Ouattara est capable de reconstruire la Côte d'Ivoire déchirée ». (voir développements en conclusion) *des articles de presse économique ou politique au gré de lectures, avec des rappels chiffrés fort instructifs quand on les met en perspective: -« les actifs des fonds souverains pèsent désormais 4000 Mds$ en 2011 contre 3500 l'année précédente ». Ils sont plus conquérants et prêts à prendre des risques. On les trouve évidemment en Asie (Chine ou Singapour), au Moyen Orient ou Afrique derrière Abou Dhabi ou Qatar -sans oublier Algérie ou Libye et encore en Norvège (fonds exemplaire en matière d'aide aux retraites des 3 citoyens). Ils se lancent dans des classes d'actifs plus risqués, et jouent de la diversification qui s'étend bien au-delà des hydrocarbures Le Monde du 11 mars 2011 - »L'Afrique, un marché à conquérir » dans le NewYorkTimes -en partenariat avec le Figaro- du 14 octobre 2011 ou encore « TOTAL part à la reconquête des investisseurs » Les Echos du 27 septembre 2011 en affichant une stratégie d'exploration plus audacieuse y compris en Afrique, même si son poids boursier est peu satisfaisant et inférieur à ses concurrents. La plate forme pétrolière offshore d'Amenam dans le delta du Niger devrait recevoir plus de 2 Mds$ par an dans l'exploration. De même, le groupe entend mettre le cap sur l'Afrique de l'est car après l'Ouganda, TOTAL espère trouver une belle pépite au Kenya et prévoit d'acquérir des permis supplémentaires au Congo. Il est en tout cas le premier groupe étranger à relancer la production en Libye, avant même le groupe italien ENI, en off shore évidemment, mais la tâche générale de remise à niveau est prévue longue et minutieuse. Eldorado considérable que ce pays libyen car il compte les plus grosses réserves pétrolières d'Afrique. Ce marché africain à conquérir, c'est aussi un champ d'investigation pour le géant de la distribution Wal Mart puisque le marché occidental est plutôt déprimé, alors que les perspectives en Afrique sont prometteuses, au regard de ce taux de croissance. En rachetant pour une somme appréciable de 2,4 Mds$ la moitié de Massmart, le géant sud-afrixcain présent déjà dans 13 pays d'Afrique subsaharienne, le géant américain joue une carte forte en misant sur une plate forme de croissance ainsi qu'un potentiel d'expansion à d'autres pays du continent. Le devenir d'une espérance de consommation courante à la hausse, pour des millions d'acheteurs est bien en Afrique, alors que les visées asiatiques sont davantage marquées par une forte concurrence- sinon l'essoufflement et l'entrée en lice de structures locales concurrentes. Très significatif aussi, sur des bassins miniers évidemment prometteurs -et malgré le contexte à risque comme en Zambie ou Zimbabwe- l'implication du groupe indien Essar pour former un joint venture pour l'exploitation de ressources naturelles en tentant de sortir de l'ornière le groupe Zimbabawe Iron and Steel Company en fort mauvaise situation, là encore en raison d'une gouvernance détestable de la part de proches du pouvoir. *dossier du Monde du 21 octobre 2011 Nous sommes 7 milliards d'humains Des chiffres étourdissants quand on compare au 1 Md en 1850, ou 1,6 Md en 1900 et déjà 6 Mds en 1999. Un gonflement de un milliard d'habitants en à peine une décennie. Les 9 Mds d'ici 2030 sont assurés et dans ce panorama, l'Afrique donne son écot de manière nette (la moitié à venir de la hausse globale). La fécondité extrême au Niger est affichée à 7 contre 2,5 pour le monde et 1,2 pour la Corée du Sud (un pays qui semble condamné à terme, tout comme le Japon!). Des enjeux considérables en découlent pour les 431 villes de plus d'un million d'hab, les 19 mégacités de plus de 10 millions, le milliard d'habitants qui souffre de la faim, le milliard d'habitants qui vit dans des bidonvilles, les 3 mois par an de surconsommation des ressources annuelles de la terre selon les calculs de l'ONG californienne Global Footprint Network, ou encore les 214 millions de migrants en 2010, les 227 millions d'hectares de terres agricoles loués ou vendus depuis 10 ans dans le monde, un investissement soit spéculatif soit pour l'exploitation de biocarburants, mais rarement pour une utilisation améliorée avec des retombées visibles pour la population locale (le tiers de Madagascar visé par la Corée du Sud!). Et le fin du fin, l'enjeu éducatif devient déterminant: 30 millions d'enfants de la zone subsaharienne ne sont pas scolarisés (un chiffre double de l'Asie) et un besoin évalué à 11,6 Mds€ pour pouvoir scolariser dans le primaire tous les enfants d'ici 2015, selon l'Objectif du Millénaire pour le développement alors que ces pays en reçoivent 2. On sera loin du compte avec une baisse constatée et sans doute prolongée des aides publiques bilatérales sur cet enjeu de la part des pays les plus influents (USA ou Pays Bas). Les déficits publics quasi généralisés dans les pays développés ajoutés à un poids acquis de la dette ne sont pas des signes d'espoir pour voir s'amplifier cette aide à l'éducation de base, indispensable 4 pour fournir des ferments de conscience civique. Or les deux tiers de ces enfants non scolarisés vivent dans des zones de conflits (et l'Afrique est dramatiquement bien placée), ce qui n'arrange rien. Selon l'UNESCO, une réduction de 10% seulement des budgets militaires de ces pays en développement qui dépensent plus pour leur armée que pour l'enseignement primaire (parmi lesquels Pakistan et Afghanistan évidemment mais aussi Angola, Tchad, Soudan et évidemment RDC. Quand donc les armes se tairont dans ces immensités désertiques ou forestières? Quelques données et chiffres clé comme propositions de cadrage Ces données sont présentées de manière progressive, avec le souci de pénétrer par étapes sur le théâtre africain, pour comprendre cet environnement complexe et attachant, à travers différents items comme autant de clés d'entrée. Les éléments chiffrés, les références ou exemples apportés en appui peuvent être exploités et insérés dans les sous points de la proposition de texte plus détaillé qui suit. Le recours à l'actualité économique est évidemment utile et pertinent pour illustrer comme pour étayer des argumentaires. Les exemples à choisir méritent d'être peu nombreux mais fouillés. La valeur ajoutée d'une telle investigation vaut aussi pour l'analyse de facteurs de caractère sociologique ou ethnique -mode de vie, relations familiales, pratiques sociales- qui complétera des aspects plus économiques (exemple du secteur bancaire africain en plein essor) ou encore géographiques (impact de la localisation des villes, rôle incertain des frontières, conséquences des migrations internes liées aux conflits). La donnée première de la démographie doit être évidemment affichée comme premier élément d'appréciation des défis auxquels le continent est confronté. La bonne compréhension de l'impact réel de concepts en pleine action entre dans la qualité de l'analyse et sa mise en perspective: rôle premier de l'indice de fécondité qui est en Afrique le plus élevé au monde, le double de la moyenne mondiale, elle-même déjà nettement supérieure au seuil de renouvellement des générations. L'impact démographique est lent mais sûr, professent régulièrement les démographes. Les politiques publiques en la matière sont lentes voire marginales dans les infléchissements souhaités. L'accroissement de la population mondiale sur les 30 prochaines années est inéluctable! Et encore l'impact des guerres et tueries sanguinaires ici et là, parfois démentes et gigantesques, doit être relativisé car la victoire de la vie est toujours là sur une génération. Les deux exemples du Cambodge sous les Khmers rouges et du Rwanda (élimination respectivement de 2 millions d'hab soit le tiers en 4 ans et 800 000 en 3 mois) attestent de cette vitalité extraordinaire. Presque un triplement de la population sur 30 ans au Cambodge (15 M contre environ 4) et un doublement en moins de 20 ans au Rwanda, pays de la plus forte densité africaine. (voir plus loin quelques pistes pour comprendre les tentations de l'occupation de la RDC voisine) Potentiel démographique et niveau de développement social -et donc aussi économique (éducation des filles, maturité, communication et compréhension de moyens de contraception etc) est un couple essentiel à comprendre. Il explique la division des pays africains en deux blocs, celui encore très minoritaire qui présente des populations ayant abaissé l'indice de fécondité autour de 2,5 (pays d'Afrique du Nord-Maghreb ou Afrique du Sud, là où l'indépendance des femmes est nettement plus visible) et ceux, les plus nombreux qui restent actuellement dans la fourchette 4 à 5 et même au-delà. Ces pays vont encore connaître une évolution démographique bien supérieure au taux de croissance économique, de sorte que l'élévation du niveau de vie moyen ne sera guère possible et empêchera le jeu efficace d'investissements publics « éducatifs » et promotionnels de la condition humaine. Il est à craindre que le mouvement de recul de la fécondité soit plus long et plus doux, n'empêchant pas une augmentation encore forte de la population globale sur une trentaine d'années. Des 5 pays à 19 ou 20 M d'hab (Cameroun ou Angola) actuellement vont se porter vers 30, mais d'autres d'ores et déjà plus imposants comme Nigeria ou RDC vont doubler carrément. Ce qui explique des chiffres impressionnants de jeunes classes d'âge à nourrir et éduquer (le dépassement du Nigeria à plus de 400 M est inéluctable et d'ici 2100, il devrait même dépasser 700. Perspective qui n'est pas réjouissante si les bienfaits de richesses naturelles et de soldes extérieurs positifs ne viennent pas servir de levier aux pouvoirs publics pour mener cette campagne de promotion de la dignité humaine et d’élévation du niveau culturel « des masses ». Le gonflement de la population urbaine devrait y aider, sauf à transformer ces mégapoles géantes en nid d'insécurité et d'explosions sociales... *un PIB d'environ 900 Mds$ (soit 15 fois moins que les USA) *l'âge médian est de 19 ans. D'ici 40 ans, il montera à 27 ans. Cette seule donnée éclaire les perspectives démographiques étourdissantes du continent, sans possibilité d'une inflexion brutale de ce chiffre global de population. Les projections des démographes peuvent être différentiées et jouer de scenarios ouvrant les écarts. La population africaine est promise à un quasi doublement, et ce, même si le taux de mortalité infantile reste sans comparaison avec les constats occidentaux -et donc médiocre plus de 60 pour mille voir 90 pour mille contre 3,5 en France ou Suède- ou même si l'espérance de vie est peu satisfaisante voire dramatique (36 à 40 ans dans les pays les plus pauvres, rarement au-dessus de 60 ans, alors que par comparaison, l'Asie accroche des moyennes nettement plus convaincantes (71 ans en Chine amplifiant l'impact de l'indice de fécondité devenu particulièrement inquiétant car irréversible avec 1,77) *l'Afrique n'est pas et ne sera pas touchée avant longtemps par un problème de seniors, contrairement à l'Asie. Son problème est bien celui de la jeunesse (population inférieure à 15 voire 20 ans qui dépasse 40% et est de plus du double des pays occidentaux) avec une amplification pour les années à venir, en raison de la fécondité constatée (vers 60%) *un indice moyen de fécondité de 5 à 5,5 et une croissance moyenne de plus de +2,5%/an: quel contraste avec une Russie qui perd 700 000 hab/an ou le Japon avec -400 000 *la moitié des 860 millions d'hab de la zone subsaharienne vit dans la pauvreté et pour certains pays, c'est 80 ou 90%. Panorama guère glorieux *pour autant un africain sur 2 dispose aujourd'hui d'un téléphone portable: enjeu clé pour des recettes fiscales consistantes sur les appels entrants en Afrique, comme le demande le Sénégal à France Telecom *un zoom particulier sur ce « monstre » d'Afrique, le NIGERIA accueillant déjà 160 M hab et promis à plus de 430 en 2050 et sans doute supérieur à 700 en 2100, soit à l'époque presque 2 fois l'Europe occidentale. Quel impact pour ces chiffres finalement effrayants et pourtant vraisemblables (au regard de l'actuelle fécondité constatée à 5,7 qui certes baissera avec le temps- comme partout dans le monde- mais suffisamment lentement pour produire des effets positifs encore pendant une bonne génération); quel destin à des mégalopoles anarchiques et boursouflées comme Lagos déjà à plus de 8 M hab et projetée à 15 puis 20 M à coup sûr; quel avenir promettre à cette population jeune et grouillante de moins de 20 ans, à plus de 50% actuellement ? UN CONTINENT RICHE DE RESSOURCES ET A LA CROISSANCE ENVIABLE *dix années de croissance soutenue entre 2000 et 2010 (+4,8% de PIB par an contre 3,2 pour le monde) et un PIB par habitant en hausse de 2,7% contre 1,2 pour le monde. L'Afrique a donc les moyens d'élever le niveau de vie de sa population, et d'investir durablement dans des investissements publics, porteurs d'avenir. Le levier clé pour de telles initiatives réside dans une volonté politique ferme et prolongée et non dans la tentation de soutirer un profit immédiat pour le 6 pouvoir en place, de l'exploitation intensive des ressources dès lors qu'elles viennent d'être découvertes, en songeant à gonfler un compte bancaire en Occident dans une place conciliante (le Tchad ou la Mauritanie et maintenant l'Ouganda pour le pétrole). A la clé une exigence de projection à long terme, sur une base de décisions structurantes, en misant sur les retours à la création d'emplois vrais et consistants devient un corollaire évident à l'arrivée de diplômés africains bien plus nombreux que naguère qui marquent leurs frustrations face à des circuits économiques chaotiques et confisqués. Les diplômés de l'enseignement supérieur ne peuvent se contenter de recevoir l'autorisation par exemple de revendre du pétrole à la sauvette, comme en Algérie, en sus de leur petit boulot. Mesure dérisoire qui n'occulte en rien les problèmes de fond de cette économie algérienne pourtant prometteuse dans ses fondamentaux mais qui a besoin absolument de se diversifier et de s'afficher moins bureaucratique (taux de croissance régulier et enviable et un PIB/hab de 7700$ soit au moins le double ou le triple de celui de la plupart des pays subsahariens). *l'Afrique est un eldorado fabuleux pour les matières premières et minerais, à commencer par le cuivre ou le zinc dont certains stratégiques comme chrome (70% des réserves), cobalt, cassitérite ou coltan (plus de la moitié des réserves mondiales en RDC pour ces deux derniers), sans oublier le diamant, l'or ou l'uranium (le groupe français AREVA a besoin du Niger et de sa nouvelle mine d'Arlit ouverte en 2009 pour assurer son approvisionnement actuel mais il continue de multiplier les initiatives comme en Namibie ou Centrafrique ). Une autre césure récemment apparue entre les riches et les restés pauvres se fait (malheureusement) de plus en plus sur les hydrocarbures que certains pays découvrent comme une manne nouvelle miraculeuse qui compense utilement une pauvreté minière (Tchad, Mauritanie, Soudan ou Côte d'Ivoire), source de rentrées bienvenues, mais trop rapidement confisquées au profit des cercles du pouvoir. L'épopée de l'ancien groupe ELF absorbé par TOTAL (exemple de Elf-Gabon) dans les années 80 a été le théâtre de liens peu vertueux et de contreparties et autres commissions entre cette firme bien implantée et les dirigeants. La transparence des contrats passés et des prélèvements dérivés au profit de comptes privés a fortement laissé à désirer et l'implication de cette firme (cf. la condamnation sévère de son ancien dirigeant sous la présidence Mitterrand) dans des circuits occultes atteste d'une perversion évidente de ces rapports viciés avec le ou les détenteurs du pouvoir. Exploitation au demeurant intensive et discrète, à l'abri des regards et des manifestations populaires intempestives, lorsqu’il s'agit de puits off shore, fort bien ceinturés par des forces militaires protectrices...comme c'est partout le cas dans le golfe de Guinée. Et ce golfe est devenu un eldorado à lui tout seul. Eldorado dangereux et source de pollution, mais eldorado Mais la persévérance paie pour de nouveaux pays producteurs. En Ouganda, soumis récemment à quelques manifestations contre la cherté de la vie avec +28% en septembre 2011 (brutalement réprimées par un président au pouvoir depuis 25 ans), le pays attend comme une manne ce pétrole et ses premiers barils pour 2013 dans le nord-ouest aux confins du lac Albert. Certes les difficultés subsistent avec l'étude d'un projet d'oléoduc vers la Libye singulièrement compromis avec les mouvements d'insurrection intervenus depuis. « La signature des premiers contrats a entraîné déjà des torrents de commissions douteuses et 3 ministres sont poursuivis pour corruption liée à ce pétrole en devenir... Ce qui prouve que soit l'impunité n'est plus de règle, soit le président Mouseveni, seul maître du jeu en Ouganda, règle des comptes ».(Le Monde du 21 octobre 2011) Dans cette lettre d'Afrique, le correspondant de ce journal rend compte d'une vérité bien délicate à appréhender, au regard des constats paradoxaux qui découlent des simples chiffres enregistrés et de comportements cohérents. « Il est prouvé que pour se maintenir au pouvoir au-delà de certaines limites, un président a parfois besoin de sacrifier ses proches sur l'autel de sa propre longévité. Mais tout cela n'empêche pas l'Ouganda de s'imaginer en train de démarrer en trombe avec le carburant 7 pétrolier d'ici quelques années. Pour imaginer à quoi le futur proche ressemblerait au bord du lac Victoria, il n'est pas inintéressant de regarder du côté du Ghana, qui faisait figure de parent pauvre de l'Afrique de l'Ouest dans les années 80. Ce pays devrait atteindre cette année une croissance de 16,3%, la plus élevée au monde selon la Standard Bank. Il y a quelques mois le Ghana produisait ses premiers barils de brut. Un modèle? L'inflation y est en chute libre. On y dénombre peu de manifestations et de violences policières... » Rendez vous dans les années prochaines pour mesurer le vrai retour de ces recettes nouvelles sur la qualité des services publics et l'élévation concrète du niveau de vie, d'éducation et d'emploi de ces populations. Césure également entre la zone côtière privilégiée (hôtels de tourisme, restaurants chics, usines activités de transport, belles autoroutes etc) et le fin fond du pays laissé quasiment à l'abandon. Exemple frappant avec la Tunisie de Ben Ali qui oppose 2 « pays » tragiquement, mais recevant régulièrement une perception plus que bienveillante des experts du FMI totalement abusés (après deux jours de vérification statistique convivialo-touristique, sur des chiffres faussés par le régime) face au développement harmonieux, presque exemplaire de cette nation en marche (cf le danger relevé supra par P. Ziegler). Panorama en trompe l'oeil comme le dévoile le spectacle des frustrations de cette population de l'intérieur totalement à l'écart des retombées plutôt encourageantes par ailleurs, mais pour le plus grand profit de sociétés amies du pouvoir ou possédées par lui! « Personne n'a encore fait le procès des années bénalistes. Ce déni de réalité (entre les côtes et les terres) ne fait qu’aggraver la situation. Si l'on continue de laisser la majorité des tunisiens dans une telle précarité (80% des 10,5 M hab), l'explosion sera atomique. Face à une classe richissime, il est difficile de tolérer une population qui vit sous le seuil de pauvreté. A 400 dinars par mois (206 euros), il est difficile de s'en sortir sans la solidarité. Cela se traduit par la migration vers Tunis de nombreux nécessiteux. Ce déséquilibre entre régions est le mal le plus venimeux qui ronge le pays » selon Benoît Delmas, journaliste et écrivain dans Le Monde du 21 octobre 2011. « Une carte postale pour homme d'affaires naïf ». On aurait à coeur de ne pas oublier l'Algérie voisine déjà évoquée, autrement plus peuplée (35 M aujourd'hui contre 10 M au moment de l'indépendance) et restée « neutre » face à cette insurrection tunisienne comme libyenne (elle a même accueilli la fille de Kadhafi et semble tolérer ses imprécations pour activer la résistance de ses fidèles) dont les dirigeants algériens semblent ne pas percevoir toute l'ampleur. Et pourtant les ingrédients sont fortement analogues, avec un secteur des hydrocarbures prépondérant et des services publics déficients, dans un contexte de méfiance face au pouvoir -et aux circuits de corruption difficilement contestables- et de désenchantement face à un chômage massif de cette jeunesse diplômée. Le renvoi à l'image d'un président Chirac en visite officielle et acclamé à Alger par des jeunes enthousiastes qui scandent « des visas, des visas » n'est pas de très bon augure. Il est significatif que l'Algérie ait débuté l'année 2010 par la décapitation judiciaire de l'entreprise nationale d'hydrocarbures Sonatrach, suivie en mai par l'éviction du ministre de l'énergie et des mines. La chute de l'état major de cette société capitale est intervenue à la suite d'une vaste opération « mains propres » menée par les services de renseignements sur des malversations liées à la passations de contrats. Le « chantier du siècle » pour plus de 10 Mds$ concernant une autoroute à construire entre la frontière marocaine et la Tunisie devait être octroyé à des entreprises japonaises et chinoises. Plus de 500 millions de commissions aurait été versés à des intermédiaires par les entreprises chinoises. Le directeur de cabinet du ministre des Travaux publics, le secrétaire général du ministère, plusieurs hauts fonctionnaires sont poursuivis et en prison. Il n'est pas sain que l'Algérie doive importer la plus grosse part de ses biens de consommation et que la « rente » d'hydrocarbures pèse pour 97% des exportations. Certes les caisses du pays sont pleines avec 110 Mds$ de réserves de change depuis 2008 mais cette donne n'incite guère à sortir de l'économie rentière. Les investissements étrangers arrivent au compte gouttes (moins de 1 Md en 8 2007, chiffre inchangé depuis) et l'obligation d'une participation majoritaire de l'Etat à 51% dans l'ensemble des projets dans le pays est un frein évident aux initiatives. Le poids de la bureaucratie fait le reste. « Nous pouvons acheter une autoroute clés en mains, analyse l'ancien gouverneur de la banque centrale. Mais saurons nous construire les suivantes, ce qui suppose bureaux d'études et services d'entretien? La réponse est non. Le développement, c'est apprendre à faire, pas acheter. Il nous fait remobiliser les compétences et nos élites. C'est la seule richesse qui vaille ». Le Monde du 21 juin 2008 et 10 novembre 2010. Or « la rente pétrolière ne garantit plus la paix sociale. Dans le Golfe et en Algérie, la contestation perdure malgré les milliards déversés pour calmer la révolte de la jeunesse. Une déstabilisation de la région pourrait engendrer un choc pétrolier désastreux pour l'économie mondiale » Le Monde de l'économie du 15 mars 2011 Tout est dit dans ce titre, renvoyant à un descriptif d'une multitude d'initiatives bien peu probantes et bien tardives pour apaiser les critiques frontales contre les régimes en place. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Création d'un fonds de 20 Mds$ par le Conseil de coopération du Golfe (6 pays riverains) pour aider les deux plus pauvres (Bahrein et Oman); un plan de 36 Mds$ en Arabie saoudite décidé par le roi Abdallah destiné à relever le salaire des fonctionnaires, à bâtir des logements etc; lancement d'un programme à Bahreïn de 50 000 logements sur 5 ans pour un coût de plus de 5 Mds. Le sultan d'Oman a offert 300 euros à chaque chômeur de son pays et a augmenté le salaire minimum et les bourses des étudiants; quant à l'émir du Koweit, il a distribué en février à deux reprises 1000 dollars à chaque citoyen koweitien. De l'aumône momentanée comme depuis le boom pétrolier des années 70 qui avait permis aux dirigeants en place de « dépolitiser la rente », de se constituer une clientèle solide par le biais de l'urbanisation, qui suppose l'octroi de logements, d'emplois publics, d'accès aux études. Or les forces de la contestation de 2011 viennent de la nouvelle génération, fille de l'ancienne, et désireuse à son tour de profiter de l'opulence insolente observée dans certaines couches de la population. Alors qu'il faut rappeler, une fois encore, que le budget public se confond avec celui de la cassette du dirigeant civil ou militaire, Guide suprême ou raïs, de l'émir ou du roi, ouvrant la porte à toutes les confiscations mais aussi à toutes les mesures de subventions « protectrices ». On est au Moyen Orient mais la pratique « souveraine » au Maghreb ou en Afrique est de même nature. « Seul un Etat démocratique peut être le garant du bon usage de la rente pétrolière » souligne Luis Martinez, directeur de recherche à Sc Po. Pour débattre et faire entendre sa voix, il faut d'abord abattre le système. La contestation est d'abord politique avant d'être économique. Verdict évident jusqu'en Egypte comme en Libye Au final, ces mouvements d'insurrection au Maghreb en 2011 sont en réalité très différents les uns des autres et chaque contexte historique imprime sa marque mais tous se rejoignent pour souligner « que les régimes autocratiques sont étrangers à la nation, car le régime dont la chute est demandée est désigné comme étranger à un pays qu'il n'a su que piller, à une nation qu'il a foulée aux pieds. D'où cette exaltation de l'armée lorsqu'elle se rallie au peuple, d'où cette mer de drapeaux sur le Caire le 11 février, d'où cette verve patriotique qui se déploie à la moindre occasion ». L'intifada démocratique est un mouvement de libération nationale qui peut transcender certaines vieilles tensions religieuses et retrouve un enthousiasme déjà en action au siècle dernier (Le Monde du 11 mars 2011, JP Filiu professeur à Sc Po). « En 1881, la France a imposé son protectionnisme à la Tunisie, et l'année suivante, la Grande Bretagne écrasa la résistance de l'Egypte à son occupation, brisant l'élan réformateur des khédives successifs. En 1919, l'emprisonnement et la déportation de la délégation (Wafd) que les nationalistes entendaient dépêcher à la conférence de paix de Paris entraînèrent un soulèvement populaire. Cette campagne de désobéissance civique, sa discipline collective, son extension géographique et sociale évoquent par bien des aspects la révolution qui vient de faire chuter le 9 président Moubarak. L'insistance sur l'alliance entre musulmans et chrétiens contre l'occupant britannique, avec l'association emblématique entre le croissant et croix, se retrouve dans la solidarité militante de la place Tahrir. Et la révolution de 1919, malgré une répression sanglante, contraignit le Royaume-Uni à reconnaître l'indépendance de l'Egypte, trois ans plus tard. » « Raison d'Etat et raison du régime en place » qui avaient réussi à être assimilées l'une à l'autre, par une sorte de mystification, « comme si ce qui était bon pour le régime et son dirigeant devait l'être pour son pays ou son peuple. Les foucades du colonel Kadhafi ruineuses pour la Libye et son développement lui ont permis ainsi de battre tous les records de longévité [ce dont les pays occidentaux s'étaient largement accommodés] dans une région pourtant marquée par la stabilité des pouvoirs installés. » *l'évolution des cours de ces matières premières sur une dizaine d'années rehausse singulièrement l'attractivité de tous ces métaux et minerais, à commencer par l'or, valeur refuge exemplaire en temps de crise, passé en 18 mois de 600 à plus de 1800$ l'once (260 seulement en 2000) mais il s'y ajoute le diamant ou le platine (plus d'un triplement). Mais les envolées sont quasi générales et fortes, amplifiant les visées d'exploitants peu scrupuleux, amis du pouvoir ou même étrangers. On note au hasard le cuivre passé de 1178$ la tonne en 2003 à 8438 en 2008, tandis que le zinc prenanit 184%, quasiment pareil pour le nickel et plus d'un doublement pour l'étain. Certes l'uranium a connu des variations plus critiques mais le cours était passé de 7 à 70$ la livre entre 2000 et 2008 en ayant atteint un pic à 140 . Il est certain que l'accident de Fukushima s'est ajouté à la crise financière de 2009 en modérant la demande et a contribué à infléchir le cours de l'uranium en fragilisant certains chantiers d'exploration, y compris en Afrique (déboires reconnus du groupe AREVA, à travers sa filiale récemment acquise UraMin en Namibie ou Centrafrique). Les années noires de 2009 et 2010 le font descendre à 40 pour remonter vers 70 pour à nouveau s'infléchir vers 50. Investissement délicat et de long terme qu'est celui de l'uranium qui implique aussi parfois de gros défis logistiques... (Challenges du 6 octobre 2011) Les réserves connues en manganèse, cobalt ou coltan, niobium sont considérables (de 30 à 70%) et deviennent d'autant plus sensibles quand il s'agit de « terres rares », au sens des fameux 17 minerais précieux- peu connus sauf des spécialistes- dont l'industrie de haute technologie a le plus grand besoin (aimants, batterie, semi-conducteurs, industrie spatiale et militaire, optique de précision, moteur hybride, etc): la Chine -toujours elle!-, productrice car détentrice très majoritaire de ces métaux ou minerais a là un pouvoir de pression ou de transaction fabuleux face à l'Europe Un bon point pour le coton, produit essentiel destiné à l'exportation pour certains pays exclusivement ruraux comme le Mali ou Burkina Faso (à la production reconnue de qualité), dont le cours a fortement augmenté depuis 2009 après des années de léthargie. *manne désespérante quand elle est utilisée pour entretenir des conflits sanglants sur des années (revente de diamants dits sales ou « diamants du sang » par des chefs de guerre qui se procurent des armes (Sierra Leone et Libéria avec un tyran sanguinaire comme Charles Taylor envoyé enfin devant le Tribunal international non sans péripéties). L'histoire de l'Afrique de ces dernières décennies est indissociable du trafic d'armes en tout genre pour le plus grand profit des forces militaires, fréquemment au pouvoir ou en conquête ou reconquête du pouvoir. Coups d'Etat, assassinats ont été le lot fréquent de pouvoirs qui ont promis le retour à des élections et à un pouvoir civil sans daigner l'assumer. Dans des cas ubuesques comme en Guinée Bissau, l'assassinat du président a répondu récemment en 2009 à l'assassinat du chef d'état major, dans un délire de conflits entre factions et ethnies qui se déchirent les retombées du trafic de drogue -coordonné d'ailleurs par chef d'état major de la marine- et mettent à bas les rares infrastructures existantes. Pays supposé indépendant depuis 1974 qui s'est enfoncé dans un amas de ruines y compris dans les bâtiments publics. Pour les amateurs de roman policier de la veine de SAS (Gérard de Villiers), l'ouvrage romancé « Cruelle Guinée » -mais parfaitement crédible- portant sur ce pays en proie à des trafics 10 stratégiques entre Colombie et l’approvisionnement de l'Europe via le Mali et Niger renvoie à une interrogation clé sur le rôle possible d'une organisation comme Al Qaida MI payée grassement pour assurer la sécurité de ces chargements précieux jusqu'en Algérie. Plutôt que de subir les assauts contre ses propres convois dans cette immensité désertique (et se faire voler des cargaisons précieuses), autant les faire protéger contre rétribution qui renfloue les caisses de l'organisation terroriste. Excellente aubaine entre organisations mafieuses. Et l'AQMI, quoique chassée de l'Algérie et malgré la disparition du guide originel Ben Laden, n'est pas près de disparaître faute de disponibilités, en jouant sur un théâtre d'opérations extraordinaire sur des milliers de km, en rejoignant à l'est d'autres frères d'armes au Yémen. Exploitation toujours douteuse et peu contrôlée de ces diamants issus du Zimbabwe mis au ban des nations, dans des mines contrôlées par les militaires après en avoir chassé les populations locales et où travaille un prolétariat honteusement exploité. Un potentat de 85 ans qui a désamorcé la grogne des fonctionnaires en autorisant le paiement de leur traitement en US$ et non en dollars zimbabwéens qui subissent une inflation de plus de 1000%, et qui annonce devoir guider son pays jusqu'à l'âge de 100 ans. Etrange couple que celui qu'il établit avec son Premier ministre (quasiment imposé par la communauté internationale), un ancien opposant syndicaliste vaincu par des élections truquées -lui-même emprisonné et torturé- dont la stature bien plus honorable que celle du président a permis l'obtention de quelques fonds de la Banque mondiale, mais jusqu'à quand? Une immigration de misère vers l'Afrique du Sud de plusieurs millions de réfugiés, provoquant des tensions croissantes avec leurs frères voisins. Là encore, sur cet exemple précis d'un pays potentiellement riche de son sous sol, jadis un paradis agricole, fortement mécanisé qu'exploitaient avec talent et de beaux rendements plus de 60 000 fermiers blancs, nourrissant convenablement une population salariée noire, la donnée démographique compte. Que pèsent 12 M d'hab dans cette région du monde, où seul l'intérêt de prédateur l'emporte, et dans des délais aussi brefs que possible, qu'il soit africain du sud, canadien ou maintenant chinois. Le destin des hommes sur place ne semble pas interférer et la dose de bonne conscience pour la « qualité » du pouvoir en place n'a pas droit de cité. On retrouve cette neutralité polie, quelque peu condescendante de ces Chinois dans la Zambie voisine où l'exploitation forcenée du cuivre (on devrait dire enlèvement), avec de l'encadrement chinois et des équipes souvent chinoises, sans souci d'un processus de valorisation sur site du minerai, tourne à l'aigre. L'intérêt bien compris du pays d'accueil n'est pas si évident avec un chômage endémique approchant 50%. Panorama à compléter avec le géant RDC, en proie à l'un des conflits les plus sanglants, les plus vastes et longs de toute l'histoire récente (voir ANNEXE), avec des forces de protection des populations civiles émanant de l'ONU les plus nombreuses et les mieux dotées de toute l'histoire (plus de 600M$/an en 2003- 2004 déjà), soucieuses de permettre un relèvement général de ce pays meurtri (MONUC devenue ensuite MONUSCO en 2010 pour marquer l'objectif de stabilisationvoir Annexe) . Il reste que la surveillance de l'accord de cessez le feu de 1999 n'est guère facile dans un pays où les déplacements sont longs et épuisants, les « ennemis » disséminés partout, les populations civiles elles-mêmes terrorisées et mobiles. Les résolutions de l'ONU de 2002 puis 2003 puis 2005 confortent ce droit à agir en étendant l'embargo jusqu'aux armes sur tout le territoire. Mais avec quelle efficacité ? Les soldats de tout poil, de toute origine, congolais ou non, tutsi ou non, se servent de ce territoire immensément riche pour le piller localement, sans contrainte, sans surveillance du pouvoir civil, avec du travail forcé. Un ensemble de bandits de grand chemin, anciens militaires ou toujours militaires qui exploitent ce climat d'insécurité et l'entretiennent. Seigneurs de guerre au travail de pillage des richesses du sous sol et d'écoulement silencieux des cargaisons arrachées au sol. *l'Afrique représente plus de 12% de la population mondiale (environ 1 Md) à comparer aux 11 170 millions dans les années 50 et à peine 1% du PIB mondial, avec des écarts considérables: le niveau de 500 à 1000$ par hab est le cas le plus fréquent. Mais quelques belles « exceptions » avec par exemple l'Algérie et ses 7700 $ par hab (ce qui implique d'évidentes et dramatiques disparités) *les inégalités y sont les plus criantes; la population urbaine tend progressivement à peser autant que la population rurale, surtout dans les grands pays. Des mégalopoles gigantesques apparaissent comme Lagos au Nigeria (plus de 8 Mhab) ou Kinshasa, source d'insécurité, d'insalubrité, de misère, de violences contre les personnes (rapts). Exemple de la capitale de l'Angola, Luanda calibrée pour des infrastructures satisfaisant 500 000 personnes qui accueille aujourd'hui 5 M de personnes soit presque le tiers de la population. L'évocation extrême de Nouakchott, capitale de la Mauritanie, une bourgade de 6000 hab à l'ère de l'indépendance montée à 600 000 aujourd'hui, sans grand changement dans la voirie ou les structures urbaines d'accompagnement illustre la démesure intervenue en si peu de temps. On imagine le désordre urbain et le chaos dans une telle configuration *les hydrocarbures apparaissent comme la chance extraordinaire pour certains pays bénis par la nature et le sous sol (y compris off shore): l'enjeu porte dès lors sur les retombées réelles au profit de la population. L'exemple extrême est le Gabon, richissime et fort peu peuplé avec son 1,5 M hab et sa population résidente de plus de 4 M!! Mais on peut tout autant évoquer le riche Angola -dont l'économie serait contrôlée selon certains experts par une douzaine de familles- qui n'approche que 20 M hab pourrait-on dire, et dont les ¾ de la population vivent dans un dénuement complet. L'implication de la firme TOTAL se comprend dans cet Angola Pour autant, on a vu avec le « printemps arabe » de 2011 que la manne pétrolière n'était plus le rempart contre un certain ordre politique et social aux mains d'un dirigeant et de sa famille ou proches. La famille Ben Ali en Tunisie avec les centaines d'entreprises investies ou possédées atteignait 4% du PIB du pays. La fortune du dirigeant Kadhafi est estimée immense à dizaines de Mds, répartie dans un grand nombre de places financières accueillantes et discrètes. Il est à peine surprenant qu'un navire anonyme venant de Grande Bretagne, à destination de Tripoli, ait été arraisonné par les forces de l'OTAN, qui contenait des centaines de millions$ en coupures, destinées à alimenter les forces loyalistes restées fidèles au dictateur. Le repérage du circuit de cet argent depuis quelques comptes bancaires du centre de l'Angleterre aura été digne du meilleur polar mettant en scène les plus fins limiers de Scotland Yard. *le besoin de protection sociale sera évident à satisfaire -ou à préserver- dans les années qui viennent. On est loin du compte quand les dépenses de sécurité sociale font 12% du PIB dans les pays développés (avec pour la France un déficit à combler supérieur à 20 Mds/an que le gouvernement espère ramener à 15 Mds en 2012), 6% en Amérique latine et 1% en Afrique. Des soins médicaux discontinus, des implantations trop rares, des personnels en nombre évidemment insuffisant, des médicaments rares et chers, des pandémies trop fréquentes. Dans ce panorama difficile voire odieux quand sont impliquées des victimes en bas âge, faute de soins suffisants ou accordés à temps, il est temps de prendre conscience de la responsabilité du politique sur l'avenir de sa jeunesse, mieux formée et mieux défendue sanitairement. Les fort bons résultats de croissance (entre +5 à +7%) d'un nombre important de pays en développement -bien plus important qu'on ne le croit y compris en Afrique- justifient une nouvelle donne et un courage de long terme quand il s'agit d'une utilisation d'argent public et de dépenses sociales de première ordre. La défense des Droits de l'Homme comme celle des Droits de l'enfant impliquent cet engagement. Une nouvelle voie doit être trouvée par les pays émergents comme pour ceux qui s'en rapprochent (des grands pays africains par le poids démographique autour de 80 M -Egypte, Ethiopie, ou la plus riche sans doute RDC, même ceux plus modestes comme Kenya ou 12 Côte d'Ivoire) qui ne soit ni celle du modèle scandinave (trop cher et corrélé à un respect strict des règles), ni celle du modèle français (associé à des tentations de laxisme, à des déficits et à une complexité administrative bien singulière qui n'empêche nullement les fraudes), ni à celle des pays anglo-saxons, qui ne manquent pas de critiques, quand on constate qu'il faut toute l'opiniâtreté d'un président américain pour faire passer une législation de protection sociale minimale pour 32 M de concitoyens non couverts! La protection des enfants soldats, des enfants tout court en RDC est un pari particulièrement délicat pour les mener vers une vie civique digne de ce nom, sans mourir de faim. Effarant de penser que pour causes de guerres et de pillages, ce pays riche était l'un des plus pauvres au début de la décennie 2000 avec un PIB/hab honteusement ridicule (Chronique de J.M. Vittori dans Le Monde du 9 novembre 2010 ) *20 pays de l'UA sur 53 ont à leur tête un militaire ou un dirigeant qui l'a été. Les coups d'Etat sont plus que fréquents et entretiennent l'insécurité voire la terreur *des horreurs absolues contre les populations civiles: guerres ethniques comme au Burundi ou Rwanda en 1970 ou surtout 1994 (800 000 morts en 3 mois) ou en RDC (4 millions de morts estimés environ en 10 ans) ou encore Kenya ou Nigeria. Surtout des millions de personnes déplacées dans la région des Grands Lacs ou encore plus gravement, avec le calvaire du Darfour à la frontière Tchad-Soudan et les milices du désert envoyées ou cautionnées par le pouvoir central de Khartoum pour provoquer des scènes de désolation dans les camps de réfugiés issus des villages ravagés de ce désert gigantesque, laissés à eux-mêmes y compris par des ONG impuissantes et menacées. Un pouvoir soutenu clairement par les Chinois grands investisseurs dans le pétrole soudanais, bloquant à l'ONU toute suite sérieuse à la procédure de comparution du général président soudanais devant un Tribunal international. Et ce dernier ne manque pas de se faire acclamer par son peuple avec un bras d'honneur devant la condamnation de toute la communauté internationale. *le développement est encore très dépendant des IDE qui progressent mais lentement, tributaires de la conjoncture internationale: de 1,4% du PIB dans les années 70 avec même une baisse ensuite sur 20 ans et une reprise plus nette depuis 2000 (mais grave contraction en 2009) *l'apport des migrants et de l'aide au développement est significatif : à hauteur de 0,5% en 1980 pour les transferts financiers des émigrés et 2,5% en 2009; de même pour l'aide au développement à hauteur de 2,4% du PIB en 1980 contre 4,9% en 2009. Les institutions communautaires de type UE s'en mêlent évidemment mais en tentant de se focaliser sur les pays les plus pauvres. *l'indice de fécondité reste considérable autour de 5,7 y compris pour les grands pays comme Nigeria, Éthiopie ou RDC. Seuls l'Afrique du Nord commence à connaître un reflux (autour de 2,3) tout comme en Afrique du Sud. Les projections sont impressionnantes et quasi certaines d'ici 2050 (autour de 2 Mds d'habitants) et une population en âge de travailler qui gonfle inexorablement. Le géant NIGERIA avec 155 M aujourd'hui est projeté raisonnablement à 430 M en 2050 et à plus de 700 vers 2100. Qui peut prédire les conflits possibles en termes de religion ou de territoire avec cette envolée démographique quasi certaine ? Même le Cameroun voisin, avec ses 19 M actuellement (contre 4 lors de l'Indépendance) peut se projeter à 32 ou 35 mais il ne pèsera pas lourd face à son géant voisin de l'Afrique. *la déforestation se poursuit de manière dramatique, surtout en Afrique centrale (3,7 millions d'ha disparaissent chaque année depuis 20 ans). Un pays comme le Ghana -un nouveau pays pétrolier, encore un!- a perdu 80% de sa forêt primaire. Des centaines d'espèces de bois précieux au Gabon ou en RDC qui partent pour conquérir la clientèle asiatique, parfois dans des conditions douteuses. Fortune considérable mais éphémère qui ne sera utilisée qu'une fois et qui ne bénéficiera pas aux générations à venir. La manne du pétrole peut-elle tout compenser?. Il reste que « l'empreinte écologique » de ce continent se place encore en dessous de 1 (sauf 13 l'Afrique du Sud à 1,5) mais que les ravages à craindre dans les prochaines décennies, par une exploitation intensive des terres notamment, par un ensemble de perturbations écologiques et de pression démographique, par l'afflux de réfugiés climatiques (annoncés à plus de 200 M d'ici 2050 dans le monde), à travers les mégalopoles gigantesques déjà existantes y compris en Afrique (destruction des arbres alentour pour les feux domestiques, disparition de terres arables, ponctions croissantes dans des puits de plus en plus profonds etc) risquent bien d'apporter leur pierre à l'oeuvre de destruction pure et simple de la planète, dès lors que nous vivons collectivement déjà sur un rythme d'un besoin de presque 2 planètes et que demain, ce sera 3 voire davantage. Les USA consomment actuellement sur une base de 5 et la Chine montante vient de dépasser 1 et on la projette à au moins 3. On oublierait d'ajouter l'Inde dont la densité, sur ce sub-continent en partie désertique, est déjà considérable. *le développement du téléphone portable -comme internet dans une moindre mesure encore- est une libération extraordinaire en brousse pour les contacts et les échanges (comparaisons possibles de cours de denrées avec la capitale etc). De même on ne mesurera jamais assez l'impact d'internet et des réseaux sociaux informels et mobiles dans la « réussite « des révolutions récentes. Même le pouvoir militaire le plus obtus ne peut grand chose face à cette profusion d'informations et d'images qui inonde tout. On note en conséquence avec cohérence les initiatives d'opérateurs comme France telecom pour élargir leur implantation en Afrique (au-delà du pré carré de l'ancienne AOF) en misant sur la RDC et ses 70 millions d'habitants au potentiel considérable. « Orange prend pied au Congo » selon les Echos du 21 octobre 2011. « Plus que jamais l’avenir de France Telecom passe par la case Afrique. Le groupe vient de racheter le 4è opérateur du pays en RDC en atteignant 1 million de clients, tout en ajoutant l'achat d'une licence 3G et la modernisation du réseau. Des sommes colossales pour le pays correspondant à 1% du PIB (17 millions$ et 185 millions respectivement dépensées permettant un retour à l'Etat de 78 M) mais bien moindres pour l'opérateur dont le chiffre d'affaires représente 6 fois la richesse créée par la RDC chaque année. Le pays a bien besoin de cet argent frais car c'est l'un des plus pauvres de l'Afrique malgré des richesses minières fabuleuses. Ce levier de communication est un facteur de libération non négligeable et de décloisonnements décisifs de villages et bourgades. L'immersion de toute la population dans les enjeux politiques, dans les processus de plus en plus exigeants en termes de programme électoral, de place concédée à l'opposition, de libérations des expressions populaires. Les cercles de contacts de type Facebook ont précipité la chute de régimes -jugés pourtant solides- devenus introvertis et incapables de comprendre les aspirations notamment de la jeunesse exclue des retombées de la croissance que chacun pouvait observer. *l'enjeu majeur de la « libération » du continent est bien celui, qui permettra l'émergence de nouveaux responsables jeunes, éduqués à l'occidentale dans les universités ou écoles en Europe ou Amérique du Nord, ayant l'expérience d'un management à l'occidentale et aux pratiques de bonne gouvernance (en tout cas de meilleure que dans les pays du Sud), et susceptibles d'afficher des règles de déontologie plus exigeantes en matière de défense du service public comme du bien public, y compris face aux bailleurs financiers internationaux comme FMI ou Banque Mondiale. Cet enjeu est bien resté d'abord de nature politique. C'est affaire de gouvernance de classes politiques anciennes car découlant des premiers temps de la décolonisation -avec la caution des anciennes colonies d'ailleurs fort soucieuses de préserver des liens affectueux et intéressés. Ce souci de préservation de prébendes claniques renvoie à l'accusation de possibles retombées dans le financement des campagnes électorales en France (le président gabonais Bongo en a été le symbole fidèle depuis 1967 remplacé récemment par son fils, ancien ministre de la Défense ou encore le maréchal Mobutu père de sa nation zaïroise ne comprenant pas qu'il doive fuir devant l'avancée des troupes de son ...futur successeur Laurent-Désiré Kabila en 1997 pénétré d'idées 14 marxistes, avant de se réfugier au nord, dans son village natal pour y attendre la mort par maladie). Les avatars encore récents liés à la personnalité controversée du franco-sénégalais Bourgi et ses accusations pêle mêle dirigées contre la coterie autour du président sénégalais Wade (son fils notamment présenté comme un héritier naturel déchaînant la colère populaire à Dakar) tout comme sur les « zones grises » des relations entre certains dirigeants français et plusieurs cercles de pouvoir africains montrent assez l'impact récurrent de telles pratiques. Dans un interview édifiant et remarquable de sincérité (Les Echos du 8-9 juillet 2011), le malien futur candidat à l'élection présidentielle de 2012, Cheick Modibo Diarra, ancien astrophysicien à la Nasa, est passé en 2006 à la galaxie du monde des affaires en devenant président de Microsoft Africa. Ses propos sont convaincus et sans appel en assénant un constat accablant pour la période post années 90 et sur l'entrisme actuel de la Chine ou de l'Inde: « l'Afrique souffre d'une absence totale de l'Etat »... La croissance doit être propre et transparente, avec un vrai contenu social. Aujourd'hui 25% des ressources de l'Afrique sont détournées par la corruption. » Son expérience régulière de terrien, en revenant dans son village au Mali à cultiver quelques arpents de terre familiale, le convainc que l'agriculture est un grand défi positif pour l'avenir. « En Afrique on ne parle que d'autosuffisance agricole et de sécurité alimentaire, mais on devrait avoir bien plus d'ambition! Au Mali, par ex, on dispose de 2 millions d'ha de terres arables irriguées par deux fleuves majeurs, le Niger et le Sénégal, mais on n'en même pas rendu 100 000 cultivables. On dispose là, d'une « niche » qui permettrait d'exporter et de créer de la richesse très rapidement. » Et de poursuivre sur le rôle d'Etat, omniprésent et envahissant des années 60 aux années 90, sans place laissée pour quelque initiative privée ou même publique. Puis on est passé à l'état d'absence totale d'Etat, de puissance publique. Il se confond en fait souvent avec ceux qui sont à sa tête. Pour moi, l'Etat n'a pas à jouer de rôle économique. Il faut créer un cadre propice à la création de richesses et des règles du jeu, puis arbitrer et être suffisamment à l'écoute pour l'adapter au progrès ». Quant à l'activisme actuel quasi hégémonique de la Chine -mais aussi de l'Inde, par ex sur la côte Est au Mozambique, ce dirigeant privé est implacable: «un désastre » . (voir II. B) C'est affaire d'éthique pour exiger de l'avenir que le niveau de vie continue de s'améliorer vraiment, avec une meilleure prise en compte des méfaits de la malnutrition et des maladies infantiles. Il n'est pas acceptable de constater un taux de mortalité infantile qui stagne à un haut niveau (supérieur à 80 voire 100 pour mille) et implique des souffrances individuelles permanentes pour des millions de gens qui attendent le miracle. Il n'est pas acceptable qu'une femme sur 7 meure en couche ou à l'allaitement dans cette nouvelle nation du Sud-Soudan manquant de tout, avec 75% de la population tenue à l'écart de tout circuit de soins. L’enthousiasme pour cette indépendance chèrement acquise après un référendum écrasant (90% de oui), après des années de guérilla, va retomber devant l'immensité de la tâche de construction d'une nation, sur l'espérance de belles retombées issues des ressources pétrolières. Mais c'est devoir compter avec le voisin frère du Nord, cruel et impitoyable face à ses ennemis de l'intérieur en quelque sorte (cf. la terreur, les viols et massacres qui se perpétuent dans les camps de réfugiés du Darfour). Un nord musulman, partiellement fanatisé contre une population au Sud de 10 M chrétiens et animistes. Césure inquiétante, analogue à celle constatée au Nigeria! Des débordements effrayants de cruauté, à l'exemple de la Guinée Conakry -grande championne d'une indépendance affichée avec fracas- depuis 1958 jusqu'à 2010 qui connut 3 dictateurs sanguinaires de suite et s'est affichée comme une plate forme du trafic de drogue colombienne pilotée par le pouvoir en place. Le dirigeant Sekou Touré, de sinistre mémoire a asservi son peuple de la pire façon jusqu'à sa disparition providentielle en 1984 (une opération cardiaque au USA a eu raison de lui), en emprisonnant et éliminant des milliers d'opposants déclarés ou supposés, en faisant varier les sévices sur les différentes ethnies y compris la sienne, pour entretenir 15 soigneusement la terreur. Proche de l'idéologie marxiste à ses débuts, il a bien dû déchanter et promouvoir une réelle libéralisation économique en se rapprochant d'ailleurs des USA (admirateur de Kennedy). *les leviers décisifs sont bien dans l'appareil éducatif et la santé impliquant des investissements en dur mais aussi des maitres et des cahiers. On est très loin du compte pourtant, quand certaines élites africaines, souvent formées correctement (médecins spécialistes ou hospitaliers au Cameroun) jouent la carte de l'Occident, et d'abord pour des raisons salariales. La Chine riche en étudiants expatriés, connaît ce possible engrenage mais quand elle rappelle avec insistance ses chercheurs, elle sait se faire obéir rapidement. *des raisons d'espérer? « le pari du retour au pays peut être payant pour les jeunes diplômés africains ». Confrontés à la discrimination sur le marché du travail, de plus en plus de jeunes diplômés originaires d'Afrique trouvent auprès de firmes multinationales des opportunités d'emplois sur le continent noir (le Monde du 22 avril 2008). l'impact du African Business Club ou du salon annuel Afric talents organisé par le cabinet chasseur de têtes Afric-Search est porteur auprès des diplômés commerciaux. Les spécialistes en finance et assurance sont peu n ombreux et les perspectives de carrière sont à bien mesurer, par comparaison des possibilités hexagonales. La crise de l'emploi des jeunes en Europe depuis 2008 n'arrange rien et beaucoup de diplômés sincères et de qualité gagnent à se tourner vers des pistes professionnelles au service de leur pays, et pas nécessairement par une approche humanitaire. * « UE, déclaration commune après le 7è forum africain sur le développement du 10 au 15 octobre 2010 tenu à Addis Abeba en Ethiopie « Changement climatique, une position africaine commune ». Réflexion collective y compris au sein des pays les moins avancés, volonté de rester dans la voie du développement durable et de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement émanant de l'ONU, toutes ces intentions sont encourageantes mais doivent se concrétiser par une réflexion et des approches transversales dont l'impact rejaillit sur tous les secteurs. Même si cette « empreinte écologique » est évidemment faible pour l'Afrique (fort heureusement), des progrès sont possibles pour éviter les gaspillages et pollutions diverses, quand ce n'est pas du simple massacre de la nature (coupes de bois, dégradations des eco systèmes et des nappes, destructions de réserves d'animaux dans les Parcs nationaux comme en RDC, braconnages permanents et massacres contre les grands singes ou les rhinocéros , etc Le Monde diplomatique de novembre 2010 « Manoeuvres spéculatives dans un Katanga en reconstruction en RDC » Le monde diplomatique de juillet 2008. L'envolée des cours des matières premières modifie la donne en Afrique. En effet le continent pourrait en tirer de substantiels bénéfices, bien davantage que permettent les contrats actuels, souvent inégalitaires et pénalisateurs même pour des pays géants et à la fois faibles, à l'occasion de conclusions hâtives et soucieuses de profits personnels pour les dirigeants de l'heure (exemple pour les contrats conclus entre 1997 et 2000 en RDC par le nouveau président Kabila). Il convient de les renégocier et c'est ainsi que 13 pays ont décidé de revoir des contrats nés des années 90, après les privatisations de beaucoup de secteurs (conservation d'une participation minoritaire et recettes minoritaires). La surévaluation systématique des charges des entreprises, la non publicité des clauses sur la distribution des profits sont autant de leviers pour détournements et enrichissements personnels à travers pots de vin et commissions diverses. Le groupe indien Mittal opérant au Libéria fixait au départ lui même les prix du fer extrait mais dorénavant, devant la détermination de la Présidente, il suit les cours mondiaux et son exonération d'impôts a été supprimée. La Zambie s'est efforcé d'augmenter l'impôt sur les sociétés avec des retours satisfaisants (plus de 400 M en sus dès 16 • 2008) et l'Afrique du Sud a introduit des redevances sur les minerais. Quant aux recettes effectives en RDC, elles atteignaient 27 M de dollars (seulement!) en contribution au budget en 2007 contre 200 attendues pour la Banque mondiale (à comparer aux 2 Mds pour la Zambie voisine!). Le travail est immense pour reprendre ces contrats sur des bases plus équitables, sachant que les besoins sont tels que les pouvoirs publics sont soucieux de trouver des relais pour engager rapidement des chantiers (routes, chemins de fer, viabilisation). Les contrats de « troc » à l'image des propositions de la Chine -du cuivre ou de l'or contre des équipements clairement identifiés- permettent moins de coulages et de bakchichs. « L'Afrique et son or vert » (son capital carbone) de Lofti Bel Hadj (mars 2011). L'Afrique détient le deuxième capital forestier du monde et ce poumon vert qui s'étend sur plus de 234 millions d'ha capture et séquestre le carbone de l'air. A partir de cet exemple, l'auteur cherche à éclaircir et élargir le débat très complexe et très technique du marché du carbone forestier. Ce dernier est, à ce jour le seul outil capable de rassembler les ressources financières nécessaires à la sauvegarde des poumons verts de la planète. Il y a urgence à agir. La perte régulière d'environ 3,4 millions d'ha, soit presqu'autant qu'en Amérique du Sud est un défi effrayant car silencieux (perte de la quasi totalité des forêts primaires au Ghana ou Madagascar). Quant à celle de la Côte d'Ivoire, elle a été divisée par 10 en 50 ans. La rentabilité économique semble prendre le pas sur tout le reste. Les politiques de tous ces pays doivent crier alerte et inscrire le développement dans une démarche apaisée et organisée, soucieuse de préservation et d'exploitation modérée, avec des replantations. L'exemple européen, et notamment français est de qualité avec une reforestation positive et gagnante dans le long terme. Les accidents climatiques comme la tempête de 1999 font oeuvre utile et aident à une régénérescence des massifs, comme seule sait le faire la nature... I. Le continent après 50 ans de décolonisation: contrastes et divisions A/ caractéristiques communes étonnantes car elles devraient diverger -un contexte politique lourd d'un passé mal géré et soupçonneux sinon revanchard *une décolonisation violente et souvent gérée brutalement (Sekou Touré en 1958) *une connivence largement entretenue de part et d'autre, coordonnée par la présidence française pendant de longues décennies (depuis le conseiller Jacques Foccart auprès du général de Gaulle), aux fins de conserver une maîtrise de cette aire coloniale, sur le plan militaire comme économique avec le parrainage de futurs présidents dont on attendait une longévité fructueuse (role des accords de défense avec par ex le Gabon ou le Sénégal). Et d'ailleurs cet entrisme ne s'est jamais démenti avec le président Mitterrand comme avec Jacques Chirac. Les personnalités d'ouverture soucieuses de mettre une décélération à ces dérives propres à cette Françafrique, sinon un arrêt, ont été rapidement renvoyées avec les départs brutaux de Jean-Pierre Cot, ministre de la Coopération après 1981 (et professeur de droit) ou récemment du ministre Jean-Marie Bockel, éphémère ministre en charge de l'Afrique et ce, sur demande de présidents africains agacés et insistants. Des ministres considérés comme trop humanistes et soucieux d'une transparence ou d'une rigueur juridique à laquelle les dirigeants africains ne semblaient pas préparés à condescendre. Le dossier Afrique est à l'Elysée et pas ailleurs. *des rancoeurs évidentes qui s'apaisent difficilement (le rôle du colonisateur belge au Rwanda qui a joué trop ouvertement pendant des décennies la carte de l'élite tutsie fortement minoritaire) *une propension à une gouvernance clanique implacable qui s'appuie sur l'armée, force brutale et/ou la surveillance de ses concitoyens, en empêchant l'émergence d'une catégories d'opposants de 17 qualité, permettant un début de débat démocratique et de confrontation d'idées dans des enceintes organisées. Des scores voisins de 95 ou 97% en Afrique n'ont aucun sens ni aucun crédit. Un score pour le candidat vainqueur en Cote d'Ivoire (55% environ crédibles) ou en Guinée *des tensions ethniques perceptibles voire explosives qui provoquent des désastres partout: le fondement religieux y a toute sa part avec l'impact d'un islam tenté par le fanatisme qui fait largement les affaires du pouvoir en place (Soudan, Nigeria, Egypte avec les Frères musulmans, pendant longtemps ou Tchad dont le président a même été quasiment sauvé par l'armée française venue en renfort). Cette opposition extrême, au besoin terroriste, est un bouc émissaire facile pour -un processus électoral vite confisqué mais quelques ouvertures timides (Cote d'Ivoire après bien des déboires ou en Guinée, enfin après 3 dictateurs successifs en 50 ans): l'année 2011 pourrait bien être une heureuse surprise -à confirmer, dans ces derniers pays avec l'arrivée sans conteste de profils d'hommes intelligents et cultivés, rompus à la vie occidentale et aux responsabilités solides *l'immense « surprise » du printemps arabe qui fait fuir en quelques semaines (ou mois) des présidents bien installés et brillamment réélus comme Ben Ali, Moubarak. Même le redoutable Kadhafi a dû lâcher prise, à la tête d'un pays à base tribale totalement domestiqué, marqué par des années de terreur, et ce, en dépit des sommes astronomiques en liquide utilisées pour payer des milliers de mercenaires supposés amis (Tchad, Niger) et le recours à des boucliers humains *la femme n'a évidemment pas encore la place qui doit lui revenir, et cette donnée est à replacer dans la problématique d'un islam modéré comme de la place de la femme au sein du foyer familial africain, comme adolescente puis comme future épouse et mère. Que l'excision pourtant condamnée soit encore fréquemment pratiquée (Ouganda, Kenya, Mozambique) mais aussi dans certains pays de l'ancienne AOF montre assez la permanence de traditions ethniques qui regardent la femme comme relais de reproduction et non comme être humain douée de raison et d'indépendance d'esprit. Des mariages forcés dès 9 ou 10 ans pour des raisons d'arrangement entre clans comme de compensations financières bien comprises (quelques exemples illustres dans le Yémen voisin débouchant sur quelques rares demandes de divorce courageuses -popularisées dans un ouvrage édifiant) complètent un tableau peu reluisant. Le destin de ce « printemps arabe » se jouera aussi sur la place dévolue à la femme dans une société tournée résolument vers une pratique démocratique plus solide, à tout le moins faisant une bien meilleure place à la voix de l'opposition. L'invocation de la charia comme socle des nouveaux régimes en cours de constitution laisse augurer de singuliers défis à relever pour consolider des corps sociaux martyrisés et/ou désagrégés par des années de dictature et d'oppression. Le fait que la Tunisie fasse éclore en quelques mois quelque 110 partis candidats aux législatives (octobre 2011) montre assez le besoin de libération de la parole et d'expression populaire plurielle. -croissance objectivement encourageante du PIB voire remarquable mais inégale et fragile au sein de ces pays africains (le taux de 6 ou 7% est le fait des gros pays contre 3% pour dees pays plus nettement agricoles). Fort heureusement la crise financière de fin 2008 n'a pas eu l'effet négatif constaté en Occident ou au Japon, le rythme de 4 à 5% ayant été préservé en 2009 et un retour satisfaisant à +7% moyens en 2010 pour les Etats dits du Sud *encore trop de produits primaires exportés *un poids déterminant pour les hydrocarbures en Afrique centrale et autour du golfe de Guinée *des conditions d'exploitation débridées et dangereuses pour l'environnement et la sécurité avec une piraterie naissante comme en Somalie mais aussi golfe de Guinée (Nigeria, Congo Brazza, Angola) -des inégalités saisissantes entre les pays producteurs de pétrole (de 1% de croissance moyenne annuelle sur la période 1960-1994 contre +5% depuis 1995) et les autres moins bien lotis ou pas du tout (Mauritanie, Mali, Togo ou Burkina). Il reste pour eux les denrées alimentaires de base mais aussi le coton, martyrisé pendant longtemps dans un cours affaibli par les subventions massives 18 américaines. Un coton de qualité qui, fort heureusement, a vu sa valeur se relever depuis 2009. L'enjeu démographique: une complexité réelle -une explosion démographique peu anticipée et devenue l'enjeu majeur de demain (la fécondité est partout à la baisse dans le monde, mais partie du niveau de 5,5 ou 6 en Afrique, elle mettra plusieurs décennies encore à descendre vers un niveau plus « raisonnable » de 2,5 voire 2,3 comme au Maroc ou Algérie; et entre temps, cette population africaine montera vers 2 Mds. Or la part des classes jeunes est déterminante et inquiétante face à l'enjeu des millions d'emplois à créer, mais elle est -ou devrait être- aussi source potentielle de poursuite de la croissance (40 à 48% de population inférieure à 15 ans contre 18% actuellement en France) -et ce, malgré l'impact de la famine affectant enfants et mères, fragilisant les accouchements et la période d’allaitement. La faim a perduré et s'est même amplifiée comme phénomène encore dramatique en mégalopole, au fond de la brousse comme suite à ces déplacements gigantesques de populations1, des maladies liées à la chaleur (paludisme qui frappe 800 000 personnes chaque année), à des déficiences en eau potable, gravissime problème en Afrique, dans des conurbations où s'allongent les bidonvilles (typhoïde, choléra etc); mais aussi de ce problème lancinant du sida infectant les pays surtout du sud (Botswana, Lesotho) et notoirement l'Afrique du sud. Pour autant, un pays comme l'Ouganda, grâce à l'action exemplaire de l'épouse chrétienne du président, une campagne singulièrement efficace a fait baisser notoirement le taux général de contamination. -contexte maudit encore marqué par l'invasion périodique de sauterelles par essaim composé de milliards d'individus (en réalité les fameux crickets pèlerins) qui, grâce à l permettant l'expression de leur instinct grégaire, dévaste tout sur leur passage dans un bruit d'enfer B/ Des points de repère évidents par rapport à la terre, qui n'incitent guère à l'optimisme -déforestation continue -sécheresse récurrente; les zones désertiques avancent; les eaux des lacs disparaissent dramatiquement comme celles du lac Tchad, ayant perdu en 30 ans plus des ¾ de sa superficie (dérivations et canalisations de la plupart des affluents par les pays riverains comme Nigeria, Cameroun voire Niger, une démarche qu'on comprend pour des raisons immédiates de survie mais qui est insensée face à l'avenir) -production alimentaire moyenne par tête est en baisse depuis 40 ans; la famine est récurrente provoquant des émeutes de la faim comme en 2008-2009 notamment au Caire -le cours de certaines matières premières sensibles est trop erratique -ou artificiellement abaissépour constituer un atout (exemple pour le coton africain de grande qualité mais de peu de force exportatrice face au coton américain largement subventionné ou chinois). -Cas analogue pour les variations erratiques de l'uranium avec un pic vers 2006-2007 mais un infléchissement net depuis, mettant en danger certaines prospections en Afrique. Les hésitations et polémiques après le drame japonais de Fukushima ont ralenti évidemment la demande, suspendu des investissements et contribué à faire chuter les cours. Contexte moins florissant de l'automne 2011 qui pourrait aboutir à l'interruption (provisoire?) des ¾ des centrales japonaises... C/ Une gouvernance « régionale » trop hésitante sinon hypocrite 1 Ce phénomène de malnutrition extrême semble même ignoré ou récusé par des gouvernants manifestement aveugles devant l'évidence, comme au Sénégal. Un chapitre entier du livre de M. Ziegler cité en référence porte sur ce phénomène de désintégration des muscles de la bouche (suite à aphtes non traités) et de mort programmée faute de nourriture, sans la vigilance de la mère et les 3 euros de médicaments utilisés à temps. Le drame vient de ce que l'OMS ne souhaite pas élargir la liste des maladies à dépister et combattre. Elle en a déjà tellement ! 19 -l'OUA devenu UA (rôle insistant de Kadhafi pour cette enceinte, avec l'idée de coller aux institutions européennes et bien évidemment pour une présidence qui lui reviendrait) où la posture des uns et des autres est précautionneuse, méfiante ou arrogante, selon les cas, et marquée par de la provocation voire de l'insulte. Cas d'un Kadhafi qui à la longue, finit par lasser ses collègues -beaucoup de présidents très ou trop solidaires entre eux. Une posture effrayante face à des dictateurs avérés, encore le bédouin du désert, provocateur et fantasque, Kadhafi déjà cité, qui recevait ses pairs dans un grand hôtel de Tripoli pour leur remettre des valises de billets. Beaucoup ont été preneurs. Ou encore l'évocation bien sinistre pourtant de grandes figures de la libération comme en Rhodésie devenue le Zimbabwe, avec un président Mugabe qui depuis 1980 a anéanti son pays pourtant le grenier de l'Afrique (il vit d'abord des subsides financiers issus de la diaspora partie en Afrique du Sud). Il faudrait encore s'indigner face au problème du Soudan aujourd'hui divisé, suite à partition du Sud, ouvrant la voie à de nouveaux affrontements sur fond de contrôle de la manne pétrolière. Le dossier du Darfour, sur un territoire immense entre Tchad et Soudan est aussi un calvaire sans fin pour une multitude de camps de fortune pour réfugiés affamés, confronté en réalité à une indifférence effrayante de la communauté internationale, et à l'aveu d'impuissance des ONG qui se retirent quasiment toutes. Terres maudites que ce désert à l'est du Tchad, fréquemment investi par des insurgés -la sincérité des élections est évidemment sujette à caution. Outre des fraudes avérées parfois massives (les fraudes en Cote d'Ivoire en 2010 auront été équilibrées en réalité et le résultat final objectivement recevable, autour de 55% pour le vainqueur), des modifications de constitution viennent opportunément souligner que des présidents entendent se faire reconduire quasi éternellement ou assurer leur succession qui parfois intervient dans les tensions (Gabon) ou la violence comme en RDC après l'assassinat du président Kabila (présidences bien établies du Cameroun, Angola, mais aussi Sénégal depuis 10 ans). A noter pour ce dernier pays, l'impossibilité de cumuler plus de 2 mandats, contrainte dont le président Wade aurait voulu s'extraire. Un biais logique mais source de tension violente a été un temps de glisser sans succès la candidature de son fils, peu considéré et très lié aux milieux affairistes du pays. -des médiations lancées- à l'initiative notamment de l'Afrique du Sud- qui sont faibles et inefficaces et sont caractérisées par l'atermoiement (celles de Cote d'Ivoire ou en Libye n'ont jamais vraiment pesé face à l'impact décisif sinon exclusif des armes et de l'intervention volontariste de l'OTAN après une résolution opportune du Conseil de sécurité). Le dirigeant libyen annonçait des « torrents de sang » et une lutte jusqu'à la mort et l'épouse du président sortant Gbagbo refusant toute médiation pour préserver une présidence acquise par la volonté divine -d'une manière générale, l'appareil d'Etat est faible sinon inexistant et la notion d'opposition parlementaire ou autre est insupportable pour celui qui entend être le « chef » et le père de tous ses concitoyens, en confondant allègrement cassette privée et argent public...comme les monarchies pétrolières (exemple remarquable pour le maréchal Mobutu au Zaïre qui osait affirmer que le sous sol du Zaïre est un vrai « scandale géologique »). L'arrivée au pouvoir du successeur de Mobutu en RDC, après un long conflit victorieux de son armée de libération n'a pas amélioré cette situation, tout préoccupé de distribuer des prébendes et des permis d'exploitation à des sociétés avides de recours sur investissement (les Chinois au Katanga) II. L'Afrique au coeur des conflits sur fondements d'intérêts économiques bien compris A/ des conflits quasiment partout: la guerre civile et/ou ethnique peut reprendre ses droits 20 avec des horreurs évidentes face aux populations civiles éprouvées -cas dramatique évidemment au Rwanda il y a quasiment 20 ans, càd le temps d'une génération africaine. La folie meurtrière systématique face à des « cancrelats » de voisins tutsis -et de hutus modérés en même temps- qu'il fallait éliminer en écoutant une propagande insensée qui appelant au meurtre dit de voisinage dans tous les villages avec la caution sinon l'aide d'un certain clergé, une haine inouïe face à une minorité jugée altière, niée et devenue insupportable, qui nous renvoie à nos responsabilités, y compris devant l'histoire. Après tout nous eûmes en France la St Barthélémy et ses 3000 morts en quelques heures, dont réchappa miraculeusement un futur Henri IV, la poursuite des Protestants par les soldats de Louis XIV ou toutes les dragonnades de même nature au nom d'un gallicanisme rayonnant et d'une révocation honteuse de l'Edit de Nantes, ou encore l'expédition de Vendée en 1793 avec les colonnes infernales, où les généraux républicains se félicitaient d'envoyer au Comité de Salut public des tonneaux de graisse faite avec des corps de suppliciés vendéens... -rappel utile au Nigeria de la guerre du Biafra en 1970 sur fond de volonté de sécession dans un pays fédéral aux structures molles. Les tensions persistantes sur la zone côtière viennent actuellement d'ethnies se considérant comme mal servies par le pouvoir central (à juste titre) au titre de la manne pétrolière. Le pouvoir central (longtemps militaire), jugé trop lointain de ce pays fédéral est à la peine pour redistribuer véritablement cette recette pétrolière devenue miraculeuse qui fait tant d'envieux et est l’objet de tant de trafics, de détournements pour usage local, aux conséquences écologiques catastrophiques. Des firmes comme BP ou Shell se trouvent dans un imbroglio plus que délicat entre insurgés et troupes sur place, entre chefs de village et prédateurs individuels qui siphonnent les canalisations et répandent le fuel sur des centaines de km2, interdisant progressivement toute pêche. -un zoom particulier sur le drame absolu vécu en RDC depuis 10 ans: guerre intérieure, invasion de troupes étrangères pour faire régner un semblant d'ordre (les Angolais), menées anarchiques de troupes démobilisées et laissées à elles-mêmes dans les provinces gigantesques de l'est du pays (Ituri, nord Kivu). Les tentations sont immenses pour certains pays des Grands Lacs comme le Rwanda justement, face à cet eldorado extraordinaire pour ses richesses du sous sol (exploitation illégale par d'anciens commandants de minerais comme la cassitérite ou coltan, exportations illégales par le port de Mombasa (Kenya); rythme effrayant de travail dans les mines « chinoises » au Katanga pas toujours avec un permis d'extraction etc). Volonté de se maintenir sur place, de jouer la carte de l'aide politique au pouvoir en place, en réalité de l'occupation pour continuer -dans les dires- de poursuivre les génocidaires hutus; le viol comme arme d'oppression et de terreur à l'initiative de toutes ces troupes mal commandées et à la nationalité incertaine, une atteinte extrême et volontaire vécue comme une infamie en Afrique pour celle -adolescente ou femme mariée- qui devient une pestiférée pour sa famille -le recours aux enfants soldats enlevés et violentés, contexte dramatique d'une génération à réinsérer, des centaines de camps de rééducation pour réapprendre le jeu avec des camarades d’ethnies différentes, l'insouciance, le travail en classe. -les haines qui devront se refermer en Côte d'Ivoire à partir du printemps 2011, après 10 ans de troubles graves et de menées guerrières sur fond de défense de l'ivoirité. La réconciliation ne sera pas simple dans un pays qui a connu la récession après des années de croissance à + 6% ou 7%. Le président déchu Laurent Gbagbo n'est d'ailleurs toujours pas jugé et son cas embarrasse manifestement la classe politique ivoirienne, sous la houlette d'un nouveau président consacré, bon juriste et profil intellectuel de qualité -le drame du Soudan depuis 10 ans, pareillement qui voit se profiler un nouveau conflit territorial avec le Sud-Soudan nouvellement créé, manquant de tout, sur fond de manne pétrolière là encore, 21 mais aussi religieux (nord musulman contre le sud chrétien et animiste) B/ Des richesses extraordinaires qu'il faut exploiter mais aussi canaliser -humaines d'abord par le lot de souffrances endurées; la place incontournable et souvent remarquable de la femme; la chance des générations à venir. Un peuple évoluant vers la démocratie le doit aux femmes qui entendent valoriser leurs droits; rôle exemplaire de la fameuse kényane (récemment disparue) prix Nobel de la Paix, « amie des arbres », figure attachante d'une défense de l'environnement ou de la directrice générale de la Banque mondiale, une nigériane haut en couleur, ancienne ministre des Finances sur-active, ayant eu le courage de poursuivre certains collègues indélicats et compromis, tentant une réforme de l'organisation des finances publiques qui lui a attiré beaucoup d'ennemis. -populations torturées et traumatisées au quotidien; un exode gigantesque de réfugiés sur la côte ouest africaine, ou au centre du continent: comment maintenir l'attachement à la terre pour la cultiver, comment préserver une sécurité minimale, dans une confiance minimale dans les forces dites de l'ordre, dans un pouvoir central non corrompu qui sait se faire obéir. -un zoom particulier sur l'enjeu de l'amélioration du cadre sanitaire et du rôle dévolu à l'OMS, une agence de l'ONU de plus en plus privée qui traverse une vraie crise d'identité et s'interroge sur les conditions de sa pérennité financière.(Le Monde du 19 mai 2011). Les contributions des Etats membres ne représentent plus que 20% du budget de l'organisation de 4,5 Mds$ alors que 80% sont issus de contributions volontaires. Les fondations privées du type de celle de Bill et Melinda Gates prennent une place croissante (220 M$ pour la campagne 2010-2011, 2è contributeur après les USA mais un impact gigantesque depuis 2000, avec une dotation de 37 Mds$ et des versements cumulés de 25 Mds sur des programmes centrés sur le paludisme, tuberculose mais aussi sida et polio ), La fragilité vient des objectifs ciblés voire spécifiques et clairement désignés qui ne sont pas nécessairement prioritaires (et pouvant être interrompus). La volonté d'ouverture à des bailleurs émergents, à des bailleurs privés ou sociétés philanthropiques n'est pas innocente dans la diversification des campagnes engagées mais ne fait pas disparaître le risque de collusion avec des industries et laboratoires pharmaceutiques intéressés. Il reste que les brevets et licences des médicaments reste un sujet tabou, non remis en cause même par un Bill Gates, ce qui pénalise les pays pauvres et implique une réelle cherté des produits. Contexte évolutif mais controversé qui ne manque pas d'alarmer nombre d'ONG. Il est évident qu'une bonne quarantaine de pays africains est directement impactée par cette présence des acteurs sanitaires et sociaux qui multiplient les campagnes de vaccination et visent d'abord la population enfantine et les mères. Encore faut-il atteindre ces populations dans un environnement fait de guerres et d'insécurités, fort dangereuses y compris pour ces médecins de MSF et autres organisations dévouées. Le contexte effrayant du Darfour en a fait fuir plus d'une. -une réelle volonté de s'en sortir pour beaucoup; une tradition de solidarité remarquable qui fait toujours ses preuves dans ces pays où le collectif entendu au sens de la famille large a une vraie réalité et sauve certains pays de situations catastrophiques (expatriés volontaires ou non, retour au pays pour certains comme au Maroc). Pour autant cette focalisation extrême sur le collectif est un handicap majeur pour l'expression personnelle et l'épanouissement de chaque personnalité, pour la réflexion intérieure, pour la lecture et l'apprentissage d'argumentaires plus originaux et volontiers décalés par rapport à la pensée dominante, ou au dire dominant. (voir ouvrage de Moussa Konaté) -le rôle des banques africaines ne doit sûrement pas être sous estimé demain. Il est patent que le secteur bancaire africain est en ébullition. Croissance démographique et pré22 émergence économique créent une nouvelle donne pour les banques au sud du Sahara. La potentiel de bancarisation est énorme et le petit épargnant, le nouveau client à conquérir. « La Grande bataille des banques africaines » titre l'enquête des Echos du 8 décembre 2010 « Ce n'est plus un exotisme, c'est du sérieux » depuis que le chinois ICBC, première capitalisation mondiale a pris 20% de Standard Bank of Soouth Africa, la première banque africaine. Les retombées d'une belle croissance, l'accroissement des échanges, la bonne tenue des cours des matières premières et des secteurs miniers, les Mds issus des envois de fonds des migrants doivent permettre une envolée de cette activité bancaire, sans se cantonner à des circuits d'épargne encore trop souvent non financière dans les milieux ruraux (le bétail comme valeur de référence pour un bas de laine). Aujourd’hui on note une expansion de banques issues du Nigeria, qui ont enjambé les frontières et décloisonné des petits marchés, jusqu'alors très compartimentés. L'Afrique de l'Est est en pointe avec un Kenya qui est réputé être le pays le plus sophistiqué du monde en matière de paiements par téléphonie cellulaire. La concurrence avec des banques occidentales n'est pas encore au rendez vous- mais incitent à copier les règles prudentielles, à pousser au professionnalisme et à la concentration. On observe que les banques panafricaines développent leur emprise, à l'image de la BOA (bnak of Africa) née au Mali qui a élargi son audience dans 6 pays d'Afrique de l'Ouest, 5 pays de l'Afrique de l'Est et de l'océan indien, en RDC et en France. « Les banques libanaises, tunisiennes et égyptiennes vont venir sur un marché au potentiel considérable ». Mais nos bonnes « vieilles » banques comme BNP Paribas ou SG, après avoir délaissé un temps l'Afrique pour l'Europe de l'Est songent à des plans stratégiques, en capitalisant sur leurs 102 et 230 agences respectivement, en misant sur des produits d'agences low cost, avec une marque séparée et des produits simples. La clientèle de PME est innombrable et ne demande qu'à s'investir dans des initiatives modestes mais crédibles. Les besoins attendent toutes les bonnes volontés. C/ Une logique de guerre de territoire et de contrôle de richesses du sous sol -de multiples exemples (y compris celui emblématique de la RDC- cf ANNEXE) notamment au Zimbabwe (ancienne Rhodésie), anciennement riche et aujourd'hui ruiné, suite à des expropriations forcées par les nervis du pouvoir, parfaitement incompétents qui ont chassé les anciens propriétaires fonciers blancs. Tout est en ruine, les zones d'extraction d'or et de diamant sont contrôlées par les forces militaires qui asservissent des équipes de mineurs dans des conditions de travail peu reluisantes. Le respect du processus de Kimberlé qui permet des attestations de sortie « propre » des minerais et diamants issus de ce Zimbabwe inaccessible et incontrôlable est bien souvent sujet à caution. La réélection controversée du président Mugabe se déroulait dans le prolongement d'une action d'éclat de caractère quasi militaire par les Occidentaux, interceptant une livraison d'armes provenant de Chine, sans doute pour permettre de mater encore plus sûrement une population dans le dénuement le plus total. -l'exemple très récent du Sud Soudan récemment créé et où tout est à construire: la guerre pour le pétrole va-t-elle reprendre, entre un sud qui se retrouve riche des meilleurs gisements et le Nord qui contrôle les oléoducs de livraison vers Port Soudan sur la Mer Rouge -l'aubaine pétrolière n'est pas encore utilisée à bon escient: qu'offre en effet un riche Angola à sa population tout comme le Gabon, riche en tout ou presque ou le Niger, fort riche en uranium. Ou encore la Guinée très fournie en bauxite (contrat acquis avec la Chine de 9 Mds$ en 2009 pour une exploitation de long terme). Le niveau de vie moyen ne s'est guère élevé sinon réduit en 50 ans et les infrastructures dignes de ce nom ne sont toujours pas à niveau -un prélèvement de véritable dîme arrachée aux transports souvent périlleux sur des espaces désertiques considérables (présence redoutable de l'AQMI- Al Qaida Maghreb islamique, sur une zone 2 ou 3 fois la France jusqu'au Yémen, se déplaçant vite et ayant montré son activisme avec 23 l'enlèvement médiatique de 7 salariés d'AREVA en septembre 2010 dont 4 toujours détenus après 400 jours); un immobilisme actuel fort inquiétant du président malien avant des élections présidentielles en 2012; surtout ne pas provoquer de confrontation armée dans une zone peu ou pas du tout maîtrisée- le nord Mali-. Quelle surveillance est par ailleurs possible dans cette région d'Agadez au Niger, si éloignée de Niamey et de tout, alors que les installations techniques sont à peine protégées, que les gendarmes sont loin et que les complicités internes sont toujours tentantes. -tous ces espaces quasi désertiques -ou en forêt profonde- ne sont guère contrôlables par des forces gouvernementales, eu égard à l'emplacement des capitales excentrées d'immenses pays (Nouakchott en Mauritanie, Bamako au Mali, Niamey au Niger, N'Djamena au Tchad si éloignée de Khartoum au Soudan, Luanda en Angola comme Kinshasa en RDC. C'est une caractéristique géographique de portée fondamentale en Afrique (trop souvent sous estimée), d'autant plus avec des distances gigantesques en terme de jours de transport. Le desserrement interne de ce continent associé à son contrôle en termes de simple sécurité civile est un défi majeur pour les décennies qui viennent. La perte du Rallye automobile en Afrique (Paris-Dakar légendaire) pour des raisons de sécurité est un aveu d'impuissance à maîtriser le parcours des concurrents. Plutôt grave comme conclusion et pertes de recettes singulières pour les pays de transit. II. De sérieuses hypothèques à lever A/ Corruption et manque de transparence -l'enjeu d'une meilleure gouvernance est vital. Comptes publics transparents et enfin sérieusement contrôlés, fortune personnelle des dirigeants surveillée, compte privés en Suisse ou ailleurs bloqués, lutte contre les dérives de toute sorte. Mais le comportement des dirigeants euxmêmes doit être exemplaire. L'élection confirmée d'un président Ouattara en Côte d'Ivoire, après une vraie guerre urbaine et des exactions multiples, peut être une vraie bonne nouvelle comme en Guinée, après 50 ans de dictature effarante. Pour autant cette victoire d'un candidat éclairé et cultivé ne semble pas provoquer l'adhésion générale, en témoigne encore à Conakry une tentative d'assassinat à l'été 2011 suite au bombardement de son domicile personnel. La réaction s'en est suivie d'un musellement de la presse pour ne pas éventer ce regrettable événement, non sans provoquer une polémique en France. On attend du nouveau président de nouvelles élections législatives dans une campagne électorale attendue pluraliste et exemplaire. Contexte pas facile pour un peuple qui ne l'a jamais connu, comme cela le sera en Libye ou dans le nouveau SudSoudan récemment créé qui manque de tout. -les anciennes puissances coloniales ne sont pas toujours innocentes dans les liens parfois troubles et souterrains avec les pouvoirs établis, lors de contrats stratégiques en matière d'armement, énergie, télécommunications toujours profitables. Deux ouvrages récents (« Armes de corruption massive » de Jean Guisnel et « la république des mallettes » de Pierre Péan, déjà évoqué) dressent un bilan très embarrassant sur ces « marchés souverains » qui ne se concluent pas sans un aval des autorités politiques en place, et qui peuvent donner lieu à des commissions et rétrocommissions. Le dossier médiatisé du contrat de Karachi (bateaux militaires livrés au Pakistan) vaut exemple pour bien d'autres, plus discrets en Afrique. La Convention de l'OCDE en 1997 permettant de sanctionner dans un Etat la corruption de fonctionnaires étrangers semble n'avoir eu qu'un effet de réprobation symbolique et avoir suscité surtout une complexification des circuits d'argent sale. (Le Monde du 20 septembre 2011 « L'argent trouble de la politique » sous la plume de Pierre Lascoumes, Centre d'études européennes de Sc Po, auteur de « Favoritisme et corruption à la française » et de « Une démocratie corruptible ». Il souligne un constat inquiétant: « Des études ne cessent de confirmer la 24 détérioration continue de l'image du monde politique. Les rapports ambigus à l'argent en sont un des facteurs clés ». Pas très réjouissant quand nos grandes démocraties occidentales se veulent justement des professeurs de vertu, et que -autre exemple- la City de Londres est étrangement conciliante avec bien des comptes bancaires opulents de dirigeants africains fort proches de la grande Angleterre (Kenya, Nigeria, voire Egypte sinon Libye) -l'apprentissage de la chose publique et de l'intérêt général, données assez étrangères aux traditions tribales du partage du pouvoir... pendant le temps du pouvoir que l'on sait provisoire. Il est patent de voir un ministre kenyan de l'Agriculture tenter de vendre une partie d'un Parc national à son profit et se heurter à l'émotion des riverains... Des ministres éminents au Cameroun sont poursuivis et condamnés pour corruption. Est ce un leurre, sont-ce des boucs émissaires si on ne peut viser le Président lui-même qui est constaté longtemps absent de son pays en préférant La Baule ou Genève, et se contentant de 2 ou 3 Conseils des ministres par an, sans connaître tous ses ministres ? Certes, on doit ces informations à un journal satirique français, en général bien renseigné et jamais condamné, sur ce président à éclipses qui dirige de loin- mais avec poigne- un pays largement désenchanté dont la jeunesse devenue quasiment majoritaire semble tentée de regarder au-delà des frontières et ne croit plus en l'avenir. -les exemples récents de « tyrans » déchus en Libye ou Tunisie (seront-ils enfin les derniers dans ces pays??) montre assez l'existence de dérives invraisemblables dans cet accaparement de richesses d'un autre âge et d'un mode de vie hallucinant. Des fortunes personnelles à milliards, une économie en coupe réglée sur une logique familiale (une véritable « kleptocratie » indécente qui renvoie pareillement à d'autres Saddam Hussein, en Irak mais aussi ailleurs, en Indonésie, Birmanie comme Corée du Nord ou Turkménistan et tant d'autres). Il est symptomatique qu'un premier déblocage de 15 Mds$ sur des fonds bancaires « personnels » du dirigeant libyen décidé par les USA, ait été décidé sur le vu de l'excellente impression faite par la personnalité (parfaitement intègre) du président du CNT, ancien magistrat. Tous ces chiffres donnent le tournis et on sent pertinemment que l'argent sale placé en paradis fiscal de nombre de dirigeants africains (et Londres est encore une place peu regardante, tout comme Hong Kong) voisine avec celui des circuits de drogue ou de trafics les plus divers. Même la Suisse n'apparaît guère regardante sur la récolte de tels fonds issus de personnalités bien habillées mais suspectes, proches trop longtemps d'un pouvoir autoritaire (porte-valises, prêtenoms, intermédiaires financiers, avocats d'affaires etc). Elle l'est curieusement bien davantage quand ils sont à terre ou ont disparu. « Les banques suisses pratiquent la vertu à retardement » Le Monde du 20 septembre 2011) Une banque est particulièrement à l'honneur sur ce registre douteux, HSBC en Suisse, pour ses négligences ou ses compromissions à accepter des sommes colossales dans ses coffres de la part d'individus évidemment affiliés ou affidés de régimes corrompus, venus largement d'Afrique (Tunisie, Egypte, Nigeria ou Angola etc). Les banquiers ont découvert opportunément dans leurs écritures -mais juste après la chute de ces dirigeants- des sommes de 60 M pour la Tunisie, un compte personnel de 11 M pour le beau frère de Ben Ali -un spécialiste des coups de force pour entrer dans le capital des entreprises tunisiennes, ou 410 M d'avoirs égyptiens. On peut comprendre l'urgence d'une demande d'entraide judiciare à la suisse pour une juste récupération de ces sommes sur une douzaine d'établissements et l'ardente recommandation aux banques -à toutes les banques- de refuser l'argent des PEP notoires (personnes venant de pays où la corruption est notoirement endémique). L'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a en tout cas de singuliers progrès à faire pour dissuader ces dirigeants corrompus ou leurs émissaires (exemple de Hussein K; Salem financier honorable du président Moubarak et intermédiaire fort bien accueilli en Suisse pendant des décennies, arrêté en Espagne puis jugé par contumace pour corruption et enrichissement illicite, comme le raïs et ses deux fils. 25 Le lancement bien laborieux de procédures judiciaires en France pour biens mal acquis de certains présidents africains -ou de leurs proches- apparaît comme un coup de gong salutaire mais en réalité mal engagé, tant les détours, les écrans, les structures juridiques d'appui sont délicats à pister. La récupération des châteaux acquis en France par l'ancien président devenu empereur Bokassa 1er en Centrafrique illustre, dans un temps pas si lointain des années 70, les dérives du pouvoir d'un ancien sergent-chef qui força le monde -et en tout cas la France à travers son ministre de la Coopération impassible mais effaré- à assister à un sacre hallucinant dans son royaume. Sans doute largement subventionné par les contribuables français. Les commentateurs se rappellent l'impact dévastateur, lors de la campagne présidentielle de 1981, des « diamants » de Bokassa offerts au président sortant, cadeau d'une grande époque d'amitié voire de parentèle, recherchés avec quelque inquiétude et jamais vraiment retrouvés. Epoque surréaliste pour un autre pays voisin, également sanguinaire, celui de l'Ouganda du président fantasque Amin Dada qui se faisait fort de terrasser tous ses adversaires y compris ses propres ministres, et de les manger. B/ Une aide bienvenue des pays émergents- au premier rang desquels la Chine, l'Inde et maintenant le Brésil- qui prennent toute leur place, mais non sans arrière pensée, mais cet entrisme est contesté -l'arrivée de la Chine qui fait ses emplettes partout où il y a des minerais et métaux à acheter (cuivre en Zambie, bauxite en Guinée pour une exploitation long terme pour 7 Mds$, et bien sûr pétrole dans le golfe de Guinée, au Soudan ou en Algérie ou dans le secteur du bâtiment). Sans parler de location de terres à long terme à Madagascar et ailleurs, initiée par la Chine ou la Corée du Sud (le tiers de Madagascar est visé en 2011, au grand émoi des populations locales). C'est ce pays qui contribue à cautionner des régimes contestables et à conforter leur aura locale, au besoin -non sans arrière pensée, cet activisme étant jugé arrogant et à retombées d'abord unilatérales (des équipes chinoises jouant l'isolement, un matériau exporté directement et peu traité sur place, sans relais pour la main d'oeuvre locale). Les autorités en reviennent de ce partenariat envahissant, que ce soit en Algérie, en Zambie ou Zimbabwe, au Congo Brazza et RDC ou même en Libye où les chinois ne semblent plus être à l'honneur et font profil très bas, après une évacuation et un renvoi de plus de 6000 salariés. La victoire des insurgés au Maghreb peut faire ouvrir la porte des pays amis comme la France avec de fructueux contrats en perspective et une implantation de TOTAL prenant en Libye le pas sur l'italien ENI ou le groupe chinois CNOOC dont les salariés ont été molestés et les installations sérieusement endommagées. -Pour autant, il faut se satisfaire que le discours en vigueur aujourd'hui des autorités françaises soit bien de jouer une carte de coopération de long terme, confiante et transparente au profit d'un pays courageux qui n'a cessé de jouer la cohésion des trois régions soudées sous le même drapeau. « Nos entreprises ne viennent pas pour vendre des produits et retourner ensuite en France, mais pour travailler sur le long terme avec vous et offrir un avenir à vos jeunes » selon le ministre du Commerce extérieur conduisant récemment une délégation de chefs d'entreprise français (Le Figaro Economie du 13 octobre 2011) « On est venu non pas signer des contrats mais ouvrir des discussions, filière par filière, pour répondre aux besoins les plus urgents de la Libye ». Raison garder pourtant: la relativité de la géostratégie fait que la production pétrolière de la Libye est descendue à 0,4 mbj suite aux événements contre 1,6 en régime de croisière. Pays producteur non négligeable qui assurait quasiment le tiers des approvisionnements de l'Italie mais resté modeste par rapport à d'autres plus imposants (Arabie 26 saoudite ou Russie à quasiment 9 mbj) ou montant en puissance (Nigeria ou Congo Brazza). -le jugement critique du dirigeant malien de Microsoft Africa (interview déjà évoqué) est sans appel sur ce point de l'entrisme des pays émergents sur le continent, au premier rang desquels la Chine, qu'il qualifie de désastre. En aucun cas, pour lui, l'Afrique ne doit devenir un atelier délocalisé de l'Asie et ce dirigeant souligne les dérives possibles au regard des oppositions existant entre les deux continents, y compris en termes de mode de pensée et de niveau de formation. « J'ai un problème avec le modèle chinois qui revient d'abord à faire du troc entre matières premières et contrats d'équipements. Les chinois ne s'intéressent pas au développement su pays hôte. A terme il faudrait connaître les retombées, les transferts de savoir, l'initiation des partenaires locaux à l'entrepreneuriat. Notre niveau de sophistication en matière de formation n'est pas le même, et on serait peut-être réduit à des processus industriels rudimentaires. Au lieu de prendre ce que les chinois ou les Indiens délaissent, il vaut mieux se focaliser sur ce qu'on a, à savoir transformer les matières premières sur place et les échanger déjà localement. Il y a là un gisement de croissance. » Illustration exemplaire avec ce Zimbabwe évoqué à plusieurs reprises, largement investi par la Chine qui a fort peu de scrupules face à ce régime quasi dictaorial, singulièrement instable et encombrant qui a multiplié les erreurs de gouvernance gestionnaire au service de ses affidés incompétents à travers l'expropriation brutale des plantations des fermiers blancs, en provoquant tout simplement la famine et le chômage généralisé dans les populations noires. Un modèle devenu paria de la communauté internationale en 30 ans, dégringolé pour son IDH de la 52è place à la 151è, alors que l'espérance de vie s'est réduite depuis 1987 (accession à la présidence de Robert Mugabé) de 59 à 37 ans. La Chine achète principalement du tabac et des minerais et est devenue quasiment son premier soutien sans état d'âme. Les affaires sont les affaires mais cet exemple de gouvernance partisane et « kleptocrate » est insupportable en ce début du 21è siècle (Questions internationales n°41 janvier-février 2010 La Documentation française) C/ Ce somptueux continent ne peut être laissé à la traîne de l'enrichissement mondial: l'enjeu est pour lui la stabilisation d'une classe moyenne, la sortie de l'extrême pauvreté et l'éducation -l'atonie actuelle de la croissance occidentale y compris aux USA, est un singulier revers ou handicap face à des taux de croissance bien plus enviables en Afrique comme en Asie (souvent de +5 à 7%) et doit être pesée en terme de contraste. C'est une donnée qu'on méconnaît trop dans son impact de long terme (une croissance soutenue depuis plus de 10 ans). Ce sont les fonds souverains de certains pays nantis par le sol qui peuvent prendre la relève. Ils sont asiatiques ou moyen orientaux voire d'Afrique du Nord. Ils semblent privilégier les actifs réels et solides, comme des investissements structurants et des équipements visibles. L'Afrique devient un terrain de choix qui n'est pas contestable. Des projets de longue haleine, initiés en liaison avec des pouvoirs politiques plus vertueux, deviennent urgents et crédibles, tant les besoins sont immenses. Les pays dits du Sud sont en train de s'impliquer dans une démarche afro-asiatique voire afro-africaine. « Et si le Sud lâchait le Nord », souligne l'en tête de Enjeux Les Echos de mars 2011, un Sud emmené par les pays émergents parmi lesquels il faudra bien compter au-delà de l'Afrique du Sud, des monstres comme Nigeria, RDC ou même une Egypte apaisée . -constat d'autant plus encourageant si la jeunesse, aussi exubérante et passionnée par le chant, joue l'espoir et le progrès, dans des pays nouvellement considérés comme phare comme la Guinée devenue plus démocratique. « Chanter malgré les guerres » pour la guinéenne Sia Tolno, artiste et témoin d'une Afrique qui lutte et veut se reconstruire » Le Monde du 20 septembre 2011. Destin exemplaire que celui de cette artiste de 35 ans, une kissi- peuple de la forêt et non une peule, 27 née aux confins du Liberia et Sierra Leone qui a été ballottée au gré des guerres civiles et de la misère issue d'un pouvoir dictatorial. Son père enseignait le français mais elle chante en anglais appris de son adolescence à Freetown. Enfant battue, elle se raccrochait à la vie en écrivant textes et poésies. Elle joue l'espoir avec l'élection récente d'un Alpha Condé dans des conditions les moins contestables. Malgré son sous sol qui regorge de richesses, la Guinée est dans un grand dénuement. « Depuis 5 ans, on a manqué d'électricité, d'eau, de toutes les choses dont doit profiter l'être humain. » dit elle avec un grand éclat de rire. « Car si vous allez dans les maquis à Conakry ou au bord de la mer, vous verrez que la Guinée vit, qu'il y a des centaines de talents, des jeunes qui travaillent leur voix, jouent de la kora, même si apparemment rien ne bouge pour le moment. » Voilà une jeune femme caractérisant le renouveau de l'expression africaine par le chant (digne héritière des orchestres régionaux de Sekou Touré qui se voulait le leader des indépendances africaines) qui n'est pas seule à s'en prendre aux forces qui écrasent, au sexisme, aux abus sexuels, aux mariages forcés. Sayon Bamba, une Mandingue aux airs de loubard et à la voix d'or, fait un constat similaire. L'Afrique est éviscérée, et si peu respectée, y compris par les Africains... » Cette amie, installée à Bruxelles y a rencontré le patron du festival francilien Africolor et du label Cobalt qui la produit. Elle vient de lancer en Guinée une ardente campagne nationale contre l'excision. -l'endettement actuel de ces mêmes pays développés est une source redoutable de fragilité voire d'impuissance nouvelle face à ce basculement du monde vers l'Asie certes, mais aussi vers cette Afrique séductrice: et si le Sud (qui est porteur avec la seule Chine de créances publiques considérables sur les USA -au moins 2000 Mds$ en obligations américaines et un total de 5000 Mds comme trésor de guerre issu de ses excédents commerciaux) s'intéressait moins aux obligations dites souveraines en euros et lâchait le Nord pour se focaliser sur ses propres projets? On peut déduire que l'eldorado africain, avec ses besoins sur long terme, est un théâtre d'opérations d'envergure qui peut mobiliser des milliards$ et permettre de substantiels retours, pour autant que ces initiatives soient relayées par des professionnels un minimum formés, que des procédures d'appel d'offres ne soient pas dévoyées avec des surfacturations en route, et et que des tableaux de bord de suivi d'exécution des opérations soient scrupuleusement pointés. Ce type d'aide au développement est de la même essence que les circuits de subvention issus de Bruxelles ou de gros établissements publics français dans des domaines d'envergure (exemple en France pour l'Agence nationale de rénovation urbaine qui peut contribuer pour plusieurs dizaines de millions€ à une seule opération, comme celle de la rénovation urbaine de Pointe à Pitre en Guadeloupe). Des mécanismes de contrôle de l'utilisation effective des fonds sont bien bordés dans un pays comme le nôtre, même si les travaux sont à des milliers de km. -l'aide publique au développement -fort chichement comptée d'ailleurs- doit préserver son utilité évidente sur des investissements lourds et intelligents: le rôle pédagogique du FMI comme de la Banque mondiale doit y veiller, en écoutant davantage la culture propre de ces pays, sans recourir à des outils trop technocratiques, et en évitant les dérives issues de processus de libéralisation trop cliniques. « les donateurs demandent aux pays aidés de s'adapter aux instrument qu'ils utilisent plutôt que d'adapter les instruments aux réalités et aux contraintes des contextes locaux ». Mais la suppression d'une partie de la dette des PMA (obtenue par exemple grâce à un Tony Blair) est recevable en soi mais n'est pas un viatique indéfini. Et à tout le moins, on peut exiger de sérieuses contreparties en termes de gouvernance vertueuse. L'utilisation de ces fonds est source trop souvent de dérapages et d'évaporation sans vergogne, à l'époque déjà de l'ancien directeur général de la BM, Paul Wolfowitz qui s'affichait pourtant comme le chantre de la vertu (avant qu'il ne soit révoqué pour conflit d'intérêt en interne), un dirigeant apparemment bien éloigné des pratiques locales rapidement embourbées. Il devait constater des circuits de commissions occultes et des détournements manifestes, contraires aux procédures de la 28 Banque mondiale (exemple en RDC en 2008, lors d'une visite qui a dû le laisser pantois, devant une situation où la procédure de fonds dits en appui budgétaire qui sont sans contrôle connaissent toutes les dérives imaginables (passation de marchés irrégulières, « primes de présence » de plus de 50 000$ sans doute pour quelques conseillers techniques, surcoûts qualifiés d'obligés, surfacturations, « cadeaux de fin d'année », utilisation de fonds à usage privé. Certains contrats routiers de plus de 30 M$, avec délai d'exécution de 18 mois n'ont même pas été réalisés à moitié, quelque 3 ans et demi après leur signature. La réfection de l'avenue de l'université à Kinshasa a coûté 1 million $ par kilomètre et est redevenue impraticable. Aucune suite administrative connue ni judiciaire n'a été engagée, aucun remboursement. Au demeurant, « les conclusions de l'enquête en cours présentées au gouvernement n'ont pas vocation à être rendues publiques » déclarait le chargé de » communication de la Banque mondiale. Exemple singulier de transparence exigée pour les autres! -on ne peut oublier bientôt la présence de ces 2 Milliards d'individus aux portes de l'Europe d'ici une génération (dont quasiment la moitié de jeunes), et des conséquences afférentes (besoin de 50 millions d'emplois d'ici 40 ans dans les pays du pourtour de la Méditerranée) et comprendre leur incitation à comparer les niveaux de vie et la qualité de la protection sociale. L'idée d'un cénacle ou sommet régulier sur l'enjeu de la solidarité méditerranéenne (Union de la Méditerranée ou pour la Méditerranée, quel que soit le nom ou la localisation du siège- ce fut Barcelone qui fut choisie) est pertinente tant les intérêts sont convergents. Et la double présidence originelle de la France et de l'Egypte était également pertinente. Les flux migratoires mieux régulés sont à ce prix (les îles grecques sont devenues une vraie passoire et des centaines d’Africains campent par ailleurs au bas des murailles des enclaves de Ceuta et Melilla en face de l'Espagne. Quant au flot de 30 000 réfugiés de la peur et de la misère par an, échoués sur l'île italienne paradisiaque de Lampedusa, il n'est pas une réponse adéquate au lancinant problème d'emplois à créer. Vrais emplois à imaginer, à organiser, à fidéliser, et pas seulement dans les secteurs déjà porteurs, mais à connecter aux enjeux du développement durable et à la protection de cette mer intérieure, de sa qualité et de ses poissons. Le point de focalisation sur le seul secteur puissant des hydrocarbures en Algérie est un prochain défi saisissant pour le pouvoir algérien après l'ère du président Bouteflika. Une agriculture à faible productivité sinon à la dérive sans aucun rapport avec les rendements de l'époque de « l'occupation », un secteur bâtiment peu fiable et gangrené, un tourisme singulièrement hésitant (rien à voir avec ses deux pays limitrophes tout comme avec l'Egypte dont la croissance enviable s'est fortement appuyée sur le tourisme, d'où une annus horribilis en 2011, conséquence des mouvements politiques intervenus). Or un touriste venant en Egypte avec une dépense de 15$ par jour fait vivre un autochtone presqu'une année. -mais ce continent continue d'offrir aussi la vision d'Etats voyous quasiment incontrôlables -sans aucune structure publique digne de ce nom où seule la force brutale et inculte compte- qui pointent les menaces les plus tangibles pour les investisseurs ou touristes (plateforme de drogue colombienne pour la Guinée -en tout cas longtemps- et la Guinée Bissau, un Etat sans aucune structure; ou ailleurs la côte somalienne livrée sur des milliers de km aux pirates de plus en plus entreprenants (un millier de prisonniers seraient détenus dans l'arrière pays en attente de rançon), enjeu d'une gravité telle que la Chine elle-même apporte son concours « militaire » pour surveiller cette zone gigantesque aux côtés d'autres navires de guerre. Car c'est une guerre face à des professionnels qui en font leur métier. Des stages de piraterie sont d'ailleurs organisés par des professionnels qui enseignent cet art, toute une symbolique. Car l'Afrique est la plate forme internationale des armes de tout calibre, qui émanent de tous horizons et circulent sans contrainte y compris en interne (ex bloc soviétique, ex URSS, une Somalie sans Etat livrée aux chefs de guerre ou en Irak, dans les pays d'Asie centrale, et 29 évidemment Yémen, Pakistan ou Afghanistan. « Il est plus facile et moins coûteux dans maints pays africains, de se procurer une kalachnikov qu'une boîte d'antibiotiques non périmés et non contrefaits ». La circulation de volumes d'armes gigantesques est aujourd'hui relayée, au Maghreb comme au Sahara, par les énormes stocks en Libye, récupérés et pillés par les insurgés au cours de plusieurs mois de 2011. La remise ou la neutralisation de toutes ces armes parfois sophistiquées (y compris des missiles sol-air très inquiétants avec des stocks de munitions) est un vrai défi pour un pouvoir de transition qui affiche une vocation civile. Reventes d'armes automatiques, de milliers de boîtes de cartouches, de centaines d'engins ou bombes, de missiles même, pourraient faire l'affaire de bien de circuits détournés, dont notamment Al Qaida. -le rôle des ports est évidemment crucial comme relais des communications et des échanges les plus visibles. Un groupe français comme ACCOR dans l’hôtellerie ou plus nettement encore BOLLORé s'est investi fortement dans la gestion de la plupart de ces ports gigantesques africains, porte d'entrée obligée des terres et plaque tournante d'une mondialisation qui ne s'arrête pas aux seules zones côtières et s'appuie sur des millions de containers normalisés. Le contrôle des ports clé du golfe de Guinée est une carte maîtresse pour la France et son influence -en termes objectivement professionnels- mais on imagine avec le temps les accointances qu'il a fallu entretenir et rémunérer. On comprend la grande inquiétude de certains lors de l'arrivée enfin victorieuse du président Ouattara en Côte d'Ivoire, et l'obligation de composer avec le nouveau pouvoir, après des années de bonne entente avec le président déchu. Les affaires continuent.. Bon point donné à ce nouveau président investi le 21 mai 2011, dans la désignation successive de responsables en Côte d'Ivoire, dans les postes économiques comme en territorial, au nom d'une volonté de décentralisation. Il semble que les compétences avérées l'emportent sur le reste et que les hommes et les femmes désignées soient de grande qualité comme le ministre des finances depuis 6 ans, rallié au nouveau président, pièce maîtresse pour le rétablissement de la stabilité financière, le président de la Commission électorale indépendante qui avait déclaré avec courage vainqueur le président Ouattara, la ministre de la Salubrité urbaine (Port autonome d'Abidjan, Chambre économique et sociale, procureur, préfets ou gouverneurs territoriaux de district). (Jeune Afrique n° 2651 du 30 octobre 2011). Le pays entame une vraie renaissance et refondation après une décennie de crise sur une obligation de réussite de la réconciliation. La désignation de Guillaume Soro comme Premier ministre et ministre de la Défense, personnage controversé et ancien opposant au président, mais rallié essentiel lors de l'élection présidentielle, illustre une volonté de partage du pouvoir et d'équilibre des forces dans le pays. La refonte des forces de sécurité et le désarmement des ex-rebelles est une tâche clé à poursuivre en liaison avec le ministre de l'intérieur. Les élections législatives de fin 2011 devraient consacrer une nouvelle page de l'histoire de ce pays anciennement très proche de la France et le conforter dans un rôle de stabilisation de cette zone du Golfe de Guinée. Les retours de grands dirigeants aux affaires (comme exemples, le président du Conseil national des sages de la filière café-cacao -lui-même riche planteur de 2000 ha de cacao)- ou le PDG d'un groupe influent d'investissement mais ancien partisan du président déchu (finance, négoce, agroalimentaire, sécurité) montre la volonté de jouer une carte positive dans cette nouvelle aventure. Le cours du cacao en croissance en cette fin 2011 est de bonne augure. Conclusion *un continent particulièrement ballotté et meurtri dans les décennies récentes, avec un processus de décolonisation qui est venu très vite, trop vite, sans relais suffisant des structures administratives animées par une fonction publique localement bien assise. Des constats parfois accablants de dérive autoritaire et d'asservissement des populations, dans un climat de cruauté que l'on croyait révolu (Guinée, Ethiopie du Negus rouge après l'assassinat du roi des rois » Hailé Sélassié, à compter de 1973 lui qui était roi d'Abyssinie descendant de la reine de Saba, le Zimbabwe du libérateur de la 30 Rhodésie du Sud à compter de 1980, le Tchad sanglant de Hissen Habré -toujours réfugié dans un pays ami- ou encore le Soudan sous férule militaire d'un général-président poursuivi par la Cour internationale de Justice mais qui n'en a que faire. *un processus trop fréquent d'accaparement éhonté des richesses par une coterie autour du leader président, encourageant une fausse stabilité politique et des tensions sociales récurrentes, d'autant plus vives quand elles se doublent de haines ethniques non dissimulées (6è mandat au Cameroun ou encore la longévité remarquable en Angola, et bien évidemment l'exemple du Gabon depuis 1967). L'alternance politique doit être saluée à chaque fois qu'elle est pacifique mais les vieux démons semblent réapparaître bien souvent. L'exemple du Sénégal (illustre par la force de personnalités marquantes comme Leopold Senghor ou Abdou Diouf, grand défenseur de la Francophonie) avec aujourd'hui un président issu de l'alternance, soucieux d'abord de transmettre ses pouvoirs à son fils -contre la volonté populaire- est l'exemple de cette fragilité qui vaut pareillement pour les structures de services publics largement défaillantes (pannes d'électricité fréquentes, cherté de prix agricoles, corruption partout dénoncée, dégradation du cadre de vie et des habitations, difficulté à se loger dignement etc) . Et pourtant l'actuel président Wade est un dirigeant intelligent et avisé, féru de culture occidentale. « Un autre Sénégal est possible! » souligne Courrier international du 15 septembre 2011 en évoquant la popularité d'un groupe de rap Keur gui qui mobilise le mouvement Yen a marre et rappelle le désarroi et la « fatigue » de la jeunesse laissée pour compte dans trop de provinces défavorisées. Absence de démocratie, d'Etat de droit, de conditions de travail décentes sur de vrais emplois face à des situations individuelles d'enrichissement arrogant, une corruption obligée et le paiement permanent de passe droit, autant d'ingrédients pour un contexte explosif. *une espérance à mieux capitaliser: la manne pétrolière, objet encore trop souvent de distributions opportunes de subsides à la population pour la séduire ou la calmer (Afrique du Nord, monarchies pétrolière du Golfe y compris Koweit ou Barhein et bien sûr Arabie Saoudite), ne semble plus suffire à satisfaire les aspirations d'une jeunesse mieux éduquée -souvent imprégnée de formation à l'occidentale- et consciente des inégalités et du « plafond de verre » pour mener une carrière sur le seul fondement de ses mérites. La proximité des cercles de pouvoir, l'appartenance à une « famille » proche du président ou d'un ministre, l'acceptation au besoin d'une entrée dans une secte jugée facteur de solidarité et d'affinités renforcées (exemple donné au Cameroun, ce qui semble fortement inquiéter l'Eglise catholique2, sont des adjuvants autrement plus efficaces que la réussite plus ou moins improbable à un concours. La vitesse d'explosion du « printemps arabe » au début 2011 dans 3 pays voisins mais singulièrement différents (en réalité 6 ou 7 si on y ajoute le royaume du Maroc embarqué dans un processus original sans perte d'influence du Commandeur des Croyants, ou encore le Yémen voire le petit Barhein- sauvé par les chars de l'Arabie Saoudite- et la Syrie soumise à une répression sanglante) est une alerte sérieuse pour d'autres dirigeants peu soucieux d'ouverture démocratique, et d'acceptation d'un vrai rôle à l'opposition. On est certes ici déjà au Moyen Orient mais c'est si contigu de l'Egypte, Soudan ou de la Somalie et les pratiques de conservation du pouvoir sont si analogues... « Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument » (Montesquieu) L'enjeu est bien dans cette confrontation-combinaison avec un pouvoir central (qu'il soit royal, militaire, présidentiel reconduit ou instauré à vie ou tout comme,), bien dans une nature monarchique ou tribale (le chef père de ses enfants concitoyens tel que l'a symbolisé le président Bongo ou encore le général président Moubarak digne héritier d'un Nasser en méritant le titre de raïs), avec des pratiques démocratiques faisant toute la part au Parlement et à son droit à lever l'impôt et à contrôler l'usage des fonds publics. Cela vaut pareillement pour les mécanismes de contrôle des sommes versées par les institutions 2 31 internationales comme Banque mondiale ou FMI. La manière dont plus d'un versement a été dévoyé, dilapidé, dénaturé, utilisé à des fins plus personnelles est toujours accablante, et de temps en temps associée à une bonne foi étonnante. La confusion entre argent public et fortune privée (pétrolière notamment) dévolue à la famille régnante (exemple type pour les monarchies pétrolières du Golfe mais maintenant aussi en Afrique noire) est une ambiguïté considérable devant le besoin de faire prévaloir la notion de budget public transparent et susceptible d'être efficacement contrôlé. Le recours à des organes de type Cour des comptes ou Cour de discipline budgétaire devient le levier moderne pour attester d'une utilisation vertueuse de l'argent public, quel que soit son origine (et tant mieux si les ressources de l'Etat émanent largement de la manne pétrolière), telle que débattue et votée par les représentants du peuple. La vertu exigée doit donc venir d'en haut. En matière constitutionnelle, on pourrait aussi imaginer une présidence systématiquement limitée à deux mandats (comme au Sénégal), comme aux USA, Russie ou France. Le débat démocratique n'en prendrait que plus de relief, avec de nouveaux venus et de nouvelles voix sur la scène politique. Le destin d'une Afrique davantage pacifiée viendra de ses cadres cultivés ayant atteint la quarantaine, moins ou pas du tout impliqués dans les liens douteux de la Françafrique, pénétrés de préoccupations environnementales, évidemment sensibles à l'exigence de redistribution des retombées de la croissance. Le versement de pots de vin systématiques pour l'obtention de certificats administratifs ou extraits de papiers d'identité n'est plus supportable pour la jeune génération qui n'accepte plus cette révérence aux us et coutumes liés à un ordre ancien, à des sphères de pouvoir népotiques qui n'en appellent pas au mérité mais à l'appartenace à une « familmle », à un clan. Il leur faut entrer pour certains dans l'arène politique, en devenant des élus modernes avec des accents portés sur davantage de rigueur et d'écoute des besoins de la population. Le manque d'instituteurs dans les pays en développement -soulignée par l'UNESCO- est une interrogation sérieuse pour accompagner des millions d'adolescents sur la voie de la culture et de l'apprentissage des vertus civiques -et non plus seulement claniques. ANNEXE: UN DRAME AU COEUR DE L'AFRIQUE Le conflit des Grands Lacs en point de mire, les richesses de la RDC (ex Zaïre) Synthèse de l'épouvante: *10 ans de conflits depuis 1997 en RDC, une insécurité récurrente en réalité depuis 15 ans dans tout l'est du pays, suite à «l' invasion » à compter de l'été 1994 de combattants hutus poursuivis pour génocide depuis le Rwanda par les forces tutsis du FPR du président vainqueur Kagamé arrivé de l'Ouganda voisin (et toujours au pouvoir). Plus de 100 000 personnes par jour franchissant la frontière vers la ville congolaise de Goma dans un chaos indescriptible, femmes, enfants mais aussi milices livrées à elles-mêmes et se noyant dans la foule, et autres forces militaires hutues, armées mais désorganisées et sans chef, certaines d'une vengeance implacable venue de Kigali, qui s'affiche 32 en nouveau pouvoir fort heureux de cette « exportation » vers la RDC de forces hutues toujours potentiellement menaçantes pour un régime à ossature fragile (rappel que les tutsis forment 10% de la population) *la RDC, un pays central et majeur; une fragilité politique dramatique avec la prise de pouvoir par le président Joseph-Désiré Kabila père, renversant en 1997 l'ancien dirigeant Mobutu, sa gouvernance inconstante et soupçonneuse, ses erreurs de management de ses alliés (il avait renvoyé tous ses ministres tutsis) puis son assassinat en 2000 qui ouvre la voie à son successeur actuel, son fils, qui reprend le flambeau dans la précipitation, mais sans formation, sans culture militaire, découvrant l'immensité de la tâche, et d'abord la « libération » de son territoire immense *jusqu'à 7 forces armées issues des pays riverains, les unes pour investir la région, les autres pour venir en soutien au pouvoir central de Kinshasa (comme l'Angola ou Namibie); mais partout des exactions des rebelles et des milices -hutues ou tutsi, congolaises Maï Maï- et la terreur au plus haut niveau pour marquer son territoire, même circonscrit *un drame effrayant contre les populations civiles dans la durée: 4 millions de morts sans doute *une tragédie pour 5 à 6 millions de populations déplacées *une impossibilité évidente de cultiver la terre et de stabiliser les circuits de production, ce qui condamne pareillement l'approvisionnement des villes (on ose imaginer la cherté des prix ou le « paiement » en nature des denrées de base pour des files de réfugiés civils en mal de camp protégé. Protégé mais par qui ? Les enfants peuvent être kidnappés en permanence pour servir de petites mains, enfants soldats ou esclaves sexuels, au gré des rencontres et des poursuites en pleine brousse *une déscolarisation quasi générale *des forces de l'ONU enfin bienvenues (la MONUC qui deviendra MONUSCO, pour souligner le rôle de Mission de stabilisation du Congo RDC suite à la Résolution du CS n°1925), mais finalement bien peu nombreuses avec 22 000 Casques bleus issus de 47 pays, totalement désemparées et impuissantes qui risquent leur vie (les engins terrestres embourbés fréquemment; des routes difficilement surveillées, un « ennemi » invisible et mobile qui fait le coup de main) *une paix précaire; des « forces » d'occupation (Rwanda ou Ouganda) voyant dans cette incursion en territoire voisin, également une aubaine pour se dégager de la contrainte de leur densité, comme pour peser sur l'équilibre régional (posture évidente du président rwandais Kagamé, le général tutsi vainqueur final en 1994). Après tout, les régions richissimes de l'Ituri et de Kivu ont toujours été tentantes -et faiblement peuplées et jadis, des populations hutues du Rwanda y avaient émigré, parfois par force pour y travailler (à l'initiative des Belges puis avec l'accord de Mobutu qui leur a accordé la nationalité, pour aider à se concliler cette région difficile) *une impuissance notoire de l'Etat congolais très lointain (localisation de Kinshasa) et des forces de l'ordre largement corrompues mais aussi souvent non payées (la soldatesque congolaise est pareillement responsable de multiples viols sur la population civile qui la craint pareillement) *10% environ estimé de retour fiscal, chiffre effarant, ce qui illustre l'exploitation anarchique et illégale des ressources qui est le fait général émanant de « commandants » locaux qui exploitent le sous sol et asservissent les populations locales (enfants soldats réutilisés à ces fins d'exploitation et de logistique; esclavage sexuel) *on mesure le poids de la corruption ordinaire et des trafics en tout genre, là où seule la force brutale- et notamment militaire, qu'elle soit loyaliste ou non, semble l'emporter par son efficacité *des ressources stratégiques essentielles comme le coltan ou la cassitérite en plus du chrome ou du cobalt, du niobium ou du platine et la grande difficulté à faire certifier les volumes produits comme autorisés donc légaux. L'évacuation illégale de telles productions franchit les frontières vers l'Est justement par le Kenya (port de Mombasa) 33 en toile de fond -un ensemble de tensions d'une grande complexité dans lesquelles le pouvoir « blanc » retrouve très mal ses repères, tout comme les forces de l'ONU supposées être d'interposition et de pacification (beaucoup de pakistanais): l'ancienne puissance colonisatrice belge n'a rien fait pour empêcher une telle escalade, elle y a même contribué par son silence plus ou moins approbateur et personne en réalité ne s'est vraiment offusqué que les cartes d'identité faisaient soigneusement mention de l'origine ethnique au Rwanda. Base de travail démoniaque pour pister les futures victimes et dresser des listes de voisins à éliminer à la machette principalement. Et quant à aider à promouvoir une paix durable dans toutes les régions de cette opulente RDC, c'est une singulière gageure qui est d'abord l'affaire des Africains, eux-mêmes développant des stratégies différentiées et pas nécessairement convergentes. La réconciliation surprise entre RDC et Rwanda contre un ennemi déclaré commun pour enfin le neutraliser et permettre son arrestation, le général tutsi « insurgé » Laurent Nkunda -un aventurier plutôt illuminé-, ulcéré de s'être vu confirmer le refus de sa nationalité congolaise, s'indignant de l'insuffisante protection des populations tutsies minoritaires est un élément supplémentaire de ce puzzle complexe qui s'est ajouté aux désordres de cette région. Il a multiplié les coups d'éclat et les tueries dans l'Est du pays pendant de longs mois jusqu'à la fin 2008 -soit plus de 4 ans après la fin supposée des combats-, sans cacher sa volonté de marcher sur Kinshasa et de faire tomber le régime de Kabila. -le prolongement d'un processus de décolonisation au Congo belge depuis 1960 s'est déroulé dans un climat particulièrement violent et revanchard, avec des tentations marxistes évidentes et des expropriations brutales -alimentant ce climat de violence- et des exécutions sanglantes d'exploitants blancs, femmes et enfants. La haine du colon blanc à cette époque renvoie à un passé pas si lointain où cette terre immense du Congo était la propriété personnelle du roi des Belges Léopold II jusqu'en 1908, date de sa mort puis affectée comme colonie à l'Etat belge. Les expérimentations de toutes sortes dans les années 1890-1900 contre les populations noires sur un territoire réservé, l'exploitation éhontée au travail, les sévices et vexations initiées par le roi lui-même Léopold II, les décès enregistrés [obligeant à l'envoi d'une commission parlementaire sur place qui est revenue accablée] ont terni durablement la réputation de cette nation belge devant l'opinion internationale et ne manquent pas de provoquer encore une sérieuse gêne. -l'enracinement du pouvoir du « libérateur » Mobutu et sa longévité pendant 30 ans se sont développés en rupture avec l'Etat belge, et expliquent notamment la « zaïrisation » de tous les noms de toutes les villes (Léopoldville était devenu un nom honni) et l'expropriation brutale des sociétés et terres, puis le processus d'expropriation forcée de certains actifs détenus par des Blancs. -des enjeux de territoires évidemment -et de nationalité- qui découlent de l'occupation de populations importées qui y travaillaient et vivaient de cette terre. Les frontières politiques d'après 1960 sont fragiles et même incertaines, aspect déterminant par rapport à l'implantataion historique beaucoup plus lâche et mobile. Des flux massifs de migrations au Nord est de RDC ont eu lieu et ne pouvaient que perdurer avec des contours flous entre RDC, Ouganda et Rwanda, ne serait ce que pour desserrer une surdensité explosive et jouir de ressources minières opulentes. Les alliances ethniques et mieux encore tribales entre familles se jouent des frontières (exemple historique des deux villes en vis à vis, Brazzaville et Léopoldville, devenue Kinshasa dont les populations fréquemment parentes sont très soudées de part et d'autre). Le cas de la région immense de l'Ituri plus au nord, qui a compté au moins 500 000 personnes déplacées déjà entre 1999 et 2004 illustre le rôle fort duplice de l'Ouganda voisin qui s'est approprié un large contrôle de ces terres minières, par groupes armés rivaux interposés dont elle attiste à son profit les antagonismes, notamment d'origine foncière entre les deux ethnies Hema et lendu (majoritaire). Le contrôle de la terre, voilà l'ingrédient essentiel des oppositions de nature vitale 34 entre ethnies historiquement mobiles et volontiers déplacées qui s'estiment légitimes là où elles se trouvent. La terre agricole comme la terre minière. -des conflits ethniques ancestraux particulièrement sanglants, mais qui ont connu un paroxysme en 1994 dans tout le Rwanda, offrant le spectacle hallucinant d'un massacre de masse parfaitement programmé qui s'est déroulé pendant 3 mois y compris dans les écoles et les églises. Aujourd'hui les conflits sont éclatés et sporadiques mais les escarmouches n'ont pas cessé et se sont exportés: tutsis au Rwanda contre Hutus génocidaires pourchassés au Congo voisin, tutsis congolais contre Hutus réfugiés, forces rebelles diverses et erratiques hostiles à tout pouvoir central depuis l'ère du régime Mobutu. Après tout, le successeur vainqueur de Mobutu, le président Kabila (le père de l'actuel) était un militaire, farouche opposant de Kinshasa à partir de ses bases locales réfugiées en brousse. Et la formation du « Rassemblement congolais pour la démocratie » en 1998 -qui d'ailleurs se divisera- n'était que la réaction de forces déçues par le nouveau régime qu'ils avaient aidé à l'emporter et de contestations de soldats bayamulenge contre le pouvoir de Kinshasa (congolais tutsis d'origine rwandaise). La régionalisation d'un conflit de 1998-2003 à partir du Kivu dans une véritable guerre sans cohérence ni conduite disciplinée va consolider l'occupation durable de vastes territoires pratiquement « affermés » économiquement, avec le soutien de l'Ouganda et Rwanda. C'est que les forces antagonistes en présence ne sont pas ridicules si elles savent exploiter la mobilité sur le terrain. Un chiffre de 120 000 forces à désarmer, démobiliser ou intégrer dans les lrd FARDC (forces armées congolaises) sur cette région gigantesque du Kivu, comme conséquence logique de l'Acte d'engagement de Kinshasa de 2004, signé par 6 groupes rebelles sur 7 en marquant leur volonté de déposer les armes. Pour autant d'autres ennemis aussi invisibles affichent leur présence de guerilla et s'opposent à la « reconquête » par les forces gouvernementales des villes clé du secteur comme Bukavu, avec les 8 à 10 000 interhamwe hutu et ex-forces armées rwandaises volontiers extrêmistes (les génocidaires). Sans oublier les 5000 hommes à neutraliser du général Nkunda, déjà évoqué qui se sont habitués à l'ivresse des coups de force meurtriers. -une grande difficulté à gérer la réconciliation nationale au Rwanda en raison du nombre de prévenus, plus de 200 000 (multitude de procès locaux entre villageois- les accusés voisins revenus dans leur commune pour solliciter le pardon et s'engager dans une cohabitation difficile). Le rôle encore controversé en 1994 de l'opposant en exil, général des forces tutsis bien décidées depuis l'Ouganda à prendre le pouvoir à Kigali...pour arrêter les massacres de ses frères d’ethnie ne peut être passé sous silence (aujourd'hui président). Quelle est donc la main fatale, annonciatrice des massacres journaliers de la part de hutus extrémistes et bien embrigadés, qui a armé le missile abattant l'avion des deux présidents réunis qui revenaient en avril 1994 d'une Conférence internationale actant le partage du pouvoir au Rwanda. Dossier d'investigation bâclé, disparition de pièces, certains enquêteurs magistrats français n'ont pas manqué de diriger leurs regards vers certaines forces tutsies -il fallait des spécialistes- placées en pourtour de l'aéroport. -le pouvoir actuel à Kigali émane de la minorité tutsi victorieuse par les armes, mais les tensions au sein de la population couvent toujours. Les dérives autoritaires du président après 15 ans d'exercice, certes massivement élu et réélu mais largement isolé sur la scène internationale, comme la poursuite de ses opposants compliquent le processus d'harmonie sociale et de solidarité. ET POURTANT, LA VIE REPREND LE DESSUS ET PASSE AUSSI PAR L'IMPLICATION REMARQUABLE DES FEMMES -avec 10,5 M d'habitants, le Rwanda enregistre aujourd'hui la plus forte densité d'Afrique et révèle au monde entier une évolution « féministe » extraordinaire voulue par le Président (même si ce dernier est fortement critiqué pour certaines dérives autoritaires déjà évoquées) -sa croissance du PIB est de 6% et les femmes sont désormais fortement représentées dans la vie 35 politique et économique- cas vraiment remarquable- dès lors qu'elles composaient 60% de la population après le drame de 1994, avec un meilleur équilibre aujourd'hui abaissé à 52%. Elles représentent 55% de la population active, occupent 48% des sièges du Parlement, un tiers des ministres sur des postes importants comme Commerce, Agriculture, Infrastructures ou Affaires étrangères). Courrier international du 7 juillet 2011 « Les femmes ont enfin l'occasion dans ce pays de changer de statut. Et elles ne laissent pas passer cette chance. » -Les organisations étrangères venues au chevet de ce pays largement ruiné (toutes les exploitations agricoles délaissées ou en jachère suite aux massacres et à la reprise juridique des terres) ont fortement aidé à faire évoluer les mentalités. Une réforme capitale de 1999 a permis aux femmes d'hériter de propriétés, et la terre a été progressivement managée par les femmes, avec une implication et une habileté remarquables. Le rôle des réfugiées en Ouganda ou aux USA, et rentrées au pays a été déterminant comme cette Mme Ndungutse qui a créé la plus grande entreprise d'exportations non agricoles du pays. Les paniers tressés vendus le sont dans tous les magasins Macy's avec le bénéfice d'un accord commercial permettant l'exportation aux USA sans payer de frais de douane. Ailleurs c'est le recours à des coopératives de café mises en place avec l'aide d'ONG depuis 10 ans et l'apport de l'USAID (agence des USA pour le développement international) qui offre des formations justement aux femmes et professionnalise le travail en se concentrant sur la qualité. Telle nouvelle cultivatrice se félicite de rendements qui s'accroissent, telle autre entourée de neveux et nièces orphelins, elle-même miraculée après avoir vu découper à la machette toute sa famille, est surtout satisfaite que l'aînée de ses nièces atteigne le baccalauréat en s'engageant dans des études de comptabilité. Destins nouveaux qui illustrent une volonté de s'en sortir. « Le génocide a tout changé » souligne le titre. Un modèle digne d'être imité mais après quelles épreuves! ? -la fécondité en RDC n'est pas moindre (environ 6) avec une population estimée à 70 M habitants qui évoluera au moins vers 100-120 M d'ici 2050. L'impact des massacres intervenus cette dernière décennie va inexorablement se gommer -les statistiques démographiques sont difficiles à valider dans un tel pays soumis à tant de déplacements, et la maîtrise de ces provinces intérieures est la principale pierre d'achoppement d'une vie civique digne de ce nom, avec des pouvoirs régaliens jugés minima, et des forces de l'ordre, fiables et correctement payées. La pacification de cet immense pays et le destin de son armature administrative représentent des défis majeurs de la paix au centre de l'Afrique, et d'une croissance économique significative et maîtrisée (investissements durables et non anarchiques, amélioration des retours fiscaux, lutte contre les extractions illégales et l'exploitation anarchique par des groupes armés qui doivent être désarmés ou réinsérés dans l'armée nationale régulière. Singulier pari que de croire en une obéissance civique de tous ces soldats enrôlés sous des bannières évolutives, au gré de leurs intérêts, puis livrés à eux-mêmes. Ce feu diabolique sous les cendres couve toujours et ce n'est pas une paix formelle acquise a priori depuis le début de 2003 qui suffira à pacifier le pays, les rapports entre voisins déplacés, à réinsérer des pratiques de travail agricole organisé, à faire fuir la peur des civils femmes et enfants, traumatisés par tant de brutalités gratuites et de tueries moyenâgeuses. -les procédures de vote démocratique pareillement sont délicates dans tout le pays (participation financière par l'Occident et notamment la France), même si le président Kabila junior depuis plus de 10 ans, est préoccupé de sincérité, joue de la pluralité des populations (1 président et 4 vice présidents) et essaye d'établir une zone de paix avec ses voisins, en contrôlant mieux les circuits d'exploitation des minerais et leur écoulement. Ses liens toutefois avec le Zimbabwe restent troubles du fait d'un soutien ancien à Mobutu puis Kabila, notamment dans son rôle actuel de président du Processus de Kimberlé (validation et traçabilité de l'exploitation y compris au plan des conditions de travail, et labellisation des origines 36 des minerais dont le diamant pour permettre leur vente internationale) provoquent de sérieuses interrogations et une opposition notamment du Canada, lors de la décision en mars de rouvrir les ventes des diamants des deux mines de Marange, les plus productives du pays et les plus belles d'Afrique. L'armée zimbabwéenne avait investi en effet ces mines pour en chasser les mineurs en introduisant le travail forcé de civils, avec des privations, brimades et viols sur le site. Situation sociale peu enviable mais qui semble satisfaire la communauté africaine, singulièrement conciliante depuis longtemps à l'égard du dictateur Robert Mugabé, plus de 85 ans, à la tête du pays depuis plus de 25 ans, tolérant tout juste son nouveau Premier ministre Morgan Tsvangiraï, ancien syndicaliste opposant, poursuivi, molesté et emprisonné, quasi imposé en février 2009 par les organisations internationales pour permettre l'octroi de subsides indispensables vu l'état de chaos économique généralisé...Mais cette cohabitation ombrageuse marche mal et on se dirige vers de nouvelles élections dont on ne voit guère l'issue, sauf si le président songe sérieusement à envisager son départ. Courrier international du 7 juillet 2011 et « Le Pays » all Africa.com du 19 décembre 2010 et 26 juin 2011 -la grande capitale KINSHASA en RDC, déjà asphyxiée et insécure va enfler encore dans les décennies qui viennent (projection à 15 M habitants) et apparaître comme une source de difficultés considérables de gestion (urbanisme anarchique, problèmes de salubrité et sécurité sur d'immenses quartiers, de circulation, de voirie). Les investissements à venir, en termes de communication et de viabilité seront de véritables défis pour les autorités publiques. Est-il opportun de les sous-estimer aujourd'hui, si on avait l'inconscience de refuser de les projeter? Problème analogue bien plus considérable encore à LAGOS, dans ce Nigeria fédéral, considéré comme ingérable. Ce n'est pas un hasard si un ministère plein est consacré à la Salubrité urbaine, dans un pays à remettre sur pieds comme la Côte d'ivoire. Vaste enjeu parce que l'éradication des zones insalubres et mal viabilisées à Abidjan était une aubaine pour de multiples marchands ambulants et boutiquiers de fortune qui parvenaient à vivre. Qu'en sera-t-il demain, si ces échopes si communes dans les pays en développement, dans une sorte de bazar sympathique et plutôt anarchique, ont disparu ou ont été définitivement chassées, suite à urbanisation propre? 37