Le domaine de la motricité fine

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Le domaine de la motricité fine
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Le domaine
de la motricité fine
Le domaine de la motricité fine traite d’une réalisation importante dans
la vie des nourrissons et des jeunes enfants, soit l’utilisation des mains
pour atteindre, prendre et manipuler avec précision. En effet, ces
habiletés sont utiles tout au long de la vie. Elles permettent à l’enfant de
tenir une fourchette, d’insérer des clés dans les serrures, de tourner les
pages d’un livre, de dessiner ou d’écrire. Toutefois, avant de maîtriser ces
actions motrices plus élaborées, l’enfant doit acquérir des habiletés motrices de base qui figurent dans cette partie du curriculum. Le domaine
de la motricité fine comporte deux niveaux : le niveau A : Préhension et
manipulation, et le niveau B : Utilisation fonctionnelle de la motricité
fine. Le niveau A dépeint la séquence de l’acquisition des mouvements
volontaires des mains et des doigts. Le niveau B met l’accent sur l’utilisation de ces nouvelles habiletés pour tourner, assembler, actionner des
objets et reproduire des formes écrites.
Le développement de la motricité fine facilite la compréhension du
monde par l’enfant. Par exemple, un jeune enfant tend la main pour
prendre un hochet coloré, il saisit l’objet et l’approche de son visage. Ce
faisant, l’enfant secoue le hochet et entend le bruit qu’il produit. Il l’agite
vers l’avant et vers l’arrière, le regarde, le met dans sa bouche et le suce.
Les habiletés motrices qui consistent à atteindre et à prendre fournissent
au jeune enfant des occasions de développer des habiletés visuelles, auditives et verbales. Avec l’acquisition des habiletés motrices, les possibilités
d’exploration et de manipulation de l’environnement augmentent.
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L’enfant qui est capable de relâcher intentionnellement des objets peut
obtenir de l’attention des parents ou des éducateurs en laissant tomber de
la nourriture, des ustensiles ou des jouets par terre, en souriant et en
espérant que l’adulte les ramasse.
L’enfant dispose de beaucoup de temps et est intéressé à exercer ses
habiletés de motricité fine : lorsqu’il est couché dans son berceau, assis
dans une balançoire ou sa poussette ou lorsqu’on le transporte. L’exercice
de la motricité fine à la petite enfance inclut l’habileté à jeter des objets,
à saisir des objets, à jouer avec ses doigts et à porter des objets à sa bouche.
Cependant, il faut fournir à l’enfant des occasions de s’exercer. Une des
activités les plus faciles, mais également des plus importantes, consiste à
proposer à l’enfant des objets à regarder, à toucher, à goûter, à sentir et
à écouter. Il n’est pas nécessaire de se procurer des jouets coûteux, car les
enfants préfèrent souvent jouer avec des objets de la vie courante.
Toutefois, il faut s’assurer que les jouets ou les objets sont faciles à saisir
et sécuritaires. Il n’est jamais trop tôt pour se soucier de sécurité. Il faut
par ailleurs adapter les mesures de sécurité au fur et à mesure que l’enfant
améliore sa mobilité et sa capacité de manipuler des objets.
Sur le plan du développement, les réflexes sont importants tant en regard
de la motricité fine que de la motricité globale. Les réflexes sont des réponses motrices prévisibles qui surviennent à la suite d’une stimulation
sensorielle spécifique. Ils se développent automatiquement avec la maturation du système nerveux central durant l’enfance. Les réflexes affectent les
premiers mouvements dans plusieurs positions. Par exemple, quand l’enfant est couché sur le dos et que sa tête est tournée d’un côté, il se peut que
l’enfant adopte une « posture d’escrime », c’est-à-dire que le bras et la
jambe du même côté sont en extension alors que l’autre bras et l’autre
jambe sont fléchis. Ce réflexe, appelé réflexe asymétrique du cou, peut
interférer avec l’habileté de l’enfant à porter les mains à la bouche, à
joindre les mains ou encore à rouler sur lui-même.
Les parents et les éducateurs s’émerveillent souvent de la capacité des
nouveau-nés de serrer un doigt. Cette action qui consiste à serrer fortement
un stimulus est un réflexe appelé prise palmaire. Il est important que les
intervenants connaissent bien le processus de développement et d’extinction
de ces réflexes afin d’être en mesure d’expliquer ces habiletés aux parents ou
aux proches et de proposer des activités individualisées. L’acquisition des
habiletés motrices est le résultat de l’interaction entre des habiletés innées et
l’expérience acquise au contact de l’environnement. Le curriculum du EIS
se fonde sur ce modèle transactionnel du développement.
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Programme EIS
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Les jeunes enfants et les enfants qui présentent des problèmes moteurs
forment une population hétérogène. Quelques enfants ont une incapacité
pour laquelle il est possible d’établir un diagnostic assez précis (par
exemple, la paralysie cérébrale). D’autres enfants ont des incapacités qualifiées de légères, de moyennes ou de graves. Il se peut également que des
variations sur le plan moteur soient transitoires et disparaissent avec le
temps ou évoluent vers une incapacité motrice plus importante. Il est
souvent difficile pour les intervenants de prédire de façon fiable le
développement de ce domaine. Par conséquent, ils doivent suivre avec
attention les progrès de l’enfant. Il est aussi important pour les parents et
les éducateurs de rester en lien étroit avec les spécialistes (ergothérapeutes,
physiothérapeutes, etc.). Le soutien de ces derniers est important pour
répondre aux besoins des enfants présentant des incapacités motrices. Le
curriculum du programme EIS n’ayant pas été conçu uniquement pour
des enfants présentant des incapacités motrices, il peut s’avérer nécessaire
d’adapter des activités visant à développer les habiletés de motricité fine.
Niveau A – Préhension et manipulation
But 1 Porte simultanément les mains à la ligne médiane de son corps
Objectif 1.1
Objectif 1.2
chaque bras
Tente de frapper un objet avec chaque main
Effectue des mouvements non coordonnés avec
Importance des habiletés
Les habiletés de motricité fine amènent l’enfant à explorer son corps ainsi
que son environnement. L’enfant commence à explorer activement et à
découvrir visuellement ses doigts et ses mains. Il est capable d’explorer
avec une main les objets placés dans son autre main. Le fait de porter
simultanément les mains à la ligne médiane du corps favorise le
développement de la conscience de soi, de la coordination des mains et
des yeux ainsi que de l’utilisation des mains aux fins désirées. L’enfant
utilisera cette habileté pour tenir un objet (par exemple, un biberon) avec
les deux mains.
La capacité d’effectuer des mouvements coordonnés et non coordonnés
avec chaque bras indique un début de coordination entre les réponses
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motrices et visuelles. L’enfant qui coordonne son regard avec les mouvements de ses mains commence à découvrir la relation qui existe entre la
position des objets dans l’espace et les mouvements de son propre corps.
Il découvre également la relation entre les objets. En outre, il développe
la capacité d’établir des relations de cause à effet et augmente sa capacité
d’attention au fur et à mesure que les objets bougent et sont transformés
par sa propre activité. Les mouvements effectués au hasard par l’enfant
avec ses bras (mouvements non coordonnés) vont devenir des mouvements coordonnés à force d’être répétés en présence d’objets. À la longue,
l’enfant apprendra à atteindre et à saisir intentionnellement des objets, ce
qui accroîtra son autonomie dans l’exploration et le jeu. Vous trouverez
sur la fiche A1 (voir la page 66) d’autres buts et objectifs que vous pouvez cibler en même temps que le but 1.
Suggestions d’interventions
Activités
Jeux
• Pour que l’enfant en vienne à tenir sa tête droite et à supporter son
poids sur ses avant-bras lorsqu’il est sur le ventre, mettez de petits
jouets devant lui pour l’encourager à manipuler les jouets avec ses
deux mains. (1)
• Encouragez l’enfant à jouer avec ses mains et à jouer avec des objets
lorsqu’il est étendu sur le côté. Encouragez-le aussi à porter ses mains à
sa bouche, ainsi que des objets, si cette action convient à son âge. (1, 1.1)
• Au cours de jeux face à face ou au moment du repas ou du bain, met-
tez un objet dans les mains de l’enfant. Faites bouger l’objet dans le
champ visuel de l’enfant (exemples : hochet, jouet à presser, cloches).
(1, 1.1, 1.2)
• Demandez à un frère, à une sœur ou à des enfants plus vieux de jouer
face à face avec l’enfant. Observez si l’enfant tente de frapper leur
visage et avance ses mains vers leur visage. (1, 1.1, 1.2)
Déplacements
• Amenez l’enfant à faire des mouvements non coordonnés avec chaque
bras en lui parlant ou en lui présentant des jouets qu’il peut saisir.
Quand l’enfant est couché sur le dos ou assis dans une poussette ou
dans un siège d’auto, parlez-lui ou engagez la conversation avec lui,
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attendez qu’il réagisse (en demeurant silencieux, en regardant ou en
bougeant), puis actionnez le jouet à nouveau. (1.2)
• Lorsque l’enfant bouge ses bras et ses jambes, synchronisez votre voix
avec ces mouvements. Cessez de parler lorsqu’il arrête de bouger, puis
recommencez à parler lorsqu’il se met à bouger de nouveau. (1.2)
Bain
• Au moment du bain, couchez l’enfant sur le dos dans le fond du bain
sur une grande éponge. Laissez couler un peu d’eau dans le bain de
manière à ce que les mouvements des bras de l’enfant produisent des
éclaboussures. Toutefois, évitez de mettre trop d’eau pour ne pas submerger les oreilles, la bouche ou le nez de l’enfant. (1.1, 1.2)
• Durant le bain, tenez l’enfant dans une position assise et sécuritaire.
Laissez flotter un objet près de lui et encouragez-le à frapper ou à tenter de frapper l’objet avec ses mains. (1.1, 1.2)
Routines quotidiennes
• Lorsque vous offrez des objets à l’enfant, assurez-vous de les présenter
devant lui afin de l’encourager à les prendre avec ses deux mains, à la
ligne médiane de son corps. (1)
• Encouragez l’enfant à tenir le sein ou la main de sa mère pendant qu’il
tète. La mère peut entourer les épaules de l’enfant avec ses bras pendant
qu’elle le tient collé contre elle de façon sécuritaire. Cela incitera l’enfant à ramener ses mains vers le milieu de son corps. (1, 1.1)
• Placez votre visage dans le champ visuel de l’enfant et parlez-lui pen-
dant que vous changez sa couche, que vous lui donnez son bain ou que
vous le soulevez. Actionnez des jouets simples ou mécaniques comme
un hochet, une cloche, des jouets à presser devant l’enfant lorsqu’il est
étendu sur le dos ou qu’il est en position assise, mais adossé (dans un
lit d’enfant, dans une poussette). (1.2)
Adaptations de l’environnement
• Installez l’enfant de façon qu’il puisse bouger librement les mains et les
joindre à la ligne médiane de son corps. Par exemple, tenez-le en soutenant son cou et ses épaules ou assoyez-le dans l’angle d’un canapé.
Ces deux positions augmentent les chances de l’enfant de réussir l’objectif par rapport à la position couchée sur le dos. (1)
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