ACTIONNARIAT DES SALARIES : De la participation aux
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ACTIONNARIAT DES SALARIES : De la participation aux
Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… ACTIONNARIAT DES SALARIES : De la participation aux performances de l’entreprise, à la constitution d’un patrimoine, jusqu’à la préparation d’une retraite individuelle Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 1 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… « Dans le monde contemporain, l’exigence de compétitivité doit se combiner à la recherche du progrès social » Raymond Barre 22 janvier 1992 Préface « intéressement, participation, actionnariat : impacts économiques dans l’entreprise » Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 2 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… SOMMAIRE INTRODUCTION .......................................................................................................................... 4 1ERE PARTIE : LES DIFFERENTES FORMES D’ACTIONNARIAT DES SALARIES ......... 6 1. L’INTERESSEMENT............................................................................................................... 7 2. LA PARTICIPATION ............................................................................................................ 10 3. LES STOCK OPTIONS.......................................................................................................... 13 4. EPARGNE SALARIALE, LE PEE ......................................................................................... 15 5. SYNTHESE ........................................................................................................................... 18 2EME PARTIE : LES THEORIES EN PRESENCE .................................................................. 20 1. EFFETS PSYCHOLOGIQUES............................................................................................... 22 11. Motivation, satisfaction ..................................................................................................... 22 12. Les théories de contenu ..................................................................................................... 23 13. Les théories de processus .................................................................................................. 25 2. THEORIES DIVERSES.......................................................................................................... 28 21. Le passager clandestin ...................................................................................................... 28 22. Organisation de l’entreprise.............................................................................................. 29 23. Le salaire d’efficience ....................................................................................................... 29 3EME PARTIE : CONSTAT EMPIRIQUE................................................................................ 31 1. SITUATION DE L’ACTIONNARIAT SALARIE................................................................... 32 11. Les entreprises concernées ................................................................................................ 32 12. Les motifs de mise en place................................................................................................ 33 12. Les encours concernés....................................................................................................... 34 2. POINT SUR LES OBJECTIFS ............................................................................................... 36 21. Les mesures de la performance.......................................................................................... 36 22. Le rôle stratégique dans la vie de l’entreprise.................................................................... 38 23. Les inégalités du système................................................................................................... 39 CONCLUSION............................................................................................................................. 41 BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................... 42 Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 3 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… INTRODUCTION Le principe de l’actionnariat des salariés est basé sur le constat des lacunes du capitalisme contemporain et de l’école classique, nés avec l’essor de la société industrielle (gains de productivité, consommation et production de masse), qui a tendance à négliger l’aspect humain et social de l’entreprise (place de l’individu, motivation pas seulement liée à la peur ou au salaire) pour ne retenir que l’aspect purement financier et économique. C’est pourquoi les politiciens (toutes tendances confondues) s’efforcent de répéter que l’exigence de compétitivité doit se combiner avec la recherche de progrès social : « L’avenir des entreprises et de leurs salariés ne peut dépendre uniquement de préoccupations strictement financières » (Sénat). L’épargne salariale peut être définie comme l’ensemble des systèmes qui permettent d’associer les salariés à la performance globale de leur entreprise. Elle correspond avant tout à une rémunération complémentaire attractive fondée sur la performance collective et, un instrument de constitution d’un capital. Dans cette optique, la France s’est dotée de mécanismes qui offrent aux salariés et aux mandataires sociaux le droit de bénéficier des résultats de leur entreprise et d’acquérir une part de son capital. L’essor de l’actionnariat des salariés dépend beaucoup du contexte économique. Or dans l’environnement économique morose actuel avec un marché du travail dégradé où les augmentations de salaires sont frileuses, les entreprises préfèrent privilégier l’épargne salariale comme instrument de leur politique globale de rémunération mais sont peu préoccupées par cet outil de fidélisation. De plus, l’actionnariat des salariés subi les conséquences de l’environnement boursier médiocre dans lequel il évolue. Les perspectives de profit médiocres ne vont pas favoriser l’essor de l’actionnariat salarié même si des produits moins risqués sont proposés. Malgré ce climat pessimiste, l’Etat continue ses mesures : loi Fabius en 2001 et loi Fillon en 2003, en attendant de nouveaux rebondissements au niveau du système de retraite dans les années à venir. Récemment, quatre mouvements ont permis de développer l’actionnariat des salariés : l’épargne salariale, les privatisations, le phénomène des start-up et la mondialisation. Le temps de l’affrontement capital/travail du 19éme siècle laisse donc place à l’association capital/travail dessinée par le Général De Gaulle. Il est le principal acteur de cette question en France, notamment au travers de l’instauration de la Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 4 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… participation obligatoire qui avait pour but : « le changement de la condition morale du travailleur en lui permettant de devenir un « associé » et non plus un instrument »(mémoires d’espoir). Ce lien entre capital et travail se prolonge par la constitution d’un portefeuille de valeurs boursières. Par ailleurs, l’épargne salariale se voit aujourd’hui officiellement reconnaître le rôle de seconder les régimes de retraite avec la loi Fillon du août 2003 et la réforme en cours du système du régime de retraite. L’actionnariat salarié se trouve également être un moyen de réduire l’écart entre les intérêts des actionnaires et ceux des dirigeants. C’est un système de distribution de revenu, un facteur de communication et de cohésion et un vecteur de partage du pouvoir. Pour être complet sur le thème de l’actionnariat salarié il me semble important d’évoquer dans cette étude 5 points centraux pour lesquels je ferai un état des lieu de la situation actuelle afin d’en mesurer les réelles implications. ü Améliorer la performance globale des entreprises ü Augmenter la rémunération globale du travail des salariés sans fragiliser les entreprises et contribuer ainsi à une croissance durable et porteuse d’emplois ü Aller vers une reconquête progressive des fonds propres de l’entreprise ü Favoriser une gouvernance de l’entreprise plus transparente et participative ü Réduire les inégalités Dans un premier temps je vais faire le point sur la situation de l’actionnariat des salariés, l’offre et le marché. Dans un second temps je vais évoquer les théories qui se rapportent au sujet. Enfin dans un dernier point, je ferai un constat de la situation pour déterminer les évolutions du marché et voir si les objectifs fixés ont été atteints. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 5 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 1ére partie : Les différentes formes d’actionnariat des salariés Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 6 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 1. L’INTERESSEMENT L’intéressement est un outil de motivation qui permet d’impliquer fortement les salariés dans le développement de l’entreprise. C’est également un avantage social de premier plan pour le salarié qui lui permet de bénéficier d’un complément de revenu avantageux. L’intéressement est une participation aux résultats, il s’apparente à un dividende remis aux salariés, d’où son lien avec l’actionnariat. C’est un mode de rémunération qui présente un caractère collectif et aléatoire. Le caractère collectif est du au fait qu’il résulte nécessairement d’un accord conclu entre l’employeur et l’ensemble du personnel que l’on veut associer à la productivité et aux résultats de l’entreprise. Il est également du au fait qu’il récompense les efforts accomplis par l’ensemble du personnel pour améliorer l’efficacité économique de l’entreprise. Le caractère aléatoire de la rémunération provient des termes de l’accord d’intéressement. En effet, le salarié ne sera bénéficiaire d’un revenu supplémentaire que si l’entreprise est bénéficiaire (en cas d’intéressement au résultat) ou réalise ses objectifs (en cas d’intéressement à la productivité par exemple). Dans le cas contraire il n’y aura pas de prime d’intéressement. Au moment de la souscription de l’accord, aucune des parties ne peut connaître l’évolution de l’entreprise et être sur à 100% de bénéficier de l’intéressement. L’efficacité de l’intéressement est donc fonction du réalisme des critères retenus. Il peut être modulé de façon spécifique pour chaque établissement ou unité de travail existant à l’intérieur de l’entreprise, mais doit se faire sur la base des résultats effectifs constatés les dernières années de l’entreprise et non sur une vision uniquement futuriste, très aléatoire donc risquée. Il existe plusieurs modes de calcul possibles essentiellement liés au critère de la création de valeur. Mais contrairement à la participation, ils ne doivent pas être envisagés exclusivement d’un point de vue financier, mais développer des aspects plus qualitatifs de l’entreprise. En France, la législation permet différents types de calculs basés sur : ü Le résultat d’exploitation de l’année. L’intéressement correspond alors à un pourcentage de ce résultat ü Un accroissement du taux de marge bénéficiaire qui est égal au rapport entre le résultat d’exploitation et le chiffre d’affaires annuel hors taxes ü L’accroissement de la productivité. Il est possible d’associer plusieurs critères. On peut ainsi intégrer l’amélioration de la satisfaction des clients, de la qualité, de la productivité ou de la rentabilité. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 7 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Il peut être mis en œuvre dans toutes les entreprises, y compris les entreprises publiques comme la RATP ou La Poste. En France, on trouve des traces d’intéressement dès le 19ème siècle dans les coopératives ouvrières de production. Ces coopératives ont été créées selon une loi de 1867 qui annonçait que les créateurs et les propriétaires d’entreprises en étaient également salariés. En 1927, la loi est assouplie. Dorénavant ces coopératives peuvent comprendre des ouvriers non associés. L’intéressement proprement dit s’est développé durant la deuxième moitié du 20ème siècle avec une première ordonnance en 1959 et une seconde qui fixe les modalités actuelles du 21 octobre 1986. Cette dernière a été depuis complétée par diverses lois et circulaires. Ces règles définissent l’intéressement comme un montant attribué à chaque salarié en fonction des critères définis dans le plan d’intéressement négocié et conclu entre la société et les représentants du personnel. Par ailleurs, l’intéressement est un dispositif facultatif. Dans une entreprise, l’intéressement versé aux salariés peut atteindre jusqu’à 20% de la masse salariale totale annuelle de l’entreprise. Pour un salarié, il ne peut représenter plus de la moitié du plafond annuel de la sécurité sociale. L’intéressement doit être versé dans les sept mois suivant la clôture de l’exercice. Les primes d’intéressement ne sont pas soumises aux charges sociales affectant les salaires mais sont toutefois assujetties à la CSG et la CRDS, comme les dividendes perçues par les actionnaires. La retenue correspondante est faite par l’entreprise. Pour le salarié, les primes reçues sont soumises à l’impôt sur le revenu sauf si elles sont versées sur un plan d’épargne entreprise et qu’elles y soient bloquées pendant 5 ans. En Grande Bretagne, la notion voisine de l’intéressement (mais aussi de la participation) est le « Profit Related Pay » (PRP). C’est un régime facultatif dans le cadre duquel le salarié peut percevoir un montant lié aux bénéfices de l’entreprise pouvant atteindre 20% de la rémunération totale. Les sommes versées ne bénéficient plus d’exonération fiscale depuis 2000. Aux Etats Unis, le système existant est le « Profit Sharing Plan » (PSP). Il se présente sous la forme d’un fonds (dont les salariés sont actionnaires) alimenté par l’intéressement qui achète des actions et qui les gère pour le compte des salariés. Les sommes versées par l’entreprise sont soumises à l’impôt sur le revenu, mais le salarié ne paie celui-ci que lorsqu’il perçoit les fonds à leur sortie du PSP. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 8 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Au Japon, l’intéressement était déjà quelque peu présent dans les années 60 via les primes d’assiduité, mais cette forme de rémunération de la productivité par la présence régulière au travail est individuelle. En résumé, l’intéressement est un outil de gestion sociale au caractère aléatoire et collectif qui ne peut se substituer à un élément du salaire: • Avantages pour l’entreprise: o Flexibilité de la rémunération : intéressement versé uniquement dans le cas où les objectifs ont été atteints o Outil de motivation, de fidélisation et de recrutement par l’attrait d’une rémunération complémentaire défiscalisée o Enveloppe globale de l’intéressement déductible du résultat imposable et non soumis aux charges sociales patronales. Elle est également exonérée des impôts et taxes sur rémunération • Avantages pour le salarié : o Complément de revenu exonéré de charges sociales o Association financière aux progrès de l’entreprise o Liberté de percevoir directement la prime ou de la placer dans un plan d’épargne entreprise (et ainsi bénéficier des avantages liés à ce placement : prime individuelle d’intéressement exonérée de charges sociales et d’impôt sur le revenu) Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 9 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 2. LA PARTICIPATION La participation aux résultats a un caractère obligatoire et représente un mode de distribution automatique d’une partie des résultats de l’entreprise aux salariés. Les règles sont fixées par des autorités extérieures à l’entreprise à savoir, les pouvoirs publics. En France, la participation a été mise en place par le Général De Gaulle sous la 5ème République. Elle est obligatoire pour les entreprises de 50 salariés et plus depuis 1986. Les entreprises de moins de 50 salariés peuvent-elles, décider de mettre ou non en œuvre la participation. Les salariés concernés doivent avoir au minimum 3 mois d’ancienneté dans des entreprises soumises au droit français. La mise en place se fait par accord d’entreprise ou référendum auprès des salariés. Cet accord est valable un an renouvelable par tacite reconduction. La répartition se fait sur la base du salaire perçu par chacun au cours de l’exercice sous réserve d’un plafond fixé par l’Etat et de possibles planchers établis dans les accords de l’entreprise. Par ces mêmes accords l’entreprise peut prévoir que tout ou partie de cette participation soit attribué selon le critère de base de l’ancienneté. La participation bénéficie d’un régime fiscal avantageux pour l’entreprise et le salarié : o Pour l’entreprise, la participation est déductible de son résultat fiscal, et elle ne verse pas de charges sociales patronales sur ce montant. o Pour les salariés, la participation est bloquée 5 ans, mais le versement reçu de l’entreprise n’entre pas dans le revenu fiscal. Il est toutefois soumis à la CSG et la CRDS. Au moment du déblocage, les revenus et plus-values obtenus sont soumis à CSG, CRDS et prélèvements sociaux, sauf en cas de versement sur un plan d’épargne entreprise. A cette condition, il y a défiscalisation. Le calcul de l’enveloppe globale ou Réserve Spéciale de Participation (RSP) se fait sur la base d’éléments comptables définis par le code du travail. Formule légale: Montant de la participation = 50% du bénéfice à prendre en compte * salaires bruts versés au cours de l’exercice / valeur ajoutée. Ou RSP=(BN-5% CP)*(S/VA) Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 10 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Avec bénéfice à prendre en compte = bénéfice fiscal après impôt-5% des capitaux propres Toutefois il est possible d’utiliser des formules de calcul dérogatoires à condition qu’elles fassent aussi bien ou mieux que la loi. La répartition de la RSP entre salariés peut être uniforme, proportionnelle au salaire ou au temps de présence ou combiner différents éléments. Le montant individuel de participation est bloqué 5 ans sur un compte courant bloqué (CCB) rémunéré par l’entreprise ou sur un PEE. En Irlande, la participation fait partie d’un programme national de redressement lancé en 1987. Il a connu un grand succès sur le plan de la croissance économique. La mise en œuvre de ce programme s’est faite par la création du National Center for Partnership (NCP) qui a pour but de : - promouvoir l’implication et la participation sur le lieu de travail - former les dirigeants et salariés du prive et du public aux pratiques participatives - assister, suivre le développement et diffuser la participation. En, Grande Bretagne, l’Approved Profit Sharing Scheme 5APS crée en 1978 prévoit la possibilité d’une participation non obligatoire aux bénéfices de l’entreprise. Cette participation se traduit par l’acquisition d’actions de l’entreprise par les salariés, par l’intermédiaire de « trusts » (fonds) dans lesquels les actions restent bloquées au moins 2 ans. Les montant de cette participation sont exonérés d’impôt si les actions sont conservées trois ans. En définitive, la participation permet d’accroître l’implication des salariés en les associant directement aux résultats de l’entreprise et, de distribuer aux salariés une partie des bénéfices qu’ils ont contribués à créer. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 11 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… ENTREPRISE RESERVE SPECIALE DE PARTICIPATION (RSP) Période d’indisponibilité : 5ans COMPTE COURANT BLOQUE PEE FCPE SICAV & FCP, titres de l’entreprise SALARIE Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 12 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 3. LES STOCK OPTIONS Comme le nom l ‘indique, les stock options nous viennent des Etats Unis et de la Grande Bretagne, en raison de l’importance et de l’ancienneté de leurs marchés boursiers. Le système des options d’achat d’actions ou « stock options » s’est développé en France à partir des années 70. La législation à ce sujet est décrite dans la loi du 31 décembre 1970 relative aux plans d’options sur actions (POA). Il consiste pour une société à faire bénéficier ses salariés, ainsi que ceux des filiales et groupement d’intérêt économique, d’une possibilité de souscription ou d’achat de ses propres titres. Cette option peut être exercée pendant 5 ans à un prix définitivement fixé au moment de la souscription. Au moment où le cours du titre sera supérieur au prix d’achat, c’est à dire quand l’option sera « in the money », le salarié aura tout intérêt à lever l’option pour réaliser une plus value en revendant ses titres. Dans certains pays, le prix d’achat représente un pourcentage du cours de bourse au moment de l’achat. (exemple : 85%) Cette différence de prix est considérée comme un complément de salaire. Il a pour objectif d’inciter les salariés à devenir actionnaires de leur entreprise et à les rendre solidaires de sa bonne marche. De nombreux avantages fiscaux ont été mis en place par les gouvernements de 1984 et 1987 entre autres. Mais ces avantages ont été sensiblement restreints en 1990 après quelque abus et dérives constatés. Certains « cadres » (en 1984, gouvernement ) et dirigeants sociaux ne détenant pas plus de 10% du capital (en 1987, gouvernement Jacques Chirac) se voient offrir la possibilité de souscrire des options d’achat sur leur société à un prix déterminé à l’avance (la société pouvant offrir une réduction du prix de l’action de 10% à 20% selon l’époque). Se posent alors des questions d’éthique et d’équité sociale. La tendance actuelle est d’offrir les plans d’options au plus grand nombre de salariés, et non plus aux seuls cadres supérieurs et dirigeants. Certains vont même jusqu’à offrir des options à leurs fournisseurs. Depuis 1999, la France est au premier rang européen et au second plan mondial dans ce domaine. En ce qui concerne l’Allemagne, les stock options se sont beaucoup développés vers la fin des années 90 avec le phénomène « start-up ». Enfin, sur le plan international, les stock-options sont désormais soumises à la norme comptable IAS 19. Il existe des formules voisines des stock-options à fiscalité différente tels que les BCE ou les BSA. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 13 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Les BCE (Bons de Créateurs d’Entreprise) ont été créés par la loi de finances 1998 et pouvaient être mis en œuvre jusqu’au 31 janvier 2001. Ils ne concernent que les sociétés par actions, créées depuis moins de 15 ans dont 25% du capital est détenu depuis l’origine par des personnes physiques, dont les titres sont négociés sur un marché européen dédié aux valeurs de croissance. Les plus-values sont imposables soit à 16% plus les 10% de prélèvements sociaux, soit à 30%+10 si le bénéficiaire a moins de 3 ans d’activité dans l’entreprise. Leur attribution n’exige aucune transparence notamment en terme d’informations financières. Les BSA (Bons de Souscriptions d’Actions) sont des droits à souscrire des titres créés en 1985. Ils peuvent être émis pour tous les salariés ou seulement pour quelques uns. Il est possible de choisir le régime fiscal à appliquer : le régime des traitements et salaires, les bénéfices non commerciaux ou la distribution de revenus mobiliers. En Grande Bretagne, le salarié peut accepter un prélèvement mensuel de 5 à 250 livres lui donnant droit après 3 ans à un certain nombre d’options dans le cadre des plans « SAYE » (Save As You Earn). S’il n’y a pas souscription (quand le cours de l’action a baissé) les sommes prélevées sont rendues au salarié, majorées d’une rémunération (taux d’intérêt et prime variable). Le prix d’achat ne peut pas être inférieur à 80% du cours de l’action à la date où l’option a été accordée. Lorsque les options sont exercées, le bénéficiaire est exonéré d’impôt sur le revenu au titre des sommes prélevées qui ont amputé son salaire. Mais il supporte un impôt sur les plusvalues réalisées. La fiscalité fixe la limite des options à 30 000 livres. Pour une entreprise, l’un des buts des stock-options est d’assurer un certain volume d’actionnariat salarial, ceci n’est valable que si le salarié garde durablement les actions. Un autre but est de motiver le personnel durant la période précédant la cession des actions. Pour les salariés, il peut n’y avoir pratiquement pas de mise de fonds et le cercle des bénéficiaires s’est élargi, il ne concerne plus un cercle d’élu. Par ailleurs c’est une opération qui peut être sans risque puisque le salarié n’est pas obligé de souscrire si au moment de la souscription le cours de l’action a baissé par rapport au prix d’exercice. Une fois la souscription effectuée, le salarié supporte le risque inhérent à toute détention d’actions. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 14 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 4. EPARGNE SALARIALE, LE PEE « L’épargne salariale est un facteur de dynamisme et de cohésion sociale. Elle est aussi un outil potentiel pour l’épargne retraite » F. FILLON L’épargne salariale est un principe plus large que les précédents dans la mesure où il permet de détenir d’autres actions que celles de son entreprise. Le plan d’épargne entreprise en est le principal support. Il est défini par le code du travail comme suit : « tout système ouvrant aux salariés de l’entreprise la faculté de participer, avec l’aide de celle-ci, à la constitution d’un portefeuille de valeurs mobilières ». Les formules d’actionnariat salarial évoquées précédemment y sont d’ailleurs souvent incluses (exemple: en 1997, 30% de l’intéressement global reçu au titre de l’année ont été mis en plan d’épargne). Les fonds investis par le salarié peuvent provenir de l’intéressement, de la participation ou des stock-options mais également de versements spécifiques retenus sur le salaire par l’entreprise. Le salarié peut verser sur son plan d’épargne jusqu’au quart de son salaire. L’entreprise doit obligatoirement prendre à sa charge les frais de gestion des fonds d’épargne et du plan. Elle a également la possibilité de majorer les versements effectués par ses salariés, il s’agit de l’abondement. Il peut atteindre 2300 euros par an et par salarié. Le plafond est porté à 3450 euros s’il s’agit de souscription d’actions de l’entreprise. Mais l’abondement ne peut pas dépasser le triple du versement du salarié. L’abondement est plus avantageux qu’une prime classique car il ne supporte pas les charges sociales à payer par l’entreprise et n’est pas soumis à l’impôt sur le revenu. Les revenus tirés du plan d’épargne sont exonérés de l’impôt sur le revenu s’ils restent bloqués dans le plan. A la sortie du plan, les plus-values dégagées au bout des 5 années ne sont soumises qu’aux prélèvements sociaux. En dehors des actions de l’entreprise, l’épargne salariale est investie dans des parts de sicav ou fons communs de placement. Les entreprises de petite ou moyenne taille peuvent s’associer pour mettre en place des FCPE « multi entreprises ». La loi sur les Plans d’Epargne Interentreprise (PEI) adoptée en 2001 est destinée à permettre aux PME de mettre en place une épargne salariale. Les plans d’actionnariat sont basés sur des FCPE ayant pour support des actions de l’entreprise employeur et d’autres entreprises dont les salariés sont également détenteurs du FCPE en cause. C’est également un moyen de limiter le risque lié à la détention de titres d’une seule et unique entreprise. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 15 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Cette même loi a également créé les Plans d’Epargne Salariale Volontaire (PPESV). Ces plans fonctionnent sur le même mode que les PEE et PEI mais sont d’une durée plus longue : au moins 10 ans. Exception faite en cas d’augmentation du capital où la durée est alors réduite à 7 ans. Le salarié doit déjà posséder un PEE. Aux Etats-Unis, l’épargne salariale comprend aussi les fonds destinés aux retraites (fonds de pension). Mais ce n’est pas le sujet ici, même si les plans d’épargne en France ont également de plus en plus vocation pour le salarié à préparer la retraite dans le climat d’incertitude qui entour cette notion à l’heure actuelle. Les plans d’achat d’actions de l’entreprise sont soit des Employee Share Ownership Plans (ESOP) soit des Employee Stock Purchase Plan (ESPP). Les versements des ESOP sont plafonnés à 30 000 dollars par an et limités à un pourcentage de la masse salariale de l’entreprise, les plans sont alimentés par l’entreprise. Pour les ESPP, ce sont les salariés qui effectuent les versements avec un maximum de 10 000 dollars par an. Au Japon l’épargne salariale s’est développée dans le cadre de formules voisines des ESOP américains. A la fin du 20ème siècle, les FCPE représentaient ¾ de l’épargne salariale. La gestion des FCPE est généralement assurée par une société de gestion extérieure à l’entreprise, généralement une banque. En France, le PERP et PPESV sont les dispositifs d’épargne à long terme destinés à financer les retraites. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 16 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… ORIGINE DES FONDS : PARTICIPATION ABONDEMENT INTERESSEMENT VERSEMENTS LIBRES DU SALARIE PEE, PEI, PPESV VEHICULES DE PLACEMENT : SALARIE FCPE ACTIONS EMISES PAR L’ENTREPRISE Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique SICAV 17 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 5. SYNTHESE Intéressement Objet Entreprises concernées Salariés concernés Mise en œuvre Participation Epargne salariale Faire bénéficier Offrir la Offrir un Offrir un possibilité de complément de complément de les salariés, constituer une d’une rémunération rémunération entreprise de la épargne défiscalisée défiscalisée individuelle au calculé suivant calculé suivant possibilité de la performance la performance souscription ou sein et avec l’aide de de l’entreprise de l’entreprise d’achat des l’entreprise et le niveau de titres de la défiscalisée société à des rémunération conditions du salarié avantageuses Facultatif Obligatoire Facultatif Facultatif pour quelque soit pour les quelque soit les entreprises l’entreprise entreprises de l’entreprise et possibles plus de 50 pour les salariés, organismes à facultatif pour but non lucratif les autres Ensemble du Ensemble du Ensemble du Adhésion personnel, mais personnel personnel mais individuelle modalités le plus souvent pour variables réservé à une l’ensemble du suivant unités, élite personnel filiales ou catégories de salariés - par accord Avec l’accord Par accord - par accord entre le chef entre le chef d’une d’entreprise ou par simple d’entreprise et d’entreprise et assemblée les les générale décision de représentants représentants extraordinaire l’employeur. syndicaux ; syndicaux ; des - par accord au - par accord au actionnaires sein du comité sein du comité d’entreprise ; d’entreprise ; - par - par ratification par ratification par les ¾ du les ¾ du personnel personnel ; Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique Stock-options 18 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Durée de l’accord Répartition - par une décision directionnelle en l’absence d’accord 3 ans Minimum 1 an, renouvelable par tacite reconduction - soit uniforme proportionnelle pour tous au salaire brut. - soit proportionnelle Celui-ci est au salaire brut retenu à la ou au temps de limite de 4 fois présence dans le plafond annuel de la l’entreprise sécurité sociale - soit tenant compte de ces différents proportionnelle critères au salaire brut et au temps de Le montant présence avec individuel est une incidence limité à 50% du maximale de plafond annuel 50% de de la Sécurité l'ensemble pour sociale ce dernier paramètre. Minimum 1 an, renouvelable par tacite reconduction Le montant des Chaque salarié options attribué décide du à chacun est, en montant qu’il investit dans général, en l’épargne grande partie salariale dans fonction du la limite d’un niveau de quart de son rémunération salaire annuel. de chaque intéressé Le montant individuel est limité à 50% du plafond annuel de la Sécurité sociale Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 19 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 2ème partie : Les théories en présence Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 20 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… L’actionnariat des salariés a des implications dans différents domaines de la gestion : finance d’entreprise et de marché, stratégie, politique globale de rémunération, gestion du personnel… Avant tout, il faut savoir que l’actionnariat des salariés s’inscrit dans un contexte de rétribution globale (RG) en tant qu’outil de motivation : La compétence, la performance Le métier, l’emploi RG La politique des ressources humaines de l’entreprise Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 21 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Les différentes théories que nous allons présenter ont pour vocation de permettre d’expliquer comment l’actionnariat des salariés peut atteindre les but fixés dans l’introduction. Dans un premier temps nous allons étudier les différentes théories sur les effets psychologiques (motivation et satisfaction du salarié), dans un second temps nous ferons le point sur les implications de l’actionnariat du salarié dans l’organisation de l’entreprise, puis nous terminerons ce tour d’horizon par diverses théories. 1. EFFETS PSYCHOLOGIQUES Les différentes formes d’actionnariat du salarié représentent en fait une somme d’ « argent qui vient s’ajouter au salaire, donc cela ne peut que motiver et satisfaire » Roussel 1996. Les concepts de satisfaction et de motivation doivent être définis et feront l’objet d’un premier point. Dans un second point je rappellerai les différentes théories en rapport avec le sujet. 11. Motivation, satisfaction Pour les dirigeants, motivation signifie implication du personnel, c’est à dire effort, identification du salarié à la tâche et/ou la participation à la gestion et à la vie de l’entreprise. Le salarié quant à lui pense satisfaction. D’un point de vue purement linguistique, la satisfaction est un état de contentement, de joie qui résulte de l’accomplissement de ce qu’on attendait. La motivation est un ensemble de motifs qui expliquent et justifient un acte. C’est également un facteur conscient qui pousse à agir et stimule. (Dictionnaire français Larousse) La motivation doit être distinguée de la performance et la satisfaction. En effet, la performance est en aval de la motivation mais n’en est pas forcément la résultante. Et, la satisfaction est un indicateur et non une cause de motivation. La frontière entre motivation et satisfaction reste tout de même floue et étroite. On peut classer les théories de la motivation (et/ou de la satisfaction) en deux groupes : les théories de contenu et les théories de processus. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 22 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 12. Les théories de contenu Les théories de contenu sont plus anciennes que les théories de processus, elles présentent les causes de la motivation sans se préoccuper de la manière dont se développe cette motivation. A la fin du 19ème siècle, deux explications de la motivation étaient avancées : pour Mayo la motivation au travail du salarié était relationnelle alors que pour Taylor elle était pécuniaire. Ces analyses restant unidimensionnelles, les chercheurs suivant se sont tournés vers des analyses plus élaborées. En 1954, Maslow privilégie une typologie des besoins de l’individu représentés sous forme pyramidale. Son hypothèse est que les besoins humains sont hiérarchisés, il faut assouvir le premier pour pouvoir être motiver par le second, et ainsi de suite en montant la pyramide. Besoins d’accomplissement personnel Besoins d’estime Besoins d’appartenance (sociaux) Besoins de sécurité Besoins psychologiques L’individu est motivé tant que le besoin n’est pas satisfait. Il agit donc dans le but de l’assouvir. La motivation ne d’éteint pas car la satisfaction du dernier niveau est très rare. On peut évoquer deux critiques à l’égard de cette théorie : Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 23 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… § § La définition de chaque besoin est floue La hiérarchisation des besoins diffère selon l’individu. Par ailleurs Maslow n’évoque pas ce qu’il se passe lorsque le dernier besoin est satisfait. Herzberg (1966) reprend cette théorie pour différencier la motivation et la démotivation. Il propose deux facteurs : la satisfaction et l’insatisfaction. Cette théorie est dénommée théorie bifactorielle. Facteurs de motivation PRESENTS ABSENTS Facteurs d’hygiène PRESENTS ABSENTS satisfaction insatisfaction neutre insatisfaction L’hygiène est entendue au sens psychiatrique du terme, c’est à dire les conditions nécessaires mais non suffisantes pour un bon équilibre mental (autrement dit : pour avoir le moral). Les facteurs de satisfaction doivent être satisfaits pour éviter la démotivation mais n’entraînent pas forcément la motivation. Ces facteurs d’hygiène correspondent au bas de la pyramide de Maslow. Il s’agit du salaire, de la sécurité de l’emploi ou des rapports avec l’entourage professionnel. Les facteurs d’insatisfaction ne provoquent pas de démotivation s’ils ne sont pas satisfaits, mais génèrent la motivation lorsqu’ils le sont. Ces facteurs s’apparentent aux besoins supérieurs, c’est à dire, promotions, qualité ou responsabilité. En 1969, la théorie d’Alderfer de l’ERG abandonne la hiérarchisation des besoins. D’après lui, la motivation est due à la volonté de satisfaire trois catégories de besoins : § Existence § Rapports sociaux § Développement personnel Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 24 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Ces trois méthodes peuvent se résumer selon leur logique commune : Insatisfaction d’un besoin Besoin ressenti intensément Motivation profonde pour réduire l’insatisfaction Satisfaction 13. Les théories de processus Finalement, force est de constater que les théories du contenu ne nous apportent que peu de réponse à a question de savoir si l’on peut motiver le salarié au travail par la rémunération. Les théories de processus analysent plus le mécanisme de la motivation que ses facteurs. La psychologie est une discipline fondatrice des théories de processus. Une des théories importantes en la matière est la théorie de l’équité d’Adams en 1963. Cette théorie est basée sur le principe de la comparaison. A partir d’un ratio rétribution/contribution, un individu peut comparer son ratio par rapport à un autre individu repère. Cette comparaison est subjective car soumise à la perception de l’individu. Trois constats sont alors possibles : § Ratio personnel du salarié > ratio du salarié repère sur-équité § Ratio personnel du salarié = ratio du salarié repère équité § Ratio personnel du salarié < ratio du salarié repère sous équité Le malaise qu’éprouve le salarié face à une situation qu’il juge inéquitable va le pousser à rétablir l’équilibre. Il sera donc motivé pour supprimer l’inégalité. Cette approche dynamique amène à constater qu’un sentiment d’insatisfaction est source de motivation et que celle ci peut se traduire par des comportements positifs ou négatifs : soit il accroît ses efforts soit il démissionne. La théorie de l’équité montre Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 25 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… donc que l’inéquité provoque un état de tension dans l’entreprise et une motivation à l’action. La deuxième théorie importante en la matière résulte des travaux de Vroom en 1964. Il explique la motivation en combinant trois éléments : § § § Valence : valeur perçue d’une récompense pour un individu à un moment donné Instrumentalité : probabilité perçue de recevoir la récompense (résultat) en accomplissant une action donnée Expectation (attente) : probabilité des chances de réussite de l’individu en fonction de ses capacités On représente cette théorie par le système VIE : MOTIVATION= VALENCE * INSTRUMENTALITE * EXPECTATION La difficulté de cette théorie est de mesurer les trois variables. La théorie des attentes montre que la motivation provient de la perception que l’individu a de sa situation de travail. Plus il perçoit que sa situation lui permet d’avoir de forte probabilité de réussit (E), d’atteindre des objectifs de récompense (I) qui ont de la valeur à ses yeux (V), plus il fera d’efforts. Cette théorie se pose clairement dans une optique dynamique. La motivation ne dépend pas de l’acquit mais du futur : on travaille pour un futur parce qu’on attend un résultat. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 26 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Pour résumer ses théories du processus de motivation, Porter et Lawler en 1968 ont élaboré un modèle qui fut par la suite amélioré par Nadler et Lawler en 1977 : Valeur de la récompense Capacité et personnalité MOTIVATION Effort Performance Récompenses perçues comme équitables Récompense satisfaction Perception du rôle au travail Probabilité perçue que l’effort conduise à une récompense Les différentes théories se contredisent, puisque certaines estiment que la motivation est engendrée par la satisfaction et d’autres au contraire par l’insatisfaction. L’actionnariat des salariés exacerbe ces contradictions, puisque la perception de la valeur sera très différente d’un individu à un autre. Ils seront même écartés par certains salariés de l’évaluation globale de leur salaire. Par ailleurs, ils peuvent renforcer l’inéquité, s’ils sont par exemple abondés proportionnellement au salaire ou réservés à un certains. Enfin, ils risquent d’être considérés comme des avantages acquis et perdre alors leur caractère mobilisateur (Drucker, 1975). Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 27 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 2. THEORIES DIVERSES La division du travail a permis, en instaurant une simplification et standardisation des tâches de développer une production de masse, de réduire les coûts de formation et faciliter le contrôle des travailleurs. Mais ce type d’organisation a une lacune : la motivation des salariés. En effet le travailleur est rétribué en fonction du nombre d’heures de travail effectué. Or le travail est une combinaison des heures travaillées et de l’effort fourni au travail. La participation au bénéfice serait alors le chaînon manquant qui rétribuerait la partie qualitative du travail. 21. Le passager clandestin La Property Rights School représentée par Jensen, Meckling et Alchian, a formulé un certain nombre de critiques à l’encontre des formules de partage des profits. Pour eux, elle ne représenterait qu’une solution non efficiente. En effet, un simple salarié n’aurait qu’un impact négligeable (d’autant plus que l’entreprise est grande) sur les profits de son entreprise. Il ne serait donc pas incité à accroître son effort de travail et au contraire, serait tenté de diminuer son effort pour profiter des avantages de la réduction de son temps de travail sans subir une forte baisse de la part variable de sa rémunération puisque celle-ci est partagée entre tous les salariés. Cette théorie est appelée « passager clandestin » ou « free rider ». Fitzroy et Kraft en 1987 répondent à cet argument en soulignant l’importance du travail en équipe et de l’interaction possible entre les travailleurs au sein d’un groupe de travail. Aussi, avec une formule de partage des profits, les travailleurs sont incités à augmenter leur collaboration, ils prennent conscience de l’existence de rendements d’échelle dans cette collaboration. Celle-ci entraîne alors des gains de productivité et des gains psychiques. Un partage des bénéfices modifie donc le comportement collusoire des salariés en un mouvement uni de coopération avec la direction. Par ailleurs Markusen souligne l’effet du partage des profits sur la productivité via une collaboration plus grande des salariés dans un schéma de Cournot en 1975. L’interdépendance des utilités de deux travailleurs inciterait chacun à augmenter son niveau d’effort au travail jusqu’à ce qu’il ne trouve plus de combinaison qui puisse améliorer le bien être de l’autre sans dégrader celui de l’autre. IL conclue que le partage des profits entraîne un effort coopératif et bien supervisé (par les salariés), et que son développement favoriserait une diminution de l’absentéisme et des coûts de surveillance. La Property Rights School émet une deuxième critique à l’égard de cet actionnariat des salariés. Il constituerait « un transfert ou une confiscation de richesses » qui pourrait amener l’entreprise à prendre des décisions inadéquates. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 28 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 22. Organisation de l’entreprise Les théoriciens de la Property Rights School se basent sur deux arguments pour porter cette critique : § Une participation des salariés au bénéfice implique une perte de la participation des capitalistes, ce qui pourrait affaiblir leur motivation. § Ce partage de profits implique également une perte de pouvoir des capitalistes au profit des salariés. Cette théorie part du principe que le facteur travail ne peut fonctionner de manière efficiente sans unes surveillance centralisée. Ceci implique une concentration des profits et du pouvoir décisionnel aux mains des actionnaires. L’interdépendance des effets de motivation et de participation liée au partage du profit est essentielle. Ainsi, plus la participation devient active plus les salariés se sentiront impliquer dans les décisions concernant la rentabilité, et plus le lien entre leur effort individuel et la part aux profits qu’ils reçoivent devient évident. (Fitzroy et Cable en 1980). Tout ceci a pour effet de renforcer le sentiment d’adhésion aux objectifs de l’entreprise. Plus proche de nous, la théorie de l’agence fait le point sur l’organisation de la firme et on voit bien les modifications du pouvoir qu’entraîne l’actionnariat des salariés. En effet, la base de cette théorie est la séparation actionnaires/dirigeants. Les dirigeants sont appelés les agents, mandataires des actionnaires qui sont alors les mandants ou principaux. Cette distinction pose la question des objectifs de chacune des parties : sont-ils en accord ou contradictoires ? Avec l’actionnariat des salariés, la question est d’autant plus importante puisque le dirigeant devient actionnaire, le mandant est à la fois mandataire. Or si les intérêts des deux parties sont convergents les coûts d’agence sont diminués (contrôle) et il y a création de valeur pour l’entreprise. 23. Le salaire d’efficience Pour l’ensemble de ces théories, le salaire d’efficience est avant tout associé aux performances directement observables par la direction tels que le taux d’absentéisme, et dont elle peut contrôler l’évolution. Le principe de base est le suivant : les salaires peuvent venir influencer l’effort au travail des salariés car la productivité marginale d’un travailleur est fonction : § § § § § Des caractéristiques personnelles De la qualification Des facteurs de production Du processus technologique ET, du niveau de rémunération Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 29 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Dans cette situation, une augmentation de salaire rend la perte d’emploi plus coûteuse aux yeux du salarié, ce qui l’encourage à ne pas relâcher des efforts au travail. On constate donc une rigidité à la baisse des salaires. Quatre modèles se dessinent au sujet de la notion de salaire d’efficience : 1) Les rémunérations sont fixées de façon à décourager les départs des salariés de leur entreprise. Si l’entreprise supporte des coûts importants de départs, et si ces départs sont inversement proportionnels aux rémunérations versées, alors il peut être rationnel pour l’entreprise de fixer les rémunérations de façon à minimiser ces coûts de départ. (Calvo, Salop 1979, Stiglitz 1974) 2) Des salaires élevés sont destinés à inciter le salarié à de meilleures performances. Une augmentation des salaires rend en effet les coûts d’un licenciement éventuellement beaucoup plus élevés pour le salarié. Celui-ci est incité à accroître son effort en conséquence (Shapiro et Stiglitz en 1984) 3) La troisième formulation a été développée par Akerlof en 1982 et se rapproche de la seconde. Elle repose sur la notion sociologique d’ « échanges de dons » : le sentiment de loyauté des salariés envers l’entreprise (et donc leur productivité) augmente au fur et à mesure que l’employeur leur fait bénéficier de rémunérations fortes. 4) Dans le dernier modèle, le versement d’une rémunération supérieure au niveau du marché est destiné à mieux sélectionner le personnel. Par une politique salariale alléchante, les entreprises peuvent en effet attirer les candidats les plus talentueux et les plus qualifiés. (Weiss 1980) On constate que l’actionnariat des salariés possède toutes les caractéristiques de ce salaire d’efficience. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 30 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 3éme partie : Constat empirique Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 31 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Dans cette dernière partie nous allons tenter de vérifier quels objectifs ont été atteints et lesquels restent à atteindre ou sont utopiques. Pour cela nous allons dans un premier temps faire le point sur la situation actuelle du marché : les entreprises concernées, les motifs de mise en place et les encours concernés. Dans un second temps nous allons tâcher de faire le point sur les objectifs fixés en étudiant les changements qu’entraîne l’actionnariat des salariés et son rôle stratégique dans la vie de l’entreprise, les mesures de la performance, et les inégalités qui existent en ce domaine. 1. SITUATION DE L’ACTIONNARIAT SALARIE 11. Les entreprises concernées Selon les données de 1999, seules 17% des entreprises de plus de 500 salariés comptaient des actionnaires de l’entreprise parmi leurs salariés, contre moins de 3% pour les sociétés de taille inférieure. Toutefois, l’actionnariat des salariés suppose une dilution du capital que les petites entreprises ne souhaitent généralement pas. Dans l’Union Européenne, plus d’un tiers (31%) des entreprises de plus de 200 salariés dispose de plans d’actionnariat salarié, les formules d’intéressement aux bénéfices étant les plus répandues (45% des entreprises). L’incidence des plans d’actionnariat salarié à participation restreinte, réservés au management est celle qui a le plus augmenté au cours des années 90, avec 23% de l’ensemble des entreprises en 1992 et 29% en 2000. Pour les autres catégories sociales la croissance a été plus modérée. Selon une enquête de l’INSEE de 1997 « patrimoine des ménages » 3% des ménages possèderait des actions de leur entreprise. La Fédération française des associations d’actionnaires salariés et anciens salariés retient le chiffre de 700 000 salariés actionnaires de leur entreprise. Une enquête de l’institut IPSOS Opinion évalue quant à lui à 12% le nombre de ménages salariés de leur entreprise. Selon la DARES 7% des 27 500 entreprises ayant mis en place un système de partage des profits (participation ou intéressement) pratiquaient une politique d’actionnariat salarié en 1996. La part du capital social détenu par les salariés représente environ 2% pour les entreprises du CAC 40. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 32 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 12. Les motifs de mise en place L’actionnariat salarié est une composante de l’épargne salariale qui est quelque peu limité en France. En effet, alors que la plupart des pays anglo-saxons ont encouragé l’investissement en actions de l’entreprise, les dispositifs d’épargne salariale en France permettent d’investir dans des placements diversifiés et ainsi limiter le risque. D’après le « baromètre annuel de la gestion de l’épargne salariale », les motifs de mise en place d’un dispositif d’épargne salariale sont les suivants : Motifs de mise en place d'épargne salariale développer une politique de rémunération globale promouvoir l'image de marque grâce à une politique salariale innovante motifs mettre à disposition un outil d'épargne à coût réduit défiscaliser l'intéressement associer ses salariés au capital de l'entreprise développer la part de capital détenue par les salariés introduire un compte épargne retraite 0% 20% 40% 60% 80% pourcentage de réponses 100 % On constate que la première motivation de loin est de développer une politique de rémunération globale. Elle rentre donc parfaitement dans le cadre évoquer plus tôt de la rétribution globale, c’est à dire au carrefour de trois notions : la politique de ressources humaines de l’entreprises, du métier et de la performance. Cette politique a pour but d’améliorer les performances de l’entreprise : motivation, fidélité du salarié et productivité qui en résulte. La solution fiscale n’arrive qu’en quatrième position alors que c’est l’aspect le plus souvent mis en avant par les Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 33 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… politiciens. L’image de marque et l’outil d’épargne à coût réduit sont quasiment à égalité avec un peu plus de 40% chacun. L’association des salariés au capital n’est pas très important aux yeux d’une majorité d’entreprises car en règle générale cela n’a pas beaucoup d’implication dans la vie de l’entreprise en raison du faible poids de cet actionnariat salarié. Le fait de pouvoir développer le poids de cet actionnariat dans le capital peut même être un frein pour certaines entreprises qui souhaitent conserver la même répartition de leur capital ou en tout cas ne pas diluer ce capital. L’aspect retraite d’un outil comme l’épargne salariale n’est pas encore au cœur des préoccupations des entreprises mais avec les modifications en cours et à venir à ce sujet, elle est amenée à le devenir. 12. Les encours concernés On estime aujourd’hui qu’environ 2 millions de salariés ont placé 42% de leur épargne salariale en actions de leur entreprise. Qui dit encours dit placement et donc gestionnaire de placement. C’est dans ce créneau que se trouve la banque qui joue un rôle de premier plan sur le marché de l’actionnariat salarié puisque c’est elle qui propose les supports de placement et gère les fonds sur les marchés financiers. Les parts de marché sont sans appel. Parmi les 10 premiers de la profession, huit sociétés de gestion de portefeuille de FCPE sont des filiales de banques. Il faut dire que les groupes bancaires sont les premiers à avoir investi le créneau. En outre, ils bénéficient d’une légitimité incontestable pour proposer des contrats d’épargne salariale. Fin 2002, les banques géraient plus de 80% des encours totaux des FCPE. Mais depuis l’entrée en application de la loi Fabius, les acteurs sont de plus en plus nombreux à vouloir saisir l’opportunité de l’élargissement du dispositif aux PME.Les assureurs sont aujourd’hui confrontés à une crise historique qui affecte leurs résultats. Ils ont donc besoin de dynamiser leur chiffre d’affaires et rivalisent avec les banques sur leur propre terrain de prédilection : les produits d’épargne (Œil pour œil, dent pour dent). Un autre acteur affiche également sa volonté de pénétrer le marché : les institutions de prévoyance. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 34 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… 56.0 2,2 Le poids financier des fonds communs de placement d'entreprise (FCPE) s'accroît. De 47,4 milliards d'euros, fin 2002, l'encours global des FCPE est passé à plus de 56 milliards d'euros au 31 décembre 2003, soit une progression de plus de 18 % (après une baisse de 10,8 % en 2002). En réalité La collecte nette n'a crû que d'à peine 1 % par rapport à l'année précédente, En effet, l'Autorité des marchés financiers (AMF) nous explique dans son rapport annuel que : «L'actif total des FCPE étant à plus de 40 % investi en actions de grandes entreprises, précise l'AMF, la hausse résulte plus d'un effet ciseau entre, d'une part, une progression des rachats supérieure à 16 % par rapport à 2002 et, d'autre part, l'évolution positive des marchés boursiers en 2003.» Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 35 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Après ce bref constat de la situation actuelle du marché de l’actionnariat salarié, nous allons faire le point sur les objectifs fixés à l’actionnariat des salariés 2. POINT SUR LES OBJECTIFS Le premier point sur lequel l’actionnariat salarié doit avoir un impact est la performance de l’entreprise. 21. Les mesures de la performance L’impact de l’actionnariat salarié sur la performance de l’entreprise est mesurable et fort. Douglas Kruse et Joseph Blasi de la Rutgers Univeristy ont effectué une étude à ce sujet en 2000. Leur conclusion est que les plans d’actionnariat salarié (ESOP dans le cas de l’enquête) augmentent la production, l’emploi et la productivité de 2.3% à 2.4% par an, par rapport à ce qui aurait été enregistré en l’absence de plan d’actionnariat des salariés. Un Indice de l’Actionnariat Salarié (IAS) a été créé en 1999, arrêté en mai 2002, puis relancé en juin 2004 par ses fondateurs, la Fédération française des associations d’actionnaires salariés (FAS), le cabinet conseil Hewitt et, Euronext. Cet indice regroupe 39 sociétés membres du SBF 250 dont 25% des salariés est actionnaire et représente au moins 3% du capital de la firme. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 36 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… Les sociétés de l’indice de l’actionnariat salarié (Investir 05/06/2004) Sociétés Linedata Services Groupe Steria Sagem Eiffage Stef-TPE Air France Bouygues Vinci Essilor international Altran Technologies Géodis Société Générale Groupe Gascogne Saint Gobain Unilog Rhodia BNP Paribs Thales Crédit Agricole Axa Ilog Bull Boiron Seb Natexis Banques Populaires Dexia Bonduelle Renault Thomson TF1 Schneider Electric EADS UFFB Total Carbone Lorraine Publicis Altadis CFF Recycling Technip Pourcentage détenu par les salariés 36 29.1 27 25.6 16.6 13.1 11 9.2 9.0 8.8 8.5 8.5 7.90 7.4 6.5 6.4 5.4 5.1 5 4.8 4.8 4.6 4.3 4.3 4.3 4.1 4.1 4.1 3.9 3.6 3.6 3.6 3.6 3.4 3.2 3.1 3 3 2.7 Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 37 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… L’objectif de cet indice est de témoigner du dynamisme de l’actionnariat salarié comme outil de motivation, de cohésion et donc par extension de performance de l’entreprise. Par comparaison avec le CAC 40 et le SBF 250, l’IAS présent une surperformance moyenne de 2.7% par an sur la période 31/12/1990-21/05/2004. Un investisseur qui aurait investi 100 € dans les valeurs de l’IAS le 31 mai 2002 aurait gagné 15.4% de plus qu’en misant sur le CAC 40. A l’heure actuelle, la tendance s’est inversée du fait de la sur-représentation des valeurs financière dans l’IAS (43% du total). En effet, les banques et assurances marquent le pas du fait d’une anticipation de la hausse des taux. Cet indice a tout de même le mérite d’être un bon indicateur du comportement de l’actionnariat salarié en France. D’après le président d’Hewitt France, Thierry de Beyssac, « l’actionnariat salarié va s’intégrer dans une logique d’épargne plus élaborée entre le court terme, l’épargne retraite et la gestion patrimoniale ». On peut donc conclure que l’actionnariat salarié a un réel impact sur la performance globale de l’entreprise même s’il n’existe pas d’étude qui détermine précisément les causes de la motivation dans un tel cas il semble que bons nombres de besoins ou motifs de satisfactions peuvent être atteins par ce processus : le surplus de salaire, la confiance de l’entreprise, l’appartenance à un groupe, la satisfaction liée à l’accomplissement des objectifs globaux et personnels… « L’actionnariat des salariés s’affirme comme un outil de management », il a donc un rôle important à jouer dans l’organisation de la vie de l’entreprise. 22. Le rôle stratégique dans la vie de l’entreprise On peut distinguer deux rôles : un rôle stratégique dans la constitution des fonds propres et l’image de l’entreprise et, un rôle déterminant dans la gouvernance d’entreprise. Certaines entreprises comme le Crédit Agricole ont utilisé l’actionnariat salarié comme outil pour donner une image saine, rassurante et confiante au moment de l’intégration du Crédit Lyonnais. D’autres comme la Société Générale ont souhaité faire monter les salariés dans le capital dans l’optique de créer un noyau dur qui constitue la stratégie de défense du groupe face aux raids hostiles de concurrents (cf la tentative d’OPA de BNP Paribas). Ainsi, « les salariés actionnaires de la Société Générale ne s’opposent pas à un rapprochement avec un autre grand groupe mais ils estiment que pour le moment Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 38 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… ce n’est pas la meilleure solution pour grandir et s ‘affirmer au niveau international »(Patrice Leclerc, président de l’association des salariés et anciens salariés actionnaires de la Société Générale) Une troisième stratégie consiste tout simplement à vouloir créer une culture d’entreprise actionnariale chez les salariés. En ce qui concerne la gouvernance d’entreprise proprement dite, la Société Générale par exemple n’a aucun représentant des actionnaires salariés au conseil d’administration. Cela paraît paradoxal mais le fait de détenir des actions ne donne pas systématiquement lieu à une démarche participative. Or il est clair que les effets positifs en terme de performance de l’actionnariat salarié ne sont possibles que si cet actionnariat est associé à une gestion participative de l’entreprise. Mais les clivages hiérarchiques sont encore biens présents et le partage du pouvoir décisionnel est encore parfois difficile à admettre pour certains dirigeants. L’actionnariat des salariés doit être un élément de management à part entière. Il demande pour cela de revoir les principes d’organisation plus ou moins rigides de nombreuses entreprises. C’est pourquoi son développement est encore assez lent surtout chez les PME. L’entreprise doit évoluer. Un effort de communication sur la stratégie de la firme est avec ce système indispensable. Cela implique que des salariés auparavant exclus des décisions stratégiques sur la vie de l’entreprise peuvent dorénavant y participer. Cet effort de communication est positif dans le sens où les salariés auront une information fiable et non des rumeurs comme c’est souvent le cas, et auront surtout le sentiment d’être utiles en participant et apportant un point de vue différent de celui que peut avoir un dirigeant de la société (appréciation terrain et plus proche des gens et de leurs conditions de travail quotidiennes). Pour défendre leurs droits et avoir réellement du poids dans les décisions de l’entreprise les actionnaires salariés se sont regroupés en associations. Ces associations ont souvent été créées pour se faire entendre à des moments importants de la vie de l’entreprise :privatisation des AGF, opposition au démantèlement du groupe Thalès, fusion d’Aventis… 23. Les inégalités du système L’actionnariat des salariés réduit les inégalités au sein d’une entreprise dans la mesure où tous les salariés peuvent bénéficier de certaines mesures comme la participation qui est obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés ou les plans d’épargne entreprise qui sont généralement accessibles à tous. Par contre, l’actionnariat salarié, dans la majorité des cas creuse un peu plus les inégalités. Par exemple, le système d’abondement est proportionnel au versement de Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 39 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… chaque salarié. L’intéressement peut se calculer en fonction des performances de chaque unité dans une même entreprise. Plus généralement, les différentes formes d’actionnariat salarial sont souvent liées au salaire de base de chaque salarié et ne modifient en rien les postulats de base. Le système qui révèle le plus les inégalités au sein d’une firme est représenté par les stock-options. Bien que ce système puisse être ouvert à l’ensemble du personnel il est dans la pratique réservé aux dirigeants et cadres. Mais cet investissement des dirigeants en titres de leur entreprise n’est pas encadré et souvent entouré d’un certain flou. On estime à 1/3 les sociétés du CAC 40 qui ne publient pas d’information sur le capital détenu par leurs dirigeants. Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 40 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… CONCLUSION Concernant les objectifs fixés au départ, sur le plan managérial, l’actionnariat salarié induit un nouveau partage du pouvoir et une nouvelle forme de dialogue social. Ses compétences en terme de motivation semblent évidentes et ont un impact certain sur les performances de l’entreprise. On peut voir en l’actionnariat salarié une réponse au manque de considération de l’individu de notre société capitaliste en associant le capital et le travail. Est-ce pour autant une révolution dans l’organisation d’une société ? Peut être pas encore étant donné le petit nombre de personnes concernées. L’épargne salariale permet à l’entreprise de motiver et d’impliquer plus fortement le salarié aux objectifs et à la pérennité de la firme en l’aidant à se constituer une épargne. L’actionnariat des salariés représente donc une voie intéressante à suivre pour cette économie moderne qui a besoin de productivité, de flexibilité des coûts et de stabilité de l’emploi. L’avenir de l’actionnariat salarié dépend beaucoup du contexte politique, social et économique dans lequel il va évoluer. Mais même s’il est difficile de prévoir le futur en matière de marché financier, une chose est certaine, c’est que le système de retraite actuel doit être modifier. Le rôle de l’actionnariat salarial en sera alors d’autant plus important. De nouvelles lois sont à l’étude pour développer l’actionnariat des salariés. Actuellement, l’actionnariat des salariés est au cœur de l’actualité puisqu’il est possible de débloquer son plan d’épargne entreprise avant la date d’échéance afin de contribuer à la relance de la consommation. Pour terminer, on peut définir l’actionnariat salarié comme suit :de la participation aux performances de l’entreprise, à la constitution d’un patrimoine, jusqu’à la préparation d’une retraite individuelle Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 41 Actionnariat des salariés : de la participation aux performances de l’entreprise… BIBLIOGRAPHIE SITES www.senat.fr/rap/r98-500/r98-500.html www.brunhes.com/etudligne/acteurs/acteurs42.htm www.fas.asso.fr/modules.php?name=news&file=article&sid=20 LIVRES « Intéressement, participation, actionnariat » - Paul Maillard-2ème édition - Delmas « Intéressement, participation, actionnariat :impacts économiques dans l’entreprise » - Daniel Vaughan Whitehead - Economica « Associer les salariés aux performance :stock-options, intéressement, participation, fonds collectifs » - Jean Claude Tournier - Editions organisation « Gestion stratégique des rémunérations » - Bruno Sire - Editions liaisons « Le capital partage » - Jean Jacques Fougerat - Calmann Lévy « Participation, intéressement et actionnariat » - La revue fiduciaire - La Villeguerin Editions « Le plan d’épargne entreprise » - Patrick Turbot - presses universitaires de France PRESSE Investir, 24/05/2003, 05/06/2004 Option finance, 09/02/2004, 20/10/2003 La tribune, 27/06/2003, 12/03/2003, 29/10/2003 L’Agefi, 09/10/2003, 22/01/2004 Ouest-France, 4-5 /09/2004 JO lois et décret, 11/08/2004 Les Echos, 24/12/2003 La vie financière, 30/05/2003 Solène Léost – DESS IF 2003/2004 - Mémoire théorique 42