oliva oliva - Les Films Sauvages

Transcription

oliva oliva - Les Films Sauvages
Oliva Oliva
Documentaire
de Peter Hoffmann
Adultes / Adolescents
Avec
texte
la
famille Oliva.
Équipe technique
texte
Scénario
: Peter Hoffmann
Images : Peter Hoffmann
Montage : Peter Hoffmann
Son : Peter Hoffmann
Production : Zeugma Films
Producteur : Michel David
Distributeur : Les Films Sauvages.
Film précédé de
Terre sans pain (Las Hurdes)
de Luis Buñuel (1932 - 40’).
70 minutes. France, 2005. Sortie France : 11 janvier 2006.
Visa d’exploitation : 112978. Format : 1,37 - Couleur - Son : Mono. 5 copies (vo).
Véritable journal intime, Oliva Oliva nous plonge
dans la vie d’une famille d’apiculteurs espagnols.
Documentaire intimiste et humaniste, ce film
se distingue par l’originalité de son sujet et par
son esthétisme.
Commentaire
Sur les traces de Las Hurdes (Terre sans pain)
de Luis Buñuel, Peter Hoffmann a suivi pendant
deux ans une famille d’apiculteurs espagnols
afin de filmer la récolte traditionnelle de miel en
Estrémadure. Ce documentaire réalisé sans moyens,
avec pour seul matériel une caméra Super 8
et un appareil numérique, a reçu le Grand Prix
de la compétition française au dernier Festival
International du documentaire de Marseille.
Sous forme de journal, Peter Hoffmann nous raconte
les aventures et mésaventures quotidiennes
de la famille Oliva, et de son vieil ami Nono.
Originaires de Valero, village d’Estrémadure considéré
comme un des plus grands producteurs de miel,
mais aussi comme un des villages les plus pauvres
d’Espagne, les Oliva se sont rendus à Salamanque
pour exercer une agriculture moderne afin
de s’enrichir. Mais quelques années après
s’être installés, ils sont expulsés de leur propriété,
la Finca.
Le réalisateur les filme au moment de cette épreuve.
Au départ, Peter Hoffmann voulait filmer cette famille
au cœur des ruches, mais au final, les difficultés se sont
accumulées pour la famille Oliva, et le réalisateur a dû
s’adapter aux différentes situations. Toutes ces péripéties
font de Oliva Oliva un film qui oscille entre drame
et burlesque. Les multiples situations prises sur le vif
nous présentent des personnages touchants, comme
la grand-mère de Nono qui se rend dans son ancien
© les Fiches du Cinéma 2006 - N°1810-11
© Zeugma Films
village Valero pour prendre soin de son ancienne
maison afin d’entretenir le passé familial.
Peter Hoffmann a opté pour un montage particulier,
qui fait toute l’originalité de ce documentaire. Il alterne,
en effet, images filmées en Super 8 et photographies
numériques. Il n’hésite pas à cumuler les effets de style
en accordant un soin particulier à la bande-son
(narration continue, bruit de pages d’un livre qui se
tournent…). L’image devient ainsi parfois secondaire
par rapport au discours, ce qui peut amener
le spectateur à perdre le fil de l’histoire. Néanmoins,
le film intéresse, ne serait-ce que par sa corrélation
avec le celui de Buñuel. Peter Hoffmann retrouve,
en effet, les mêmes lieux et des personnages similaires.
Mais alors qu’en 1931 Buñuel filmait ces apiculteurs
sans complaisance, à la limite parfois du dédain
(quand il parle, par exemple, de “crétins”),
Peter Hoffmann, lui, est au plus prêt de la famille Oliva
et des habitants de Valero. Oliva Oliva mérite donc
d’être vu : d’une part pour sa singularité,
mais aussi pour l’humanité qui s’en dégage.
Ce film est à la fois un témoignage sur le travail
d’une coopérative d’apiculteurs, une chronique familiale
et un carnet de voyage intimiste.
A.B.
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JEUNE CINEMA
Oliva Oliva, un film de Peter Hoffmann
Pour qui a été ébloui un jour par le film de Luis Buñuel, Las Hurdes (Terre sans pain, 1931)
et qui aurait aimé retourner sur les lieux si désespérément bien dépeints par le maître
espagnol, voici un film pour vous. En effet, le documentaire de Peter Hoffmann est
programmé avec le court-métrage (30 min.) de Buñuel en première partie, non par caprice,
mais parce que Oliva Oliva nous propose en quelque sorte une réponse ou du moins une
évocation. Après des vendanges au cours desquelles il a connu des membres de la famille
Oliva, le jeune Allemand Peter Hoffmann a tourné ce film pendant deux ans, seul, avec une
caméra super-8 chez les Oliva, apiculteurs en Estramadure espagnole. Sorte de mixte entre
images fixes et images animées, et présenté comme un journal, voici un film qui ne va pas
vous laisser indifférents même si, à la fin, et comme semblent le lui reprocher les Oliva, on
n’en saura pas tellement plus sur la vie des abeilles. Mais Peter Hoffmann n’est pas Maurice
Maeterlinck. Sorte finalement de caro diario, décliné à la première personne par la voix
même du cinéaste qui va même jusqu’à égrener les dates pourtant bien visibles à l’écran
comme pour nous en imprégner, ce documentaire est plus instructif sur une tentative artistique
que sur l’apiculture elle-même, on s’en doute un peu. À la manière de Chris Marker ou de
Sophie Calle, voici quelques images intéressantes qui racontent toutes la difficulté de créer, la
beauté du monde et la rage de vivre de ces paysans accrochés à leur propriété, la Finca, dont
on veut les exproprier pour construire sans doute des résidences.
Parti sur ce projet, le film change presque du tout ou tout, lorsque Peter Hoffmann se rend sur
les traces de Buñuel dans las Hurdes où la vie était dure, quasiment impossible. Et l’on
constate, un peu étonné toutefois, que finalement cela n’a pas tellement changé dans
l’Espagne libérale qui se veut la championne d’une certaine forme de libéralisme. Inventant
des appareils de bric et de broc pour tamiser et liquéfier leur miel, se heurtant à la vétusté de
leurs camions qui tombent sans cesse en panne, se disputant à cause des idées politiques quasi
franquistes du père, la région semble toujours aussi rude. Comme si l’empreinte de Buñuel s’y
faisait encore ressentir avec son film manifeste qui a scellé sa réputation mondiale et qui a été
réalisé avec l’argent d’un anarchiste qui avait gagné à la loterie. « Contrairement à beaucoup
d’Espagnols qui n’aiment pas du tout ce documentaire, constate Peter Hoffmann, les Oliva
sont convaincus que ce film est à l’origine de la grande célébrité de Buñuel. (…) La pauvreté
que l’on y voit ne les effraie pas, ils ne la refoulent pas. » Et pour cause, elle leur appartient
encore, et les ruches cylindriques de chêne-liège qu’on voit dans le film de Buñuel sont celles
encore utilisées par le père Oliva dans le documentaire de 2005.
Oliva Oliva. Scénario, réalisation, images, son, etc. : Peter Hoffmann.
Le Monde.fr : Imprimez un élément
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Critique
"Oliva Oliva" : bricolage esthétique pour évocation désabusée
LE MONDE | 10.01.06 | 13h53 • Mis à jour le 10.01.06 | 13h53
ouronné par le Grand Prix de la compétition française au Festival international du documentaire de Marseille, le troublant
Oliva Oliva pourrait être rangé dans la catégorie du journal de voyage, fruit de quelques mois passés par un jeune étranger
auprès d'une famille d'apiculteurs espagnols. Ce film est à la fois moins et plus que cela. Un état des lieux de l'éradication en cours
des formes artisanales du travail, une inquiétude politique sur la transmission des inégalités sociales dans une des régions les plus
inégalitaires d'Europe (l'Estrémadure), une expérimentation sur le récit à partir d'un bricolage esthétique mêlant l'écriture, le
cinéma et la photographie, une oeuvre fondée enfin sur son propre et incessant empêchement, advenant comme par inadvertance.
A l'origine, un séjour du réalisateur, Peter Hoffmann, en Espagne, chez l'ami Nono dont la famille, les Oliva, a fondé une
coopérative apicole. Puis le désir de filmer, avec sa caméra super-8, le labeur de ces gens, désir empêché, pour mille raisons aussi
absurdes les unes que les autres, par la réalité. Enfin la décision, nonobstant, de faire un film à partir de ce séjour.
Faisant de nécessité vertu, Hoffmann affronte son handicap filmique par l'hétérogénéité des sources qui fondent son récit :
quelques prises de vue super-8, mais aussi de nombreuses photographies, des extraits du Las Hurdes (Terre sans pain) de Buñuel,
tourné dans la même région voilà cinquante ans, enfin la lecture en voix "off" d'un journal de bord, tenu durant son séjour à
Salamanque. Le résultat est une chronique désabusée et burlesque de la vie d'une famille paupérisée tentant de survivre en
fabriquant du miel, le film tirant son propre miel d'une impression d'irréalité grandissante. Images souvent indéfinissables,
personnages inassignables, paysages insituables, chevauchement incongru de l'image et du son, du temps et de l'espace, récit
accumulant les achoppements (pannes de caméra, oublis de filmer, défaillances du son, désagrégation du camion, fausses routes,
mort des abeilles, brouilles familiales...) : tout semble se concerter pour suggérer une conjuration du sort et une absence de
maîtrise qui se révèlent propices à l'évocation de la réalité rencontrée par le narrateur.
Un demi-siècle après le cri de rage expressionniste de Buñuel, Oliva Oliva, avec son bricolage exposé et son dilettantisme
impressionniste, se revendique comme faux journal de voyage pour mieux faire le constat de la continuité d'un scandale dont les
victimes sont désormais devenues des ombres dissoutes par l'écosystème de la mondialisation. Le déni de visibilité serait à ce titre
ce nouvel état de la misère tout contre lequel ce film élabore sa propre mise en scène. L'oeil boursouflé du cinéaste piqué par une
abeille à la fin de son séjour le suggère assez : ce voyage n'aura eu d'autre but que de prendre la mesure de ce douloureux
aveuglement.
Film franco-allemand de Peter Hoffmann. (1 h 10).
En complément de programme : Terre sans pain, de Luis Buñuel (1931).
Jacques Mandelbaum
Article paru dans l'édition du 11.01.06
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10/01/2006
Libération : «Oliva», docu butineur
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Cinéma
A l'affiche
«Oliva», docu butineur
Par Annick PEIGNE-GIULY
mercredi 11 janvier 2006
Oliva, Oliva
Documentaire de Peter Hoffmann. 1 h 10.
'est à quelques pas de Las Hurdes, là même où Luis Buñuel tourna Terre sans pain (1) en 1931, que Peter Hoffmann
passe quelques jours pendant les étés 2003 et 2004. Le jeune réalisateur allemand, équipé d'une caméra Super-8,
d'un micro et d'un appareil photo, suit la famille Oliva, apiculteurs de l'Estrémadure espagnole. Sans budget donc,
sans scénario, et même, dit-il, sans certitude de faire un film. Il tourne un peu, prend quelques photographies et surtout
écrit au jour le jour les anecdotes de ce long périple, de ruchers en ruchers, entre Salamanque et Valero. C'est ce matériau
hasardeux, traces hétéroclites du voyage, du labeur des butineuses et de leurs prédateurs, dont Hoffmann fera finalement
son miel.
Et c'est la voix monocorde du cinéaste, lisant son journal intime, qui fournira la trame de ce récit décousu, passant de la
photo au film, de l'or flamboyant du miel au noir et blanc des maisons abandonnées. Peter Hoffmann se fiche
complètement qu'on ne sache pas qui sont Nono, Modesto, Manolo ou Cristina... ses compagnons de route. Il prend à
peine le soin d'expliquer ce qu'il n'arrive pas à filmer : la récolte du miel, son «sujet» de départ. Au fil du voyage, Peter
Hoffmann note les pannes de camion, les manques de pellicule, les accidents de tournage. Un stylo dans une main, l'autre
tenant la caméra, il déplie l'image fragile d'un homme en voyage. Un cinéaste bourlingueur qui rencontre Buñuel au détour
du chemin. Et comme par hasard, les images ténébreuses de Terre sans pain s'emboîtent parfaitement dans celles d'Oliva,
Oliva. La noire vision que Buñuel a portée sur les paysans de Las Hurdes devient le rêve et le cauchemar de la mère Oliva.
Et Hoffmann, cet âne blanc, dévoré par les abeilles.
(1) Le film de Buñuel est réédité en copie neuve pour l'occasion et projeté avant Oliva, Oliva.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=350388
© Libération
http://www.liberation.fr/imprimer.php?Article=350388
11/01/2006
Télérama
Page 1 sur 1
Télérama n° 2922
Cinéma/ Critique
Oliva Oliva
Diffusé en complément de la reprise de Terre sans pain, de Luis Buñuel, ce documentaire fat et mégalo ne
soutient pas la comparaison avec le magnifique brûlot buñuélien sur les oubliés de l'Espagne des années 30.
Oliva Oliva est un diaporama sur le voyage d'un apiculteur à travers l'Espagne d'aujourd'hui. En voix off, le
réalisateur ressasse une question que nous ne pouvons que partager : pourquoi n'y a-t-il finalement rien à
filmer dans ce périple ?
Marine Landrot
Film documentaire allemand (1h20). Réalisation : Peter Hoffmann.
Télérama n° 2922 - 14 janvier 2006
http://www.telerama.fr/ami/imprimer.asp?art_airs=M06010915161710
11/01/2006

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