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Funérailles du Père André Molière
Mercredi 11 mars 2015 à 10h à Saint-Louis
Textes
Lettre de Saint Paul Apôtre aux Romains (14,7-9).
Frères, aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous
vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur.
Ainsi, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur. Car, si le Christ a
connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants.
Evangile de Jésus-Christ selon Saint Luc (24,13-35).
Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de
marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il
marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.
L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à
Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? »
Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète
puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands
prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous
espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour
qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de
stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ;
elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il
est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses
comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les
prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui
le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais
ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il
entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant
rompu, il le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait
sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze
Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est
apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et
comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
Le P André MOLIERE, né le 16 février 1926 à Cours. Ordonné le 28 juin 1952. Vicaire à Ste
Barbe de St Etienne.
Aumônier du lycée de garçons de Roanne et coordinateur de la pastorale scolaire pour le
Roannais en 1958.
Aumônier du centre hospitalier de Roanne de 1977 à 2002, et adjoint à la pastorale de la santé
pour l’archidiaconé de Roanne de 1985 à 1991.
Chargé de la pastorale des sectes et nouvelles croyances dans le Roannais de 1996 à 2002
Prêtre auxiliaire à la paroisse St Paul en Roannais en 2002.Décédé le 7 mars 2015.
Homélie pour les funérailles du Père André Molière
Mercredi 11 mars 2015 à 10h à Saint-Louis
Un sentiment…
Merci à tous pour votre présence, aux prêtres du Roannais et à ceux venus de Lyon, pour
entourer la famille, les amis... André est comme un grand frère dans le ministère de prêtre.
Nous sommes tous émus de sa disparition si rapide.
Introduction
Nous connaissons bien cet évangile des disciples d’Emmaüs. Souvent, nous lisons ce récit avec
les enfants que nous préparons à la première eucharistie, ou avec les jeunes dans les
aumôneries. Et aussi avec les moins jeunes... Certainement, André a partagé la lecture de cet
évangile, il l’a ruminé, illustré, commenté… de nombreuses fois en 63 années de ministère de
prêtre. C’est que cet évangile est un véritable chemin de vie chrétienne. Nous voyons les
disciples d’Emmaüs passer de l’aveuglement à la reconnaissance de Jésus ressuscité, de la
tristesse à la joie, d’un cœur lent à croire à un cœur brûlant, de l’éloignement de Jérusalem au
retour dans la communauté. Ce récit comporte en lui-même une pédagogie pour une catéchèse
eucharistique avec les 4 temps de la messe : l’accueil par la rencontre entre les disciples et
Jésus, la Parole de Dieu lorsque Jésus interprète les Ecritures, l’Eucharistie par la bénédiction et
le partage du pain par Jésus, et l’envoi lorsque les disciples se lèvent et retournent à Jérusalem.
Mais de ce récit, je retiens trois attitudes de Jésus pour entrer dans le texte et éclairer la vie
d’André. En trois tableaux.
Premier tableau : « Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. »
Nous avons ici toute la proximité de Jésus avec chacun de nous. Jésus s’approche parce qu’il
désire la rencontre, il veut entrer en relation, il s’intéresse à nous, il veut partager nos joies et
nos peines. Si Jésus s’approche, c’est pour marcher avec les disciples. Ainsi Jésus qui marche
sur la terre, c’est Dieu qui rejoint complètement notre condition humaine. Nous croyons que
notre Dieu s’est incarné en Jésus-Christ pour toucher notre humanité et nous apporter la
lumière et le salut.
Le souci de la proximité avec les gens est une caractéristique d’André. Que ce soit en quartier
populaire, non pas à l’ombre mais au « Soleil » des terrils de St Etienne, ou comme jeune prêtre
en soutane courant avec les jeunes dans la cour du lycée Jean Puy, ou auprès des malades de
l’hôpital de Roanne, des détenus de la maison d’arrêt, avec sa familles et les paroissiens, des
veuves et veufs d’Espérance et vie, avec les résidents du foyer Alain Lefranc… André a
cherché à s’approcher de ses contemporains, pour les écouter, les comprendre, partageant leurs
réalités, marchant avec eux… André avait une manière chaleureuse d’accompagner les familles
en deuil. « Il a célébré beaucoup de funérailles et il doit avoir un sacré comité d’accueil au ciel
maintenant », disent ses amis. Avec Sœur Geneviève, il a pris soin des indigents sans famille,
en célébrant leurs funérailles avec une attention particulière.
Marcher avec, c’est pour André constituer des équipes des chrétiens partageant avec lui la
mission qu’il avait reçue. De 1978 à 2003, à l’hôpital comme à Bonvers, André a constitué des
équipes et confié aux laïcs la responsabilité des visites dans les services. Marcher avec, c’est
faire confiance, encourager, guider et suivre en même temps. A l’hôpital, André était proche de
tout le personnel : le directeur, les chirurgiens, les infirmières et les « dames de la lingerie ».
Au soir de sa vie, André me demandait encore des nouvelles du Roannais, les personnes et les
projets. « C’est pour ma prière », disait-il, dans un sourire…
Deuxième tableau : « Jésus leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. »
Le deuxième tableau, c’est celui de Jésus enseignant. En bon pédagogue, Jésus interroge, il
encourage les disciples à formuler leur questions, à délimiter le blocage, l’aveuglement de leur
cœur, pour qu’ils puissent dire : « Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer
Israël ». Ensuite seulement, quand les disciples ont pu pointer leurs doutes, Jésus donne son
enseignement. Il éclaire les Ecritures par la Parole. Nous savons bien que la clef de
compréhension de la Parole de Dieu se trouve en elle-même, l’Ancien Testament annonçant le
Nouveau, et le Nouveau Testament accomplissant l’Ancien.
Au lycée Jean Puy pendant 22 ans, de 1958 à 1977, André sait toucher le cœur des jeunes. Les
rencontres étaient bien autre chose qu’un enseignement magistral. André privilégie l’expérience
d’une rencontre avec le Seigneur. Et l’aumônerie du lycée, ce sont aussi des camps de jeunes en
vélo ou à pieds, en Alsace, Autriche, Pays Basque, Haute-Provence. Tout bon aumônier de
jeunes sait bien que la foi se comprend aussi par les pieds… et se transmet avec une guitare…
André enseignant, c’est son accompagnement de la paroisse universitaire à Roanne. Il a su faire
venir jusqu’à Roanne, au-delà du Pin Bouchin, les grandes figures enseignantes de la faculté de
théologie de Lyon, à cette époque. Son souci de donner sens au mystère de Dieu et aux
évolutions de l’Eglise autour du Concile Vatican II entraîne beaucoup de chrétiens dans les
études de théologie, pour mieux servir l’Eglise et le monde.
Passionné d’œcuménisme, il participe au dialogue entre chrétiens des diverses confessions à
Roanne.
Troisième tableau : « Quand Jésus fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la
bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna ».
A table dans l’auberge d’Emmaüs, Jésus prend le pain, le bénit, le partage et le donne aux
disciples. C’est toute sa vie qu’il donne à nouveau, c’est son corps et son sang, c’est sa
présence d’amour. Voici l’ultime signe de Jésus, le signe de l’Eucharistie qui ouvre les yeux
des disciples. Alors ils comprennent combien leurs cœurs brûlaient d’amour en écoutant les
paroles de Jésus. Jésus disparaît physiquement, mais sa présence est bien réelle. C’est le
mystère de l’eucharistie, que nous allons célébrer dans quelques instants ici à l’autel.
Durant sa vie de prêtre, André a célébré l’eucharistie : 63 ans de fidélité ! Toute sa vie est
donnée, au service de la rencontre avec Jésus-Christ. Car André savait bien, comme dit l’apôtre
St Paul aux chrétiens de Rome, « qu’aucun d’entre nous ne vit pour soi-même : si nous vivons,
nous vivons pour le Seigneur. Ainsi, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons
au Seigneur ».
Au soir de sa vie, André désirait rester encore avec le Seigneur, partager et recevoir son pain de
vie. Avec Antoine et René, il a vécu intensément le moment où il a reçu l’onction des malades
et une des dernières communions. Tous les trois, vous avez prié le psaume 130, chanté tout à
l’heure : « Seigneur, je n'ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ; non, mais je tiens mon
âme égale et silencieuse ». Un psaume qui parlait au cœur d’André, de confiance dans le
Seigneur, confiance en la résurrection et la rencontre personnelle avec Dieu : « Attends le
Seigneur, maintenant et à jamais ».
Conclusion
Une personne habituée à l’accompagnement des personnes en fin de vie nous expliquait
comment les grands malades, au soir de leur vie, demandent souvent l’heure. Ainsi les
infirmières avaient mis à André sa montre à son poignet. Vendredi, veille de sa mort, André
quitte sa montre et la pose sur la table près de son lit. C’est que l’heure de la grande rencontre
avec le Seigneur est arrivée. C’est l’espérance que nous partageons et célébrons, l’espérance en
la résurrection.
La vie d’André, présentée ici en trois tableaux, selon les trois attitudes de Jésus dans cet
évangile des disciples d’Emmaüs, est une invitation à l’action de grâce. Merci Seigneur pour
ton enfant et serviteur, André, prêtre, par qui tu as réalisé tant de rencontres, de soutien et de
d’éveil à ta présence d’amour.
Cette vie d’André en trois tableaux, c’est aussi pour nous une invitation à vivre la fraternité en
proximité, à recevoir dans la Parole de Dieu la lumière pour notre vie, et à partager la présence
du Seigneur Jésus dans le pain de l’Eucharistie et le service de tous. Que ton Esprit, Seigneur
Jésus, conforte notre foi en la résurrection et nous encourage à toujours mieux aimer comme tu
nous as aimés.